Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Il n'y a que Maye qui m'aille!

    Date: le 27/08/2004 à 23:09

    Un titre incontournable, une véritable perche qui m'est tendue, mais une maison de référence en Valais qu'il me fallait bien visiter un jour ! J'avais bien déjà goûté quelques-uns de ces vins de façon éparse, mais une rencontre avec Axel Maye et une dégustation de (presque) toute la gamme ne pouvaient se refuser!

    Fendant Moette 2003
    Robe très pâle, perle très fine, tout petit sucre, ce chasselas n'en finit pas de surprendre! Un équilibre tout en pureté, avec un côté presque doucereux étonnant pour le cépage. Un terroir qui sait toujours bien se démarquer!

    Johannisberg 2003
    Le cépage qui réussit en général bien à Chamoson. Au nez, un beau fruité style fleur de vigne, mais la bouche joue plus dans la minéralité, à peine crayeuse. L'équilibre est sur le fil, pour un vin qui sait rester tendu dans sa structure en attaque, puis qui s'élargit en finale tout en conservant de la nervosité.

    Petite Arvine 2003
    Le nez est curieusement peu expressif d'emblée, avant de s'ouvrir sur des notes d'agrumes typiques de la Petite Arvine à l'aération et l'agitation. L'attaque et franche, presque acérée, puis s'équilibre dans la rondeur, du fait probablement d'une grande richesse en alcool. Elle semble très sèche, contrairement à beaucoup de ses congénères du même millésime, et n'a pas fait sa malo.

    Paà¯en 2002
    Yves m'avait promis de me faire goûter un jour un grand Païen de Simon Maye, ce jour est arrivé! Le nez est très aromatique, frais et fruité, légèrement citronné. La bouche est porteuse d'une grande acidité fraîche, marquée agrumes. Une belle et longue finale finit de caractériser ce très beau vin bien équilibré, digne des meilleurs savagnins jurassiens!

    Pinot noir 2003
    Nez un peu déviant, rustique, rappelant la cave au moment des vendanges. Il me laisse perplexe!

    Camuso 2003
    Assemblage de Gamay de 45 ans, Pinot Noir de 35 ans et d'un peu de Merlot.
    Un solide vin rouge, bien charpenté, avec de la rusticité, même si le merlot amène un peu de rondeur.

    Humagne rouge 2003
    Nez confondant sur les petits fruits rouges du jardin, bien mûr, élégant, légèrement poivré. La structure un peu lâche en bouche, assez caractéristique de l'humagne, accentue son côté gourmand et plaisant. Un vin plaisir à déguster comme un bonbon aux fruits! Je préfère largement ça à un bonbon aux fruits, d'ailleurs!

    Syrah 2003
    Robe sombre, nez concentré, fruité et épicé, on change de registre. En bouche, les notes de cassis s'imposent, sur une belle structure tannique, avec du volume, et de la chaleur, un peu alcooleuse. Un modèle de belle syrah fruitée, à boire dans les 5 ans.

    Syrah 2002 barrique
    Composée exclusivement de raisins provenant des vignes les plus âgées, elle possède une grande richesse et une grande concentration. Assez typique sur la violette en bouche, elle est dotée d'une belle acidité et d'une grande fraîcheur. Le bois est très discret, au service du vin.

    Pinot noir 2002 barrique
    Très ouvert, sur des notes un peu caramel au lait, florales en même temps, il possède des tanins amènes, fondus et patinés, d'une relative souplesse, le rendant grandement buvable.

    Petite Arvine 1987
    Pour nous prouver le potentiel de vieillissement de l'arvine, Axel n'a pas hésité à aller nous dénicher un trésor au fond de sa cave, une Petite Arvine jamais commercialisée, car n'ayant jamais fait sa malo et ayant de ce fait gardé une grande acidité la rendant dure à boire dans sa jeunesse. La robe est bien soutenue, commençant à tirer sur l'or. Nez intense et profond, marqué par les agrumes, mais pétrolant légèrement, aussi surprenant que cela puisse paraître. La finale est encore un peu amère et saline, mais finit par s'arrondir et développer une légère pointe de miel. Je suis totalement sous le charme de ce très beau et vieux vin qui est une véritable découverte pour moi, confirmant ainsi, s'il en était besoin, la grandeur de ce noble cépage qu'est la Petite Arvine.



    Un succulent et goûteux vieux Parmesan lui a agréablement tenu compagnie et nous a permis de repartir tout ragaillardis vers la deuxième étape de notre après-midi.


    Olif
     



  • Voyage au coeur de la Gruyère

    Date: le 02/08/2004 à 20:10

    Rencontre franco-suisse prévue depuis quelque temps, ce voyage au coeur de la Gruyère fut l'occasion d'un dépaysement complet avec comme temps forts la dégustation de superbes flacons ainsi qu'une confrontation fromagère du plus haut niveau. Les petits plats dans les grands ! Et nous eûmes même droit à un concert de cor des Alpes, précédant le tir de moult feux d'artifices. Il n'y a pas à dire, ils savent recevoir, les habitants de la Gruyère ! Et ce, même si notre arrivée tombait la veille du 1er août, le 14 juillet helvétique la prise de la Bastille en moins !

    Avant le spectacle pyrotechnique, par contre, tout se passait dans le verre ! Feu !

    Petite Arvine 2001, Clos des Corbassières, Domaine Cornulus
    Percutante, cette Petite Arvine ! Un nez très pur, sur de beaux agrumes, avec la petite touche saline et une légère amertume finale plutôt agréable. De la vivacité et du nerf pour un véritable modèle du genre !

    Petite Arvine 2001, Jérôme Giroud
    Le nez est ici très mûr, toujours sur les agrumes, mais presque confit (écorce de pamplemousse séché), qui donne presque une impression de sucrosité à ce vin pourtant bel et bien sec. Pas mal de gras, moins tranchante que la précédente, presque alanguie, je me demande s'il n'y a pas également un tout petit côté oxydatif ! L'équilibre est néanmoins très beau, le manque de vivacité étant compensé par une belle complexité. Une autre facette de ce cépage, révélée par le vieillissement ?

    Chasselas Clos des Corbassières 1999, Domaine Cornulus
    Servir un chasselas derrière deux magnifiques Petites Arvines, une cause perdue d'avance ? Et bien non ! La robe commence à dorer, d'un beau jaune, le nez est riche et puissant, intense et complexe. La bouche est entière, pleine, développe un beau gras et s'impose dans la fraîcheur. Magnifique ! La grandeur du Chasselas ! Ce Clos des Corbassières doit vraiment être un terroir d'exception, réussissant aussi bien à l'arvine qu'au fendant !

    Cuvée Maria 1999, Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas
    Mais que fait donc ce vin des Fiefs en Helvétie ? La concrétisation de l'axe d'échange Est-Ouest qui s'est établi entre la Vendée et le Valais ! Robe ambrée, nez caramélisé, évoquant la tarte Tatin, la pomme au four, mais aussi le foin sec. Son caractère surmaturé oxydatif ne fait aucun doute ! Très concentré, il est doté d'une longue finale rémanente. Du Grand Art qui ne dépare pas dans cette mise en bouche apéritive de très haut niveau.

    Pommard 1997, Clos des Epeneaux, Domaine du Comte Armand
    La robe est encore juvénile, sombre mais brillante. Le premier nez, un peu animal et terreux, laisse la place à une perception végétale qui va en s'amplifiant à l'aération. l'impression d'humer la rafle ! Il y a pourtant là une belle matière, avec des tanins bien enrobés, soyeux, encore un peu serrés. Un vin d'une grande concentration, long, qui, je l'espère, s'harmonisera avec le temps.

    Cornalin 2000, Romain Papilloud
    La bouteille de la consécration pour ce cépage dont j'apprécie l'originalité et qu'intuitivement je sentais pouvoir donner de grandes choses. Consécration également pour Romain Papilloud, un vigneron de tout premier plan en Valais, qui confirme bien là tout son talent.
    La robe est opaque, intransigeante et sans concession. Tout fruit au premier abord (cassis, bigarreau), il révèle sa complexité à l'aération, délivrant des effluves de tabac blond, puis de clafoutis aux cerises. Les tanins sont superbes, serrés juste ce qu'il faut, onctueux, la texture est crémeuse, veloutée, la bouche est ample et longue.
    Vraiment une très belle bouteille que je suis heureux d'avoir dégustée en si bonne compagnie ! Surtout que c'était la dernière dans ce millésime !

    Syrah 2000, Romain Papilloud
    Difficile de distinguer la robe de celui-ci du précédent, la pénombre commençant à s'installer sur la Gruyère. Le nez est sur le fruit, à peine médicinal (cachou, sirop pour la toux). En bouche, le fruit le dispute à la fleur, les notes de violette, légèrement poivrées, finissant par s'imposer. Très syrah, en fait, la matière est riche, bien structurée, possédant indéniablement beaucoup d'élégance et une parenté avec un beau Crozes-Hermitage. Encore une belle bouteille, signée Romain Papilloud, dans un très beau millésime en Valais.

    The Picrate, Les Chiens 1996, Eric Callcutt
    Un assemblage de Chenin, Pineau d'Aunis et Cabernet ! Elevage 48 mois en fût, peu ou pas soufré, caractère oxydatif évident. On retrouve ces notes caramélisées de pomme au four, mais dans une ambiance acide démentielle ! Too much ! A sa décharge, il est préconisé de l'ouvrir et de l'aérer 48 à 72 heures avant ! Pas convaincant dans les conditions dans lesquelles il a été dégusté !

    Arbois Pupillin Vin Jaune 1988, Pierre Overnoy
    Pour accompagner un royal plateau de fromages franco-suisses, ce qui se fait de mieux en matière de pâtes pressées cuites, quoi de mieux que la Rolls du vin jaune? Nez original sur le concombre et la gentiane. La palette aromatique plus typique du jaune se développe crescendo en bouche sur l'écale de noix, les épices, avec une toute petite note étherée qui apporte la « gnac » , pour s'estomper puis réapparaître à nouveau dans une finale interminable. Plus dans un registre de finesse que de puissance, ce qui est loin d'exclure la longueur, il s'impose par son élégance racée ! A savourer sur un Beaufort d'été, un Fribourg de 2 ans, de 3 ans, un Comté de 4 ans, voire encore d'autres fromages de ce type si on a la chance de se les procurer. L'accord parfait, à faire se damner un Saint !

    Rivesaltes ambré 15/10, Château La Casenove
    Vendangé en 1997, mise en mars 2004, il s'agit d'un vin muté qui développe un joli rancio sur des notes de vanille bourbon évoquant un beau vieux Rhum Antillais, le feu de l'alcool en moins.

    Lacryma 1996, Cave de L'Angélus
    Une grosse matière riche et confite, un grand concentré de coing agrémenté de pâte de coings, pour un équilibre totalement différent du précédent, intégrant superbement les 15,5° d'alcool. Une grande douceur !

    Le Seb ayant rendu l'âme prématurément avant le fromage (pour cause de grande fatigue consécutive à un excès de travail la semaine précédente, si, si !), nous n'avons pas jugé utile de clôturer la soirée par un vieux rhum antillais. Et c'est en fredonnant quelques classiques des Beatles que le sommeil du juste nous a rejoint.

    Ah ! La Gruyère !

    Olif

  • Frédéric Magnien, le négoce bourguignon nouvelle génération

    Date: le 22/06/2004 à 14:36

    Comme nous nous trouvions à Morey-Saint-Denis en ce samedi 19 juin pour visiter le Clos de Tart et qu'il fallait meubler la deuxième partie de l'après-midi, DidierT nous avait sélectionné un certain nombre de domaines susceptibles de nous recevoir, tâche peu aisée en Bourgogne un samedi à cette heure-là ! Le seul à avoir répondu dans l'affirmative fut Frédéric Magnien, un jeune négociant qui monte et qui a eu les faveurs du guide Hachette 2004 (même si ça ne veut rien dire!) et surtout de Bourgogne Aujourd'hui, la nouvelle référence en matière de vins de Bourgogne, il n'y a qu'à regarder les noms des membres du comité de dégustation pour en être convaincu!

    L'intérêt résidait également dans une gamme très étendue, couvrant quasiment toute la Côte de Nuits et même encore bien plus.

    Accueil poli et courtois, mais sans effusions. Nous prenons rapidement place autour de la table située dans le caveau, joliment agrémenté de fûts dont la façade a été hémi-découpée pour pouvoir entreposer des bouteilles. Une sorte de double vieillissement en fût du vin déjà en bouteille! Que voulons-nous goûter? Et bien! Millésime 2001? Chambolle? Allons-y!

    Tout en recherchant différentes bouteilles pour la dégustation, rangées de façon éparse dans le caveau, il nous expose sa conception du vin, qui est celle du vinificateur et du négociant, à savoir que, puisqu'il faut ramasser du bon raisin pour faire du bon vin, il fait pour cela confiance à des gens triés sur le volet, mais que le travail à la vigne ne l'intéresse pas. Son job, c'est la cave! Ce qui ne l'empêche pas d'être dirigiste avec "ses" viticulteurs, leur imposant de faire comme lui le souhaite, n'hésitant même pas à conduire lui-même une équipe pour faire les vendanges en vert si cela n'a pas été fait! Une exigence de qualité qui finalement colle bien avec la tendance actuelle qui dit que le vin s'élabore déjà à la vigne, même s'il préfère que ce soit les autres qui s'impliquent. En matière de vinification, finalement, il est probablement moins interventionniste que sa conception du vin le laisserait supposer, utilisant avec parcimonie et à bon escient le bois neuf, et, surtout, essayant de respecter les terroirs et l'image qu'il se fait des vins de Bourgogne. A noter qu'il vinifie également pour le compte de son père, Michel Magnien, dont les vins sont commercialisés sous cette étiquette, et que lors de la passation définitive de pouvoirs, d'ici quelques années, il conservera les deux étiquettes, domaine et négoce.

