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En léger différé du vignoble! - Page 17

  • La (Pente)côte des Blancs, Première partie

    Date: le 17/05/2005 à 19:11

     

    La (Pente)côte des Blancs en Bourgogne, Première partie, Domaine Rémi Jobard

     

    Tandis que la météo de ce week-end de Pentecôte 2005 annonçait des « pluies éparses sur l’Alsace, la Bourgogne et la Franche-Comté », le GJP a préféré quitter les trombes d’eau frontalières pour gagner la Côte et le soleil. La Côte, oui, mais celle des Blancs, en fait, pour un pèlerinage murisaltien, qui s’est déroulé sous les meilleurs hospices, et pas que de Beaune (ça, c’est un clin d’œil pour Luc winking smiley!),  le caractère exceptionnellement éparse des pluies bourguignonnes les ayant rendues totalement subliminales.

    Soleil dehors, donc, mais aussi dedans (les verres), 2003 étant un millésime particulièrement chaleureux, comme chacun sait.

     


    La (Pente)côte des Blancs: Meursault, vue depuis les Bouchères!


    Rémi JOBARD, négoce et propriété, millésime 2003



     

    Depuis la récolte 2003, Rémi Jobard a adjoint au domaine une partie négoce, ce qui lui permet de faire quelques gammes hors de Meursault. Sous forme d’achat de moûts, la façon la plus communément admise par le vendeur pour qu’il contrôle mieux ses volumes, même si cela ne permet malheureusement pas à l’acheteur la parfaite maîtrise sur la façon dont le raisin est pressé.

    Reçus dans le grand salon, comme les clients importants et/ou les journalistes influents smiling smiley, nous avons gagné en confort de dégustation ce que nous avons perdu en charme (la dégustation dans la cave!), mais la convivialité était évidemment au rendez-vous!

    Le Négoce

    Puligny-Montrachet 2003
    Robe jaune pâle, brillante. Le nez est riche, sur les fruits blancs, avec déjà du gras, mais aussi une pointe minérale. La bouche est ronde, enrobée, enrobée, dans la largeur mais avec suffisamment de nervosité, même s’il elle est somme toute assez caractéristique du millésime.

    Chassagne-Montrachet 2003
    La robe est brillante. Le nez, légèrement grillé, voire un peu vanillé, reste pourtant relativement frais. En bouche, de la tension et de la droiture, avec une petite amertume finale. Probablement marqué par une prise de bois trop importante, il n’en demeure pas moins un vin plutôt agréable.

    Chassagne-Montrachet  1er Cru La Maltroye 2003
    Le nez gagne en netteté et en précision. L’attaque est ronde, avec du volume, et une jolie définition en bouche. La finale est tout en délicatesse. Une belle bouteille, avec de la fraîcheur et du potentiel.

    Puligny-Montrachet  1er Cru Les Champs Gains 2003
    Le nez est retenu, à peine grillé. La bouche, plutôt agréable, présente un petit creux mou en son milieu, mais affiche une longueur satisfaisante.

    Puligny-Montrachet  1er Cru Les Refferts 2003
    Nez ouvert, sur les fruits blancs, un peu pêche blanche, suivi d’une jolie bouche toute en rondeur, riche et épanouie. Petite amertume finale assez typique de 2003, mais un beau vin.

    Corton Charlemagne 2003
    Le nez est assez caractéristique, empyreumatique, finement grillé, gagnant énormément à l’aération. La bouche est ample et majestueuse, large et longue, avec une finale persistante. Un vin au beau potentiel, qui mérite d’être attendu un petit peu.

    La Propriété

    Bourgogne Aligoté 2003
    Un vin simple, loin d’être désagréable, plutôt enrobé, manquant néanmoins de vivacité et d’acidité pour faire un bon Kir. A boire préférentiellement sans cassis, donc, malgré la petite amertume finale.

    Bourgogne blanc 2003
    Le nez est particulièrement grillé, de façon plutôt élégante. La bouche possède une belle structure et de la rondeur, ce qui la rend très plaisante. Un vin pour soif actuelle, qui évite l’écueil de la lourdeur.

    Meursault Sous la Velle 2003
    Le nez est citronné mais la matière est pourtant riche, avec de la rondeur et de la douceur. Retour acidulé en finale pour un vin bien mûr, une belle entrée de gamme pour le domaine.

    Meursault En Luraule 2003
    Le nez est plutôt réservé. La bouche est grasse, un peu alcooleuse, donnant un sentiment de dissociation actuelle, pour finir un peu trop chaleureuse. Nécessite une harmonisation en bouteille.

    Meursault Les Chevalières 2003
    Le nez possède une certaine race, mais on retrouve en bouche de la chaleur, malgré le volume et la longueur. Encore un vin très mûr, d’où se dégage pourtant un certain charme.

    Meursault 1er Cru Le Poruzot-Dessus 2003
    Nez mûr et chaleureux, légèrement fermentaire. Bouche riche, avec du volume et de la longueur, la marque du millésime, une fois de plus, estompant le caractère habituellement plus tendu de ce beau terroir.

     


    Le Porusot, au deuxième plan, sous les Bouchères!Le Porusot-Dessus se situe à droite de la haie, à même hauteur que les Bouchères.

     

    Meursault 1er Cru Les Genevrières 2003
    Elles ont moins pris le chaud en 2003, ces Genevrières, plutôt bien placées au sein du climat. Elles possèdent une indéniable fraîcheur et de la minéralité en bouche, malgré un enrobage qui n’exclut pas la droiture. Légère sensation de chaleur en finale, qui n’empêche pas l’harmonie du vin. Décidément un bien beau Cru que ces Genevrières!

    Meursault 1er Cru Les Charmes 2003
    Le nez est plutôt fermé, mais la bouche est arrondie et riche. La finale est fondue, sans amertume, mais manque d’un peu de nerf.

    Bourgogne Passetoutgrains 2003
    Nez fruité et réglissé, convivial et croquant, avec une petite mâche finale rustique de bon aloi, m’évoquant les belles cuvées de Dôle valaisanne! Un comble?

    Bourgogne rouge 2003
    Un vin qui pinote allégrement! De la fraîcheur et de la concentration, pour une jolie finale à mâcher, font de ce vin un petit régal simple à partager avec les copains.

    Monthélie 1er Cru Les Vignes Rondes 2003
    La robe est rubis soutenu, brillante. La bouche est ronde et tonique, fraîche, d’une bonne longueur, avec une finale sur le Zan. Un vin friand, faisant logiquement preuve d’un peu plus de complexité que le vin précédent.

    Monthélie 1er Cru Les Champs Fulliots 2003
    La robe est très soutenue, carmin. Le nez est très fruité, évoquant bien le Pinot noir. La bouche est aimable en attaque, presque friande, puis devient concentrée et riche, avec une finale un peu serrée mais au grain très fin. Une très jolie matière, qui ne demande qu’à s’épanouir, la plus belle réussite du domaine en 2003 d’après Rémi.

    Volnay Santenots 2003
    Vendangé précocement, le 26 août, avant la pluie. La robe impressionne par sa densité. Le nez est plutôt atypique pour un Volnay, un peu cuit, confituré, mais non dénué de fraîcheur, à mon avis. La bouche exprime la puissance de l’alcool, au travers de tanins plutôt soyeux. Un Santenots aux accents sudistes, qui ne conviendra guère aux puristes de la Bourgogne, mais qui ne manque pas d‘un certain charme!

    Décidément, 2003 est un millésime qui n’a pas fini de faire parler de lui! Si les blancs, d’une manière générale, n’offrent pas la tension minérale que l’on attend habituellement d’eux, ils ne sont pas dépourvus de qualités et possèdent déjà une rondeur affable. Ils seront à même d’accompagner agréablement un repas et permettront d’attendre les 2001 et les 2002.

     


    La (Pente)côte des Blancs: le millésime 2005 en avant-première!



    Olif

     

  • Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !

    Date: le 04/11/2004 à 19:16

     

    Domaine Tollot-Beaut, une affaire de famille !





    Chorey-les-Beaune : une appellation bourguignonne un peu en marge, coincée entre la capitale de la Bourgogne viticole et la célèbre montagne de Corton, coiffée en brosse par le petit bois qui la surmonte. C'est là  que se trouvent les racines du domaine Tollot-Beaut, situé rue Tollot, comme son nom l'indique. C'est l'arrière grand-père Tollot qui a donné son nom à  la rue, en tant qu'ancien maire de la commune. Un vigneron précurseur, qui a commencé à  mettre en bouteille sous son propre nom depuis 1921. Le domaine, repris par son fils, a été étendu dans les années 1960. Il compte actuellement 24 ha, dont 10 sont en appellation Chorey-les-Beaune. A la descendance du grand-père (trois fils), ont succédé trois cousins germains, enfants de chacun des trois frères, qui gèrent le domaine actuellement. Les vignes appartiennent à  l'ensemble de la famille et sont exploitées en fermage.

    Les vendanges 2004 se sont terminées le 27 septembre. Une année abondante, malgré des vendanges en vert et des rendements moyens que l'on essaie ici de limiter entre 40 et 45 hl/ha. A notre arrivée, la rue Tollot est encombrée de plusieurs camions de grand tonnage, venus chercher l'envoi annuel à  l'export outre-Atlantique. Nous réussissons à  nous frayer un chemin entre les tire-palettes pour retrouver Nathalie Tollot, charmant petit bout de femme tout sourire dehors, qui nous conduit illico à  la cave, où reposent déjà  les fûts de 2004. L'occasion d'avoir un avant goût de ce millésime avant la sortie tant attendue des Beaujolais primeurs! Au domaine Tollot-Beaut, on privilégie la qualité et on regrette que "la réputation de la Bourgogne soit défaite par les productivistes". Le vignoble a "besoin d'une image positive forte" pour sortir de la mini-crise qui couve. La crise, ce n'est pas ici qu'on en retrouvera des symptomes car toute la récolte est vendue d'une année sur l'autre sans pouvoir accepter de nouveaux clients (malheureusement pour eux!). Ce qui confirme bien, et cela confortera certains dans leur approche, que si le terroir est indispensable, "l'important, c'est le vigneron".

    Savigny 1er cru Lavières 2004
    Un vin peu coloré, à  la robe rubis claire, en partie à  cause de peaux peu épaisses, pauvres en anthocyanes. Un boisé très fin ne parvient pas à  masquer le fruité croquant du vin. "ça sent le raisin!" s'exclame Nathalie. Pour sûr, il y en a! Un peu de groseille, aussi. En tout cas, de bien belles promesses.


    Changement de cave pour aller goûter aux 2003 sur fûts. Il a fallu déménager les fûts dans la cave attenante pour rentrer la nouvelle récolte mais toutes les fermentations malo-lactiques ne sont pas terminées . Le fait de maintenir volontairement le vin en cave fraîche n'y est pas étranger. Cela permet également de mieux contrôler les différents processus de la vinification, de la fermentation alcoolique à  la malo-lactique. Appliquant les théories d'Henri Jayer, on préfère ramasser à  12,5° et légèrement chaptaliser (il s'agit parfois de saupoudrage!) pour mieux maîtriser l'extraction, qui sera un peu plus longue mais surtout beaucoup plus douce. Les cuvaisons durent entre 10 et 15 jours. 2003, millésime atypique qu' il a fallu légèrement acidifier, Nathalie Tollot ne s'en cache pas, et le revendique, même! Beaucoup de travail à  la vigne n'empêche pas de devoir agir aussi à la cave selon les circonstances. Nous entendrons d'ailleurs un peu le même discours plus tard dans l'après-midi au domaine Robert Arnoux. Et les 2003 que nous allons goûter ne lui donnent pas entièrement tort!


    Savigny 1er cru Lavières 2003
    La robe est soutenue, colorée, et tranche par rapport à  celle du 2004. Le nez, finement torréfié et grillé, laisse pourtant parler un fruité éclatant et intense, charmeur avec ses tanins soyeux et veloutés, dense avec sa grande longueur.

    Beaune 1er cru Clos du Roi 2003
    Une vigne qui a particulièrement souffert de la canicule avec des raisins littéralement cuits sur pieds. Cela se ressent dans le vin, totalement atypique de ce qui peut être produit sur ce secteur. De la soupe de fruits rouges, un peu confits! Une immense concentration, mais déjà  de la rondeur, et, malgré tout, une sensation de fraîcheur, même si la texture est encore serrée. Cela me plaît beaucoup, mais c'est un vin plus typique de son millésime que de l'appellation et l'on sent que Nathalie Tollot n'est pas fan de ses 2003!

    Aloxe-Corton 2003
    Beaucoup de souplesse et une grande buvabilité. Une expression plus "conforme" pour cette appellation, d'après Nathalie, plus classique serais-je tenté de dire, mais c'est un joli village qui procure beaucoup de plaisir.

    Aloxe-Corton 1er cru les Vercots 2003
    Une parcelle plantée en 1928, arrachée pour moitié en 2002, et replantée cette année. Donc une production tout naturellement divisée par 2. Par rapport au précédent, il est plus soutenu et procure une sensation de grande douceur en bouche. 2003, millésime de la sucrosité!

    Corton 2003
    En provenance du lieu-dit Les Combes, une parcelle généralement non revendiquée, ce Corton est pourtant un beau vin opulent, riche et gras, qui titre 14° et qui tapisse à  la fois les parois du verre et celles du palais. Le nez est très fin, avec quelques notes encore grillées nettement ressenties.

    Fin de la dégustation au fût et découverte de quelques vins en bouteille, dont une mini verticale de Savigny Champs-Chevrey. Un beau moment en perspective!



    Chorey-les-Beaune 2002
    Mis en bouteilles en janvier, ce vin est un petit bonheur de vin frais, à  la robe rubis éclatante, au nez de petits fruits rouges, au grain déjà  soyeux, bien concentré et faisant preuve d'une belle persistance, sur de beaux tanins bien fins.
    Amateurs de vins friands et complexes à  la fois, accessibles et de bonne qualité, d'un excellent rapport Q/P, n'hésitez plus un instant! Buvez du Chorey! De Tollot-Beaut de préférence, mais pas uniquement! Une appellation à  privilégier dans ses achats pour des vins de plaisir!

    Savigny Champ Chevrey 2002
    Une parcelle plantée par le grand-père Tollot en lieu et place d'anciennes cultures de chanvre, d'où son nom, sur un sol plus riche en terre que les Lavières. Un vin à  la matière dense et serrée, de beaux tanins qui tournent un peu amers en finale, mais qui ont bien le temps de se fondre.

    Savigny Champ Chevrey 2001
    Assez fermé au nez, la matière est très serrée et il possède des tanins imposants avec une grosse mâche finale. Un vin indéniablement à attendre.

    Savigny Champ Chevrey 2000
    Après une fugace note de réduction, le vin se révèle rond et charmeur, tout en fruit. De loin le plus prêt à  boire actuellement, pour un plaisir non dissimulé!

    Savigny Champ Chevrey 1999
    Pas très causant, ce millésime 99! Dans une phase de repli complet pour Nathalie. Mais la matière est bien là ! Il faut juste lui laisser un peu de temps pour s'exprimer, à  la fois en cave et dans le verre. Beaucoup de volume et d'amplitude en bouche, témoignant de la richesse d'une année très mûre, et de raisins ramassés presque en surmaturité.

    Pas de fausse note dans cet échantillonnage et un domaine à recommander vivement, dans toutes les appellations produites. Il faudra donc plutôt compter sur des cavistes avisés pour se procurer les vins du domaine.

    Olif
  • La Paulée de Meursault 2004

    Date: le 25/11/2004 à 16:13

     



    "Allons enfants de Meursault,
    Le troisième jour de gloire est arrivé !"

     

    On aurait pu l'appeler la "Meursauillaise", ce gigantesque banquet organisé à Meursault le lendemain de la vente aux enchères des Hospices de Beaune et qui vient clôturer les Trois Glorieuses ! Elle fut baptisée Paulée, traditionnel repas festif de fin de vendanges, puisqu'elle réunit les vignerons, leurs clients, leurs amis, leurs invités pour un grand repas bourguignon, façon auberge espagnole, où chacun amène ses propres flacons pour accompagner le succulent et plantureux repas concocté à cette occasion. L'occasion unique de goûter à une multitude de très rares et beaux vins.

    Cette soixante-douxième édition de La Paulée de Meursault est aussi la soixantième où l'on décerne un prix littéraire, récompensé par 100 bouteilles de vin de Meursault, offertes par un généreux donateur qui, dans la soirée, a le privilège d'ouvrir également ses caves pour accueillir les amis de la Paulée.

    Une assemblée tirée à quatre épingles, où des têtes connues du monde du vin (vignerons, critiques, journalistes) côtoient la foule des anonymes. L'occasion de saluer, pêle-mêle, Bernard Burtschy, Sylvain Pitiot, Pierre-Antoine Rovani, Pascal Lachaux et encore bien d'autres vignerons rencontrés précédemment et revus avec plaisir à cet instant.

    699 couverts ont été dressés dans la grande salle du Château de Meursault, salle dans laquelle on accède après un parcours rituel passant par la galerie de peinture fort garnie en Buffet (le peintre, pas les meubles !) et les caves du château.


    Au-dessus du buffet, c'est encore un Buffet !

     

    Convivialité et communion autour du vin, dégustation orgiaque et anthologiaque, tout juste entrecoupée de chants bourguignons et ponctuée de bans bourguignons, orchestrés de main de maître par le groupe des Joyeux Bourguignons, la Paulée, c'est tout cela en même temps ! Après le Clos Vougeot samedi et les Hospices de Beaune dimanche, le coeur de la Bourgogne bat à Meursault, en ce quatrième lundi de novembre.


    Pierre Schoendorffer recevant son prix et parlant d'une époque où "le vin était le pétrole de la marine à  voile".

