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Dives bouteilles ... - Page 4

  • Quand le caviste se rebiffe...

    Quand Catherine Bernard n'est pas dans ses vignes, elle opte pour une cave avec vue sur l'Ognon*. Ça ne la fait pas pleurer pour autant. Ces journées de rencontres orchestrées par Le Zem, caviste rebiffant marnayzien, furent l'occasion d'un visu des plus sympathiques. La tournée mondiale de présentation de son livre paru aux Éditions du Rouergue passait la veille par Besançon, chez les Gourmands qui lisent, une adresse aussi originale que passionnante, à découvrir dans la vieille ville espagnole, au 12 rue Bersot. Bières, vins, whiskies, polars et Catherine Bernard, que demander de plus?

     

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    La rencontre haut-saônoise fut tellement plaisante et enrichissante que Catherine s'est auto-accordée une oreille en guise de récompense. Goûter à son Vin de Pays de l'Héraut 2010 fut la mienne. Un vin récolté en deux tries successives, marselan, grenache, mourvèdre et cinsault assemblés à la vendange, en deux passages, pour conserver une fraîcheur succulente et un fruité gourmand. En prime, une super dédicace de son livre et une bouteille de 2009 qui trainait derrière les fagots. Plus de rondeur et d'opulence, mais un soyeux envoûtant, qui promet de grandes choses dans quelques années.

     

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    Le Zem ne fait jamais les choses à moitié et une seule tête d'affiche ne lui suffisait pas. Pendant que Fleurie faisait la fête au village, Geneviève et Jean-Claude Chanudet, du domaine Chamonard, avaient préféré la soupe au bord de l'Ognon. Je ne les ai pas vus chialer pour autant. Le Fleurie 2010 est un gamay fougueux et fruité. Le Morgon 2010, tiré sur cuve, est un peu plus imposant, ce qui justifie l'attentisme avant la mise. En attendant, on pourra se consoler avec le 2008, de la dentelle pour le palais, ou le 2009, possédant plus de plénitude mais nécessitant un peu plus de temps pour se fondre. Le 2007, épuisé mais apporté à titre de comparaison, est à parfaite maturité et s'exprime à la perfection.

     

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    Le régional de l'étape, c'était Pascal Henriot, de Champlitte, le seul vigneron indépendant à faire face à la Coopérative locale, qui exploite la quasi-totalité du vignoble chanitois actuellement planté. Pousser jusqu'au bord de l'Ognon n'allait pas lui tirer des larmes. En bio, avec une approche fondamentalement différente de ses voisins, Pascal s'interroge beaucoup sur la façon dont il doit continuer. Ses vins se vendent localement très bien et les contraintes administratives sont de plus en plus lourdes à supporter, même pour revendiquer la mention Vin de Pays. Vin de Haute-Saône, de Franche-Comté ou de France, quelle différence, finalement? L'Auxerrois 2010 est un joli vin vif et primesautier, qui stimule le palais. Le Chardonnay 2010 est dans la même lignée, dans un registre frais et acidulé. Le Pinot gris 2010 joue plus sur le fruité et la richesse, il ne lui manque qu'un peu de nervosité, mais c'est un pinot gris. Le Rosé 2010, assemblage de gamay et pinot noir, réalise un accord quasi-parfait avec la compote à la rhubarbe, une véritable prouesse. La Haute-Saône, nouvel eldorado viticole?

     

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    Quand le caviste marnayzien se rebiffe, on déguste de bien belles choses, sous la tonnelle et dans son jardin. Une adresse à retenir impérativement et qu'il vaudrait mieux ne pas se carrer dans l'Ognon**...

     

    Olif

     

    *rivière haut-saonoise qui prend sa source dans les Vosges saônoises et qui traverse Servance, Lure, Villersexel, Marnay...

    ** c'est d'une finesse absolue et d'une élégance telle que je n'ai pas su m'en passer. Désolé...

     

  • Mordorée adorée...

    Le vin de Tavel, Rhône méridional, a la réputation d'être le meilleur rosé de France. Ni eau de Javel, ni désinfectant à l'eau de rose, il allie -en principe- la finesse et la délicatesse d'un rosé à la vinosité d'un vin rouge.

    Le domaine de la Mordorée est situé à Tavel même. Son nom vient d'un des surnoms donnés à la bécasse, joli et goûteux petit oiseau migrateur qui se chasse à l'arrêt. Les vins du domaine de la Mordorée se boivent également à l'arrêt, car il faut prendre le temps de les déguster. Un chien d'arrêt couché à ses pieds n'est toutefois pas une nécessité, même s'il peut tenir chaud et/ou éloigner les gêneurs qui tenteraient de s'approcher de l'une ou l'autre des bouteilles sans y avoir été invités.

     

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    La première caractéristique des vins du domaine de la Mordorée est de porter un nom de cuvée qui rappelle la bécasse. Dame rousse pour les cuvées AOC dites d'entrée de gamme, Reine des Bois pour les cuvées AOC les plus prestigieuses. Si ce n'est pas de la suite dans les idées, ça! Seules exceptions à la règle, la cuvée de Châteauneuf du Pape "très haut de gamme", baptisée "La plume du peintre" et qui n'est produite que lors des grands millésimes, et la série des Vins de France, plus connus sous le nom de "La Remise". Sur chaque étiquette, on retrouve néanmoins une bécasse en vol, un miroir probablement posé au sol.

     

    La deuxième grande caractéristique des vins de la Mordorée est d'avoir des reflets dorés. Blanc doré pour le blanc (ça tire légèrement sur le vert, d'accord!), rose doré pour les vins rosés, rouge doré pour les vins rouges (mais, en rouge, ça ne se voit pas bien sur la photo). On ne peut pas faire plus simple pour s'y retrouver.

     

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    Gentiment attaquée par les vins de la Remise, cette quasi intégrale de la production du domaine s'est déroulée sur plusieurs jours pour ne pas dire semaines. Bouteilles dégustées à visage découvert, seules puis en accompagnement d'un repas, généralement sur plusieurs jours. Beaucoup de boulot, donc, mais plaisir proportionnel. La Remise, c'est un assemblage Merlot-Marselan. Ce Marselan m'harcelant, comprend qui peut, Google m'est venu en aide. Issu d'un croisement entre le cabernet sauvignon et le grenache noir, son assemblage avec le merlot n'a rien de surprenant puisqu'ils mûrissent ensemble. Le rosé 2010 est direct et franc, droit et rafraichissant. Le rouge 2009 a des épaules de camionneur, qui les roule en marcel, mais un galbe du biceps bien arrondi et beaucoup de fruit en bouche.

     

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    "La dame rousse"  se décline sur toutes les appellations. Le Côtes du Rhône associe majoritairement syrah et grenache, ce qui lui donne un air rhodanien plus évident. Le rosé 2010 est très vineux, mais avec de l'acidulé et de la fraicheur. Une belle bouteille pour les tables d'été. Le rouge 2010 possède un joli grain à peine serré, de la sève de jolis tanins frais sur des arômes de petits fruits noirs. "La dame rousse" emballe aussi la cuvée de Lirac 2009 de son joli plumage tannique et de ses arômes de mûre et de myrtille. C'est frais, non pesant, réjouissant. Un très joli vin. Tavel 2010, c'est le must des 3 cuvées de rosé. Robe groseille, bouche vineuse, fraiche, fine et élégante, légèrement épicée

     

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    Après la dame rousse, place à la Reine des bois. Lirac et Châteauneuf ont droit au plus noble surnom de la bécasse. Le Lirac blanc 2010, assemblage de marsanne, roussane et viognier, exhale toute la fraicheur du Rhône sud. Oui, c'est possible. Aromatique de fruits blancs en avant, il réussit la prouesse d'être à la fois riche et frais en même temps. Le Lirac rouge 2009 est un petit bijou au grain serré, très fin, qui s'épanouit à l'aération. Les fruits noirs explosent, juste soulignés par un léger boisé non obnubilant. Un vin pour gourmand, qu'il faudrait pouvoir attendre, mais à quoi bon? C'est déjà si bon! Finalement, c'est le Châteauneuf du Pape 2009 qui me laissera sur ma faim. Ou plutôt qui la rassasiera trop vite. On retrouve au nez la patte de la Mordorée, avec cette jolie aromatique de fruits noirs, des tanins frais en bouche, mais la fraicheur laisse vite la place à des notes toastées et crémeuses, finissant sur l'amertume. Seulement 30% de fût, pourtant... Mais ça marque! Un peu too much pour moi, sa Sainteté, même s'il a forcément besoin de temps. La seule bouteille qui ne fut pas complètement vidée, même sur plusieurs jours, si ce n'est pas misère...

     

    Olif

     

    P.S.: la saison des salons de printemps tire gentiment à sa fin, mais il reste néanmoins quelques rencontres à se mettre sous la dent pour agrémenter les week-ends. Le prochain sera l'occasion pour les gens de l'Est de venir à la rencontre de Catherine Bernard, de ses vins et de son livre. Tout d'abord le 7 mai à Besançon, là où les Gourmands lisent, puis à Marnay, là où la cave se rebiffe.

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    Début juin, les 5 et 6, le vin nature rencontre la bière Cantillon et ça devrait faire des étincelles chez Hans Dussellier. Des vignerons de poids à Aalter, avant une tite mousse, mais pas n'importe laquelle. Il y a des jours où on demanderait bien l'asile politique à la Belgique, même sans gouvernement!

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    Les 11 et 12 juin, les Jeunes vignerons d'Europe se rejoindront à Metz pour présenter leurs vins à des Lorrains qui devraient être aux anges. Cette association, développée à l'initiative (entre autres) de Raphaël Gonzales, installé au Clos des Cîmes (Rhône Sud), rassemble de jeunes vignerons d'Europe (comme son nom l'indique) qui ont créé ou repris un domaine de façon récente. On pourra déguster avec plaisir sur le parvis de la cathédrale de Metz les Bergerac de Mathias Marquet (du Château Lestignac), les Beaujolais de Paul-Henri Thillardon et les Arbois de Patrice Hugues-Béguet, mais aussi plein d'autres vins de jeunes vignerons très certainement prometteurs s'ils sont du même acabit que ceux-là, mais je ne les connais pas (encore).

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  • Week-end "nature" en ch'Nord

     

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    "Dins ch’nord y a pont qu’des corons, dins ch’nord y a pont qu’du carbon, in a un aussi du houblon, in a aussi du pichon", comme dit la chanson. Mais y'a pas que ça! Y'a aussi d'bios chicons et d'bons canons. Du vin bien nature, au Salon de Séclin, mais pas exclusivement. Partenaire du salon cette année, le Blog d'Olif a fait bien volontiers le déplacement pour profiter de la douceur du printemps ch'ti et faire trempette dans la mer du ch'Nord. Un partenariat bien cool, puisqu'il a consisté en une simple présence et un tour des stands vignerons, même pas besoin de signer des autographes. Profitant de ce que leur gouvernement avait le dos tourné, les Belges en ont profité pour envahir le domaine Napoléon, sans refaire le coup de Waterloo.

     

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    Avant de s'immerger dans la ferme carrée du domaine Napoléon, blindée de cartons de vins et de vignerons pour l'occasion, une visite du vieux Lille s'imposait. Pas celui qui pue à force d'être macéré dans la saumure, ce qui ne l'empêche pas d'être excellent, même si ce n'est  en théorie plus la saison. Non, celui qui resplendit sous le soleil printanier, avec ses façades lumineuses, son architecture ancienne, ses rues pavées et ses estaminets restés dans un jus soigneusement entretenu. Pour se sustenter, point d'chicons, mais un welsch au Maroilles (aussi sensuel, gonflé et savoureux que le 95C de Raquel habillée d'une peau de bête), au Vieux de la vieille et aux petits oignons, Place aux Oignons, derrière la Basilique de Notre-Dame de la Treille. Ne pas avoir goûté à la bière de l'estaminet m'aurait miné. Elle remplace avantageusement le jus de Notre-Dame et le service y fut d'une grande affabilité, je ne dis même pas ça parce que la serveuse était jolie.

     

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    L'estomac aussi bien calé, les vignerons nature en Nord n'avaient qu'à bien se tenir. Rien de tel pour se faire le palais, le matin, qu'une Uva 2009 du domaine de la Tournelle. Avec ça, tu vas! Et c'est parti pour de joyeuses rencontres, découvertes, révélations, confirmations, dont il ne sera possible de retenir que quelques bribes:

    - la rencontre avec Madame Vouette et Monsieur Sorbée, sans chapeau mais avec une casquette. Les vins, je les connaissais déjà, des Champagnes de l'Aube qu'on peut boire jusqu'au crépuscule. Blanc d'argile 2007 est une pure expression de chardonnay qui tend vers le kimmeridgien et qui le mérite bien. Minéral, fruité, acidulé, à la bulle vive, ce sera un vrai coup de cœur. Le deuxième coup de cœur en Champagne, ce sera pour les Murgiers, de l'ami Francis Boulard, dans sa version non dosée, à la bulle lumineuse et éclatante. Rien à jeter parmi les autres cuvées, au potentiel très certainement supérieur (les Rachais 2005, Petræa, Mailly Grand cru, Millésimé 2005), mais le blanc de noirs des Murgiers m'a tout particulièrement séduit, avec un rapport Q/P exceptionnel, de surcroît.

     

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    - la découverte des vins de Dominique Andiran du domaine Haut-Campagnau. Des Côtes de Gascogne qui cognent fort, avec l'accent du Sud-Ouest. Et puis un vin de Pissenlits, c'est déjà la saison, même si celui-là a passé quelques années en vidange sous voile. Cachez ce manseng que je ne saurais boire? Tout le contraire, en fait, un vin étonnant dans un registre oxydatif surprenant, peut-être plus accessible dans la cuvée Ruminant des vignes, également élevée sous voile, mais moins longtemps.

     

    - la révélation des vins auvergnats de Jean Maupertuis, dont une cuvée La Presse 2009 totalement bluffante, qui fait éruption en bouche. Quand le Gamay d'Auvergne réveille les volcans papillaires ...

     

    - la confirmation de la maestria et de la force tranquille de Christian Chaussard et Nathalie Gaubicher, vignerons aux Nérons, dont la gamme You are so est de plus en plus Bubbly, Fine, Nice, etc. Le Bubbly pétille naturellement d'Ardèche et ça chwingue sévère. Patapon 2009 (80% gamay, 20% Aunis) est une vraie bombe, Les Mortiers 2009 (100% Aunis) un obus, à attendre patiemment mais qui possède une matière à ne pas avoir envie d'attendre autant.

