Percée 2008: tapis blanc, ciel bleu et vin jaune
Blanc bleu jaune! Cocktail coloré et gagnant pour cette 12ème édition de la percée du Vin jaune qui se déroulait cette année dans le Sud-Revermont. Vincelles et Sainte-Agnès ont mis les petits plats dans les grands pour accueillir une foule de 45000 visiteurs sur deux jours. La neige tombée dans la nuit a vite fondu, non sans avoir suscité quelque inquiétude du côté de l'organisation. Exit le tapis blanc, place au ciel bleu et au vin jaune.
12000 personnes dans les rues de Sainte-Agnès et Vincelles le samedi après-midi, voilà qui n'a pas dû arriver depuis belle lurette. Ambiance bon enfant, festive et conviviale. Certains n'hésitent pas à pousser la chansonnette à boire et taper l'incruste dans les caveaux, les rendant parfois difficiles d'accès, mais c'est la règle du jeu. Car la Percée est avant tout une grande fête populaire, un véritable hymne aux vins du Jura, à travers son plus noble représentant.
Histoire de bien commencer l'après-midi et se faire la bouche, avant de rendre visite à quelques vignerons, grande dégustation du clavelinage ... 2007, avec quelques jolies bouteilles issues des millésimes 99 et 2000, principalement:
- Château Chalon 1999, Denis Chevassu: très fin, ample, long, élégant, un très beau vin.
- Arbois Jacques Tissot 1999: nez étheré marqué, qui claque. Un Arbois, c'est sûr! En bouche de la puissance et une acidité marquée, longue et persistante. Un vin marquant, qui manque un peu de finesse à mon goût, mais c'est un style revendiqué.
-Côtes du Jura 1999, Domaine Pêcheur: nez plutôt discret et réservé, bouche un peu rustique, acidité marquée persistante.
- Côtes du Jura 1999, G. Quillot: premier nez sur la poire plutôt engageant. En bouche l'attaque est fruitée mais rapidement, le vin devient un peu raide et plutôt strict. Longueur moyenne.
- L'Etoile 1999, Château L'Etoile: bouche ronde, un peu simple et monolithique, jolie rétro sur les épices et la morille.
- Château Chalon 1998, Fruitière de Voiteur: nez sur la noix, bouche simple et courte, manquant de complexité.
- L'Etoile 1999, Château de Quintigny: progressif, puissant et long.
- Château Chalon 1999, Philippe Butin: intense, long, élancé, puissant, très beau.
- Arbois 1997, Raphael Fumey et Adeline Chatelain: nez sur les épices, du fruit et de la longueur, finale acidulée.
- Château Chalon 2000, Philippe Butin: sur la noix, les épices et le curry, ce qu'on attend d'un jaune, finalement. Puissance et longueur, bel équilibre malgré une finale un peu chaude.
- Côtes du Jura 2000, Domaine Pignier: fin, long et élégant, un style racé et un très beau Jaune.
- Arbois 2000, Fruitière Viticole d'Arbois: fruité, rond, aimable, d'un plaisir immédiat, avec une longueur confortable.
- Arbois-Pupillin 1999, Fruitière viticole de Pupillin: simple et un peu court.
- L'Etoile 1999, Philippe Vandelle: fruité, puissant et long.
- Côtes du Jura 2000, Cie des Grands Vins de Crançot: nez étheré, un peu bizarre, végétal, sur le chou. Bouche déséquilibrée mais flagorneuse, avec de la sucrosité.
- Côtes du Jura 2000, Domaine Grand: nez fin, sur la morille. bouche droite et nette, finale un peu fuyante.
- Côtes du Jura 2000, Caveau des Byards: joli fruit, affable, presque doucereux en attaque. Longueur et finesse avec une belle rétro sur les épices en finale.
Poursuite de la dégustation en plein air, dans les caveaux, avec un recentrage exclusif sur les Jaunes, non clavelinés mais loin d'être déméritants, au contraire, tel le Château Chalon 2000 du domaine Macle, d'une précision et d'une finesse sans égal. Les stands de Montbourgeau et Labet étant inaccessibles, repli tout en haut du village de Vincelles pour tailler une bavette avec Dominique Grand, de la Maison de Rose, et goûter à son confidentiel Côtes du Jura Vin jaune 2000, caché sous le comptoir, bien bâti mais encore jeune!
Et c'est là que soudainement, pour la deuxième fois de ma vie, un inconnu s'est précipité vers moi et m'a offert des fleurs...non... m'a demandé en mariage... non plus ... m'a demandé si ce n'était pas moi l'Olif qui écrivait "un blog super bien" (sic) sur les vins, du Jura en particulier. J'ai rougi, regardé par terre, tracé un rond sur le macadam avec la pointe de mon soulier et marmonné d'une voix basse un petit : "oui". Eh bien, sache, ami normand amateur de Jura et lecteur régulier de ce blog, que cela m'a fait chaud au coeur et que je te dédie ce billet.
L'heure tourne, on poursuit la dégustation au petit trot, avec un Arbois jaune 2000, du côté de chez Martin-Faudot, après une toute nouvelle cuvée de Savagnin ouillé 2004 dont l'élevage mérite de se fondre un peu.
Et puis une superbe découverte avec les vins du domaine Opus Vinum. Alice Bouvot et Charles Dagant, les nouveaux Mozarts arboisiens, ont créé leur domaine en 2005 avec la volonté de faire bon et bio. Déjà 1 ha en bio sur le beau et célèbre terroir de la Mailloche et 4 autres en conversion, sur les magnifiques terroirs de Curon et des Corvées sous Curon, entre autres. 66% de cépages rouges contre 34% de blanc, ce qui n'est pas banal dans la région. Des beaux rouges fruités, croquants, charnus et de jolis chardonnays qui se goûtent déjà fort bien (dont deux cuvées de Mailloche, l'une ouillée et l'autre sous "léger" voile). Dégustation allegro, puis accelerando, juste avant la fermeture des caveaux. Il faudra prendre le temps de passer au domaine et goûter plus tranquillement toutes ces cuvées qui tirent leurs noms de différents opéras de Mozart. Leurs états d'âme sont à suivre sur leur blog ABCD.
Dernière visite, consacrée à Peggy Buronfosse, une des "régionales" de l'étape, la Combe de Rotalier ne se trouvant qu'à une caudalie de Vincelles. Rien eu le temps de goûter, ce sera pour une prochaine fois, mais l'ambiance autour de son caveau était des plus enjouées et sympathiques.
18 heures, on ferme. Rideau! Ce n'est que le lendemain matin que le fût de 2001 sera mis en perce.
Olif
P.S.: sous la plume d'un certain Jest (mais qui est-ce donc?), la vénérable Tribune de Genève s'est fendue vendredi dernier d'un vibrant hommage au Vin Jaune. D'ailleurs, j'en vibre encore.