     

    Après le bref discours officiel de présentation, qui nous a promis un beau millésime 2004 à Meursault, et la remise du soixantième prix littéraire de la Paulée à Pierre Schoendorffer, pour son dernier livre paru, les brigades de Fabrice et Maurice Bugaud entrent en action avec le service du premier des quatre plats qui vont se succéder. Les bouchons sautent dans tous les coins et chacun part, bouteille à la main, faire goûter son vin aux membres de sa tablée, mais également à la salle entière. Des salves parfois rapprochées qui ne permettent pas toujours de prendre le temps d'apprécier pleinement les vins servis. Mais qu'importe ! L'instant est à la convivialité, au partage, à la fête! Des crus prestigieux défilent dans les verres, de façon furtive, de très beaux vins sont aussitôt éclipsés par d'autres, certains n'ont pas le temps de convaincre que déjà il faut vider son verre avant de le "pleindre" à nouveau ! En ce pantagruélique festin, constitué de 2 entrées, 2 plats, fromages et dessert, servis en à peine 5 heures, ce ne sont pas moins de 72 vins qui ont effleuré mes papilles. Pas le temps de prendre de notes évidemment, ce fut déjà une prouesse d'arriver à colliger tous les noms figurant sur les étiquettes ! La proximité de certains voisins de table a pour beaucoup influencé la liste des vins dégustés, et, à vrai dire, nous ne sommes pas trop mal tombés ! Il y avait matière à goûter probablement plus de 2000 bouteilles, la plus belle carte des vins qu'aucun restaurateur ne pourra jamais s'offrir! Personne n'a donc finalement bu la même chose. Voici ma longue liste personnelle, celle des vins qui sont passés à ma portée, dans un ordre à peu près chronologique, mais parfois décousu, quelques blancs qu'il aurait été cruel de décliner ayant été servis en même temps que les premiers rouges:

    Savigny 1999, Château de Meursault
    Château Simone blanc 2002
    Pouilly-Fumé 2000, De Ladoucette
    Meursault-Perrières 1997, Coche-Dury
    Pur Sang 2002, Dagueneau
    Meursault En Luraule 2001, Rémi Jobard
    Beaune Clos Saint-Désiré 2001, R. Demougeot
    Font du Broc 2002, Côtes de Provence blanc
    Meursault Genevrières 2001, Rémi Jobard
    Batard-Montrachet 2002, Hospices de Beaune (magnum)
    Meursault Genevrières 2000, Rémi Jobard
    Chassagne-Montrachet 1er cru Vergers 2001, Ramonet
    Grange des Pères blanc 1999 (magnum)
    Meursault Les Tillets 2003, Alain Gras
    Corton Charlemagne 2001, Henri Boillot (magnum)
    Chevalier-Montrachet 2002, Henri Boillot (jéroboam)
    Bienvenue-Bâtard-Montrachet 2001, Ramonet
    Meursault Poruzots dessus 1999, Rémi Jobard
    Meursault Perrières (millésime ?), Prieur
    Meursault Genevrières 1997, Rémi Jobard
    Corton Charlemagne 1995, Remoissenet
    Meursault-Blagny 1995, François Jobard
    Meursault-Charmes 2000, J.M. Bouzereau
    Meursault 1988, Coche-Boulicault
    Meursault Genevrières 1995, Rémi Jobard
    Chevalier-Montrachet 1999, Ramonet
    Meursault Poruzots 1989, François Jobard
    Le Montrachet 2000, Remoissenet
    Chevalier-Montrachet 1991, Prieur
    Meursault Genevrières 1994, Rémi Jobard
    Montrachet 1979, Ramonet
    Meursault 1996, Sylvain Dussort
    Meursault Genevrières 1997, Yves Boyer
    Meursault Charmes 1996, Michelot
    Meursault Charmes 1992, Rémi Jobard
    Puligny-Montrachet Les Champs Gains 1998, Philippe Bouzereau
    Château de Fargues 1995 (demi-bouteille)
    Le Pergole Torte (sangiovese) (millésime?)
    Vosne Romanée Aux Brûlées 2000, Méo-Camuzet
    Chevalier-Montrachet 1993, Domaine Leflaive
    Meursault 1989, Sylvain Dussort
    Beaune Marconnets 1996, Darviot
    Beaune Clos du Roi 1995, Tollot-Beaut
    Prieuré Saint-Jean de Bébian 1991
    Meursault 1971, Buisson-Battault
    Pernand-Vergelesses 1997, Laleure-Piot (magnum)
    Hermitage 1995, J.L. Chave
    Mazy-Chambertin 1994, J. Roty
    Meursault-Charmes 1983, Roullot
    Volnay Santenots 1999, Rémi Jobard
    Beaucastel 1995
    Savigny 1er cru Les Peuillets 1993, Rodolphe Demougeot
    La Réserve de Saint-Eugénie 2002, Corbières
    Charmes-Chambertin 1998, Geantet-Pansiot
    Clos de la Roche 1999, Jadot (jéroboam)
    Clos-Vougeot 1996, Denis Mortet
    Nuits-Saint-Georges Les Porrets-Saint-Georges 1998, Gouges
    Pommard Rugiens 1993, Balot-Millot
    Volnay Cailleret 1997, J. Boillot
    Pommard 1990, Hospices de Beaune
    Romanée-Saint-Vivant 1997, R. Arnoux (magnum)
    Château d'Arlay Vin jaune 1973
    Richebourg 1979, DRC
    Pommard Les Vignots 1993, Rodolphe Demougeot
    Pommard 1997, Rodolphe Demougeot
    Santenay 1er cru Clos Roumier 1990 (producteur?)
    Marsanne Grain Noble 2000, Chappaz
    Mas Amiel 2000, Cuvée Charles Dupuy
    Château Rieussec 1995
    Layon- Chaumes 1982 (domaine?)
    Gourt de Mautens 2001
    Mas Amiel 10 ans
    + 2 Single Malts


    La la, la la, lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban bourguignon pour le Montrachet 1979 de Ramonet! Je faisais remarquer ici même il y a peu que je n'en avais encore jamais goûté, c'est chose faite maintenant, et à deux reprises: d'abord Le Montrachet 2000 de Remoissenet, qui ne m'a pas procuré la grande émotion tant attendue, et puis ce 1979 de Ramonet, de toute beauté, d'une finesse et d'une longueur impressionnantes! L'extase!

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    Un ban bourguignon également pour le Meursault-Charmes 83 de Roullot, le Poruzots 89 de François Jobard et le Meursault 1971 de Buisson-Battault. L'âge sied à merveille aux grands Meursault! La mini-verticale de Genevrières de Rémi Jobard confirme la grande qualité des vins du domaine, même en millésime difficile (1994), et par conséquent une très belle régularité. Iconoclaste Grange des Pères blanc 1999, à l'équilibre subtil et un rien "bourguignon", magnifique! Et puis, ce vin jaune du Château d'Arlay 1973, apprécié surtout par les grands connaisseurs, mais quelle bouteille!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Un ban Bourguignon pour Pierre-Antoine Rovani! Un homme ouvert, aimable et accessible, ce Monsieur Rovani. "A la Paulée, il n'y a pas de Monsieur Rovani! Appelez-moi Pierre-Antoine!" Pas de problème, P.-A.! Convaincu du potentiel des grands vins du Languedoc, il analyse fort justement, à l'aveugle, Bébian 1991, plus que correct, mais aux tanins qui serrent un peu en finale. Grand amateur de vin jaune, et notamment des Château Chalon du domaine Macle, il ne refuse pas un verre de Château d'Arlay 1973 et me sort de sa manche sa botte secrète, un vieux Gouda de 96 mois d'affinage, déjà passablement entamé, qui se marie à merveille avec le vin. Un grand moment, en grande compagnie!


    Pierre-Antoine aime le vin jaune, le vieux Gouda et les jolies serveuses !

     

    Pas de ban bourguignon en rouge en ce qui me concerne, malheureusement, malgré des bouteilles prestigieuses. Gamme fort homogène chez Rodolphe Demougeot, joli Beaune Marconnets 96 de Darviot, très beau Mazy-Chambertin 94 de Roty, à maturité, Romanée-Saint-Vivant 97 de R. Arnoux encore dense et serré, Nuits-Saint-Georges 98 de Gouges égal à lui-même. Un comble, je suis passé à côté du Richebourg 79 de la DRC! Aucun souvenir, mais je n'ai fait qu'y tremper les lèvres! Comme quoi, abondance de biens nuit, et pas que Saint-Georges! !Il est vrai que beaucoup de blancs étaient passés par là auparavant! Le rouge le plus épatant que j'aie goûté ce jour-là pourrait bien être ... Beaucastel 95! J'ai presque honte de l'avouer!

    La la, la la lalalalalère, lalala lalala la la la!

    Et enfin, un autre ban bourguignon pour la plus belle jupe de l'assemblée, qui avait dans ses poches des trésors en provenance de son pays natal. Deux vieux Single Malts dans des éditions limitées et indépendantes (dont un vieux Strathisla de Signatory). Parfait en digestif!

     

    Au rang des vraies déceptions, très peu, finalement. Un problème de bouteille sur Gourt de Mautens 2001, un Corton Charlemagne 95 de Remoissenet iodé et bien mal structuré et un immonde Coteau du Layon-Chaumes 82 dont je n'ai pas retenu le nom, le veinard!

    Fin de la première partie. Les amis de la Paulée rompent les rangs et se dispersent pour se retrouver en petits groupes chez les vignerons qui ont l'honneur et le plaisir d'ouvrir leur caveau ce jour-là . Nous attaquons la tournée par le donateur du prix 2004, le domaine des Comtes Lafon.

    Dégustation au domaine des Comtes Lafon

    Une occasion inespérée de franchir les grilles de ce domaine emblématique de Meursault, qui ne reçoit que de façon exceptionnelle. Petit tour de la propriété pour pénétrer dans la cave où les 2004 en fût nous attendent. J'ai à ce stade abandonné le stylo, et ne suis plus tout à fait sûr des vins dégustés, la fatigue commençant à se faire humainement sentir. Clos de la barre, Charmes et Perrières 2004 ont à peu près terminé leur sucre. Une matière globalement prometteuse sur laquelle je me garderai bien de me prononcer, n'ayant pas suffisamment l'expérience des vins à ce stade. Les vins en bouteille (Charmes 2003 et Gouttes d'Or 2002) sont de toute beauté, de même que le Volnay-Santenots 2002.

    Dégustation au domaine Roulot

    Les 2004 (Tillets, Luchets, Tessons et Perrières) sont marqués par une réduction importante et une acidité soutenue. Durs à juger en l'état! Le Meursault Luchets 1999 fait preuve de beaucoup plus d'amabilité, même si le millésime n'est pas encore pleinement épanoui. Au vu du 83 goûté lors du repas, je suppose que ces vins nécessitent du temps.

    Dégustation au domaine Pierre Morey

    Ici encore, des 2004 bien difficiles à évaluer sur fûts : Meursault Pellans, Tessons et Perrières, suivis d'un beaucoup plus convaincant Meursault 2002 et d'un rouge dont j'ai, coupablement et honteusement, oublié les origines. Le plaisir d'échanger quelques mots avec Pierre Morey et la découverte rétrospective d'avoir frôlé, sans le savoir, un murisaltien d'en face, seront les temps forts de cette visite.

    Dégustation au domaine Boyer-Martenot

    Passage rapide chez Yves Boyer, car il n'était pas envisageable de manquer un seul de ces rendez-vous murisaltiens nocturnes, pour y goûter quelques vins au fût et en bouteilles. Un domaine que je ne connaissais pas, des vins intéressants, mais goûtés un peu rapidement et que je serais bien incapable de juger dans ce contexte pléthorique très particulier.

    Dégustation au domaine Michelot

    Le 5ème vigneron à ouvrir ses caves ce soir-là . Pas mal de vins à goûter, pour des passionnés qui commencent à crier "Grâce !". Le souvenir d'un beau Perrières 2004 au fût, celui du sourire et du décolleté de Valérie qui servait un joli Meursault 2002 en bouteilles, le plaisir d'une rencontre avec "JFK" (Jean-François Coche-Dury)!

    La valse des phares de voiture dans les rues de Meursault commence à baisser d'intensité. Le Pauléon rassasié et fatigué rampe à la recherche de sa couche, la tête dans les étoiles (ou, c'est moins poétique, dans le seau, pour les plus déraisonnables d'entre eux ). Le sommeil du juste l'attend. Un repos mérité et réparateur.

    Après la fête!

    Histoire de se refaire un peu le palais le lendemain matin, petite "extrapaulation" pour une dégustation des 2004 de Rémi Jobard, ceux de l'activité de négoce qu'il est en train de mettre en place. Des 2004 qui sont loin d'avoir fini leurs sucres, contrairement à la plupart des vins de la veille. Des vins très intéressants, du Meursault Meix-Chavot au Corton Charlemagne à la structure imposante, en passant par un Chassagne Montrachet 1er cru (climat ?) et un Puligny-Montrachet 1er cru les Champs Gains.

    Et c'est totalement repus, fatigués, mais heureux, que les gars et les filles du GJP ont repris le chemin du retour, laissant derrière eux la Bourgogne et ses trois jours de gloire, avec la ferme intention d'y revenir bientôt.

    Olif et le GJP

  • Mes Nuits sont plus Chambolle que vos jours !

     

    Date: le 17/01/2004 à 09:58

    Sous ce titre un peu tiré par les cheveux, se cache ce que pourrait dire un vigneron réputé de Nuits-Saint-Georges à  un autre, tout aussi réputé, de Chambolle-Musigny.

    Mais n'anticipons pas !

    La météo bourguignonne nous devait bien une revanche ! La dernière fois, nous avions quitté le soleil radieux du Haut-Doubs pour le brouillard murisaltien, cette fois-ci, nous avons bravé la tempête de neige pontissalienne pour arriver sous une éclaircie ensoleillée à Chambolle.

    Quel joli village que Chambolle-Musigny ! Un village de poupée enserré dans les vignes avec de petites rues et des maisons qui semblent petites, mais que les vins sont grands !
    Pourtant peu étendu, le vignoble, qui comporte 2 Grands Crus et 24 Premiers Crus, affiche une personnalité différente selon qu'on se situe au nord ou au sud du village. Vérification immédiate et preuve à l'appui lors d'une visite chez l'un des plus prestigieux domaines de l'appellation.

    Et Vogüe le Chambolle ! (je ne l'aurais pas déjà  faite, celle-là  ? :) )

    Accueillis par Monsieur Millet, régisseur du domaine du Comte Georges de Vogüé, nous descendons sans perdre de temps les marches qui conduisent à  la cave.
    Les barriques soigneusement empilées recèlent une partie de la quintessence bourguignonne. La totalité de la production 2002 du domaine se trouve ici, ce qui semble finalement très peu quand on sait qu'il en faut pour le monde entier.
    Méticuleusement et consciencieusement, notre hôte fait sauter les bondes en bois de certains fûts. On rechigne ici à  utiliser des bondes en silicone, plus pratiques et maniables, sauf lorsqu'il s'agit de rouler les fûts, leur préférant les classiques bondes en bois recouvertes de toile de jute qu'il faut changer toutes les semaines pour cause d'hygiène.
    Relativement peu disert et renfermé, l'oeil de Monsieur Millet s'allume à  notre contact, de passionnés, évidemment !- et sa langue s'agite lorsqu'il s'agit de goûter, puis de commenter et de décrypter ses vins.
    Nous allons goûter la gamme des 2002 au fût, la mise ne devant se faire que dans les semaines à  venir, de préférence en fonction de la lune, mais nous ne nous appesantirons pas sur le sujet !

    - Chambolle-Musigny 2002 : un vin composé à  partir de vignes en appellation village auxquelles s'ajoutent des jeunes vignes de parcelles en premier cru, voire en grand cru, destinées à  optimiser l'équilibre. On la bichonne, cette cuvée d'entrée de gamme qui constitue la meilleure des introductions aux vins du domaine. Diablement séducteur à  ce stade, il s'exprime sur les petits fruits rouges (en gelée pour Mr Millet), témoignant de la belle maturité des raisins. Pas de notes confiturées car la minéralité vient la contre balancer de fort belle façon, nette et précise. D'une manière schématique, le millésime 2002 est la résultante d'une micro sécheresse sans chaleur, ce qui a favorisé une maturité optimale des raisins tout en préservant leur acidité. Un équilibre naturel quasi-parfait donc un grand millésime !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Amoureuses 2002 : le nez s'ouvre sur une pointe de grillé que j'attribuais à  des notes boisées mais qui correspondent, pour Mr Millet, aux arômes caractéristiques du terroir des Amoureuses. Seulement 25% de fût neuf et surtout du poivre, de la cannelle, du pain d'épices, qui viennent souligner la grande minéralité de ce vin. Les autres notes caractéristiques de ce cru, la grenade et la rose, ne nous semblent pas évidentes. La finesse, l'élégance et la race s'imposent par contre très nettement. Un très grand vin !

    - Bonnes Mares 2002 : Changement radical de mode d'expression ! On passe au nord de Chambolle avec un vin plus proche des grands crus de Morey, encore que ce Bonnes Mares, issu d'une parcelle sud-est, soit plus censé jouer une partition intermédiaire. La robe est légèrement violacée. La myrtille s'impose au nez parmi les autres fruits noirs. Une touche florale de violette (et pivoine ?) vient s'y ajouter. L'attaque est franche, le grain des tanins peut-être un peu moins fin que sur les Amoureuses, mais pourtant très racé et élégant. Du grand art !

    - Musigny 2002 : LE Musigny ! Le cru qui fait rêver, presque autant que la Conti ! Enfin y tremper ses lèvres ! Si les Amoureuses sont souvent considérées comme un «petit» Musigny, on pourrait également penser que le Musigny est une «grande» Amoureuse ! On retrouve les mêmes arômes s'exprimant avec plus de densité et de concentration. Epices, grenade et rose, sur une grande trame minérale. Un monument de finesse et d'équilibre. De quoi rester sans voix !

    Ou alors la retrouver juste un petit peu pour remercier et saluer Mr Millet de la bonne heure qu'il nous a consacrée. Et de nous encourager à  revenir goûter les 2003 l'année prochaine ! Mais pas de problème, c'est enregistré !

    Un petit tour par Ma Cuisine

    Cap au Sud, à  Beaune, pour une petite halte restauratrice, non sans avoir fait un crochet au coeur du village de Vosne pour arpenter le muret d'une certaine Conti !
    La capitale des vins de Bourgogne est plutôt calme en cette mi-janvier, mais nous avons pu trouver une table et des chaises dans Ma Cuisine ! C'est le nom du restaurant, situé place Carnot ! Une carte des vins à  faire pâlir bien des cavistes ! ça tombe bien, ils le sont aussi cavistes, à  la Cave Sainte-Hélène qui jouxte le restaurant. Bourgogne, évidemment, avec tous les domaines en vue (sauf le Comte de Vogüé, tiens !), mais aussi tous les grands du Rhône, de Bordeaux, de la Loire et du Languedoc. Impressionnant ! Et surtout à  prix plus que raisonnable sur table, juste un tout petit coeff. 2 !

    Vérification immédiate et preuve à  l'appui, pour accompagner le repas :

    - Meursault 98 Comtes Lafon : à  peine réduit de prime, il s'ouvre, du fait d'un carafage bienvenu, sur des notes de foin coupé, de pain légèrement grillé, de cire d'abeille. L'attaque est nette est franche, la bouche bien soutenue et harmonieuse. Très beau !

    - Pommard Pézerolles 97 Domaine de Montille : un millésime très ouvert pour un Pommard qui présente de jolies notes tertiaires qui commencent à  se développer, mais qui ne masquent pas la trame minérale. Un beau vin pour hédoniste !

    Après une petite flânerie dans les rues quasi désertes de Beaune, remontée vers le Nord, direction la Côte de Nuits !


    Le domaine Henri Gouges, au pays des mille et un Nuits !

    Pas tant que ça en fait ! J'exagère un tout petit peu mais je ne sais pas résister à  la tentation de faire un bon mot, aussi vaseux soit-il!
    Accueillis par Christian Gouges, nous descendons dans les caves après une petite présentation du vignoble de Nuits-Saint-Georges.
    Comme à  Chambolle, le vignoble est scindé en deux parties. Au nord du village, on produit des vins fins et élégants qui se rapprochent de ceux de Vosne Romanée, dont ils constituent le prolongement naturel. Au sud de la vallée du Meuzin, qui travers la ville de Nuits, les vins sont plus puissants, plus austères, demandant du temps pour se fondre.

    Ce très beau domaine familial, dont les caves sont situées dans l'ancienne gendarmerie de Nuits, en est à  la troisième génération de vignerons, la quatrième étant actuellement en formation. Le grand-père Gouges, à  l'origine de la création du domaine, fut un visionnaire novateur en son temps, au début des années 30 et il a joué un rôle déterminant dans la modernisation du vignoble bourguignon.
    Décidé à  se lancer dans le vin, il cherche à  acquérir une parcelle propre à  une époque où les Bourguignons se détournaient un peu de leurs vins, jugés trop capiteux (parce que volontiers coupés avec d'autres vins plus puissants pour les structurer) et peu rentables économiquement.
    Le Crédit Agricole lui fait alors quasiment cadeau d'une vigne de 3 ha au lieu-dit Les Porrets. Il fut l'un des premiers à  vouloir mettre son vin en bouteille au domaine, garantissant ainsi son authenticité, et ne plus le confier au négoce qui se livrait à  des pratiques soit disant amélioratrices comme celle citée plus haut.
    Un riche Suisse (pléonasme ?) ayant goûté sa production souhaita la lui acheter en totalité. Après s'être fait longuement prier (il aurait voulu conserver pour lui sa première récolte !) et devant l'insistance de ce client, il consentit à  lui vendre, le prix de départ ayant été multiplié par 10 au passage.
    Le grand-père Gouges put donc rembourser sa dette en une année et se lancer dans la grande aventure les coudées franches.
    L'esprit avisé, il entreprit avec succès le marché américain, s'offrant même une page entière de publicité dans le New York Times (nous étions en 1930 !). 90% de son vin partait alors à  l'export !
    Lors du classement des terroirs, toujours dans les années 30, aucune parcelle de Nuits ne fut classée en Grand Cru (les Saint-Georges l'auraient certainement mérité, peut-être les Vaucrains). Les Nuitons n'étaient pas des gens suffisamment riches et aisés pour boire des Grands Crus ! Fiers de leurs vins mais conscients de leur statut ! Le grand-père Gouges n'aurait pas été sans influence sur cette décision !