    Les notes de dégustation qui suivent sont les miennes, à moi tout seul, et sont loin de refléter l'avis général qui était beaucoup moins enthousiaste, ce qui n'est déjà pas peu dire! Et comme un certain JMP, j'en suis encore à me dire au sujet de ces avis totalement divergents: « Comprend pas! ». C'est pour cette raison que j'inscrirai entre parenthèses, ce que je n'aime guère faire habituellement, les notes du Guide Hachette 2004 afin, non pas de vous faire croire que je m'estime tout à fait digne de faire partie du Jury de cette noble institution mais pour que vous ne pensiez pas que je sois le seul à avoir le palais autant déformé par les vins acides bourguignons!

    Chambolle-Musigny VV 2001
    Un vin sur le fruit et la fraîcheur, d'une simplicité friande et gouleyante.
    (cité dans le guide Hachette 2004)

    Chambolle-Musigny 1er cru 2001
    Assemblage de 8 ou 9 climats en 1er cru, évidemment il n'en revendique aucun, les Beaux-Bruns étant majoritaires, je crois. Le boisé est encore légèrement perceptible au nez, la texture du vin un peu plus serrée, fine néanmoins et mérite de se fondre un peu. On sent un peu mieux la complexité.

    Chambolle-Musigny 1er cru Les Charmes 2001
    Le nez s'ouvre sur des notes fruitées, florales (pivoine). Les tanins sont ronds, déjà charmeurs, développant un beau volume, la matière est plus enveloppante. Un Charmes charmeur, à attendre quand même.
    (1* dans le GH 2004, « richesse et puissance au coude à  coude »)

    Morey-Saint-Denis 1er cru Les Ruchots 2001
    Une parcelle située en bas du Clos de Tart, qui n'en revendique néanmoins pas la complexité. Par contre, question typicité, on se régale! Les tannins sont bien présents, légèrement rustiques mais loin d'être désagréables. à‡a pinote et ça terroite joliment sur des notes fruitées légèrement terreuses.
    (2*, CC GH 2004, « matière aimable et généreuse, offrant une jolie rondeur, charpente et soutien tannique, on reste dans l'esprit de l'appellation »)

    Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Saint-Georges 2001
    Pas moyen de le confondre avec les précédents! Une petite réduction au nez, lui donnant un côté animal plaisant, s'estompe rapidement. Les tanins sont rugueux, sérieux, mais le vin est très minéral, long et persistant. Jolie mâche finale qui tapisse bien les gencives, augurant d'une bonne garde.
    (3*, CC GH 2004, « vin remarquablement vinifié qui semble traduire un travail sérieux à la parcelle. Concentration et rondeur! Bonne note de terroir! On ne fait guère mieux. »)

    Gevrey-Chambertin 1er cru La Perrière 2001
    Pas de doute, on change encore de terroir et d'expression du pinot noir, ne permettant pas de confondre celui-là avec les précédents. Note fruitée de pinot, un peu terreux et animal, cuir et musc, minéralité affirmée. Ce n'est pas un grand séducteur mais je pense qu'il saura convaincre dans le temps.
    (2* GH 2004, « riche, complet, équilibré, il pinote agréablement et tient son boisé en laisse »)

    Chambertin Clos de Bèze 2001
    La matière s'étoffe, la structure se densifie, le volume monte d'un cran. Longue persistance et grain plutôt fin font de cette bouteille un Grand cru à attendre patiemment. Pas le degré de finesse d'un Clos de Tart, par exemple, mais c'est bon et bien fait.
    (2* GH 2004, « Ce Clos de Bèze éblouissant exprime tous les élans du pinot noir en Côte de Nuits! Merveilleux vin, racé, typé et d'un avenir insondable »)

    Je ne reviendrai pas sur les différences d'appréciation de cette dégustation, je soulignerai juste une nouvelle fois que le millésime 2001 est un millésime injustement méprisé, vraisemblablement de belle garde, mais il ne faut pas trop le dire, sinon les gens vont se l'arracher et les prix vont monter!

    Olif

  • Jérôme Giroud, parce qu'il le Valais bien aussi !

    Date: le 25/06/2004 à 22:36

     

    La cave du Potier, à Chamoson ! C'est le nom officiel sous lequel sont commercialisés les vins de Jérôme Giroud. Peut-être nous l'a t'il déjà expliqué, mais je ne me souviens pas de l'origine de ce nom ! Ce qui est certain, c'est que le potier s'y connaît en matière de vin et de vinification. Un vrai coup de pot! Passage en revue de sa production au pas de charge, non pas pour cause de limitation de temps, mais parce qu'il y a un certain nombre de vins à déguster et que Jérôme Giroud est un pro question efficacité!

    Fendant Pierre de Soleil 2003
    Fruité et minéral, un peu crayeux, avec une toute petite pointe de gaz qui a été rajoutée à  la mise. Un fendant de soif !

    Johannisberg 2003
    Vif, tranchant et minéral, c'est un vin qui me plaît bien mais sur lequel j'ai du mal à m'enthousiasmer autant que les spécialistes du cépage. Le fait qu'il n'ait pas fait sa malo lui donne probablement un style particulier mais je n'arrive pas à le cerner. Comme qu'il en soit, c'est bon et bien fait !

    Chardonnay 2003
    Un chardonnay qui « beurre un petit peu », plutôt minéral, à l'attaque tranchante mais à la finale un peu molle. Belle vivacité tout de même pour un chardonnay valaisan, même si je ne suis toujours pas convaincu par la place de ce cépage ici.

    Pinot blanc 2003
    Dans le même registre, un vin d'un terroir identique au précédent, qui s'exprime beaucoup mieux, vif et frais.

    Petite Arvine 2003
    Une très belle Petite Arvine, presque un modèle, sur les agrumes, à la belle minéralité incisive, avec une finale saline archétypique sur de beaux amers.

    Humagne Blanche 2002 barrique
    15 mois de barrique qui apportent du gras et de la complexité sans pour autant masquer la fraîcheur. Un vin très pur que j'ai eu envie de regoûter ce soir. Le côté boisé ressort un peu plus ce soir, dans un contexte différent, mais ne retire rien à la qualité du vin. J'aime beaucoup et ne regrette pas mon achat!

    Opale 2002 barrique
    Un assemblage original Petite Arvine (40%) et Humagne blanche (60%). Un équilibre quasi-parfait, d'une droiture exemplaire et d'une définition précise. Un mariage heureux, qui voit juste revenir la salinité de la Petite Arvine en finale, comme si elle voulait avoir le dernier mot!

    Muscat 2003
    Ils ne sont pas beaucoup à croire en ce cépage en Valais! Et pourtant! Celui-ci possède une belle matière bien mûre, sans le caractère parfois lourdaud inhérent au cépage. Le vin idéal pour les asperges valaisannes, mais il faudra attendre l'année prochaine!

    Jéromo 2001
    Rosé de pressée, moitié Pinot noir, moitié Gamay, complété avec 10% de Gamaret. Nez de caramel au lait, assez vineux, très agréable.

    Gamay VV 2003
    Un beau Gamay, poivré, épicé, fruité, à  la jolie matière.

    Pinot Noir 2003
    Un cépage que j'ai en principe du mal à apprécier dans ces contrées. Et pourtant, ce joli fruit, ces notes de myrtilles, de fruits des bois, ces notes épicées, ces tanins imposants et ce volume m'ont conquis ce jour-là ! J'en ai pris 2 bouteilles pour le regoûter dans un contexte différent.

    Concerto 2003
    Un genre de « Dole améliorée », constitué d'un assemblage des 10 cépages rouges cultivés au domaine. Un rouge costaud, plutôt bien équilibré, avec une belle grosse mâche finale!

    Gamaret-Garanoir 2003
    Un assemblage helvétique typique, qui donne un vin à la robe sombre, au fruité croquant (petits fruits noirs), avec une solide mâche en finale mais une structure droite. Un vrai vin de copains, franc et sincère, qu'on a envie de boire autour de quelques cochonnailles.

    Humagne rouge 2003
    Une petite boule de fruits confiturés, eau de vie de griotte, amande amère, ce qui sied bien à l'assise tannique plutôt lâche de l'Humagne. Un beau vin ne reniant pas ses origines.

    Syrah 2003
    Vin de cuve au fruité poivré caractéristique, avec un beau volume.

    Onyx 2002
    Assemblage barrique de plusieurs cépages, un vin à la couleur sombre, concentré, poivré, à la matière imposante mais aux tanins enrobés, sur une petite note florale de violette. Très beau!

    Syrah barrique 2002
    Un boisé très léger, bien dosé, pour un vin floral et fruité, représentatif d'une belle syrah valaisanne. J'avais préféré la Syrah 2002 à la Syrah Barrique 2001, je préfère cette cuvée barrique 2002 à la version cuve 2003!

    Merlot 2002 barrique
    Boisé imperceptible, fruits noirs, matière concentrée, gros volume, un merlot qui ne s'en laisse pas conter! Le Merlot 2001 du Tessin goûté en parallèle, très maigrelet, permet de mieux apprécier la qualité de la sélection de Jérôme et la potentialité du terroir valaisan pour ce cépage.

    Malvoisie flétrie 2002
    Les raisins ont été passerillés sur plateaux. Notes d'agrumes confits, de truffe blanche. Un équilibre aérien et une magnifique acidité pour une nouvelle perle valaisanne.

    Muscat muté « Bien égal» 2000
    4 ans de barrique, 16°. Une originalité folle! Nez de truffe blanche, curieusement pas très marqué muscat. C'est pourtant lui que l'on retrouve en bouche, au sein d'une matière bien riche qui voit ressortir l'alcool en finale.

    Merlot 2000 barrique
    La botte secrète et la bouteille « cadeau » de Jérôme, qu'il est allé chercher pour accompagner la délicieuse viande séchée valaisanne et le fromage des montagnes. Fin de la dégustation, début de la restauration! Les vignes avaient 11 ans d'âge à l'époque. Les tanins sont très soyeux, peut-être un peu amers en finale, mais c'est un merlot de grande concentration, développant un beau volume en bouche. « C'est grand! », lâche Jérôme, plutôt un modeste, mais conscient de sa belle réussite et de son beau travail.

    Difficile de rester indifférent devant un tel personnage, un peu bourru et peu prolixe, mais dont les vins parlent à  merveille!

    Chamoson, c'est dans le Valais, le terroir y est grand et beaucoup de vignerons, dont Jérôme Giroud, savent se montrer à la hauteur!

    Olif


  • M.-T. Chappaz, parce que je le Valais bien!

    Date: le 23/06/2004 à 12:11

    Un petit titre tiré par les cheveux, pour ne pas décevoir mes (nombreux ?) admirateurs! grinning smiley
    Parce que finalement, je ne sais pas si je le mérite, d'avoir dégusté à 2 reprises en moins d'un mois toute la gamme de Marie-Thérèse et de faire l'intégrale (ou presque) chez Jérôme Giroud ! Ce qui est sûr, c'est que je ne m'en lasse pas!

    Rendez-vous désormais habituel à 13 heures 30 à l'Oenothèque de Leytron où m'attendent Yves, Anthony père & fils ainsi que Paski55. Enfin ! Quand je dis « m'attendent », je voulais dire « s'apprêtaient à partir » car comme j'arrive à 13 heures 50, nous risquions d'être en retard au premier rendez-vous chez Marie-Thérèse Chappaz à Fully.
    Nous sommes à peine installés sous la très agréable tonnelle de Marie-Thérèse au milieu des vignes, que la voici qui vient nous saluer en nous disant qu'elle va se joindre à nous dès qu'elle aura réglé un petit truc en cours. Evocation rapide de la belle dégustation de Saint-Jean de Monts, "Vous avez été gentils trop gentils avec moi dans vos commentaires!", mais non, Marie-Thérèse, c'était sincère!
    On attaque donc sans elle la série des blancs :

    Fendant Mon Puîné 2003
    Très mûr, fruité, il sait garder suffisamment de minéralité et de vivacité pour être un beau fendant de mise en bouche.

    Fendant de Martigny Les Bans 2003
    Un fendant issu d'un terroir calcaire, donc plus minéral que le précédent malgré des notes fruitées de fleur de vigne prononcées. La structure est plus profonde, avec présence en finale d'amers sur une toute petite note saline. Ce n'est pas un fendant de soif, il mérite probablement une petite attente en cave.

    Fendant Président Troillet 2003
    Entre les deux précédents, on va dire ! Très frais, développant de jolies notes d'agrumes, il est néanmoins minéral et vif.

