De la vainitude des choses?
"Des petits riens, des tours de rein, le vin c'est pas rien, le vin c'est un tout, et comme tout n'est pas vain ..." Même s'il arrive parfois que le vin devienne du vent. La faute au gel, à la tempête, à l'orage, à la grêle. Et c'est dans ces moments-là que faire du vin peut sembler vain. Pourtant, quand il est tiré, il faut le livrer, avant de le boire. Profiter d'une accalmie. Et charger la 203 à bloc. Ouvrir le toit, recruter des livreurs, et roule ma poule! Direction la vallée de l'Ouche, ferme de la Ruchotte. Chargés à l'aller comme au retour, mais pas de la même façon. De beaux produits, une belle cuisine et de bons vins rendent plus légers...
Plein d'essence avant le plein des sens. Quand l'envie est là, même pas besoin de pousser dans les montées. Saint-Aubin, La Rochepot, Cussy la colonne, Lusigny sur Ouche, Bligny (sur Ouche aussi), la Ruchotte.
Une ferme au milieu de nulle part, doublée d'une auberge, un endroit où il fait bon s'arrêter. Pour respirer, pour manger. Mais une table à la ferme-auberge, ça ne s'improvise pas. Ça s'organise et ça se mérite. Apéritif prévu pour tous entre 12h30 et 13h. Gare aux retardataires! Pour patienter avant que les derniers convives n'arrivent (et que la cuisine puisse être synchrone dans l'envoi des différents plats), on rend visite aux pintades, au canetons et aux petits poussins. Morituri te salutant. Ceux qui auront l'honneur de finir un jour dans l'assiette, tout comme ceux qui se trouvent encore dans l'incubateur. Nos voisins de tablée, enfin là, avaient une bonne excuse. Ils ne s'étaient pas perdus, ils incubaient. Et ils tournaient! Haie d'honneur spontanée et impromptue pour toute l'équipe du Vin et du Vent, actuellement en tournage dans la Côte de Beaune. Avec, à sa tête, Cédric Klapisch (applaudissements nourris!), Ana Girardot (une revenante!), Pio Marmaï (encore un gamin!) et Jean-Marc Roulot (le compresseur régional de l'étape). Qui en a également profité pour livrer quelques-uns de ses flacons, voire de les faire déguster.
Cédric Klapisch, entouré de Mme Olif et de Carole, qui ne jouent pas dans le film
Passage à table, pour un menu unique, reflet de l'inspiration du chef. Cuisiné sur mesure, à partir des produits de la ferme. Sublime œuf poché aux asperges sauvages et à la roquette, pintade rôtie au jus, présentée entière, puis découpée à la perfection et servie en cocotte, la carcasse à part pour être dépiautée et récurée par les convives, tartelette à la rhubarbe, sorbet menthe à l'huile de colza, totalement décoiffant.
Il eût été sans doute facile de trouver son bonheur vinique dans la grande Bourgogne, mais rester humble a du bon. Et aller voir un peu plus loin. Du vin de bougnat en liberté pour le livreur qui va au charbon. Chut... libre, Gone to hail, Glace à la mouche, (l'air du temps beaujolais entre parenthèses), Jauni Rotten, Vous n'auriez pas un nom pour cette cuvée, avant une bière vivante de table pour digérer. Autant de déclinaisons du chardonnay, du pinot noir, du sauvignon, du gamay et du houblon qui se marient formidablement avec la cuisine goûteuse et sans chichi de Fred Ménager, le fermier-aubergiste de la Ruchotte, aussi inspiré que tatoué.
Après un tel repas, arrosé d'aussi bonnes boissons, le livreur repu peut repartir l'âme, l'estomac, le cœur et les cartons légers comme l'air...
Le vin, le vent, rien n'est vain, finalement!
P.S.: le vin, ce n'est pas que du vent. C'est aussi de l'art. Que Vin'Art conjuguera allègrement pour la première fois au Caffè Forte de Grenoble le samedi 11 juin. De l'art, du vin, des livres et du gros son, avec La voie Johnson à l'heure de l'apéritif. Gaffe à pas avaler les cacahuètes de travers!
P.S.2: le 12 juin, ce sera l'heure de longer la voie ferrée pour arriver Vers-Pont-du-Gard. Ça se passe à la Petite Gare, route d'Uzès, et ça s'appelle Gare aux vins natures. Faut y aller, les gars du Gard!
P.S.3: pour tous ceux qui n'en aurait pas assez de rencontrer tous ces vignerons sur les différents salons, ou encore tous ceux qui préfèreraient le faire sans avoir à bouger du leur, de salon, voilà le projet de financement participatif idéal. Portraits de vignerons est à la série télé ce que Tronches de vin est au monde du livre: une bien belle histoire de vin qui a d'la gueule! 10 vignerons (dont un Beau et une belle), 10 cinéastes, 10 films. Pour cela, il ne reste qu'à sacrifier un ou deux paquets de pop-corn pour avoir droit à de belles contreparties...