    Fin de la parenthèse historique ! Retour au présent avec le petit-fils, un vigneron sincère et nature comme je les aime, qui m'a rappelé Francis Poirel des Quarts de Chaume, de par sa conception du vin la moins interventionniste possible. Et pourtant, les gros mots sont lâchés !- point de biodynamie (trop cartésien pour cela !), ni même de bio tout court (des essais sont néanmoins en cours). De la lutte raisonnée et une volonté de laisser s'exprimer le raisin et le terroir !

    Ses vins sont à  son image, solides et généreux ! Même si, contrairement à  lui, ils nécessitent du temps pour s'exprimer.
    Les vins sont dégustés au fût, la mise ne devant intervenir que dans les deux mois à  venir.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Porrets 2002 : un nez que je trouve tendre, joliment fruité. La bouche est pourtant un peu massive, les tanins sont imposants mais pas sévères. Grande longueur.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Pruliers 2002 : un vin encore plus imposant que le précédent, avec beaucoup de mâche en finale, rappelant la prunelle, à  l'origine du nom de ce climat. Petite touche métallique également caractéristique d'après Christian Gouges.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Vaucrains 2002 : Très fruité et rond, il est encore marqué par une pointe de gaz, qui possède un effet réducteur naturel, permettant de limiter l'apport de soufre. Cela donne beaucoup de fraîcheur au vin.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 2002 : Beaucoup de similitudes avec le précédent, la race et l'élégance en plus. Les tanins sont déjà  bien polissés. Très beau.

    Pas faciles à  appréhender dans leur jeunesse, ces vins de Nuits, qui méritent du temps pour s'affiner! Vérification immédiate, preuve à l'appui, avec deux exemples en bouteille :

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Clos des Porrets 1999 : Une pointe de réduction à  l'ouverture, mais de la bonne réduction, celle qui protège le vin et lui permet de se révéler à  l'oxygénation. Des tanins très fins, bien enrobés, et de jolies notes de framboise bien marquées.

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 1967 : Attention ! Moment rare ! Un vin filtré, contrairement à  la tendance actuelle du domaine, car c'était le souhait des clients américains majoritaires à  l'époque. La robe est rubis, encore soutenue, d'un bel éclat. Nez très ouvert sur de somptueuses notes tertiaires d'humus, de champignon, de sous-bois et puis surtout, après, du cacao ! Du bon, du Van Houten, dont les notes s'intensifient à  l'aération. Quelle élégance ! Quelle harmonie ! Quel fondu ! A maturité, évidemment, mais pour encore bien longtemps d'après Christian, car rien ne vient perturber cet équilibre, quasi intemporel ! Pas craché, celui-là  !

    Pour clore cette belle série, il nous fallait passer par la cave des blancs, une originalité et quasi exclusivité de la maison sur le secteur de Nuits. Encore un coup du grand-père, qui a eu la surprise de découvrir une branche de grains blancs sur un pied de pinot noir. Une branche mutante qu'il a la bonne idée de couper et de greffer sur d'autres plants qui trouvèrent un terroir calcaire de prédilection au lieu dit Les Perrières.

    - Bourgogne blanc 2003 : une mutation massale de pinot noir provenant de jeunes vignes dans le secteur des Dames Huguette. Un vin simple et franc, idéal à  partager entre amis, véritable concentré de pêches de vignes qu'on a l'impression de croquer à  pleines dents. Malo non faite, et on espère qu'elle ne se fera pas ! 13,3° naturel à la récolte !

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru La Perrière 2003 : fruité (pêche et fruits blancs), sur des notes encore fermentaires, il est doté d'une belle minéralité qui lui confère une pointe de dureté. La perception de tanins en bouche, comme sur un vin rouge, témoigne de ses origines (pinot noir muté et non chardonnay).

    - Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Saint-Georges 2003 : pour clore définitivement avant de se quitter, petit aperçu du millésime 2003 en rouge. La robe est sombre, presque noire, et pourtant brillante. Au nez, c'est encore du raisin, tandis qu'en bouche, on ressent nettement une belle acidité, malgré l'absence de mesures correctrices ! Les taux sont naturellement remontés pendant les vinifications, confortant Christian Gouges dans sa politique peu interventionniste. Beaucoup de mâche et d'astringence ! Il faut encore attendre avant de connaître le résultat final. Est-ce que le terroir va finir par supplanter le millésime ? C'est la grande interrogation du vigneron, qui se place toujours en retrait et observe !

    La bouche bien retapissée par les tanins de ce 2003, nous pouvons à présent remonter à  la surface. La nuit est tombée sur Nuits, il est temps pour nous de continuer à  reprendre de la hauteur, direction le Haut-Doubs !

    Ah ! La Bourgogne !

    Olif et le GJP

  • Ambiance de fin de vendanges...à Meursault!

    Date: le 04/10/2004 à 09:32



     

    Histoire de ne pas mourir idiot, ni même sot, une petite immersion, pour le fun, dans le grand bain des vendanges 2004 en Bourgogne s'imposait. Voici donc, en forme de double clin d'oeil, les impressions extérieures d'un touriste qui a réussi à profiter d'une magnifique journée dominicale pour s'imprégner de l'ambiance de la dernière journée de vendanges au Domaine Rémi Jobard, à Meursault. Point de sensationnalisme, pourtant, car pas de cru prestigieux à se mettre sous la dent, il ne restait plus que deux parcelles d'aligoté à couper. Et vous n'y couperez pas non plus!

    Débutées samedi dernier sous un ciel gris et dans la fraîcheur, il aura fallu neuf jours pour arriver au terme de ce moment-clé de l'élaboration du vin. En ce dimanche matin 3 octobre, la vigne murisaltienne a retrouvé son calme, loin de l'agitation des jours précédents où elle s'apparentait à une véritable fourmilière. Il y règne un sentiment de sérénité, de devoir accompli, son bel agencement à peine troublé par la présence éparse de quelques vendangeurs retardataires. On commence en général à couper parmi les derniers, chez Rémi Jobard, qui préfère attendre d'avoir la maturité optimum et le meilleur degré. Une récolte 2004 abondante, qui a peiné pour l'atteindre, ce degré satisfaisant, mais qui y est finalement parvenu grâce à un mois de septembre exceptionnel. Les Genevrières furent les premières à être vendangées. Le meilleur n'a donc pas été gardé pour la fin puisque c'est « Sous le chemin» que nous retrouvons les derniers coupeurs en compagnie de Charles Jobard qui dirige les opérations.

     

    Sous le chemin, mais aussi sous la RN 74! Gare à la traversée! Ambiance bon enfant au sein de la petite communauté des vendangeurs, même si la fatigue commence à se lire sur les visages. 8 jours de travail intensif, de soirées festives et de nuits courtes finissent par émousser les plus résistants. Surtout qu'ils sont parmi les derniers à encore bosser!

    Et c'est cramponné aux arceaux du tracteur conduit par Rémi que j'ai sillonné les chemins viticoles de Meursault pour acheminer les dernières bennes vers le pressoir.

     

    La vendange y est simplement foulée, pour faciliter la dissociation de ces grappes un peu compactes, avec des raisins à peaux épaisses.

     

    Dans un coin du chai, les cuves de Volnay-Santenots, récoltés il y a tout juste 8 jours, démarrent gentiment leur fermentation alcoolique en dégageant une odeur agréable.

    Le temps de goûter au « vin doux», du jus de raisin blanc encore non alcoolisé, pur fruit, il est déjà temps de se rendre dans les Busigny (non, je ne suis pas enrhumé, il ne s'agit pas du Grand Cru de la Côte de Nuits!), puis aux Corvées, où l'aligoté affiche une meilleure mine!

     

    La fin des vendanges initialement prévue pour midi, l'horaire ne pourra finalement pas être respecté. La Paulée, traditionnel repas de fin de vendanges, sera donc reportée en fin d'après midi et il faudra improviser un casse-croûte campagnard sur les coups de 11 heures 30, que les cueilleurs accueilleront avec délectation. Nous terminerons les restes de ce casse-croûte vers 13 heures, et c'est vrai qu'ils avaient faim, les forçats de la vigne! En guise de compensation, nous aurons droit, au lieu du Passetoutgrains rituel, à une bouteille de Meursault Sous la Velle 2001, puis à un Volnay Santenots 2002.

    Si les vendanges laissent des traces dans les organismes, elles laissent aussi quelques séquelles (heureusement transitoires!) sur le terrain, témoin ces tas de « gennes», les résidus de la presse qui seront ramassés régulièrement par des sociétés spécialisées dans la distillation, en quelque sorte un genre d'impôt versé à l'état sur la récolte. A droite du tas odorant, même si cela ne se sent pas sur la photo!, on aperçoit les Gouttes d'Or, et à gauche les Poruzots. Le paysage est alors un peu moins idyllique!

     

    15 heures! C'est la fin! La dernière benne est remplie et Isabelle, qui devait ramener les vendangeurs au bercail, ne coupe pas à une immersion en raisin frais, comme il lui avait été promis.

     

    S'ensuit une bataille de raisins au cours de laquelle je paierai même de ma personne! Décidément, la neutralité des « reporters» n'est même plus respectée!

     

    15 heures 15. Retour au domaine, où une deuxième « bataille» éclata, à coup de jet et de seaux d'eau! Pour une douche préliminaire réjouissante. Puéril mais défoulant! La fête, quoi! Et même si nous ne sommes pas en Alsace, c'est une copieuse choucroute qui attendra nos gaillards, une fois complètement décrassés par une toilette approfondie.

    Trop tard pour les « touristes» jurassiens, devant regagner les hauteurs, après ce petit bout de vendange, une belle et vraie tranche de vie, avec des morceaux de raisin dedans!

     

    Olif

     

  • La vie de château en Languedoc

    Date: le 18/06/2004 à 21:08

    Temps fort du programme annuel du GJP, cette dégustation languedocienne prévue de longue date, a permis de faire un break professionnel salutaire, de rencontrer des vignerons et des gens exceptionnels et de concilier dépaysement, plaisirs gustatifs et plaisirs tout courts. La formule " on the road " a quand même ceci de bon qu'elle permet de rendre l'approche du vin plus palpable et concrète.
    Les visites ont été planifiées longtemps à l'avance, pour éviter d'avoir à subir des désillusions, ce qui n'a pas empêché d'être exposé à des imprévus mais aussi de recourir à l'improvisation.

    La recherche d'un hébergement nous a finalement souri après un premier couac : L'Auberge du Cèdre complète depuis plus de deux mois à cette date, nous n'avons pu y élire nos quartiers. Nous n'avons cependant pas perdu au change, en optant pour une résidence plutôt classieuse, dans un cadre majestueux, le Château de Jonquières, qui dispose de 4 chambres d'hôtes récemment aménagées. Cela eût en outre le mérite de nous recentrer sur 2 visites essentielles inscrites au programme, le Mas Jullien et le domaine Peyre Rose.



    Jonquières

    Arrivés à Jonquières après un voyage sans encombre, notre départ du Haut Doubs fut légèrement retardé ; nous prenons néanmoins possession de nos chambres avant la tombée de la nuit. Accueillis fort sympathiquement par le chien Loubard puis par Isabelle de Cabissole, les valises sont déchargées vite fait et nous gagnons immédiatement Saint-Saturnin, plus précisément l'auberge du Vieux Pressoir, où une table nous avait été gentiment réservée.

    Saint-Saturnin

    Proche de Jonquières, ce village vit surtout par sa coopérative, peu de vignerons ayant repris leur indépendance. On y trouve l'une des plus agréables et conviviales tables de la région, l'Auberge du Vieux pressoir. Un lieu animé, où l'on croise de façon totalement improbable, ce jour-là et à cette heure-là , un membre d'une joyeuse bande du petit écran, bande pas complètement nulle ni inconnue et qui a pris ses habitudes ici lors d'un tournage sur le plateau du Larzac pour le grand écran ! Hasarrrrrrd de l'existence ! La patronne est très accueillante et charmante, le patron, amoureux des vins du Languedoc, nous fait profiter de sa grande expérience après avoir pris connaissance de notre commande, qui force son respect ! La carte des vins, évidemment spécialisée Languedoc, recèle de nombreux trésors qui aiguisent notre soif de découvertes ! La cuisine, originale et goûteuse, basée sur de bons produits fermiers, dans un registre traditionnel mais pourtant novateur, s'allie parfaitement à la qualité des vins.

    Château de Jonquières blanc 2000
    Un très agréable blanc d'apéritif, frais et désaltérant, qui nous permet de trinquer à  distance avec nos hôtes.

    Mas de L'écriture, Les Pensées 1999
    Légèrement réduit à l'ouverture, malgré un carafage, il s'exprime très avantageusement à l'aération, sur un fruité très frais. Une très belle bouteille, harmonieuse et fondue.

    Le Merle aux Alouettes 1999, Domaine de Fontcaude
    Malgré un carafage plus long et vigoureux, avec remuage et secouage régulier par Le Seb, le vin conserve des tanins un peu serrés et se livre difficilement. Mais quelle matière ! Un vin à attendre et qui devrait être très beau.

    Domaine Puech Lazert 1999, Saint-Jean de la Blaquière
    La bouteille du patron, sortie pour accompagner les délicieux fromages de brebis et de chèvre. Saint-Jean de la Blaquière, futur grand nom des Coteaux du Languedoc d'après notre hôte, car c'est un terroir encore largement sous-estimé. Laurent Taisse est un original, voire un marginal, qui produit du vin pour son plaisir et comme il en a envie. Une bouteille coup de poing ! Un vin puissant, où l'élevage se fait encore sentir, mais de façon fort élégante, avec une belle acidité et de la fraîcheur sur des notes de griotte et de bigarreau, qui s'accordent parfaitement avec les fromages de chèvre.

    Plan de l'Om 2001, Miéjour
    Autre domaine notable de Saint-Jean de la Blaquière, ouvert en parallèle avec le précédent, pour cause d'hésitation sur le flacon à déboucher. Un style différent, très fruité, fraise écrasée, cassis giboyeux, avec une belle minéralité et de la fraîcheur.

    Carthagène, domaine de la Sauvageonne
    Pour rester sur Saint-Jean de la Blaquière et pour terminer en beauté, une très belle Carthagène prise en digestif, parfumée et agréable.

    Saint-Pargoire

    On attaque fort d'entrée de jeu ! Le Seb, qui a ses entrées au domaine depuis l'année dernière, nous a organisé une petite rencontre avec Marlène Soria, rencontre qui a bien failli tourner court puisqu'elle nous attendait par erreur la semaine précédente. Comme elle était présente et disponible, elle nous a gentiment consacré deux petites heures qui sont passées très vite.
    Au bout de la ligne téléphonique, le domaine de Peyre Rose ! Une route tout juste carrossable (mais par la suite nous avons fait pire !) qui longe les poteaux en bois (ou alors est-ce l'inverse ?), ce qui évite de se perdre puisque le fléchage du domaine est très discret. D'abord sur une réserve que je qualifierais de naturelle, Marlène Soria se livre peu à peu, tout en nous faisant visiter les chais, et nous raconte son installation et ses déboires avec la coopérative du coin, quand elle n'hésitait déjà pas à afficher ses convictions sans concession.


    Arrivée au milieu des années 80 dans cet endroit perdu au milieu de la garrigue et des vignes, d'abord pour des vacances " sauvages ", elle décide de s'y installer définitivement et de vivre du vin.
    Petite anecdote au sujet du nom du domaine, choisi délibérément par Marlène en raison de son affinité pour la couleur rose, il s'est avéré que les pierres qui constituent le terroir aussi bien des Cistes que de Léone sont, malgré quelques différences liées au terroir, des pierres à reflets rosés. Une prédestination en quelque sorte ! Petit à petit, de gros travaux sont réalisés au domaine, notamment le creusement d'un chai dont toute une partie est enterrée, adossée à la colline. La particularité de Peyre Rose, c'est que les vignes sont en hauteur, sur le plateau, et que les bâtiments sont situés dans une combe (je ne sais si cela s'appelle ainsi en Languedoc !). Cela permet le travail par gravité et le maintien d'une certaine fraîcheur malgré la canicule, mais par contre, la partie habitation reste très humide, ce qui peut être plus gênant, notamment en hiver.
    Nous jetons un oeil sur toutes les installations, dont de belles cuves peintes en rose, pour terminer dans le caveau de dégustation ou nous allons découvrir quelques merveilles, certaines connues, d'autres moins ou pas encore !

    Rosé 2002
    Un rosé de grenache à la robe plus sombre que tous les rouges jurassiens réunis ! C'est frais, fruité et gouleyant, très vineux. Pour tout dire, excellent, même si cela s'apparente plus à un rouge qu'à un rosé ! De quoi rallier tous les détracteurs des vins rosés !

    Clos des Cistes 1998
    La robe de celui-ci nous fait mieux comprendre pourquoi Marlène appelle le précédent " Rosé " Légèrement chocolaté (la marque du terroir ?), il s'impose par ses notes de fruits noirs et sa grande concentration. Superbe !

    Syrah Léone 1998
    Encore plus noir que le précédent, crème de fruits noirs, réglisse, impression " virtuelle " de boisé (qui n'existe pas sur ce vin). La définition des deux terroirs s'affine de plus en plus au cours des années pour aller vers une minéralité très marquée. Magnifique !

    Blanc 1997
    Après une première expérience décevante en 1994 (de par l'évolution en bouteille après la mise), Marlène a décidé de garder toute sa (petite) production de blanc en barrique depuis 1995. Nous avons le plaisir de goûter au 97, soutiré devant nous. Une merveille ! Minéral, frais, équilibré, sa tenue à l'air est admirable (un échantillon prélevé il y a plus de 15 jours traîne encore en carafe et son nez est loin d'être oxydé), probablement du fait de son caractère très finement oxydatif, justement.

    Quand on goûte à tous ces vins, récoltés avec un rendement moyen de 18 hl/ha, conservés en foudres ou en cuves plus longtemps que la moyenne, puis portés financièrement encore une année supplémentaire en bouteilles pour qu'ils s'harmonisent, il paraît évident qu'une telle exigence qualitative se paye.
    Après avoir salué Marlène et réservé la totalité de sa production pour les 10 ans à venir (pas de panique, vous pourrez en avoir aussi, c'est juste de l'humour !), nous nous offrons une petite marche entre Clos des Cistes et Syrah Léone jusqu'en haut de la colline pour apprécier le panorama sur l'étang de Thau et le Mont Saint-Clair au loin. Finalement, il n'est pas si surprenant qu'un endroit aussi magnifique produise de tels vins, un peu à son image !



    Clermont L'Hérault

    12 heures 30. Petite halte restauratrice au Café des Négociants, une adresse sympathique que j'avais fréquentée il y a 2 ans, avec terrasse au coeur de la ville. La nourriture est tout à fait correcte mais nous tairons par pudeur les vins pris ici pour accompagner le repas. La carte est plutôt restreinte, avec quelques jolies choses, mais pas celles que nous avons choisies en essayant de rester simples. Il faut dire que nous venions à peine de quitter Marlène et que passer derrière un vin de Peyre Rose tient un peu de la gageure!