    Grain Blanc 2003, Petite Arvine
    Très mûr, sur les agrumes, la rhubarbe, la touche boisée saute au nez de Paski qui ne supporte pas le bois sur l'arvine ! La structure est riche et onctueuse avec un petit sucre résiduel qui donne une petite sensation de mollesse. L'amertume saline en finale est assez typique. Personnellement, je suis plus gêné par le résiduel que par la note boisée. Cette Petite Arvine ne possède pas le caractère aussi pur que la même en 2002.

    Grain d'Or 2002, Ermitage
    Nez intense, plein, séducteur, fruité (truffe blanche, olive verte, fraise et framboise). Structure caressante, pure, qui ne demande qu'à s'épanouir. Un vin magnifique qui ne fait que confirmer l'excellente impression déjà perçue lors des LPViades.

    Rosé Rhodonite 2003
    Un rosé à base de pinot noir et de gamay, aux jolies senteurs de crème brûlée et de caramel sur fond de petits fruits rouges. Légère amertume finale qui trouble à peine la vivacité. Sympa !

    Dole Ma Puînée 2003
    Commercialisée en « pot » de 50 cl, une Dole typique, franche et gouleyante, sur les petits fruits noirs réglissés.

    Dole La Liaudisaz 2003
    48% Gamay, 50% Pinot noir, 2% Diolinoir.
    Couleur soutenue, nez de fruits rouges et noirs, fraise et rhubarbe, structure tannique bien charpentée. Une bien belle Dole !

    Grain Pinot les Esserts 2003
    Une vigne située sur la rive gauche du Rhône qui convient bien au cépage. Un vin fruité, avec de beaux tanins, une finale fraîche et longue.

    Humagne rouge 2003
    Une production confidentielle dans ce millésime. La robe est d'un beau rouge rubis clair, lumineuse. Le nez est charmeur, sur les fruits rouges, et la bouche d'une légèreté gourmande. A peine d'amertume en finale qui ne me dérange pas vraiment. Un très beau spécimen de ce cépage valaisan typique !

    Grain Noir 2002
    Assemblage Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc ( ?, tout d'un coup, je doute ! Les connaisseurs rectifieront si besoin !) et Merlot. Bien typé cabernet, sur le poivron bien mûr, la groseille à maquereau, la myrtille, avec une rondeur confiturée sur une assise tannique cossue, mais une grande fraîcheur malgré la richesse. Magnifique !

    Malvoisie 2001
    Avec ce vin-là , on attaque une série resplendissante de ce que Marie-Thérèse magnifie comme personne (encore que, la concurrence est stimulante !), les liquoreux. La robe est dorée, éclatante. Le nez et la bouche sont d'une richesse époustouflante : miel, pomme cuite, cannelle, papaye. La finale se fait sur des notes minérales de mine de crayon. La grande acidité du cépage s'équilibre majestueusement avec le gras du vin, apporté par l'élevage, le portant loin, si loin, haut, si haut! Un nectar des Dieux ! A tomber à la renverse !

    Grain Noble Petite Arvine 2000
    Ouverte par erreur à la place d'une 2001, nous ne refusons pas de goûter, gourmands que nous sommes ! Robe jaune flashy, brillante pour ne pas dire éclatante. Nez confit sur les agrumes, dans lequel on sent nettement le botritys. La texture est ample, grasse, riche et superbe. Et toujours ce merveilleux rôti qui en remontrerait à bien des Sauternes ! I love Petite Arvine !

    Grain Noble Petite Arvine 2001
    Malgré l'erreur précédente, nous avons quand même droit à la bouteille initialement prévue. Marie-Thérèse nous gâte trop, décidément ! Un style résolument différent, car pas de botritys, cette fois-ci, ce qui rend la comparaison entre les deux millésimes encore plus intéressante. Nez très frais, mentholé, sur les agrumes acidulés, le citron vert. L'attaque est un peu massive et la finale très acidulée, accentuant le côté pour l'instant dissocié de ce vin. Gros potentiel mais à attendre.

    Grain Noble Marsanne 2001
    La star des LPViades de Saint-Jean de Monts répond encore présent sur ses terres ! La robe est magnifique, le nez d'une richesse incroyable. Truffe blanche (encore légère), abricot font de la bouche une confiserie à la liqueur magnifique du fait d'une très belle acidité, moins marquée que sur l'arvine néanmoins. On ne s'en lasse pas !

     

    Sur sa lancée, Marie-Thérèse nous aurait volontiers emmenés goûter les 2003 au fût, ce que nous avons dû malheureusement décliner pour cause de rendez-vous avec un autre grand bonhomme de la viticulture valaisanne. La prochaine fois, c'est promis, on essaiera de prendre tout notre temps, impossible de décliner une telle invitation plusieurs fois !

    Olif

  • Meursault-Château Chalon, via Pontarlier!

    Date: le 06/06/2004 à 21:19

    Ce n'est pas le chemin le plus direct, mais l'occasion d'une rencontre choc entre deux régions, deux vignobles, deux vignerons, en terrain neutre, au pays de l'Absinthe et à l'initiative du GJP.

    Plein de bonnes raisons d'ouvrir de vieux et beaux flacons, en fait! Et de mettre les petits plats dans les grands pour les accompagner! Nous ne sommes pas allés jusqu'à prendre Un Emile à l'apéritif, on attaque d'emblée par Meursault!

    Meursault 1er cru Les Genevrières 1992, Charles et Rémi Jobard

    Le premier millésime solo de Rémi Jobard, même si le nom de son père figure encore sur l'étiquette. Le seul changement notable par rapport aux millésimes précédents, ce fut une modification de taille à la vigne (passage au cordon de Royat). Le nez est très profond, intense, envoûtant, sur des notes prononcées de rhubarbe fraîche, associées à un léger moka. Finesse et élégance pour un vin qui s'ouvre crescendo, patiné. Fondu enchaîné et grande harmonie. Un vin étincelant et la barre a été placé peut-être un peu haut d'entrée de jeu. Quoique...!

    Meursault 1er cru Les Charmes 1994, Charles et Rémi Jobard

    Année pluvieuse, limite « pourrie », pas un sommet en Bourgogne. Très finement grillé, il possède une acidité encore marquée mais un peu de lourdeur et une finale qui se fait sur l'amertume. Il a du mal à passer derrière les Genevrières 92!

    Meursault 1993, J.F. Coche-Dury

    La patte de Jean-François Coche ou un boisé encore marqué? Un concentré de pain grillé toasté, assez caractéristique de son style pourtant, l'antithèse du vin qui va suivre! Très bon même si un peu monocorde.

    Meursault-Charmes 1993, Domaine Matrot

    Très joli bouquet sur la rhubarbe, la tarte tatin, un peu caramélisée. Cela reste très pur, presque cristallin, pour un vin tout en finesse.

    Meursault 1er cru Les Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard

    Le vin a été carafé une heure au préalable. Un 1er cru méconnu, voisin de la Goutte d'Or. Robe très pâle, nez encore sur la réserve, mais le vin possède déjà une belle harmonie, avec un équilibre somptueux entre gras et acidité. Il ne fera que s'ouvrir et mieux s'exprimer pas la suite. A attendre, mais que c'est beau!

    Meursault 1er cru Les Genevrières 1997, Rémi Jobard

    Nez puissant, sur le foin, le beurre frais. Bien structuré, avec de l'acidité qui apporte de la longueur. Pas aussi impressionnant que le 92, il est fort bien constitué mais ce n'est pas celui qui résistera le mieux à l'oxygénation.

    Fin de l'apéritif, on peut passer à table en emportant les fonds de bouteilles pour les tester sur la terrine de poisson de Valérie. La Bourgogne s'impose haut la main dans cette première manche, mais le Jura n'a pas encore touché la balle! Son tour va venir!

    Petite phase de transition histoire de se préparer le palais pour ce qui va suivre:

    Arbois Savagnin 1992, J. Puffeney

    Changement complet de registre, on aurait pu y aller plus progressif! De l'oxydatif pur et dur! Très évolué, mais sans aucun signe de fatigue, un vin qui a encore de la gnac! Noix et curry en puissance mais sans renier l'élégance, ni même la finesse, qui s'exprime dans la longueur.

    Côtes du Jura 1986, J. Macle

    Beaucoup plus minéral, pétrolant légèrement même, sa gamme aromatique est vaste, alliant épices, cannelle et moka aux notes fondues d'hydrocarbures. Un vin magnifique, qui caresse le palais. Subjugant!

    Après une telle bouteille, nous sommes prêts à affronter le poulet aux vin jaune et aux morilles et le Château Chalon! C'est parti!

    Château Chalon 1996, J. Macle

    Troisième rencontre avec ce vin en peu de temps et toujours aussi séducteur malgré sa jeunesse. Morilles, noix et épices se partagent le devant de la scène!

    Château Chalon 1997, J. Macle

    Encore plus juvénile, son côté fougueux et étheré ressort un peu plus que sur le précédent, mais il ne demande que du temps pour se fondre!

    Château Chalon 1992, domaine Berthet-Bondet

    Il a servi à arroser le poulet et je me demande si ce n'était pas son meilleur rôle! Très puissant et alcooleux (alcool à brûler), il n'est guère plaisant à boire.

    Côtes du Jura vin jaune 1984, Château La Muyre

    Elevé 10 ans en fût et donc mis en bouteilles en 1994, c'est un miraculé de cette triste année 1984 dans le Jura (Château Chalon entièrement déclassé). Nez sur la noisette, l'écale de noix, il possède beaucoup de finesse et de longueur. Beau vin!

    Château Chalon 1978, J. Macle

    Nez intense de moka, façon Nespresso, mentholé, évoluant sur des notes minérales de pétrole, bouche riche sur le café, grande acidité merveilleusement intégrée! Que l'âge sied bien à Château Chalon!

    Château Chalon « La vigne aux Dames » 1978, M. Perron

    Hasard total de la programmation que cette confrontation entre deux vins du millésime 78, mais hasard heureux, évidemment! Même palette aromatique, peut-être encore plus complexe: moka, fruits secs, curry, morilles, pomme séchée, puis évolution vers des notes pétrolées. Longueur et finesse, douceur presque même dans la finale, un très grand vin!

    Château Chalon écrase définitivement de sa classe cette deuxième manche, qui s'est terminée par un match dans le match entre un vieux Comté de 30 mois et un gruyère de Fribourg. La Bourgogne est restée totalement muette et la Suisse n'avait pas la partie facile pour cette rencontre à l'extérieur!

    Le troisième set, consacré aux douceurs, ne parviendra pas à départager ces deux grandes appellations que sont Meursault et Château Chalon, le terrain ayant été envahi par des étrangers! Le Seb ayant en charge le dessert et son accompagnement, il fallait s'attendre à boire quelques originalités!

    Klein Constancia 1998, Vin de Constance

    Le vin préféré de Napoléon Ier (pas dans ce millésime-là , évidemment!), au nez très expressif, presque exubérant de litchi, de rose, de cerise, d'écorce d'orange, avec un côté très frais qui lui donne des airs de désodorisant! Il se tient bien en bouche, d'un équilibre presque aérien, sans lourdeur. Etonnant!

    Don P.X. 1972, étiqueta doble, Toro Albala, Montilla Morilles

    L'oxydatif jurassien enfoncé! Une robe noire, colorant les parois du verre, un nez confituré, pruneau, noix, fruits secs et une liqueur goudronneuse concentrée qui tapisse le palais, envoûtante, à la longueur impressionnante, qui gomme complètement les effluves de Château Chalon s'étant incrustées dans les papilles! Une expérience gustative unique, qu'on n'oublie pas!

    Vous aurez compris que les deux vignerons ayant participé à cette soirée étaient Rémi Jobard et Laurent Macle, accompagnées de leurs épouses respectives (et même de Jolie Maman pour l'un!). Qu'ils soient remerciés de leur contribution en vieux millésimes de leur production et nul doute que cette soirée en appellera d'autres, peut-être sous d'autres cieux, au coeur du vignoble!


    Olif

  • 1ères REVEVIN: Domaine de Chevalier, l'esprit et le vin !


    Date: le 24/05/2004 à 11:42

    Première des dégustations thématiques choisie par le staff des 1ères rencontres de Saint-Jean-de-Monts, ce tour d'horizon du fameux domaine de Pessac-Léognan avait tout pour séduire. Les conseils prodigués par le Domaine en matière de service ayant été respectés à  la lettre, grâce au GO PhR, improvisé sommelier en chef, les GM participant à  cette session n'avaient plus qu'à  s'attabler sur la terrasse du Chai Carlina.

    A la manière des Jurassiens, nous commençons par une série de rouges avant d'attaquer les blancs. Les notes qui suivent sont les miennes, traduisant, je pense, l'impression générale, mais certaines perceptions n'étaient pas partagées par tout le monde. Elles seront donc vraisemblablement complétées par d'autres.

    Esprit de Chevalier rouge 1998 :

    Robe brillante, nez poivré, fruité, boisé. Tanins fondus un peu asséchants, un peu stricts. Finale courte. Un vin un peu mince mais correct pour la mise en bouche.

    Esprit de Chevalier rouge 2000 :

    Robe grenat, nez torréfié légèrement puis poivron dominant, assez mûr toutefois. La bouche est relativement charnue, plus structurée que le précédent, avec une acidité encore marquée. C'est mieux, même si ce n'est pas encore ça !

