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En léger différé du vignoble! - Page 16

  • Frédéric Magnien, le négoce bourguignon nouvelle génération

    Date: le 22/06/2004 à 14:36

    Comme nous nous trouvions à Morey-Saint-Denis en ce samedi 19 juin pour visiter le Clos de Tart et qu'il fallait meubler la deuxième partie de l'après-midi, DidierT nous avait sélectionné un certain nombre de domaines susceptibles de nous recevoir, tâche peu aisée en Bourgogne un samedi à cette heure-là ! Le seul à avoir répondu dans l'affirmative fut Frédéric Magnien, un jeune négociant qui monte et qui a eu les faveurs du guide Hachette 2004 (même si ça ne veut rien dire!) et surtout de Bourgogne Aujourd'hui, la nouvelle référence en matière de vins de Bourgogne, il n'y a qu'à regarder les noms des membres du comité de dégustation pour en être convaincu!

    L'intérêt résidait également dans une gamme très étendue, couvrant quasiment toute la Côte de Nuits et même encore bien plus.

    Accueil poli et courtois, mais sans effusions. Nous prenons rapidement place autour de la table située dans le caveau, joliment agrémenté de fûts dont la façade a été hémi-découpée pour pouvoir entreposer des bouteilles. Une sorte de double vieillissement en fût du vin déjà en bouteille! Que voulons-nous goûter? Et bien! Millésime 2001? Chambolle? Allons-y!

    Tout en recherchant différentes bouteilles pour la dégustation, rangées de façon éparse dans le caveau, il nous expose sa conception du vin, qui est celle du vinificateur et du négociant, à savoir que, puisqu'il faut ramasser du bon raisin pour faire du bon vin, il fait pour cela confiance à des gens triés sur le volet, mais que le travail à la vigne ne l'intéresse pas. Son job, c'est la cave! Ce qui ne l'empêche pas d'être dirigiste avec "ses" viticulteurs, leur imposant de faire comme lui le souhaite, n'hésitant même pas à conduire lui-même une équipe pour faire les vendanges en vert si cela n'a pas été fait! Une exigence de qualité qui finalement colle bien avec la tendance actuelle qui dit que le vin s'élabore déjà à la vigne, même s'il préfère que ce soit les autres qui s'impliquent. En matière de vinification, finalement, il est probablement moins interventionniste que sa conception du vin le laisserait supposer, utilisant avec parcimonie et à bon escient le bois neuf, et, surtout, essayant de respecter les terroirs et l'image qu'il se fait des vins de Bourgogne. A noter qu'il vinifie également pour le compte de son père, Michel Magnien, dont les vins sont commercialisés sous cette étiquette, et que lors de la passation définitive de pouvoirs, d'ici quelques années, il conservera les deux étiquettes, domaine et négoce.

    Les notes de dégustation qui suivent sont les miennes, à moi tout seul, et sont loin de refléter l'avis général qui était beaucoup moins enthousiaste, ce qui n'est déjà pas peu dire! Et comme un certain JMP, j'en suis encore à me dire au sujet de ces avis totalement divergents: « Comprend pas! ». C'est pour cette raison que j'inscrirai entre parenthèses, ce que je n'aime guère faire habituellement, les notes du Guide Hachette 2004 afin, non pas de vous faire croire que je m'estime tout à fait digne de faire partie du Jury de cette noble institution mais pour que vous ne pensiez pas que je sois le seul à avoir le palais autant déformé par les vins acides bourguignons!

    Chambolle-Musigny VV 2001
    Un vin sur le fruit et la fraîcheur, d'une simplicité friande et gouleyante.
    (cité dans le guide Hachette 2004)

    Chambolle-Musigny 1er cru 2001
    Assemblage de 8 ou 9 climats en 1er cru, évidemment il n'en revendique aucun, les Beaux-Bruns étant majoritaires, je crois. Le boisé est encore légèrement perceptible au nez, la texture du vin un peu plus serrée, fine néanmoins et mérite de se fondre un peu. On sent un peu mieux la complexité.

    Chambolle-Musigny 1er cru Les Charmes 2001
    Le nez s'ouvre sur des notes fruitées, florales (pivoine). Les tanins sont ronds, déjà charmeurs, développant un beau volume, la matière est plus enveloppante. Un Charmes charmeur, à attendre quand même.
    (1* dans le GH 2004, « richesse et puissance au coude à  coude »)

    Morey-Saint-Denis 1er cru Les Ruchots 2001
    Une parcelle située en bas du Clos de Tart, qui n'en revendique néanmoins pas la complexité. Par contre, question typicité, on se régale! Les tannins sont bien présents, légèrement rustiques mais loin d'être désagréables. à‡a pinote et ça terroite joliment sur des notes fruitées légèrement terreuses.
    (2*, CC GH 2004, « matière aimable et généreuse, offrant une jolie rondeur, charpente et soutien tannique, on reste dans l'esprit de l'appellation »)

    Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Saint-Georges 2001
    Pas moyen de le confondre avec les précédents! Une petite réduction au nez, lui donnant un côté animal plaisant, s'estompe rapidement. Les tanins sont rugueux, sérieux, mais le vin est très minéral, long et persistant. Jolie mâche finale qui tapisse bien les gencives, augurant d'une bonne garde.
    (3*, CC GH 2004, « vin remarquablement vinifié qui semble traduire un travail sérieux à la parcelle. Concentration et rondeur! Bonne note de terroir! On ne fait guère mieux. »)

    Gevrey-Chambertin 1er cru La Perrière 2001
    Pas de doute, on change encore de terroir et d'expression du pinot noir, ne permettant pas de confondre celui-là avec les précédents. Note fruitée de pinot, un peu terreux et animal, cuir et musc, minéralité affirmée. Ce n'est pas un grand séducteur mais je pense qu'il saura convaincre dans le temps.
    (2* GH 2004, « riche, complet, équilibré, il pinote agréablement et tient son boisé en laisse »)

    Chambertin Clos de Bèze 2001
    La matière s'étoffe, la structure se densifie, le volume monte d'un cran. Longue persistance et grain plutôt fin font de cette bouteille un Grand cru à attendre patiemment. Pas le degré de finesse d'un Clos de Tart, par exemple, mais c'est bon et bien fait.
    (2* GH 2004, « Ce Clos de Bèze éblouissant exprime tous les élans du pinot noir en Côte de Nuits! Merveilleux vin, racé, typé et d'un avenir insondable »)

    Je ne reviendrai pas sur les différences d'appréciation de cette dégustation, je soulignerai juste une nouvelle fois que le millésime 2001 est un millésime injustement méprisé, vraisemblablement de belle garde, mais il ne faut pas trop le dire, sinon les gens vont se l'arracher et les prix vont monter!

    Olif

  • Jérôme Giroud, parce qu'il le Valais bien aussi !

    Date: le 25/06/2004 à 22:36

     

    La cave du Potier, à Chamoson ! C'est le nom officiel sous lequel sont commercialisés les vins de Jérôme Giroud. Peut-être nous l'a t'il déjà expliqué, mais je ne me souviens pas de l'origine de ce nom ! Ce qui est certain, c'est que le potier s'y connaît en matière de vin et de vinification. Un vrai coup de pot! Passage en revue de sa production au pas de charge, non pas pour cause de limitation de temps, mais parce qu'il y a un certain nombre de vins à déguster et que Jérôme Giroud est un pro question efficacité!

    Fendant Pierre de Soleil 2003
    Fruité et minéral, un peu crayeux, avec une toute petite pointe de gaz qui a été rajoutée à  la mise. Un fendant de soif !

    Johannisberg 2003
    Vif, tranchant et minéral, c'est un vin qui me plaît bien mais sur lequel j'ai du mal à m'enthousiasmer autant que les spécialistes du cépage. Le fait qu'il n'ait pas fait sa malo lui donne probablement un style particulier mais je n'arrive pas à le cerner. Comme qu'il en soit, c'est bon et bien fait !

    Chardonnay 2003
    Un chardonnay qui « beurre un petit peu », plutôt minéral, à l'attaque tranchante mais à la finale un peu molle. Belle vivacité tout de même pour un chardonnay valaisan, même si je ne suis toujours pas convaincu par la place de ce cépage ici.

    Pinot blanc 2003
    Dans le même registre, un vin d'un terroir identique au précédent, qui s'exprime beaucoup mieux, vif et frais.

    Petite Arvine 2003
    Une très belle Petite Arvine, presque un modèle, sur les agrumes, à la belle minéralité incisive, avec une finale saline archétypique sur de beaux amers.

    Humagne Blanche 2002 barrique
    15 mois de barrique qui apportent du gras et de la complexité sans pour autant masquer la fraîcheur. Un vin très pur que j'ai eu envie de regoûter ce soir. Le côté boisé ressort un peu plus ce soir, dans un contexte différent, mais ne retire rien à la qualité du vin. J'aime beaucoup et ne regrette pas mon achat!

    Opale 2002 barrique
    Un assemblage original Petite Arvine (40%) et Humagne blanche (60%). Un équilibre quasi-parfait, d'une droiture exemplaire et d'une définition précise. Un mariage heureux, qui voit juste revenir la salinité de la Petite Arvine en finale, comme si elle voulait avoir le dernier mot!

    Muscat 2003
    Ils ne sont pas beaucoup à croire en ce cépage en Valais! Et pourtant! Celui-ci possède une belle matière bien mûre, sans le caractère parfois lourdaud inhérent au cépage. Le vin idéal pour les asperges valaisannes, mais il faudra attendre l'année prochaine!

    Jéromo 2001
    Rosé de pressée, moitié Pinot noir, moitié Gamay, complété avec 10% de Gamaret. Nez de caramel au lait, assez vineux, très agréable.

    Gamay VV 2003
    Un beau Gamay, poivré, épicé, fruité, à  la jolie matière.

    Pinot Noir 2003
    Un cépage que j'ai en principe du mal à apprécier dans ces contrées. Et pourtant, ce joli fruit, ces notes de myrtilles, de fruits des bois, ces notes épicées, ces tanins imposants et ce volume m'ont conquis ce jour-là ! J'en ai pris 2 bouteilles pour le regoûter dans un contexte différent.

    Concerto 2003
    Un genre de « Dole améliorée », constitué d'un assemblage des 10 cépages rouges cultivés au domaine. Un rouge costaud, plutôt bien équilibré, avec une belle grosse mâche finale!

    Gamaret-Garanoir 2003
    Un assemblage helvétique typique, qui donne un vin à la robe sombre, au fruité croquant (petits fruits noirs), avec une solide mâche en finale mais une structure droite. Un vrai vin de copains, franc et sincère, qu'on a envie de boire autour de quelques cochonnailles.

    Humagne rouge 2003
    Une petite boule de fruits confiturés, eau de vie de griotte, amande amère, ce qui sied bien à l'assise tannique plutôt lâche de l'Humagne. Un beau vin ne reniant pas ses origines.

    Syrah 2003
    Vin de cuve au fruité poivré caractéristique, avec un beau volume.

    Onyx 2002
    Assemblage barrique de plusieurs cépages, un vin à la couleur sombre, concentré, poivré, à la matière imposante mais aux tanins enrobés, sur une petite note florale de violette. Très beau!

    Syrah barrique 2002
    Un boisé très léger, bien dosé, pour un vin floral et fruité, représentatif d'une belle syrah valaisanne. J'avais préféré la Syrah 2002 à la Syrah Barrique 2001, je préfère cette cuvée barrique 2002 à la version cuve 2003!

    Merlot 2002 barrique
    Boisé imperceptible, fruits noirs, matière concentrée, gros volume, un merlot qui ne s'en laisse pas conter! Le Merlot 2001 du Tessin goûté en parallèle, très maigrelet, permet de mieux apprécier la qualité de la sélection de Jérôme et la potentialité du terroir valaisan pour ce cépage.

    Malvoisie flétrie 2002
    Les raisins ont été passerillés sur plateaux. Notes d'agrumes confits, de truffe blanche. Un équilibre aérien et une magnifique acidité pour une nouvelle perle valaisanne.

    Muscat muté « Bien égal» 2000
    4 ans de barrique, 16°. Une originalité folle! Nez de truffe blanche, curieusement pas très marqué muscat. C'est pourtant lui que l'on retrouve en bouche, au sein d'une matière bien riche qui voit ressortir l'alcool en finale.

    Merlot 2000 barrique
    La botte secrète et la bouteille « cadeau » de Jérôme, qu'il est allé chercher pour accompagner la délicieuse viande séchée valaisanne et le fromage des montagnes. Fin de la dégustation, début de la restauration! Les vignes avaient 11 ans d'âge à l'époque. Les tanins sont très soyeux, peut-être un peu amers en finale, mais c'est un merlot de grande concentration, développant un beau volume en bouche. « C'est grand! », lâche Jérôme, plutôt un modeste, mais conscient de sa belle réussite et de son beau travail.

    Difficile de rester indifférent devant un tel personnage, un peu bourru et peu prolixe, mais dont les vins parlent à  merveille!

    Chamoson, c'est dans le Valais, le terroir y est grand et beaucoup de vignerons, dont Jérôme Giroud, savent se montrer à la hauteur!

    Olif


  • M.-T. Chappaz, parce que je le Valais bien!

    Date: le 23/06/2004 à 12:11

    Un petit titre tiré par les cheveux, pour ne pas décevoir mes (nombreux ?) admirateurs! grinning smiley
    Parce que finalement, je ne sais pas si je le mérite, d'avoir dégusté à 2 reprises en moins d'un mois toute la gamme de Marie-Thérèse et de faire l'intégrale (ou presque) chez Jérôme Giroud ! Ce qui est sûr, c'est que je ne m'en lasse pas!

    Rendez-vous désormais habituel à 13 heures 30 à l'Oenothèque de Leytron où m'attendent Yves, Anthony père & fils ainsi que Paski55. Enfin ! Quand je dis « m'attendent », je voulais dire « s'apprêtaient à partir » car comme j'arrive à 13 heures 50, nous risquions d'être en retard au premier rendez-vous chez Marie-Thérèse Chappaz à Fully.
    Nous sommes à peine installés sous la très agréable tonnelle de Marie-Thérèse au milieu des vignes, que la voici qui vient nous saluer en nous disant qu'elle va se joindre à nous dès qu'elle aura réglé un petit truc en cours. Evocation rapide de la belle dégustation de Saint-Jean de Monts, "Vous avez été gentils trop gentils avec moi dans vos commentaires!", mais non, Marie-Thérèse, c'était sincère!
    On attaque donc sans elle la série des blancs :

    Fendant Mon Puîné 2003
    Très mûr, fruité, il sait garder suffisamment de minéralité et de vivacité pour être un beau fendant de mise en bouche.

    Fendant de Martigny Les Bans 2003
    Un fendant issu d'un terroir calcaire, donc plus minéral que le précédent malgré des notes fruitées de fleur de vigne prononcées. La structure est plus profonde, avec présence en finale d'amers sur une toute petite note saline. Ce n'est pas un fendant de soif, il mérite probablement une petite attente en cave.

    Fendant Président Troillet 2003
    Entre les deux précédents, on va dire ! Très frais, développant de jolies notes d'agrumes, il est néanmoins minéral et vif.

    Grain Blanc 2003, Petite Arvine
    Très mûr, sur les agrumes, la rhubarbe, la touche boisée saute au nez de Paski qui ne supporte pas le bois sur l'arvine ! La structure est riche et onctueuse avec un petit sucre résiduel qui donne une petite sensation de mollesse. L'amertume saline en finale est assez typique. Personnellement, je suis plus gêné par le résiduel que par la note boisée. Cette Petite Arvine ne possède pas le caractère aussi pur que la même en 2002.

    Grain d'Or 2002, Ermitage
    Nez intense, plein, séducteur, fruité (truffe blanche, olive verte, fraise et framboise). Structure caressante, pure, qui ne demande qu'à s'épanouir. Un vin magnifique qui ne fait que confirmer l'excellente impression déjà perçue lors des LPViades.

    Rosé Rhodonite 2003
    Un rosé à base de pinot noir et de gamay, aux jolies senteurs de crème brûlée et de caramel sur fond de petits fruits rouges. Légère amertume finale qui trouble à peine la vivacité. Sympa !

    Dole Ma Puînée 2003
    Commercialisée en « pot » de 50 cl, une Dole typique, franche et gouleyante, sur les petits fruits noirs réglissés.