    Jonquières

    Retour dans notre terre d'accueil, mais pas à  la maison ! Direction le Mas Jullien, où je devais prendre livraison de ma commande printanière. Accueillis chaleureusement par une charmante hôtesse, d'abord inquiète de nous voir débarquer, puis poussant un ouf! de soulagement lorsqu'elle apprend le motif de notre venue. De vin à vendre, il y a longtemps qu'il n'y en a plus. Il en reste un peu à goûter, mais plus pour très longtemps. Nous ne nous faisons pas prier pour tremper nos lèvres dans toute la gamme.

    Blanc 2002
    Jolie vivacité pour un blanc équilibré, encore une prouesse d'Olivier Jullien pour qui réaliser un blanc ici tient du pari.

    Rosé 2002
    Robe rouge groseille soutenue et arômes fruités de groseille, rafraîchissants au nez. Très vineux, un rosé de saignée de belle facture, sur lequel Olivier Jullien veille jalousement tant que la couleur souhaitée n'est pas obtenue.

    Etats d'âme 2002
    Un vin rouge d'une fraîcheur revigorante dans un millésime réputé difficile et une étiquette d'humeur enfantine, constellée d'onomatopées de gazouillis de nourrisson. Olivier Jullien n'aurait-il pas été papa cette année-là ?

    Mas Jullien 2001
    La grande cuvée, plus sérieuse, élevée en demi-muids depuis quelques années ; c'est un beau vin d'une grande densité de texture.

    Clairette Beudelle 2001
    Par curiosité, j'en avais commandé 2 bouteilles sans vraiment savoir de quoi il retournait. Il s'agit en fait d'un vin à base de moût de raisin fermenté issu de raisins passerillés, de clairette beudelle, bien sûr. Le problème, c'est que les bouteilles sont reparties en fermentation du fait du taux de sucre résiduel élevé. Le flacon que nous dégustons, débouché depuis plusieurs jours, commence à s'assagir. Un vin de paille sans la paille, en fait, s'ouvrant sur de très élégantes notes oxydatives de fruits secs. Une gourmandise !

    Une fois le coffre chargé, nous nous rendons compte que nous avons un peu de temps libre avant de nous intéresser à la production de nos hôtes du Château de Jonquières. L'opportunité de se rendre dans l'un des plus beaux terroirs méconnus du Languedoc, d'après l'aubergiste du Pressoir.

    Saint-Jean de la Blaquière

    Cette commune se situe juste à l'aplomb ouest du Rocher des deux Vierges de Saint-Saturnin. « Un petit vent entre les 2 Vierges et on glisse jusqu'à Saint-Jean » nous a t'il confié dans un éclat de rire. Sans aller jusqu'à faire du parapente entre les deux rochers, nous avons emprunté la route étroite et sinueuse au travers de cette terre rouge volcanique caractéristique, évitant de justesse un blindé de la gendarmerie peu enclin à nous laisser de la place sur la route, ni à ralentir.

    Notre objectif, c'était le Domaine de Puech-Lazert. Après l'avoir déniché au coeur du village, nous avons fait chou blanc. Probablement dans les vignes, Thierry Taisse! Finalement, direction La Sauvageonne, dont la Carthagène nous avait enchanté la veille au soir. Planté il y a presque trente ans, il a été repris depuis 2001 par Gavin (et Amanda) Criesfield, un ancien sommelier aidé par des investisseurs, avec pour mission de produire un vin de qualité et de respecter le terroir, de le magnifier même, par pratique de l'ébourgeonnage et la limitation des rendements sur les 31 ha de vignes exposées différemment au soleil et à la tramontane sur des terroirs schisteux et gréseux. Gavin arrive juste à point nommé pour nous faire découvrir sa gamme de vins.

    Les Ruffes 2003
    Issu des bas coteaux, sur cette terre volcanique rouge si caractéristique du paysage, un vin constitué de syrah et grenache qui se révèle être une véritable petite bombe fruitée et gouleyante, vendue, pour ne pas dire donnée, au prix de 6 €. Avec une entrée de gamme comme cela, on peut aborder la suite en confiance !

    Pica Broca 2002
    Syrah, grenache et Carignan en provenance de différents terroirs plutôt schisteux. Beaucoup de fruits noirs, aux tanins soyeux, la petite perception boisée vient de l'assemblage cette année-là avec la cuvée Puech de Glen, élevée habituellement en fûts neufs, et qui ne sera pas produite car insuffisante qualitativement.

    Puech de Glen 2001
    Un vin dense, aux tanins patinés et veloutés, sachant préserver sa grande fraîcheur. Très beau et ambitieux, à  attendre !

    Sauvignon 2003
    Un joli vin blanc de soif, fruité (pêche, poire, fruits blancs), gras et frais, équilibré juste comme il faut.

    Que voilà un très beau domaine, travaillé dans un très bon esprit, dont les vins sont réjouissants ! Nul doute qu'il y a là un très gros potentiel et surtout une volonté de bien faire.

    Jonquières

    Retour à  la case départ pour découvrir en profondeur les vins de François et Isabelle de Cabissole du Château de Jonquières. Des chais extraordinaires, enterrés, dans une des ailes du château, avec un espace climatisé pour entreposer les fûts. Nous attaquons par le domaine 2001 avant de passer à une fort instructive dégustation des 2003 au fût.


    Domaine de Jonquières 2001, Vin de Pays de L'Hérault
    Assez facile, mais très agréable, avec ses notes de fraise, de cassis, de gibier.

    Grenache 2003
    Fruité, plein et charmeur, tout à  fait dans le style du millésime.

    Mourvèdre 2003
    Puissant, un peu marqué par l'alcool.

    Syrah 2003
    Plus animal, poivré, avec un gros volume et de la mâche.

    Carignan 2003
    Très crème de cassis car il présente encore un peu de sucre résiduel. Son volume épate !

    Assemblage grenache-syrah-mourvèdre 2003, barrique de 225l, puis de 500l
    Paradoxalement, le boisé est à peine plus perceptible dans la 500l ! L'assemblage est très beau. Le Carignan sera peut-être incorporé lorsqu'il aura fini ses sucres.

    Château de Jonquières 2001, 12 mois de fût puis 18 mois de fût
    Les tanins commencent à bien se fondre. La note boisée du 18 mois est assez discrète et ne me gêne personnellement pas. Les deux cuves seront assemblées pour la mise.

    Château de Jonquières blanc 2002
    Plutôt exotique, pamplemousse, coco, il est frais et aromatique, destiné l'apéritif ou à une entrée simple ou encore un poisson en sauce.

    Rosé 2003
    Un très beau rosé pour la table, juste comme il faut ! Agréable et gouleyant !

    Risée de blanc 1998
    Une expérimentation de François de Cabissole lorsque le millésime le permet. C'est un vin de table à la belle liqueur, un peu marqué fruits secs, donc légèrement oxydatif, resté 6 ans en fût, uniquement à base de chenin.

    Fin de la première journée de dégustation mais la bouche reste très fraîche malgré la quantité de vins dégustés. Qui a osé dire que les vins du Languedoc étaient " lourdingues " ?

    Lauret

    L'Auberge du Cèdre complète pour le dormir, nous avions néanmoins réservé une table pour le manger le vendredi soir, histoire de faire un pèlerinage dans cet endroit magique. Le Pic Saint-Loup se trouvant quand même à une quarantaine de kilomètres de Jonquières, nous ne tardons pas à quitter notre résidence pour gagner le restaurant, sous un ciel plutôt menaçant au-dessus du Mont Saint-Baudille. Et paf ! Arrivés à hauteur d'Aniane, où aucune visite n'a été prévue, on se demande bien pourquoi, nous prenons des sacs d'eau sur la tête (sur le toit de la voiture, pour être plus précis, car nous n'avons pas de décapotable). Nous apprendrons le lendemain que 36 mm d'eau sont tombés sur le Pic et juste quelques gouttes à Jonquières ! Le Cèdre sous la pluie possède un tout petit peu moins de charme, d'autant que nous ne pourrons pas manger en terrasse. C'est la foule en ce vendredi soir et nous sommes un peu serrés mais l'équipe est vraiment charmante. Nous apprendrons également que, hors quelques trous ponctuels en semaine, les réservations pour les chambres doivent se faire au moins 6 mois à l'avance, quand ce n'est pas un an pour les WE à rallonge ! La rançon de la gloire ! Il faut arrêter de faire de la publicité pour cet endroit, on ne pourra bientôt plus y aller en raison de leur succès!
    Le manger au Cèdre, c'est très bien, cuisine ensoleillée et conviviale, le boire, c'est pas mal non plus, avec une carte languedocienne d'anthologie (à noter que la pratique du Doggy-bag pour le vin est vivement encouragée). Quelques exemples testés pour vous :

    Clos Marie blanc 2001, Cuvée Manon
    Un domaine que nous n'aurons malheureusement pas la possibilité de visiter, mais dont nous aurons plaisir à boire le vin. Très fruité, floral, il est plutôt agréable, même sans grande complexité.

    La Grange de Quatre Sous, Lo Molin 1996
    Un vin à  maturité, aux tanins fondus, marqué par un léger poivron bien mûr. Un très beau Languedoc de 8 ans d'âge.

    Domaine de Cazeneuve, Le Sang du Calvaire 1997
    Le nez est encore un peu marqué par le bois, avec un petit côté racoleur à mon goût. Bouche volumineuse portée par une grande acidité. Pas totalement accompli, je trouve, mais c'est visiblement un monstre au potentiel évident. On peut (on doit ?) lui préférer la finesse et l'élégance de Lo Molin 1996.

    Pic Saint Loup

    A ce stade du récit, à peu près à mi-parcours, se situe le véritable morceau de bravoure, en marge du vin. Le Seb a quitté son costume de Gardien de la Tour, la ravissante chambre dans laquelle il dort, pour enfiler celui du Copilote. Nous avons rendez-vous en Pic Saint Loup avec son Tonton et un ami de celui-ci, vigneron en retraite, qui doit nous faire visiter 2 domaines dont nous ne savions encore rien, même pas le nom. Idéalement, nous devrions lever le camp à 8h30 dernier carat pour arriver vers 9h15-9h30 à Saint-Mathieu de Tréviers. à‡a commence mal, nous avons oublié de prévenir que nous prendrions le petit déjeuner un peu plus tôt que le jour précédent ! Pas grave, tout finit par s'arranger, nous ne devrions pas être trop en retard. Le parcours reconnu la veille au soir pour se rendre au Cèdre ne le satisfaisant pas pleinement, Le Seb nous propose de prendre un raccourci! Défendable, car sur la carte, qui n'est pas d'état-major, la distance semble effectivement plus courte ! Sauf qu'une toute petite portion figure en pointillés ! Et nous nous retrouvons alors sur un chemin empierré, boueux, parsemé de trous d'eau suite à l'orage de la veille, coincé entre un champ de tir militaire (Interdiction d'entrer, Danger de mort !) et une réserve de chasse au sanglier (Danger, Tir à balles !). Pour éviter le frottement du bas de caisse de la voiture sur les cailloux à chaque nid de poule, les passagers sont obligés de descendre et de faire le chemin à pied, pour le plus grand plaisir des filles, Valérie et Catherine, qui ont ainsi l'occasion de faire une petite promenade sous le soleil, ça les change des dégustations non-stop ! Le responsable de ce mauvais choix décide de s'auto-flageller en s'infligeant de sévères ampoules aux pieds. Les sandales, c'est pas fait pour randonner !

    Le Seb ? Les amortisseurs de ma voiture ne lui disent pas merci !

    Finalement, le parcours VTT que nous avons emprunté convient aussi aux VW , même pas 4X4 ! Et ce n'est qu'avec une bonne heure de retard que nous arrivons à notre rendez-vous !
    Accueillis par un petit casse-croûte réconfortant (fougasse et Pic Saint Loup Clos Saint Hubert, issu des vignes en fermage de l'ami du Tonton du Seb. Non ! On ne crache pas, François, même à 10h30 du matin, notre hôte se vexerait !), nous ne tardons pas à prendre la direction de L'Ermitage du Pic Saint Loup, connu également sous le nom de Domaine de Sainte-Agnès (prononcer Saintonnesse, en patois du Pic).

    En ce samedi 12 juin, nous tombons en pleine Vignes Buissonnières, que nous aurions pu inscrire à notre programme d'ailleurs, ce qui fait que la plupart des domaines ne reçoivent pas ; il faut aller à leur rencontre sur le parcours tracé dans la garrigue. Hubert, en tant qu'ancien viticulteur et ancien maire, a des relations ! Madame Ravail nous attend dans le superbe caveau récemment aménagé dans la propriété. Après quelques échanges sur la pluie, le beau temps, les fleurs, nous plongeons dans le vif du sujet!

    Rosé 2002
    Il s'agit d'un rosé de presse, relativement vineux, mais vinifié avec un peu de gaz qui maintient la fraîcheur. Sympathique!

    Blanc 2002
    Roussanne et marsanne majoritaires. Un très beau fruit se développe en bouche dans une structure onctueuse, bien équilibrée. Très joli!

    Ermitage du Pic Saint Loup 2002
    L'entrée de gamme en rouge, plutôt très bien faite, fruits mûrs, feuilles de cassis. Un vin frais et relativement gouleyant en ce millésime difficile qu'est 2002.

    Cuvée Saint-Agnès 2001
    Très marqué syrah, poivré, avec un beau volume en bouche et une belle persistance.

    Cuvée Guilhem Gaucelm 1999
    Un Coteaux du Languedoc à base de syrah et grenache, sur un terroir de galets roulés, récolté « à l'ancienne » avec des rendements de 15-20 hl/ha. Elevage de 2 ans en barriques (neuves pendant 6 mois sur lies fines). Un vin très mûr, confit, presque Porto, avec des tanins soyeux et patinés évoluant sur le pruneau. Structure impressionnante pour un vin qui ne laisse pas indifférent!
    Une gamme très étoffée qui mérite bien quelques emplettes. Mention particulière pour ce blanc séducteur en diable et la très belle cuvée Guilhem de Gaucelm!

    Et c'est reparti, direction le domaine de l'Hortus ! Idéalement situé, sous le Pic Saint Loup et celui de l'Hortus qui lui répond, nous sommes accueillis au pas de course pour compenser notre retard, ce qui n'est pas pour nous déplaire. On attaque illico presto!

    Bergerie de l'Hortus blanc 2003
    Très aromatique, sur la pêche blanche, avec une minéralité un peu crayeuse, il est plutôt marqué viognier pour l'instant (assemblage viognier, chardonnay, sauvignon).

    Bergerie Rosé 2003
    Un rosé de saignée comportant 40% de syrah. Frais et fruité, un peu poivré, il se laisse boire.

    Bergerie rouge 2002
    70% syrah, 30% grenache. Réglisse et fruits noirs, beaucoup de fraîcheur pour ce vin simple, franc et bon!

    Grande cuvée 2001
    50% mourvèdre, 40% syrah, 10% grenache, 13 mois d'élevage en fût. Si le boisé est bien présent, il se fond dans une belle matière crémeuse aux tanins soyeux, non agressifs.

    Clos du Prieur 2001
    Syrah, grenache et Carignan pour un vin « à l'ancienne », comparable à Guilhem Gaucelm de l'Ermitage. Très riche, presque confit, c'est de la liqueur de fruits noirs qui possède une belle acidité qui permet à la structure de rester fraîche.


    Fin de l'excursion en Pic Saint Loup avec une superbe impression d'ensemble. Invités à nous restaurer dans une ancienne bergerie restaurée, nous prenons fort heureusement la direction de notre prochaine étape, ce qui nous permettra de ne pas arriver trop en retard chez un vigneron fort connu sur LPV.

    Saint-Sériès

    C'est dans la maison familiale, terrain de ses premiers exploits, que nous retrouvons Robert Creus, pour une excursion en Terre Inconnue et en plusieurs étapes.
    Petite dégustation dans la cuisine pour commencer, avec les 3 cuvées dans le millésime 2001. Je n'ai guère eu l'occasion de griffonner quelques notes, mais de mémoire, la petite pointe de gaz sur Léonie s'estompe complètement à l'aération pour donner un sentiment de plénitude, le petit résiduel sur Los Abuelos donne presque l'impression de boire du Banyuls et l'immense concentration de Sylvie mérite de se fondre un peu.

    Après une visite commémorative dans le jardin et le garage, terrain de ses débuts, puis un petit échange de bouteilles, deuxième étape, direction le terroir de Saint-Christol où nous partons arpenter les vignes. Fouler le fabuleux terroir où s'épanouissent des ceps de Carignan presque centenaires, faire le tour des parcelles de grenache et de syrah sur un chemin chaotique auquel ma voiture est désormais habitué, parler de vins du Languedoc, mais aussi de poulsard et de vin jaune avec quelqu'un de passionné par tout ce qui est bon et bien fait, autant de petites choses qui font passer le temps à toute vitesse.


    Il est déjà temps de passer à la troisième étape, la dégustation d'un cabernet et d'un merlot, vinifiés pour le compte d'un copain, qui vient tout juste de finir de construire un chai pour protéger ses merveilles. Premier millésime qui aurait pu plus mal tomber que ce 2003 au fruité et à la richesse qui devraient devenir légendaires. Peut-être plus impressionné par le cabernet que par le merlot, l'assemblage à la pipette se révèle être quasiment du Montrose!

    On enchaîne illico pour la troisième étape, la visite de la nouvelle cave de Robert, située à une vingtaine de kilomètres de là . Une fois sur place, je pense halluciner lorsque nous prenons le chemin de la coopérative du coin et qu'une immense bâtisse se dresse devant nous! Ainsi Robert nous aurait menti et ne serait qu'un coopérateur parmi d'autres? Non, pas de blague! Sa cave n'est que la petite bicoque dissimulée derrière le grand hangar! Ouf! Cela lui convient mieux! Le Papet devait être là pour mettre en bouteille mais la bouchonneuse est en panne! Il est donc reparti à Saint-Sériès pour tenter de remédier à ce problème technique. Nous ne l'attendons pas pour commencer à goûter quelques merveilles au fût.

    Guilhem 2003
    La nouvelle cuvée en l'honneur du petit dernier, joli assemblage de 4 cépages, dont de la serine, une variété de syrah en provenance directe du Rhône Nord.

    Los Abuelos 2003
    Une couleur tellement claire pour un rouge de Robert que l'on dirait du rosé! Un nez réellement étonnant et envoûtant sur le pamplemousse rose, avec une grande minéralité, de la fraîcheur et une relative souplesse. Dans des verres noirs, nul doute que tout le monde parte sur un vin blanc!

    Syrah 2002
    Elle est monumentale, tellement que j'en reste sans voix!

    Cinsault 2003 en vendange tardive
    Une déclinaison étonnante et détonnante de ce cépage injustement méconnu et méprisé.

    Los Abuelos 1997
    Une bouteille dénichée aux Caves du 41 par FrançoisB, et apportée depuis Pontarlier pour qu'elle finisse ses jours sur la terre de ses ancêtres, à la manière des anguilles ou des éléphants. Le nez est à point, fondu, sur la griotte à l'alcool et le cacao, la bouche également, harmonieuse et agréable. L'alcool ressort à peine lorsque le vin est à bonne température.
    Il est temps pour nous de regagner notre base, les papilles arrivant à saturation devant tant de richesses. Nous quittons à regret la Terre Inconnue (et ses habitants), avec le sentiment de mieux la (et les) connaître. Serions-nous maintenant en terrain connu?
    Le coffre du Break VW est désormais plein à  ras bord, il va bientôt être temps de regagner les montagnes jurassiennes.

    Saint-Saturnin

    Dernière halte restauratrice au Vieux Pressoir pour un succulent agneau fermier cuit à  la broche, assorti de quelques flacons, évidemment!

    Seigneur des deux Vierges blanc 1999
    Une cuvée de la coopérative de Saint-Saturnin à la robe dorée, lumineuse, soutenue. Le nez est profond et complexe, sur la cire et le miel, dans un registre plutôt oxydatif. Bel équilibre pour un vin à qui on peut évidemment reprocher son manque de typicité. En tout cas, on se régale!