    Domaine de Chevalier rouge 2001 :

    Le nez nous livre un boisé de qualité sur des notes plutôt florales. La bouche est quand même un peu austère mais possède de l'épaisseur et de la longueur, avec sensation alcooleuse en finale. C'est sûr, il est jeune !

    Domaine de Chevalier rouge 1998 :

    Le nez est plus ouvert, complexe, avec une aromatique plutôt animale sur des notes de torréfaction. Les tanins sont soyeux mais deviennent abrupts en finale, ce qui procure une sensation de cassure et nuit à l'équilibre du vin. La bouche ne tient pas tout à  fait les promesses du nez, mais c'est plutôt bien quand même !

    Domaine de Chevalier rouge 1995 :

    Nez complexe, empyreumatique (cacao), floral, animal. Là  encore, on s'attend à  un très beau vin car l'attaque est ample. Mais la finale est sévère, sur des tanins anguleux. Finale un peu acide. Pas mal non plus, mais...

    Domaine de Chevalier rouge 1987 :

    Chevalier s'est taillé une réputation dans la réussite des petits millésimes des années 80. Nous allons donc pouvoir juger sur pièce! La robe tuile légèrement, le nez est épanoui. Le poivron bien mûr ressort au milieu de notes de cacao et de cuir. Souple et fondu, il possède encore suffisamment de longueur pour être harmonieux. Très bien pour le millésime, c'est une certitude, très agréable dans l'absolu également, il tranche d'avec les autres par son côté charmeur.

    Esprit de Chevalier blanc 1998 :

    Robe jaune pâle, nez très mûr, sur les agrumes, le miel, la cire, avec un côté très oxydatif ! Long, frais et acidulé, j'avoue avoir beaucoup aimé même si c'est complètement atypique pour un Pessac !

    Esprit de Chevalier blanc 2000 :

    Robe jaune pâle, nez plus typique de sauvignon bien mûr, bourgeon de cassis et notes légèrement fumées. L'attaque est vive, l'acidité tranchante et la finale se fait sur de l'amertume. Plus conforme aux attentes mais une expression très simple.

    Domaine de Chevalier blanc 1993 :

    Robe encore très pâle, à  reflets verts, témoignant d'une grande jeunesse. Nez intense et complexe d'un vin à  maturité, sur les agrumes, les fruits exotiques et le citron, qui contribue à  la grande fraîcheur ressentie, apportant vivacité en bouche, sur un gras onctueux et élégant qui pointe. La race des grands !

    Domaine de Chevalier blanc 1997 :

    Le nez présente d'abord de la réduction sur un boisé encore marqué mais le fruit s'exprime peu. On sent encore comme une retenue pour un vin qui a certainement pas mal de choses à  livrer. A attendre !

    Domaine de Chevalier blanc 1999 :

    Nez également très mûr sur des notes oxydées. La bouche est dissociée avec perception liégeuse. Pas du bouchon franc, mais ça devrait le devenir. Une bouteille à  problème, impossible à  juger.

    Domaine de Chevalier blanc 2002 :

    Nez de sauvignon typique, un peu pipi de chat avec des notes fermentaires. Vif et acidulé en bouche, c'est un vin très jeune dans une phase peu séduisante actuellement. A revoir dans 5 ans, pas avant !

     

    Si cette dégustation n'a pas soulevé l'enthousiasme général, elle fut néanmoins d'un bon niveau. La seule bouteille à  véritablement sortir du lot pourtant fut le blanc 1993 qui est une petite merveille. Le 1987 rouge se défend encore pas mal mais on ne peut quand même pas trop lui en demander non plus.
    Je me demande si nous ne devenons pas un peu trop exigeants ! Surtout avec Bordeaux?

    Olif

  • 1ères Rencontres Vendéennes autour du Vin: Vins de vigneronnes valaisannes en vacances en Vendée


    Date: le 24/05/2004 à 23:10

    Pour cette dégustation d'exception, nous disposions uniquement des vins mais pas des vigneronnes. Ce qui n'était déjà  pas si mal! Grâce aux relations internationales du GO en chef de ces Rencontres, j'ai nommé PhR, nous possédions un échantillonnage impressionnant de vins de ces deux grandes dames valaisannes, en souvenir d'une amitié indéfectible et de vacances déjà lointaines passées au doux climat océanique vendéen. L'occasion pour nous de démontrer que la petite arvine est loin d'être aussi salée que l'océan Atlantique; heureusement que la terrasse du Chai Carlina était balayée ce jour-là  par un fort vent de terre, nous mettant à  l'abri des embruns!

    Autant vous le dire tout de suite, la dégustation qui va suivre fut un moment fort de ces Rencontres, qui n'ont fait qu'aller crescendo, la verticale de Suronde en ayant été le point culminant, de par la qualité des vins, certes, mais surtout du fait de la présence de Francis Poirel en personne. Nul doute que si les dames Suisses avaient fait le voyage à  l'Ouest, la concurrence eût été rude!

    Fendant 2003, Marie-Bernard Gillioz (MBG) :

    Robe très claire, presque limpide. Très variétal au nez, sur la fleur de vigne, c'est un vin frais et désaltérant, le fendant de soif par excellence.

    Fendant La Liaudisaz 2002, Marie-Thérèse Chappaz (MTC) :

    Robe claire, limpide. Nez sur des notes fermentaires de poire, il développe en bouche une minéralité beaucoup plus affirmée sur une finale légèrement saline. Plus complexe que le précédent et à  attendre un peu en cave, à  mon avis.

    Petite Arvine Grain blanc 2001, MTC :

    Robe pâle, nez archétypique sur les agrumes, mais citronné et miellé, témoignant de sa richesse potentielle et de sa fraîcheur. En bouche, la belle acidité domine, et la finale saline se fait sur une amertume de bon aloi. Très belle petite arvine, tranchante et riche en même temps.

    Petite Arvine 2002, MBG :

    Robe pâle, nez curieux de caoutchouc brûlé, probablement en relation avec de la réduction car il s'estompe à  l'aération. En bouche, on retrouve une belle vivacité et de la longueur, mais la comparaison avec le Grain Blanc joue en sa défaveur.

    Pinot Gris 2002, MBG :

    Robe pâle, nez évoluant sur des notes un peu fermentaires avec une pointe de réduit. La bouche révèle un vin gras et rond, sans lourdeur, qui nécessite probablement un peu de temps pour s'harmoniser. Une bouteille originale et intéressante.

    Grain d'Or 2002, MTC :

    Il s'agit d'un ermitage (marsanne) à  la robe très pâle mais au nez intensément aromatique sur la rhubarbe, la fraise, la truffe blanche, d'une pureté cristalline. La texture en bouche est onctueuse, soyeuse, riche et fraîche en même temps. L'équilibre est magistral et le vin en tout point admirable. Chapeau, Marie-Thérèse!

    Dole La Liaudisaz 2002, MTC :

    Robe rubis, légèrement trouble. Nez au départ un peu réduit, épicé, fruité (fraise), avec des notes fumées. Une Dole « sérieuse », bien charpentée!

    Dole 2000, MBG :

    Robe rubis, nez de framboise, de violette. Son côté friand, presque facile, la rend désaltérante.

    Humagne rouge 2001, MTC :

    Robe rubis, nez légèrement animal, fumé et poivré. En bouche, l'assise tannique est un peu lâche (c'est une humagne!) et le vin se livre sur des notes épicées.

    Syrah 2002, MBG :

    Robe pourpre, nez archétypique de syrah, sur la violette, les épices et les fruits rouges. Les tanins sont souples, fondus, pêchant un peu dans leur structure; il n'empêche, le vin est agréable même s'il ne peut prétendre à  gagner énormément de complexité au vieillissement.

    Cornalin 2002, MBG :

    Robe pourpre, très joli nez sur le cassis, la menthe poivrée et la feuille de cassis. Bien bâti, avec de la puissance, de la longueur et déjà  de la séduction. Très beau vin!

    Foradori 2001 :

    Un pirate introduit à  la dernière minute par Jérôme en raison de ses similitudes supposées avec le cornalin. Et bien en fait, non! Sur la fraise Tagada, la banane, son côté amylique et artificiel l'a fait se ratatiner complètement!

    Grain noble 2001, Petite Arvine, MTC :

    Couleur jaune pipi, nez d'agrumes très citronné, il développe en bouche une belle vivacité malgré une liqueur très riche. Une longueur immense contribue à  donner la sensation de très grand vin!

    Grain noble 2001, Marsanne :

    Robe d'un beau jaune doré, nez sur l'olive verte et la truffe blanche. Sa grande richesse et sa puissance en bouche s'accompagnent d'une sensation minérale (mine de crayon). La rétro se fait sur des notes infinies de truffe blanche. Tout le monde est à  genoux!

    Bravo Mesdames! Sur douze bouteilles, aucun déchet! 4 immenses vins, 3 excellents, les 5 autres oscillants entre le bon et le très bon, dans des registres variés, de la simplicité à  la richesse en passant par la franchise.

    Aimez le Valais, il vous le rendra bien!

    Olif

  • 1ères Rencontres Vendéennes autour du Vin : Château de Suronde, en Quarts et en entier !


    Date: le 25/05/2004 à 16:44

    Point culminant de ces 1ères Rencontres vendéennes autour du Vin (ou comment anticiper l'actualité !), cette dégustation était prévue de longue date, bien avant la controverse bettannienne, qui , tout grand dégustateur qu'il est, peut néanmoins se planter, ce qui finalement est plutôt rassurant. Ce qui est plus grave, par contre, c'est l'impact que peut avoir son discours après avoir porté un avis aussi tranché et définitif sur seulement deux bouteilles dégustées. Enfin, bref, passons!

     

    Grâce aux relations de PhR, le super GO en chef de la manifestation, nous avions la chance d'avoir à nos côtés Francis Poirel en personne, accompagné de l'intégralité de sa production en Quarts-de-Chaume depuis le millésime 95. Le Quarts-de-Chaume en entier donc, même s'il s'agissait uniquement des « meilleurs quarts de la récolte, pendante ... ».

    Pour l'anecdote, Francis Poirel, un artisan vigneron jovial et fort sympathique avait fait le voyage la veille, et nous avons passé une grande soirée festive autour des vins que nous avions emmenés et des plats proposés par Phil85 du Chai Carlina, qui avait mis un tigre dans son moteur et passé la surmultipliée pour gérer le soutien logistique des rencontres en même temps que sa clientèle, fort nombreuse en ce pont de l'Ascension. J'avais apporté dans mes valises un Quart-de-Chaume 1988 du Château de Suronde, période Laffourcade, pensant qu'il était intéressant de remonter dans le temps. Ce fut effectivement éloquent, pas dans le sens où je l'imaginais pourtant, avec un vin vert, acide, vraisemblablement chaptalisé, rien à voir avec ce que nous allions goûter le lendemain.

     

    Anjou blanc 2001:

    Très pur, sur le fruit avec une minéralité qui perce, il laisse la bouche fraîche de par son équilibre et sa belle structure acide.

    Sauvignon 2001:

    En magnum et ouvert depuis la veille. Il s'ouvre sur des notes de fraise, de menthe poivrée et/ou de feuille de fraisier. Grande et belle structure acide qu ressort en finale, un vin qu'il faut attendre, d'après Francis, mais déjà diablement bon!

    Anjou blanc 1998:

    Nez puissant, intense et complexe, avec des notes miellées. La bouche fait ressortir de discrètes notes cartonneuses, précurseurs du liège sans doute, traduisant un problème de bouchon, qui ma foi, est loin de rendre le vin imbuvable!

    Quarts-de-Chaume 1995:

    Année très sèche à l'origine d'un passerillage des raisins. La robe est dorée, brillante. Le nez est intense, terpénique débutant et confit, abricot sec, pâte de coing. La bouche est vive, portée par une belle acidité, longue. Minéralité et fruits secs s'expriment en rétro-olfaction. Très longue persistance! La barre est placée très haut pour une entrée en matière!

    Quarts-de-Chaume 1996:

    Année à botrytis. Si la robe est similaire, le nez est moins aromatique, plus minéral (graphite). S'y ajoutent des notes de coing. La bouche est un peu plus molle mais plus intense, plus profonde et plus grasse. La richesse se révèle dans le temps et dans la finale. Difficile de trancher entre 95 et 96! Lequel préférer? Sans aucun doute les deux, qui reflètent magnifiquement les différences entre millésimes.

    Quarts-de-Chaume 1997:

    Ce millésime est en fait la somme des deux, puisque la chaleur de l'été a fait passeriller les raisins qui se sont gorgés à nouveau d'eau avec les pluies de septembre et le botrytis s'est finalement installé par la suite. Le nez d'abord un peu réservé, se livre par petites touches, hésitant entre la minéralité, le confit et le botrytis. Ce qui ne fait que le rendre plus complexe, en fait. La bouche est onctueuse mais fraîche, s'amplifie progressivement, la liqueur s'étale pour se fondre dans une finale en queue de paon. J'en suis bouche bée! Un vin grandissime qui ne souffre certainement pas d'un excès de manque de soufre!

