Les bonnes feuilles de l'automne
Suite de ce petit panorama automnal de la littérature vinique, qui n'en finit pas de tomber comme les feuilles mortes que l'on ramasse maintenant à la souffleuse, ce qui fait un boucan d'enfer et rend la chanson de Prévert beaucoup moins poétique. Deux d'entre eux sont déjà dans les bacs, tandis que deux autres sont encore accrochés aux branches de leurs éditeurs respectifs, même s'ils ne devraient plus tarder à se décrocher et virevolter de leurs propres ailes.
Pierre Overnoy!
Avec constance et obstination, Thierry Weber et les Éditions Tonnerre de l'Est continuent de creuser leur sillon biodynamique dans le petit monde de l'édition haute couture, en rajoutant à leur collection de vignerons d'exception, aux côtés d'Olivier Humbrecht, Jean-Pierre Frick, Lalou Bize-Leroy et Jean-Louis Chave (excusez du peu), Pierre Overnoy. Avec un point d'exclamation. Pierre Overnoy! Maître Yoda des vins naturels! Himself!
« Je suis contre le culte de la personne. Chaque fois qu’il y a eu le culte de la personne, dans n’importe quel pays, ça a conduit à des catastrophes. Alors pourquoi cette espèce de renommée, de mythe ? Je ne sais pas, parce qu’il n’y a pas de raison.* » La parole de Pierre vaut tout l'or du monde. Parce que. Elle valait bien un livre de plus. Sur Le blog d'Olif, on ne s'est jamais privé de mettre en avant la parole comme la personne, sans volonté de cultiver sa personnalité, ni évidemment de l'idolâtrer. Tout comme on ne s'est jamais privé de se régaler de ses vins, à chaque occasion. Et d'en parler sur les réseaux, évidemment, de la manière la plus sociale qui soit. Avec, comme moment de bravoure le plus marquant, outre les différentes dégustations faites avec lui, une rencontre au sommet suite à la parution du De profundis gustatibus. Un moment exceptionnel que l'on peut revivre en vidéo ici, tant un long discours vaut parfois mieux qu'un petit dessin. Dans leur ouvrage, tout juste paru chez Tonnerre de l'Est, après une glorieuse campagne de crowdfunding, les deux de Vere (non, je ne bégaie pas), Harriet et Marcus, traductrice et caviste londonien.ne.s à Londres, partent à la rencontre de l'homme, dans sa maison de Pupillin ou dans sa résidence secondaire d'En Chaudes Eaux. Pour lui tirer le portrait, tout en le resituant dans l'époque actuelle (il est officiellement en retraite depuis près de 20 ans, quand même). Et le mettre en perspective au travers du regard de quelques-uns de ses disciples et/ou admirateurs (Thomas Popy, Gabrio Bini). En n'oubliant pas de rendre hommage à Emmanuel Houillon, digne successeur et fils adoptif de Pierre, ce vieux garçon célibataire à la multitude d'enfants éparpillés dans le monde entier. Une progéniture essentiellement spirituelle, si l'on excepte évidemment Manu.
Ce livre éclairant sur cette immense figure du vin naturel est fort joliment illustré par les magnifiques photographies de James Nelson. Il a été traduit de l'anglais par Thierry Weber, éditeur et homme à tout faire, que l'on peut féliciter pour l'ensemble de son œuvre, mais à qui on ne manquera néanmoins pas de faire le reproche d'une coquille orthographique et circonflexe page 70, que le Comtois, peu enclin à se rendre, nenni ma foi, ne saurait laisser passer et que certains ont même pu payer cher par le passé, foi d'Écho de la boucle.