    Vin de Pays d'Oc 2000, Virgile Joly
    Un des rares vignerons indépendants de Saint-Saturnin, qui est la vedette d'un livre publié par un Anglais qui l'a suivi dans son travail pendant une année complète. Nez un peu animal, poivre, cassis, très beau.

    Coteaux du Languedoc 2000, Virgile Joly
    Mes souvenirs concernant cette cuvée sont plus imprécis, d'autant que nous avons entre temps fait découvrir la Terre Inconnue au patron de l'auberge. Plus concentré que le précédent, peut-être un peu plus boisé, mais globalement, l'impression est très bonne.

    Jonquières

    Dernière nuit châtelaine à Jonquières. Dernières emplettes au Château. Les valises sont vite bouclées le dimanche matin, les coffres de voitures sont plus longs à charger. Par chance, tous les cartons trouvent leur place! Sur les conseils de François et Isabelle de Cabissole, nous testons un itinéraire bis pour rejoindre l'autoroute, direction Ganges par la vallée du Haut-Buèges. Magnifique circuit empruntant une petite route de montagne sur laquelle tout croisement de 2 véhicules est impossible. Nous en avons vu d'autres ! Achat de quelques provisions pour la route, des fruits, des tomates et des fantastiques fromages de chèvre au Font de la Griffe, un élevage caprin perdu sur le Mont Saint-Baudille. Paysages grandioses jusqu'à Saint-Jean de Buèges, un village pittoresque qui vaut le détour. Le Languedoc est maintenant derrière nous mais les nombreux flacons entassés à l'arrière de la voiture nous permettront de nous en souvenir pendant encore longtemps. Et voilà que déjà le projet d'une nouvelle sortie sur le terrain travaille nos esprits.

    Pas tout de suite quand même, laissons l'idée mûrir doucement !


    Olif et le GJP

    Liens :

    Pour mener la vie de château en Languedoc :

    [www.chateau-jonquieres.com]

    Pour voir la vie de château en Languedoc et en images :

    [monsite.wanadoo.fr]

  • Fin de vendanges à Château Chalon

    Date: le 21/10/2004 à 14:15

    Mardi 19 octobre. Jour de pluie. Les vendanges ne sont pas encore tout à  fait terminées au domaine Jean Macle. Il reste à  couper les savagnins que l'on préfère ramasser ici à  maturité optimale, quitte à  perdre un peu en degré. La veille, le temps a été clément et les raisins ont été rentrés à  12,2° naturels. Plutôt pas mal! Aujourd'hui, c'est plutôt 11,5°! Mais les grains sont relativement sains! Et plus mûrs que ceux qui ont été ramassés les semaines précédentes.

    Château Chalon, petite cité comtoise de caractère, son abbatiale, ses vieilles maisons en vieille pierre et ses rues étroites! Pas de chai ultra-moderne ici, il faut s'adapter à  la configuration des lieux pour travailler. Les raisins arrivent dans des grosses bennes cylindriques vertes qui sont hissées par un palan jusqu'à  l'égrappoir.
    La vendange est égrappée parce que la rafle apporte pas mal d'acidité et que le savagnin n'en manque déjà  pas. Les grains, même mouillés, sont bien fruités et sucrés.

     

    Une fois égrappés, ils se déversent dans le pressoir, situé en hauteur, et le jus s'écoule dans les cuves par gravité. Deux pressoirs sont en service, dont un pneumatique, qui donne un jus beaucoup plus clair. Le vieux pressoir sera bientôt remplacé par un deuxième pneumatique.
    Le vin doux de savagnin (le jus de raisin, en fait) est bien agréable à  boire mais révèle déjà  toute l'acidité du raisin.


     

    Une fois les grains pressés, les peaux des raisins, complètement desséchées, sont tassées dans des grands bacs et seront distillées pour produire de l'eau de vie de marc de Franche-Comté, consommée de façon de plus en plus rare, mais qui servira à  élaborer le célèbre Macvin.

     

    Stade ultime de la vinification, voilà  ce que donne le savagnin une fois mis en bouteilles. Un régal pour les papilles.

     

    Côtes du Jura 2002
    Assemblé pour la première fois en fût à  la récolte, il comporte 20% de savagnin au lieu des 15% habituels. Encore jeune (mise récente), il affiche un certain degré de verdeur, mais la structure et la longueur sont là ! A attendre!

    Château Chalon 1997
    Puissant, sur la noix marquée, il évoque les jaunes d'Arbois, mais il ne comporte en fait que 330mg/l d'éthanal. Long et immense, une grande bouteille pour dans pas mal d'années.

    Château Chalon 1995
    Chanceux que je suis, je peux profiter de fonds de bouteilles ouvertes pour les vendangeurs et dégustées en accompagnement du fromage. A chaque repas, on remonte les millésimes. Le fond de ce 95 est superbement ouvert, sur le curry, les amandes, le massepain et les épices. Tout en finesse, mais avec une longueur interminable!

    Château Chalon 1992
    4éme rencontre avec ce 92 cette année, il est toujours aussi minéral, pétrolant allègrement, mais pas autant que la cuve de fuel du grand-père du Seb! Agréablement fondu, il est prêt à  boire!

    Château Chalon 1986
    La bouteille du repas du lendemain, que Jean Macle venait d'ouvrir! Je la teste avec grand plaisir, surtout que le vin est déjà magnifique! S'ouvrant sur le moka et le café, les notes évoluent rapidement vers une minéralité légèrement pétrolante. La grandeur d'un beau Château Chalon à  maturité!

     

    Aujourd'hui jeudi 21 octobre. La pluie s'est arrêtée, un petit vent chaud soufflait ce matin et le soleil commence à  pointer le bout de son nez. Petite pensée pour les vendangeurs du domaine Macle, parmi les derniers à  couper, et qui doivent se trouver à  l'heure actuelle dans les terrasses du Puits Saint-Pierre, un des plus beaux terroirs de Château Chalon. En principe, ce soir, tout sera bouclé!

    2004 ne s'annonce pas comme un millésime exceptionnel, probablement proche de 1992 dans l'esprit: année abondante mais raisins récoltés avec un degré limite. Le soin apporté à  la récolte au domaine Jean Macle devrait pourtant donner des choses fort intéressantes.

    Olif

  • Domaine J. Macle, au sommet du rocher de Château Chalon !

    Date: le 28/04/2004 à 22:58

    Il serait temps de lever un coin du voile qui recouvre cette prestigieuse appellation jurassienne. Et quoi de mieux que de le faire en compagnie de Laurent Macle par une magnifique journée printanière ? En route pour un petit tour de l'appellation, du domaine et de ses vins !

    L'appellation Château Chalon

    Un premier arrêt au belvédère du magnifique village de Château Chalon, l'un des plus beaux de France, sans chauvinisme aucun, permet d'embrasser le vignoble de façon globale, d'un seul coup d'oeil. Celui-ci décrit un arc de cercle d'environ 300° à la base du piton rocheux. L'appellation Château Chalon s'étend quant à elle sur uniquement 4 communes : Château Chalon, Ménétru-le-vignoble, Domblans et Nevy-sur-Seille.

    A Château Chalon le nom, à  Ménétru le cru !


    Le vignoble, côté Ménétru

     

    Dicton local qui signifie que la plus grande partie de l'appellation se situe sur la commune de Ménétru. Ménétru, c'est sympa comme nom, mais ça sonne moins bien que Château Chalon, quand même!
    Seuls 60 ha sont actuellement plantés sur les 90 possibles, mais il y a fort à parier que les trous seront colmatés avant peu, le rythme des nouvelles plantations s'accélérant.
    Les parcelles sont bien délimitées et les lieux-dits cadastrés de façon précise, même si rarement revendiqués sur l'étiquette. Quelques noms des plus célèbres, ou qui mériteraient en tout cas de le devenir : Les vignes aux Dames, le Puits Saint-Pierre, En Baumont. Les vignes sont toutes en coteaux, parfois très pentus, jusqu'à 45° de déclivité, obligeant parfois au façonnage de terrasses, notamment au Puits Saint-Pierre, à l'apic du piton rocheux, sous l'Abbatiale du village.


    A l'ombre du rocher, le Puits-Saint-Pierre

    La spécificité de l'appellation Château Chalon provient de son terroir, constitué de marnes bleutées du Lias, propices à la culture et à la bonne maturation du savagnin. L'orientation particulière des coteaux, associée à leur grande déclivité, ainsi qu'à leur disposition autour du rocher, favorise la création d'un microclimat spécifique.
    Suite au remembrement de 1977, les vignerons ont eux-mêmes effectué d'importants travaux de canalisation des eaux et de voirie, réalisant des chemins en béton qui sillonnent les différentes parcelles. Auparavant, il fallait parfois traverser la vigne du voisin pour se rendre dans la sienne !

    La mention Château Chalon sur le clavelin, ça se mérite ! Sous l'égide du Syndicat des Producteurs de Château Chalon créé en 1933, des règles très strictes ont été élaborées pour la production du dit cru. Une commission, constituée en 1952, visite chaque parcelle avant la vendange pour y constater la présence exclusive de savagnin et procéder à divers prélèvements de moûts. Elle donne ainsi le ban des Vendanges lorsque toutes les conditions sont réunies et octroie le bénéfice de l'appellation si le degré minimum requis (12°) est atteint. C'est la raison pour laquelle le déclassement complet d'une récolte peut être décidé avant même la vendange, ce qui s'est produit en 2001 notamment. Si par la suite, en cours d'élevage, la prise de voile permet l'élaboration d'un vin jaune, celui-ci pourra être commercialisé sous l'appellation Côtes du Jura. Ce repli ne sera peut-être plus possible très prochainement et tout le monde procédera alors comme au domaine Macle, à savoir ne pas produire de vin jaune les années indignes du Château Chalon. Et comme si les conditions n'étaient pas encore assez drastiques, une dégustation d'agrément a lieu juste avant la mise pour confirmer le label.

    Du savagnin au vin jaune


    Les vignes

     

    Auparavant récolté à la mi-octobre, au moment des premières gelées (la " gelée de savagnin "), il peut dorénavant, grâce à une " amélioration " variétale, être vendangé plus précocement. Il est néanmoins préférable d'attendre une maturité optimale, comme au domaine Macle, où les vendanges se font fréquemment 15 bons jours après tout le monde !
    Grande maturité, en ce qui concerne les vins de Jean Macle donc, et élevage en cave fraîche qui limite la transformation de l'éthanol en éthanal et concentre la minéralité. Ainsi, les vins du domaine n'affichent des taux d'éthanal que de 300 à 400 mg/l. D'un point de vue aromatique, c'est l'éthanal qui va être responsable des notes de noix fraîche que l'on retrouve dans le fameux goût de jaune. Son taux ne variera plus une fois la mise en bouteilles. Seul évoluera le taux de sotolon, un lactone qui apparaît en cours d'élevage, à l'origine des flaveurs de noix mûre et de curry, et que l'on retrouve dans tous les vins oxydatifs à des concentrations variables. La typicité du jaune, c'est en fait un subtil équilibre éthanal-sotolon.
    Pour ne pas fragiliser le voile mais goûter de façon régulière les vins en cours d'élevage, le domaine Macle équipe tous ses fûts de " guillette ", encore appelée " dzi " en Arbois. Il s'agit d'un petit robinet que l'on visse dans le fût juste en dessous de la limite supposée de la vidange au terme de l'élevage. Dévisser une guillette sans faire de catastrophe, c'est tout un art ! Si l'on laisse tomber le petit robinet, il n'y a plus qu'à colmater avec le doigt et appeler au secours ! Ce que nous n'aurons nul besoin de faire au cours de la superbe dégustation qui va suivre.

    Domaine Jean Macle, la dégustation

    Côtes du Jura 2001, embouteillé depuis 1 mois

    Nez de fruits mûrs, pomme séchée. Longue finale sur la cire d'abeille, la noix fraîche et les épices. Beaucoup de classe et d'élégance et ce côté surmaturé sec pour lequel je craque complètement.

    Côtes du Jura 2001, embouteillé depuis 1 jour

    Il y a donc plusieurs mises, ceci pour des raisons pratiques. Celle-ci s'effectue même sur une année, au fil des besoins, un peu à la manière des vins de Champagne que l'on dégorge au fur et à mesure. Pas tout à fait le même, pas tout à fait différent non plus. Le vin a subi une légère filtration. Le nez est plus fin, sur les épices douces et la morille. Moins confit que le précédent, encore chahuté par la mise, la longueur n'en est pas moins impressionnante avec une rétro sur la noix fraîche.

    Côtes du Jura 2000

    Nez plutôt fin et racé, sur des notes de massepain, de pâte d'amande. Grande structure minérale, avec une acidité encore prononcée en finale. A attendre, bien sûr.

     

    Côtes du Jura 2002, échantillon prélevé sur fût

    Pour la première fois, déjà assemblé en fût, dans la proportion habituelle de 15% de savagnin. Nez tout en finesse également, sur le réglisse, le bonbon Batna. A peine d'alcool encore. Dans le style du 2001, au stade d'ébauche.

    Côtes du Jura 1996

    Nez sur la pomme, le calva. Grande structure minérale et acide avec une longueur imposante. Mais la structure est calibrée impeccable, s'élargissant crescendo jusque dans la finale.

    Savagnin 2000, échantillon prélevé sur fût

    Déjà 4 ans de fût et destiné à l'assemblage du Côtes du Jura, en provenance d'une parcelle exposée Nord-Ouest, à flanc de coteau sous le village, qui n'est pas en appellation Château Chalon. Le nez est puissant, il s'affine à l'aération. La structure est très minérale, argileuse, compacte (évoquant à Laurent Macle les « mortiers », blocs de terre et d'argile mêlés que l'on retrouve ici après le labour) et finit avec un peu de lourdeur, affirmant son caractère bien trempé.

    Château Chalon 1997

    Nez fruité, légèrement agrume, poivré, épicé. Le côté éthéré (alcool à polycopieuse!), s'il est présent, se fond dans une structure déjà arrondie, d'une légèreté féminine. Une grande finesse dans un jaune, ce qui n'exclut pas la longueur. 420 mg/l d'éthanal.

    Château Chalon 1996

    Le nez n'est pas très puissant, plutôt original sur des notes d'orge malté, de scotch blend! La structure est d'une grande pureté, ample et progressive, fine et puissante à la fois. Pas du tout marqué par la noix, c'est un vin d'une grande élégance qui ne demande qu'à se fondre dans le temps.

    Château Chalon 1992

    Une année plutôt abondante et pas un très grand millésime. Le nez est puissant, me semblant empyreumatique de prime, mais lorsque l'on hume profondément le verre, pas de doute, il pétrole! Le Seb se revoit même le nez au-dessus de la cuve de fioul de son grand-père! Une minéralité très, trop affirmée, que l'on retrouve de façon non exceptionnelle dans les jaunes, mais le vin tient la distance pour finir sur un peu d'amertume et des notes mentholées. Surprenant mais rédhibitoire pour Le Seb!

    Château Chalon 1997, cuvée 707

    Un échantillon prélevé sur une pièce avant l'assemblage final. Cette cuvée affichait de façon un peu inexpliquée 707 mg/l d'éthanal. Le nez est totalement différent, sur la noix fraîche, très éthéré, se rapprochant d'un vin jaune classique. Puissant et masculin, viril même, une expression plutôt arboisienne du jaune, que Laurent Macle aimerait pouvoir développer un peu de temps en temps, même si l'on est dans un style totalement inhabituel pour le domaine.

    Château Chalon 1990

    400 mg d'éthanal, 14° d'alcool. L'entame se fait sur des notes légèrement pétrolifères, minérales, puis le bouquet s'ouvre sur des notes d'épices. Tout en finesse, il se livre pleinement dans la grande finale où les caudalies resplendissent.

    Trousseau 2003

    La cuvée du patron, car non commercialisée. Robe rubis clair, groseille. Un fruité gourmand et charmeur, confituré et épicé, un vin de belle soif, pour saucissonner en bonne compagnie.

    Macvin

    Si le marc s'impose encore au nez, la bouche fait preuve d'une jolie harmonie et d'un bel équilibre qui en font une gourmandise rafraîchissante portée par une belle structure acide.

    Macvin au fût

    Il s'agit de la récolte 2003, qui ne sera pas millésimée, comme à l'habitude sauf exception. Encore dissocié, avec plein de sucres, on sent qu'il a été muté avec un beau marc. Prometteur!

    Une gamme très homogène, où la finesse s'impose souvent sur la puissance, tant en Côtes du Jura qu'en Château Chalon, ce qui n'exclut pas la grandeur, bien au contraire. Un domaine incontournable pour qui veut faire ses gammes en Jura et approcher ainsi l'élevage traditionnel, à des lieues de l'image caricaturale que certains en ont.

    Aaah! Château Chalon!

    Olif

  • Xavier Reverchon, l'enfant du laboureur de Poligny

    Date: le 18/03/2004 à 17:59
    Très ancienne propriété familiale de Poligny, le domaine Reverchon en est à la quatrième génération de vignerons. Après un intermède d'une dizaine d'années, dans les années 60-70, qui a vu la récolte être apportée à la coopérative polinoise, le célèbre Caveau de Jacobins, installé dans un ancien couvent de la ville classé monument historique, Xavier a repris les rênes du domaine en 1978, n'ayant de cesse d'agrandir l'existant, tout en conservant l'esprit du travail antérieur.

    « Travaillez, prenez de la peine
    C'est le fonds qui manque le moins.»
      *

    Le domaine a toujours pratiqué le labour, c'était même la spécialité du grand-père, qui disposait de chevaux, pratiquait la polyculture, comme souvent à l'époque, et était considéré comme un marginal car il travaillait la terre tandis que tout le monde désherbait ! Les chevaux ont été abandonnés par commodité et le passage dans les vignes se fait à l'aide d'un chenillard qui a l'avantage de bien moins tasser la terre qu'un tracteur traditionnel. Seule une vigne est désherbée car les rangs seraient alors trop étroits pour laisser passer l'engin ! Respect de la terre et de l'environnement, même si le domaine n'est ni en bio, ni en biodynamie, car un insecticide (un seul et une fois par an) est utilisé pour traiter les vignes.

    Ici, on fait donc du traditionnel, y compris dans l'élevage des vins. Pas d'ouillage, mais de beaux vins oxydatifs racés ! Les vignes sont situées en majorité sur Poligny qui se découpe en deux secteurs distincts : au Sud, les flancs du Revermont, en direction de Lons le Saunier et en exposition Ouest, et au Nord, vers Arbois, des coteaux exposés plein Sud. A ces terroirs en appellation Côtes du Jura, il faut ajouter une parcelle sise en appellation Arbois, à Vadans, et qui sera prochainement confiée en location à un jeune vigneron qui s'installe.
    Le style du domaine, c'est l'oxydatif, donc, avec des vins caractérisés par une acidité marquée du fait du mode de culture : le travail incessant du sol d'abord et puis le choix d'une presse faible des moûts, excluant ainsi le coeur de presse qui apporte du jus beaucoup moins acide. Des vins avec de la personnalité et du caractère, refusant la moindre concession aux modes et, de ce fait, pas forcément simples d'accès.

    Nous attaquons la dégustation par les rouges, comme de coutume dans le Jura.

    - Arbois Poulsard 2002: un vin friand à  la robe groseille, au fruité croquant et craquant.

    - Côtes du Jura rouge 2002: poulsard majoritaire, assemblé avec du pinot noir et du trousseau parce qu'il fallait compléter le fût. La couleur est plus soutenue que le précédent, le nez plus animal, mais il regorge de fruits néanmoins.