    Dole La Liaudisaz 2003
    48% Gamay, 50% Pinot noir, 2% Diolinoir.
    Couleur soutenue, nez de fruits rouges et noirs, fraise et rhubarbe, structure tannique bien charpentée. Une bien belle Dole !

    Grain Pinot les Esserts 2003
    Une vigne située sur la rive gauche du Rhône qui convient bien au cépage. Un vin fruité, avec de beaux tanins, une finale fraîche et longue.

    Humagne rouge 2003
    Une production confidentielle dans ce millésime. La robe est d'un beau rouge rubis clair, lumineuse. Le nez est charmeur, sur les fruits rouges, et la bouche d'une légèreté gourmande. A peine d'amertume en finale qui ne me dérange pas vraiment. Un très beau spécimen de ce cépage valaisan typique !

    Grain Noir 2002
    Assemblage Cabernet Sauvignon, Cabernet Franc ( ?, tout d'un coup, je doute ! Les connaisseurs rectifieront si besoin !) et Merlot. Bien typé cabernet, sur le poivron bien mûr, la groseille à maquereau, la myrtille, avec une rondeur confiturée sur une assise tannique cossue, mais une grande fraîcheur malgré la richesse. Magnifique !

    Malvoisie 2001
    Avec ce vin-là , on attaque une série resplendissante de ce que Marie-Thérèse magnifie comme personne (encore que, la concurrence est stimulante !), les liquoreux. La robe est dorée, éclatante. Le nez et la bouche sont d'une richesse époustouflante : miel, pomme cuite, cannelle, papaye. La finale se fait sur des notes minérales de mine de crayon. La grande acidité du cépage s'équilibre majestueusement avec le gras du vin, apporté par l'élevage, le portant loin, si loin, haut, si haut! Un nectar des Dieux ! A tomber à la renverse !

    Grain Noble Petite Arvine 2000
    Ouverte par erreur à la place d'une 2001, nous ne refusons pas de goûter, gourmands que nous sommes ! Robe jaune flashy, brillante pour ne pas dire éclatante. Nez confit sur les agrumes, dans lequel on sent nettement le botritys. La texture est ample, grasse, riche et superbe. Et toujours ce merveilleux rôti qui en remontrerait à bien des Sauternes ! I love Petite Arvine !

    Grain Noble Petite Arvine 2001
    Malgré l'erreur précédente, nous avons quand même droit à la bouteille initialement prévue. Marie-Thérèse nous gâte trop, décidément ! Un style résolument différent, car pas de botritys, cette fois-ci, ce qui rend la comparaison entre les deux millésimes encore plus intéressante. Nez très frais, mentholé, sur les agrumes acidulés, le citron vert. L'attaque est un peu massive et la finale très acidulée, accentuant le côté pour l'instant dissocié de ce vin. Gros potentiel mais à attendre.

    Grain Noble Marsanne 2001
    La star des LPViades de Saint-Jean de Monts répond encore présent sur ses terres ! La robe est magnifique, le nez d'une richesse incroyable. Truffe blanche (encore légère), abricot font de la bouche une confiserie à la liqueur magnifique du fait d'une très belle acidité, moins marquée que sur l'arvine néanmoins. On ne s'en lasse pas !

     

    Sur sa lancée, Marie-Thérèse nous aurait volontiers emmenés goûter les 2003 au fût, ce que nous avons dû malheureusement décliner pour cause de rendez-vous avec un autre grand bonhomme de la viticulture valaisanne. La prochaine fois, c'est promis, on essaiera de prendre tout notre temps, impossible de décliner une telle invitation plusieurs fois !

    Olif

  • Christophe Abbet, l'académicien du Naturel et du Non-Conformisme !

     

    Date: le 14/04/2004 à 12:22

    Figure marginale du paysage viticole valaisan, Christophe Abbet conçoit des vins à son image, sortant des canons habituels de l'appellation, pas nécessairement tous expérimentaux, pourtant! Mais toujours à l'écoute du raisin, de la vigne à la cave, il se plie et s'adapte aux caprices de celui-ci pour produire des vins hors du commun. Le Valais au naturel, débarrassé de son académisme !

    Artiste dans tous les sens du terme, il élabore lui-même, souvent à la main, ses étiquettes et baptise ses vins de noms originaux, d'après ce qu'ils lui évoquent.
    Un personnage très attachant et humble, à l'écoute de toutes les remarques et critiques au sujet de ses vins, prêt à se remettre en question sans cesse, voire à élaborer des cuvées spéciales pour satisfaire les goûts de certains de ses clients.

    Rendez-vous donc au coeur de Martigny-Bourg, au caveau de dégustation de Christophe, en compagnie d'Yves Z.. Nous allons goûter quasiment toute la gamme actuelle et je dois reconnaître que tous les vins dégustés m'ont emballé !

    Chardonnay 2000 barrique

    Très beau nez élégant et floral, finement grillé. Gras et onctueux, avec ce qu'il faut de vivacité, un chardonnay comme je n'en ai encore jamais bu en Valais ! Son vin certainement le plus « académique », d'un classicisme bourguignon (les barriques proviennent de chez Denis Mortet), mais réellement magnifique. A signaler qu'une partie de l'assemblage n'a pas effectué sa malo.

    Gamay de Fully VV 2002

    Nez très fruité, bien mûr, avec une pointe de réglisse et quelques notes florales. Amplitude et volume en bouche. Très peu soufré, un vin qui s'exprime sur le fruit et la fraîcheur. Superbe !

    Aparté 2002

    Le même, version sans soufre. Grosse matière confiturée, fruits noirs et rouges mêlés, une bombe fruitée nature ! Je ne saurais dire lequel je préfère des deux !

    Syrah 2001 barrique

    Encore un fruité énorme, avec peut-être un peu plus de lourdeur que dans le Gamay, et une note particulière, évoquant l'amande amère. De fait, petite amertume en finale, dans une mâche énorme mais voluptueuse. Une syrah tout fruit, au volume imposant. Un vin rêvé par Christophe ?

    L'air du temps 1999

    Assemblage de marsanne, petite arvine et pinot blanc. Nez très mûr, presque surmaturé, qui distille un caractère finement oxydatif pouvant évoquer les belles cuvées jurassiennes de Camille Loye. La bouche est sèche et pourtant un peu confite. Un vin dans l'air du temps, sur le fil, un vrai funambule !
    Par rapport au millésime 1998, un peu moins déroutant du fait d'un degré alcoolique moins important ( 14,5° versus 17°).

    A propos d'îles 2000

    Tea time ! Petite arvine dominante, cette cuvée botrytisée précocément, initialement destinée à devenir de l'Ambre, a refermenté en barrique. Ce qui a contribué à faire baisser son taux de sucre résiduel, stabilisé autour de 80g/l, et lui a procuré une immense fraîcheur. Son côté exotique, à l'origine de son nom, s'est un peu estompé pour s'exprimer sur des notes prononcées de thé à la bergamote et de pommes au four. Craquant !

    A propos d'ailes 2000

    Nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises ! Un vin rouge au nez finement chocolaté (chocolat suisse, évidemment !) et des arômes confits à la manière d'un vieux Porto. Il s'agit d'un Gamay passerillé sur pied précocément, du fait d'un accident climatique cette année-là . Un vin solaire, méditerranéen, aérien (les ailes, c'est pour cela), « un Gamay élevé au rang de spécialité » ! C'est cela, être un artiste, s'adapter aux conditions les plus extrêmes et produire des chefs d'oeuvre inattendus ! Après un vin comme cela, plus rien ne peut m'étonner venant de Christophe ! Et pourtant !

    Nous allons ensuite descendre dans la magnifique cave voûtée située sous le caveau de dégustation pour atteindre de nouveaux sommets gustatifs et approcher les secrets de l'élaboration d'un désormais fameux liquoreux.

    Ambre 2001

    Dégustation au fût de deux barriques différentes, l'une légèrement plus boisée que l'autre, avec un peu moins de fraîcheur. Le vin issu de la première, gras, riche, onctueux, nourri par le bois sans que les arômes de celui-ci ne l'imprègnent, donne déjà une petite idée de ce que sera l'Ambre de cette année-là. Magique!

    Ambre 2002

    Prélevée également au fût, la robe est encore trouble. Un véritable sirop de miel, à la texture filante, et un léger boisé perceptible en attaque.

    Ambre 1999

    Un échantillon en bouteille, la mise ne va peut-être plus tarder. Un registre oxydatif qui n'est pas sans rappeler PMG 99 (eh ! oui ! encore le Jura !). Une grosse liqueur de coings avec une sensation minérale de graphite (mine de crayon) en milieu de bouche. 250g de sucre résiduel ! Un vin énorme et hors normes. Je fonds complètement !

    Christophe Abbet? Peut-être pas un mythe (ce qui évitera à certains de vouloir le déboulonner ), mais certainement un artiste-vigneron, voire un vigneron-artiste (ou les deux à la fois), original et talentueux !

     

    Olif

     

  • Un prénom pour le futur !

    Date: le 12/12/2003 à 17:59

    C'est presque un faire part de naissance, même si l'accouchement n'a pas encore eu lieu !

    Retenez son prénom, il s'appelle Alexandre, Alex pour les intimes ! Tout jeune vigneron, à  l'état encore embryonnaire !
    Apprenant son métier chez Lucien « Bacchus » Aviet, il s'est lancé dans le grand bain en ne choisissant pas la facilité : il a fait l'acquisition d'une vigne sur un des plus beaux terroirs de Pupillin, la côte de Feule. Un des plus beaux mais aussi un des plus difficiles et des plus exigeants, bien sûr, car extrêmement pentu et de surcroît coupé en deux par une ravine large et profonde, témoignant de la friabilité du sol et à l'origine d'une curiosité géologique puisque des ceps de vigne y poussent la tête en bas ! Pratique pour vendanger!

    Son premier millésime en cours d'élevage repose dans une petite cave en location au plein centre d'Arbois, accessible par un petit trappon donnant sur la place principale. On peut y accéder également par l'intérieur de l'immeuble en descendant un fort joli mais tortueux escalier en pierre un peu bas de plafond.

    Fidèle participant aux séances de dégustation des Jardins de Saint-Vincent, il s'est un peu fait prier pour nous conduire dans son antre mais lors de la dernière séance consacrée au vin de Champagne, nous avons joué les prolongations pour goûter sa petite production. Seb, tu as manqué quelque chose !

    Son poulsard, pardon ploussard, est dans une phase un peu difficile actuellement, avec des notes de forte réduction, limite mercaptan, et une astringence sévère (il n'a toujours pas fait sa malo). Par contre, l'assemblage chardonnay-savagnin (assemblage contraint et forcé, puisqu'il a dû ouiller sa cuve de chardonnay avec du savagnin !) est fort joli, d'une belle netteté au nez et avec une bouche ample et bien structurée. Un vin qu'il faudrait mettre en bouteille maintenant. Il ne reste plus qu'à trouver l'embouteilleuse, les bouteilles, les bouchons et les étiquettes !
    Un véritable parcours du combattant que celui du jeune vigneron !

    Vous entendrez vraisemblablement de nouveau parler d'Alex, le premier vigneron à avoir sa rubrique dans LPV alors que sa production n'est pas encore commercialisée !

    Olif, accoucheur de jeunes talents!

  • Meursault, le phare de la Côte!

    Date: le 21/11/2003 à 23:26

    Jeudi 20 novembre 2003. La journée s'annonce magnifique ! Un grand soleil resplendit, faisant oublier les gelées matinales, et déjà 14°C à 11 heures du matin sur le Haut-Doubs. Plutôt qu'une visite du Bordelais sous la pluie, à l'instar du pèlerin girondin de LPV, la Bourgogne sous le soleil s'impose, et ce d'autant que c'est moins loin! Direction Meursault, le vignoble phare de la Côte de Beaune. Mauvais calcul ! Le trajet verra s'estomper petit à petit notre optimisme météorologique ! Dès la plaine de Saône, le brouillard nous gagne, épais, glaçant, le thermomètre extérieur de ma voiture affichant un modeste 5°C.

    Après un déjeuner rapide à La Diligence, à Meursault, pas mauvais mauvais, mais un peu grosse cavalerie, une cuisine finalement pas si illogique que ça dans un ancien relais de diligence, nous longeons le clos du Château de Meursault, aux allures fantomatiques dans la brume.

    Il faudra attendre 16 heures 30 pour voir le ciel se dégager à peine tandis que la nuit commence à tomber. Meursault, nuit et brouillard ! Mais peu importe ! La chaleur et la lueur nous viendront du fond des caveaux, où le vin blanc de Meursault, tel un phare dans la nuit, brilla de tous ses feux ! La vache, si c'est beau ! Je n'en reviens pas moi-même !

    Deux domaines au programme, pas ceux dont on parle le plus, mais deux domaines qui méritent qu'on en parle !

    Rémi Jobard, le plus Haut Doubien des Murisaltiens

    Notre première étape nous conduit chez Rémi Jobard qui a repris le domaine familial en 1992. Un vrai gars du pays, fils de Charles, mais également la plus Haut-Doubien des Murisaltiens ; il a marié une fille de Pontarlier !
    Ce beau domaine, relativement peu connu, travaille à 70% à l'export (Angleterre, Japon, Allemagne, Pontarlier,...) mais il serait pourtant dommage de passer à côté ! Ici, on est plutôt en lutte raisonnée, voire plus que raisonnable. A 90% en bio, grâce à un gros travail à la vigne, sans engrais, sans désherbant, mais on utilise ce qui semble nécessaire pour traiter quand le besoin s'en fait sentir.
    La dégustation qui va suivre a révélé un fort beau potentiel qualitatif avec respect des terroirs et de leurs expressions. Des vins racés et élégants, d'une grande homogénéité.

      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2001 : une belle parcelle de chardonnay en appellation Bourgogne, idéalement située, du bon côté de la nationale, en bordure des premières habitations du village, et un très beau vin vif, simple mais franc.

    - Meursault Sous la Velle 2001 : nez un peu réservé révélant peu à peu des notes d'agrumes, un léger grillé. Un vin tendu, minéral, avec beaucoup de fraîcheur.

    -   Meursault En Luraule 2001 : un climat en limite des premiers crus, jouxtant les Gouttes d'Or. Plus gras en attaque, je lui trouve par la suite une sensation de mollesse. Beaucoup moins incisif que le précédent.

    -   Meursault Les Chevalières 2001 : une vigne plantée en 1940, en exposition est, de ce fait la plus tardivement vendangée. Un excellent compromis entre le gras et la minéralité, avec une finale encore à peine serrée. Splendide cuvée pour amateur patient (j'en suis!).

    -   Meursault 1er cru Le Poruzot Dessus 2001 : histoire d'embrouiller un peu plus le néophyte ou le réfractaire (Belge ou autre !), le climat Poruzot est subdivisé en 3. Le dessus est évidemment le meilleur ! C'est un vin riche, long, équilibré. Le chouchou de beaucoup !

    -   Meursault 1er cru Genevrières : nez intensément grillé, toasté (20% de fût neuf seulement) avec un grain serré en attaque qui s'épanouit dans une immense finale. « Un entonnoir à l'envers », voilà ce qui définit parfaitement pour Rémi le terroir des Genevrières. Très beau vin, j'adore !

    -   Meursault-Charmes 2001 : un beau Charmes, puissant, intense et aromatique, sur le pain grillé beurré, d'une droiture de structure exemplaire.

      Les vins rouges :

    - Bourgogne 2001 : frais et fruité, gouleyant, il pinote joliment. Finale un peu abrupte, minérale, sur la mine de crayon.

    -   Monthelie 1er cru Les Vignes Rondes 2001: plus puissant, ses tanins sont un peu rustiques avec de la mâche en finale.

    - Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots 2001 : le plus beau des 1ers crus de Monthelie, contigü au Clos des Chênes de Volnay. Beaucoup de finesse, une matière serrée avec un joli grain et des notes de griotte dans la finale.

    -   Volnay Santenots 2001 : rond, fruité et charnu, il développe beaucoup de finesse. Jolie rétro sur la cerise à  l'eau de vie.


    Domaine Michel Bouzereau et Fils, le classicisme et l'élégance

    Après un petit crochet dans les vignes, nous nous dirigeons vers le domaine Bouzereau, en plein coeur du village. Heureusement que Rémi Jobard nous sert de guide, sinon nous serions encore probablement perdus dans les ruelles de Meursault !
    Accueillis par Michel Bouzereau, c'est son fils, Jean-Baptiste, qui nous conduit dans la cave pour faire connaissance ici avec le millésime 2002. Un grand millésime, qui a la particularité d'être très accessible malgré la mise récente en bouteilles. Beaucoup de belles choses ici également, avec une déclinaison des terroirs murisaltiens une nouvelle fois palpitante, avec une petite incursion à Puligny. Nous ne goûterons malheureusement pas au Meursault Perrières, produit jusqu'à maintenant en petite quantité, mais l'acquisition d'une belle parcelle dans ce prestigieux 1er cru devrait permettre une plus grande commercialisation dans l'avenir. Accueil de tout premier plan par des vignerons amoureux de leur terre.