    Quarts-de-Chaume 1998:

    Année pluvieuse dans laquelle produire un vin liquoreux s'est révélé être un tour de force! Le nez est très original, pour ne pas dire surprenant, sur des notes de cake au rhum et aux raisins. Une vraie gourmandise qui évolue par la suite sur de la quinquina et de l'orange amère. La bouche est légèrement déséquilibrée avec une perception du sucre trop importante, mais dans le contexte, c'est un vin plus qu'honorable.

    Quarts-de-Chaume 1999:

    Nez frais, légèrement mentholé, sur la cire et le miel. Une grande richesse en glycérol, donc, mais une fraîcheur bien présente grâce au menthol et à l'acidité.

    Quarts-de-Chaume 2000:

    Encore un nouveau nez, pas le plus réussi, mais le millésime fut assez calamiteux. Des notes iodées, pharmaceutiques s'imposent à moi et ne me quittent plus. La bouche est épicée, un peu alcooleuse avec une finale dissociée et une rétro iodée.

    Quarts-de-Chaume 2001:

    Très acidulé, limite citronné, on décèle déjà de la minéralité (mine de crayon) et des notes confites d'abricot. La bouche est encore un peu dissociée mais la liqueur est belle. A attendre et ça devrait être très beau!

    Quarts-de-Chaume 2002:

    Echantillon tiré du fût. La robe est à peine trouble et le nez s'ouvre sur des notes fermentaires de pomme de bois. La liqueur est rafraîchissante et la finale très acidulée.

    Quarts-de-Chaume 2003:

    Tiré du fût également, la robe est trouble, le nez également fermentaire, sur la pomme, le cidre. A l'oreille, on entend la mer! Le vin pétille joyeusement. La bouche est grasse, riche et onctueuse, très concentrée avec une belle acidité et une finale fraîche. Un vin impressionnant qui devrait faire un malheur dans quelque temps!

    Quarts-de-Chaume 2003, cuvée Victor et Joseph:

    Le coeur des Quarts, 29° potentiel! Liquoreux de l'extrême, 360 g de SR, 6° d'alcool, il possède une richesse énorme et la bouche reste fraîche malgré tout ce sucre! Un véritable PMG dans les Quarts!

     

    Difficile de ne pas être séduit par cette verticale d'anthologie! Après avoir goûté un 1988 caricatural la veille, on mesure mieux le chemin parcouru pour obtenir de grands vins. Ce qui est certain, c'est qu'avec le Château de Suronde les Quarts-de-Chaume ont retrouvé tout leur lustre d'antan. Si j'étais Seigneur de la Guerche, j'exigerais volontiers chaque année une dîme de ce vin-là !

     

    Olif

  • Christophe Abbet, l'académicien du Naturel et du Non-Conformisme !

     

    Date: le 14/04/2004 à 12:22

    Figure marginale du paysage viticole valaisan, Christophe Abbet conçoit des vins à son image, sortant des canons habituels de l'appellation, pas nécessairement tous expérimentaux, pourtant! Mais toujours à l'écoute du raisin, de la vigne à la cave, il se plie et s'adapte aux caprices de celui-ci pour produire des vins hors du commun. Le Valais au naturel, débarrassé de son académisme !

    Artiste dans tous les sens du terme, il élabore lui-même, souvent à la main, ses étiquettes et baptise ses vins de noms originaux, d'après ce qu'ils lui évoquent.
    Un personnage très attachant et humble, à l'écoute de toutes les remarques et critiques au sujet de ses vins, prêt à se remettre en question sans cesse, voire à élaborer des cuvées spéciales pour satisfaire les goûts de certains de ses clients.

    Rendez-vous donc au coeur de Martigny-Bourg, au caveau de dégustation de Christophe, en compagnie d'Yves Z.. Nous allons goûter quasiment toute la gamme actuelle et je dois reconnaître que tous les vins dégustés m'ont emballé !

    Chardonnay 2000 barrique

    Très beau nez élégant et floral, finement grillé. Gras et onctueux, avec ce qu'il faut de vivacité, un chardonnay comme je n'en ai encore jamais bu en Valais ! Son vin certainement le plus « académique », d'un classicisme bourguignon (les barriques proviennent de chez Denis Mortet), mais réellement magnifique. A signaler qu'une partie de l'assemblage n'a pas effectué sa malo.

    Gamay de Fully VV 2002

    Nez très fruité, bien mûr, avec une pointe de réglisse et quelques notes florales. Amplitude et volume en bouche. Très peu soufré, un vin qui s'exprime sur le fruit et la fraîcheur. Superbe !

    Aparté 2002

    Le même, version sans soufre. Grosse matière confiturée, fruits noirs et rouges mêlés, une bombe fruitée nature ! Je ne saurais dire lequel je préfère des deux !

    Syrah 2001 barrique

    Encore un fruité énorme, avec peut-être un peu plus de lourdeur que dans le Gamay, et une note particulière, évoquant l'amande amère. De fait, petite amertume en finale, dans une mâche énorme mais voluptueuse. Une syrah tout fruit, au volume imposant. Un vin rêvé par Christophe ?

    L'air du temps 1999

    Assemblage de marsanne, petite arvine et pinot blanc. Nez très mûr, presque surmaturé, qui distille un caractère finement oxydatif pouvant évoquer les belles cuvées jurassiennes de Camille Loye. La bouche est sèche et pourtant un peu confite. Un vin dans l'air du temps, sur le fil, un vrai funambule !
    Par rapport au millésime 1998, un peu moins déroutant du fait d'un degré alcoolique moins important ( 14,5° versus 17°).

    A propos d'îles 2000

    Tea time ! Petite arvine dominante, cette cuvée botrytisée précocément, initialement destinée à devenir de l'Ambre, a refermenté en barrique. Ce qui a contribué à faire baisser son taux de sucre résiduel, stabilisé autour de 80g/l, et lui a procuré une immense fraîcheur. Son côté exotique, à l'origine de son nom, s'est un peu estompé pour s'exprimer sur des notes prononcées de thé à la bergamote et de pommes au four. Craquant !

    A propos d'ailes 2000

    Nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises ! Un vin rouge au nez finement chocolaté (chocolat suisse, évidemment !) et des arômes confits à la manière d'un vieux Porto. Il s'agit d'un Gamay passerillé sur pied précocément, du fait d'un accident climatique cette année-là . Un vin solaire, méditerranéen, aérien (les ailes, c'est pour cela), « un Gamay élevé au rang de spécialité » ! C'est cela, être un artiste, s'adapter aux conditions les plus extrêmes et produire des chefs d'oeuvre inattendus ! Après un vin comme cela, plus rien ne peut m'étonner venant de Christophe ! Et pourtant !

    Nous allons ensuite descendre dans la magnifique cave voûtée située sous le caveau de dégustation pour atteindre de nouveaux sommets gustatifs et approcher les secrets de l'élaboration d'un désormais fameux liquoreux.

    Ambre 2001

    Dégustation au fût de deux barriques différentes, l'une légèrement plus boisée que l'autre, avec un peu moins de fraîcheur. Le vin issu de la première, gras, riche, onctueux, nourri par le bois sans que les arômes de celui-ci ne l'imprègnent, donne déjà une petite idée de ce que sera l'Ambre de cette année-là. Magique!

    Ambre 2002

    Prélevée également au fût, la robe est encore trouble. Un véritable sirop de miel, à la texture filante, et un léger boisé perceptible en attaque.

    Ambre 1999

    Un échantillon en bouteille, la mise ne va peut-être plus tarder. Un registre oxydatif qui n'est pas sans rappeler PMG 99 (eh ! oui ! encore le Jura !). Une grosse liqueur de coings avec une sensation minérale de graphite (mine de crayon) en milieu de bouche. 250g de sucre résiduel ! Un vin énorme et hors normes. Je fonds complètement !

    Christophe Abbet? Peut-être pas un mythe (ce qui évitera à certains de vouloir le déboulonner ), mais certainement un artiste-vigneron, voire un vigneron-artiste (ou les deux à la fois), original et talentueux !

     

    Olif

     

  • On aurait aussi pu dire le Sud...!

    Date: le 17/04/2004 à 17:56

    Retrouvailles au GJP, hier soir, Le Seb étant enfin descendu de son cocotier antillais, gavé de vieux Rhum JM, et désireux de se refaire un palais apte à  goûter du bon vin.

    Le thème de la soirée s'était articulé autour de la découverte de Gourt de Mautens 2001 et paf! voilà  que je l'avais dégusté la veille par surprise aux Jardins de Saint-Vincent! Pas opposé à  une remise du couvert néanmoins, nous lui avons trouvé quelques partenaires d'envergure. En vedette, le grenache!

    Chablis 1er cru Vaillons 2000, domaine Raveneau

    Mince! Pour la mise en bouche, c'était pas du grenache! Mais ça se laissait plutôt bien siffler! Bien jeune mais à  la minéralité déjà affirmée, on y retrouve de jolies notes anisées de fenouil au milieu d'autres herbes coupées. C'est beau!

    Château Rayas 1996

    La robe commence à  briquer de manière imperceptible. Nez très fin, cacaoté, légèrement fruité, typiquement sur le noyau de cerise, aérien et d'une élégance rare. Une belle puissance, fondue et bien canalisée en bouche, avec de la longueur et de l'harmonie. Pas de doute, il se goûte bel et bien comme un grenache, un beau même, pas dissocié pour un sou! Je me permettrai donc très humblement de ne pas être d'accord du tout avec les commentaires de Mark Squires! Avons-nous bu le même vin?

    1996 Chateauneuf-du-Pape Reserve (Rayas)
    Tasting like syrah, this wine is gamey, has those animal fat notes, and prominent flavors. It seems a bit bretty, too. Its color is light and the body is as well; there is little depth here, and it seems unbalanced as the powerful tannins assert themselves. This is made in vins de garde style, but I fear the fruit here will not even come close to keeping up with the tannins. Too thin, disjointed, and rather disappointing. 85 points.



    Châteauneuf du Pape Croix de Bois 1998, Chapoutier

    Un 100%grenache également, ça ne pouvait pas mieux tomber! La robe est burlat, très homogène. Cacao et cerise, évidemment, dans un style superposable au précédent, avec pourtant un peu plus de puissance (millésime?) et probablement moins d'harmonie pour cause de finale un peu plus chaude, voyant revenir de façon franche l'alcool en rétro-olfaction. C'est très beau même si l'élégance de Rayas s'impose.

    Rasteau 2001, domaine Gourt de Mautens

    On l'avait gardé pour la fin, celui-là , pensant qu'il jouerait un peu les rouleaux compresseurs. 65% de grenache seulement. Le nez est plutôt végétal, mentholé avec des notes boisées vanillées tout à  fait supportables. Une grosse matière enveloppe la bouche pour terminer dans une grosse mâche finale avec sensation alcooleuse de vieux Rhum martiniquais. Et le Seb s'y connait dans ce domaine! Est-ce le même vin que celui goûté la veille ou bien est-ce que je me gourre de Mautens? (Désolé, celle-là , je n'ai pas pu m'en empêcher!) Vraiment, je ne le reconnais pas! Pas les mêmes conditions de dégustation mais quand même!

    Gewurtztraminer Fronholz SGN 1998, André Ostertag

    La petite gâterie finale, au sud du nord de l'Alsace! Frais par son côté mentholé, mais artificiel par une note pharmaceutique, on finit par retrouver le litchi au milieu d'une liqueur que je trouve légèrement déséquilibrée par un excès de perception sucrée. Impression mitigée.

    Voilà , je pense que la prochaine fois, on retournera au Nord! Faut quand même varier les plaisirs! Mais le grenache, c'est bien bon, ma foi!

    Olif

  • On dirait le Sud...aux Jardins !

    Date: le 17/04/2004 à 13:17

    Un petit air de musique qui trotte dans la tête et qui reflète bien l'état d'esprit de cette 3ème séance de dégustation de l'année aux Jardins de Saint-Vincent chez Stéphane “Saint-Vernier" Planche. A la recherche d'un Sud chaleureux, ensoleillé, convivial, au travers de la dégustation de 7 vins en provenance du Grand Sud, avec quelques invités-surprises de dernière minute. J'avais initialement compris que la dégustation se restreignait à une approche du Languedoc, et de fait, la question s'est bien posée. Où commence le Sud? Pour certains, c'est à partir de Poligny, qui est bel et bien au sud d'Arbois! Un peu extrémiste quand même! On peut raisonnablement fixer comme limite au clivage Nord-Sud le 45ème parallèle même si ce clivage reflète surtout un état d'esprit. Certains vins du Nord, très solaires, peuvent révéler un esprit sudiste et inversement.

    Allez ! foin des tergiversations, en route pour le Sud ! Tous les vins sont bien sûr goûtés à l'aveugle complet. Les petites fiches synthétiques d'Angélique nous sont d'une grande utilité pour nous y retrouver. Que ferions nous sans elle?

    Côtes de Provence 2002 blanc, domaine Richeaume

    Un millésime sinistré dans le sud de la vallée du Rhône, dilué sous des tonnes d'eau. Aussi cette bouteille est une excellente surprise, parfaite pour une mise en bouche. La robe est claire, légèrement trouble. Le vin, quasiment champagnisé à l'ouverture, ne laisse percevoir qu'une toute petite pointe de gaz lors de la dégustation une heure après et une fine touche boisée malgré un élevage 100% bois neuf. Etonnant !
    Léger, friand et gourmand, il joue magnifiquement sur la fraîcheur malgré une perception alcooleuse en finale. Assemblage clairette et rolle.