     

    Et puis, Rouge Garance, le Mas de mon Père (Cause toujours, Frédéric, et cause toujours, Laurent, cet assemblage de cinsault et grenache est juste épatant), Charlotte et Jean-Baptiste Sénat, l'Arena de René Mosse (Savennières) et le must d'Arena (Antoine), ses deux sublimes rouges 2009 de Corse (Carco et une cuvée 0 soufre), la pétillante Mireille Meyer, et Patrick aussi, évidemment, la toujours jeune Yvonne Hégoburu, béarnaise de Souch, dont la vendange tardive 2005 est à se mettre à genoux, Christine et Gilles Berlioz, qui font briller la Savoie au firmament, la Côte-Rotie 2008 du domaine Clusel-Roch, L'Ebrescade 2007 de Marcel Richaud, Métisse 2010 de Maxime Magnon, la Combe d'Ève d'Emmanuel Giboulot (et toutes ses autres cuvées 2009 de Côtes de Beaune, également, en blanc, marquant parfaitement leur terroir), les Savennières de Damien Laureau, le Morgon 2010 du domaine Lapierre, Les Ardilles 2009 d'Isabelle Villemade...

     

     

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    Une pareille organisation nous a laissé comme deux ronds de Flandres. À s'en perdre dans les dunes et sur le sable, du côté de Zuydcoote, la destination pour parfaire un week-end dans le Nord. Sans embarquer sauvagement pour l'Angleterre. Parce qu'il ne fallait surtout pas manquer la dernière soirée À l'Huitrière. Une formule buffet de fruits de mer-traiteur particulièrement savoureuse et marquante, accompagnée d'une partie des restes de vin du week-end. De quoi rendre heureux et épanouis le tandem Giboulaurot à la sortie de cette institution de la gastronomie lilloise.

     

     

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    Quand les vignerons font salon dans ch'Nord, c'est à Séclin que ça se passe, et ils sont généralement enclins à y revenir. Le Blog d'Olif aussi, d'ailleurs, tant l'accueil ch'ti fut à la hauteur. Le sens du partage et de l'échange des frères Carpentier, gentils et brillants organisateurs, y fut très certainement pour quelque chose.

     

    Olif

     

    P.S.: pour se loger, n'ayons pas peur de s'embourber dans le Marais des Loups, un loft d'hôtes extra, situé à Phalempin.

     

    P.S.2: pour le prochain salon, les Belges joueront à domicile, du côté d'Olne, sweet Olne. Chacun son tour... Le sirop de Liège va couler à flots et les boulets-frites seront tirés dans tous les coins.

     

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  • Une Mémé 95 bien encadrée

    "Même si le cadre est beau, rien ne vaut le tableau", s'esclaffa rigolard Pierre Overnoy, bien encadré par Nathalie et Joël Césari, dont le retard fut volontiers toléré pour cause d'arrosage de la sortie du nouveau  guide Michelin et le maintien dans les étoiles de leur Chaumière doloise. Après le passage du Pudlo la semaine précédente, c'était l'euphorie dans la plaine, là où sont les Dolois, comme chacun sait.

     

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    Un Pierre Overnoy en forme olympique, dont on buvait la parole avant de bientôt la lire, donna une fois encore une fabuleuse leçon de dégustation et de modestie à une assemblée conquise à l'avance. Le prétexte de cette soirée: une bouteille de Mémé 95. Le plus grand millésime de cette aïeule du domaine Gramenon, d'après Pierre. Et il lui fallait l'ouvrir pour le prouver, il l'avait promis à Joël. Une dégustation avec une seule bouteille, aussi magnifique soit-elle, n'était pas très raisonnable à envisager. Il a fallu "étoffer un peu autour". Quelques petits flacons pour l'encadrer, des convives supplémentaires, et le tour est joué. L'étoffe n'a finalement pas manqué. Le repas qui a suivi, concocté spécialement par Mamouillon, fut digne d'un étoilé. Le gâteau sous la cerise. Les poulets ne courront plus en liberté sur le coteau d'En Chaudot, mais leur sacrifice n'a pas été vain. Ils sont désormais passés à la postérité culinaire.

     

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    Mais, auparavant, place à la dégustation, avec une double équation à résoudre: cépage et millésime. Concentration maximale demandée, on devait entendre un chargeur de batterie pour sécateur électrique charger, même en présence des dames. Et voler une mouche, même s'il n'y avait pas de mouche.

    0,8 seconde pour prendre le premier nez, dégustation à l'aveugle, débriefing, puis nouvelle dégustation pour bien fixer le vin avant de passer au suivant, le facétieux Maître de cérémonie a bien exposé la méthodologie et les enjeux avant de commencer.

     

    -  Arbois-Pupillin Chardonnay 2008: une mise en bouche affûtée, à la vivacité acérée et au fruité exacerbé. Profond et acidulé, un vin d'avenir qui se boit déjà avec un plaisir non dissimulé, sur son fruit.

    - Arbois-Pupillin Chardonnay 1985: le premier millésime zéro soufre de Pierre Overnoy, après une parenthèse œnologique de quelques années, suite à une "petite formation" à l'école de l'œnologie moderne de l'époque. Comme les vins qu'ils a produits durant ces années ne lui plaisaient guère, contrairement à ceux de son père et de son frère Guy, restés 100% naturels, Pierre a vite fait marche arrière. Le nez est tout simplement superbe, celui d'un beau chardonnay sur l'âge, avec ses notes toastées et grillées. La bouche est bien arrondie et lissée, l'harmonie n'est pas loin, avec ce qu'il faut de vigueur pour la porter.

    - Arbois-Pupillin Chardonnay 1990: un beau millésime, cela se sent d'emblée au nez, même si, initialement, il y a de la retenue. La bouche a l'éclat et le tranchant d'un morceau de calcaire bien affuté. Sa finale acidulée et salivante me fait penser à un savagnin. Nul n'est prophète, surtout pas moi...

    - Arbois-Pupillin Savagnin 1989: là encore un grand millésime et certainement le plus grand savagnin produit par Pierre Overnoy, d'après lui. 89, année de cochylis, le verre de la grappe, qui, au lieu de réduire à néant les raisins, fut à l'origine d'une botrytisation. Récolté à grande maturité, ce savagnin développe des notes d'orange confite, évoquant le Chamonix orange pour certains. Une rondeur alcooleuse,  sur des notes de marc, parfaitement patinée en milieu de bouche, témoigne de la puissance du vin. Aucun déséquilibre pourtant, une harmonie quasi-parfaite qui persiste longtemps en bouche. De l'encadrement élevé au rang d'un art majeur...

     

    Petite pause cochonailles-Comté-amandes avant de venir taquiner l'ancêtre. Les palais sont bien échauffés, ça va aller! Bouteille annoncée, donc non dégustée à l'aveugle, c'est une lapalissade.

     

    - Côtes du Rhône 1995, La Mémé, Domaine Gramenon: le nez dans le verre, silence absolu. Et respect. Une pointe de fumée, de la suie, des notes de noyau, sans sensation véritablement kirschée. Le fruit encore au plus pur. Les tanins sont d'un soyeux enveloppant, qui évoque irrésistiblement Rayas. Un tableau de maître, sans aucun doute, tout à fait dans l'esprit de ceux que peint Michèle Aubéry et qu'elle exposait à l'occasion de la Dive Bouteille.

     

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    ©Michèle Aubéry, domaine Gramenon

     

    Retour en Jura, pour compléter l'autre moitié du cadre. Vins rouges, donc une seule inconnue, le millésime. Le cépage, c'est du ploussard. À Pupillin, c'est quasi obligatoire!

     

    - Arbois-Pupillin 1970: une bouteille tirée de la pile de gauche (sous réserves), vinifiée par Guy Overnoy, le frère de Pierre. La couleur tire sur le rosé orangé. Elle influence négativement. Un tel vin ne peut être que fluet. Finalement non. Sûr qu'on est dans la gracilité, la finesse et l'élégance. Et la désaltérabilité. Jules Chauvet, cité de nombreuses fois par Pierre Overnoy, insistait sur cette qualité indispensable à toute boisson œnologique.  Ce 70 n'en manquait pas, pour compenser son (relatif) manque de puissance et de complexité. Millésime à gros rendement, dame nature fut généreuse cette année-là.

    - Arbois-Pupillin 1971: encore une bouteille à Guy. Couleur à peine plus soutenue, brique orangée, mais bouteille bien chemisée. 71, année antagoniste, avec de tous petits rendements, de l'ordre de 8hl/ha ici. Certains n'ont ramassé que deux seaux de raisins à l'hectare! Nez épicé, sur l'orange confite. Bouche avec une matière relativement soutenue, qui a encore beaucoup de peps et de tenue. On sent qu'il y avait du vin, qu'il y en a encore, même dans le registre de l'évolution. 40 ans bientôt, ce n'est pas rien. Mais le changement de décennie ne devrait pas trop l'effrayer.

    - Arbois-Pupillin 1990: une gamine, pour terminer la série des rouges. À la robe encore très soutenue et à la bouche pleine de peps. Tout juste 20 ans, et ça refuse déjà de vieillir. Il n'y a plus de jeunesse! Un vin exceptionnel, taillé pour les générations futures.

     

    Il y aura bien encore quelques petites choses à grignoter et à boire, à la fin de l'atelier d'encadrement, dont un Chardonnay 97 et un Crémant 1989 demi-sec acheté par Pierre à l'un de ses amis vignerons qui avait osé faire du Crémant en 1989, alors que le raisin était si riche et si beau. La mémoire flanche quelque peu pour retranscrire ces moments intenses qui se sont poursuivis fort tard en soirée. J'ai donc définitivement "terminé mon intervention", leitmotiv de la soirée, après m'être largement abreuvé de la parole et des vins de Pierre.

     

    Olif

     

  • Variations d'En-Dive...

    aligoté,bourgogne,céline et laurent tripoz

     

    La Dive est une rivière française qui coule dans les départements de la Vienne, des Deux-Sèvres et de Maine-et-Loire. C'est un affluent du Thouet en rive droite, donc un sous-affluent de la Loire.

    Une fois par an, la Dive sort de son lit, se met en bouteille et traverse les caves troglodytiques du Château de Brézé. Quand c'est trop, c'est troglodyte...

    Après une copieuse entrée aux Greniers Saint-Jean, dont on reparlera plus tard, en Dive Brézé, c'était le plat principal et le dessert de ce week-end ligérien. En Dive à toutes les sauces, déclinée de multiples façons, y compris en sorbet, au grand dam des frileux et des hypothyroïdiens. Le Frai salon, ce n'est pas du réchauffé!

     

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    En Dive, avant ébullition...

     

    Premier service, dans un ordre aléatoire ...

    - En Dive au Jambon: du côté du Beaujolais, de bien belles choses chez Philippe Jambon, avec une Grande Bruyère 2007 toujours aussi top, du grand blanc long et profond, comme je les aime, ainsi qu'une trilogie de Chiroubles 2008, 2009 et 2010, de F. et H. Gonnet, un domaine qui n'existe plus dorénavant et dont Philippe assure la commercialisation. La progression était pourtant constante, à la vigne comme à la cave (2010 est une petite bombe!), mais les choses étaient devenues trop compliquées pour poursuivre l'aventure. C'est Karim Vionnet qui régalait du côté de chez Charly et Jean-Paul Thévenet, et là aussi, c'était gratiné, en Villages, à Chiroubles ou à Régnié.

     

    - En Dive au Comté: en Jura, ça goûtait plutôt bien aussi chez Evelyne et Pascal Clairet, du domaine de la Tournelle. L'Uva 2010 (Arbois ploussard) juteux et gourmand, l'Arbois Chardonnay Terres de Gryphées 2008 plutôt tranchant (effet millésime), beau Savagnin de voile 2007, Jaune 2003 rond et fruité, Vin de Paille 2005 au bel équilibre acidulé. Pas eu le temps de goûter chez la coqueluche des filles de l'AVN, Etienne Thiébaud, du  domaine des Cavarodes, mais je sais quand me rattraper.

     

    - Fondue d'En Dive: du côté de la Savoie, de bien belles cuvées chez Jean-Yves Péron, avec une comparaison intéressante sur le Cotillon des Dames 2009, une cuvée de jacquère-altesse, version sulfitée à 1g à la mise versus non sulfitée. Malgré une quantité équivalente de SO2 libre en bouteille, voisine de 0g, les profils des vins sont complètement différents. La version sans soufre, plus expressive et épanouie, remporte les suffrages. Les Barrieux 2009 (jacquère et roussane) possèdent un bel élan, la mondeuse de la Côte Pelée 2009 se les pelait légèrement, mais goûtait quand même bien. Chez le voisin Jacques Maillet, peu de volume en 2010. Pas de cuvée Autrement rouge en prévision (assemblage). Les 3 cépages sont goûtés séparément et la mondeuse l'emporte haut la main à ce stade. La roussette 2009 est dans la lignée de ses aînées et promet beaucoup.

     

     

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    - En Dive à la provençale: ce fut l'entrée en matière et une bien sympathique rencontre avec Peter Fischer. Revelette aussi Grand, en blanc qu'en rouge, millésime 2008.

     

    - En Dive en meurette: une jolie découverte que les Bourgognes de Julien Altaber, présentés par son patron et mentor Dominique Derain, et une confirmation avec les vins de Fanny Sabre, dont le Pommard 1er cru 2008 m'a failli tué une nouvelle fois.

     

    - Gratin d'En Dive: pour terminer, une petite sélection de quelques bouteilles qui m'ont particulièrement tapé dans les papilles, entre autres le grolleau 2009 de Sylvain Martinez, soyeux, dense et charnu, Adonis 2009 et 2008 de Renaud Guettier, un pineau d'Aunis épicé et d'une grande et belle buvabilité dans les deux millésimes, les Hauts de Madon 2009 de Christian Venier, un Cheverny rouge juteux à souhait, le Coup franc 2008 de Stéphanie Roussel, un cabernet franc de pied du Marmandais aux tanins déjà très civilisés, L'Icaunais 2009 de la famille Courtois, en Sologne, un vin original à base de gascon, vieux cépage d'origine bourguignonne quasiment disparu.

     

     

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    Au final, une En Dive très nourrissante, même sans sauce béchamel.

     

    Et pour ne pas prendre froid aux oreilles, rien ne valait un bon vieux bonnet de trappeur québecois, surtout porté avec élégance...

     

     

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    Olif

  • Le Noël des Jardins

    Noëls avant l'heure, Noël après l'heure... Le Père Noël des Jardins, Stéphane "Saint-Vernier" Planche, est pourtant passé à l'heure mais le temps a manqué pour retranscrire cette soirée de fête organisée en grandes pompes, mais pas du 45. La neige était au rendez-vous, jusqu'en plaine, à l'origine de quelques désistements de dernière minute, ce dont les participants ne se sont pas plaint, leurs verres l'étant plus, pleins.

     

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    Soirée festive et grandes bouteilles, de tous âges et tous styles, pour tous les goûts, de préférence bons, dégustées à l'aveugle, comme de bien entendu, sans à priori. C'est parti!

     

    IMGP0126.JPG- Crémant du Jura Extra-brut 1999, Stéphane Tissot: nez très mûr, fruité, brioché, avec des notes de noisette. En bouche, fraicheur, bulle fine, élégante, qui évoque Selosse à certains participants, et pas des moindres. Personne ne s'est vu en Jura, mais plutôt dans la belle Champagne vigneronne. Faut-il prendre cela pour un compliment? Évidemment, et il est réciproque. Une superbe entrée en matière qui démontre que la Champagne n'a pas l'exclusivité des bulles de qualité mais qu'elle reste néanmoins la référence. Quand un Crémant est aussi bon, on le situe d'office en Champagne à l'aveugle!

