Les pieds sur terre, le cœur en mer, la tête dans les étoiles...
C'est un livre de chef sans être tout à fait un livre de chef. C'est un livre sans être tout à fait un livre. C'est d'abord un objet. Un bel objet, que l'on observe sous toutes les coutures. Puis qu'on palpe. Qu'on caresse. Pas une femme, un livre. Rarement une couverture m'a fait un tel effet. La dernière fois, c'était un petit opuscule sur le vin jaune, chez le même éditeur, sorti le même jour. Un frisson au toucher. Les poils qui dressent. Une chair de poule de plaisir. Et enfin, on se décide à l'ouvrir. Mais avant de tourner les pages, on le hume. Une bonne odeur envahit les narines. Une colle neutre, qui ne sent pas le mauvais fumet de poisson. Tout comme à la Marine, finalement. Un livre-objet, dans le sens noble du terme.
Ensuite, il va bien falloir le lire, ce livre. Regarder les images, d'abord. Et le feuilleter. Se régaler des sublimes photos de Laurent Dupont qui nous transportent à Noirmoutier dans l'intimité du Chef. Cueillir des plantes dans le bois de la Chaize, pêcher à pied sur la plage, découper un poisson à la japonaise, dévorer des yeux les assiettes artistiquement dressées...
Se résoudre enfin à lire les petits cahiers de couleur insérés entre les photos. Se plonger dans le cahier bleu et la biographie express d'Alexandre Couillon, rédigée par Jacky Durand, au travers des yeux de sa mère, de sa femme et puis de ses propres yeux à lui, évidemment. Comprendre l'homme, sa passion, sa cuisine, sans jamais être allé mangé chez lui. Et n'avoir qu'une seule envie, traverser le Gois, même à marée haute (ou alors prendre le pont, peut-être), et s'y rendre à la première occasion. S'imprégner du cahier jaune de recettes pour se mettre l'eau à la bouche, sans aucune velléité d'en réaliser une seule, juste de les fantasmer avant de pouvoir croquer à pleine dents dans le gargouillou de la mer ou le maquereau fumé à l'arête lorsque l'occasion se présentera. Faire l'impasse sur le cahier bleu de la version anglaise pour l'instant.
Puis refermer temporairement le livre et continuer à en caresser longuement la couverture du plat de la main, avant de se résoudre à le placer dans la bibliothèque, à proximité, juste pour le plaisir de pouvoir le reprendre à volonté. Marine et végétale, tactile et sensuel, un éveil à distance de tous les sens, un livre pour la bonne bouche, qui donne des envies d'océan. La possibilité prochaine de Noirmoutier en l'île?
Commentaires
Superbe article Monsieur Olif. Tu m'as "transporté" à Noirmoutier pendant un instant et je crois même que j'ai moi aussi l'odeur de ton livre qui commence à chatouille mes narines ...