      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2002 : très fruité, pêche blanche, poire, il est gourmand et se laisse boire allègrement.

    - Meursault Tessons 2002: nez très expressif, un peu grillé et beurré. Grande richesse, grande longueur, due à une acidité bien présente même si elle semble masquée. Très beau !

    -   Meursault Le Limozin 2002: un coteau en exposition sud, sous les Genevrières. Chaleureux et rond, épicé, il manque peut-être d'une pointe de nerf qui le rendrait plus incisif.

    -   Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains 2002 : très affable, finement toasté, sur les herbes coupées, il se goûte déjà  fort bien et laisse percevoir toute sa majesté.

    - Meursault 1er cru Les Genevrières 2002 : sur les agrumes, il développe un beau volume mais sa structure n'est peut-être pas encore suffisamment bien définie. La mise est récente.

    - Meursault-Charmes 2002 : un vin pour le petit déjeuner ! Pain grillé beurré, riche et gras, porté par une belle acidité, avec un gros volume extrêmement bien calibré en bouche. Un archétype !

    Le vin rouge : il y en a d'autres mais c'est le seul que nous goûterons au fût.

    - Beaune Les Vignes Franches 2002 : fruit mûr, boisé un peu torréfié, il se caractérise par la présence d'une petite pointe de gaz.


    La nuit a maintenant largement pris ses quartiers, il est temps pour nous de regagner la montagne et son ciel étoilé, non sans avoir fait une halte arboisienne pour y goûter un peu de Beaujolais, surtout pas nouveau ! Ce sera dur d'éclipser la classe de Meursault, qui nécessitera très certainement une nouvelle visite, et pourquoi pas au retour de la belle saison, lorsque le brouillard sera levé?

    Olif

  • Michel Gahier, la discrétion efficace !


    Date: le 09/11/2003 à 09:57

    Deuxième étape de notre périple jurassien, nous arrivons à Montigny déjà fort tard, ayant un peu traîné à la table chaleureuse du Comtois à Doucier.

    Un vigneron très discret et modeste que ce Michel Gahier, descendant d'une très ancienne famille de Montigny-les-Arsures. Un vrai gars du pays, qui bichonne ses vins avec amour et respect, et qui s'exprime superbement à travers eux.

    Véritable spécialiste du trousseau, ses Grands Vergers sont un modèle du genre, de 1983 (et peut-être avant !) à nos jours, pour ceux que nous avons eu le plaisir de goûter. Ses blancs et son jaune ne sont pas en reste et ne devraient pas tarder à accéder à la reconnaissance. Novateur avec Hélène, jolie cuvée de chardonnay surmaturé à boire sur sa fraîcheur et son fruité, il excelle dans l'oxydatif avec une Fauquette 99, rappelant les plus belles cuvées du genre, dont les Saint-Paul de Camille Loye, et un vin jaune 95 au mordant et à la fougue toute juvéniles. Très beau Macvin et, on l'espère bientot, un vin de paille 100% chardonnay assez étonnant.

    - Arbois Chardonnay 1995 : un peu réduit de prime, le nez finit par s'ouvrir sur des notes d'herbes sèches, de foin coupé et n'est pas sans m'évoquer certaines belles cuvées de Chablis de J.M. Raveneau . Très beau.

    - Arbois Chardonnay 1983 : un vin ouillé qui s'exprime quand même sur la noix, le curry, la pomme de bois, le calva, avec une sensation de fraîcheur étonnante pour son âge. Impressionnant!

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2003 : une véritable petite bombe fruitée déjà  diablement bonne. Il y en aura peu !

    - Arbois Trousseau 2002 : fruits rouges, feuille de cassis, épices. Rond en attaque, il est un peu plus sec et cassant en finale. Demande un peu plus de fondu.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2002 : aromatique, rond et ample, il possède plus de race que son petit frère.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2000 : déjà  bien fondu, sur les petits fruits rouges compotés et épicés, beaucoup d'amplitude et de fraîcheur.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1999 : très expressif également, il joue un peu dans le même registre que le 2000.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1983 : un vrai bonheur que de boire ce vieux vin de trousseau encore plein de vigueur, de jeunesse, très fruité, démontrant l'aptitude à la garde de ce cépage.

    La fin de la journée approche et il est temps pour nous de quitter le Jura viticole avec le sentiment du devoir accompli, même sans magnétophone, celui d'avoir passé une très agréable journée en compagnie de vignerons passionnés par leur terre et leur vin, une totale découverte pour certain, une véritable confirmation pour d'autres.

    Le Jura sous son vrai visage, celui de la diversité et de la qualité !

    Olif

  • Jean-François Ganevat, le franc-parler jurassien

    Date: le 09/11/2003 à 09:48

    Par cette belle journée de début novembre, l'occasion était trop tentante pour une petite sortie jurassienne totalement incognito, soigneusement dissimulés dans une voiture banalisée immatriculée en Confédération Helvétique. L'équipage au grand complet, digne d'une chanson de Bobby Lapointe, constitué d'Yves Z, le chauffeur philosophe helvète, du Seb, copilote arrière esthète, ainsi que moi-même, votre serviteur, que l'on dit poète, quitta Pontarlier quasi aux aurores pour se diriger dans le vignoble jurassien et y retrouver Saint Vernier, grand coordonnateur de la journée, pour une découverte en profondeur, mais en accéléré, de la diversité viticole de la région.

    « Sous la Roche », dans la Combe de Rotalier, un petit paradis perdu éclatant sous le soleil, tout là -bas, au bout du monde, dans un cul-de-sac adossé à la roche, avec un fort joli coteau entièrement replanté récemment, en exposition sud, qui nous permet d'apprécier un peu de la géologie du terroir jurassien. Le sous-sol argileux devrait convenir idéalement au trousseau et au savagnin qui remplacent désormais ici le poulsard.

    Jean-François Ganevat, notre hôte, jovial vigneron au franc parler, parfois un peu provocateur, aurait bien mérité une interview LPV. Malheureusement, le matériel était défaillant! Les aléas du métier de journaliste ! Ce sera donc une interview sans parole, un genre de portrait du personnage, ce qui n'est déjà pas si mal !
    Après une dizaine d'années passées en Bourgogne pour le compte du domaine Morey à Chassagne-Montrachet, Fanfan Ganevat est revenu au bercail en 1998. Son premier vrai millésime, celui qu'il a maîtrisé de A à Z, pour lui, c'est 1999 et les vins du domaine que j'ai eu l'occasion de goûter jusqu'à présent m'ont totalement emballé, tant en blanc qu'en rouge.
    Déjà remarqués et remarquables, ses vins sont pourtant en train de prendre un nouveau virage pour encore plus d'exigence. Adepte du sans soufre, il souhaite évoluer vers des vins de plus en plus nature, exprimant encore plus le raisin. L'avenir nous dira s'il a raison mais la dégustation qui a suivi a été l'occasion de quelques révélations.
    Comme tous les vignerons qui font de la qualité, pour lui, le vrai travail commence à la vigne. Respecter le sol, le sous-sol, l'environnement, c'est primordial pour laisser parler le raisin.

    Après un petit coup d'oeil en extérieur, nous entreprenons un véritable porte-à -porte dans le hameau, celui-ci étant constitué de plusieurs maisons en apparence indépendantes, mais chaque corps de bâtiment recelait son lot de trésors. Là les 2003, ici les 2002, là -bas des savagnins, encore ailleurs des rouges...


    Dégustation au fût :

    Beaucoup de cuvées goûtées, dont les 2003. Hormis une cuvée de chardonnay en théorie destinée aux crémants et écartée de cet usage devant le fort degré naturel à la récolte, aucun des vins goûtés n'a nécessité d'acidification. L'impression d'ensemble est plutôt favorable même s'il est difficile de bien juger les vins à ce stade.
    Le rythme intensif de la dégustation ne m'a pas permis la prise de notes dans de bonnes conditions, je me bornerai donc à quelques commentaires sur les vins qui m'ont le plus inspiré. Tous ces vins sont en appellation Côtes du Jura.


    - Chardonnay Florine 2002 : jolie fraîcheur, sur la mangue, l'abricot, les fruits secs.

    - Chardonnay Grands Teppes 2002 : sur le premier fût, le vin a été débourbé. Le vin est incisif, vif, avec des notes de raisin. Sur le deuxième fût, non débourbé, on est plus sur la fleur d'ortie. Le troisième fût, non débourbé également, présente beaucoup plus de gras, un peu pain grillé beurré. Les variations d'un fût à l'autre sont étonnantes !

    - Chardonnay Les Chalasses VV 2002 : nez puissant, grillé avec des notes d'agrumes. La bouche est grasse, riche, ample, finissant sur de légers amers. Superbe ! Un deuxième fût est plus marqué agrumes.

    - Chardonnay Les grands Teppes VV 2002 : goûté sur 3 fûts différents également. Le premier est incisif, mordant, minéral, sur la pierre à fusil. Finale citronnée avec quelques amers. Le deuxième fût révèle un vin un peu plus mou alors que le troisième est d'une exceptionnelle densité, boisé (fût neuf) mais absolument magnifique.

    Les différentes cuves de savagnin ouillé 2002 m'ont également beaucoup plu, de même que certaines barriques du chardonnay Grusse VV 2002. Les rouges sont dans une phase gustative beaucoup moins accessible actuellement.

    Au restaurant Le Comtois, à Doucier, nous avons pu déguster la quasi totalité de la production en bouteille, millésime 2002 pour les rouges et 2001 pour les blancs. Je retiendrai un Chardonnay Grands Teppes VV de haute volée, un excellent savagnin ouillé, ainsi qu'un pinot noir 2002 sur le fruit, très gourmand.

    Un sacré personnage que ce Fanfan Ganevat et un domaine dont il faut impérativement retenir le nom!

    Olif
  • Le Clos Montmartre, vin du Vieux Monde !

    Date: le 28/10/2003 à 21:55

    Flâner dans le XVIIIème, parcours obligatoire du touriste moyen, vous conduit immanquablement vers les vignes du Clos Montmartre, qui a le mérite d'avoir une véritable histoire, contrairement à ses homologues du Nouveau-Monde, et que celle-ci est plutôt belle !

    La vigne de Montmartre remonte vraisemblablement à l'époque gallo-romaine. Très étendu jusqu'à la fin du XIXème siècle, le vignoble s'offre même le luxe d'être subdivisé en «cru» ou en «climat» : la Goutte d'Or, la Sauvageonne, la Sacalie,... qui finiront par fusionner sous le vocable moins prestigieux de «picolo» de Montmartre, la qualité ne semblant pas nécessairement au rendez-vous.

    Le début du XXème siècle, de par la concurrence viticole et l'urbanisation, a eu raison du dernier cep. Coïncidence, l'absinthe (de Pontarlier, notamment!) battait alors son plein, enivrant jusqu'à plus soif les artistes de la place du Tertre.

    Les années 30, grâce à Francisque Poulbot entre autres, virent le renouveau de ce petit carré de vignes, planté à flanc de coteau, en lieu et place d'un petit square destiné aux enfants et ayant résisté à la pression immobilière.
    1556 m2 de sables siliceux de Fontainebleau reposant sur des argiles vertes et des marnes à huîtres, et sur lesquelles on a planté 1762 pieds de Gamay, Pinot noir et Hybrides producteurs directs. 33,5 hl/ha, 402 litres produits en 2002 pour 805 bouteilles de 50 cl. Les chiffres parlent d'eux-mêmes !

    Il faut reconnaître que l'endroit est magique, surtout si l'on ferme les yeux et que l'on s'imagine au siècle avant-dernier, loin du flash crépitant de nos amis nippons ! En face, sur le même coteau, subsiste le square Roland Dorgelès, qui inciterait presque à la rêverie si la température était plus clémente en cette fin octobre. Certains ont quand même dû rêver profondément, hier soir, si l'on en juge par le nombre de cadavres de Kro jonchant le sol, et venant rompre le charme de l'endroit.

    Est-ce encore une fois la faute au millésime précoce, mais j'ai raté de peu la fête des vendanges qui se déroule chaque année sous le parrainage de personnalités de tous horizons. Cette année, Elie Semoun et Véronique Genest s'y collaient pour une grande fête populaire. De vendange, il n'y eut point, car toute la récolte a été détruite par un orage de grêle le 31 mai. Il y aura toutefois une production de Clos Montmartre en 2003, des raisins ayant été offerts par des Confréries Vineuses au Comité des Fêtes du XVIIIème. Une cuvée «Solidarité» verra donc le jour dans ce millésime. Un exemple à méditer dans les autres appellations ?

    Le dernier millésime y est présenté et commercialisé à l'occasion. Enfin, pas vraiment commercialisé puisqu'il est offert ! En échange d'un don de 40 euros aux Oeuvres sociales de l'arrondissement, fiscalement déductible ! Une véritable aubaine!

    Chaque millésime est habillé par un étiquetage spécifique, illustré par un peintre contemporain, véritable collector digne de Mouton !
    La cuvée Toulouse-Lautrec représente le millésime 2001. Consciencieusement, je me suis senti obligé de la goûter et de la commenter, même si cela peut paraître un peu obscène. Une oeuvre de bienfaisance, on ne peut décemment la juger ! Sachez seulement que ce Clos Montmartre 2001 se rapproche plus du «picolo» que de Mouton-Rotschild, même s'il est loin d'être imbuvable.

    Une expérience enrichissante et ma modeste contribution au folklore local, éminemment sympathique !

    [www.fetedesvendangesdemontmartre.com]

    Olif

  • Thierry Michon, le lutin bondissant des Fiefs

     
    Date: le 21/09/2003 à 09:35

    Impossible de séjourner en Vendée sans se rendre au domaine Saint-Nicolas, fleuron de l'appellation Fiefs Vendéens, à Brem sur mer.

    Cette deuxième semaine de septembre n'était pourtant pas le moment idéal, car elle tombait en pleine vendange, pour cause de millésime précoce.

    Thierry Michon, c'est un peu l'extra-terrestre des Fiefs Vendéens, AOVDQS dont la mission principale consiste à abreuver le flot de touristes estivaux, produisant des vins simples, sympas pour accompagner les produits de l'océan, mais sans véritable âme. Thierry a converti le domaine en biodynamie et s'est tourné vers une viticulture de qualité, exigeante, qui se démarque complètement du reste de la production locale.

    Le jour où je lui ai rendu visite, en compagnie de PhR, les vendanges se terminaient à peine et il venait de recevoir deux nouvelles cuves bois de Seguin-Moreau, de belles occasions mais qui se sont révélées ne pas être préparées à une utilisation immédiate. Thierry devait donc chauffer les cuves à l'aide d'un karcher à vapeur pour que le bois se retende, opération à renouveler toutes les heures, « comme si on n'avait que ça à faire ». Je le reverrai toujours bondissant d'une cuve à l'autre tout en entamant la discussion avec nous. Finalement, il trouve quand même le temps de nous promener dans la cave, joyeux foutoir débordant d'activité, et nous goûtons à même la cuve la récolte tout juste vendangée. Du vin bourru, trouble, extrêmement sucré cette année ! Des blancs à la robe légèrement purulente (désolé pour les âmes sensibles, je n'ai pas trouvé d'autre image évocatrice !), des rouges à la robe fuchsia, crachés à même la cave, dans le caniveau. Cela change de la distinction des caveaux de dégustation du Médoc, mais ça a le mérite d'être vivant et spontané. Petit aperçu de la grande qualité des vins au travers d'un pinot noir 2002 en fût, à la robe rubis brillante, « propre », d'une concentration étonnante. Je ne m'attendais pas à trouver un vin de ce calibre en appellation Fiefs Vendéens !

    Déjà 12h30, il est l'heure pour moi de regagner le Jura, non sans emporter un peu de cette terre et de cette mer de Vendée, un échantillonnage de la production de Thierry Michon pour y goûter dans de bonnes conditions, à tête reposée, et un échantillonnage de crustacés en provenance du marché de Saint-Jean-de-Monts. L'avantage du vin sur les coquillages, c'est qu'on peut le garder plus longtemps (et c'est même conseillé !).