     

    IMGP0127.JPG- Champagne Krug 1998: un vin carafé juste avant le service, qui perle encore légèrement dans le verre. Le nez est superbe. Un vieux chardo évolué, empyreumatique, sur le moka, la fumée, la brioche. La bouche est tonique et acidulée, du fait d'une légère présence de gaz. À ce stade, on ne peut plus parler de bulle! 20 ans d'âge au nez, 6 mois en bouche! Un grand vin qui a gardé la mémoire de la bulle, pour la mettre à son service. Présente à l'attaque, évanescente ensuite, sa disparition a été accélérée par le carafage. Il ne reste dans le verre qu'un grand vin de chardonnay, ce qui n'est pas rien. Il n'a pas pour autant éclipsé le Crémant du Jura, ce qui est quasiment une prouesse, mais dans quel sens?

     

    IMGP0128.JPG- Chassagne-Montrachet 1er cru 1998 Boudriottes, Domaine Ramonet: le premier nez est pétrolé, mais fugace. Il égare! Pas suffisamment hydrocarbure pour un riesling, il m'entraine  par erreur en direction des montagnes de Savoie. Il développe ensuite des notes d'écorce d'orange confite, témoignant d'une belle maturité de fruit. La bouche reste fraiche et acidulée, portant le vin assez loin, mais malheureusement, il sèche un peu en finale, ce que l'on mettra (à tort ou pas?) sur le compte d'un sulfitage généreux. Une belle bouteille devant laquelle il serait néanmoins malvenu de bouder et faire la fine bouche.

     

    IMGP0130.JPG- Côtes du Jura 1998 Le Monceau, Domaine Labet: après un premier échantillon malheureusement défectueux, une deuxième bouteille a été carafée à la volée, ce qui pourrait constituer un handicap par rapport à la précédente. Que nenni! Le nez est fin, élégant, quoique un peu discret. La minéralité éclate en bouche, très jurassienne dans son expression. Généreux, large et puissant, il ne trompe personne sur ses origines. La marque des grands terroirs, une expression très distincte des autres parcellaires du domaine Labet. Sa grande profondeur le place indubitablement un cran au-dessus de son sparring partner, ce qui est évidemment parfaitement subjectif.

     

    IMGP0129.JPG- Arbois Trousseau 1969 Saint Paul, Camille Loye: pas facile à placer, la grande bouteille de la dégustation. Elle aurait logiquement dû venir plus tôt, pour permettre de l'apprécier au mieux. Comment allait-elle se comporter derrière ces 4 grands vins blancs à forte personnalité? Changement de couleur, donc, et passage au rouge, mais un rouge orange tuilé. Le nez est fin, délicat et complexe: orange confite, brioche, un rien terreux. La bouche est d'un soyeux rare, comme une étoffe délicate. Une pointe de menthol pour la fraicheur, une finale sur l'orange amère et le cacao. Le fond de verre est particulièrement envoûtant, sur le tabac blond et le pomelos. Un ange passe... Finalement, Dieu existe. Il s'appelle Camille Loye. Un 69 d'équilibriste, parfaitement extatique.

     

    IMGP0131.JPG- Pouilly-Fuissé 2003 Clos Reyssié, Domaine Valette: retour au blanc pour une bouteille magistrale, alliant fruité, puissance, minéralité et richesse. Un nez d'une exquise finesse et d'une grande complexité. En bouche, la profondeur d'un grand vin, élevé longuement en fût (pas loin de 60 mois). L'effet millésime n'existe plus à ce stade de perfection.

     

    IMGP0133.JPG- Pommard Premier cru 2001 Pézerolles, Domaine de Montille: robe rubis, nez qui pinote, sur la cerise griotte, très charnel. Le grain est fin, serré mais soyeux, avec des petits tanins finement enveloppés. Petite pointe d'amertume finale, mais beaucoup de finesse pour ce vin situé plutôt du côté de Chambolle par la majorité des dégustateurs. Très belle bouteille.

     

    IMGP0134.JPG- Côte rotie 1997, Domaine Jamet: robe sombre, homogène. Nez très poivré, lardé, tapenade, évoquant sans nul doute la syrah septentrionale. En bouche, du fruit, de la fraicheur, de la chair, de la sève. P..., c'est bon, ça! Ouvert, fin, riche et puissant en même temps, la quintessence d'une grande syrah!

     

    IMGP0136.JPG- Klein Constancia 2002, Vin de Constance, Afrique du Sud: robe dorée, nez muscaté, litchi, menthol. Très aromatique (trop?), il finit sur le sucre, ne laissant pas la bouche parfaitement fraiche. 80% muscat de Hambourg, 20% chenin, c'est une vraie curiosité, à défaut d'être le grand liquoreux que l'on serait en droit d'attendre.

     

    IMGP0138.JPG- Coteaux du Layon-Faye 1997 L'Aubépine, Domaine des Sablonnettes: robe abricot, nez typique de chenin, mûr et bien fruité, avec une pointe carbonifère. Finale acidulée sur le graphite, belle fraicheur, grande longueur. Superbe!

     

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    Grande soirée, grandes bouteilles, mâchon amélioré, à la hauteur des bouteilles, le Père Noël est bel et bien passé aux Jardins ce soir-là. Le retour fût un peu laborieux, pour cause de tempête de neige, mais se déroula IMGP0144.JPGfinalement sans encombres, la majorité des automobilistes bien disciplinés ayant IMGP0142.JPGrespecté les consignes de ne pas prendre leur véhicule. Vivement l'année prochaine aux Jardins!

     

     

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    Olif

     

  • Les vieilleries des Jardins...

     

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    Nouveau. Vieux. Nouveau. Après les nouveautés des Jardins et avant le Beaujolais (surtout pas) nouveau, Stéphane "Saint-Vernier" Planche, le jardinier de Saint-Vincent, nous a convié à une séquence nostalgie. Petit coup d'œil dans le rétro, pour goûter à quelques trésors oubliés au fond de la cave. Pas obligatoirement dégustés au préalable lors des différentes sessions qui ont précédé,  pas obligatoirement très vieux, simplement quelques flacons légèrement patinés par le temps, qui arrivent à leur optimum. Dégustation à l'aveugle total, est-il encore besoin de le préciser?

     

    IMGP9894.JPG- Singulier 2006, Montlouis, Lise et Bertrand Jousset: un nez fermé de prime abord, peu expressif, puis de jolies notes de poire et de pomme, arrondies par l'alcool. Un beau volume en bouche mais de la fraicheur, accentuée par de beaux amers. Non situé en Loire à l'aveugle, c'est pourtant un véritable 100% chenin qui devrait être très à son aise sur un beau poisson de rivière.

     

    IMGP9895.JPG- Vie on y est 2007, Domaine Gramenon: cette fois, le nez est très ouvert, sur l'abricot et la pomme au four. Un épanouissement total, venant surligner une belle trame minérale fraîche et acidulée, autant que gourmande. C'est beau, c'est bon, c'est la vie, on y est. En plein dedans! Un petit miracle d'équilibre pour un cépage dont je ne raffole pourtant pas habituellement, le trouvant volontiers pataud. Le millésime 2009, goûté cet été chez Josette et Gérard Alonso était déjà épatant.

     

    IMGP9896.JPG- Vin de pays de l'Hérault 2000, Léon Barral: 80% terret bourret, va-z-y-Léon! Robe ambrée, vieux Cognac, légèrement oxydatif, forcément. cire d'abeille et fruits secs. Une petite pointe métallique apporte de la fraîcheur à une belle bouche droite, fine et élégante, autant que déroutante. Un vin d'initié, qui a parfaitement évolué et se goûte à merveille. J'adore!

     

    IMGP9898.JPG- Pinot noir Rot Murlé 2002, Domaine Frick: une robe diaphane et un nez évanescent, d'une élégance folle, floral, avec une touche de bois vert. Du bon végétal qui cède la place à de l'écorce d'orange confite, avec un léger perlant pour la fraîcheur. Une onctuosité assez typique d'un vin "zéro-zéro", sans sulfites ajoutés.  Un vin complètement craquant, le pinot noir dans toute sa splendeur.

     

    IMGP9899.JPG- Saint-Joseph Guillamy 2006, À la Tâche: robe burlat, nez gourmand, épicé et poivré. Tanins fins et serrés, mais croquants, avec une belle définition et une grande pureté de fruit. Un vin excellent, qui se lâche progressivement, très évocateur d'une belle syrah, même si certains (dont moi) ont penché pour le gamay par son côté poivré. Les deux tâcherons font un excellent boulot personnel en plus d'aider les autres à bien faire.

     

    IMGP9900.JPG- Vin d'œillade 2002, Thierry Navarre: une des grosses cotes de la soirée. Du cinsault vinifié comme un vin primeur: 3 mois de cuve, mise en bouteilles et basta! Une cuvée collector  quasiment hors commerce, que seuls quelques chanceux ont pu goûter à l'époque. Et elle tient encore la route! Encore construit autour de l'alcool, avec une rondeur séduisante, un côté "noyau", il possède des tanins suave et frais, avec de la puissance. Pas fatigué pour un sou, il n'en finit pas de faire de l'œillade.

     

    IMGP9901.JPG- Côtes du Rhône 2001, L'Anglore: des notes de pruneau au nez, certes, mais encore une relative puissance, de la matière, sur des tanins grenus qui te collent la chair de poule avant de devenir légèrement séchards en finale. Un des premiers millésimes d'Éric Pfifferling en Rhône, une bouteille qui arrive en bout de course.

     

    IMGP9902.JPG- Saumur-Champigny 2001, La Marginale, Domaine des Roches neuves: mon apport personnel, le genre de vieillerie qu'on aurait pu déguster aux Jardins il y a de nombreuses années, puisque, à l'époque, on s'était régalé de L'Insolite 2001, du même Thierry Germain. Le style des Jardins a beaucoup changé depuis, celui de Thierry Germain aussi. Les récents millésimes dégustés à Angers cette année ont montré une évolution vers moins de puissance et d'extraction, au profit d'une plus grande élégance et d'une incroyable gourmandise. Ce 2001, "old style", est assez massif et puissant, strict, avec une austérité encore bien marquée. Une belle et grosse matière qui ne procure pas une sensation d'épanouissement, tant elle semble contenue dans une gangue tannique. C'est hautement buvable quand même, ne faisons pas trop les difficiles.

     

    Le mois prochain, c'est à dire pas plus tard que demain (c'est fou comme le temps passe!), ce sera "Retour vers la nouveauté", avec une dégustation de Beaujolais surtout pas nouveaux. Mais on compte bien qu'il y en ait une petite série avec le traditionnel mâchon qui suivra. Il ne manquerait plus que cela qu'il n'y en ait pas, d'ailleurs!

     

    Olif

     

     

     

  • Jésus revient, à Morteau, façon baeckeoffe

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    Allelouiah! Jésus est revenu, même s'il est déjà reparti, en culotte de velours via le gosier. Il n'a fait qu'une apparition. Pas à la fête de la saucisse, comme initialement prévu, mais en petit comité, dans les locaux de Terra Vinéa à Morteau. Les apôtres n'étaient même pas au nombre de 12, la sélection des convives ayant été particulièrement drastique. Jésus ne s'est pourtant pas fait trop attendre. A peine sorti des salaisons Bouheret, il a plongé dans un bain de ploussard, au milieu des carottes, poireaux et pommes de terre, pour un sauna de 3 bonnes heures en cocotte luthée, façon baeckeoffe. Le résultat fut à la hauteur des espérances d'Agnès, cuisinière parisienne à domicile, en villégiature mortuacienne et embauchée pour l'occasion. Les légumes étaient parfaitement cuits, à peine croquants, le Jésus particulièrement fondant, à la chair rose comme un nouveau-né la nuit de Noël. Le festin pouvait commencer, après préparation de la bouche par un superbe Crémant d'Alsace 2004 de Patrick Meyer, d'une grande beauté formelle, à la bulle fine et élégante, longue et élancée comme les jambes de Chloé Mortaud, Miss France 2009.

     

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    Les rois mages, dignes successeurs de Melchior, Gaspard et Balthazar.

     

    Les rois mages avaient pour nom Octavin, Gahier et Bornard. Ils sont arrivés pile à l'heure du repas et nous ont particulièrement gâté. La Chamade 2006, Les Grands vergers 2008 et Commandatore 2008 se sont tiré une belle bourre lors de cette compétition amicale. 3 superbes cuvées qui goûtent particulièrement bien en ce moment. Commandatore et Grands vergers sont sur le fruit (quoi de plus normal pour des 2008), La Chamade 2006 possède déjà une autre dimension, avec une concentration impressionnante pour un ploussard.

     

    Une soirée presque aussi belle qu'une nuit de Noël à Bethléem il y a 2010 ans, c'est dire!

     

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    Agnès, de Visery.com, cuisinière à domicile, même pendant ses vacances.

     

     

    Olif

     

    P.S.: la preuve que Jésus est revenu, c'est qu'il est sur Facebook, même!

     

    P.S.2: les rois mages sont eux aussi déjà revenus, en 2001, vus mais Inconnus.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Buvage d'étiquettes

     

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    12 Août 2010. Depuis le début du mois, c'est la panne sèche. Plus rien dans l'encrier. Zéro. Nada. Quéquette. Peau de balle. Du jamais encore vu sur le Blog d'Olif. Presque 15 jours sans un seul misérable petit billet! Pas la tête à l'écriture. Limite déprime littéraire vinique. Même que ma môman s'inquiète. Vivement un nouvel édito de guide de rentrée sur les naturopsychopathes de la biovinoconnerie, que ça me regonfle à bloc, délie ma plume et dérouille mon clavier. Quand le spleen vous envahit, sans volonté de le repousser, l'autolyse n'est pas loin. La tentation de la tentative. Par noyade vinique. L'abandon complet, un goulot sur la tempe. Pop! Pop! Pop! Les coups partirent et passèrent si près que la calotte cranienne tomba. Je n'aurais peut-être pas dû non plus m'enquiller les trois premières saisons de Dexter à la file sans respirer pendant ma pause estivale. Envie de cadavres, dont le serial quilleur devra se débarasser incognito dans la benne à verre recyclé. Parce que, pour la première fois depuis longtemps, il ne s'agira que d'étiquettes. Le grand ménage de la cave peut commencer.

     

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    A mon supposé dernier repas, j'ai voulu boire, en plus du vin de messe, non pas de ce vin si joli qu'on buvait en Arbois, mais plein d'autres bouteilles, reliques d'achats compulsifs de jeunesse, qui vieillissaient pieusement dans la cave de la maison familiale où elles espéraient ne pas couler du bouchon tout en coulant des jours heureux jusqu'au jour où. Et voilà que ce jour arrive, le jour où. Bien trop tôt pour certaines, qui se seraient bien vu finir leurs jours dans un musée du vin, époussetées nuit et jour, leur étiquette brillant au firmament des vins finis jamais débouchés tandis qu'un vin fini après débouchage, c'est quand même une meilleure façon de quitter le monde, pour une grande cuvée.

