In cinemavino veritas
Vin et cinéma font bon ménage. Dernier opus en date, Vino veritas, de Pascal Obadia. Un voyage au cœur de l'Europe, en compagnie de quelques producteurs de vin qui ont fait le choix d'un mode de culture bio ou biodynamique.
Quand on produit une bouteille de vin, on fait aussi un choix de société.
Du désert de Navarre aux montagnes du Valais, en passant par Bordeaux et la Provence, Pascal Obadia est allé à la rencontre d'une poignée de vignerons qui développent une certaine vision du vin et de la manière de travailler à la vigne. Le point de départ du film, c'est aussi le point de convergence de la plupart des protagonistes, ce concept de "slow wine", que l'on retrouve dans un manifeste élaboré et signé par les Vignerons d'Europe (dont font partie une grande partie des vignerons du film) lors de deux rencontres organisées, la première en 2007 à Montpellier, la deuxième en 2009 à Firenze en Italie, en partenariat avec Slowfood. Manifeste dans lequel ils se sont engagés à bannir les pesticides* et autre produits de synthèse, pour préserver leurs sols et respecter le vivant. En route, donc, pour planter des arbres avec Antoine Kaufmann du château Duvivier en Provence, confectionner de la bouse de corne** avec Paul Barré dans le bordelais, courir après les papillons avec Hans-Peter Schmid de Mythopia en Valais...
La biodynamie***, "ça questionne!" , comme le martèle Paul Barré. Qu'on en pense du bien ou du mal. Mais l'essentiel est d'engager une réflexion personnelle. Quand la parole est donnée à un vigneron "conventionnel", on est juste effaré par sa confiance aveugle dans les études scientifiques et la parole des fournisseurs de produits chimiques. Mais on est quand même heureux d'apprendre de sa bouche, pour ce qu'il en sait, que l'on mourra d'alcoolisme bien avant de décéder d'anhydride sulfureux (sic). Il y en a qui ne sont pas prêts à se questionner!
Petites parenthèses rafraichissantes entre ces portraits croisés, un détour par la Bourgogne et la performance naturiste dans les vignes orchestrée par Spencer Tunik en 2009, pour sensibiliser au réchauffement climatique, ainsi qu'un passage à la première édition du Salon Rue89 à la Bellevilloise, avec en guest star Antonin Iommi-Amunategui, Pierre Guigui, Jacques Berthomeau et Isabelle Saporta (ainsi que Guillaume Nicolas-Brion en figurant de 3/4 dos).
Copie d'écran de Vino veritas©
Pour faire le bon choix de société et, accessoirement, acheter la bonne bouteille de vin, il faut écouter la vérité du vin. Celle qui est plutôt bonne à dire et à boire. Et puis aller au ciné voir Vino veritas (sorti en salles le 5 octobre).
* substances utilisées en agriculture pour lutter contre les organismes nuisibles aux cultures, de l’herbicide contre l’herbe à l’insecticide contre les insectes, en passant par le fongicide contre les champignons et le parasiticide contre les parasites. Il n’en existe malheureusement pas contre l’organisme le plus toxique d’entre tous, l’homicide n’étant ni homologué, ni autorisé pour lutter contre les humains qui appliquent encore des pesticides à la vigne ou ailleurs.
** préparat biodynamique à base de bouse de vache fermentée et maturée dans une corne enterrée, qui vaut largement 500 engrais chimiques pour favoriser l’activité microbienne du sol et la formation d’humus. Connue sous le nom codé de « 500 » dans les milieux biodynamiques, idéalement appliquée deux fois par an, cette bouse est très loin d’être de la merde.
***approche dynamique de la culture biologique, qui dynamite et dynamise les conventions à grands coups de silice ou de bouse de corne, laissant perplexe les incrédules. Sans qu’on comprenne toujours pourquoi, elle donne naissance à quelques-uns des plus grands vins de la planète. C'est le résultat qui compte, au grand dam des œnologues, des marchands de levures et de Saint-Thomas.