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Le Haut des Clous 2001

    Une sélection sur le haut de la parcelle Les Clous, pour produire le blanc haut de gamme du domaine à base de chenin (prononcer « ch'nin »).

    Belle robe jaune pâle brillante.
    Un vrai festival d'arômes que ce nez sur la poire, le tilleul, la cire, les herbes coupées, le miel, et de petites notes iodées salines. Serait-ce le double effet Kiss-cool ? Me suis-je à nouveau téléporté sur la plage de Saint-Jean ?
    La bouche est bien équilibrée, vive, fraîche, mais complexe et grasse en même temps. Très beau vin.

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Reflets 2000

    Assemblage pinot noir et cot.
    La robe est rubis foncé. Le nez est sur le poivron bien mûr mais laisse une toute petite impression végétale. Bien charpenté, il est séducteur mais demande un peu de temps dans le verre pour s'ouvrir et se révéler à son meilleur jour. On peut l'attendre quelques années.

    Ah! la Vendée!

    Olif

  • Divine douceur angevine

     
    Date: le 14/09/2003 à 18:59

    Comment ne pas succomber aux charmes angevins lorsque l'on a pour guide PhR, véritable prophète en ce vignoble, et qui, en l'espace d'une bien trop courte journée, vous fait découvrir la quintessence de deux appellations?

    Château de Suronde

    Comment ne pas tomber amoureux des Quarts de Chaume, lorsque l'on fait la rencontre d'un homme intransigeant, passionné et passionnant, en quête de l'excellence dans le respect de la vigne et de l'environnement ? Francis Poirel est de cette race-là ! En un petit tour de terrain et quelques mots, il arrive à vous faire entrevoir le pourquoi et le comment de l'appellation elle-même et l'approche qu'il en a personnellement : son origine historique, la qualité du sol et du sous-sol, l'environnement, qui favorise la genèse d'un microclimat spécifique, le respect de la vigne et de la nature. Un réel bonheur que de goûter à même la vigne quelques grains de chenin botrytisés, puis la confirmation gustative de la grandeur de ses vins. Ah ! le Quarts de Chaumes 2001, d'une exceptionnelle densité (pas encore mis en bouteilles !), à la robe déjà très dorée exhalant des parfums intenses. Un vin immense, qui ne devrait faire que grandir, si on le compare à ce sublime 96 débouché juste après. Pour l'anecdote, nous avons déjà goûté le sauvignon 2003, fraîchement vendangé. Un vin bourru de première bourre!

    La Coulée de Serrant

    Comment ne pas s'extasier devant la beauté du vignoble de Savennières, sur l'autre rive de la Loire, qui a tout pour faire partie des plus grands : le terroir, le cadre, l'histoire et des locomotives de très grande réputation, comme cette fameuse Coulée de Serrant que nous ne manquons pas de visiter? Le cadre est magnifique, la promenade autour du château et dans les vignes en libre-service, ensuite passage à la caisse, dans un petit caveau fait de bric et de broc, non sans avoir goûté le Savennières et la Coulée 2001, pas encore complètement oxydée . La caissière est charmante et fort sympathique mais visiblement employée comme femme à tout faire de la propriété. Nous entendrons juste la voix de Nicolas Joly lui réclamer à boire pour les vendangeurs. Le moment était peut-être mal choisi, mais quel dommage de ne pouvoir visiter ce domaine plus en profondeur et rencontrer ceux qui font ce grand vin!

    Dernier petit tour dans le vignoble, pour voir la nouvelle parcelle qu'Eric Morgat devrait bientôt planter, et rencontre avec le vigneron du château d'Epiré qui a lui aussi commencé les vendanges. Ce PhR ! Connu comme le loup blanc à Savennières ! Nous discutons un court instant avant de regagner la Roche/Yon par le chemin des écoliers, en passant par Ancenis et la cave Bournigaut, où, en cherchant bien derrière les fruits et légumes, vous pourrez trouver quelques uns des plus beaux flacons au monde, soigneusement rangés par millésime et classement ( d'abord les premiers GCC, puis les 2èmes, etc.). Plus fort que Leclerc ou Auchan !

    Ah! la Loire! Sa douceur de vivre et ses innombrables trésors. Une région à  découvrir impérativement!

    Olif

  • La cave du vieux moulin, Romain Papilloud, Vétroz

    Date: le 10/08/2003 à 20:46

    Il n'aura pas fallu deux mois pour concrétiser une invitation de Romain Papilloud à découvrir ses vins à la Cave du Vieux Moulin à Vétroz, suite à une première rencontre furtive à l'oenothèque de Leytron.

    C'est ce qui s'appelle de l'efficacité et du dynamisme, à l'image de ce sympathique vigneron-éleveur (et pas meunier, le Vieux Moulin ne produisant peut-être même plus de farine!), sis à Vétroz, patrie de l'amigne, que Romain réussit merveilleusement, ayant complètement craqué récemment pour cette bouteille qu'il m'a offerte il y a 2 mois.

    C'est dans la fraîcheur toute relative de son caveau, par cette après-midi caniculaire d'août,
    que nous nous sommes retrouvés pour la dégustation, en présence de la quasi-totalité du staff de LPV.
    Chaude journée en Valais, comme un peu partout en Europe. Même sur la plage de Saint-Jean de Monts, il paraît que l'on se brûle les pieds, c'est dire !

    Romain est visiblement aussi heureux de nous faire déguster sa production que nous de la découvrir.
    Sans plus tarder, nous attaquons par les blancs 2002.

    - Fendant Amandoleyre 2002 : un très beau fendant, fruité, vif, frais et minéral. La seule cuvée de chasselas produite au domaine, Romain semblant plus visiblement attiré par les cépages à personnalité plus marquée. Très jolie réussite néanmoins, qui nous vaut la première grimace de Claudius !

    - Petite arvine 2002 : une petite arvine sèche, qui possède beaucoup de mordant en attaque, puis qui développe une jolie palette aromatique caractéristique, avec un chouïa d'amertume en finale qui devrait s'estomper. Très jeune, à attendre un peu.

    - Amigne grand cru 2002 : une petite splendeur d'amigne , vinifiée « avec un petit sucre » pour répondre à la demande du consommateur moyen d'amigne, qui la préfère légèrement douce, et de la femme de Romain, également de l'avis des consommateurs d'amigne !

    - Amigne grand cru 2002 barrique : échantillon tiré du fût. Bien marquée par le bois, ce qui semble normal à ce stade, un vin qui compense la moindre fraîcheur par rapport au précédent par un supplément d'âme et de profondeur. Destinée à rester encore quelques mois en fût, je suis prêt à parier sur le grand avenir de cette bouteille.

    - Amigne grand cru 93 : l'amigne, ça peut vieillir, le saviez-vous ? Et bien Romain nous le démontre. En partie avec cette cuvée qui possède des notes oxydatives au nez qui perturbent un peu la dégustation. La structure est néanmoins impeccable, ample, riche, sans le moindre signe de fatigue.

    - Amigne grand cru 94 : la confirmation de ce que nous venons d'entrevoir. Point de nuances oxydatives mais un nez légèrement acidulé, très frais, une bouche longue et complexe avec des notes légèrement mentholées en finale qui contribuent à entretenir le fraîcheur. Grand vin et véritable révélation par rapport au potentiel de ce cépage.

    - Gamay VV 2002 : un gamay à la robe très sombre et un vin très concentré avec une légère réduction au nez. Riche et charnu, c'est une expression du gamay assez étonnante mais maintenant recherchée dans le Valais.

    - Pinot noir 2001 : assez typique de la production valaisanne avec ses notes lactées (caramel au lait pour moi), il est fondu, accessible et long. Un vin plaisir.

    - Pinot noir 2002 : plus coloré et fruité que le précédent, il possède aussi un côté plus fougueux témoignant de sa mise récente. A laisser reposer un peu.

    - Pinot noir 2002 barrique : un boisé un peu marqué avec une trace d'amertume le rend moins accessible que les deux précédents (échantillon tiré du fût).

    - Vétroz grand cru 2001 : sous cette appellation village se cache en fait une Dôle composée de 70% de pinot noir, 15% de gamay et 15%de diolinoir .La mode des cuvées de gamay VV a en fait dépossédé la Dôle d'une partie de ses constituants, contribuant à la dévaloriser profondément, à l'instar des Passetoutgrains Bourguignons. Ce qui explique la décision de Romain de ne pas mentionner le nom de Dôle sur l'étiquette de ce Vétroz grand cru. C'en est pourtant une très jolie, fruitée, ample, charnue, colorée et gouleyante. Je craque pour ce vin séducteur qui arrache pourtant une deuxième grimace à Claudius, limite éclat de rire!

    - Cornalin 2002 : un cépage indigène valaisan que je brûle de mieux connaître. Mes expériences passées n'ont pas été très concluantes mais là , c'est superbe de fruit et de concentration. Un peu de mâche en finale, témoignant de sa jeunesse, mais une texture déjà très soyeuse. Très beau !

    - Syrah 2002 barrique : très colorée et concentrée, une jolie syrah dans laquelle on retrouve des notes de lard fumé et d'épices. L'élevage est déjà bien intégré à ce stade.

    - Cornalin 95 : là , Romain nous gâte ! Non disponible à la vente, évidemment, c'est un bonheur que de goûter à un «vieux» cornalin, pourtant encore très juvénile. Une somptueuse liqueur de cassis emplit le nez et la bouche et s'installe pour longtemps. La concrétisation de la grandeur de ce cépage, en démontrant son aptitude à la garde.

    - Syrah 95 barrique : très poivré au nez, un vin aux tanins encore serrés avec un gros volume en bouche. Au niveau des belles syrahs du Rhône, Averroes, sans aucun doute ! Je ne crois pas que Claudius grimace encore !

    - Ermitage 2001 flétri : encore jeune et au boisé un peu marqué, le nez est sur les agrumes et quelque chose de mal définissable. Frais et long, il est doté d'une « mâche blanche » en finale, différemment interprétée par les dégustateurs. Beau vin mais à attendre.

    Que voilà donc une belle dégustation témoignant de la grande qualité des vins produits par Romain Papilloud et un très bon moment passé en sa compagnie. En ce qui me concerne, coups de coeur pour l'amigne, le cornalin, la Dôle et l'Arvine, des cépages bien valaisans, quoi!

    Ah ! le Valais !

    Olif

  • Les aventures d'Olif chez les Valaisans

    Date: le 06/06/2003 à 12:05

    Petite chronique d'une journée découverte du Valais organisée par le spécialiste LPV des vins valaisans, avec visite de trois des plus réputés domaines de cette magnifique région helvétique.


    Chapitre premier: Domaine de La Liaudisaz.

    Jeudi 5 juin, 11 heures.

    Après avoir expédié vite fait une petite matinée de travail, je saute dans ma voiture, direction Sion (non, je ne bégaie pas !). L'après-midi est chargé, très minuté, et je ne voudrais pas être en retard pour ne pas désorganiser le programme concocté par Averroès.

    Le ciel aussi est chargé et le temps très lourd, orageux ; le thermomètre avoisine les 30° en Valais, on se croirait presque dans la vallée du Rhône ! (bbb)

    Plusieurs rencontres au programme ! D'abord, rencontre avec des passionnés.com, toujours un grand moment, avec ses petites angoisses matérielles et existentialistes (« Est-ce que ma cravate est bien nouée ? Mes chaussures bien cirées ? », « J'ai oublié ma casquette LPV, vont-ils me reconnaître ? »,...) et puis rencontre avec plusieurs producteurs, passionnés eux aussi. Passionnés et passionnants !

    Jeudi 5 juin 14 heures bien sonnées.

    Oenothèque de Leytron. Je suis en retard ! Un petit crochet par Savièse pour récupérer des bouteilles au domaine Cornulus en est la raison. Je me suis un peu égaré mais le paysage était magnifique ! Averroès, Benoît et Paski55 n'ont pas l'air de trouver le temps long. Ils m'attendent tout en sirotant un ermitage flétri de Philippe Darioly. J'en goûte une gorgée. Magnifique entrée en matière !
    Nous nous dirigeons ensuite vers les voitures pour gagner Fully et le domaine de la Liaudisaz, lieu des exploits viticoles de Marie-Thérèse Chappaz, la grande dame du Valais.

    Jeudi 5 juin 14 heures encore plus bien sonnées.

    Arrivée à la Liaudisaz. Une maison adossée à la montagne avec des vignes en coteaux sur des pentes vertigineuses. Nous sommes en retard mais Marie-Thérèse l'est plus que nous. Nous sommes accueillis par une charmante hôtesse qui entreprend de nous faire goûter les fendants après nous avoir installés au frais sous la tonnelle. Vue sur la vigne et les montagnes environnantes, spectacle magique qui me donne l'impression d'être en vacances ! Marie-Thérèse arrive sur ses entrefaites, de retour d'une balade à pied dans les vignes. Fatiguée car très matinale ! Elle se lève à 4 heures 30 pour préparer des tisanes pour les vignes car le domaine passe en biodynamie ( Vincent, ne me demande pas les recettes !). Après les salutations d'usage et la transmission d'un amical souvenir de Vendée, elle reprend la dégustation en cours, nous encourage à critiquer ses vins, à l'affût de la moindre remarque qui pourrait l'inciter à se remettre en question et à faire encore mieux la prochaine fois. Une perfectionniste ! Tonique et (bio)dynamique !
    Mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile d'y trouver des défauts à  ces vins !
    Consciencieux, je sors mon petit calepin, en distribue quelques feuilles à Averroès, en panne de matériel, et, très appliqué, commence à prendre des notes !

    - Fendant Mon Puîné 2002 : l'entrée de gamme. Simple et frais, sur des notes amyliques, chewing-gum et bonbon anglais.

    - Fendant de Martigny Les Bans 2002 : très minéral, sur le tilleul, droit et pur.

    - Fendant de la Liaudisaz 2002 : plus fruité et aromatique, sur les fleurs blanches, un côté un peu lactique.

    - Fendant Président Troillet 2002 : minéral et fruité, avec un léger perlant, très beau également.

    Belle gamme de fendant, homogène et complémentaire. Paski55 m'impressionne par la précision de ses impressions dès la première gorgée. Il en profite pour donner un petit cours sur le goût de bouchon à notre ami Averroès, et comment le percevoir, au nez comme en bouche.

    - Grain blanc Arvine 2002 : encore un peu fermée au nez, de légères notes d'agrumes finissent par apparaître en bouche avec une petite note saline discrète. Ce vin traverse une phase difficile post mise en bouteille qui semble assez classique pour ce cépage, dixit les spécialistes.

    - Grain d'Or, Ermitage 2001 :nez très fruité, sur les agrumes, avec un boisé encore un peu prononcé. Gras, ample, long, il mérite d'être attendu pour que tout se fonde.

    - Rosé 2002 : c'est un rosé de saignée de tous les cépages rouges du domaine, amené à disparaître lorsque les vignes seront à leur optimum de production. Il s'exprime sur des notes amyliques de poire et de bonbon anglais et sait rester très frais et agréable. Une belle opportunité pour les amateurs de rosé l'été (dont je fais partie).

    - Dôle Ma Puînée 2002 : fruitée, souple et agréable, un vin franc et bon, à siroter à grandes goulées cet été, légèrement rafraîchi (pour les non amateurs de rosé !)

    - Dôle La Liaudisaz 2002 : superbe Dôle au fruité charmeur, un peu plus concentrée que la précédente, très charnue.

    - Pinot noir 2002 : fruits rouges et réglisse, avec un nez un peu réduit. C'est moins craquant que la Dôle à  mon goût !

    - Humagne rouge 2001 : nez végétal (mais pas vert), sur les herbes sèches, le foin coupé, le sous-bois. Très beau vin, avec une originalité folle.

    - Grain noir 2001 (cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot) : le poivron ressort nettement mais le vin est fruité et concentré.

    - Grain noble Malvoisie 2000 : très beau nez sur les fruits confits, le cédrat, le pamplemousse. Grande longueur et grande fraîcheur du fait d'une belle base acide.

    - Grain noble Petite Arvine 2000 : un must ! Robe jaune citron très "flashy ", nez un peu acidulé et confit. Bouche satinée avec un énorme volume, grasse, riche et onctueuse. Un grand vin liquoreux valaisan.

    - Grain noble Marsanne Blanche 2000 : encore un monument de puissance et de concentration, un vin peut-être un peu monolithique pour l'instant, mais il est encore jeune et il me ravit énormément.