    Vin de Pays des Côtes Catalanes, Cuvée VV 2001, domaine Gauby

    La robe est claire et brillante. Nez sur le miel, la cire d'abeille, finement oxydatif. En bouche, une minéralité exceptionnelle s'exprime au travers de notes fumées. Grande longueur, rétro sur des notes d'amande, superbe équilibre. Un très beau vin que je qualifierais volontiers de nordiste dans son esprit. A l'aveugle, je ne savais vraiment pas où le situer ! 40% macabeu, 25% grenache, 15% chardonnay, grenache gris et carignan blanc.

    Coteau d'Aix en Provence 2001, Château Revelette

    Un vin rouge, cette fois, avec un nez mûr, fruité, réglissé et épicé, doté d'une grande acidité, qui procure une grosse sensation de mâche, et des tanins qui retapissent la bouche. Un vin simple, pour ne pas dire rustique, relativement croquant, destiné aux barbecues de l'été. Grenache, syrah, cabernet sauvignon.

    Saint-Chinian Le Laouzil 2002, Thierry Navarre

    Belle robe burlat. Nez fruité mûr (fraise), un peu animal, musqué, viandé. Rondeur, chaleur et gros volume en bouche avec de la minéralité en rétro-olfaction et de l'alcool. Un costaud « à grosses épaules » qui mérite d'être servi légèrement frais pour permettre à l'alcool de mieux s'intégrer. Grenache, carignan, syrah.

    Cabardes Vent d'Est 2000, domaine Cabrol

    D'abord animal, le nez évolue rapidement sur les fruits mûrs, limite blets. Belle structure patinée, fondue, épicée, avec pour moi une sensation métallique en milieu de bouche et en finale. L'impression de sucer de la limaille de fer !

    Vin de Pays des Côtes de Brian, Rendez-vous du Soleil 2000, Clos du Gravillas

    La robe est sombre, dense. Le nez est rafraîchissant (mentholé ? médicamenteux ?), viandé et fruité en même temps, giboyeux. La structure est serrée, fine, révélant par petites touches une grosse et belle matière. Du velours que cette belle cuvée de carignan!

    Rasteau 2001, domaine Gourt de Mautens

    Robe opaque. Au nez, de la réduction fruitée associée à des notes empyreumatiques de moka. L'attaque est franche avec des tanins bien enveloppés et une amertume finale très prononcée. L'ensemble est majestueux, encore dissocié de par sa finale, mais on sent un gros potentiel. Pour l'instant, c'est quand même un vin d'hommes (dixit les dégustatrices présentes !). 65% grenache + plein d'autres trucs!

    Le Tout en bulles, domaine de Gramenon

    Pour le fun et pour les dames ! Robe légèrement trouble avec un feu d'artifice de belles bulles. Au nez, tout le monde a attrapé la nostalgie des pommes au four mitonnées par sa Maman quand il était petit ! Avec un chouïa de banane. « De la limonade », pour le plaisir de retrouver son âme d'enfant.

    Jurançon 2002, Clos Uroulat, Charles Hours

    Cap à l'Ouest pour un beau vin moelleux, au nez un peu lactique mais acidulé, sur l'abricot sec. L'équilibre est bien celui d'un moelleux avec une grande acidité et une belle fraîcheur.

    Encore une belle sélection effectuée par le tandem des Jardins de Saint-Vincent. Le mâchon qui a suivi fut l'occasion d'apprécier quelques bonus réjouissants, comme cette grande et infinie Sagesse 2002 du domaine Gramenon (avec les raisins de la Mémé entre autres, puisqu'il n'y en a pas eu de produite dans ce millésime) et un vin du Sud...d'Arbois apporté par Emmanuel Houillon, son détonnant Ploussard 2003 qui ne devrait pas tarder à  être mis en bouteilles. Un vrai vin solaire !

    Olif

  • De Chambolle à Musigny, le grand amour !

    Date: le 17/03/2004 à 13:23

    Au GJP (Grand Jury Pontissalien, pour les p'tits nouveaux, rassemblement d'amateurs demeurant dans la bonne ville de Pontarlier (25), dont l'objectif n'est pas de faire de l'ombre au Grand Jury Européen de François Mauss, mais d'organiser quelques belles dégustations thématiques à intervalles aussi rapprochés que possible !), on aime flâner au coeur de la Bourgogne. Cette fois, le parcours sera court, virtuel et pas réel. Petit dans l'espace, plus grand dans le temps, sur une période couvrant 12 années, de 1988 à 2000. 7 vins de Chambolle-Musigny, 7 domaines différents, 2 «village», 4 premiers crus, 1 Grand cru (oui, mais lequel !), 3 88. Voilà pour les amateurs de chiffres. Pour les puristes, nous étions en quête de la finesse légendaire de l'appellation, tout en souhaitant communier autour d'une bouteille de rêve. Amen !

    Les vins sont servis à l'aveugle en 2 séries. Les 4 plus jeunes ont été carafés, les 3 anciens débouchés 1 heure au préalable et habillés d'une fort élégante chaussette de ski afin de les dissimuler jusqu'à la collerette. Les petits plats ont été mis dans les grands ! Valérie nous a concocté en plat principal un carré d'agneau spécial Musigny, une recette d'Alain Senderens travaillée dans le cadre d'un accord mets-vins, accompagné de légumes craquants et d'une sauce au pistou. Le voyage peut commencer !

    - Chambolle-Musigny 1999, domaine G. Roumier : robe rubis éclatante, nez fruité avec une nette composante florale (pivoine ?), tanins fins, un peu lâches. Plutôt plaisant mais pas d'une grande complexité.

    - Chambolle-Musigny 1999, domaine Guillon : robe rubis soutenu, nez très petits fruits rouges, évoquant bien le pinot. Développe un plus gros volume en bouche que le précédent avec des tanins encore bien marqués et de la mâche en finale avec perception de l'alcool. Sa relative puissance et sa belle concentration en imposaient presque pour un premier cru !

    -Chambolle-Musigny 1er cru La Combe d'Orveau 1998, Anne Gros : robe rubis clair, d'une belle brillance. Un vin de fruit, gourmand, tout en finesse et en élégance. De la dentelle ! Je penchais pour Roumier !

    - Chambolle 1er cru Les Amoureuses 2000, Domaine Groffier : robe rubis foncé, jolis arômes de framboise associés à une note animale. Bouche ample, longue finale avec une sensation de sucrosité. Un vin imposant, l'antithèse du précédent !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Cras 1988, Domaine G. Barthod-Noellat : il s'agit de l'actuel domaine Ghislaine Barthod. Le G, c'est pour Gaston. Quelques traces d'évolution sur la robe et un nez très ouvert mais diversement apprécié, sur des notes de champignon, de vieille souche, de sous-bois, avec une pointe de cacao. Je trouve ça beau et complexe. La bouche est ronde et charnue, sans faiblesse aucune. Longueur et équilibre finissent de caractériser ce très beau vin qui a encore de beaux jours devant lui.

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Feusselottes 1988, G. Mugneret : le G, c'est pour Georges ! La robe est encore soutenue et le nez plutôt fin mais un peu discret. La bouche est malheureusement déséquilibrée par une acidité trop marquée qui confine au décharnement. Pas complètement déshonorant, il souffre de la comparaison avec les autres cuvées.

    - Musigny VV 1988, Domaine Comte Georges de Vogüé : la robe est encore très jeune. La bouche est ample, structurée et calibrée à merveille, avec un grain de tanins d'une finesse incomparable et une longueur impressionnante. Grand vin, grand cru, Musigny forcément ! C'était une évidence, tout le monde l'a reconnu ! Ouf de soulagement ! Il n'aurait plus manqué que ce soit une déception !

    -Ruster Eiswein 2001, Osterreich Burgenland Weinguthof Landauer : la petite douceur finale, sur le dessert. J'espère n'avoir rien oublié dans l'intitulé, ma voisine de table avait beau être Allemande, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris ! Mentholé, avec une belle acidité, ne titrant que 10°, il permet de finir sur une note rafraîchissante.

    Entre Chambolle et le GJP, c'est décidément le grand amour !

    Olif, pour le GJP

  • Ascension vers les blancs sommets bourguignons!

    Date: le 12/03/2004 à 11:47

    Il n'y a pas que les sommets du Jura qui soient blancs, certains blancs bourguignons sont des sommets! Et comme au GJP, on aime la Bourgogne, on n'allait pas se priver de faire une petite soirée autour d'une sélection de quelques-uns des plus réputés chardonnays du voisin !

    Réunion donc dans la cave du Bon Echanson pour une séance plénière élargie en compagnie des amis de l'Echanson. Pas de mise en bouche, ça commence très fort avec le haut du panier ! Vins servis par paires, non à l'aveugle !

    - Vougeot 1er cru blanc 2000, Domaine de la Vougeraie

    Appellation méconnue à l'ombre du Clos du même nom, les vins de Vougeot étaient initialement destinés à servir de vin de messe aux moines de l'abbaye de Citeaux (« l'alléluia des moines de Citeaux »). Ils savaient vivre, nos amis les moines, car ce vin était idéal pour remplir leurs burettes !

    Les vins du domaine de la Vougeraie, regroupant toutes les propriétés du groupe Boisset, sont élaborés par Pascal Marchand, ancien régisseur du domaine du Comte Armand, qui a carte blanche pour faire de la Vougeraie une référence en Bourgogne.

    La robe de ce Vougeot est d'un beau jaune brillant. Nez sur les agrumes, un peu exotique, légèrement mentholé. Gras, ample et puissant, à la texture onctueuse, il reste frais par son côté mentholé. C'est très bon, mais c'est too much ! Trop travaillé ! Un vin de vinificateur qu'on pourrait croire en provenance du Nouveau-Monde ! Pas concurrentiel, de surcroît, quand on connaît son prix (75€) ! Pourtant, il emballe par son côté flatteur, même s'il divise !

    - Meursault Perrières 2000, Domaine Matrot

    Servi en parallèle avec le précédent, il n'y a pas photo, en tout cas pour moi ! Très minéral, avec une pointe de grillé, sur le beurre frais et les herbes coupées et séchées, il me plaît énormément par son côté pur et droit. Sa belle acidité légèrement citronnée assure la longueur ! De biens beaux cailloux, ma foi !

    - Puligny-Montrachet 1er cru Le Cailleret 1999, Domaine de Montille

    Plutôt réputé pour ses rouges de Pommard et Volnay, le domaine de Montille réussit plutôt bien avec ce Puligny voisin du grand Montrachet ! Miel, foin, amande, beurre + une pointe de fraîcheur mentholée ! L'équilibre semble atteint et le vin s'exprime à merveille ! La finesse et l'élégance à son optimum. On doit pouvoir l'attendre encore un peu.

    - Beaune Clos des Mouches blanc 1999, Domaine Drouhin

    Le pendant du Vougeot, en plus suave et moins extrême ! Beurré et miellé en attaque, il possède un joli mordant qui s'exprime plutôt en finale, réhaussant son côté onctueux. Bel équilibre.

    Et voilà qu'arrive en fait le véritable point faible de la Bourgogne ! Point de liquoreux pour accompagner les mignardises ! Contraints de s'éloigner vers le Sud-Ouest, nous ne tardons pas à revenir sur nos terres pour nous abreuver de quelques douceurs !

    - Pacherenc du Vic Bilh Brumaire 94, Alain Brumont

    Un Pacherenc de 10 ans à  la vivacité étonnante, frais et acidulé. Il ne fait pas son âge !

    - Côtes du Jura Vin de Paille 2000, domaine Morel-Thibault

    Du coing et de la fumée ! On se croirait dans le tuyé du Papy Gaby, grand fumeur de salaisons du Haut-Doubs ! De la suie, presque ! Des notes inhabituelles sur un Paille que nous ne nous expliquons pas bien !

    - Côtes du Jura Vin de Paille 1999, domaine Morel-Thibault

    Il fallait en avoir le coeur net ! Cette deuxième bouteille, d'un millésime antérieur, retrouve des notes de coing, associées à de la mine de crayon, mais pas de notes de fumée ! La liqueur est belle et l'équilibre satisfaisant ! Cela rassure un peu !

    Il est temps pour nous de redescendre des sommets ! Retour sur terre, dans la nuit, le vent et la froidure ! Dur ! Heureusement qu'à l'horizon se profile déjà une autre soirée-dégustation, de Bourgogne rouge cette fois ! Rien n'arrête le GJP !

    Olif

  • La Roussillonnaise du GJP

    Date: le 18/02/2004 à 09:59

    Le GJP a entonné sa Roussillonnaise, hier soir, pour la première soirée de l'année 2004. En préambule, j'en profite juste pour vous rappeler le refrain :

    Allons enfants du GJP,
    Le jour de boire est arrivé !
    Buvons, buvons,
    Qu'un sang impur nous abreuve de Roussillon !

    Je tiens cependant à préciser que les paroles n'ont pas été écrites sous l'influence de l'alcool et que nous ne l'avons pas reprise en choeur après la soirée !