     

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    Coup de bol, le bal s'ouvre sur des bulles. D'abord un Fin Limé de Jean-Marc Brignot, un Pet'Nat oublié dans la cave, qui aurait dû être bu depuis longtemps. Une heureuse surprise, du baume au cœur du suicidaire, qui relâche légèrement la gâchette. La bulle est encore vive, le Poulsard renarde gentiment, de façon non irrémédiable. Ça se sirote nonchalamment, comme un vrai rouge limé. Juste après, L'Amateur 2004 de David Léclapart la joue plutôt pro. Une belle bulle champenoise toute en finesse et en vivacité. Pour cloturer l'apéritif, une Boisson Rouge est sortie de son bocal. Fruitée et gourmande, la boisson. Sanguine et festive, sans arête. Bravo Emile!

     

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    Ensuite, tout s'enchaîne. C'est la curée. La valse des étiquettes. Trévallon 1999, distingué et classieux. Le Cèdre Prestige 1995, fringant et élégant, pas du tout guindé ni sévère. Chambertin 1994 du domaine Trapet, concentré de finesse digne d'un vrai grand cru en petit millésime. Hermitage 98 du Colombier, du cassis monobloc, suivi d'un Hermitage 98 d'Alain Graillot, un joli grain de syrah parfaitement à point, plus complexe et plaisant que son concurrent direct. Cheval Blanc 1993 se laisse encore bien monter et encore mieux descendre. Tanins polis et équilibre harmonieux, sans austérité ni raideur. Le panache! Lynch-Bages 1990 ne se fera pas lyncher non plus, c'est un beau Pauillac à point, élégant et racé, auquel il manque peut-être un soupçon d'éclat pour passer dans la quatrième dimension. Petite rechute cafardeuse avec une Mouline 97 bouchonnée, de quoi rôtir une côte en enfer. En point d'orgue de cette orgie d'étiquettes, Yquem 1985, qui attendait patiemment son heure, tapie dans le fond de la cave. Du botrytis mentholé qui se laisse boire, mais sans grande émotion. Il est où, le mythe?  Il lui manque quand même tout ce qui fait un grand liquoreux: de la liqueur, de la richesse, de la complexité, de l'onctuosité. Mais c'est Yquem. Alors c'est bon et tais-toi!

     

     

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    Impossible pourtant de rester là-dessus. Ce dernier repas sera au minimum l'avant-dernier. Finies les étiquettes! Les choses moins sérieuses vont pouvoir recommencer. The Blog d'Olif must go on!

     

    Allez, au goulot!

     

    Olif

  • État de Grasse…

     

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    Entorse aux escapades océaniques estivales habituelles, la famille Olif a décidé de se faire dorer la pilule sur la Côte d’Azur. Un peu en retrait de la mer quand même, histoire de garder de la hauteur.

     

    Escale papale

    Comme un genre de miracle routier ! Une fois réalisé que Châteauneuf-du-Pape se situe exactement au milieu d’un axe en zig-zag qui relie le Haut-Doubs à la Côte d’Azur, le choix de s’y arrêter fut vite fait. Pas dans l’intention d’y buller, non, juste pour se restaurer en cours de route et tenter de conjurer le Sorgues chez Josette et Gérard Alonso, admirables  et renommés aubergistes, amoureux du bon boire et du bien manger, à base de produits frais et de vins naturels. Repas pris dans la cour du restaurant, à l’ombre d’un platane, un pur moment de félicité gastronomique, arrosé de vins pas tous bien élevés mais sachant néanmoins se tenir à table. Festif Fête en bulles de L'Angevin, vivant Vie on y est 2009 de Gramenon sur un excellent filet de rouget, éblouissante Vieille Julienne 2004 sur un sublime pigeon à la cuisse rose. Sans parler du reste et de tout ce qui s'en suivit ou précéda.

     

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    Grasse : parfum de vacances

    Une fois parvenus à Grasse, on est vite mis au parfum. Gallimard, Fragonard, Molinard et tout le bazard ! Il y a l’embarras du choix pour faire fuir les mauvaises odeurs, y compris celle des belles-mères de Grasse, près de Nice, comme le chantait Boby Lapointe dans son saucissonnage équin n°2. Amusants travaux pratiques au Musée International de la Parfumerie, où le visiteur joueur peut s’amuser à reconnaître à l’aveugle un certain nombre de composés aromatiques, pas toujours recommandables, mais utilisés néanmoins par les maîtres parfumeurs. Sulfureux!

     

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    Grasse : tant qu’il y a du vin, il y a des Spar

    Monter, descendre. Le Pays Grassois n’est pas économe, question dénivelé. Monter des marches, descendre des traverses. Monter en température, descendre des litres et des litres. D’eau et autres boissons, avec ou sans bulles. Pas n’importe quoi pour autant. Du bon, du frais, du vrai, du pas trop sulfité, du vin parfumé, aux bonnes effluves naturelles.

    L’Espace Vins du Spar de Grasse jouit d’une flatteuse réputation auprès des gens de glou, amateurs de bons vins authentiques. Une info de dernière minute obtenue grâce à l’escale avisée en pays avignonnais, coquin de Sorgues. Cette épicerie grassoise est justement tenue par un homme de glou. Et fort en gueule, aussi. Mais dans quel quartier de la ville se trouve-t-elle ?  Ô rage, où est ce Spar ? Grâce à Google, l’antre de l’une des deux têtes pensantes de Glougueule, le blog bien nommé, fut vite localisé, quartier de la gare. Le dimanche soir, c’est encore ouvert et c’est la cohue. Le pillage en règle de l’Espace vins ne fut pourtant guère difficile. Philippe Quesnot, en homme avisé, n’est pas derrière la caisse enregistreuse. Je l’imagine plutôt en train de faire les gros yeux derrière un verre de bon glouglou, ce qui me semblerait plus judicieux en ce début juillet si chaleureux. Lors du second passage pour remplissage du frigo, nous fûmes pris la main dans le caddy. Depuis deux jours une bouteille de Cerdon manquait à l’appel et, en fin limier, l’épicier savant avait fait parler les empreintes digitales ! Condamnés à visiter l’espace « ticheurte » au 3ème sous-sol, nous sommes ressortis lingés pour l’été. Néanmoins à prix d’ami, il faut le souligner.

     

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    Du Cerdon dans le Gourdon

    Gourdon, sur les hauteurs de Grasse, en surplomb des gorges du Loup, à une heure matinale, idéale pour une petite randonnée en altitude, sur le plateau de Cavillore. L’arrière-pays niçois, faut pas nous raconter de salade, c’est quand même bien joli ! Pas de Cerdon dans la gourde pour autant, il ne fallait pas traîner en chemin, afin de ne pas être assommé par le soleil estival. Entre une flore particulièrement développée, grâce à un mois de juin bien arrosé, de jolis panoramas sur les gorges, quelques vieilles pierres et une poignée de cerises dans la gorge, maraudées par inadvertance, mais avec volupté, la matinée fut bien remplie. Un moment réjouissant, valant tout le Cavillore du monde.

     

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    Estivale de Cannes

    Journée cannoise et shopping rue d’Antibes, obligé. Puis photo en haut des marches, 12 ans après un premier passage familial. Comme le temps passe ! Georges y a été cloné, l’occasion aussi de prendre la pose en sa compagnie.

     

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    A l’heure de midi bien sonnée, à deux pas de la Croisette, au hasard, le long d'un trottoir, une Trattoria engageante. La Libera, du même nom qu’une belle adresse fréquentée à Alba l’année précédente. Pourquoi pas ? Bonne pioche ! Belle adresse itou, goûteuse et sincère, avec un serveur épatant, au véridique accent italien, étonné par notre gentillesse jurassique naturelle, inversement proportionnelle à celle de la population autochtone. Et des plats justes, simples et bons, accompagnés d’un Arneis de belle facture, aussi bon que là-bas, dis !

     

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    Pour le reste, dur de trouver un petit carré sympathique où étendre sa serviette, de Cannes à Antibes. La Côte d’Azur, il ne faut surtout pas vouloir s’y baigner. Tout y est bétonné, civilisé, aseptisé. Pas très nature, tout ça! Allez ! On y a quand même bien trempé un pied, face au Château Grimaldi d’Antibes. Il faudra bien pouvoir justifier nos vacances à la mer.

     

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    Plus près de toi, Mon Dieu !

    Pour cette deuxième randonnée du séjour, direction Bar sur Loup. Un joli pléonasme, en fait. En Méditerranée, le bar s’appelle loup. Mais du côté de l’Atlantique, le Loup s’appelle quand même le Loup. Pas celui qui a fait sa réapparition dans le Mercantour, non. Un Loup qui coule dans des gorges, de la Colle jusqu’à Tourette. De quoi faire un joli tour si on n’a pas de la colle sous les chaussures. A Bar sur Loup, il n’y a pas de poissonnerie. Mais, à Bar sur Loup, on peut prendre le Chemin du Paradis, une vieille voie empierrée qui monte au ciel jusqu’à Gourdon. De quoi filer le bourdon quand on regarde l’altimètre. Mais les 520 mètres de dénivelé positif, puis négatif, s’avalent sans même se flageller. Pas un seul coup de gourdin avant Gourdon. Son paradis, on le gagne en arrivant tout là-haut, pour profiter de la vue sur les gorges du Loup, installé à la terrasse d’un bar. La boucle est bouclée.

     

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    You are so … Nice !

    Impossible de passer par les Alpes-Maritimes sans se rendre à Nice. D’autant que l’heure des soldes a déjà sonné. Pendant que des Rosbeefs bien saignants se promènent en bord de mer, les Froggies coassent rue Massena à la recherche d’une bonne affaire. Le boire et le manger, pas question de le brader pour autant, ni de laisser sa part aux anges qui font trempette dans la baie.

     

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    La Part des Anges est une boutique de la rue Gubernatis qui ne laisse pourtant rien s’évaporer. Tout y est bu, sans laisser perdre la moindre goutte. Le jeudi soir, malheureusement, la table est close. On vous y oriente alors volontiers vers le ViniVore, les collègues de l’avenue de la République. Les dévoreurs de vin sont ici aussi à la fête. Large choix de vins à prix cave, carte à manger aussi courte qu'appétissante, renouvelée tous les jours, accueil exceptionnel. Une adresse de choix, so Bubbly, so Nice.

     

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    Dans la nuit tombante, les Anglais n’étaient plus censés se promener. Ils devaient sortir leurs guitares et jouer en plein air et à guichet fermé, dans un Théâtre de Verdure, à deux pas de la Baie des Anges. Ils se sont fait porter pâles et n’ont même pas pris l’avion depuis Paris. Sacré Peter ! Mais qu'importe, l'air était doux (herty?).


    Glouglou, la dream -Alpes mari- team

    Il faisait beau, il faisait chaud. Les bouteilles se sont succédées à un rythme effréné. Du vin pour dessoiffer, du vin pour déguster, du vin pour se régaler. Éclectisme volontaire, où l'on pourra juste  (éventuellement) regretter l'absence de Bellet, le régional de l'étape, néanmoins rapporté en souvenir. À  goûter dès que possible, par curiosité. Pour le reste, entre le Côtes du Jura ouillé 2008 de Laurent Macle, joliment fruité, à boire vite par plaisir, et le simple et plaisant Coteaux d'Aix rosé 2009 L'Alvernègue du Château Bas, la tendance fut au vin de glou, avec pour principal fournisseur, outre les vins ayant fait le voyage, le Spar de Grasse, parce qu'une pareille adresse se suffit à elle-même. Gros coup de cœur et large soif pour le Vin de Pays de Vaucluse 2009 d'Élodie Balme, assemblage de merlot, carignan et grenache, qui se boit aussi vite que bien, malgré sa robuste constitution. Pour le reste,  parmi les belles satisfactions et les grands bonheurs de ces vacances, un sans-faute grâce au gourmand et fruité Calice 2009 de Jean-Philippe Padié, au réjouissant et friand Vin de Jardin 2009 de La Grange aux Belles, au Bourgogne aligoté 2009 de Céline et Laurent Tripoz, d'une grande et belle acidité, au trop bon Cousin Oscar et son Petit Cochon Bronzé, de Jean-Marie-Rimbert, à la jolie Coume Marie 2006 de la Préceptorie de Centernach. Comme une incongruité parmi ce panel de vins de soif à petit prix, un imposant Meursault-Charmes 2000 des Comtes Lafon vint nous démontrer à quel point la simplicité n'a pas de prix, enfin pas celui-là. Luxuosité de l'élevage, richesse des arômes, légèrement contrefaits par le bois, malgré une grande précision et une classe folle. Un poids, deux mesures, ou l'inverse.

     

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    État de grâce, clap de fin. Un séjour royal parfaitement symbolisé par un verre de Cerdon au bord de la piscine. Topless!

     

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    Cerdon royal, photo extraite du making-of de la vidéo désormais culte, selon BourgogneLive

     

    Olif

  • REVEVIN 2010: le Domaine de Juchepie

     

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    Clôture désormais rituelle des REVEVIN, le dessert sucré en compagnie de son géniteur ligérien. cCest au tour d’Eddy et Mileine Oosterlinck de venir nous faire découvrir sa production de Coteaux du Layon sous le patio du Chai Carlina. Enfin, pas tout à fait. Ce que le froid ascensionnel n’avait pas réussi à faire, les égouts montois y sont parvenu. Des reflux d’eau nauséabonde, remontant de l’Avenue de la Mer (pourtant déserte à cette heure-ci!) jusque dans le patio, nous ont contraint à un repli interne au milieu de la cave du Chai. On est là pour goûter à du sucre, pas à de la m...! Pour se faire la bouche, rien ne vaut  pourtant du sec. Une production devenue une quasi nécessité pour les vignerons angevins, devant l’affaissement du marché des liquoreux, même quand les vins sont superbes. 6 tries successives, en moyenne pendant les vendanges, permettent de prendre moins de risque dans la gestion des maturités et de ramasser à point pour élaborer le type de vin que l’on souhaite.

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    Le Sec de Juchepie, tout le monde se l’arrache, et il y en a peu. Que ce soit le 2005, au superbe équilibre alliant onctuosité, tension et élégance, sur une finale parfaitement fraîche, ou le 2007, à la jolie trame vive et acidulée. Deux superbes chenins au top, qui ne doivent pas occulter les splendeurs sucrées qui vont suivre.

     

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    En liquoreux, nous goûterons aux quatre cuvées existantes. La production d’Eddy et Mileine se décompose en deux cuvées parcellaires (Les Churelles et les Quarts) et en deux Têtes de cuvée non parcellaires (La Passion et Quintessence), à la recherche de la plus grande expression du millésime. Pour compliquer  utilement les choses, la dégustation portera également sur deux millésimes distincts de chaque cuvée, des années supposées opposés par essence: botrytis versus passerillage.

    L’exercice fut aussi réjouissant que passionnant.