    Fin d'un premier très grand moment, inoubliable, avec le bonheur d'avoir pu goûter à toute la gamme des vins du domaine et plus particulièrement les raretés que sont les grains nobles et surtout d'avoir fait la connaissance d'une vigneronne hors pair dont la simplicité et la gentillesse ne sont pas les moindres de ses qualités.

    Je ne suis pas encore au bout de mes découvertes!

    Chapitre deuxième: Jérôme Giroud

    Jeudi 5 juin 16 heures bien sonnées.

    Deuxième adresse prévue par Averroès, Jérôme Giroud, ce vigneron perfectionniste dont il nous a déjà  beaucoup parlé.
    Nous arrivons avec à peine 3/4 d'heure de retard, un véritable exploit, et nous trouvons Jérôme affairé à préparer la commande d'Averroès, un tour de force vu la complexité de celle-ci!

    Direction le caveau, situé dans sa propre maison, petite pièce qui évoque avec bonheur un petit chalet suisse tout en bois perdu dans la montagne. L'endroit est chaleureux, décoré des multiples trophées et récompenses glanés depuis des années.
    Jérôme est un vrai paysan vigneron, dans le sens noble du terme, rigoureux, méticuleux, un peu bourru, laconique, mais lorsqu'il débouche une bouteille et qu'il la goûte, son oeil s'allume, pétille, et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il remplit nos verres. Ici encore, nous ferons l'intégrale.
    A partir du 4ème ou 5ème verre, Averroès rendra sa plume et je suis donc le seul à  prendre encore des notes.
    Chroniqueur pour LPV, un vrai sacerdoce!

    - Fendant Trémazières 2002 : un beau fendant minéral, fleur de vigne, ce que je traduis par fruité et floral à  la fois.

    -Chardonnay 2002: pas de barrique, pas de malo, 2 gr de SR. "Il commence à beurrer" d'après J. Giroud et mérite peut-être necore quelques mois de bouteilles avant d'être bu. Frais, fruité et floral, avec un léger gras qui apparaît en bouche. Un peu atypique pour un habitué des chardonnays ouillés jurassiens et bourguignons.

    -Pinot blanc 2002: un côté un peu dur et tendu pour ce vin qui révèle de jolies notes de fleurs blanches.

    -Johannisberg 2002: le cépage qui s'épanouit à Chamoson. Riche, gras, mais frais, j'aime bien ce vin complexe qui doit encore se révéler après une ou deux années de bouteille.

    -Petite Arvine 2002: une petite merveille de petite arvine! Equilibrée, saline, avec une petite touche d'agrumes en finale, encore sur la réserve, c'est un très beau vin qu'il n'est pas la peine de chercher à mettre en cave, il n'y en a plus depuis longtemps!

    -Muscat 2002: une curiosité et une spécialité de plus à mettre sur le compte des Valaisans, un joli vin qui muscate terriblement et que je verrais bien sur des asperges du Valais pour la prochaine saison.

    -Opale 2001: assemblage Petite Arvine- Humagne blanche, passage en barrique. Un blanc riche, gras et onctueux.

    -Humagne blanche 2001: gras et riche, opulent, avec un boisé encore un peu marqué mais qui ne s'impose pas, nourrissant le vin. Une révélation, à attendre quelques années.

    -Dôle 2002: 80% pinot. Fruits rouges et réglisse, frais et gourmand.

    -Gamay 2002: un peu réduit au nez, il révèle néanmoins un beau fruité. Je lui préfère sans problème la Dôle mais j'ai cru comprendre que Jérôme Giroud n'en produirait plus l'année prochaine (uniquement gamay et Pinot, plus d'assemblage).

    -Pinot noir 2002: une belle texture onctueuse et de jolis arômes de fruits du jardin.

    -Humagne rouge 2002: pas de barrique, une hérésie sur l'Humagne d'après Jérôme. Sous-bois et fruits rouges, le caractère variétal du cépage ressort plutôt bien.

    -Syrah 2002: une robe noire, un nez confituré (cerises noires), une grande profondeur, c'est une très jolie syrah qui n'a pourtant pas connu le bois.

    -Gamaret-garanoir 2002: une robe encore plus noire, une texture onctueuse, de beaux tanins soyeux mais une finale un peu plus courte et astringente témoignant de la rusticité des cépages. J'aime beaucoup ce vin pour son authenticité.

    -Onyx 2001: merlot, syrah, gamaret. Une grande concentration , des tanins fins et serrés, très fruité avec un boisé qui se fond, une grande bouteille.

    -Syrah barrique 2001: très concentrée également mais avec une plus grande structure acide, légèrement astringente en finale. Je lui préfère presque son homologue non barriquée, de millésime différent il est vrai.

    -Merlot 2000: petit à petit, ce cépage prend ses marques en Valais et devrait produire de grandes choses. Celui-ci est fondu, charmeur et velouté.

    -Malvoisie flétrie 2001: abricot et gelée de coing, avec une grande longueur et une belle fraîcheur. Une petite gourmandise après ces magnifiques rouges.

    Voilà , tour d'horizon complet et exhaustif de la production de Jérôme Giroud, avec une homogénéité exemplaire de la gamme, sur les blancs mais surtout sur les rouges qui révèlent un très bel équilibre et une grande maîtrise.

    Et encore quelques cartons qui viennent alourdir le coffre du Break d'Averroès!

    Chapitre troisième, Sélection Excelsus

    Jeudi 5 juin 18 heures bien sonnées

    Troisième et dernière étape de notre périple valaisan, la cave Sélection Excelsus où nous sommes en gros progrès puisque nous arrivons tout juste avec 1/2 heure de retard. Jean-Claude Favre nous accueille à bras ouverts et nous conduit jusqu'au caveau de dégustation.

    Les papilles commençant à saturer un peu, surtout celles de Benoît (qui rêve peut-être d'une petite lampée de Single Malt?), nous opérons une petite sélection dans l'Excelsus: quelques blancs quand même, puis quelques rouges avant quelques liquoreux!

    Tout en débouchant les bouteilles, Jean-Claude s'anime avec passion. C'est un vigneron qui sait ce qu'il veut, qui veut bien faire et qui sait comment y arriver. Et qui plus est, reconnait bien volontiers quand il n'y arrive pas! Encore un perfectionniste exigeant!

    Sur les murs du caveau, une carte topographique de Chamoson vue du ciel. D'une esquisse du bras, il nous fait comprendre la diversité des sols, de la climatologie et la raison pour laquelle certains cépages se comportent mieux à certains endroits qu'à d'autres. Elémentaire! On comprend tout de suite pourquoi les vins de certains sont meilleurs parce qu'ils possèdent les vignes au bon endroit!
    Au domaine, la sélection est rigoureuse, élevée ("excelsus" en latin) et la dégustation qui va suivre en sera la preuve.

    -Johannisberg 2002: un vin vif, tendu, minéral et fruité. Chamoson est le terroir de prédilection de ce cépage qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse.

    -Pinot Blanc 2002: un peu plus gras, fruité et floral, encore un cépage qui est transcendé ici.

    -Petite Arvine 2002: s'ouvre sur de belles notes fumées, un vin riche et aromatique.

    -Pinot gris 2002: sur celui-là , j'avoue que j'ai oublié de prendre des notes! Bon aussi, je suppose! smiling smiley

    -50/50 2001: assemblage de pinot blanc et pinot gris dans des proportions gardées secrètes et justement pas moitié moitié, passage en barrique. Le boisé est encore présent, donnant des notes amyliques, mais en bouche, le vin est gras et opulent, sur les agrumes et devrait assurément être à l'origine d'une belle bouteille dans quelque temps.

    -Syrah 2002: une belle syrah sur les épices, la violette, déjà  très agréable car un peu souple.

    -Cornalin 2002: un vin concentré et fruité dans lequel je décèle des notes d'amande douce.

    -Chamoson Excelsus 2001: assemblage de syrah, pinot noir, cabernet sauvignon, passage en barrique. Une belle robe grenat pour ce vin plein de fruits et d'épices, déjà fondu et bon à boire.

    -Eranthis 2000: encore un beau liquoreux dont le Valais a le secret. Pinot gris, pinot blanc et johannisberg pour cette cuvée à la jolie liqueur, fraîche et longue.

    -Eranthis 1998: cette année-là , la petite arvine a été incorporée à l'assemblage. La robe est jaune citron et le vin est ample, concentré et il emplit la bouche. Superbe!

    A ce stade de la dégustation, Jean-Claude a pitié de nous: "Vous dégustez depuis quelle heure?" et va nous chercher de quoi saucissonner sur le pouce. Excellente idée!

    Une fois requinqués, il est temps de retourner à l'oenothèque de Leytron reprendre quelques cartons laissés au frais en début d'après-midi. Le coffre du Break d'Averroès demande grâce!

    Epilogue

    Ultime rencontre à l'oenothèque de Leytron chez Xavier "oeno-ch". Une dégustation du millésime 2002 de Romain Papilloud venait de se dérouler. Nous entreprenons une petite discussion avec Romain, encore présent, tout en dégustant un dernier verre (je n'ai pas pris de notes!) et ce dernier nous offre gracieusement une bouteille d'amigne et une de cornalin pour découvrir sa production. En échange d'une carte de visite de lapassionduvin.com! Ils savent vivre, ces vignerons valaisans! Et ils méritent vraiment qu'on leur rende une petite visite!

    La nuit commence à tomber, les nuages menacent de plus en plus, il est temps pour moi de reprendre la route pour le Jura, avec une certitude: je reviendrai en Valais, probablement cette année d'ailleurs!

    Olif

     


  • Petite visite au domaine Trapet, à Gevrey

    Date: le 26/03/2003 à 09:31

    Belle journée ensoleillée, hier, le temps idéal pour sillonner la route des grands crus. La vigne est bien ordonnée, propre, taillée très courte, petite coupe printanière oblige!
    En cette heure de midi, personne sur la route, ce qui me permet de circuler tranquillement sans perturber le traffic. Ce qui me frappe plus qu'à  l'ordinaire, peut-être parce que les ceps sont bien taillés, c'est le côté "mouchoir de poche" de ce vignoble. Quelques rangs de vigne et hop! On passe d'un grand cru à  un autre!
    Le but de ma visite, c'est de prendre livraison de ma réservation annuelle au domaine Jean et Jean-Louis Trapet. Un domaine auquel je suis fidèle depuis plusieurs années, y trouvant là  une belle expression du Gevrey-Chambertin et surtout de ses grands crus. Comme il n'est pas toujours facile de pénétrer au sein d'un domaine de Bourgogne, je préfère ne pas laisser ma place!

    Après une halte nourricière à  La Sommellerie, un très bon restaurant de Gevrey, où ce n'est, malheureusement pour eux, pas la foule des grands jours, je gagne le domaine, situé en bordure de la RN 74.
    Jean-Louis en déplacement à  l'étranger, je suis accueilli par les parents, Jean et Andrée. C'est Me Trapet mère qui est habituellement chargée de la dégustation et nous descendons les escaliers qui nous mènent à  la cave.
    C'est donc le millésime 2002, actuellement en fût, qui sera mis à l'épreuve de mes papilles. Me Trapet s'empare de la pipette (du nom d'un célèbre journal) et nous voici partis dans les travées.

    Gevrey Village: bien fruité, un côté un peu crémeux avec un boisé marqué.

    1er cru Petite Chapelle: un grain beaucoup plus fin, minéral et racé.

    1er cru Clos Prieur: un vin massif, aux tanins serrés, gros volume en bouche.

    Chapelle-Chambertin: habituellement le plus séducteur à  ce stade, il est en train de faire sa malo. Perle donc un peu mais beau fruité.

    Latricières-Chambertin: une matière énorme, très long en bouche.

    Chambertin: démarre aussi probablement sa FML car il perle légèrement. C'est toujours un réel bonheur de tremper ses lèvres dans le roi des vins, la définition étant déjà très nette malgré le léger perlant.

    Comme d'habitude, et ce, depuis plusieurs années, la gamme est très homogène, à  un très bon niveau qualitatif. Le millésime 2002 a produit des vins colorés et charpentés qu'il me tarde de découvrir à  un stade plus avancé. Dur, dur, le jugement des vins en primeur!

    Il ne me reste qu'à  charger le coffre avec mes 2000, les 2001 venant d'être mis en bouteilles et devant reposer jusqu'à  l'automne avant d'être commercialisés.

    Retour vers le Haut-Doubs en traversant une partie du vignoble jurassien vers Poligny, mais je suis raisonnable, je ne m'arrête pas! La prochaine fois!

    Olif

  • La Colombe de la vigne au verre...

        6/2/2002

    ... ou comment petit chasselas de Féchy deviendra grand.

    Dans le cadre de la semaine du goût helvétique, journées portes ouvertes au domaine La Colombe à Féchy dans le canton de Vaud. Portes ouvertes, ce n'est pas difficile car le soleil plombe sur les rives du Léman en ce samedi 2 juin 2002.

    A peine arrivé au domaine, je suis embarqué dans un charter en direction du "Petit Clos" pour une présentation du sol et du sous-sol.
    Là -bas nous attend Raymond Paccot pour un petit cours de géologie appliquée. L'homme est chaleureux, passionné, et son exposé très clair et intéressant (il paraît que c'est un ancien instituteur!). Un trou d'1m50 de profondeur en bordure de quelques pieds de vigne nous fait office de travaux pratiques: comment peut-on amener la vigne à laisser s'exprimer le terroir?
    Le retour à une culture raisonnée, étape indispensable avant de passer en biodynamie, comprendre le sous-sol, permet de mieux gérer la qualité du raisin, donc celle du vin. Quelque soit la nature du terrain (graves, argile, calcaire,...), une constante semble se dégager: le drainage naturel du sous-sol qui permet à la vigne de toujours trouver de l'eau en profondeur, juste ce qu'il faut, même et surtout si elle doit souffrir pour s'en procurer, va favoriser l'éclosion des beaux terroirs.
    Si Raymond Paccot procède ainsi dans son domaine, il s'investit aussi au niveau cantonal dans des études de terrain pour établir une véritable cartographie des meilleurs terroirs vaudois.

    Vu des coteaux, le Léman luit sous le soleil, au pied des sommets alpins encore enneigés. Il commence à  faire soif!

    Ca tombe bien, passage au caveau pour une dégustation du millésime 2001. Un chasselas La Colombe, véritable vin de soif, frais et gouleyant, fait office de rafraichissement et de mise en bouche.
    Suivent:
    - le Petit Clos dont nous avons pu apprécier le terroir, à la robe très claire, presque limpide, au nez très floral, vif, avec un léger perlant.
    - En Bayel, au nez plus complexe, très minéral, au goût de pierre à fusil marqué, un vin issu d'un très beau terroir et récompensé il y a peu par la coupe suisse du meilleur chasselas (ça ne s'invente pas!). Et c'était le 1er vin vaudois à recevoir cette distinction!
    -Le Brez, encore sur la réserve, avec une belle minéralité, à  attendre pour qu'il s'exprime.
    - un pinot noir sur le fruit, avec des notes un peu caramélisées et réglissées, déjà  très agréable.

    Les cuvées de réserve ne sont pas encore disponibles, même si j'avais pu en avoir un aperçu à Arvinis en avril dernier (j'ai donc publié mes notes de dégustation sur le millésime 2001 bien avant Parker et la Rvf!).

    Petit jeu avant le départ: un concours de dégustation portant sur 5 millésimes du Petit Clos, à déterminer à l'aveugle sur les 10 dernières années. Reçu 3/5, presqu'un exploit pour un novice en chasselas! Je suis plutôt fier de moi et on m'offre une bouteille du dernier millésime! A noter dans la dégustation, un Petit Clos 92, à la robe ambrée et au nez superbe de pomme. Je ne savais pas que le chasselas pouvait vieillir autant et aussi bien!

    Nous sommes donc loin ici des "infâmes chasselas de Féchy" dont on parlait à une certaine époque. Violaine et Raymond Paccot sont un couple de vignerons fort sympatiques et La Colombe un fort beau domaine vaudois.

    Olif, envoyé spécial en territoire vaudois.

  • A6 sortie Beaune Sud

    Date: le 19/11/2002 à 12:01

    Première partie: Thierry Matrot, l'épure murisaltienne

    Une sortie d'autoroute à  ne pas manquer car elle vous mène tout droit du côté de Meursault et de Pommard.