    - Côtes du Jura rouge 2001: « l'Edelzwicker » de la propriété, en cette année 2001 sinistrée. Petite production, car grêlée à 70%. Ce vin est donc l'assemblage de tous les raisins rouges miraculés de la propriété. La robe commence à virer à la pelure d'oignon, les saveurs sont un peu plus épicées et confiturées, témoignant de son évolution plutôt rapide, ce qui en fait un vin très plaisant à consommer maintenant en raison de son caractère franc et gouleyant.

    - Côtes du Jura blanc 2000, Les Trouillots: une parcelle située au nord de Poligny, orientée Sud, sur un terroir argileux. Les vignes ont été plantées lors de la reprise du domaine par Xavier et sont maintenant âgées de 25 ans. Puissant nez, un peu surmaturé, et beaucoup de vivacité en bouche, de par son côté sec et acide. Très beau car bien équilibré.

    - Arbois chardonnay 1999: le « manzanilla » du domaine! Elevé 4 ans sous voile. Nez surmaturé avec des notes empyreumatiques de moka, bouche très sèche, alcoolisée, sur la noix avec une longueur phénoménale. Superbe!

    - Côtes du Jura Savagnin: non millésimé pour rester en règle avec la législation (il semblerait que tout le monde ne soit pas dans la légalité!) car cette cuvée est l'assemblage de plusieurs fûts de jaunes ayant tournés court, dans les millésimes 98 à 2001. Nez sur la pomme, porté par une grande acidité, avec une droiture minérale très pure.

    - Côtes du Jura VV 1999, Les Boutasses: la cuvée emblématique du domaine, correspondant à une grande parcelle au sud de Poligny ayant déjà appartenu à la première génération des Reverchon. C'est un chardonnay sous voile, assemblé avec une petite proportion de savagnin en provenance du même endroit, et complété avec une proportion variable (jusqu'à 50%) de savagnin n'ayant pas évolué vers un vin jaune suffisamment qualitatif. Pour la petite histoire (j'en suis très friand!), cette belle parcelle de chardonnay située en bordure de la route de Miéry était régulièrement « pillée » par les jeunes filles du lycée de Poligny qui faisaient leur promenade hebdomadaire en rang par deux et en uniforme bleu tous les jeudis après-midi. Pour remédier au grappillage systématique des raisins lorsqu'ils commençaient à mûrir, le grand-père Reverchon eût l'idée de planter en bordure des plants de savagnin, dont les raisins très acides eurent tôt fait de décourager les jouvencelles à les consommer.
    Il a beaucoup du vin jaune, d'ailleurs, ce vin, avec une grande structure acide oxydative et une longueur imposante. Quelle puissance!

    - Côtes du Jura Vin jaune 1996, Les Trouillots: le vin jaune, c'est un peu la spécialité de la maison! Du fait de terroirs qui se prêtent bien à la culture du savagnin et de la grande acidité constitutionnelle des vins, le domaine a récolté systématiquement des médailles depuis le tout premier millésime commercialisé par Xavier. Tous, sauf ce 96, qui a été assemblé de façon inhabituelle avec des savagnins en provenance de la parcelle des Freins, ce qui a eu pour conséquence d'entraîner un déficit en alcool par rapport aux millésimes antérieurs. Du coup, l'acidité est plus mordante. « Il est sympa, mais ça mord! », nous dira Xavier qui pense néanmoins que l'évolution de ce vin devrait être intéressante. Ce Jaune un peu atypique me plaît beaucoup!

    - Côtes du Jura Vin Jaune 1997, Les Trouillots: la bouteille est ouverte depuis bientôt 1 mois et pourtant, quelle fraîcheur et quelle puissance au nez! Un roc indestructible! Encore étheré, il se distingue par une attaque volumineuse et franche, possédant de la vivacité et une grande profondeur.

    - Côtes du Jura Vin de Paille 2000: 60% Poulsard, 20% Chardonnay, 20% Savagnin. En bouteille classique, car ici non plus, le nouveau contenant ne plaît pas! Couleur ambrée, magnifique liqueur sur les fruits secs, les abricots et la figue.

    - Macvin étiquette rouge: élaboré uniquement avec du pinot noir, c'est un Macvin à la robe rouge rubis fleurant bon la groseille, la cerise à l'eau de vie et les noyaux de cerise, à l'équilibre quasi parfait. Une cuvée qui fait des émules chez les viticulteurs du voisinage, après avoir été longtemps critiquée. Beaucoup de Polinois séparent maintenant leurs moûts pour produire des Macvins de couleur.

    -Macvin étiquette blanche: issu de savagnin exclusivement, en provenance des Trouillots. Moins de rondeur et plus de vivacité! Intéressant, mais pas aussi plaisant que le rouge!

    Après ce tour d'horizon assez complet quoique non exhaustif de la production du domaine (il manquait une ou deux cuvées de blanc et les rouges de trousseau et pinot), nous courons visiter les installations pour constater que la production 2003 sera réduite à la portion congrue. Guère besoin d'acidifier pour les raisons évoquées plus haut et surtout vendange très précoce (Xavier a été le seul à vendanger à partir du 12 août pour les pailles et les crémants) font que l'on devrait avoir de belles choses ici dans ce millésime. Beaucoup de cuves et de fûts attendent avec impatience d'être remplis à nouveau! Et pas question de prendre des risques avec un aussi faible volume! Un fût de jaune donne des signes d'inquiétudes sur son évolution? Hop! Il sera soutiré rapidement pour produire un solide Côtes du Jura!
    Beaucoup de bon sens dans la démarche de Xavier Reverchon qui nous a offert là un bien beau moment en sa compagnie! Un domaine à recommander vivement à tous les amateurs de vins du Jura « traditionnels »!

    Olif

    * Citation bien évidemment extraite du Laboureur et ses Enfants, de Jean de la Fontaine.

  • 21/09/2004, Tour de vignes en Arbois!

    Date: le 21/09/2004 à 23:56


    Après-midi bruineux sur le Haut-Doubs, ça tombe bien, j'avais prévu de descendre sur les coteaux d'Arbois pour enrichir ma photothèque. Le ciel nuageux sur la plaine n'empêche pas le soleil de sévir, rien que du bon pour la vigne!

    Pour commencer, un tour de la Tour! Curon, lieu qui devrait devenir mythique dans quelques années.



    Parce que le terroir semble se prêter à  la production de grands vins de chardonnay, et parce que la Tour de Curon a tout pour devenir un lieu emblématique: un passé, une situation stratégique et privilégiée sur les hauteurs de la ville, et très certainement un futur grand vin, en tout cas, tout est fait pour! Le gardien de la Tour s'étant fait porter pâle, un énorme cadenas le remplace, verrouillant la porte d'accès à  l'édifice qui ne remplit pas des conditions de sécurité suffisantes. Tant qu'elle ne sera pas rénovée à  l'intérieur, elle reste dangereuse pour les visiteurs et ...son propriétaire!

    Les Chardonnays du Clos de la Tour en sont déjà  à  leur quatrième feuille et ils devraient être en mesure de produire une cuvée digne de ce nom.



    Ils se goûtent en tout cas déjà  fort bien sur pied!


    Vue de la tour, Arbois semble toute petite, même si les premières constructions grignotent les vignes sous Curon. Une parcelle (la dernière?) est en voie de construction. La vigne est en ville. Ou plutôt, la ville grignote la vigne!



    Après le tour de la Tour, direction Montigny, en passant par Vauxelles.

    Montigny! Magnifique petit village vigneron, scindé en quartiers regorgeant de noms célèbres. Même perdu dans le village, on est en pays de connaissance lorsque l'on regarde les enseignes des maisons: Puffeney, Bacchus, Lornet,... En passant devant chez Bacchus, l'homme au béret me fait un signe amical et un grand sourire. Je l'ai également reconnu! Il s'agit d'Alex, le vigneron du futur, en pleine séance de mise en bouteilles d'un admirable Trousseau 2002 Jeunes Vignes, gorgé de fruits. Le temps de faire connaissance avec Vincent Aviet, le fils de Bacchus, je poursuis mon tour de vignes, direction les Grands Vergers, au pied du viaduc de chemin de fer, puis les Bruyères, de l'autre côté de la nationale. Peu de gens dans les vignes, même si le ban des vendanges a été officiellement déclaré au 20 septembre. Les premiers raisins devraient en principe être coupés à  partir du 27 pour produire les crémants, dont la qualité s'annonce plutôt bonne.

    Après l'effort (j'ai quand même pas mal marché!), le réconfort! Je me dirige vers la ville, histoire d'aller au contact de la population. Avec une petite idée derrière la tête, quand même! Goûter à  quelques perles issues du caveau de Jacques Tissot, dans un premier temps.

    Arbois Savagnin Naturé 2000
    Un savagnin ouillé, le premier millésime de ce type produit ici, et qui se révèle être un coup de maître. Nez très mûr, sur les agrumes, entêtant, à  la belle structure acide qui apporte longueur et équilibre. Presque aussi bon qu'un Païen de Chamoson!

    Arbois Trousseau En Messagelin 2002
    Un beau Trousseau, aux tanins patinés, à  cueillir sur son fruit, ou alors à  attendre quelques années.

    Vin de Liqueur le Galant
    Un Macvin à l'ancienne, cuit avec des épices, donc hors appellation, mais dont j'avais entendu le plus grand bien. Eloges mérités, une fois de plus, les notes épicées et les rondeurs apportées par la cuisson, en font un vin de liqueur très séduisant, caressant et enjôleur. Bravo!

    Après Jacques, impossible de ne pas passer chez André et Stéphane! Muriel, qui garde la boutique Tissot, est toujours aussi charmante et accueillante. Pour poursuivre dans le rayon douceur, Spirale 2000, puis PMG 2000 ne pouvaient pas tomber mieux! Sur ce millésime-là , les deux vins sont vraiment très proches et impressionnants de densité et de complexité, graduellement croissantes. PMG, c'est cher (54€ pour 37,5 cl), mais ce liquoreux de l'extrême a ses adeptes (dont je suis) et n'a vraisemblablement jamais été aussi bon et équilibré, mêlant des notes de coing confit et de mine de crayon. Du sucre, de la minéralité et de l'acidité! Un très bon cocktail!

    Après une telle récompense, il est temps pour moi de regagner les hauteurs. Fin de ma petite escapade arboisienne. Encore quelques jours de soleil, et les vendanges 2004 devraient pouvoir débuter sereinement!

    Olif
  • ARBOIS, en 2 temps et 3 mouvements

    Le 25/01/2005 à 19:13

    Première sortie vinique de l'année pour le GJP. Les journées sont encore courtes et les disponibilités limitées. En une après-midi, seul le Jura s'offre à nous, ce qui n'est déjà pas si mal ! Les plaques de neige et de glace encore présentes sur certaines routes non salées des hauts plateaux ont eu beau essayer de freiner notre progression, notre enthousiasme ne fut pas altéré. Et ce n'est qu'avec un tout petit peu de retard que nous arrivons chez Michel « Canal Trousseau » Gahier qui nous attend sur le pas de sa porte.

    Et c'est parti pour un adaggio allegro non tropo, en deux temps et trois mouvements. Claudius me corrigera au besoin, car je n'y connais absolument rien en musique !smiling smiley

    Domaine Michel Gahier : temps un, mouvement un, moderato crescendo !

     

     

    On rentre d'emblée dans le petit caveau de dégustation et le vif du sujet. D'abord quelques 2004 en cours d'élevage. 2004, une année globalement généreuse qui va permettre de refaire les niveaux dans les caves des vignerons, avec certainement de la qualité chez ceux qui auront su trier.

    Chardonnay 2004, jus de base de crémant
    Beaucoup de légèreté dans ce jus encore en cours de fermentation, exhalant des notes de châtaigne, et possédant une acidité un peu mordante en finale.

    Chardonnay 2004
    Sur la réduction, il possède néanmoins beaucoup de fraîcheur et de vivacité.

    La Fauquette 2004
    Du melon à queue rouge en provenance d'un terroir de marnes rouges en exposition Sud, Sud-Est. Un vrai terroir à oxydatif, même si cette Fauquette-là n'a évidemment pas encore eu le temps de prendre le voile. Nez réduit et fermentaire, bouche tranchante mais possédant une profondeur déjà impressionnante. Attendons que les levures fassent leur ouvrage !

    Savagnin 2004
    Nez similaire sur la réduction, mais en bouche une étoffe déjà plus cossue, avec plus d'amplitude et même déjà du gras. L'augmentation des volumes en 2004 , du fait des rendements supérieurs, mais aussi d'une augmentation des surfaces, permettra à Michel de décliner le cépage sous toutes ses formes.

    Trousseau Grands Vergers 2004
    En phase de réduction, mais un fruité qui s'impose bien à l'agitation. Une belle concentration pour un trousseau plutôt bien coloré. Rendements de 40 hl/ha.

    Trousseau 2004
    Un vin friand et croquant à la robe rubis clair. Souple et arrondi, il a déjà probablement terminé sa malo et se laisse apprécier pour sa fraîcheur et son naturel.

    Trousseau Grands Vergers 2003
    Avec celui-ci, on commence à approcher la quintessence de l'expression du cépage, avec des notes épicées et confiturées. Les tanins sont encore marqués et le vin entre probablement dans une phase de fermeture. Il faudra lui laisser un peu de temps pour le goûter au mieux.

    Trousseau 2003
    Pas encore commercialisé, contrairement aux Grands Vergers, mis en bouteilles sur le fruit il y a déjà quelque temps, ce trousseau exhale de jolies notes de bigarreau au sirop, mais se goûte paradoxalement un peu difficilement en raison d'un « effet de colle ». Les tanins sont sévères avec un peu d'astringence, ce qui explique la raison du collage, qui sera suivi d'une légère filtration, pour les adoucir et éviter un assèchement trop important.

    Trousseau 2002
    La robe est rubis clair, tirant sur la pelure d'oignon. Le nez est ouvert, fruité, avec une légère note de caoutchouc. La bouche est avenante, aimable, avec des tanins biens polis. La longueur et la persistance aromatique sont marquantes pour un vin qui n'est pas un monstre de concentration. Je lui aurais donné quelques années de plus mais il se goûte merveilleusement bien en ce moment.

    Trousseau 2000
    Un trousseau archétypique qui possède beaucoup de rondeur et d'expressivité. De la confiture de petits fruits rouges épicés !

    Trousseau Grands Vergers 1999
    Un vin à la robe rubis soutenu et au nez intense de fruits rouges, de griottes au sirop et d'amande douce, qui se trouve dans la fleur de l'âge, sans signe d'évolution, pourtant.

    Chardonnay 2002
    Ouillé toutes les semaines, il n'a pas su, pu, voulu, résister à l'appel de l'oxydation ! Il est magnifiquement ancré dans le Jura, un vin comme on en produit nulle part ailleurs, à la structure épurée d'une grande beauté formelle. J'adore !

    Chardonnay Les Crêts 2002
    D'intenses flaveurs de pomme, d'épices, de gingembre et de clou de girofle laissent à penser que ce vin, ouillé pendant une année, va néanmoins partir sur le versant oxydatif. Les levures indigènes ont encore frappé! Ce qui ne retire absolument rien à sa qualité.

    La Fauquette 2000
    Nez de curry, d'amandes et de noix, mais cette fois c'était recherché! Une large structure de type oxydatif mais en même temps une grande douceur et beaucoup d'allonge. Une Fauquette toute juvénile qui n'égalera peut-être pas son aînée, mais qui est néanmoins dans la même lignée.

    La Fauquette 1999
    Une vraie galette des rois! Massepain, amande, frangipane. Un vin cubique, aussi long et large que profond. La puissance du millésime s'affiche clairement mais intègre progressivement l'alcool sans que celui-ci ne crée de déséquilibre. De la belle ouvrage!

    Savagnin sous voile 2000
    4 ans de fût sans ouillage pour ce vin au nez de jaune! Nul doute qu'il serait parvenu à ce stade si l'élevage s'était poursuivi, mais il s'agit d'une déclinaison qui permet de répondre aux attentes de la clientèle. Car s'il donne une idée de ce que peut devenir un vin jaune par son aromatique (noix, éther, épices), il n'en possède pas la profondeur et la complexité, ce qui est bien logique. La longueur est par contre déjà interminable et la rétro se fait sur des notes de cucurma et d'épices qui réapparaissent en bouche plusieurs secondes après que le vin ait été recraché (ou avalé). Un savagnin d'école et un bon apprentissage du jaune.

    Vin Jaune 1996
    Puisqu'on parle de Jaune, le voilà qui pointe son nez d'épices, de frangipane, d'amande amère, d'amaretto sans la cerise! Et pourtant, on peut presque le considérer comme fermé! Tout en finesse et en longueur, la bouche demande encore du temps pour s'exprimer pleinement. Un vin jaune d'une grande élégance, pour plus tard!

    Vin Jaune 1994
    ça commence en douceur, par des notes de pain d'épices, de miel, puis ça monte progressivement en puissance, pour emplir la bouche et signifier qu'en finale, on est bien devant un Vin Jaune. 2 bonnes minutes après l'avoir dégluti, il est toujours là ! Le premier millésime de Michel Gahier en Jaune.

    Vin de Paille 2003
    100% Chardonnay. Déjà goûté au stade embryonnaire il y a un peu plus d'un an j'avais été charmé par son naturel confondant. Actuellement, sa robe commence à dorer légèrement. Il possède toujours beaucoup de fraîcheur dans ses arômes de fruits secs et de tabac blond. La petite pointe de gaz résiduelle commence à s'estomper et il en ressort une grande douceur. Excellent en l'état, il risque d'être mis en bouteilles prochainement, ce qui l'exclura des critères de l'appellation Vin de Paille pour cause d'élevage insuffisamment long. Une situation qui risque de devenir de plus en plus courante et problématique chez bon nombre de producteurs comme nous le verrons lors de la prochaine visite de la journée.

     



    Domaine André et Mireille Tissot : temps deux, mouvement un, allegretto fortissimo !

     

    Le domaine André et Mireille Tissot se situant à une encablure de celui de Michel Gahier, il ne nous faut guère de temps pour nous y rendre, nous arrivons pourtant un peu plus tard que prévu, on se demande bien pourquoi! Stéphane ayant une manipulation impérative à effectuer ce jour-là en cave (le crémant, ça n'attend pas!), il n'a pas beaucoup de temps à nous consacrer. Pas beaucoup de temps, mais son enthousiasme et sa passion prennent toujours le dessus et le voilà qui nous explique aussi sec les arcanes de la filtration Kisselgur, une filtration naturelle avec de la poudre de diatomées.

     

     

    Les algues bouillonnent dans tous les coins, mais le résultat est probant. Le jus de crémant filtré, c'est celui de gauche!

     

     

    Et puis, entre deux remplissages de cuve, il faut absolument que Stéphane nous fasse goûter les 2004 au fût, « il y a plein de choses intéressantes ! Mais vite fait, parce que j'ai du boulot! »

    Chardonnay 2004, jus de base de crémant
    Il s'agit de celui qui a été filtré! Impression furtive d'un vin déjà presque accompli, bien arrondi. N'y manque que la prise de mousse!

    Poulsard VV 2004
    Stéphane privilégie volontairement des élevages en milieu réductif, tant sur les rouges que les blancs, ce qui permet un usage intelligent de la barrique, la pratique de fermentations douces et longues et l'utilisation la plus minime possible de soufre.
    Sur ce Poulsard, ce qui frappe, c'est sa grande fraîcheur, son fruité et sa buvabilité. C'est déjà très bon, et on a envie d'en avaler une gorgée!

    Trousseau 2004, 1er fût
    Très coloré, il est déjà  presque gourmand également.

    Trousseau 2004, 2ème fût
    Des raisins de 3ème feuille en provenance des vignes replantées au pied de la Tour de Curon. Une pureté de fruit éclatante et un soyeux extrêmement prometteur. Un grand terroir renaît!

    Poulsard 2004, sans soufre
    Il présente encore une petite pointe de gaz, mais se goûte aussi déjà  très bien.