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Churelles : en 2006, il donne un vin tout simple, frais, acidulé, l’expression même du rôti dans un millésime de botrytis. 1997, année de passerillage et grand millésime, c’est autre chose. La robe est dorée. Le nez, d’une grande complexité, délivre des notes de miel, de coing, de fleurs blanches. La bouche développe pas mal d’onctuosité et du gras, sans aucune lourdeur. La finale se fait miel mais reste fraîche. Superbe !

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Quarts : 2003, année de passerillage, donne un vin opulent et miellé, tandis que 2004 joue plus sur la minéralité carbonifère et le graphite, même si la bouche est également étoffée.

     

     

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    Avec La Passion, on arrive dans la recherche d’une grande concentration. La richesse liquoreuse favorise le développement d’arômes complexes, le challenge étant de parvenir à conserver une fraîcheur indispensable pour que le vin reste buvable. 2002, année de passerillage, donne un vin droit, frais et équilibré, à la robe dorée et aux entêtants arômes d’abricot. Le botrytis de 2004 fait ressortir des notes de mine de crayon et de thé fumé, sur l’abricot initial. Un vin riche et gras, à l’acidité plus basse, et à la superbe robe ambrée, évoquant une évolution légèrement oxydative.

     

    La Quintessence nous emmène au bout du processus, dans le registre de l’extrême concentration et des vins hors normes. 1997 est somptueux, salin et iodé, aux magnifiques notes rôties, et à l’équilibre subtil. 2003, sur des notes d’abricot et d’épices, est tout en élégance et en distinction. Fabuleux. Match nul entre botrytis et passerillage, en terme de qualité, même si les deux expressions sont clairement différentes.

     

     

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    Les sessions liquoreuses des REVEVIN se suivent, ne se ressemblent pas et s'imposent de plus en plus comme un moment incontournable, un véritable hâvre de douceur ascensionnel. Merci à Eddy et Mileine Oosterlinck pour ce grand moment gustatif et aux deux Philippe vendéens de l'avoir organisé.

     

    Sunday, sweety sunday...

     

    Olif

     

  • Mont d'Or à la provençale

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    Recette originale et régal assuré. Choisir le Mont d'Or pas trop frais, un soir de pleine lune estivale. Méfiance quand même, car, à 1200 mètres d'altitude, les températures baissent vite, une fois la nuit tombée. Pour se réchauffer, prévoir une petite laine, une bonne flambée et une ambiance provençale. Pas de cigales, pas de moustiques-tigres non plus, juste quelques grillades marinées et un gros carton de vins de Provence. Bandol en tête, mais pas que. Cassis, pour une goulée de blanc, et Les Baux, l'appellation idéale pour de beaux garçons comme nous. Et puis une ou deux Côtes, de Provence et du Ventoux, pour la diversité. Et aussi une ou deux côtes supplémentaires, de porc, pour le manger. Voilà, touiller un peu, respirer un grand coup, déboucher, c'est prêt.

     

     

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    - Cassis 2006, Clos Sainte Magdeleine: le vin de Cassis par excellence. Floral et fruité, frais et gouleyant mais sans une once de facilité. Du vin, il y a, dans cette bouteille. La soirée démarre fort.

     

    - Cassis 2005 Excellence, Domaine de la Ferme Blanche: l'antithèse du précedent, de par son élevage en fût, destiné à apporter de la richesse et de la complexité. Gras et onctueux, il parvient à séduire, mais sans posséder la franchise et la sincérité du Clos Sainte Magdeleine, qui, de loin, reste mon préféré.

     

    - Bandol 1990, Château de Pibarnon: houlala! Comment qu'il est fringant, le pépère! Servi comme premier rouge, afin de lui faire bénéficier d'un palais neuf et affûté. Seule la robe apparait un peu burinée. Le nez est la bouche sont d'une précision et d'une complexité exemplaires, sans aucune note animale ou de tendance à l'évolution. Quand le terroir se surpasse et prend le dessus sur le cépage... Une deuxième bouteille, ouverte plus tard dans la soirée, mais ne provenant pas de la même cave, se révèlera  à peine différente, peut-être avec un peu plus d'évolution. D'un très haut niveau tout de même.

     

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    - Côtes du Ventoux 2006 Les trois Pères, Domaine des Terres de Solence: parfait pour se recalibrer la bouche après la grosse sensation Pibarnon, grâce à son naturel croquant et charnu. Insolente Terre de Solence, vin idéal pour la soif et le mal des montagnes.

     

    - Palette 2006, Château Simone: un vin copieux, ouvert bien trop tôt, mais en voiture quand même, Simone! Dense, à la trame tannique encore serrée, il y a du potentiel et des chevaux sous le capot.

     

    - Bandol 2005, Château Romassan, Domaines Ott: l'une des moins bonnes bouteilles de la série, mais est-ce surprenant, en fait? Un 2005 étonnament fluet, essentiellement boisé (notes de moka brûlé), sans réelle matière derrière. Ott-toi d'là que j'my mette!

     

    - Bandol 2005, Tardieu-Laurent: tiens, ils font du Bandol aussi, ces deux-là? Décidément, pas mon style non plus. Plus de matière que Romassan, mais ramassée, avec tout autant de bois.

     

     

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    - Coteaux d'Aix 2003, Améthyste, Domaine Hauvette: retour au vrai vin, juteux, aux tanins frais et à l'équilibre réjouissant, sans excès d'aucune sorte. Ça goûte et ça donne envie d'y regoûter.

     

    - Les Baux de Provence 2003, Clos Milan, Domaine Milan: ouch! Sanguin, juteux, minéral, frais. Avec Henri Milan, ça dépote sec! Un des tout meilleurs vins de la série.

     

    - Côtes de Provence 2003, Et Cae Terra, Château Barbanau: belle découverte, que cette cuvée de Barbanau, qui produit également le Clos Val Bruyère à Cassis. Un élevage ambitieux au départ, mais qui commence à se fondre, parce que la matière est là. Dense et complexe, légèrement cacaoté, avec une touche animale et encore à peine de bois. Belle persistance en bouche, long et intense.

     

     

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    - Bandol 2001, Château Vannières: il a mis du temps à se révéler, celui-ci. Peu disert, limite dur et austère lors de la dégustation préliminaire, il s'est bien ouvert au décours du repas, laissant s'exprimer la classe et l'élégance du mourvèdre à maturité dans un grand millésime. Beaucoup de finesse sur un joli grain de vin.

     

    - Bandol 2000, Château Pradeaux: malheureusement et irrémédiablement bouchonné. La cave du "Grand" serait-elle maudite?

     

     

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    Le Mont d'Or en Provence, c'est possible. A la ferme du Haut-Soulier, quand l'été est venu. Une dégustation plutôt homogène et d'un très bon niveau. Ça fait du bien de se faire plaisir comme ça!

     

    Olif

     

    P.S.: l'effet suranné et vieillot des photos est dû à l'appli-IPhone "Hipstamatic". C'était voulu, mais il ne faudrait pas en abuser quand même.

  • REVEVIN 2010: Italie étonnante: La Stoppa ... ou encore!

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    Deuxième Off de ces 7èmes REVEVIN et on reste en Italie. Encore! Direction l'Émilie-Romagne, après une petite mise en bouche sicilienne. Les Italiennes sont belles et, en plus, elles font du vin. Arianna Occhipinti, déjà bue sur le web outre-Atlantique, et Éléna Pantaléoni, qui produit des cuvées pas du tout décousues, furent les stars de cette fin d'après-midi, grâce à l'aimable participation de Fanny Breuil de  Genuine Wines. Une dégustation apéritive appétissante, parfois déconcertante, mais souvent réjouissante, avec des vins d'approche pas toujours évidente pour des palais habitués à souvent plus d'académisme. De l'exotisme vert-blanc-rouge et un feu d'artifice pour les papilles!

     

    - Arianna Occhipinti - SP 68 - 2008 :
    Le nez nous mène tout droit dans une conserverie de poissons de la Côte vermeille. Anchois à volonté, sel marin et tapenade. "C'est l'fun!", pour tout dire, et je n'ai pas souvenir d'avoir déjà goûté à un vin comme cela. En bouche, les tanins sont frais, malgré la richesse, et joliment veloutés. J'adore.


    - Arianna Occhipinti - Il Frappato 2007 :
    Le nez évoque le tabac blond un soir d'été, devant un cocktail de fruits rouges bien frappé. Une fraicheur oxymorale pour un vin aussi solaire, aux tanins souples et acidulés, qui présentent une petite pointe d'amertume finale venant fort élégamment titiller l'arrière-gorge.

     

     

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    - La Stoppa - Gutturnio 2008 :
    Un assemblage de barbera et de bonarda plutôt bonnard et pas du tout barbant. Indéniablement animal au premier nez, évoluant sur des notes de cacahuète et d'arachide, on est pourtant loin de l'enclos d'une guenon au zoo de Vincennes. Le fruit se dévoile juste derrière, les tanins ne sont pas dépourvus de fraicheur, même si, en finale, ils ont tendance à mordre encore un peu. L'acidulé frais de la Barbera sauve la mise pour un vin bourré de caractère.


    - Barbera della Stoppa 2005 :
    Encore un premier nez fougueux, comme un cheval emballé impossible à arrêter. Cette réduction, équestre autant que passagère, cède vite la place à un joli fruité assis sur des tanins veloutés plein de fraicheur. Ça claque en bouche et c'est particulièrement gourmand.


    - La Stoppa 2003 :
    Assemblage "bordelais", typé cabernet, c'est pourtant cette cuvée qui se veut emblématique du domaine en lui empruntant son nom. Toujours cette petite note animale, sur des arômes de cabernet légèrement marqués par le poivron. La bouche, aux tanins bien enveloppants, finit un peu ferme, pour ne pas dire asséchante. Je suis moins convaincu. Est-ce dû au millésime?


    - La Stoppa 1999 :
    Le nez possède une toute autre dimension, même s'il est toujours marqué cabernet. De la complexité et de la profondeur, sur des tanins plus fondus et harmonieux. Une belle bouche, bien élancée.


    - Dinavolo - Domaine Denavolo - Giulio Armani - Vin de table blanc 2006 :
    Assemblage de 25% de malvasia di candia aromatica, 25% d'ortrugo, 25% de marsanne et 25% d'un cépage non identifié. Un an de cuvaison, ce qui donne un vin à la couleur ambrée particulièrement étonnante. L'aromatique est typé muscat, mais pas domestica, laissant présagé un vin riche. Que nenni! La bouche est sèche comme un coup de trique, après un début d'attaque à peine arrondi. La finale, abrupte et raide, possède des tanins, comme il se doit sur ce type d'élevage. Complètement déroutant, mais loin d'être dénué de qualités.

     

     

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    - La Stoppa - Ageno 2005 :
    Le même, ou presque, version Elena Pantaleoni. Malvasia, ortrugo et trebbiano. Là encore, une durée de macération qui varie selon le millésime, puis l'élevage dure douze mois environ. La robe est ambrée, le nez muscaté. Attaque sur le miel, dotée d'une certaine rondeur, qui retombe vite pour laisser place à une structure beaucoup plus droite et rèche. Encore un blanc totalement étonnant!


    - La Stoppa - Malvasia frizzante 2009 :
    Du jus de fruit frizzante aux jolis arômes de pomme et de raisin muscat. La bulle est fine, festive, avec un poil de sucre, pour un équilibre subtil et tout en finesse. Une conclusion revigorante, avant un copieux repas italianisant bien arrosé. La Stoppa, ou encore!

     

     

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    Parce que c'est ça, aussi, les REVEVIN. On déguste beaucoup, mais on mange aussi, un peu.

     

    Olif

  • REVEVIN 2010: Étonnante Italie! ... Luca Roagna

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    Luca Roagna, c'est le roi, na! Le king du Piémont, de Barolo et de Barbaresco réunis. Troisième rencontre en moins d'un an avec lui, troisième dégustation de ses vins, vivement la quatrième. Bavard comme pas un, forcément, c'est un Italien. Qui, par contre, ne parle pas avec ses mains mais avec ses vins. Et surtout, qui s'exprime dans un français irréprochable, heureusement, parce que, sinon, on serait restés complètement dans la brume. En parlant de brouillard*, tout, tout, tout, on saura tout sur le Nebbiolo, la véritable star de cette dégustation, lorsqu'il est planté sur les fabuleux terroirs de Barbaresco et Barolo. "C'est la terre qui fait le vin, si on pense que c'est l'œnologue..." C'est ça, l'humilité du véritable vigneron, terrien dans l'âme, amoureux de son terroir, respectueux de son raisin. Dans la famille Roagna, "on n'a jamais tué son terroir". Une approche bio à la vigne, non certifiée, mais une des rares dans la région, alors cela mérite vraiment d'être souligné. Doublée d'une approche authentique à la cave, soulignons donc deux fois. L'authenticité n'est pas labellisée non plus, mais beaucoup, même les plus grands, ont oublié en route la façon de révéler la quintessence du Nebbiolo, cédant aux sirènes de la facilité œnologique et de la standardisation du goût international. L'authenticité, en matière de nebbiolo, ce sont des macérations longues, doublées d'un élevage long en foudre. Jusqu'à 12 ans pour certaines cuvées! Là où la majorité des vins ont déjà été bus, chez Roagna, on n'a pas encore fini de les élever ni même commencé à les commercialiser.

     

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    Malgré un emploi du temps surchargé, entre travaux à la vigne et réunions de famille, Luca a sauté dans la première Rosalie disponible entre Barbaresco et Saint-Jean de Monts pour animer cette deuxième journée des REVEVIN entièrement consacrée à l'Italie. Avec pour mise en bouche, une mini-verticale de Dolcetto, avant de rentrer dans le "grand jeu du nebbiolo". Le Dolcetto d'Alba, c'est le cépage qui donne naissance au "bébé"  du domaine, le vin que l'on peut boire jeune et frais. Mais, ce n'est pas une raison pour le bâcler. Des vieilles vignes de Dolcetto, chez Luca, on en trouve dans l'amphithéâtre de Pajé, là où le Nebbiolo pourrait être roi. Mais elles ne sont pas arrachées pour autant, par respect. Parce que si on les a plantées de longue date à cet endroit, c'est certainement qu'il y a une bonne raison. Tout comme les étiquettes piémontaises traditionnelles sont pieusement conservées pour signifier l'attachement aux valeurs anciennes.

     

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    - Dolcetto d'Alba 2008: robe burlat, nez au fruité frais avec une petite pointe végétale, bouche aux tanins souples, glissants, avec une belle fraicheur acidulée.

    - Dolcetto d'Alba 2007: nez plus réservé, partant gentiment sur le secondaire. Structure plus tendue et serrée, mais bien calibrée. Un air plutôt sérieux, pour un Dolcetto.

    - Dolcetto d'Alba 2006: le secondaire est bien là, cette fois, et le nez distille du cacao à tout va. Les tanins sont marqués mais croquants, avec de la fraicheur et une finale acidulée. C'est bon!

    - Dolcetto d'Alba 1989: la robe tire sur l'orangé. Le nez est très ouvert, complexe et délicat, franchement tertiaire. Cuir, tabac, vieille prune. En bouche, les tanins sont souples et fondus, un peu évanescents. Tout le charme d'un vieux vin, dont le corps s'affaiblit mais dont l'esprit reste alerte. D'aucuns l'ont considéré comme passé, mais il a toujours son charme. Certainement plus au décours d'un repas qu'en dégustation pure.