    C'est par une belle journée ensoleillée que j'ai été convié par mon ami caviste du Bon Echanson à rendre visite à 2 de ses fournisseurs en côte de Beaune, à savoir le domaine Matrot à Meursault et le domaine du Comte Armand à Pommard.
    Voyage à 2 voitures pour des raisons d'horaires de départ incompatibles ; toujours à l'heure, comme à mon habitude, j'arrive à 11h pétantes (au lieu de 10h30) chez Thierry Matrot, juste pour être accueilli le verre à la main et descendre à la cave, dans un dédale de fûts et de bouteilles.
    Mise en bouche sympathique avec un Saint-Romain 2001 que Thierry expérimente à partir de l'achat de raisins en vue d'une diversification de la production. Visiblement, les situations ne sont jamais simples en Bourgogne. Th. Matrot n'est en fait que le gérant des vignes du domaine Joseph Matrot. Suite à une querelle familiale dans laquelle quelqu'un a récupéré ses billes, Thierry cherche à devenir plus indépendant et à vinifier sous son nom, ce qui l'oblige à diversifier sa production du fait de son statut de négociant. La conversation est animée, Thierry est un vigneron comme je les aime, franc et sympathique. En quelques mots, il vous dresse le portrait d'un vin et la correspondance avec son terroir. La vigne, la terre et le terroir seront d'ailleurs des termes qui reviendront souvent car c'est ce qu'il cherche avant tout à exprimer, comme tout bon vigneron qui se respecte (« Va d'abord dans les vignes pour comprendre avant de ramener ta science à la cuverie » lui a dit en substance son père alors qu'il rentrait au domaine, frais émoulu du lycée de Beaune).

    Pendant que nous conversions, nous nous humections la bouche avec quelques petites choses que je vous livre pêle-mêle, de mémoire :

    - d'abord ce Saint-Romain blanc, nerveux et très agréable

    - puis un Auxey-Duresses blanc 2001, vif, tendu, minéral

    - Meursault 2001 : très jeune, bien sûr, mais déjà  très expressif, d'une grande pureté

    - Meursault 99 : un peu plus de gras et de complexité, un grand millésime

    - Meursault-Blagny 2001 et 98 : un premier cru fétiche du domaine car produit en relativement grande quantité qui permet un suivi précis de l'évolution des vins (de très vieux millésimes sont ouverts dans les repas de famille). Le 2001 exprime parfaitement la minéralité du terroir et le 98 m'impressionne beaucoup par sa profondeur et son gras qui se révèle.

    - Blagny la pièce sous le bois 2001 : un rouge que j'aime beaucoup (superbe 95 actuellement), à la robe framboisée, étincelante ; en bouche, le vin est dense, long, les tanins sont fins et serrés. Une vraie gourmandise à boire sur son fruit mais un bon potentiel de vieillissement.

    - Volnay Santenots 2001 : la robe et le nez sont plus profonds, des notes un peu terreuses, évoquant le cuir de Russie. Un vin ample, de grande garde.

    Il est 12 heures 30, le temps a passé vite, il est temps de quitter Thierry Matrot, un fort sympathique et excellent vigneron murisaltien, dont les vins sont sincères et proches du terroir.
    Nous filons en direction de Beaune pour une petite collation aux Caves Madeleine, un Wine Bar au cadre et à l'accueil soignés. Juste un verre de Meursault de Louis Chavy pour accompagner le repas, le premier verre avalé de la journée ! Je revis !

    Deuxième partie : Domaine du Comte Armand, au coeur de l'aristocratie bourguignonne

    Aussitôt le repas ingurgité, nous repartons en direction de Pommard chez le Comte Armand où nous attend Benjamin Leroux, le régisseur du domaine, et nous descendons illico à la cave pour une belle dégustation au milieu des fûts. Très jeune, Benjamin semble avoir déjà beaucoup d'expérience. Cela fait 4 ans maintenant qu'il a repris en main les vins du domaine suite au départ de Pascal Marchand pour le domaine de la Vougeraie, les vins de prestige de chez Boisset.

    Nous commençons la dégustation par quelques blancs et notamment un Saint-Romain et un Auxey-Duresses, qui semblent donc être les nouveaux terrains d'investigation des vignerons bourguignons lassés de ne produire que des Pommard ou des Meursault smiling smiley ,et surtout à la recherche d'une gamme de bons vins à prix intéressants. Il peut s'agir ici d'un achat de raisins sur pied, avec suivi complet de la vigne, ou encore de vignes en fermage, permettant là encore le contrôle total de la production, de l'entretien du terrain à la vinification, condition sine qua non car le domaine est en biodynamie.
    Ici encore, on parlera beaucoup terroir, travail à  la vigne, maîtrise des rendements.

    - Bourgogne blanc 2001 : simple mais impeccable pour se refaire le palais

    - Saint-Romain 2001 : vif, minéral, de l'allonge

    - Auxey-Duresses blanc 2001 : encore un vin minéral, tendu, exprimant de façon assez caractéristique son terroir (ce n'est pas moi qui le dit !)

    - Auxey-Duresses rouge 2001 : fruité, droit, de la longueur

    - Auxey-Duresses 1er cru rouge 2001 : on gagne en complexité. Un vin plutôt strict mais au fruité magnifique, charnu, avec une belle mâche en finale. Superbe !

    - Volnay 2001 : un vin de vinificateur d'après Benjamin, car nécessitant quelques artifices pour compenser les imperfections de la nature (mauvaises conditions de récolte, je crois). Il restera encore quelque temps en fût et nécessitera un collage.

    - Pommard 2001 Le clos des Epeneaux : le 1er cru maison, en monopole, une parcelle située entre les grands et les petits Epenots. Les raisins sont vinifiés séparément suivant l'âge des vignes. Nous commençons par goûter les jeunes vignes (20 ans d'âge) , récoltées en influence lunaire « fruit » ; le vin est effectivement très fruité, déjà flatteur. Ces fûts ne seront très certainement pas intégrés à l'assemblage final et commercialisés en appellation village (les années précédentes, vendus au négoce). Les vignes de 30 ans montrent plus de concentration ; la prise de bois est magnifique, laissant s'exprimer le fruit, les tanins sont fins et serrés. Les vignes de 40-50 ans, récoltées en influence « racine » nous font encore monter d'un cran et gagner en concentration, avec un côté très pur, et les vignes de 70 ans expriment un fruité intense et complexe, magistralement soutenu par le bois. L'apothéose, c'est l'assemblage à la pipette (du nom d'une fameuse revue vendéenne smiling smiley ) des 3 dernières cuvées dégustées, donnant une petite idée de ce que sera le probable Clos des Epeneaux 2001 : l'alchimie du vin ! une impression difficile à décrire ! chaque fût pris séparément aurait donné un très bon vin mais l'assemblage des 3 produit un vin étonnamment différent (quoique très proche), plus complexe, plus grand, et donne un sentiment de plénitude, d'accomplissement, non ressenti auparavant. C'est magique et c'est très bon ! une véritable naissance sous nos yeux et dans nos verres !

    Benjamin est visiblement fier de sa production en 2001 ; c'est un vin qui exprime pour lui le terroir des Epeneaux de façon magistrale mais qui sera peut-être plus difficile d'accès que le monumental 99 ou le médiatique 2000. Toutes les conditions sont réunies pour que 2002 soit également très grand. Pour conclure la dégustation, nous testons une version spéciale du Clos des Epeneaux 2000, vinifiée avec adjonction de CO2, et qui donne un vin très confituré avec une pointe de gaz (on se croirait chez le Dom !) et un Volnay Frémiets 2000, très pur et concentré.

    Un moment passionnant vient de se terminer et nous quittons Benjamin à  regret.

    Le soleil automnal brille toujours sur les vignes bourguignonnes et c'est l'heure de se diriger vers l'A6 entrée Beaune Sud et de faire le chemin inverse, sortie Poligny dans le vignoble jurassien, puis direction Pontarlier. De nouvelles visites en Bourgogne sont déjà au programme de l'année prochaine. Vivement !

    Olif

  • Balade au bout du Médoc

    Date: le 18/09/2003 à 18:36

    Petit clin d'oeil aux amateurs de Bandes Dessinées (le nouvel opus de cette fantastique série fantastique sera prochainement dans les bacs), cette excursion dans le Médoc n'était pourtant pas une « Balade au bout du monde ». Si l'on excepte la rime (riche !), le Médoc n'a rien du royaume de Galthédoc, les châteaux ici n'étant pas moyenâgeux. Nous ne sommes pas pour autant chez Mickey, car, même si la juxtaposition de certains styles laisse songeur, point de vieux roi barbu et bougonnant aux fenêtres, ni de princesse de conte de fées et encore moins de petites souris qui font la farandole.

    Après 7 heures de conduite autoroutière intensive, arriver à Blaye et marquer le stop pendant une ½ heure au départ du bac qui relie les deux rives de la Gironde, cela fait relativiser les choses! D'abord parce que le soleil nous accueille et ensuite, traverser paisiblement l'estuaire au doux son du teuf-teuf du bac redonne tout son sens à la vie. Prendre le temps de humer l'air bordelais et savourer l'instant, loin du rythme trépidant de la vie moderne. Finalement, il va presque trop vite, ce bac qui relie Blaye à Lamarque, Médoc!


    La route qui nous conduit jusqu'à Pauillac, terme de notre voyage, nous fait passer au cÅ“ur du vignoble et nous permet d'entrevoir des silhouettes bien connues (Latour, Pichon, Ducru,...), aiguisant notre appétit de découverte.

    La veille de notre arrivée se déroulait le Marathon du Médoc, épreuve sportive et festive, qui suscite un réel engouement, permettant aux valeureux coureurs (et aux accompagnants !) d'arpenter le vignoble, au pas de course ou non, tout en ménageant des points de ravitaillement pas toujours orthodoxes. En ce dimanche soir, la petite cité a retrouvé tout son calme. Après une nuit de sommeil, nous sommes d'attaque pour notre petit marathon personnel, 6 visites de châteaux étant inscrites au programme !

    Montrose, la modernité high tech

    Comme entrée en matière, on ne peut rêver mieux ! Elle nous permet d'appréhender de fort belle façon la notion de terroir bordelais.
    Situé en hauteur sur une croupe qui regarde l'estuaire, le vignoble offre une jolie vue sur la Gironde, si l'on excepte, au loin, la centrale nucléaire de Blaye. La déclivité du terrain favorise le drainage naturel malgré la faible épaisseur de la couche de graves (moins de 60 cm par endroit), d'autant que celle-ci repose sur une bande argileuse qui permet une bonne régulation de l'eau.
    D'un point de vue climatique, la situation face à la Gironde restreint le risque de gelées printanières et génère une certaine humidité qui a évité à la vigne de trop souffrir de la sécheresse cet été. De fait, les raisins semblent un peu plus gros que ceux aperçus sur certains secteurs de Saint-Julien.

    Pour l'équipe du château, 2003 s'annonce plutôt bien, voire très bien si les conditions actuelles se maintiennent jusqu'à la vendange qui ne saurait tarder. Apparemment, pas de déficit d'acidité trop marqué, ce qui ne devrait pas nécessiter de mesure corrective !


    Le cuvier ultra-moderne réalisé en 2000 a amputé le vignoble de quelques hectares juste autour du château, mais permet une rationalisation du travail. On se croirait dans un grand laboratoire agro-alimentaire tellement l'inox est clinquant ! Et de fait, c'est bien d'agroalimentaire qu'il s'agit dans le cadre de l'élaboration du vin, même si ça casse un peu l'image d'Epinal qu'on voudrait en avoir.
    Après avoir assisté au soutirage du 2002, nous allons avoir un aperçu de sa qualité dans la magnifique salle de dégustation du château.


    - La dame de Montrose 2002 : robe noire, opaque. Notes boisées torréfiées au nez. Le fruit est en retrait et la matière, qui semble belle, est un peu rectiligne et développe une certaine austérité.

    - Château Montrose 2002 : sur ce millésime, les deux vins sont assez semblables dans l'esprit (pour une fois, assemblage identique 70% CS, 30% merlot) avec évidemment une concentration plus importante pour le grand vin qui développe un plus gros volume en bouche. Le boisé est plus fin, discrètement vanillé, et la finale se mâche encore terriblement. Dans une phase assez austère et fermée, peu à son avantage, je trouve que c'est un vin assez difficile à goûter, même si la matière est énorme. Mais la patience n'est pas la moindre des qualités de l'amateur de Montrose !

    Fin de la première visite !
    Avant la deuxième étape, nous faisons une petite halte devant Cos pour la photo et nous en profitons pour grappiller un raisin dans les vignes, raisin qui se révèle extrêmement riche et concentré en sucres.

    Branaire, le raffinement fonctionnel

    Accueillis par le propriétaire en personne, Mr Patrick Maroteaux, par ailleurs président de du Syndicat des Crus Classés du Médoc, nous commençons par nous installer dans la salle de réunion du château pour un petit « débriefing » et des considérations d'ordre général sur le terroir, les vins de Bordeaux, l'économie de marché... On sent poindre derrière le personnage l'homme d'affaires qui ne perd pas de vue les réalités économiques, mais en même temps transparaît le passionné amoureux de son terroir et de sa marque, qui n'a pas hésité à investir des sommes colossales pour hisser le domaine vers les sommets de l'appellation Saint-Julien. Le plus beau compliment qui lui a été adressé sur le redressement de Branaire vient de Las Cases : « Auparavant, dans les dégustations des crus classés de Saint-Julien, on savait qui serait le dernier, maintenant, c'est plus embêtant ! »


    Le GJP devant Branaire

     

    Le cuvier et les chais sont ultra-modernes et très fonctionnels. On a profité de la configuration du terrain pour construire un cuvier par gravité, qui permet d'éviter de remonter le jus en haut de la cuve pour l'y déverser. Il paraît que c'est mieux ! La construction du cuvier est à l'origine d'une petite anecdote savoureuse. A son arrivée à Branaire, Ph. Maroteaux a cherché à échanger des parcelles avec ses prestigieux voisins (Beychevelle et Ducru), notamment pour construire ce fameux cuvier. Après échange, une des parcelles appartenant à Branaire a été cédée par Ducru à la commune de Saint-Julien-Beychevelle pour y construire deux courts de tennis communaux. Un seul court a été réalisé, adossé à un petit bois, au milieu des vignes. C'est le court "le plus cher du Médoc", situé sur une ancienne parcelle de Branaire ! La surface prévue pour le deuxième court a été laissée en vignes que Branaire a récupérées, à charge pour lui de fournir à la mairie chaque année l'équivalent en vins produits sur cette parcelle !

    Justement, nous allons les goûter, ces vins de Branaire, dans le caveau aménagé à  proximité des chais.

    - Duluc 2000 : le deuxième vin de Branaire dans un grand millésime et dans une phase très agréable, fruitée et poivrée. Une jolie mise en bouche.

    - Branaire 2002 : intense, sur des notes boisées légèrement torréfiées, il développe une texture soyeuse avec un grain de tanins très fin. Très beau vin.

    - Branaire 2000 : superbe ! Poivron bien mûr, cassis, gousse de vanille, il est impressionnant de profondeur. Grand vin !



    Grand Puy Lacoste, le renouveau en profondeur et en douceur


    Ce très beau 5ème cru classé de Pauillac, avec un vignoble d'un seul tenant autour du château (hormis une parcelle de quelques hectares à proximité de Mouton) est maintenant dirigé exclusivement, tout comme Haut-Batailley, par François-Xavier Borie qui nous reçoit personnellement au château. Nous sommes gâtés !

    La rénovation est en cours ; les équipements sont modernes mais adaptés à la configuration des locaux, c'est à dire pas toujours rationnellement disposés. Il faut traverser la cour pour se rendre d'un chai à l'autre, ce qui n'est pas forcément pratique, surtout quand il pleut, mais ça a son charme ! Cuvier inox mais rien de clinquant. On se consacre ici à l'essentiel, c'est à dire élaborer un grand vin. Nous avons droit également, ce qui ne manqua pas de piquant, à l'anecdote du court de tennis, version Ducru, cette fois (F.-X. Borie s'est longtemps occupé de gérer Ducru-Beaucaillou).

    Pour en revenir à  GPL, son vin n'a rien d'un carburant pour automobile non polluante !

    - Grand-Puy-Lacoste 2002 : fruité (cassis essentiellement), il est déjà presque aimable avec ses tanins civilisés, non agressifs. Disposant de suffisamment d'étoffe, il devrait donner rapidement une belle bouteille.