    Pinot Noir 2004, En Barberon, 1er fût
    Raisins entiers, pigés aux pieds, avec 1,5g de soufre, ce qui est presque une quantité négligeable. Le 2003 à ce stade m'avait épaté, celui-là n'est pas mal non plus, avec un gras et un soyeux qui sont déjà impressionnants.

    Pinot Noir 2004, En Barberon, 2ème fût
    Raisins égrappés, avec un peu plus de soufre. Les tanins sont plus marqués, moins soyeux, ne bénéficiant pas de l'apport adoucissant de la rafle. Les deux fûts seront assemblés dans des proportions de 50/50 pour constituer la cuvée En Barberon. Il est probable, que dès l'année prochaine, la proportion de raisins entiers augmentera.

    Les Graviers 2004
    Nez très réduit, de façon toujours volontaire. Beaucoup de matière, très serrée, avec perception boisée marquée (fût neuf). Mais la définition est déjà très précise.

    Les Bruyères 2004
    La réduction est ici moins sensible. On perçoit une agréable petite note grillée, adoucie par la présence d'une petite pointe de sucre.

    En Barberon 2004
    La cuvée de Chardonnay sans soufre du domaine, inaugurée avec le millésime 2000. Au plus près du raisin, qui est presque encore croquant.

    Le Clos de la Tour de Curon 2004
    Le voilà  enfin, ce Chardonnay de la Tour! De toutes jeunes vignes, mais un vin qui se démarque déjà  des autres. «C'est autre chose!», d'après Stéphane. Il est pourtant élevé comme les autres vins, mais le terroir semble ici extraordinaire, apte à produire des vins hors normes. Nez légèrement réductif, puis le fruit s'impose, un peu exotique. Sa densité et sa pureté en bouche sont déjà fort impressionnantes. Le futur Montrachet d'Arbois?

    En Barberon 2003, fût neuf
    Déjà goûté au même endroit en juin 2004, il n'a toujours pas terminé sa fermentation! Ce qui contribue à entretenir un bâtonnage doux, spontané et perpétuel, comme l'atteste sa robe qui n'a pas encore atteint la clarté du vin blanc en fin d'élevage. Le soyeux de texture est pourtant déjà bien là !

    En Barberon 2003, fût de deux vins
    Celui-ci n'a encore pas totalement digéré ses sucres! Un élevage cousu main!

    Savagnin de glace 2004
    Il est peut-être un peu tôt pour en parler, de celui-là , mais je ne résiste pas! Une parcelle de savagnin vendangée le 22 décembre 2004, entre 4 heures et 7 heures du matin, par -11°C, à la frontale! Le nez surprend au premier abord, de par son caractère inhabituel pour un savagnin, mais la quintessence du cépage, dont on retrouve déjà l'ossature et l'acidité, a été extirpée par la cryo-extraction naturelle. Un vin pour l'instant déstabilisant mais qui devrait être exceptionnel!

    Vin de Paille 2004
    Pour terminer, nous avons également goûté le Paille 2004...sous forme de raisins de poulsard passerillés! De la gourmandise! De vrais et beaux raisins passerillés sur la paille, à l'ancienne, comme dans le temps, parmi les rares (ou les seuls ?) à connaître encore le lit de paille, et qui ne seront pas pressés avant le printemps, contrairement à l'immense majorité de leurs pairs. Au final, ils ne pourront pas revendiquer la mention Vin de Paille! Paradoxe (et injustice ?) de la réglementation!
    La grande quantité de raisins récoltés cette année va permettre à Stéphane de se faire plaisir et d'innover sur les liquoreux. De jolies surprises en perspective, probablement! Patience, donc !

     

    Finalement, heureusement que Stéphane n'avait pas énormément de temps à nous consacrer car nous y serions encore ! Pour goûter les vins en bouteille, il nous dirige donc vers le caveau du centre d'Arbois, où son père André monte la garde, pour cause de Muriel en RTT.

    Domaine André et Mireille Tissot : temps deux, mouvement deux, pianissimo !

    Le temps maussade qui règne en ce jeudi après-midi n'a guère incité le chaland à la promenade, aussi André est-il tout content de nous voir arriver malgré l'heure relativement tardive. Il ne nous reste guère de temps pour déguster mais nous avons dans nos bagages 2 bouteilles que Stéphane nous a confiées pour les ouvrir avec lui. Et puis, pas question de ne pas goûter à certains vins dont l'achat était programmé. Avec Dédé, on prend son temps ! Celui de s'asseoir et de discuter. L'occasion pour lui d'évoquer, l'oeil brillant, la réussite de son fils, même s'il lui a fallu un peu de temps pour se faire à l'idée de ses vignes aussi « mal entretenues », totalement enherbées, alors que «de son temps!». Même si le domaine avait déjà une excellente réputation lorsque lui-même s'en occupait, il faut reconnaître que Stéphane l'a hissé vers des sommets insoupçonnés jusqu'alors, en s'appuyant sur une culture de la vigne et un travail en cave d'une exigence exemplaire. Et il en est fier à juste titre, André!

    La Mailloche 2003
    On attaque par ce cru fétiche, millésime 2003. Les notes fumées et argileuses sont bien là . Il y a du nerf et du mordant, du gras aussi, qui donne une sensation moins incicive que sur les millésimes précédents. Personnellement, je suis fan, et trouve ce cru dans la droite lignée, les particularités du millésime mises à part.

    La Mailloche 2001
    Une des deux bouteilles que Stéphane nous a demandé d'ouvrir avec son père. Le nez a effectivement quelque peu changé depuis ma dernière rencontre avec ce vin, partant vers des notes légèrement oxydatives. Miel et épices, mais toujours ce côté fumé que j'aime tant. La structure reste épurée, racée et élégante. Un vin à suivre avec intérêt au vieillissement.

    Les Bruyères 1999
    La deuxième bouteille confiée par Stéphane. Un terroir argileux d'exception situé au Nord d'Arbois et qui surplombe la ville. C'est là qu'André a planté ses premières vignes il y a déjà bien longtemps de cela. Séquence nostalgie! Ce 99 n'est encore pas très âgé mais se goûte merveilleusement. Gras, riche et nerveux, il brille par une parfaite harmonie. Content du boulot effectué par le fiston, sur ce coup, le Dédé! Et sans regret au sujet de l'herbe qui a envahi l'argile des Bruyères, finalement!

    Trousseau 2003
    Un vrai petit bonheur de Trousseau, à la robe rubis clair, au nez explosant de petits fruits, aux tanins gras et veloutés, enveloppant la bouche avec une infinie douceur. Seule une petite amertume finale se fait sentir, mais le vin est encore si jeune!

    En Barberon Pinot Noir 2003
    Le rubis est beaucoup plus soutenu et le vin est à cette image, dense et serré, aux accents rhodaniens indiscutables. En cours d'élevage, Stéphane le comparait à du grenache. On part plutôt sur la Syrah, maintenant! Cela reste quand même un Pinot Noir impressionnant!

    Vin de Paille 2000, Les Caves de la Reine Jeanne
    Un vrai vin de paille celui-là , conformément à la réglementation en vigueur. Classique, sur le coing et la mine de crayon, et frais malgré les 14,5° d'alcool.

    Spirale 2002
    Des raisins passerillés à l'ancienne, présentés dans un nouvel écrin original, une bouteille très allongée qui n'a plus rien de Jura. La robe est ambrée, avec des reflets lilacés. La bouche reste fraîche malgré la sucrosité importante. Grande concentration pour un vin superlatif qui ne titre que 8°.

    PMG 2000
    L'ultra concentration! C'est toujours de la gourmandise! Mais je suis gourmand!

    Derrière ce vin, il est difficile de goûter autre chose. Nous conclurons donc notre première sortie arboisienne hivernale sur cette douceur. Mais je crois qu'il y aura matière à revenir bientôt!

    Olif

  • Emmanuel Houillon, au nom du Pierre!

     
    Date: le 06/03/2005 à 09:22

    Au coeur du village de Pupillin, sur les hauteurs d'Arbois, il est un domaine dont la simple évocation du nom impose le respect à l'amateur averti. Véritable précurseur en matière de respect des vignes et de l'environnement, Pierre Overnoy fut l'un des pionniers de l'élevage du vin sans adjonction de soufre, à l'origine de beaucoup de vocations chez les apprentis-vignerons venus en stage du côté de Pupillin. Un véritable maître à penser qui a formé de nombreux disciples, en premier lieu Emmanuel Houillon, qui a pris la relève au domaine depuis quelques années, ce qui permet à Pierre de s'adonner aux joies du ski sur les coteaux de Pupillin quand la météo le permet, tandis qu'Emmanuel travaille à la vigne ou à la cave!

     

     

    La politique du domaine, c'est l'observation et le respect de la nature, la recherche et l'expérimentation perpétuelles. Il n'y a guère qu'ici que l'on trouve des savagnins ouillés pendant 15 ans ou des vins jaunes conservés 11 ans en fût (le minimum légal est de 6 ans et 3 mois)!

    Vous faites quoi, vous, le 2 juillet de chaque année? Et bien ici, on cueille une grappe. A cette date, censée correspondre à la floraison, il reste en principe 100 jours avant la récolte. Conservée dans l'alcool à 60°, celle-ci en dit long sur les caractéristiques du millésime!


    1991, année du gel!







    En 2003, la vigne a produit de superbes olives vertes!





    Retour à  plus de raison en ce qui concerne la taille en 2004, mais question quantité!

     

    Après ces quelques considérations environnementales, place à la dégustation! Les vins sont encore conservés au domaine une année après la mise et avant commercialisation.

    Ploussard 2004
    Vendange 100% égrappée, macération à froid. La robe est groseille, rubis soutenu, encore un peu trouble. Le nez est légèrement piquant, traduisant le présence de gaz, avec une sensation lactique. En bouche, on retrouve une jolie définition du fruit, bien concentré, sur des tanins soyeux. Un Ploussard dans une phase gourmande!

    Ploussard 2001
    La robe brillante, virant légèrement sur la pelure d'oignon, est tout à fait caractéristique d'un beau Ploussard. Le nez est très marqué agrumes, genre pamplemousse rose, procurant une sensation acidulée que l'on retrouve en bouche, mais bien enrobée de gras, plutôt bienvenu pour le millésime. Un joli vin que l'on peut déjà apprécier pleinement, dans une année plutôt difficile, qui se caractérise par une oxydation prématurée des vins à l'air. Le bon résultat ici est dû à une vendange rapide (11 jours sans discontinuer, sous la pluie, avant que la pourriture ne ravage tout) et à un tri hyper sélectif, d'autant plus sélectif que le domaine travaille sans soufre.

    Chardonnay 2002, 3ème tirage
    Ouvert depuis 24 heures, le nez se respire goulûment sur son fruité un peu fermentaire (pomme verte, poire) mais qui procure dans le même temps une sensation de grande maturité. La bouche est ample, longue, progressive, avec une magnifique rétro sur, de beaux amers et de petites notes végétales rafraîchissantes de gentiane, pas trop terreuses. Des vignes situées sur le secteur de Vianderix et un élevage en foudre de 22 hectolitres.

    Savagnin ouillé 1999
    Il s'agit de l'assemblage de 3 pièces de savagnin, ouillées pendant 5 ans. Un vin d'une richesse phénoménale! Un nez très mûr, évoquant un sous-bois printanier à la période des morilles. Elle est là , pas bien loin, on la sent, même si on ne la voit pas encore! Gras et acidité, puissance et finesse, sans l'once d'une faiblesse, le Savagnin en majuscules!

    Vin Jaune 1989
    La mise est de 2000, ce qui nous fait un élevage de 11 ans en vidange! La robe annonce tout de suite la couleur, dorée soutenue. Pas de doute, c'est un Jaune, qui prend tout de suite les narines par des notes de vieux malt, d'épices douces, de fruits secs. Difficile de décoller son nez du verre pour le porter à la bouche, ce qui serait quand même dommage, d'autant plus que le trajet est court! La quintessence d'un grand Jaune, qui s'installe fermement en bouche, mais progressivement, en s'amplifiant jusque dans une finale interminable.

    Savagnin ouillé 1991
    Ouillé, mais encore en fût! 14 ans, ce n'est pas rien! D'ailleurs, il en manque la moitié, les anges ont été gâtés! Le nez est un peu étheré et présente de la volatile bien compréhensible. Il présente un côté extra-dry avec une grande acidité linéaire, sur les épices douces.
    Un Savagnin ouillé, certes, mais forcément un peu oxydatif après toutes ces années de fût. Une expérience gustative unique! La mise ne devrait plus tarder, ouf!

    Vin de liqueur 100% chardonnay
    Celui-ci a subi une réduction à la chaleur au 1/5. La robe est jaune, légèrement dorée, le nez exhale des notes fruitées de quetsch, de melon bien mûr, sur un fond de vieille fine. Malgré son côté chaleureux (vraisemblablement muté aux alentours de 20° d'alcool), il n'en reste pas moins frais avec des notes de fruits secs, ne donnant jamais le sentiment qu'il s'agit d'un vin cuit.

    Ploussard 2003
    Goûté plus tard dans la journée, lors du repas.
    Dans une phase ingrate après la mise, il est transfiguré ce jour-là .
    Concentré, aux tanins arrondis, il se livre magnifiquement. Un vin charnu aux tanins caressants, qui est plus le reflet du millésime que du cépage. Un bel atypique!

    Inutile de dire que je suis totalement conquis! Le Ploussard est vraiment un cépage fabuleux lorsqu'il est bien travaillé (ou pas trop, c'est comme on veut!) et le Savagnin est bien le plus grand cépage au monde (mais ça n'engage que moi!, laissant libre cours à toutes les déclinaisons possibles. Et les vins sans soufre ne sont pas obligatoirement des vins fragiles, qui se cassent au contact de l'air!

    Olif

  • Jean-Marc Brignot, un nouvel As sorti de la Manche?

    Le 06/03/2005 à 19:07

    Nouveau venu dans le paysage viticole arboisien, Jean-Marc Brignot risque fort de devenir le véritable vigneron rebelle du Jura. De son passage chez Pierre Overnoy, il a gardé l'amour de la région (d'ailleurs il est venu s'y installer!), et la haine de la chimie. Privilégiant l'expression nature du vin et du raisin, il travaille de façon quasi-exclusive sans soufre et semble se régaler d'élaborer des cuvées colorées et pétillantes, avec le Ploussard entre autres, un cépage qui devrait lui permettre un certain nombre de fantaisies.

    Nouveau venu sur Arbois, mais pas dans le monde du vin, car depuis 2 ans, il présidait aux vinifications d'une maison de Champagne dont j'ai oublié le nom. D'où sa passion des bulles, aussi! Originaire de la Manche, donc pas forcément prédestiné à l'élaboration du vin, il vient de racheter les vignes du Domaine Robert Aviet. « Les vignes ont connu la chimie, mais ce sont de beaux terroirs! » lui a dit en substance Pierre Overnoy pour le conforter dans sa décision. 2004 sera son premier millésime, aucun vin n'étant pour l'instant commercialisé. Cela ne saurait tarder, car quelques cuvées privilégiant le fruit et le naturel devraient bientôt être mises en bouteilles, à la recherche du plaisir immédiat. Le temps également de baptiser le domaine, qui ne possède pas encore de nom! Certains aimeraient le voir s'appeler « Domaine du Cul Roulé », du nom d'une de ses plus belles parcelles, au lieu-dit Curoulet, mais rien n'est encore joué!

    Dans la famille Brignot, qui a passé son enfance dans un des départements français qui comporte le moins de pieds de vignes au mètre carré, on peut également demander la fille, Elise, dont le Beau Mont de Vénus est un réel petit bonheur! Sans grivoiserie ni familiarité aucune (je ne me permettrais pas, nous n'avons pas encore été présentés!), puisqu'il s'agit d'un vin de table élaboré à Beaumont sur Véron, sur les coteaux de Chinon chers à Rabelais, cuvée qu'elle a elle-même nommée ainsi.

    Lorsque nous arrivons à Molamboz, dans la vieille maison en cours de rénovation, il est presque 13 heures. Il est prévu de commencer la dégustation puis de casse-croûter ensemble.
    Un échantillonnage impressionnant de vins en cours d'élevage est disposé sur la table, assortiment de formes et de couleurs totalement inédites!

     

     

    Perlant 2004
    Un assemblage de 80% de Ploussard et de 20% de Melon, destiné à être la base d'un crémant, mais qui sera embouteillé tel quel pour constituer un joli et revigorant pétillant naturel.
    La robe arbore fièrement une couleur orange pastel, trouble mais homogène. Un vin tout fruit, léger et frais (10°), avec une bulle naturelle marquée, tonifiante. Un vin pour les premiers pique-niques printaniers, qui sera à décapsuler à l'ouvre-bouteilles. Une alternative à l'Orangina?

    Ploussard 2004
    Un rosé vinifié comme un blanc, par pressurage direct. La robe est également orangée, bien soutenue. Présentant une légère réduction au nez, il libère à l'agitation des notes d'agrumes bien mûrs, type pamplemousse rose. Une cuvée légèrement soufrée, destinée initialement à finir en bulles, qui possède de ce fait une finale à peine serrée, gênant le puriste du sans soufre qu'est Jean-Marc, mais je dois avouer que c'est quand même discret!

    Chardonnay 2004
    La robe est encore trouble et les sucres ne sont pas terminés. Mais le fruité primaire est tellement éclatant que la mise ne devrait plus tarder.

    Savagnin Vieilles Vignes 2004
    Des vieilles vignes de savagnin vendangées après la pluie, une fois la pourriture noble installée. D'où une grande sensation de maturité, pour un vin encore en phase primaire, avec un peu de résiduel, mais une charpente et une ossature plutôt prometteuses, avec du gras qui se développe en bouche.

    Savagnin Vieilles Vignes 2004, sous voile
    La même provenance que précédemment, mais un voile s'est installé en 4 à 5 jours, pendant la fermentation alcoolique. Un vin rebelle, qui suit sa propre destinée, possédant encore beaucoup de sucre et un peu de perlant sur des arômes très fermentaires de pomme verte. Une évolution dans le temps à suivre avec curiosité!

    Savagnin Vieilles Vignes 2004, 3ème fût
    Le même toujours, conservé dans une cave moins fraîche. La robe est déjà dorée, témoignant toujours d'une très grande maturité des raisins, et un vin qui possède beaucoup de prestance, d'amplitude et de richesse.

    Melon 2004
    Un vin riche et gras, avec une réduction importante au nez, et une pointe de lourdeur en bouche, peut-être due à une température de dégustation insuffisamment fraîche.

    Melon 2004, 13,7° naturels
    Une cuvée encore très particulière, du melon ramassé à grande maturité. La réduction est bel et bien là , puis le nez se positionne dans un registre lactique, presque fromager. La bouche est ample, avec à peine de résiduel, la finale est très légèrement asséchante, du fait d'une perception boisée un peu marquée. Une barrique qui n'est pas tout à fait du goût de Jean-Marc!

    Savagnin Jeunes Vignes 2004
    La robe est presque limpide, les sucres sont quasiment terminés. Vif et fruité, immédiat, c'est une expression originale et novatrice du savagnin, extrêmement plaisante.

    Ploussard 2004
    Un vin initialement destiné à être commercialisé en primeur (type Beaujolais, pas Bordeaux!) et que Jean-Marc n'a pas trouvé suffisamment convaincant à ce stade. Les quelques mois d'élevage supplémentaires ont laissé la priorité au fruit, pour en faire un réel vin de soif, tonique et tonifiant.

    Trousseau Curon 2004
    Sous une robe groseille soutenue, de superbes notes de griotte, d'amande amère, de colle blanche, envahissent le nez. La bouche, légèrement acidulée, traduit une très belle pureté de fruit.

