Tiens bon la rampe, Jerry! Épreuve de half-pipe en bord de Doubs, au confluent du Cusancin, en habits du dimanche. Sur le parcours de la véloroute Nantes-Budapest, fort heureusement non fréquentée par les coureurs du Paris-Nice. Le printemps fait son timide, même s'il n'hésite pas à claquer la bise. Vent des hauts de France en pleine face! La douceur, il a fallu la dénicher à table, au retour du 1000 mètres promenade le long du Doubs, sur le chemin de halage, véritable parcours du combattant pour slalomer entre les cyclistes atlantiques ou hongrois. On ne s'en est pas privés! Le grand canal du Rhône au Rhin, projet dément qui nous aurait sans doute privés de cette formidable liaison cyclotouristique Est-Ouest, frôle la rue des Pipes, havre de détente sur la friche industrielle de l'ancien site de production des pipes Ropp, en bordure du Cusancin, haut-lieu de la pêche à la truite. Une zone 30 qui permet d'apprécier l'endroit comme il se doit, en tout bien tout honneur. Et hop!

Jouffroy d'Abbans, ce n'est pas lui, c'est sa sœur qui a cassé la machine à vapeur qu'il s'était échiné à faire naviguer pour la première fois sur les bassins du Doubs à Baume-les-Dames, en 1776.

Bateau à vapeur que nous n'avons malheureusement pas pu prendre pour remonter le Doubs, lui préférant un diesel probablement plus polluant, malgré l'absence théorique de puce savante, plus contemporain également. Direction la Bonne Auberge à Clerval. Comme son nom l'indique, on ne peut plus juste. Un endroit en bordure de nationale (l'ex RN83 qui relie la nouvelle Austrasie à la Terre du Milieu), mais aussi du Doubs (la rivière qui traverse le département auquel elle a donné son nom).

Une adresse comme on aimerait en fréquenter plus souvent, avec un chef qui se revendique Maître Restaurateur. Un label qualitatif privilégiant le fait maison et la qualité du produit, qui se veut rassurant pour le consommateur. Malheureusement pas toujours des plus porteurs pour le restaurateur, alors que, pourtant, à l'époque du sous-vide industriel, il le devrait bien. Dans le cas particulier de la Bonne Auberge de Clerval, ce qui rassure surtout, c'est que Vincent Guizeppi aime le vin. Et un chef qui aime à ce point le vin ne peut que s'intéresser à la qualité du produit. Cela transpire sur sa carte, tout simplement fabuleuse. Le Jura et l'Alsace sont à la fête. Normal, Clerval se trouve à mi-chemin. Ganevat, Clairet, Pignier, Menigoz, Schueller, Boxler, Zind-Humbrecht..., sans parler des vins d'ailleurs, d'Alexandre Bain au Mas Jullien en passant par l'Anglore ou Rayas. Et même quelques grands crus classés bordelais pour satisfaire le buveur d'étiquettes. Le tout à prix bien plus qu'honnête, sans coeff multiplicateur. En vente à emporter ou avec droit de bouchon sur table, entre 8 et 15€ suivant le prix de la bouteille. La cuisine est régionale, à base de bons produits. Un vrai bonheur, doggy bag encouragé.

Croûte aux champignons d'une grande finesse, friture de sandre extra, épatante mousse au chocolat et à la pistache, le tout arrosé de grosses quilles à prix d'ami, mais pourquoi donc n'y étais-je encore jamais allé auparavant?

Bref, voilà une auberge. Et en plus elle est bonne!

Hôtel-restaurant La Bonne Auberge