Dix ans de Terres et vins: champagne!
10 ans, l'âge où tout paraît possible. L'enfance est encore toute proche, la puberté pointe parfois gentiment le bout de son nez, de façon un peu précoce. Les boutons d'acné montent au front et, parfois, déjà, les tétons des filles se dressent fièrement sous leurs tee-shirts. La mue grossit la voix des garçons, précédant la voie empruntée par leurs testicules. Les poils poussent au menton et ailleurs, jusque dans les moindres recoins, que la décence n'incite pas toujours à nommer. Précoces, ils l'auront aussi été, les vigneron.ne.s de Terres et vins de Champagne, en créant en 2009 un petit salon pédagogique, novateur et marginal, histoire d'y voir plus clair à propos de leurs vins. Véritables perturbateurs endoctriniens de la vie viticole champenoise, ils ont osé parlé viticulture et terroir, là où d'autres ne juraient que par marketing, packaging et grand prix de Formule 1. Avec une interrogation sous-jacente toute bête: et si le champagne, ce n'était pas tout d'abord du vin?
10 ans, l'âge de la maturité, finalement.
Lundi 16 avril, 9h30. Reims, Palais du Tau. Trop tôt. Retard à l'allumage pour cause de soirée d'anniversaire bien arrosée, dans une assiette champenoise privatisée. Flashback. Trois étoiles pour eux tout seuls, plus une grosse poignée d'invités. Avec des bulles à profusion. Et un before qui démarre en fanfare du feu des boules de Dieu.
Il semble désormais loin le temps où, au Castel Jeanson d'Aÿ, 17 vignerons se sont mis dans la tête de parler de terres, de vins, de Champagne, en faisant découvrir aux professionnels et à quelques amateurs éclairés les vins clairs du millésime précédent, avant champagnisation. Terres et vins de Champagne était né et n'allait pas tarder à quitter son berceau et ses langes, pour investir le prestigieux Palais du Tau de Reims, entraînant dans son sillage une véritable armée de regroupements de vignerons s'inspirant plus ou moins de leur démarche. Le Printemps des champagnes a alors vu le jour. 5 jours de dégustations au cœur de la Champagne viticole, centrées autour de Reims. Au milieu de cette pléthore de salons, où le business est devenu roi, drainant des dégustateurs du monde entier, l'aîné des groupes de vignerons cherche sans cesse à se renouveler pour ne pas perdre la flamme des origines et continuer à faire de la pédagogie autour des vins clairs et des terroirs de la Champagne, sans se laisser déborder par un succès grandissant. Un travail de fond qui a déjà payé depuis longtemps, faisant de Terres et vins le must de ce printemps champenois. Le salon originel...
10 ans que Terres et vins distribue des prix récompensant des acteurs contribuant au rayonnement des vins de terroir de la Champagne. Un palmarès éclectique et cosmopolite où se côtoient des journalistes, des importateurs, des ambassadeurs du Champagne, un blogueur (et non des moindres, ma pomme!), un restaurateur (et non des moindres, 3 étoiles, notre hôte de ce soir, Arnaud Lallement). N'y manquait pour l'instant qu'une femme. Pas au nom de la parité. Quoique. Juste pour son saluer son talent et son investissement dans la promotion de la belle et bonne Champagne terroiriste, préférentiellement "organic" et "biodynamic". Caroline Henry, pour ne pas la nommer, miss in wine et auteure d'un guide très complet, en anglais, mais au titre bien français. "Terroir Champagne" le bien nommé méritait une douelle.
Privatiser un restaurant triple étoilé pour faire une boum d'anniversaire, ça change des Mac Do et autres Ball Park de notre enfance. Enfin, pas la mienne, je suis trop vieux pour avoir fréquenté ces établissements pour mioches en voie de décérébration et de dégustatisation par des parents inconscients de la bonté des choses. Et ces petites bouchées préparées par Arnaud Lallement et son équipe étaient, ma foi, aptes à sustenter de façon tout à fait bonne les palais les plus réfractaires. Pour les accompagner, du Champomy champagne millésimé 2008 était proposé à la dégustation. Généralement pas trop dosé, pas trop sucré, si l'on excepte le demi-sec de Vincent Laval, le seul 2008 qu'il lui reste en cave, car il ne l'a jamais commercialisé. 40 grammes de sucre résiduel, passant totalement inaperçus grâce à une acidité hors norme. Un vin qui décoiffe, pour ne pas dire recoiffant.
Lundi 16 avril, 10 heures. L'heure du vin clair a enfin sonné. Un joli millésime en perspective, que ce 2017, lorsqu'il n'a pas trop gelé. Les amateurs d'effervescence matinale piaffent néanmoins d'impatience. Mais la première bulle ne fera mousser le verre qu'au son de la cloche, vers 11h30. Le regard de certains dégustateurs se met enfin à pétiller. Beaucoup ne sont venus que pour cela. On est en Champagne, ou bien? Et puis, enfin, surtout, arrosons. Buvons. Fêtons. Honorons les vignerons de Terres et vins. Qui ont 10 ans. Si tu m'crois pas, hé, t'ar ta gueule à la récré!
"Entendez-vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces vignerons
Ils viennent jusque sur les marches de nos palais
Dégorger leurs bouteilles de champagne..."
Commentaires
Bonjour,
Et oui, 10 ans déjà que Terre et Vin nous informe, j'ai connu ses événements grâce à ma caviste Bordeaux qui a dans sa cave à vin, bon nombre de bonnes références, et un excellent vin d' Afrique du Sud en ce moment.