Coup de soleil provençal à Provensol
ProvenSol extérieur contrejour. Mas provençal qui porte bien son nom, ProvenSol est un domaine de la Drôme provençale, en plus d'être une agréable maison d'hôtes. En plein cœur du pays de Nyons, la patrie de l'olive AOP. À Venterol, plus précisément, route de Vinsobres. Un havre de calme et silence au milieu des vignes, où ont atterri Dominique et Dominique Thouroude au début des années 2000. Deux parisiens bon teint qui ont eu envie de changer de vie et de se réinventer parmi les olives, les cerises, les abricots et les raisins. Un retour à la terre en passe d'être totalement gagnant.
Elle, Dominique (la petite), a quitté la rue de Varennes et le ministère de l'agriculture (où elle a longtemps côtoyé un certain Berthomeau, taulier patenté de l'antique bloglouglou). Elle tient désormais chambres et table d'hôtes dans un mas de ProvenSol totalement et superbement aménagé et rénové, en Drôme provençale. Lui, Dominique (le grand), issu d'une famille de bourgeois rentiers du Sud-Ouest, a tenu une boîte de marketing et de communication spécialisée dans le matériel agri-viticole. Dans l'incapacité de se renouveler (lui et sa clientèle), il a sauté le pas dès que l'occasion s'est présentée. Il tient désormais les rênes d'un domaine viticole d'une quinzaine d'hectares, en Drôme provençale.
Les Dominique savent ce qu'accueillir veut dire. Pendant que Dominique (la petite) prépare le dîner, Dominique (le grand) accompagne les hôtes d'un soir pour un tour de vignes et de cave. ProvenSol, c'est un vignoble d'un seul tenant, entourant le mas, cerné de petites crêtes montagneuses. Des serres, comme on les appelle par ici, souvent arborées, qui délimitent un terroir autant qu'elles ne le protègent. L'endroit idéal pour travailler en bio, sans l'influence néfaste de voisins inopportuns. Extrêmement cultivé, Dominique (le grand) le rend bien à la terre, qu'il aime cultiver en retour. Parfois débordé (il le confesse volontiers), il délègue les travaux trop spécialisés et/ou pénibles, comme la taille. Fin observateur, un brin nonchalant, il rêve d'une gestion des vignes à la Didier Barral. Un écosystème global qui s'auto-régulerait, nécessitant le minimum d'intervention humaine pour ce faire. Dans l'immédiat, il continue à travailler ses sols au tracteur et à traiter le minimum, selon les besoins et ses possibilités. Jusqu'en 2010, le raisin était porté à la coopérative du Nyonsais, comme le font la majorité des viticulteurs du secteur. Après quelques essais concluants de vinification en 2006 et 2007, prélude (et nom de la cuvée produite) à de nouvelles aventures, c'est le franchissement d'un nouveau palier, avec engagement officiel dans la certification bio et vinification propre de toute la récolte en 2011. Pour cela, il s'est doté d'un vaste chai ultra fonctionnel et particulièrement esthétique, construit en pierres du Gard, les mêmes que celles qui ont servi à construire le pont. Un outil qui lui permet d'être le moins interventionniste possible à la cave, où il apprend encore tous les jours en tant que néo-vinificateur. Un apprentissage rapide, puisque, dès le premier millésime, sous contrôle d'un laboratoire d'analyses et d'un œnologue-conseil, il s'est risqué à ébaucher quelques cuvées totalement sans sulfites. Encore au stade expérimental, elles pourraient se développer en fonction des millésimes et des conditions de vinification, l'idée étant de produire à ProvenSol le vin le plus naturel qui soit, correspondant à l'état d'esprit et au souhait du propriétaire des lieux. Élevage en cuves exclusif (principalement inox et un peu de résine), quelques essais en fûts, dans une optique d'assemblage ultérieur.
À l'heure de l'apéritif, pile avant le service de Dominique (la petite), retour au caveau pour goûter aux vins en bouteilles, principalement Coucou, l'entrée de gamme en 3 couleurs. Viognier, marsanne et roussane pour le blanc (parce que, quand il a fallu planter des cépages de cette couleur, le choix s'est porté sur ceux qui avaient la cote en Rhône), cinsault majoritaire pour le rosé, grenache, syrah et carignan pour le rouge. Véritables entremetteurs pour hôtes, le grand plaisir des Dominique est alors de les inviter à s'asseoir à leur table et de créer des connexions entre tous. Une grande tablée qui incite à l'échange. Et, évidemment, à se livrer un peu, lorsque le courant passe bien. Dès la fin du premier repas, Dominique (le grand) a mis au jour l'amateur de vins incognito qui sommeillait en moi. Alors, il est descendu à la cave pour en remonter Sainte Perpétue 2011, du nom de la chapelle toute proche, premier essai de syrah sans soufre. Coup d'essai particulièrement intéressant, mariage rêvé avec l'olive de Nyons et la tapenade locale.
Après une nuit au plus grand calme, rien de tel qu'un petit déjeuner en extérieur, face aux monts du Nyonsais, le Ventoux en arrière-plan. La prochaine étape, une autre histoire...
P.S.2: pour tous ceux qui préfèreraient s'envoyer une bonne choucroute, direction plus au nord, à Strasbourg, pour la biennale du salon des vins libres, qui vient de se doter pour l'occasion d'un tout nouveau site internet, que je ne suis pas peu fier d'avoir été invité à étrenner en toute liberté par un billet de blog totalement inédit. Vin libre, j'écris ton nom!
Commentaires
Merci Olif pour ce tableau qui représente bien notre activité, avec une certaine indulgence. Pour ma femme et moi, le principal est que chacun, hôte comme client, se sente accueilli. Nous consacrons le temps qu'il faut pour écouter et satisfaire les demandes des uns et des autres. Nous offrons le dépaysement en plus, un comble pour un paysan.