Ici commence le (Roi) Chambertin...
Jeudi 16 novembre 2017. Le beaujolais nouveau 2017 est mis en perce un peu partout, sauf ici. Ici, c'est la Bourgogne. La grande. Celle des terroirs et des climats, comme le dit l'UNESCO. Le climat de ce mois de novembre, lui, est un peu gris, même si le plafond mobile est plutôt haut. Grisaille au dehors, mais le dedans s'annonce chaleureux. En prélude aux trois Glorieuses bourguignonnes, la dégustation du Roi Chambertin est annoncée. Réservée à la presse, à de rares blogueurs et aux professionnels, elle permet d'avoir un aperçu, avec un an de retard, du millésime précédent (le 2016), à un stade relativement plus avancé et moins ingrat que celui d'un vin nouveau. Quoique?
Une édition low-cost, il faut malheureusement l'avouer. Recentrée exclusivement sur la dégustation, dans le cadre de plus en plus froid et spartiate de l'Espace Chambertin. Des villages aux grands crus, en passant par les premiers, l'alignement des quilles sur tables, par ordre hiérarchique (du nanan et du bon gros boulot en perspective pour les dégustateurs stakhanovistes collecteurs de notes, agréés ou patentés), est agrémenté à l'étage, dans une salle bien trop grande pour lui, d'un simple buffet fromager, sponsorisé par Gaugry, l'affineur de Brochon. Finie la remontée dans le temps d'une décennie, lors du repas convivial post-dégustation, esprit paulée, où l'on goûtait les aînés de 10 ans et où il était possible d'échanger de manière conviviale avec les vignerons présents à table. Présents, ils le sont évidemment toujours. Mais, mêlés à la foule des dégustateurs ou à celle des cavistes veillant au bon approvisionnement des vins sur les tables de dégustation, ils sont là quasi incognito. Finis les inénarrables discours officiels de présentation du millésime de Philippe "Toutoune" Charlopin, traduits simultanément en anglais (et en langage pour sourds et malentendants) par Jean-Michel Guillon, l'ex-tandem dirigeant du syndicat des vignerons. Finis les bans bourguignons de fin de repas et les bouteilles d'exception qui finissent toujours par faire leur apparition, parfois tard dans la soirée. Le Roi Chambertin a perdu de sa faconde et de sa superbe. Pas très glorieux et à peine digne d'un Grand jour. Le service minimum de la part d'une appellation aussi prestigieuse, ce que Franck Sauvey, ex du Rouge & le Blanc, ne s'est pas privé de faire remarquer à Laurence Mortet, nouvelle présidente du syndicat. Mais l'essentiel n'est-il pas la présentation des vins du dernier millésime?
Parlons donc vins, pour finir. Enfin! Quid de 2016 à Gevrey? "Un millésime de froid né après trois mois de chaleur", comme l'explique Jacky Rigaud sur la plaquette de présentation. Bel oxymore. And more. 2016, c'est l'année maudite du gel printanier pour une grande partie de la Bourgogne. Et puis celle d'un été chaud. Mais Gevrey aurait été plutôt bien lotie par rapport aux appellations voisines, avec des vignes ayant moins souffert de la froidure et de la grillure, et, au final, des rendements plus qu'honorables pour la plupart des vignerons. Comme d'habitude, un plaisir renouvelé à déguster les villages vinifiés en finesse, sans trop de boisage, ni d'extraction. Avec, pour certains, beaucoup d'élégance. Je retiendrai essentiellement celui de Berthaut-Gerbet (coup de cœur récurrent), les Racines du temps de Bernard Bouvier, les Favorites d'Alain Burguet, la Justice de Jérôme Galeyrand, le Vieilles vignes de Jean-Michel Guillon, le Gevrey de Jane et Sylvain, qui détonne (en bien) par son fruité nature réjouissant, les Vignes belles de Thierry Mortet. Dans les premiers crus, mention particulière au Clos Saint-Jacques de Sylvie Esmonin et au Lavaux-Saint-Jacques d'Arnaud Mortet, et dans les grands crus, généralement beaucoup plus démonstratifs, j'ai été plutôt séduit par le Chapelle-Chambertin de Cécile Tremblay, à la volatile sans doute un peu haute (comme quelqu'un d'autorisé me l'a soufflé), ce qui, loin de me gêner, lui conférait un caractère déjà hautement buvable et peu marqué par l'élevage sous bois.
Ici finit le (Roi) Chambertin..? Place aux trois Glorieuses, au Clos de Vougeot, aux Hospices de Beaune et au Château de Meursault, pour toute une foule de dégustateur.trice.s, en col blanc et manteau de fourrure.
Commentaires
Bonjour,
J'ai vraiment beaucoup aimé votre article ! Très interessant et pertinent.
Bonne journée à vous