     

     

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    A partir de là, les bouteilles sont dégustées à l'aveugle, avec comme challenge supplémentaire de reconnaitre l'appellation, le cru et le millésime. Fun! Un tour du monde en Rosalie à gagner pour celui qui identifiera à coup sûr le Barbaresco Montefico 2004!

    - Langhe Rosso 2003: belle petite parenthèse avec cette cuvée d'appellation régionale, issue des jeunes vignes, histoire de faire tranquillement la transition entre le Dolcetto et le Nebbiolo "grand cru". Le nez possède une belle complexité, avec encore du fruit et des notes chocolatées. La bouche est pleine, élégante et gracile, sur des tanins frais et acidulés en finale. La marque du Nebbiolo!

    - Barbaresco Pajé 2003: 60 jours de macération pour cette cuvée "d'entrée de gamme" en Barbaresco. Du Nebbiolo d'école, riche, complexe,  finement chocolaté, mais porté par un acidulé frais qui est vraiment sa marque. Jamais les tanins n'agressent, car ce sont ceux du raisin et non pas du bois. Tout au plus une petite pointe d'alcool en finale, comme une petite laine sur les épaules, pour tempérer l'air vendéen ascensionnel encore frisquet.

    - Barolo La Rocca e la Pira 2003: comme son nom l'indique, la minéralité transpire dans cette cuvée toute en finesse et en élégance. Un Barolo qui ne roule pas les mécaniques, ce n'est certainement pas son registre.

    - Barolo Vignia Rionda 2005: une cuvée provenant d'un achat de raisins issus des anciennes vignes du Roi d'Italie. Des vignes bichonnées par leur propriétaire, sous la haute surveillance de Luca. Une macération longue de 70 jours apporte race, tonus et fraîcheur. Un très beau vin qui se présentera sous un jour complètement différent lors du repas du soir. Servi à l'aveugle au milieu d'un large échantillon très peu représentatif de la qualité des vins italiens, personne ne l'a reconnu, même Luca!

    - Barbaresco Montefico 2004: du Nebbiolo sur un terroir calcaire. Tannique et puissant, au grain encore dense et serré. L'acidulé frais réhausse la finale. Très beau, en devenir, il a besoin de temps pour se détendre.

    - Barolo Riserva La Roca e la Pira 1996: 12 ans d'élevage en foudre pour ce vin arrivé tout droit d'Italie dans les valises de Luca. Un peu stressé par le voyage, il délivre pourtant de jolis arômes tertiaires sur des notes fruitées de cassis et de fraise. Les tanins sont étonnamment fins, polis longuement par l'élevage. Une grande bouteille.

    - Barbaresco Crichët Pajé 1999: superbe nez empli de fraîcheur, avec un soupçon de végétal épicé, type menthe poivrée. La bouche est d'une densité exceptionnelle, à la texture veloutée. Longue finale persistante. Grandiose.

    - Barbaresco Crichët Pajé 1989: l'expression d'un grand Barbaresco à son apogée pour encore longtemps. D'une jeunesse incroyable, il parait indestructible malgré ses airs de danseuse étoile. A peine kirsché, légèrement acidulé, délicatement tannique, exceptionnellement bon. Permet de mieux appréhender le potentiel de garde du Nebbiolo par rapport au Dolcetto.

     

    En guise de conclusion:

     

    - Langhe Solea 2003: le "sorbetto", d'après Luca, un vin blanc destiné à nettoyer la bouche des tanins, idéal à proposer en fin de dégustation. Composé de 75% de Chardonnay et 25% de Nebbiolo. Fruité, frais, acidulé et anisé, avec une petite sensation tannique apportée par le Nebbiolo. Rafraichissant.

    - Barolo Chinato: après le sorbetto, l'apéro et le dijo, deux en un! Un véritable Barolo macéré avec des herbes et de la quinine, toujours aussi décoiffant à déguster. On sent la grande qualité du vin derrière les amers de la quinine, qui est loin de tirer la couverture à elle toute seule.

     

     

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    Luca Roagna, roi du Piémont, roi du Pays de Monts. Vers un jumelage Barbaresco-Saint Jean de Monts?

     

     

    Olif

     

    * Brouillard se dit Nebbia, en italien. Le Nebbiolo en tire son nom, du fait de sa maturité tardive et automnale. Les ampélographes étymologistes  italophones me corrigeront si besoin.

     

    P.S.: le petit Jull est prié de prendre contact avec le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts afin de retirer son prix (private joke).

  • REVEVIN 2010: Frédéric Sigonneau, l'R de rien!

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    Premier Off des REVEVIN 2010, celui consacré aux jeunes talents de Loire, et voilà que l'occasion nous est donnée de prendre l'R. Chinon, la belle endormie, assise sur ses certitudes depuis pas mal d'années, avait bien besoin d'un bon bol d'R frais. Touché Couly! Sigonneau m'était conté... Frédéric de son prénom. On est évidemment encore loin de détrôner Alliet et Baudry, les papes de l'appellation, mais ça fait quand même du bien de pouvoir goûter à un vin de Chinon dépoussiéré de tout l'héritage du passé. Elaboré dans un esprit festif et débridé, même si les galères en tout genre se sont abattues sur la tête du néo-vigneron depuis son installation. Trois millésimes, trois cuvées, l'intégrale des vins en bouteilles. C'est toujours un moment privilégié, qui n'est généralement possible que chez les jeunes vignerons.

     

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    Pour la mise en bouche, une Fille de l'R 2009 habillée d'une jolie robe rose. Un rosé de saignée aux jolis arômes de pamplemousse et l'amertume qui va avec. Un soupçon de sucre (3,80g/l), comme autorisé dans les décrets de l'appellation Chinon rosé. Ça gomme l'amertume, retire un peu de peps et c'est dommage. De la séduction, un poil racoleuse. Je l'aurais aimée plus sèche, cette Maja, ou, mieux, complètement nue!

     

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    Place aux rouges, avec les 3 millésimes du Canal des Grandes Pièces, la cuvée de fruit destinée au plaisir immédiat, élevée en cuve ciment. 2009 affiche une robe violine de vin juvénile, sans crise acnéique pour autant. Croquant et charnu, avec un côté "branche verte cassante" d'inspiration toute québecoise. 2008 tire plutôt sur le cassis et les fruits surmûris. Plus serré, mais ses tanins restent toujours frais. 2007, le premier millésime, passerait presque pour du Carignan, avec ses notes de cassis giboyeux. Passée cette réduction animale première, on trouve un vin détendu en bouche, avec une belle personnalité, mais un peu borderline. Comme à ses débuts, qu'il n'a jamais reniés.

     

    Les 5 éléments, une cuvée élaborée avec des raisins issus de 5 parcelles différentes, est particulièrement juteuse en 2008. De la longueur et du croquant. En 2007, elle tient un peu de Bruce Willis dans le film de Luc Besson qui lui a donné son nom. Concentrée et massive, sur la feuille de cassis et le bon végétal (encore la branche verte!), elle reste fraîche dans sa finale. Comme une apparition de Milla Jovovitch dans son costume en bandes molletières.

     

    Les Folies du Noyer Vert bénéficie d'un élevage barrique de 18 mois. Ça lui donne du corps et de la structure. Un peu too much à ce stade, en 2008 (où le boisé ressort encore nettement), comme en 2007 (qui commence à se fondre mais dont la finale reste ferme et un peu rêche). Un vin solide qu'il faut commencer à attendre.

     

     

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    Tout ça nous donne donc au final un vigneron et un domaine assez excitants à suivre, sans en avoir l'R! Vivement dans quelques années, en fait!

     

    Olif

     

    P.S.: le Doc a déjà dégainé depuis longtemps, suscitant un certain nombre de réactions. C'est à lire sur Escapades.

  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, la dégustation


    Compte-rendu de la première session de ces REVEVIN 2010, où le Jura, et plus spécifiquement le Savagnin, se sont retrouvés sous le feu des projecteurs l'espace d'une matinée. Le Jura fut donc le premier invité à monter les marches du patio du Chai Carlina, ce vendredi 14 mai à Saint-Jean de Monts. Son climat aussi, puisque des températures, interprétées comme jurassiques en cette Ascension vendéenne, se sont invitées en dernière minute. Mamert, tu nous fous les glandes. Retourne au Groënland avec Servais, ton pote Inuit. Et, par la même occasion, emmène Pancrace avec toi. Il ne faisait pas -36,7°C le matin, comme à Mouthe dans le Doubs en janvier 1958, mais on y ressentait une fraicheur océanique  non négligeable, à l'origine d'une extériorisation des poils de l'avant-bras des escapadeurs frileux et d'une intériorisation dans le Chai dès le début de soirée. Pas question, toutefois, de ne pas d'enfiler la tenue rituelle lors de ce séjour ascensionnel vendéen: short et sandales. En mai, fais ce qu'il te plaît et déguste les mollets et orteils à l'air.

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    Du savagnin plein les verres. Exclusivement, même. Le regard crispé de certains des  courageux participants pouvait faire croire que l'on s'apprêtait à  tourner un remake de Fear factor, mais la peur laissa progressivement la place à l'ébahissement et au plaisir au bout de quelques verres. Enfin, j'ose le supposer, personne n'avait de revolver sur la tempe. Les vins ont été servis, généralement par deux, dévoilés en plusieurs temps afin d'apporter les précisions nécessaires à la compréhension de chaque série. J'étais le seul à connaitre l'ordre de service et les vins dégustés, évidemment.

     

    Mise en bouche

     

    -      Arbois Traminer 2006 Stéphane Tissot en 2 services, bouché à vis et bouché liège, sur le même millésime : une vision particulière du savagnin, voulue par Stéphane Tissot. Élevage court, en cuve, pour préserver le fruit et les arômes primaires du cépage. Destiné à une consommation rapide, même si une conservation est possible quelques années, il a été bouché à vis depuis 2006, parallèlement au bouchage classique. Le vin bouché liège semble plus fruité et épanoui. Simple et direct, il est plaisant mais un peu alangui en bouche. Le vin à capsule fleure une petite réduction. Légèrement pétrolé, il est tonique et vif, se révélant au contact de l'air. A mon sens, le bouchage à vis s'avère supérieur, en terme de vieillissement sur ce type de vin destiné à être immédiat, préservant mieux la tonicité et la nervosité. L'avis ne fut pas unanime, mais juste majoritaire. Les deux bouteilles ont leur intérêt, mais, dorénavant, il est fort probable que l'intégralité du Traminer soit bouchée à vis. C'est en tout cas ce que souhaite Stéphane.

     

    -      Savagnin du Domaine Macle, prélevé sur fût, destiné à du Château Chalon, en 2 services sur 2 millésimes, 2008 et 2005: deux futurs Château Chalon qui ne le sont encore pas. Ou la perception du basculement vers  un autre monde, celui de l'oxydatif. Ce type de dégustation de deux savagnins en cours de vieillissement est toujours un moment d'exception, à apprécier religieusement. Le 2008 est encore fermé et peu expressif au nez. Le pamplemousse s'éloigne pour laisser apparaître des épices. La structure du vin est déjà en place, en filigrane. 2005 fait voyager dans l'autre dimension. Ça y'est, le voile fait son effet. La noix verte est apparue, le curry également, un petit peu. La bouche est profonde et dense, développant déjà une pointe de gras, avant de se fondre dans une finale immense et persistante. Un grand Château Chalon en perspective.

     

     

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    Savagnins ouillés

     

    Le Païen, cépage valaisan, n'est autre que le savagnin blanc jurassien. Il est classiquement élevé avec ouillage, même si certains tentent des essais de voile dans un but purement expérimental. Dans le Haut Valais, il prend le nom de Heida. Ces deux pirates, qui vont ouvrir le bal de la série des savagnins ouillés, ont été sélectionnées par Laurent « Vins-Confédérés » Probst et ont joué leur rôle à la perfection, ne venant même pas semer le trouble dans l'esprit des Revevineurs.

     

    -      Heida 2008, Collection Chandra Kurt, Cave de Provins, Valais : cette cuvée est vinifiée par Madeleine Gay, l'œnologue-vedette de la cave de Provins-Valais. Nez plutôt floral et discret, bouche simple, sapide et fraîche. Une jolie entrée en matière, tout en délicatesse.

     

    -      Païen 2008, La Cave à Polyte, Valais: nez ouvert, épicé, sur des notes de céleri en branches. Décoiffant! La bouche est vive, développant de l'acidulé qui termine sur une pointe d'amertume. Aromatique particulière (levurage?) et structure pas complètement en place, mais un vin intéressant.

     

    -      Arbois Savagnin 2006 et 2008 (prélevé sur fût), Domaine de l'Octavin : deux cuvées de savagnin ouillé d'un jeune domaine jurassien extrêmement prometteur, à comparer, pour juger des progrès en matière de vinification (entre 2006 et 2008, évolution vers la biodynamie et plus de naturels dans les vins). 2008 possède tension, acidulé et vivacité, mais ne s'exprime encore que très peu dans le verre. L'élevage devrait lui amener de la complexité. 2006 possède du gras et de l'onctuosité, avec une belle minéralité jurassienne sous-jacente, mais manque à peine de nerf en finale.

     

    -      Côtes du Jura Novelin 2006, La Maison de Rose : un joli savagnin ouillé d'un fort sympathique domaine situé à Saint-Lothain, au Sud de Poligny, qui travaille chardonnay et savagnin dans le même esprit de fraîcheur. Ce 2006 est à point, floral avec un zeste d'épices et une pointe de massepain.

     

    -      Côtes du Jura Savagnin Chalasses Marnes bleues 2006, Jean-François Ganevat : une référence dans le landerneau jurassien, en matière de vins ouillés. Le Chardonnay des Chalasses est un must, le Savagnin l'est tout autant, grâce à la présence de ces marnes bleues si caractéristiques et propices au bon développement du savagnin. Une grande cuvée, qui se goûte au top, avec toujours autant d'acidité directrice et de droiture. Un modèle du genre!

     

    -      Côtes du Jura Fleur de Savagnin 2001, Collectif Labet : une cuvée désormais classique de ce domaine, qui est plutôt réputé dans les  sélections parcellaires ouillées de Chardonnay. Le Savagnin a aussi grandement sa place en Sud-Revermont, le terroir s'y prête. La robe est dorée, le nez est complexe, iodé, sur la cire et les épices. Une bouteille à boire, parvenue à maturité, qui garde encore de la fraicheur.

     

    Vieux Savagnins ouillés

     

    -      Côtes du Jura Savagnin 2001 ouillé 6 ans, Collectif Labet : un collector, totalement épuisé au domaine. Le même que précédemment, si ce n'est qu'il a vieilli 6 ans en fût plutôt qu'en bouteille. Le nez est plus miellé, marqué encaustique, avec un séduisant côté "vieux chardonnay". L'attaque est plutôt doucereuse, puis développe de l'amplitude, s'élargit et persiste longuement.