    - Grand-Puy-Lacoste 2000 : nez sur le tabac, un peu torréfié et boisé mais les tanins sont fins et racés. C'est une très belle bouteille qui devrait bientôt être prête à boire.



    Lagrange, l'efficacité à  la nipponne

    C'est la plus vaste propriété de Saint-Julien avec 113 hectares de vignes, ce qui nécessite une organisation sans faille. 800 000 bouteilles produites par an pour un prix de revient de 5 euros par bouteille, charges administratives non incluses (environ 2 euros), ce qui induit un bénéfice annuel d'environ 1 000 000 d'euros, un peu moins dans les petits millésimes. Les Japonais du groupe Suntori n'ont pas investi des sommes colossales dans la propriété par philanthropie ! Mais l'objectif essentiel a quand même été accompli depuis 85, à savoir remettre le château sur le droit chemin et à son niveau qualitatif de 3ème cru classé. Nous assistons au soutirage d'une barrique de 2002 avec décantation à la bougie avant de gagner la salle de dégustation pour appréciation de ce millésime justement, puis la salle à manger du château où nous sommes invités à déjeuner. ça sert, d'avoir des relations ! Sur le chemin, nous pouvons apprécier le mini-musée des cépages bordelais, plantés sur deux rangées chacun, ce qui permet de goûter à même la vigne le cabernet franc, le cabernet sauvignon, le merlot, le malbec, le petit verdot et le...carménère, toujours autorisé dans l'encépagement mais, à vrai dire, plus jamais utilisé !


    - Les Fiefs de Lagrange 2002 : très fruité (cassis), il est d'une souplesse déjà  agréable.

    - Château Lagrange 2002 : sur le cassis bien marqué également, il est évidemment beaucoup plus concentré que le second vin. Très beau.

    - Les Arums de Lagrange 2001 : la cuvée de blanc du château, assemblage de sauvignon, sémillon, muscadelle. Cherchant l'expression du terroir au-delà du cépage, il joue dans un registre plutôt subtil, sur les agrumes.

    - Les Fiefs de Lagrange 98 : fruité, concentré et charnu.

    - Château Lagrange 89 : tanins très fondus, dans un registre tertiaire, il est long, fin et élégant, témoignant d'un vieillissement harmonieux.

    - Château Lagrange 85 : le millésime du renouveau pour Lagrange. Sur le havane et le pruneau, il tient encore magnifiquement la distance avec beaucoup de corps et de vigueur, ce qui le place à mon avis légèrement au dessus du 89.

    C'est déjà l'heure de notre prochaine visite et c'est presque à regret que nous quittons nos hôtes pour nous diriger vers Talbot, voisin de quelques kilomètres.


    Château Talbot, le dynamisme et la franchise


    A peine en retard, nous interceptons la directrice du domaine sur le départ ! Elle ne nous attendait que le lendemain ! Il s'en est fallu d'un cheveu qu'on se manque ! Marche arrière toute et visite du domaine au pas de course, non pas qu'elle soit pressée, mais c'est son tempérament ! Elle ne pratique pas non plus la langue de bois. Ici, on a essayé, puis abandonné, devant les résultats décevants, le micro bullage ; l'appareillage quasi flambant neuf est encore accroché au mur. Concentrateur si besoin, mais pas osmose inverse. On fera tout ici pour produire du bon vin mais avec les meilleurs rendements autorisés possibles, il ne faut pas se voiler la face et bien rentabiliser l'entreprise toujours familiale. Le cuvier et les chais sont modernes mais adaptés à l'existant. Comme nous en avons pris l'habitude maintenant, nous terminons notre visite dans la salle de dégustation.

    - Château Talbot 2002 : en pleine phase de prise de bois, il possède néanmoins beaucoup d'élégance avec de jolis tanins.

    - Château Talbot 2001 : nez de fruits mûrs, un peu chahuté par la mise récente, c'est un vin d'une relative souplesse car il contient plus de merlot que d'habitude.

    Châteaux Léoville-Barton et Langoa-Barton, la classe et la distinction


    Nous terminons notre périple médocain par la visite du château Langoa, fief d'Anthony Barton, qui produit deux vins de grande envergure, le château Léoville-Barton (qui ne possède pas ses propres murs) et le château Langoa-Barton, 3ème cru classé, moins connu car exporté de façon quasi exclusive jusqu'à il y a peu.
    Ici, on a privilégié le bois, ce qui donne au cuvier une grande distinction. On se sent dans la chaleur d'une cave et pas dans la froideur d'une usine agroalimentaire. Bois, ciment, inox, la qualité du vin est la même. Le bois, c'est juste moins de facilités et plus d'entretien, mais c'est la classe et un régal pour les yeux! Visite du nouveau chai, récemment construit et qui s'intègre de façon exemplaire à l'architecture existante, puis direction le caveau de dégustation, situé dans le prolongement du cuvier, où nous allons faire connaissance avec deux vins superbes.

    - Château Langoa-Barton 2002 : un vin sur le fruit, gourmand, aux tanins très fins, élégants et féminins.

    - Château Léoville-Barton 2002: Même si je suis loin d'avoir goûté tous les 2002, je pense qu'il s'agit là de la future star du millésime !Robe dense aux reflets violines. Très beau nez fruité, mais ce qui impressionne le plus, c'est un soyeux de texture et une grande concentration. Un vin immense, aussi grand que le 2000 à ce stade pour la propriété.

    Autres vins du domaine dégustés pendant notre séjour, une véritable mini-verticale :

    - Réserve de Léoville-Barton 98 : concentré, puissant et encore un peu massif, il se laisse pourtant boire même s'il est encore …sur la réserve !

    - Léoville-Barton 97 : tanins fondus, plutôt souple, il est parfait à  boire actuellement même si ce n'est pas un vin très profond.

    - Léoville-Barton 93 : à  maturité également, il termine toutefois un peu court à  mon goût.

    - Léoville-Barton 88 : sur le havane, la boîte à cigares, il possède beaucoup d'amplitude et un corps encore vigoureux, avec du tonus et de la concentration. Très beau vin.

    - Léoville-Barton 86 : totalement fondu, il resplendit de classe et d'élégance. Je lui reprocherais néanmoins un peu trop de souplesse en milieu de bouche, préférant la vigueur du 88.

    - Langoa-Barton 95 : très beau nez sur la cerise avec de l'alcool qui ressort un peu, mais pour mon plus grand plaisir. Les tanins sont soyeux et veloutés, m'évoquant un peu le style de certains vins du Roussillon. Elégant et racé, je trouve que c'est un très beau vin, mais les avis sont partagés.

    Epilogue

    Fin de notre aventure en Médoc, et je laisserai volontiers le dernier mot à Jean-Paul Barbier, restaurateur très haut en couleurs du Lion d'Or à Arcins, où nous avons pris notre repas d'adieux : « On fait de bons vins dans toute la France ! ç nous embête de vous le dire, c'est quand même chez nous qu'ils sont les meilleurs ».

    Pas chauvins pour un sou, ces Médocains !

    Merci à Philippe Chapon, caviste du Bon Echanson, instigateur de ce voyage, à Michel Sartorius, qui nous a « drivé » dans le Médoc en nous donnant l'impression d'être des VIP, et à Lilian Barton, pour sa gentillesse et son hospitalité.

    En guise de conclusion, je voudrais souligner qu'il serait bête de bouder 2002, qui est un millésime hétérogène certes, mais d'un plutôt bon niveau qualitatif dans le Médoc. Le très beau mois de septembre a permis de rattraper les retards de maturité des raisins, et a privilégié la qualité des cabernets. En principe non spéculatif, sauf si Parker, qui a très bien noté un certain nombre de vins, ne vient brouiller les cartes, il devrait permettre à l'amateur de se faire plaisir avec des grands vins à prix abordables. Mon coup de coeur, c'est bien sûr Léoville-Barton 2002, un vin immense pour lequel je veux bien faire une exception à mon refus de notation et lui attribuer royalement un 96-99+. Les autres vins de Saint-Julien sont d'une très belle homogénéité qualitative.

    Olif et le GJP

    P.S. : en bonus, comme sur les DVD, 3 autres vins appréciés lors du séjour :

    - Cos d'Estournel 87 : sur des notes tertiaires et des tanins bien enrobés et fondus, il possède encore beaucoup d'allant, contrairement à ce que l'on pouvait craindre. Son côté empyreumatique sur le havane, légèrement fumé, doublé de nuances chocolatées, est extrêmement séducteur, confirmant, après le 84 bu récemment, que Cos excelle dans les petits millésimes.

    - Haut-Bages-Libéral 95 : attaque plutôt franche avec des tanins encore un peu durs, finale un peu courte et acide, il a été un peu écrasé par la race du précédent.

    - Rayne-Vigneau 86 : très beau Sauternes au nez concentré d'abricot et très grande persistance aromatique en bouche.

  • Domaine Robert Arnoux, entre tradition et modernité!

    Date: le 09/11/2004 à 17:11

    Après la Côte de Beaune et le domaine Tollot-Beaut, deuxième volet de cette virée bourguignonne automnale en direction de la Côte de Nuits et Vosne-Romanée, au domaine Robert Arnoux, une exploitation familiale de 14 hectares bien dotée en Grands Crus et Premiers Crus, répartis exclusivement sur le secteur Vosne-Chambolle-Nuits.

    Petit détail qui aura son importance, lors de notre arrivée au domaine, nous manquons d'écraser un piéton tête en l'air qui fonce droit dans notre direction.

    Nous sommes accueillis par Pascal Lachaux, « Winemaker» , comme il est écrit sur la plaquette publicitaire du domaine et descendons illico à  la cave pour goûter à  la production. Homme de conviction, déterminé, Pascal Lachaux ne pratique pas la langue de bois lorsqu'il nous parle de ses réticences vis à  vis d'Internet qui perturbe plus le marché qu'il ne le sert actuellement, de ses méthodes de vinification et de sa conception du vin.

    Une cave qui respire la propreté! Au royaume du 100% bois neuf! Entre 30 et 100% suivant les cuvées. Pourquoi autant de fût neuf? Paradoxalement, dans le cadre d'une recherche optimale de pureté de fruit, grâce à  la meilleure micro-oxygénation générée par le bois neuf et au maintien d'une flore bactérienne autochtone équilibrée. Les vins, issus de beaux terroirs, supportent tout à  fait ce type d'élevage et, à  aucun moment, dans la dégustation qui va suivre, ne seront marqués par des notes boisées envahissantes.

    En guise de mise en bouche, quatre vins du millésime 2003, une année qui nécessitera une approche un peu différente à  la cave: pas de chaptalisation (ce serait un comble!), pas de pigeage, de façon exceptionnelle, pour ne pas trop extraire une matière déjà  bien concentrée, et une légère acidification, pour entretenir le bon milieu microbien et éviter la piqûre acétique. Avec 48% de récolte en moins, suite au gel, aux attaques de chenilles, puis à  la canicule, pas question de laisser se gâter la production restante!

    Bourgogne 2003
    Pour se refaire le palais après le repas de midi, un Bourgogne générique fruité et croquant, simple et bon.

    Vosne-Romanée 2003
    Plus coloré, concentré et mûr, ses tanins sont déjà  très fins.

    Vosne-Romanée 1er Cru Les Chaumes 2003
    Développant une belle amplitude, il possède déjà  de la rondeur, malgré un léger perlant, grâce à  une sensation de sucrosité.

    Clos de Vougeot 2003
    Concentré et riche, à  la robe rubis soutenu, gras et glycériné, il possède une grande longueur qui témoigne de sa race.

    Après cette fort jolie entrée en matière, nous nous dirigeons vers le caveau de dégustation, aménagé sous une voûte, pour apprécier un large échantillonnage du millésime 2002, une aubaine que nous devons au visiteur précédent, celui que nous avons failli écraser, et qui n'était autre que Stephen Tanzer!


    Saurez-vous reconnaître toutes les initiales?

    Vosne-Romanée 2002
    Un vin plutôt rectiligne, dont le nez évoque les épices et la fumée, et dont les tanins sans aspérités terminent sur une pointe d'amertume.

    Vosne-Romanée Les Hautes Maizières 2002
    Un village portant la mention de son climat, du fait de sa situation privilégiée sous les Suchots. Distillant des notes de fruits très mûrs, rouges et noirs, il possède à  la fois la fraîcheur du fruit et la minéralité. Déjà  très arrondi, relativement puissant, une belle pureté d'expression.

    Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Procès 2002
    Plus massif que le précédent, il présente également une matière un peu plus dure mais également une minéralité plus affirmée.

    Vosne-Romanée 1er cru Les Chaumes 2002
    Un vin de séduction immédiate au caractère bien trempé! Dans un registre plutôt floral, sur la violette, les pétales de roses fanées, ses tanins sont déjà  soyeux malgré leur volume imposant.

    Echezeaux 2002
    La robe est sombre, en relation avec la grande concentration du vin. Une puissance maîtrisée pour un vin déjà  expressif, aux notes épicées et à  la texture serrée.

    Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 2002
    Derrière un boisé légèrement torréfié, mais non caricatural, on retrouve des notes de pétales de roses, une légère sucrosité, sur des tanins enrobés.

    Romanée Saint-Vivant 2002
    Wow! D'une précision millimétrique, une structure calibrée à  la perfection, des tanins fins, au grain admirable, pourtant accrocheurs, et une longueur immense. Magnifique!

    Clos de Vougeot 1971
    La cerise sur le gâteau, une bouteille de derrière les fagots, que Pascal Lachaux est allé chercher pour que nous puissions apprécier un vin à  maturité. Une bouteille qui nécessite de l'attention, tant les arômes évoluent rapidement dans le verre. Grandeur et complexité des arômes tertiaires qu'il faut savoir cueillir lorsqu'ils se présentent, tellement ils sont fugaces. Comme un petit film qui passe en accéléré, un raccourci de 33 ans d'évolution à  apprécier en quelques minutes!
    D'abord fruits confits, pruneau, sous-bois, tabac blond, presque liquoreux au nez, il évolue sur le cacao et les fruits secs. Une caresse au palais! L'alcool est toujours bien présent, arrondissant la structure du vin, encore loin de se dessécher. Un petit bonheur! Après une telle bouteille, plus rien ne peut nous arriver! L'apothéose!

    Sans arrière-pensée publicitaire, voilà  encore un domaine à  recommander vivement!

    Olif

  • La Bourgogne du bon sens

    La Bourgogne du bon sens
    Date: le 01/07/2003 à 15:52

    Petit parcours de la Côte de Beaune à la Côte de Nuits, du sud au nord (est-ce le bon sens ?), et découverte de 3 domaines bourguignons aux conceptions sensiblement différentes mais pour un résultat approximativement identique : produire d'excellents vins. L'un est une véritable star, le deuxième une référence incontournable dans son (ses)appellation(s), le troisième en passe de le devenir. Trois états d'esprit un peu différents, que l'on peut percevoir dès l'entrée dans la cour du domaine, trois formes du bon sens bourguignon!


    Le domaine Leflaive : le bon sens biodynamique
    Date: le 01/07/2003 à 15:58

    Dans un premier temps, attaque par le versant sud qui place la barre très haut. Il est 9 heures 30 pile lorsque nous pénétrons dans la cour du prestigieux domaine Leflaive ! Une très jolie cour tout en gravier blanc, ceinte d'une grille en fer forgé ; tout est propre, ordonné et les voitures qui y sont garées sont bien alignées. C'est Hervé Bérilley, oenologue et chef de cave du domaine, qui nous reçoit et nous conduit dans le caveau de dégustation. A Puligny, point de cave enterrée, la nappe phréatique étant trop proche de la surface. Il faut donc climatiser pour conserver une certaine fraîcheur à  ce qui s'apparente plus à  un chais. Il fait presque 19° dans le caveau où sont disposées en arc de cercle sur un tonneau 8 bouteilles dont les étiquettes font rêver les amateurs que nous sommes.
    La séance commence par un petit descriptif du vignoble de Puligny grâce à  une carte et une photo aérienne accrochées au mur. Montrachet, la colline parfaite ! En terme de pédologie, de géologie, de climatologie, tout concourt ici à  ce que ce terroir soit l'un des plus grands de Bourgogne. Et quand on se donne les moyens de bien le travailler, on ne peut faire que du grand vin !
    Tout en dégustant le Bourgogne blanc générique du domaine, nous abordons le sujet sensible de ...la biodynamie ! Car, évidemment, le domaine travaille en biodynamie. Mais de la biodynamie concrète et rationnelle et les explications d'Hervé Bérilley sont d'une logique implacable : faciliter l'enracinement profond de la vigne par l'enherbement et le passage de la charrue, préservation des levures indigènes du sol en bannissant pesticides et herbicides, rien que du bon sens qui ne peut que favoriser l'expression du terroir dans le raisin et, par conséquent, dans le vin.
    La discussion s'anime, prend un tour passionnant, parce que notre interlocuteur est visiblement un passionné qui aime son métier. Je hasarde une question sur la cosmoculture et, sans tomber dans la caricature, il semble s'avérer que certaines constatations puissent se confirmer sans pour autant s'expliquer rationnellement et scientifiquement (notamment le fameux « Point d'or » qui voit les bouteilles qui y sont placées vieillir moins vite que celles entreposées juste à  côté, objectivé à  plusieurs reprises par un dosage des anthocyanes du vin par spectrophotométrie).