    15 heures ! L'heure solennelle du carafage ! La pression monte gentiment. Pour l'échauffement, juste quelques étirements du coude et du poignet, puis une grande respiration. J'empoigne le Compact® dans la main droite et la première bouteille dans la gauche. Non, pas la Muntada ! Il faut aller crescendo pour ne pas risquer bêtement l'accident à froid ! Finalement, les mouvements s'enchaînent : Tchac ! Pof ! Tchac ! Pof ! Tchac ! Pof !...
    Une arme redoutable, que ce Compact® par L'Esprit et le Vin !

    Le salaire de l'ouvreur, c'est le droit de goûter en avant-première les vins avant de les déverser dans la carafe. Jolie impression d'ensemble avec quelques vins qui me semblent sortir un peu du lot. Wait and see ! L'épreuve de la dégustation à l'aveugle risque de ménager quelques surprises !

    Allez zou ! C'est parti ! Les vins sont commentés dans l'ordre de la dégustation, qui fut parfaitement aléatoire, au bon vouloir de Patricia et Nathalie qui ont effectué le service sans que je puisse voir de quelle carafe il s'agissait, ceci afin de ne pas la reconnaître. Du coup, je me suis même essayé à une véritable dégustation à l'aveugle, un bandeau sur les yeux !

    Tous les vins sont en appellation Côtes du Roussillon ou Villages, sauf un.

    Hautes Terres 2001, Mas Amiel

    Nez un peu en retrait, avec une touche boisée assez légère. Cerise, noyau de cerise, un peu alcooleux mais pas trop en attaque, il finit par chauffer le palais en finale. Assez long, c'est plutôt pas mal pour un tour de chauffe !

    Talon Rouge 2001, Château de Jau

    Nez sur le guignolet, mais moins marqué cerise que le précédent, il est relativement souple et fondu, développant un beau volume en bouche. Très plaisant mais sans grande complexité pour une bouteille qui se veut quand même le haut de gamme du domaine (autour de 20€).

    Gauby VV 2000

    Nez un peu plus animal au départ, épicé, puis légèrement boisé grillé à l'aération mais bien intégré. Gros volume en bouche avec de la puissance, l'alcool tapisse la bouche mais se dilue bien sur la longueur. Les tanins sont très soyeux et jamais agressifs. A l'aveugle, impossible de différencier le style Gauby du style Bizeul, du fait, je trouve, de leur similitude. Je penchais pour le Clos des Fées, perdu !

    La Désirade 2001, Mas de Lavail

    Premier nez un peu boisé qui libère à l'agitation de jolies notes de griottines de Fougerolles (ce qui revient en fait à de la cerise à l'eau de vie !). Harmonie en bouche avec des tanins patinés et onctueux, soyeux. Classe et élégance dans un registre superposable à la précédente, peut-être plus abouti ! Belle bouteille et véritable révélation de la soirée. Champion du rapport Q/P (autour de 10€).

    La Muntada 2000

    Nez peu expressif, voire fermé à double tour, vin puissant et alcooleux, chaud, massif et monolithique. Je ne sais trop quoi en penser si ce n'est que ce fut une groooossssse déception, surtout quand on connaît son prix !

    Clôt de Taillauque 2000, Le Casot des Mailloles

    L'intrus de la soirée, en fait, puisqu'en Vin de Table vraisemblablement parce qu'il s'agit d'une cuvée 100% grenache. Nez marqué sur la poussière de cacao type Nesquik, il est fondu, harmonieux, long et équilibré, donnant une sensation de plénitude. Sur son plateau de maturité, c'est un vin gourmand et très beau.

    La Torre 2001, domaine Gardiès

    Nez un peu boisé, puis cerise et épices. C'est une marée montante en bouche avec une puissance qui va crescendo jusque dans une longue finale qui voit apparaître une sensation alcooleuse. C'est bon !

    Commandant Jaubert 1998, Domaine de La Casenove

    Peut-être le plus riche au niveau des arômes, épices et cannelle, puis chocolat. Bouche relativement souple et fondue, mais bien soutenue néanmoins avec un agréable retour de notes chocolatées en finale. Beau vin.

    Le Clos des Fées 2000

    Nez d'abord un peu alcooleux et étheré, puis cerise chocolatée, type Mon Chéri®, avec une petite touche végétale (?) Tanins fins, globalement bien équilibré, c'est bon, largement supérieur à ce stade à son « rival » sur le papier.

    Domaine du Clos des Fées VV 1999

    Cacao au nez, un peu terreux ou poussiéreux, il est très harmonieux et équilibré. Un vin prêt à  boire.

    Banyuls Grand Cru Mas de la Serra 1993, Cellier des Templiers

    La petite gâterie finale, sur des gâteaux au chocolat. Robe tirant sur le pruneau et la brique, bien soutenue. Nez élégant développant un beau rancio avec des notes de pruneau, d'amande, de cigare. Un vrai nectar !

    En guise de conclusion, il faut souligner la grande homogénéité de cette dégustation, avec des vins qui se situent dans l'ensemble à un bon niveau qualitatif. On notera tout de même une certaine similitude d'expression et ce côté chaleureux, solaire, parfois à la limite de l'alcooleux, qui est un peu éprouvant pour les papilles. 10 vins (sans le Banyuls), c'était presque 2 de trop ! Mais nous avons vraiment du mal à nous restreindre, boulimiques que nous sommes ! Il y aurait même pu en avoir plus !

    Mention spéciale au Mas de Lavail, dont j'ai déjà commenté très favorablement la cuvée Ego, 100% grenache, un domaine à suivre de très près.
    Grosse interrogation sur La Muntada. Probablement une phase très ingrate mais quand même ! Un grand vin ne l'est-il pas tout au long de son évolution (c'est une petite provocation gratuite! ) ? Surtout à ce prix-là , ce devrait être un critère obligatoire!

    Voilà , fin du compte-rendu, vous pouvez tous reprendre le refrain de la Roussillonnaise avec moi :

    Allons enfants du GJP...




    Olif et le GJP


  • Dix-huit rahs!

    Date: le 21/01/2004 à 09:23

    3 x Syrah, en fait! Patrice Lescarret n'a pas l'exclusivité du calembour et de l'à -peu-près, cher à  Bobby Lapointe!

    Une triangulaire déséquilibrée au départ...et à  l'arrivée! Trois millésimes différents, inégaux, trois appellations différentes, le long ou en marge du Rhône, trois expressions différentes de ce beau cépage!

    Les trois robes sont superposables, grenat sombre à  reflets violines plus ou moins marqués, témoignant de la jeunesse des vins, mais dès qu'on approche le nez en haut du verre, ça diverge, et sans jeu de mots vaseux cette fois-ci!

    Syrah 2002, Chamoson, Simon Maye, Valais

    Un mélange de fruits et de fleurs envahit les fosses nasales. Cassis et violette s'entremêlent pour donner un vin plaisant, affichant sympathiquement et sans complexe son côté variétal.
    Pas au niveau des plus grandes syrahs du Rhône (private joke!), mais je ne crois pas que le millésime s'y prête, et ce d'autant que ce vin n'est pas passé en barrique, si je ne m'abuse.

    Une bouteille éminemment agréable néanmoins, à  boire sur son fruit.

    Saint-Joseph 2001, Le Paradis Saint-Pierre, Domaine Coursodon

    Le premier nez, très légèrement animal, s'efface rapidement au profit de notes de fruits mûrs, avec un côté limite blet. Les tanins du bois sont encore nettement ressentis et procurent une sensation un peu astringente en finale, qui voit revenir de petites notes viandées pas déplaisantes du tout. La matière est dense, le vin a besoin de temps, à  oublier dans un coin de la cave!

    La Syrare 2000, Côtes du Vivarais, Alain Gallety

    Le nom du cépage se prêtant bien aux jeux de mots, tout le monde en profite, celui-ci n'étant pas, et de loin, le plus mauvais!
    Concernant le vin, on joue ici dans la catégorie de ce qu'on peut appeler les bombes ou les monstres! Un style qui divise!

    Nez très fumé, bouche très grasse, glycérinée, un peu lourde, limite écoeurante, longue, sur une finale un peu acide avec mâche imposante. Un vin "Poids-Lourd"!

    L'intérêt de ce vin pour moi, c'est de montrer le potentiel d'un vignoble méconnu et qui peut bien faire. Une volonté affichée de porter haut le Vivarais même si les effets sont pour l'instant appuyés. Les intentions étant louables et le vigneron vraisemblablement talentueux, je pense que l'on devrait évoluer vers plus de finesse et d'élégance dans les années à  venir. Du moins je l'espère!

    Finalement, elle est pas si mal que ça, cette toute simple syrah du Valais!

    Olif

  • Quand le GJP s'attaque à L.A.C.A.V.E. !

    Date: le 23/01/2004 à 19:55

    Vous connaissiez déjà le GJP, Grand Jury Pontissalien, association non officielle ayant pour modeste but notre épanouissement personnel dans le domaine du vin, ce qui est déjà beaucoup, vous allez faire connaissance avec L.A.C.A.V.E. , L'Association des Connaisseurs et Amateurs pour la Valorisation des produits Extérieurs, regroupement d'amateurs haut-doubiens passionnés par le monde du whisky et des alcools. Ce club n'a pour l'instant qu'une année d'existence (il s'agit d'une ramification d'un autre club de la région) et propose 5 soirées annuelles, autour des Single Malts essentiellement, sous la houlette d'un vrai passionné, Serge, qui je l'espère, viendra participer activement sur LPV. Quel dynamisme, dans le Haut-Doubs!

    Exercice relativement nouveau pour nous que la dégustation successive de plusieurs Malts, mais c'est armés d'un grand courage que nous (Le Seb et moi) avons accepté de relever le défi ! Rendez-vous donc à L'Alchimie, sans nul doute le restaurant le plus inventif de la ville, qui nous recevait pour la dégustation qui fut suivie d'un repas.

    Les Malts sélectionnés sont en général des bouteilles commandées dans des boutiques spécialisées et très pointues dans ce domaine, telle la Maison du Whisky, entre autres.

    Prestonfield Malt, 10 ans, 43°

    Un pur produit de distillerie, dans le Speyside, sélectionné par Signatory Vintage, vieilli en fût de sherry. Et de fait la robe est ambrée. C'est un beau whisky d'apéritif, floral, développant des arômes de fruits secs et d'amande. Très doux et rond en bouche, on perçoit une sensation alcooleuse longue et chaleureuse en finale avec développement de jolies notes de noyau de cerise.

    Royal Brackla, Vintage 91, 43°

    Une sélection Signatory Vintage également, élevé en « cask » pendant 9 ans.
    Originaire des Highlands, il offre une robe jaune très clair (natural color), du fait d'un élevage probable en fût neuf.
    Le nez est plutôt fruité, assez fin, mais l'attaque est franche, presque agressive, et évolue sur des notes iodées marquées. Très long, il devient doucereux en finale. Belle constitution !

    Macallan 12 ans, 46°

    Embouteillage par Murray Mac David, une version un peu particulière de ce Single.
    La robe est ambrée (vieillissement en sherry cask). Malgré le degré élevé, l'alcool n'agresse pas le nez, plutôt marqué par des notes farineuses. On a l'impression de croquer des grains d'orge ! Sensation un peu particulière pas entièrement convaincante ! D'autant que l'alcool se manifeste beaucoup en bouche.

    Bowmore 92, 11 years old, 46°

    Poursuite de la traversée de l'Ecosse avec visite de l'île d'Islay. La robe est claire, toujours en relation avec un élevage en fût neuf. Pas de doute sur son origine pourtant, la tourbe et l'iode sont bien là ! Des notes fumées, auxquelles nous sommes bien habitués dans les tuyés du Haut-Doubs, s'y ajoutent, accentuant son caractère typé. Bouche bien structurée, équilibrée, longue et racée. Un Single entier, que l'on apprécie ou pas, mais dont on ne peut nier la force de caractère !


    Vintage Islay 97, 45°

    Bottled in 2003, il s'agit d'un assemblage de Malts d'Islay par Signatory Vintage dans la collection Stills of Scotland. Non filtré, brut de fût.
    La robe est jaune clair. Le nez, d'abord iodé, révèle par la suite toute sa complexité sans agressivité aucune. Très équilibré, une sensation chaleureuse en finale vient caresser le gosier. Je suis sous le charme de ce très beau et original Malt. Une révélation.

    Après un petit entracte consistant qui nous permet de nous refaire les papilles avec, en accompagnement du joli menu concocté par le Chef de L'Alchimie, un Marigny-Neuf 2003, sauvignon du Haut-Poitou vinifié par Ampelidae avec un petit sucre (un vin d'hiver à boire sur son fruit), et un toujours très beau Côtes du Ventoux de Fondrèche Fayard 2001, nous attaquons la deuxième partie de la soirée avec la dégustation de vieux rhums !

    En principe, une seule bouteille est prévue mais c'est là que le GJP sort sa botte secrète en la personne du Seb, au long passé colonial antillais et grand amateur de ce breuvage !

    Santa Teresa, rhum du Vénézuela, 15 ans d'âge

    Agressif, l'alcool saute au nez et le brûle littéralement, masquant le côté fruité vanillé qui apparaît timidement par la suite. La finale chauffe terriblement faisant ressortir une grande amertume. Il faut du courage pour le boire !