     

    -      Arbois-Pupillin Savagnin 2003, Domaine Overnoy-Houillon : le domaine de référence en matière de vieux savagnins ouillés, sur un millésime très particulier. Où l'on devrait découvrir que la canicule n'a que très peu affecté les sols jurassiens marneux, l'élevage long permettant en outre un affinage de l'alcool. Premier nez champignonneux, faisant craindre une déviance liégeuse. En bouche, noix, épices, et toujours cette petite sensation "liège". La structure du vin me parait altérée, ne ressemblant nullement à la précédente bouteille dégustée. Aurait-il été frappé de savagninite aigüe?

     

    -      Côtes du Jura 1999 Les Vignes de mon père, Jean-François Ganevat : 9 années d'ouillage pour acquérir une complexité digne d'un Jaune. Vive l'élevage long, même s'il est encore légèrement perceptible au nez. La bouche est fraîche, riche, immense, puissante et longue, très épicée. Magnifique!

     

     

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    Savagnins sous voile

     

    -      Côtes du Jura 2007, Clos des Grives : un savagnin classique, élevé sous voile. Vignoble du Sud-Revermont, culture bio certifiée depuis de nombreuses années. D'expression classique, sur la noix verte. Pas immensément complexe, mais agréable.

     

    -      Arbois Soliste 2004, Jean-Marc Brignot : le premier millésime de Jean-Marc Brignot, qui découvrait à la fois ce cépage et le voile. Élevage d'un an en cuve sous voile, sans soufre. Nez oxydatif très fin, gardant du fruit. Bouche fine et élégante, juteuse et fraiche, persistante. Un savagnin oxydatif tout en dentelle. J'adore.

     

     

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    Vins jaunes

     

    -      Arbois Vin Jaune 2003 Les Bruyères  et Arbois Vin Jaune 2003 En Spois, Stéphane Tissot : les premiers Vins Jaunes de terroir, par Stéphane Tissot. Une approche de la finesse du Jaune dans un essai de hiérarchisation et de différenciation des terroirs à oxydatifs. En Spois toujours plus rond et immédiat, Les Bruyères tourbé et fumé, plus large et riche en alcool.

     

    -      Château Chalon 2003, Domaine Macle : le dernier-né de Château Chalon, en avant-première (ou presque) sur la croisette de Saint-Jean. Tout jeune, presque bébé, il est plutôt sphérique, très rond en attaque, avec une relative fraicheur.

     

    -      Arbois Vin Jaune 2000, Michel Gahier : un Jaune d'Arbois dans un style classiquement différent de celui de Château Chalon, mais s'exprimant ici dans un registre plutôt fin. Miel, épices, après une fugace note de croûte de fromage. Long, persistant et très agréable. Il a déjà du répondant et devrait franchir les années sans trop de peine.

     

    -      Arbois vin jaune cuvé 1992, Stéphane Tissot : une version « cuvée » d'un savagnin, dont les raisins ont été laissés à macérer dans le jus comme s'il s'agissait au départ d'un vin rouge, à la façon ancestrale de certains vins italiens (type Radikon). Ensuite, élevage classique sous voile pendant 6 ans. Rien à voir avec un Jaune traditionnel. Avant tout un vin blanc « cuvé », avec cette sensation tannique si particulière ! Et une jolie couleur orangée. Fin et complexe, immensément bon.

     

     

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    Savagnin surmaturé

     

    -      Arbois Solstice 2003, Domaine de la Tournelle, Evelyne et Pascal Clairet : un savagnin ouillé en surmaturation, vinifié en principe en sec. En 2003, il reste 42g de sucre résiduel, du fait de la richesse du millésime. Pourtant, il goûte sec, ayant commencé à manger les sucres qui lui restent. Equilibre entre deux, lié au millésime, pas complètement convaincant.

     

    Savagnins avec sucres résiduels

     

    -      L'école Buissonnière 2008, La Maison de Rose, Vin de Table : vendange tardive de Savagnin à l'équilibre demi-sec plutôt aérien. La robe est très claire, l'acidulé bien développé. Un vin séducteur, de pur plaisir.

     

    -      Arbois-Pupillin 2007 L'ivresse de Noé, Philippe Bornard : vendange tardive de novembre à l'équilibre demi-sec léger, avec une pointe d'acidité.

     

    -      Arbois-Pupillin 1998, Philippe Bornard : une bouteille de derrière les fagots, vendange tardive de savagnin élevée sous voile pendant 8 ans et jamais commercialisée. Un équilibre irréel et improbable, entre sucre et oxydation. Le nez est complexe, sur la croûte de fromage et les raisins de Corinthe. Bouche arrondie par l'alcool, oxydative mais bien en place.

     

    -      Arbois Mélodie 2004, Stéphane Tissot : Savagnin de glace récolté en 2004, au mois de décembre, par -11°C. Une véritable curiosité à découvrir, que j'ai la chance de suivre depuis son berceau. L'évolution est à la hauteur de ce que j'ai pu goûter dans sa jeunesse. On y retrouve de subtiles notes de clou de girofle qui ponctuent un équilibre magique, sur la tension acidulée.

     

    -      SulQ 2002, Jean-François Ganevat, Vin de Table : sélection de Grains Nobles de Savagnin récoltés en décembre 2002. Les millésimes récents ont été réalisés en assemblage avec des vieux cépages oubliés et ne sont donc plus un vin de pur savagnin. Une bouteille collector, un liquoreux ultra-concentré réservé aux gourmands, qui sait préserver son petit coin de fraîcheur. Exceptionnel!

     

    Savagnins avec bulles

     

    -      Ça va bien, Philippe Bornard : pétillant naturel à base de savagnin, des bulles acidulées pour se refaire le palais. Festif, sur des notes de pomme et d'épices, avec un côté très rafraichissant. Ben oui, après ça, ça va bien.

     

     

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    Voilà pour un aperçu volontairement sélectif, mais que j'espère représentatif des potentialités et de la valeur du Savagnin, un cépage à découvrir sans restriction ni modération.

    Un grand merci aux vignerons sollicités, qui ont tous répondu présent avec générosité, ainsi qu'à Laurent Probst, de Vins-confédérés pour sa contribution courageuse autant que désintéressée, et au CIVJ, pour avoir gracieusement fourni toute une documentation à l'intention des participants. Quelques bouteilles proviennent également de ma cave personnelle, soit parce qu'elles étaient épuisées au domaine, soit parce que je n'ai pas eu la possibilité matérielle de passer récupérer auprès des vignerons les échantillons promis.

     

     

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    Crédit photo: Escapades

    Olif

     

  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, préambule

    Lorsque Philippe RAPITEAU, the Pipette man, m'a demandé d'animer la première journée, consacrée au Jura, lors des 7èmes REncontres VEndéennes autour du VIN, à Saint-Jean de Monts, j'ai dit oui. Comme ça, bêtement, sans réfléchir. Mais qu'allions-nous bien pouvoir faire goûter à tous ces Revevineurs vendéens, à part du vin du Jura? L'idée de départ de cette dégustation vient en fait d'une réminiscence d'un ancien article de la revue belge In Vino Veritas, écrit par Marc Vanhellemont et intitulé déjà « Le savagnin dans tous ses états ».  Je lui ai piqué son concept et son titre sans vergogne, mais avec son assentiment. Merci à lui.

     

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    Le savagnin, cépage typiquement jurassien, fait partie des grands incompris. Il n'y a qu'à voir le geste de dédain du soi-disant amateur lorsqu'on lui tend un verre. « Pouah ! » fait-il avec une moue de dédain (« est-ce que j'ai une gueule à aimer la noix ? »). Preuve d'une totale et abyssale méconnaissance du vin et du cépage qui, s'il sert bien à élaborer le Vin jaune, ne possède aucune note variétale de noix ou de curry. Non, le jus du savagnin fleure bon les agrumes, le citron, l'ananas parfois, la mangue. Ses arômes de noix, d'épices, de curry, il les acquiert éventuellement avec l'âge, selon son mode de vinification, avec ou sans ouillage. Sa remarquable structure acide lui permet de rivaliser sans problème avec le chenin angevin ou le riesling alsacien et d'élaborer tous types de vins, du plus sec au plus liquoreux, en passant par le vin de voile ou encore le surmaturé sec.

    Vieux de la vieille dans le Jura, il est pourtant probable qu'il vienne d'ailleurs. Peut-être même bien d'Allemagne, du temps où la Franche-Comté appartenait au grand Empire germanique. Cultivé également à Tramin, au nord de l'Italie, il en a rapporté son nom de « traminer ».

    D'un point de vue ampélographique, il se reconnaît à ses feuilles aux lobes arrondis et à ses grappes petites et compactes aux grains oblongs. Et puis, il y a sa couleur. Ou plutôt ses couleurs, qui correspondent à différentes variétés parfois très proches : blanc, jaune, rose, vert ou gros vert, des variétés totalement martiennes. Le savagnin se complait sur les marnes du Lias, bleues, grises ou blanches, parfois schisteuses (marnes feuilletées). Son rendement maximum oscille entre 30 et 45 hl/ha.

     

     

    Traditionnellement vinifié de manière oxydative, sans ouillage des barriques, il donne naissance au Vin jaune, le fleuron de la viticulture jurassienne. Abhorré ou adulé, ce Vin jaune trouve à Château Chalon son terroir d'exception que certains voudraient élever au rang de Grand cru. Lorsque le voile peine à se développer, et pour répondre à une demande locale très forte sur ces arômes oxydatifs soi-disant typés, le Savagnin finit en bouteille sans parvenir au statut de Jaune. Il donne alors un simple vin blanc, loin d'être inintéressant, pourtant. Faut y goûter !

    Phénomène de mode actuel, mais utilisé par certains de longue date, l'ouillage des pièces de savagnin donne naissance à un vin totalement différent, non dénué de profondeur, qui exprime le fruit du raisin sur une trame profonde et une grande colonne vertébrale acide. L'ouillage long est un élevage particulier qui donne naissance à des vins à la dimension exceptionnelle, dans un registre différent de celui du Vin jaune.

    Cépage tardif à grande acidité, le Savagnin se prête fort bien à la surmaturité et à la vendange tardive, y compris la sélection de grains nobles. La grande concentration lui sied même à merveille.

     

    Toutes ces facettes, et même encore d'autres, ont été découvertes au fil de la dégustation organisée à Saint-Jean de Monts, dans le cadre des REVEVIN 2010. Un panorama volontairement sélectif et limité à une certaine forme d'excellence, en espérant qu'elle ait été au rendez-vous.

     

     

    Vins et commentaires personnels à suivre, mais le grand escapadeur a déjà frappé...

     

    Olif

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Des tulipes plein la tête...

     

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    L'abbaye de Marbach se situe un peu plus au nord que celle de Murbach, au pied du Grand Ballon de Guebwiller. Il est probable que, dans des temps immémoriaux, il en existait une troisième, à Morbach, au pied du Mont de Vénus, avant qu'il ne soit rasé et prenne le nom de Sainte-Odile. L'ancienne abbaye  de Marbach, entre Husseren-les-Châteaux (3 mais en fait 5, finalement "les", comprend qui peut!) et Obermorschwir, s'est transformée, le temps d'un week-end, en temple des vins natures, grâce à l'abnégation de 4 vignerons alsaciens épris de liberté (Jean-Pierre Frick, Christian Binner, Bruno Schueller et Patrick Meyer). Un lieu de méditation où les cierges ont eu tendance à brûler par les deux bouts, surtout après envahissement par une horde de boit-sans-soif avides de naturel. Cette biennale, inaugurée il y a deux ans chez Christian Binner, a vu plus grand cette année, avec le soutien total et indéfectible de l'AVN, l'association qui donne du plaisir là où il y a à boire du bon vin naturel, en se délocalisant dans un lieu vaste et idyllique, perdu au milieu de nulle part, où l'on pouvait entendre s'ouvrir, librement et sans contrainte, aussi bien une douzaine d'huitres de Blainville, élevées en pleine mer par Cyril Hess, que deux douzaines de bouteilles d'Edelzwicker 2009 100% nature de Bruno Schueller.

    Arrivés à l'heure du repas le samedi, c'est à table qu'il fallait se rendre, la majorité des vignerons- exposants ayant déserté leur stand pour la cantine.

     

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    Du blanc avec les huîtres pour débuter, donc, mais aussi du rouge, de manière improvisée. Un verre de Cornas 1999 sans soufre de Thierry Allemand, ça ne se refuse pas. Il fallait juste se trouver au bon endroit, au bon moment. Et tant pis si ça ne s'accorde pas avec les huîtres.

    Une fois rassasiés, c'est le début de l'immersion complète en milieu peu ou pas sulfité. Des vins libres loin d'être tous sauvages, contrairement à bien des idées reçues.

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    Libres, les vins d'Estelle et Cyrille Bongiraud! Qui d'ailleurs a dit que les vins serbes étaient acerbes? Pas ceux de la Fransuska vinaria, en tout cas. Un véritable bain de jouvence et une aventure humaine de tout premier plan, pour ces Bourguignons enthousiastes et communicatifs, volontairement expatriés dans les Balkans, à la recherche d'un vignoble perdu et en quête d'excellence. De par l'originalité des vieux cépages locaux aux noms imprononçables et la qualité d'une belle variante épicée de Gamay, voilà une vraie belle découverte.

    Libres aussi, les vins de la Grapperie, de Renaud Guettier. Majoritairement Chenin ou Aunis du Vendômois. Le flash angevin du début d'année s'est concrétisé en Alsace. Avec un gros coup de cœur pour Adonis 2008, un Côteau du Loir qui ne s'endort pas sur son brin de laurier. 100% Pineau d'Aunis, j'adore Adonis. Pas eu la possibilité d'en emporter quelques échantillons, le vigneron ayant joué les prolongations à la cantine le dimanche après-midi.

    On ne peut plus libérés, les vins du Matin Calme ou encore ceux de Patrick Meyer, encore fatigué de son rôle de serveur la veille, ce qui nous a valu la chance de bénéficier du sourire de Mireille lors de la présentation des vins du domaine. Encore meilleur, je dirais!

    Totalement débridés, les vins d'Alsace de Bruno Schueller, dont un splendide Riesling Pfersigberg 2007 et un remarquable Gewurtztraminer VT qui vous ferait presque adorer le cépage de manière inconditionnelle.

    Complètement free, les Minervois de Jean-Baptiste Sénat, que Charlotte se désespérait de vendre aux mangeurs de choucroute. Changer l'Aude en vin, c'est bien, mais en bière, c'est plus difficile!

    Bien loin de la prison soufrée, les vins de Gilles et Catherine Vergé, aériens, minéraux et digestes. T'inquiètes M'man, continue de lui souffler  à l'oreille son Jean-Marie de fils qui vogue joliment de ses propres ailes en Beaujolais, avec cette cuvée également libérée de toute contrainte soufrée.

    Et puis également tant d'autres, libres comme l'air, à l'image de leurs géniteurs: René Mosse, Evelyne et Pascal Clairet, Emile Hérédia, Philippe Valette, Frédéric Gounand, Dominique Derain, Loïc Roure, Jean-Louis Tribouley...