Pierre Overnoy! , un complément à l'ouvrage de référence que constitue La parole de Pierre, publié aux Éditions Mêta Jura. Une parole qui se veut volontiers facétieuse à l'occasion, comme le prouve cette sentence criante de vérité:
"En dégustation, ce qui nous intéresse, ce n'est pas la longueur, mais la qualité de la longueur. Mangez de la m..., vous verrez, c'est long en bouche!"**
*citation extraite de la Parole de Pierre, Éditions MetaJura
** citation extraite de De profundis Gustatibus, Éditions de L'Épure
Pierre Overnoy!, Harriet & Marcus de Vere, Éditions Tonnerre de l'Est
Ma part des anges
Ma part des Anges, c'est d'abord celle de Catherine Bernard, vigneronne languedocienne qui fut journaliste dans une vie antérieure, raison pour laquelle elle ne peut se passer de tremper sa plume dans le jus de raisin pour faire part de ses réflexions toujours pertinentes sur le sens des choses de la vigne et où va le monde viticole, pas bien loin, comme le reste du monde d'ailleurs, si on continue comme ça. Ce petit fascicule s'intègre dans la collection Paradoxes des Ateliers d'Argol, qui explorent le goût et la création en gastronomie. L'amer, l'astringent, l'acide, le gras... et maintenant la part des anges. Balayant les différents sens de cette expression, Catherine nous conduit de Marseille, où l'on trouve l'une des nombreuses adresses baptisées "La part des Anges" à l'Angleterre de Ken Loach et celle des distillateurs de whisky. En passant par l'Andalousie et le Jura, évidemment. Où j'ai l'honneur d'être cité dans le texte, à propos de la couleur de ces vins si particuliers dont une partie se perd en route pendant les 6 ans d'élevage. Une couleur "jaune comme un ciel breton photoshopé par un nuage lusitanien". C'est bien de moi, mais j'ai dû faire quelques recherches pour savoir où et quand j'avais bien pu avoir cette brillante illumination littéraire. La part des anges de Catherine Bernard, c'est aussi, maintenant, des pieds de vigne qui se sont évaporés sous l'effet de la canicule du 28 juin 2019. Et c'est le point de départ d'une nouvelle réflexion sur la future conduite de la vigne en prévision des années de cuisson à venir.
Ma part des anges, Catherine Bernard, Les ateliers d'Argol
Cavistes
Avec le beaujolais nouveau, c'est la grosse sortie de ce mois de novembre. Le même jour, le 21. Une centaine de portraits de ces artisans de la bouteille, dont le métier ne se résume pas à la manutention de caisses ou la mise en rayons. Des êtres faits de chair, d'os (avec un peu de gras autour, pour certains) et de vin, de la "chair à canons" pour reprendre l'accroche de l'introduction. Sorties sur le terrain, sélection personnelle, animations diverses, le chaînon qui pourrait manquer entre les vignerons et les buveurs s'il n'existait pas. Un ouvrage co-écrit par une dizaine de mimines, dont je ne suis pas peu fier que les miennes fassent partie. Un déca-lancement qui se fera au son du canon et en simultané dans 4 villes (Paris, Bruxelles, Bordeaux, Pontarlier) et 10 endroits différents.
Cavistes, Patrick Böttcher, Pauline Dupin-Aymard, Antonin Iommi-Amunategui, Olivier Grosjean, Guillaume Nicolas-Brion, Nouriturfu
Raisin, 100 grands vins naturels d'émotion
Le 23 novembre, soit 2 jours après la sortie du bojo nouveau et du livre Cavistes, ce sera le tour de Raisin, 100 grands vins naturels d'émotion. Cette alliance de Raisin, l'appli digitale, et d'Entre les vignes, auto-éditeur de livres thématiques sur le vin (Bourgogne, Auvergne), donne à découvrir 100 grands vins naturels d'émotion, c'est écrit dans le titre. Plus quelques autres, proposés par une quinzaine de personnalités du monde du vin nature ou sachant bien l'apprécier. Dont Pascaline Lepeltier (meilleure sommelière de France du monde), François Morel (journaliste, caviste et historien du vin, mais pas comédien ni chroniqueur radio sur France Inter) ou encore The WineStache (caviste influenceur en Suisse, peut-être même pas moustachu). Et Olif, blogueur, terroiriste, naturiste et petit rigolo du vin (sauf en matière d'humour, d'après Mme Olif, assez hermétique de ce côté-là), je n'en suis pas peu fier. Mais, comme je n'ai pas encore croqué dans ce Raisin-là, je n'en parlerai pas plus avant pour l'instant.
Raisin, 100 grands vins naturels d'émotion, Cédric Blatrie, Guillaume Laroche et Harry Annoni
Commentaires
Ohlala encore de belles lectures au coin de la plage à l'autre bout du monde !
Merci Mr Olif pour ces analyses !!
Bonjour et merci pour cet article ! Quel bonheur de marcher dans la nature avec toutes les couleurs de l'automne. Je vous invite à faire un tour sur le site de randonnée : nousrandonnons.com peut-être qu'il vous plaira ! Très bonne journée à vous,
Mélanie