    Rhum vieux agricole Depaz, issu des plantations de la Montagne Pelée, Martinique, 45°

    Une couleur brune, un nez agréable de vanille, de banane séchée, de mangue, une bouche ronde avec une finale très légèrement brûlante, en font un beau rhum bien agréable en digestif.

    Trois Rivières, Martinique, 62°

    Le « décollage », idéal pour le premier Ti-Punch de la matinée, et pour nous plutôt un atterrissage ! "Pa ni pwoblem" ! Rhum blanc agricole très fruité au nez et absolument pas agressif. La bouche révèle bien le fort taux d'alcool qui appellerait un peu de sirop de canne et de citron vert pour masquer la légère amertume ! En fermant les yeux, on entendrait presque le bruit des cocotiers qui s'entrechoquent!

    Eprouvante soirée pour les papilles, mais ô combien intéressante et instructive, qui en appellera certainement d'autres ! Tous ces Single élevés en « cask » ne furent pas loin de nous en donner un au moment de se coucher, de casque, mais finalement, la nuit et le réveil se sont plutôt bien passés !

    Olif, pour le GJP et L.A.C.A.V.E.

  • Un peu de chaleur sudiste dans le blizzard !

    Date: le 26/01/2004 à 09:24

    Petite réunion impromptue du GJP chez le Seb hier soir, chacun devant amener une bouteille que les autres devaient essayer de découvrir. Une certaine unité dans le choix des vins pas du tout préméditée ! Et une convergence vers le Sud, histoire de se réchauffer un peu ! Quand les grands esprits se rencontrent !

    Domaine de la Marfée, Les Champs Murmurés 2000

    Nez très animal, réduit, sur des notes de cour de ferme, légèrement acidulées, type fiente de poule ou guano, mais désolé, je suis un gars de la campagne, j'aime bien ça ! Le renard n'est pas bien loin, le carignan non plus ! Un joli fruité très frais en bouche (cassis évidemment !), une grande longueur et un bel équilibre pour ce vin très convaincant.

    Châteauneuf du Pape, domaine Marcoux 99

    C'était ma bouteille et ce ne fut pas, et de loin, la meilleure de la soirée ! Un nez pas net a fait discuter un goût de bouchon, mais pas de façon franche, intermittent, s'estompant à  l'aération pour revenir à nouveau prendre en traître en bouche ! Des notes de cacao un peu poussiéreuses, type Nesquik, apparaissent à  l'agitation et viennent se substituer par moment aux précédentes. De la matière, du potentiel, mais une impression mitigée pour cause d'arômes douteux. A revoir même si ce sera difficile, je n'en avais qu'une ! Bouteille carafée 8 heures au préalable.

    Domaine Mortiès, Que Sera Sera 2001

    Un magnifique nez de café moulu, type Arabica. On se croirait chez le torréfacteur du coin ! Puis de subtiles et adorables notes viandées rappellent le steak qui se trouve dans l'assiette. Du bonheur ! Un vin tout en finesse et en élégance !

    Cigalus 99, Vin de Pays d'Oc

    La robe est d'une noirceur impressionnante ! Au nez, les notes de poivron bien mûr associées à  un joli boisé torréfié nous emmènent tout droit du côté de Saint-Estèphe. Perdu ! Tanins marqués par une légère amertume, mais un vin de noble constitution, atypique pour du Languedoc, mais plutôt bon ! Assemblage 50% merlot 50% cabernet sauvignon, je crois !

    Don PX 1972, Gran Reserva, Toro Albala

    Une grosse gâterie du Seb pour finir ! On ne pouvait descendre plus au Sud avec ce vin exceptionnel qui a la grosse côte sur LPV en ce moment .

    A voir l'aspect, il est légitime de se demander si on va boire de la mélasse ou du Fernet-Branca ! Il suffit pourtant d'approcher son nez du verre pour être envoûté par des arômes de pruneau, de fruits secs, de noix, d'amandes. De l'oxydatif total ! Inaltérable ! Un peu d'amertume de bon aloi vient s'équilibrer de façon majestueuse en bouche.
    Une structure longue et impressionnante pour un vin d'anthologie.
    C'est grand, c'est beau, c'est bon !

    Olif

  • Pierre qui roule..

    Date: le 19/12/2003 à 11:59

    Cette pierre-là , elle est plutôt précieuse ! Preciosus en latin, mais nombreux sont ceux qui voudraient la dessertir de son écrin. C'est bien là le problème avec les mythes, il faudrait ne pas vouloir les approcher pour ne pas détruire la part du rêve qui est en nous.

    Peu de vins en France ont acquit ce statut d'exception (mais est-il toujours enviable ?) : la Romanée Conti et le Montrachet en Bourgogne, Yquem et Pétrus à Bordeaux. Si Yquem semble le plus accessible et le moins décevant de ces vins fameux, eu égard à son prix, il n'en est pas tout à fait de même pour son collègue de Pomerol à qui il est fréquemment reproché de ne pas avoir le lustre nécessaire pour défendre son statut. Ce qui lui a longtemps valu de n'être gratifié que de ** dans le Bettane et Desseauve. Parker avance une explication dans son guide : ce serait en raison d'une frilosité, voire d'une peur de prendre des risques lors de la vinification, que les propriétaires «assurent», en se contentant du minimum syndical, forcément élevé pour un cru de ce rang. Vendanger tôt pour éviter la pluie, clarifier et filtrer pour épurer le vin, mais aussi, du coup, l'appauvrir ! Ce qui expliquerait les résultats inégaux de la décennie 80. Si 82 et 89 sont des monuments, 81, 83 et 86 sont en deçà de la réputation du cru, 87 également mais dans une moindre mesure car le millésime a quand même été surpassé.

    Deux bouteilles de ce nectar dormaient depuis des années dans nos caves respectives et la perspective de les aligner côte à côte pour une soirée d'exception faisait petit à petit son chemin. A événement exceptionnel, organisation exceptionnelle : une soirée de gala devait servir de rampe de lancement à ces deux monstres sacrés, forcément non issus des meilleurs millésimes, mais qu'importe ! Foin des grincheux qui minimiseront l'importance de la dégustation ! En route pour le mythe !

    Pétrus, mythe à  mi-temps...

    La partie logistique de la soirée prise en charge par Le Seb et Nathalie, nous n'avions qu'à apporter religieusement nos flacons. De vraies stars ! Et poseurs, en plus ! Les deux bouteilles côte à côte, entourées par les carafes, ça vous fait un de ces effets pour la photo! Séance de débouchage à l'aide d'un Screwpull à manette. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Grosses inquiétudes sur le 86 ! Pour employer ce qui pourrait être un belgicisme, rien qu'à sentir le bouchon, ça sentait déjà le bouchon ! Peut-être n'est-ce que passager (on peut toujours rêver !), on carafe quand même pour voir !

    Place à la mise en bouche !

    Pour accompagner les petits toasts au foie gras maison sur pain aux figues :

    Domaine du Clos des Fées, Passa Minor 98, Muscat Petits Grains

    Une véritable bouteille collector, produite uniquement cette année-là par Hervé Bizeul, dénichée dans une cave de rêve en Suisse par Le Seb ! Le nez est un peu déroutant, sur le menthol, l'eucalyptus, la sève de pin. Les arômes muscatés ne sautent pas à proprement parler au nez ! Bouche ample, sur le coing avec en milieu de bouche une sensation métallique. Rétro sur la pâte de coing et toujours des notes de sève de pin. Une grande originalité et une bouteille très intéressante au final.

    Sur une poêlée de Saint-Jacques servies sur un lit de mâche :

    Coulée de Serrant 99

    Carafée en début de matinée, elle a eu un peu de temps pour s'ouvrir mais elle l'a fait péniblement. Le nez reste discret, sur de légères notes miellées. La bouche est déconcertante ! Pas d'amplitude ni de volume, une impression de vin aqueux, « coupé à l'eau », malgré une grande longueur. Pour tout dire extrêmement décevant !

    Ermitage De L'Orée 91, Chapoutier

    Robe jaune soutenu. Nez un peu oxydatif, sur les fruits secs, marqué par une sensation alcooleuse (eau de vie de marc). Attaque vive, avec de l'acidité, mais la bouche reste globalement sévère et sèche, avec rétro sur l'alcool et les fruits secs. On sent le beau vin, mais ce n'est pas consensuel. Son caractère très « typé » ne peut pas plaire à tout le monde. Est-ce un problème d'éducation de palais ?

    Sur une côte de boeuf de Mr Chambon, cuite à  la perfection par Le Seb, et accompagnée de petites rattes et de crosnes :

    Pétrus 86

    Le passage en Impitoyable a guéri toute vélléité de mettre ce breuvage en bouche ! Une grande leçon à en tirer : les mythes ne sentent pas que la naphtaline, ils peuvent aussi sentir le bouchon !

    Pétrus 87

    Petit millésime pour Bordeaux, mais grand pour Pétrus ! La robe est encore sombre sans trace d'évolution. Très empyreumatique, sur le tabac, la fumée, le bois noble, il développe une puissance phénoménale en bouche, toute en finesse et en élégance. Puissance, finesse, longueur, élégance, race et distinction, je crois bien que beaucoup d'éléments sont là pour dire qu'on est en présence d'un grand vin dans l'absolu. A mettre au Panthéon des grandes bouteilles bues cette année, au même titre que La Mission 63. Qui a parlé d'effet millésime ?

    Cheval-Blanc 94

    Remplaçant de dernière minute, il n'a guère eu droit à l'échauffement ! Changement rapide de température, carafage brutal à froid, la partie s'annonçait difficile pour lui, surtout derrière le monument précédent.
    Nez d'abord un peu réduit, puis sur les fruits bien mûrs, le tabac blond, il développe volume et ampleur en bouche, mais aussi relative souplesse malgré une grande longueur. Un côté accessible immédiat et très féminin, il correspond tout à fait à l'image que j'ai de Cheval-Blanc.
    Finalement, il se tire plutôt bien de l'exercice difficile auquel il était confronté !

    Sur un « Pavé de la place », délicieux gâteau au chocolat de Mr Poix-Daude, servi avec un duo de crème, vanille et caramel :

    Mas Amiel Prestige 15 ans d'âge

    Un superbe vieux Maury à  la robe tuilée qui développe un rancio magnifique, pruneau, havane... Les papilles demandent grâce !

    Rhum JM 1990, Les Héritiers Crassous de Médeuil, Martinique

    On ne pouvait pas refuser un vieux rhum au Seb, dont la Martinique est quasiment la deuxième patrie ! Une vraie caresse au gosier à la descente et une agréable sensation de chaleur alcooleuse qui remonte. Il n'y a plus qu'à se laisser aller ! Enfin pas trop quand même, car il faut rentrer, même s'il n'y a que 500m à faire !

    Que rajouter à cette superbe soirée qui vient clôturer une saison gustative faste pour le GJP ! Rien, si ce n'est qu'il sera cependant dur d'oublier l'immense déception de ce bouchon bien amer !

    Pétrus qui r'ule n'amasse pas m'usse ! (c'est pour la rime !)

    Olif

  • Un prénom pour le futur !

    Date: le 12/12/2003 à 17:59

    C'est presque un faire part de naissance, même si l'accouchement n'a pas encore eu lieu !

    Retenez son prénom, il s'appelle Alexandre, Alex pour les intimes ! Tout jeune vigneron, à  l'état encore embryonnaire !
    Apprenant son métier chez Lucien « Bacchus » Aviet, il s'est lancé dans le grand bain en ne choisissant pas la facilité : il a fait l'acquisition d'une vigne sur un des plus beaux terroirs de Pupillin, la côte de Feule. Un des plus beaux mais aussi un des plus difficiles et des plus exigeants, bien sûr, car extrêmement pentu et de surcroît coupé en deux par une ravine large et profonde, témoignant de la friabilité du sol et à l'origine d'une curiosité géologique puisque des ceps de vigne y poussent la tête en bas ! Pratique pour vendanger!

    Son premier millésime en cours d'élevage repose dans une petite cave en location au plein centre d'Arbois, accessible par un petit trappon donnant sur la place principale. On peut y accéder également par l'intérieur de l'immeuble en descendant un fort joli mais tortueux escalier en pierre un peu bas de plafond.

    Fidèle participant aux séances de dégustation des Jardins de Saint-Vincent, il s'est un peu fait prier pour nous conduire dans son antre mais lors de la dernière séance consacrée au vin de Champagne, nous avons joué les prolongations pour goûter sa petite production. Seb, tu as manqué quelque chose !

    Son poulsard, pardon ploussard, est dans une phase un peu difficile actuellement, avec des notes de forte réduction, limite mercaptan, et une astringence sévère (il n'a toujours pas fait sa malo). Par contre, l'assemblage chardonnay-savagnin (assemblage contraint et forcé, puisqu'il a dû ouiller sa cuve de chardonnay avec du savagnin !) est fort joli, d'une belle netteté au nez et avec une bouche ample et bien structurée. Un vin qu'il faudrait mettre en bouteille maintenant. Il ne reste plus qu'à trouver l'embouteilleuse, les bouteilles, les bouchons et les étiquettes !
    Un véritable parcours du combattant que celui du jeune vigneron !

    Vous entendrez vraisemblablement de nouveau parler d'Alex, le premier vigneron à avoir sa rubrique dans LPV alors que sa production n'est pas encore commercialisée !

    Olif, accoucheur de jeunes talents!