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    Le soir, c'était la piste à l'étoilé, les jardins de la terre sous chapiteau. Thierry Schwartz, du Bistro des Saveurs d'Obernai, avait concocté un giga menu gastronomique pour 300 couverts, servi efficacement par des occasionnels, bénévoles ou co-organisateurs, drivés à la baguette par la maitresse de maison et de tente pour l'occasion. Avant quelques averses au dessus de la toile, ce sont les vignerons qui ont rincé en dessous, dans une ambiance de Paulée murisaltienne, en plus libérée et plus nature. Les bouteilles ont circulé sur les tables, certaines planquées par dessous, et il fallait jouer du coude pour se procurer un soupçon de Cornas 2006 Chaillots de Thierry Allemand ou une larme de Pfersigberg cuvée H 2001 de Bruno Schueller. Sur l'assiette, l'huitre en deux services, iodée et végétale, épata. La Rouge de Heiligenstein cuite en croûte de sel m'a fait oublier que, d'une manière générale, je n'aime guère la betterave. Le spaghetti de veau se les roulait façon Kebab. Le cake à la carotte fut un régal, trempé dans le caramel au beurre salé. Joli menu, en vérité, véritable prouesse technique à servir à temps pour autant de convives, magnifiquement agrémenté des meilleurs vins qui vont avec.

    Le genre de salon qui vous fait briller les pupilles, reluire les papilles ... et pousser des tulipes plein la tête.

     

     

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    Olif
  • There's no place like Olne!

     

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    Olne, bouteille. Répondant à une sollicitation de Julien Némerlin, Gentil Organisateur et "Wizard of Olne", Mr Olif et Mme "N'importe quoi" Olif ont mis le cap au Nord, plus près du nuage du volcan, mais à une altitude suffisamment basse pour que les voitures ne soient pas empêchées de voler sur l'asphalte des autoroutes belgo-luxembourgeoises. "Olne, sweet Olne", la douceur d'un salon du vin propre dans la Province de Liège. Ultra-raisonné, bio, biodynamique et/ou nature, c'est la crème d'un art vinique qui est convié au 3ème Salon des vignerons d'Olne. Des vignerons fidèles, mais aussi des petits nouveaux, quand il ne s'agit pas de vignerons en exclusivité. Faisant fi des indisponibilités de dernière minute, toutes avec billets d'excuse recevables, même les plus fumeuses venues d'Islande, le salon tint ses promesses.

     

     

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    Question hospitalité, les Liégeois savent recevoir. Oufti! Hébergés et en partie nourris à l'Hostellerie du Postay, Wegnez, à une encâblure d'Olne, le premier soir on s'est demandé "Pourquoi?". Oui , pourquoi le cabillaud, les langoustines, la grenouille, l'agneau, le basilic et le maïs? La réponse est dans l'assiette. La cuisine d'Anthony Delhasse est cogitée, sophistiquée, raffinée, précise et goûteuse. Un régal, avec les vins qui vont avec, généreusement servis par la douce France aux yeux roses, qui n'a ni sa langue dans sa poche, ni le coude ankylosé lorsqu'il s'agit de verser à boire. Surtout quand il s'agit du Moussamoussettes de René Mosse. Des bulles rosées pétillantes de naturel, aussi indispensables et dessoiffantes que la bière Cantillon, lors de ce séjour belge.

     

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    Pour parfaire la mise en condition, il manquait une immersion dans la cuisine typiquement locale. Liège, la Meuse, la montagne de Bueren, les boulets, les frites, la sauce Lapin. Au Café Lequet, l'adresse la plus réputée de la ville pour goûter à l'authentique. Un café à l'ancienne, à la devanture vieillotte, restée dans son jus du siècle dernier. Service ultra rapide. Bienvenue chez les forçats du boulet à la chaine. Aussitôt installés, aussitôt servis. Pas le temps de refroidir ou de saliver. Les grosses frites sont assez exceptionnelles, la Jupiler est assez fraîche, la sauce Lapin un poil assez sucrée. Mais  ça, c'est du boulet! Assez, plutôt, une fois. Oufti!

     

     

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    Après l'escapade liégeoise, il est temps de revenir au Salon des vignerons, l'alibi de notre présence ici. Avec de bien belles rencontres  et retrouvailles à la clé, qu'elles soient vigneronnes, cavistes ou lectrices. Quelques fans qui n'hésitent pas à me reconnaitre et à se faire connaitre,  ça fait plaisir de savoir que le Blog d'Olif est lu jusqu'en Belgique profonde (non, je rigole, je le savais déjà). Et bien sûr, quelques coups de cœur personnels totalement assumés.

     

     

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    La grande découverte, la plus excitante, c'est la rencontre avec la "Lady Chasselas": Mylène Bru, la plus belle-fille d'Olne, wine-cowgirl d'un Far-Ouest si proche de Sète. Premier millésime (2008) et premier salon (Olne). De vieilles vignes de Chasselas égarées sur les terres de Saint-Pargoire, les conseils des maitresses-vigneronnes suisses spécialistes en la matière (dont Marie-Thérèse Chappaz) et voilà le résultat! Lady Chasselas, un vin à la réjouissante minéralité et à la fraicheur languedocienne apte à faire palir la gent helvétique. La cuvée rouge  Far-Ouest est d'une digestibilité hors du commun pour un Languedoc. Tout juste énorme, de délicatesse et de fraicheur.

     

     

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    Juste à ses côtés, Anthony Tortul n'a pas fini sur le dos. Une rencontre réjouissante, pour une gamme éclectique, parfois un peu barrée, mais toujours séduisante. Mention bien au Désordre 2008, un rosé de mourvèdre "invendable" mais au punch irrésistible, à Ô mon Païs 2008, un Sauvignon gris d'Ariège totalement scotchant, au Gaillac rouge Los Compagneros 2008, dont la concentration n'égale que la fraicheur et à Rancio, un liquoreux oxydatif, à l'équilibre improbable mais enjôleur.

     

    Au rayon des découvertes sudistes, il ne faudrait pas oublier de mentionner la souriante et inspirée Aline Hock, de Latour de France, en Roussillon, dont les cuvées 2009 se déclinent pour l'instant en AdrénAline et AlineA. Des vins d'entrée de gamme, simples et francs, qui méritent plus ample connaissance, en attendant les cuvées plus élaborées, toujours en élevage. Aline est coachée par Lucien Salani, du domaine des Balmettes, présent au stand jouxtant le sien, et dont les vins possèdent une forte personnalité. Ce n'est pas le GG de Lulu, un Grenache gris gris particulièrement bluffant, illustré par Lefred-Thouron, qui dira le contraire.

     

     

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    Retour au septentrion pour savourer pleinement le Moulin à Vent 2009 du domaine des Côtes de la Molière et pour le plaisir de surprendre Isabelle Perraud le nez dans le verre. A sa gauche, la voisine Brigitte Roch présente ses superbes Côte Rôtie, dont Les Grandes Places 2007, ainsi que le pétaradant Coteaux du Lyonnais du fiston. À sa droite, chez Jean-Philippe Padié, le vigneron qui Llan-A dans le calcif, même s'il déserte son stand de temps en temps, on pouvait goûter une Milouise 2008 à tomber, très jurassienne dans l'esprit, un Petit Taureau 2007 sévèrement burné et un Ciel Liquide 2006 particulièrement étincelant. Et quelques autres quilles, dont ce LLan-A (qu'il faut prononcer "Y'en a"). Un OVNI du Sud, qui milite fièrement pour un rapprochement roussillano-jurassique.

     

     

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    On ne saurait quitter Olne sans évoquer les autres vignerons qui nous ont régalé à l'occasion du Salon: Charles Dagand, de l'Octavin en Arbois, Noël Dupasquier et ses superbes Roussettes de Savoie, Nicolas Renaud du Clos de Grillons, dans le Gard, dont les vins chantent  toute l'année, Emmanuelle Dupéré et Laurent Barrera, pour leur baptême du feu en mode "salon", Nicolas Mariotti Bindi et ses Patrimonio de toute (île de) beauté, Fred Cossard et ses grands vins de Bourgogne, impressionnants de pureté et de minéralité, notamment les blancs.

    Et encore bien d'autres, impossible de les citer tous et pas eu le temps ni le loisir de tout goûter, parce qu'il a bien fallu faire un peu de tourisme, une fois.

     

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    D'abord du côté de l'Ardenne bleue, pays des cascades et des sources, bleues comme un ciel dégagé sans avion. Sale coup à Coo, où nous nous sommes retrouvés, suite à une erreur d'aiguillage, sur l'aire de stationnement du parc d'attractions Ploopsa Coo. Heureusement, la randonnée entre Roanne et Amblève était gratuite, contrairement au parking. Mais l'affiche représentant la cascade de Coo, très photogénique, valait le détour.

     

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    Puis, du côté de Bruges et de la mer du Nord, où il fallait bien tremper les pieds un jour, après une assiette de moules-frites pour touristes en terrasse. Heureusement une bonne bière Cantillon chez Hans Dusselier de Wijnfolie, à Aalter, a bien lavé tout ça et contribué à une meilleure digestion avant de regagner la Wallonie.

     

     

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    Retour en Province de Liège, donc, pour une ultime soirée, privée celle-là, à l'Hostellerie du Postay. Le cochon ibérique confit à basse température et sous vide, dignement arrosé de magnums d'Anjou rouge de "Monsieur Mosse" et du Cheverny Les Ardilles 2008 d'Hervé Villemade, de grands vins véritablement émouvants, restera l'un des grands moments gastronomiques de ce séjour.

     

    Olne, bouteille, clap de fin, le coffre plein. Un endroit magique où il fera sans doute bon revenir un jour, taquiner la bouteille et le boulet-frites. There's no place like Olne!

     

     

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    "- There's no place like Olne. There's no place like Olne. There's no place like Olne...


    - Wake up, honey!"

     

     

    Olif

  • Come-back dans l'arène...

    On en parlera longtemps dans les chaumières. Le fameux sommelier-caviste arboisien Stéphane Planche a repassé son bel habit de sommelier et l'a repassé à nouveau. Le temps d'un service au non moins fameux restaurant La Chaumière, à Dole du Jura, loin de la Bretagne, et sans accent circonflexe sur le "o". Une belle adresse située dans un immense parc aux portes de la ville, doublée d'un hôtel *** en cours de rénovation, et tenue par Nathalie et Joël Césari, qui ont quitté leur établissement du centre-ville, Les Templiers, pour se sentir plus au large. La cuisine est toujours aussi précise et raffinée, récompensée par un macaron Michelin et qualifiée de "ludique et cool" par le savoureux guide Omnivore, les lunettes du cuisinier sont toujours aussi classe.

     

     

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    Une soirée clé en mains très orientée "nature", évidemment, sans cravate, avec une recherche d'accords entre des mets fins et des vins qui ne le sont pas moins, mais peut-être un peu difficiles d'accès. Le véritable rôle du sommelier? Papillonner et virevolter de table en table, prêcher la bonne parole nature, apporter quelques éléments de compréhension au sujet des vins, essuyer quelques revers chez les réfractaires, s'amuser des fausses-pistes avec ceux qui  s'y croient (et croient avoir trouvé à chaque fois les vins), consoler les déçus qui s'attendaient à une soirée vins du Jura.

     

     

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    Après plusieurs salves de mises en palais, arrosées de Ze Bulle (zéro pointé), version rouge, du domaine de La Tour Grise, un pétillant "système D", regazéifié au gaz de la source, procédé désormais breveté, la soirée peut commencer.

     

     

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    Le maquereau s'est fait traité de thon et il n'a pas moufté. Probablement une mère maquerelle, d'ailleurs. La cuisson basse température rend le filet onctueux et goûteux comme pas permis, le jus de persil et les herbes insolites relèvent bien le tout, le sorbet au chutney rafraichit tout ça. Pour ne pas trop dérouter les fidèles du restaurant, le vin servi en accompagnement est un Rully 1er cru 2007 Les Margotés de Vincent Dureuil-Janthial. Du classique cousu main, bien fait mais sans grande émotion, que je situais dans le Jura à première vue. Tout faux!

     

     

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    Les langoustines snackées à la poudre de champignons sont juste excellentes. Ce qui est déjà plus que très bien. Mais pas hallucinogènes pour autant, malgré la colorée cuvée Vall Pompo 2006 de Bruno Duchêne. On aborde ici l'univers passionnant des vins sans soufre. Le nez, très ouvert sur un mode oxydatif, est intense et plutôt agréable. La bouche est large, arrondie par l'alcool, mais sans déséquilibre.  C'est large, long, acidulé et minéral en finale, c'est bon. On pense à Barral, mais pas assez de volatile (c'est de l'humour!). Pourquoi pas Jura, alors? Il doit forcément y en avoir un! Perdu, c'est Collioure!

     

     

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    L'agneau, excellent au demeurant, est un peu plus difficile à appréhender. Un plat yin et yang, dans lequel l'orange et le lait caillé peinent à trouver leur place, face à la tapenade olive-réglisse et la petite sauce servie à part pour lier le tout. Un contraste superflu, qui n'a pourtant pas embarassé le Rouge de Causse du Petit Domaine de Gimios, frais et tendu, limite un peu austère, m'ayant évoqué, non pas le Jura, mais une syrah du Rhône par ses arômes de tapenade, justement. Pourtant, c'est Tutti frutti.

     

     

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    Avec le damier de carrés de chèvre, carottes et olives gélifiées, l'accord se fait dans l'évidence avec le Sancerre Skeveldra 2007 de Sébastien Riffault. Dur de trouver le sauvignon derrière ces belles notes bien mûres et minérales. Même en évoquant la Loire, on part sur un autre cépage. Le fromage aurait pourtant dû délivrer un indice.

     

     

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    Dessert en deux parties, jouant sur les oppositions. La gelée de pomelos est un délice, même quand on n'est pas fan de pamplemousse, tout comme la tarte fine au chocolat, très fine, très chocolat. Pas tenté le mix des genres, juste la succession des assiettes. Le Sylvaner Moelleux 2003 de Jean-Pierre Frick a bien officié tout du long. Minéralité marquée, sucrosité modérée, acidité équilibrée. Une VT qui ne peut être revendiquée, pour cause de cépage reconnu insuffisamment noble. Un vin que j'ai situé évidemment en Alsace, plus particulièrement chez Frick, mais en penchant pour un riesling. Sacré roturier, va!

     

     

    Ave Cesari, nourrituri te salutant!

     

     

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    Oui, merci Joël Cesari, de nous avoir si bien nourri, et merci Stéphane Planche de nous avoir si bien abreuvé. Les soirées thématiques à La Chaumière, c'est très souvent et régulièrement, généralement en présence d'un vigneron-invité. Le 30 avril, ils seront deux: Fanfan Ganevat et Bruno Schueller. Ça va dépoter dans La Chaumière!

     

     

    La Chaumière

    346, av. du Mal Juin
    39100 DOLE - FRANCE
    Tél+33(0)384707240 - Fax+33(0)384792560

     

     

    Olif