Lectures à boire
"Ce soir à la brume
Nous irons ma brune
Cueillir des sarments
Cette fleur sauvage
Qui fait des ravages
Dans les cœurs des buveurs francs"
Cette éducation sentimentale au vin que Maxime Le Vigneron ne renierait pas, contrairement à son collègue de boulot Le Forestier, elle fleurit généralement à la fin de l'été, quand la fièvre vendangeuse se fait sentir et que les éditeurs s'empressent de remplir les cuves des librairies de leurs bonnes feuilles triées échappées du pressoir. Ce millésime 2019 s'annonce comme une bonne année, pour peu que l'on ne cède pas aux marronniers habituels (B&D&H&D&G), pas toujours bien mûrs, contrairement à certains guides pourtant toujours verts qui sortent un peu mieux leur épingle du jeu.
Il ne manquerait plus qu'un bouquin sur les cavistes au mois de novembre pour couronner le tout!
12°5
5°5 de plus que les prévisions les plus alarmistes du GIEC concernant le réchauffement climatique d'ici 2100 et 24°7 de moins que la température rectale de Béatrice Dalle après que Jean-Hugues Anglade ait sorti son thermomètre dans une éprouvante autant que torride scène d'ouverture du film de Jean-Jacques Beinex sorti en 1986 (déjà!). Mais, ces 12°5 là, en plus ou en moins, sont précieux. Déjà le 7ème volume de ce spin off vinique de 180°C, revue hédoniste consacrée à la culture gastronomique, et un numéro plutôt copieux avec, en point d'orgue, une rencontre avec Pierre Overnoy et Emmanuel Houillon. Un moment rare qui justifie à lui seul la lecture de ce "jajazine" particulièrement soigné. On se réjouit également d'y lire la jolie plume de Pauline Dupin-Aymard, chasseuse de naturel et grande exploratrice des chemins de traverse du vin, tout comme on apprécie une nouvelle fois de voir cette Aube vigneronne sortir de la nuit, ce qui n'est plus une surprise. Un casting de rêve, tant du côté des acteurs que des auteurs, et une revue à recommander chaudement, quelle que soit la saison.
Aux Roches Neuves
Attention, œuvre rare! Un beau livre d'images photographiées par Jérôme Paressant, loin d'être un paresseux quand il s'agit d'appuyer sur la détente de son appareil photographique. Pendant 6 années, il a eu la chance de suivre l'équipe du domaine des Roches Neuves, à Saumur. Un domaine de référence, l'image même du saumurois qui avance, en la personne de Thierry Germain. En prenant plein de clichés, il a néanmoins su les éviter. Se jouant de la lumière pour mieux la capter et l'apprivoiser, il a su retranscrire, au travers de ses photos, l'essence même d'un domaine et de son vigneron emblématique. De la belle ouvrage qui valait bien l'ouverture d'une Marginale 2004 et d'une Insolite 2005 des Roches Neuves anciennes pour fêter ça.
Glou Guide
Celui-là, on va finir par l'attendre la bave aux lèvres, à chaque lancement de foire aux vins automnales, comme le guide un peu excitant qui vient faire la nique aux institutionnels qui vendent des collerettes pour les bouteilles bien sagement alignées dans les rayons d'une cave réfrigérée en GD. Avec l'idée derrière la tête d'aller arpenter les allées des hypers à la recherche de l'un de ces petits trésors gouleyants à moins de 15€ l'unité, le Glou guide sous le bras, et de s'enquérir, à chaque page, auprès du vendeur, de la disponibilité des différentes cuvées y figurant. Avec le plaisir non dissimulé, quoique légèrement coupable, de savoir que l'on va faire chou blanc. Merci, Antonin Iommi-Amunategui et Jérémie Couston. Désormais, grâce aux Editions Cambourakis, on dispose du AIA&JC. C'est mieux que le B&D.
Vigneronnes
Et, pour finir, de la meuf. De la bonne, qui sait faire la différence. Du genre de celle qui ne veut pas faire genre et envoyer bouler les clichés sexistes par dessus les feuilles de vigne. Des vigneronnes, donc. Capables de s'enquiller des heures de tracteur dans les vignes et des hectolitres de pinard dans les cuves. 100 vigneronnes qui démontrent merveilleusement que la mixité de la profession n'est pas un leurre et qu'il faut savoir compter sur elles. Donner ses lettre de noblesse aux vins de femmes, c'est le cheval/la jument de bataille de la caviste féministe liégeoise Sandrine Goeyvaerts, au nom aussi difficile à écrire qu'à prononcer et à l'humour chevillé au corps, quoiqu'un peu belgo-centré parfois, ce qui implique de se creuser les méninges dans le bon sens ou avec la bonne cuillère (petit aparté, Sandrine: "Serrals ta chance", c'est un peu comme les transatlantiques, non?). 100 vigneronnes qui s'engagent, s'impliquent, se démènent et se positionnent en tant que telles dans cet univers vigneron un brin machiste qu'elles ont envie de bousculer pour imposer la reconnaissance de leur existence. Un ouvrage indispensable, de par son regard et son parti-pris, que l'on peut considérer comme de salubrité publique. Et puis, retrouver Isabelle(s), Michèle, Noella, Mylène, Laura, Athénaïs et les autres recommandées dans le même ouvrage, il faut bien reconnaître que ça donne soif.
P.S.: moi aussi, je sais écrire sur les femmes et le vin. On peut lire ça dans le numéro automnal de Haut-Doubs Femmes.
Commentaires
Bonjour Olivier,
Félicitations pour tes hommages ô combien mérités envers "les femmes du vin".
Je voudrais juste attirer ton attention sur le fait que LeRougeetleBlanc n'est pas en reste, puisque la 4e de couverture du numéro qui vient de paraître est consacrée à Marie Arena.
Bien amicalement et à te revoir,
Jean-Marc Gatteron
Bonjour Jean-Marc,
Oui, j'ai reçu mon numéro du Rouge & le Blanc, à peu près au moment où j'ai écrit ce billet. J'aurais pu tout à fait l'inclure, pour Marie Arena, évidemment, (et le reste de la famille), mais aussi pour le très beau dossier concernant les Terrasses du Larzac. Et aussi l'ensemble de l'œuvre du R&B, que je lis goulûment lorsque je le reçois. Au plaisir.