    - Bourgogne blanc 2001 : jolie entrée en matière avec ce vin aux notes discrètement amyliques, de bonne tenue et déjà  bien agréable, mais qu'il est quand même conseillé d'attendre encore un peu.

    - Puligny-Montrachet village 2001 : un cran au-dessus en concentration, évidemment, mais très abordable également.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Clavoillon 2001 : un premier cru bien situé, en quasi-monopole, le domaine possédant environ 75% de ce climat. Un vin généreux et riche, lactique en attaque mais qui s'ouvre crescendo sur des notes d'agrumes qui emplissent la bouche. Très beau.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Les Folatières 2001 : un vin radicalement différent du précédent, nous permettant d'apprécier les variations d'expression du terroir, les Folatières étant beaucoup plus droit et minéral. Au moins aussi beau que le précédent malgré ses différences.

    - Puligny-Montrachet 1er cru Les Pucelles 2001 : on retrouve ici un peu le style de Clavoillon, avec une grande concentration et une grande richesse, mais aussi un boisé un peu plus présent même si de toute beauté.

    - Bienvenues-Bâtard-Montrachet 2001 : une vigne sauvée par la biodynamie qui a permis la régénérescence de ceps quasi moribonds et à  deux doigts de l'arrachage. Encore sur la réserve au nez, il révèle en bouche une grande profondeur et une grande complexité. Il lui faut un peu de temps !

    - Bâtard-Montrachet 2001 : riche et gras, avec un énorme volume en bouche et une grande longueur, il la joue très séducteur. « Un vin de banquet », apte à  plaire au plus grand nombre ! Exceptionnel !

    - Chevalier-Montrachet 2001 : moins expressif que le Bâtard, c'est « un vin d'invités », à  n'offrir qu'à  ceux qui le méritent. Intense et complexe, il est d'une grande droiture et termine sur une splendide minéralité.

    Malheureusement pour nous, ce n'est pas le jour du Montrachet, ouvert avec parcimonie du fait du peu de vin produit (une seule pièce, soit environ 300 bouteilles). La dégustation de ce vin mythique, c'était la veille !

    De cette dégustation d'exception, il faut retenir l'extraordinaire homogénéité des vins du domaine, du plus petit au (presque) plus grand (il manquait le Montrachet !), qui incite l'amateur à  vouloir tremper un jour ses lèvres dans un de ces nectars. C'est vrai que c'est relativement cher mais à  ce niveau de qualité, le prix a t'il encore une importance ?

    Pour ceux que ça intéresse:[www.leflaive.fr].

    A suivre...

    Olif

    Domaine Bruno Clair : le bon sens pratique
    Date: le 01/07/2003 à 22:17

    Ayant eu quelques difficultés à  nous arracher du domaine Leflaive, nous arrivons au domaine Bruno Clair avec un ¼ d'heure de retard, après une traversée express de la Côte par l'autoroute.
    Nous pénétrons dans la cour où se côtoient des voitures garées dans tous les sens, une flopée de vélos de toutes les tailles, plus divers objets qui traînent. Cela donne un côté bohème, joyeux foutoir ! Nous sommes accueillis par Philippe Brun, responsable de la vinification et de la cave, tandis que Bruno Clair s'occupe plus des vignes. Ici, la cave est enterrée, et nous descendons les marches pour nous retrouver au frais. Les murs pourtant épais suintent l'humidité et des concrétions calcaires se forment ici et là . Le plafond est tapissé d'une couche épaisse de moisissures et de toiles d'araignées mêlées, recouvrant même les câbles électriques. Une vraie belle cave, quoi, où il fait bon frais entre les fûts et les foudres alignés.
    Le domaine Bruno Clair, c'est 24 ha de vignes réparties sur toute la Côte, principalement en Nuits (Marsannay, Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Chambolle-Musigny) mais aussi en Beaune (Aloxe-Corton, Savigny, Corton Charlemagne).
    Nous axons la dégustation sur 3 vins dans les millésimes 2002 (au fût), 2001 puis 2000, plus quelques bonus !
    Ph. Brun est très ouvert, décontracté et bon vivant. Sa philosophie, c'est que le vin soit bon dans le verre de l'acheteur, et pour cela, pas de faux scrupules, pour qu'il voyage bien à  l'export et qu'il arrive dans de bonnes conditions sans souffrir, il est soufré, juste ce qu'il faut mais il est soufré.
    Justement, je lui parle d'un Corton Charlemagne 93 oxydé bu cet hiver, il va le regoûter, et en magnum pour juger de l'évolution.
    Il n'aime pas qu'on minimise le rôle du vinificateur ! Un grand vin, c'est un grand terroir, un grand cépage, de bonnes conditions climatiques ... et un bon vinificateur qui est là  pour corriger les déficiences de la nature, qui, si on la laisse faire toute seule, ne mènera jamais à  terme toute seule cette grande entreprise. Le bon sens pratique, quoi !

    Et la dégustation qui va suivre est là  pour le prouver !

    - Marsannay Les Longeroies 2002 : une pointe de gaz normale à  ce stade mais un vin fruité et friand, très charmeur.

    - Savigny 1er cru La Dominode 2002 : un peu plus concentré et boisé, il révèle également un joli fruité. Le gaz aussi présent ne gêne pas, il n'est de toute façon pas question d'intervenir artificiellement sur l'évolution des vins actuellement par ces grosses chaleurs.

    - Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2002 : richesse et concentration, avec une jolie prise de bois.

    - Marsannay Les Longeroies 2001, Savigny 1er cru La Dominode 2001, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2001: pas de notes précises sur chaque vin, mais le souvenir que le millésime 2001 se goûte extrêmement bien dans les 3 appellations, donnant des vins fruités et plaisants.

    - Marsannay Les Longeroies 2000, Savigny 1er cru La Dominode 2000, Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 2000 : idem pour ces 3 vins. Le millésime 2000 est en train de se fondre mais présente des tanins un peu plus durs que 2001.

    - Gevrey-Chambertin 1er cru Les Cazetiers 1999 : à  l'aveugle, car il s'agissait pour nous de reconnaître le millésime (trouvé haut la main par le Seb !). Etonnamment ouvert, ce vin possède une grande longueur qui augure bien de son potentiel, mais se laisse déjà  boire avec grand plaisir. Ph. Brun pense également qu'un très grand vin est bon à  tous les stades de son évolution.

    - Chambertin Clos de Bèze 91 : à  l'aveugle également, pour trouver le millésime, décrié par la presse. Après quelques indices, c'est encore le Seb qui double la mise mais il ne repartira pourtant pas avec une caisse de vins et des Spiegelau ! Et je peux dire à  PhR et à  Eliane que tous les 91 sont loin d'être morts ! Celui-ci est superbe, sur le pruneau et des notes de venaison, avec une grande longueur et une belle harmonie. Ce Clos de Bèze en a encore dans le ventre, même s'il ne se bonifiera vraisemblablement plus !

    - Corton Charlemagne 2000 : un grand blanc, porté par une belle acidité et un équilibre somptueux, finissant sur de légères notes torréfiées et grillées de toute beauté.


    Finale en apothéose, donc, et nous nous rendons illico « Chez Guy », à  Gevrey-Chambertin pour nous remplir l'estomac de nourritures plus solides. Excellente adresse à  recommander, cuisine façon bistrot moderne accompagnée, pour rendre hommage à  notre hôte précédent, d'un Marsannay blanc 2001 puis d'un Chambolle Musigny Les véroilles 99. Encore un sans-faute !

    Globalement, tous les vins dégustés étaient d'un très bon niveau, avec une mention spéciale pour les 2001, millésime mésestimé d'emblée mais qui s'avère très bon, les 2002 qui s'annoncent très grands et mériteront qu'on s'y intéresse dès la fin de leur élevage. Le Chambertin Clos de Bèze a dignement tenu son rang même en petit millésime et n'a pas mérité d'être recraché. D'ailleurs, je crois que tout le monde l'a bu!

    A suivre...

    Olif

    Domaine Maillard Père et fils : le bon sens paysan
    Date: le 01/07/2003 à 23:39

    Ultime étape de notre périple bourguignon, un petit retour en arrière dans la Côte pour rendre visite au domaine Maillard Père et fils à  Chorey-les-Beaune . Ce domaine familial possède de très belles parcelles en Côte de Beaune, à Savigny, Ladoix, Chorey, Beaune, Pommard, sur la montagne de Corton avec un très réputé Corton-Renardes et un original Corton blanc, vignes de chardonnay situées en dehors du Charlemagne. Lorsque nous pénétrons dans la cour, nous nous trouvons nez à  nez avec une camionnette d'artisans en train de refaire le toit des chais. De grands travaux pour le domaine qui vient également de réagencer de fort belle façon son caveau de dégustation. Il n'y manque qu'un véritable puits qui devrait bientôt faire son apparition en plein milieu de la salle.
    Accueillis par Monsieur Maillard Père, surpris dans son quotidien, nous sommes rapidement rejoints par Monsieur Maillard fils qui nous conduit au caveau.
    L'accent du terroir bourguignon peut-être un peu moins marqué que celui de son père, il nous explique sa politique d'élaboration et de vente du vin. Pas opposé aux gros rendements lorsque la nature le permet, tout en développant la qualité, très terre à  terre dans son approche, il semble confronté aux dures réalités quotidiennes même si visiblement le domaine investit et sacrifie au modernisme. Très attaché aux commentaires élogieux du guide Hachette ou de la RVF qui doivent apporter leur lot de clientèle, dans un souci de rentabilité. Le bon sens paysan, quoi !

    Nous effectuons ensuite un petit tour d'horizon dans le millésime 2001 :

    - Chorey les Beaune blanc 2001 : un très beau chardonnay, caressant et fruité.

    - Chorey les Beaune rouge 2001 : friand et gourmand, c'est un véritable bonheur de pinot noir à  un prix très angélique.

    - Beaune 2001 : un peu plus charpenté, il se laisse déjà  bien approcher, comme la plupart des 2001 goûtés ce jour.

    - Aloxe-Corton 1er cru Les grandes Lollières 2001 : prononcez « Alôôsse ». Un cran au-dessus, il procure un sentiment de plénitude.

    - Corton Renardes 2000 :un vin à  la trame serrée qui enveloppe bien la bouche, très harmonieux et déjà agréablement fondu. « Celui-là , interdit de le cracher » nous dit goguenard, le fils Maillard ! Et de fait, nous l'avalons sans nous faire prier !

    - Corton Renardes 2002 : goûté sur fût, il révèle des notes boisées légèrement brûlées et présente encore une petite pointe de gaz en train de se fondre. La prise de bois est jolie et au vu de l'évolution du 2000, cela s'annonce très grand.

    Nous allons ensuite remplir le coffre de quelques bouteilles de Corton 99, entre autres, même si nous ne l'avons pas goûté. Un domaine à chaudement recommander du fait de la qualité des vins et surtout de l'extraordinaire rapport Q/P. N'hésitez pas à  appeler, il y a encore un peu de vin à  vendre !

    En guise de conclusion, je voudrais souligner la grande accessibilité et la belle qualité de ce millésime 2001, tant en blanc qu'en rouge, qui s'annonce extrêmement plaisant. Aucun des vins dégustés aujourd'hui n'a été décevant.

    Si j'ai souhaité agencer le compte-rendu de cette journée de la sorte, c'est pour retranscrire le sentiment général à  l'issue de ce semi-marathon gustatif: nous avons visité 3 domaines à  la philosophie du vin différente, avec surtout plus ou moins d'exigences dans son élaboration, mais toutefois comme dénominateur commun la volonté de faire du mieux possible. Et au final, ces 3 domaines nous ont réservés de grands moments gustatifs, différents du fait de l'hétérogénéité des vins dégustés, mais d'une homogénéité qualitative, tant en blanc qu'en rouge, réellement surprenante.

    Ah ! La Bourgogne ! Finalement, tous les sens sont bons!

    Olif

  • La (Pente)côte des Blancs, deuxième partie

    Date: le 18/05/2005 à 23:19

    La (Pente)côte des Blancs, deuxième partie, Domaine Rodolphe Demougeot



    Après une première journée bien chargée chez Rémi JOBARD, avec dégustation de toute sa gamme, puis repas festif avec moult flacons à l'aveugle, le dimanche de Pentecôte fut consacré à une petite séance de décrassage matinal chez Rodolphe DEMOUGEOT, qui avait accepté de nous recevoir, mais pas trop tôt quand même ! Les cloches de l'église de Meursault sonnaient à la volée lorsque nous franchîmes le portail du domaine, situé en plein cœur du village.

    Tout le monde arborait des petits yeux, mais le palais avait été bien reconstitué par un solide petit déjeuner préalable. Quelques verres, une pipette, un panier à bouteilles, et nous voilà partis, direction la cave, pour une découverte de la gamme, d'abord au fût en ce qui concerne les quelques 2004, puis en bouteilles avec des 2003. Même si le domaine est situé à Meursault, Rodolphe produit essentiellement des vins sur Pommard, Savigny et Beaune, rançon de l'héritage familial.

    Les 2004 au fût

    Bourgogne rouge
    Malo finie, un beau rubis brillant qui possède une déjà bien agréable rondeur fruitée.

    Savigny Les Bourgeots
    Le nez est net, la matière consistante, il est déjà assez friand malgré des tanins un tout petit peu durs en finale.

    Beaune Les Beaux Fougets
    Encore un peu piquant (malo non terminée), il offre une jolie matière plutôt soyeuse.

    Pommard Les Vignots
    Malo non faite. Une robe très colorée, et plein de fruits au nez, sur des tanins encore serrés. Une matière prometteuse.

    Beaune blanc 1er Cru Clos Saint-Désiré
    Nez encore très fermentaire et un peu boisé, il possède à la fois une belle acidité et de la rondeur. Goûté également sur un deuxième fût, en fin de malo, alors qu’il n'a pas encore terminé tous ses sucres.

    Les 2003 en bouteille

    Savigny Les Bourgeots
    Le nez est gorgé de petits fruits rouges. La bouche est sphérique et chaleureuse, à peine alcooleuse en finale, assez typique du millésime. Un vin à faible acidité (aucun rouge n'a été acidifié au domaine), mais non dépourvu de fraîcheur.

    Savigny 1er Cru Les Peuillets
    Un vin sérieux, au nez un peu fermé, avec en bouche des tanins lisses et denses, une bonne longueur sur une finale épicée. Beaucoup d'élégance et de finesse.

    Pommard Les Vignots
    Nez minéral et racé. La bouche est concentrée, fraîche, au grain soyeux, et possède une jolie tension minérale qui garde bien l'acidité. Très beau vin !

    Beaune blanc 1er Cru Clos Saint-Désiré
    Un beau climat situé juste en amont du Clos des Mouches. Nez très fruits blancs, un peu pêche, avec une petite touche de silex et une pointe grillée. De la vivacité et une belle tension, jusque dans la finale, qui paraît à peine abrupte. Globalement plutôt charmeur, il nécessitera une petite harmonisation en bouteille.

    Un 2001, aussi en bouteille !

    Beaune Les Beaux Fougets 2001
    Pour avoir une petite idée de la qualité des vins sur un millésime plus ancien et classique. Une matière serrée pour un vin aux tanins fins sur un beau support acide. La finale est encore tannique, mais sans astringence. A attendre encore, évidemment !

    Voilà, petit tour rapide de la production de Rodolphe Demougeot, qui ne manque pas d’intérêt. Les 2003 rouges sont assez séduisants et 2004 est plutôt prometteur. Un domaine à suivre, dans un style puissant et généreux. Mention particulière en 2003 au Pommard Vignots et au Savigny Peuillets.