    Assemblage Trousseau-Ploussard 2004
    15% Trousseau, 85% Ploussard en provenance d'une seule parcelle pour un vin gourmand, rond et charnu, développant d'agréables notes de fruits rouges écrasés sur des tanins soyeux et patinés. Forcément coup de coeur!

    Une gamme déjà bien étoffée qui devrait être commercialisée pour partie courant de cette année, en ce qui concerne les vins fruités et gourmands. Son approche du Savagnin promet d'être passionnante!

    Après tout cela, on a encore goûté pas mal de trucs, pour finir le repas, apportés par les uns et les autres, mais de façon un peu hors sujet et sans prise de notes.

    Le soleil se couche alors sur Arbois et ses coteaux toujours enneigés, l'heure pour le GJP de reprendre de la hauteur, les papilles encore garnies de toutes ces belles découvertes.

     


    Jean-Marc Brignot, retenez bien ce nom, on aura, je pense, l'occasion d'en reparler!

    Olif

     

  • Cassis [kasi], le vin sans artifice [artifis]

    Cassis [kasi], Bouches du Rhône, son port, ses calanques, son Cap Canaille, son vin blanc! A consommer nature, sans artifice [artifis], contrairement à l’élixir du Chanoine Kir, qui aimait bien y rajouter du cassis [kasis], dans son vin blanc.

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    Besoin d’un break, d’un bol d’air, d’ouvrir la fenêtre de son PC? Cassis [kasi] est fait pour vous! Mer, soleil et calanques! Mais même ici, la passion vous rattrape, celle du vin. Un grand Blanc au bord de la grande Bleue, impossible de passer à côté!

    L’occasion pour le GJP de mieux cerner l’appellation, d’approfondir ce vignoble de poche et même d’en faire le tour, au propre comme au figuré, en 3 jours et 3 nuits. 185 ha, géographiquement situés sur la commune de Cassis [kasi], et environ une douzaine de domaines, qui se partagent le terrain.

    Cassis [kasi], zone viticole historique
    Ce n’est guère une originalité, mais Cassis [kasi] produisait déjà du vin du temps des Romains. Une production complantée (vignes, oliviers, céréales, cassis [kasis]?, …) qui a perduré au cours des siècles, en ce qui concerne la vigne, et qui paradoxalement s’est tournée vers le rouge et l’élaboration de deux originalités destinées à accompagner les desserts provençaux de Noël, un vin cuit et un vin « muscat », assemblage de raisins « muscatels » et de mourvèdre, surmaturés et passerillés. La production de vin blanc étant plus aléatoire, celui-ci, même si sa réputation était déjà grande, n’était que marginal, et constitué d’un assemblage d’Ugni blanc, de Clairette et de Pascal blanc, un cépage aujourd’hui quasiment disparu.

    La prospérité cassidaine ne survivra pourtant pas à la crise phylloxérique du XIXème siècle! Le vignoble est ravagé et mettra 60 ans à s’en remettre, reconstitué entre autres grâce à Messieurs Savon, du Clos Sainte Magdeleine, et Bodin, du domaine de Fontblanche. Un travail récompensé en 1936, Cassis [kasi] faisant partie de la première promotion des AOC créées par l’INAO, avec Arbois, Sauternes et Châteauneuf-du-Pape.

    Cassis [kasi], une unité géographique et climatique
    La production de vin de Cassis [kasi] ne peut se faire que sur le territoire de la commune proprement dite.

    On distingue ainsi trois zones géographiques particulières qui correspondent à trois types de terroirs distincts, en fonction du sol et de la déclivité:

    - à l’Ouest, une surface plane bordant la ville en direction de la Bédoule, un sol brun faiblement calcaire développé sur des alluvions;

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    Le plan de la Gare, depuis la Ferme Blanche

     

    - la deuxième zone est constituée par le vallon des Rompides, du Bagnol aux Janots, en passant par la Couronne de Charlemagne. Il s’agit d’une cuvette avec deux types d’exposition, Sud-Ouest et Nord-Est, et une déclivité variable, allant en s’accentuant sur la face Sud-Est des Rompides. Les sols sont peu profonds, mais plus riches en calcaire que les précédents, du fait de la légère pente.

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    Le Bagnol

     

    - le troisième secteur s’étend des Janots jusqu’au Revestel, sous la barre rocheuse du Cap Canaille, et se termine au pied du Cap, par des coteaux très escarpés, et des vignes cultivées en restanques.

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    Le Revestel, en direction du Cap Canaille

     

    A l’aplomb du Cap, les vignes situées le plus près de la mer, sur une petite zone très abrupte, correspondent aux 9 ha d’un seul tenant du Clos Sainte Magdeleine.

     

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    Les vignes du Clos Sainte Magdeleine


    Les fortes pentes favorisant l’érosion, les sols sont ici très calcaires, excellents qualitativement.

    D’un point de vue climatique, le vignoble de Cassis [kasi] bénéficie d’une influence maritime, qui contribue à l’entretien d’une humidité bienfaitrice pour le raisin, d’autant plus importante que l’on se situe à proximité de la mer, évidemment. La brise de mer agit comme un régulateur thermique et évite aux baies les affres d’une trop grande chaleur, comme ce fut le cas en 2003, les hautes falaises environnantes préservant le vignoble d’un mistral trop asséchant. On peut donc parler véritablement d’un micro-climat propice au bon développement du raisin.

    Cassis [kasi], une variété de cépages
    Le vignoble de Cassis [kasi] s’est essentiellement tourné vers la production de vin blanc, qui fait sa réputation actuelle, comme s’il avait voulu prendre le contre-pied de la rouge voisine de Bandol!

    Les principaux cépages rencontrés sont donc les blancs, l’Ugni, de la même couleur, la Clairette, la Marsanne et le Sauvignon. Le Bourboulenc, appelé ici communément Doucillon, devient anecdotique, et seul un original conserve encore du Pascal blanc!

    Il est intéressant de noter à quel point les mentalités évoluent, faisant rejeter de plus en plus l’Ugni blanc, en net recul au profit de la Marsanne et de la Clairette. Par décret, l’association Marsanne-Clairette doit représenter au moins 60% de l’assemblage, dont 30% pour la Marsanne seule. Toutefois, la disgrâce progressive de l’Ugni ne devrait pas faire oublier le bénéfice de son apport en acidité, même s’il n’est pas très aromatique, venant ainsi contrebalancer le gras et l’alcool fournis par la Clairette.

    En rouge, Grenache, Cinsault et Mourvèdre constituent le trio de base d’une production très marginale, limitée à 3 ou 4 domaines, mais servent aussi à élaborer de jolis rosés frais et toniques.

    Cassis [kasi], les domaines visités

    Domaine de la Ferme Blanche


    Dsc01458

     

    Un vaste domaine familial, créé en 1714, produisant en moyenne 150 000 bouteilles, dont 80% de blanc, engagé dans la voie de la modernité, avec l’acquisition récente d’un pressoir pneumatique et d’un échangeur tubulaire, qui a permis de bien gérer la récolte 2003, notamment. Très bien accueillis par Jéromine Paret, attentive à notre soif de compréhension et de découverte, nous avons pu goûter à l’ensemble de la gamme commercialisée, après avoir un peu mieux cerné le terroir cassidain grâce à une photo aérienne de la ville et des environs, accrochée au mur de la salle de dégustation.

    Cassis rosé 2004
    Assemblage de Cinsault, Grenache et Mourvèdre, sa belle robe rose pâle est synonyme de fraîcheur et d’élégance. Légèrement acidulée, la finale est tonique, grâce à une petite proportion de Mourvèdre.

    Cassis blanc classique 2003
    Marsanne, Clairette, Ugni blanc et Sauvignon. Nez très fin, floral, et bouche présentant de la rondeur et un bel équilibre, sans mollesse, malgré une belle maturité de raisins.

    Cassis blanc Cuvée Excellence 2003
    Marsanne et Clairette fermentées en barrique (3ème vin, chauffe moyenne). C’est ici la deuxième tentative d’élaboration d’un vin plus complexe par usage de la barrique. Riche et gras, le vin ne se dépare pas d’une belle fraîcheur qui l’ancre totalement dans le style de l’appellation. La structure plus étoffée permet d’envisager une petite garde. Une cuvée encore expérimentale mais plutôt réussie, qui sera donc renouvelée en 2004.

    Cassis rouge 2000
    95% de Mourvèdre, 5% de Grenache, 6 mois de barrique. Le nez est très agréable, réglissé et épicé, et la bouche est fondue, aux tanins d’une aimable souplesse, mais ayant gardé une jolie accroche en finale. Un vin très civilisé, qui ne possède pas le côté animal fougueux du Mourvèdre de Bandol.

    Un très beau domaine, à la gamme fort homogène, et plutôt complète, d’un excellent rapport Q/P.

    Clos Sainte Magdeleine


    Dsc01460

     

    En plein cœur du Revestel, ce magnifique domaine est l’un des tous premiers de l’appellation. Sa situation exceptionnelle surplombant la mer, au pied du Cap Canaille, en fait un endroit incontournable à visiter, ne serait-ce que pour apprécier le panorama depuis la terrasse et prendre le frais dans les chais, creusés à même la falaise!

     

    Arrivés un peu à l’improviste, juste à l’ouverture, nous sommes pourtant fort bien reçus par François Sack, qui nous explique en quelques mots les particularités du domaine et de son vin. Car le Clos Sainte Magdeleine ne produit en fait qu’une seule cuvée, avec ses propres raisins. Une production marginale de rosé (15%) s’y ajoute cependant, grâce à des vignes en fermage. Comme dans beaucoup de domaines cassidains, on travaille ici en culture raisonnée. Très peu de traitements et très peu de soufre, ceci en raison de la proximité de la mer, qui permet d’éviter un certain nombre de maladies de la vigne. Les vins ne sont pas filtrés. Ici aussi, nous serons étonnamment surpris par la fraîcheur de 2003, qui ne fut pas un millésime de faible récolte, contrairement à 2004, marqué par un réel déficit en eau. Une forte pluie, bénéfique et orageuse, s’étant arrêtée à 300 mètres du Cap Canaille, l’été dernier, la récolte du Clos fut diminuée de 15% en 2004 par rapport à l’année précédente.

    Dsc01465

    Le GJP, sous le soleil et à l‘écoute!

     

    Clos Sainte Magdeleine 2003
    La robe est jaune pâle. Le premier nez est légèrement fermé, puis devient salin et iodé. La minéralité s’affirme beaucoup en bouche, un peu acérée, limite austère. Une droiture d’expression et une grande longueur, assez impressionnantes dans un millésime réputé si chaleureux! Une bouteille prometteuse, encore sur la réserve.

    Clos Val Bruyère

    Dsc01483

    Coup de cœur total pour ce double domaine existant depuis 1989, dirigé par Sophie Cerciello et constitué de 7,5 ha de vignes sur Cassis [kasi] et de 20 ha sur Roquefort-la-Bédoule, en appellation Côtes de Provence. Les chais sont situés au Hameau de Roquefort, au Château Barbanau, à une encablure de Cassis [kasi]. La vaste allée qui conduit au domaine circule entre les vignes et est bordée de grands arbres sur lesquels on peut y cueillir, avec la bénédiction des propriétaires, non pas des cassis [kasis], mais des cerises, parfaitement mûres et excellentes. Nous sommes accueillis de façon très professionnelle par une jeune employée du domaine, qui n’a pris ses fonctions que la semaine précédente, mais qui maîtrise déjà fort bien son sujet! Si le Château Barbanau applique déjà les principes bio, il n’est pas encore certifié. Quant au Clos Val-Bruyère, il est en lutte raisonnée, comme beaucoup de domaines cassidains. Nous goûterons successivement les différents vins des deux domaines, alternant donc vins de Cassis [kasi] et Côtes de Provence.

    Dsc01482

    Les vignes du Château Barbanau

     

    Clos Val Bruyère 2002
    30% Ugni blanc, 30% Marsanne, 30% Clairette, 10% Sauvignon. Joli vin très aromatique, fruité, avec du gras et de la rondeur, qui vient étoffer, sans la masquer, une grande sensation de fraîcheur et juste ce qu’il faut de vivacité! Le premier vin dégusté au restaurant à notre arrivée, et qui a motivé la découverte plus en profondeur du domaine.

    Château Barbanau blanc 2003, Côtes de Provence
    90% Rolle, 10% Clairette. La robe est très claire, presque limpide, humant les fleurs blanches, la pêche. Vif et frais, il est tout en finesse et élégance.

    Château Barbanau blanc Grande Cuvée 2003, Côtes de Provence
    Une cuvée passée en barriques et ça se sent: fruits exotiques, agrumes, noix de coco, monoï. Le volume est très imposant en bouche, avec suffisamment de tension acide pour préserver l’équilibre. La finale est acidulée, mais le bois me semble dans une phase encore trop dominante.

    Château Barbanau rosé 2003, Côtes de Provence
    Belle robe saumon pâle, nez caramel au lait, encore du tonus et de la fraîcheur en bouche, avec un caractère vineux marqué.

    Château Barbanau rosé 2004, Côtes de Provence
    Le même, en plus tonique et plus vif, moins vineux.

    Clos Val Bruyère 2003, Kalahari
    Issue d’une recherche de plusieurs années, cette cuvée Kalahari est un peu un aboutissement, une tentative de faire un vin de Cassis [kasi] hors des sentiers battus, dans un souci d’excellence. Sélection parcellaire des plus beaux raisins, 1/3 Marsanne, 1/ Clairette, 1/3 Sauvignon, avec des rendements de 20 hl/ha, élevage en barrique sur lies fines pendant 12 mois, avec bâtonnage. Le nez est très fin, élégant, la bouche est riche et complexe, dans un registre plutôt agrumes et n’est pas dénuée de fraîcheur. Le soyeux de texture donne une dimension supplémentaire au vin, sans que le boisage ne l’alourdisse trop. Un très beau vin qui mérite d’être attendu!

    Château Barbanau rouge 2003, Côtes de Provence
    Assemblage Grenache-Syrah pour un vin de plaisir, réglissé, fruité, déjà fondu, friand et croquant par son petit côté végétal en finale. Dégusté peut-être à peine trop chaud et après une aération insuffisante, il n’en demeure pas moins extrêmement agréable. A savourer, légèrement rafraîchi, sur les grillades de l’été.

    Château Barbanau rouge 2002, Côtes de Provence
    80% Syrah, ce qui type bien le vin violette et épices. Concentré et corsé, il possède une belle longueur, même si la finale est un poil chaleureuse.

    Cassis [kasi], les autres vins dégustés

    A défaut d’une exploration provençale plus large, projet ébauché mais malheureusement abandonné, et remis à plus tard, je l’espère, le GJP s’est recentré exclusivement sur l’appellation Cassis [kasi] avec pour objectif de faire le tour des 13 domaines actuels, dans le verre et uniquement en blanc, ce qui n'est déjà pas mal, puisqu‘il a fallu composer avec farniente au bord de la piscine et balade dans les Calanques. Mission accomplie, sans trop de difficultés! Quand on a la volonté…

    Clos Val Bruyère 2002
    Ce vin a donc été goûté deux fois lors du séjour. Je reporte ici les notes de dégustation (synthétiques) qui figurent dans le chapitre consacré au domaine.
    Joli vin très aromatique, fruité, avec du gras et de la rondeur, qui vient étoffer sans la masquer, une grande sensation de fraîcheur et juste ce qu’il faut de vivacité! Le premier vin dégusté au restaurant à notre arrivée, et qui a motivé la découverte plus en profondeur du domaine.

    La Dona Tigana 2004
    Le domaine le plus récent, créé récemment par Jean Tigana, histoire de changer du ballon rond. Encore un peu fermentaire, vif et piquant, avec une petite pointe de perlant, il a les excuses de sa jeunesse (c’est un 2004!), mais a du mal à passer derrière le Clos Val-Bruyère!

    Domaine Caillol 2001
    Découvert au Chai Cassidain, sympathique bar à vins dans lequel nous avons pris nos quartiers à l’heure de l’apéritif, ce domaine est en voie de disparition, même si les vignes ont déjà été rachetées. Nez épanoui, de fleurs blanches, avec une petite note maritime saline. Gras et rond, avec de la persistance et une fraîcheur bien conservée, il démontre que quelques années de cave ne nuisent nullement à l’expression du vin de Cassis [kasi].

    Clos Sainte Magdeleine 2003
    La première rencontre avec ce vin, toujours au Chai Cassidain.
    La robe est jaune pâle. Le premier nez est légèrement fermé, puis devient salin et iodé. La minéralité s’affirme beaucoup en bouche, un peu acérée, limite austère. Une droiture d’expression et une grande longueur, assez impressionnantes dans un millésime réputé si chaleureux! Une bouteille prometteuse, encore sur la réserve.

    Domaine des Quatre Vents 2004
    Nez vif et iodé. La bouche est également acide, vive et légèrement dissociée, à la limite du déséquilibre. Inabouti, il a pour lui les excuses de sa jeunesse, et s’est néanmoins bien tenu à table. Toutefois, un cran en-dessous des autres vins que nous avons dégustés lors du séjour.

    Blancs de blancs 2003, E. Bodin
    La cuvée d’entrée de gamme du domaine de Fontblanche, dégustée à 2 reprises au bord de la piscine de l’hôtel. Simple, floral et fruité, mais frais et désaltérant, il a probablement bénéficié d’une indulgence due au bonheur de l’instant!

    Clos d‘Albizzi 2003
    Une autre grande famille historique de Cassis [kasi], établie en Provence depuis 1520. Le vin a été dégusté à l’apéritif, au Chai Cassidain, après une longue randonnée dans les Calanques. Il faisait soif, mais du Perrier avait été largement consommé au préalable. Nez riche, gras, mais l’attaque est incisive. La balance gras-acidité est bien équilibrée, et le vin termine sur de beaux amers, témoignant de sa richesse en glycérol, avec une toute petite note saline marine. Une très belle bouteille, et un très bon rapport Q/P.

    Domaine de Fontcreuse 2003
    Dégusté à table, en accompagnement de moules marinières et de frites, en guise de clin d’œil à nos amis Belges. Nez légèrement iodé et salin. L’attaque est tonique, puis le vin développe un peu de gras, sans avoir la séduction du Clos d’Albizzi 2003 bu juste auparavant. Une bouteille néanmoins tout à fait convenable.

    Domaine Couronne de Charlemagne 2004
    Robe jaune pâle pour un vin apéritif, à l’attaque incisive, nette, avec juste ce qu’il faut de gras qui commence à poindre pour l’élargir jusque dans la fin de bouche. Un vin tout à fait correct et plaisant.

    Domaine Saint-Louis Jayne 2003, Cuvée Fonfon
    Une bouteille vivement recommandée par un des serveurs de Chez Nino, et qui a fait merveille sur une bouillabaisse. Attaque légèrement perlante, ce qui lui donne un côté incisif, puis le vin s’installe en bouche et développe une jolie matière enrobée, qui s’étoffe tout en conservant de la fraîcheur.

    Château de Fontblanche 2003
    Pur jus de goutte, blanc de blancs. Tout en dentelle et en élégance, un vin floral et vif, citronné et anisé (fenouil), avec une petite touche légèrement saline. Très beau!

    Domaine du Paternel 2004
    Encore juvénile, le Père! Vif et tendu, avec une pointe de perlant, il a l ‘étoffe nécessaire pour se structurer au vieillissement.

    Beaucoup de 2003 à la vente, donc, à la fraîcheur épatante et surprenante, mais déjà quelques 2004 également, à attendre un peu, à mon avis. Le plus ancien millésime dégusté (2001) se comporte admirablement, incitant à attendre une ou deux années les vins plus récents.

    NB: à la relecture, je m'aperçois qu'il manque une note sur le blanc du domaine du Bagnol. Je crains que nous ne l'ayons manqué, celui-là, de façon totalement involontaire!

    Cassis [kasi], le carnet d’adresses

    Pour être tout à fait complet, et clore ce périple Cassidain, il convient de mentionner quelques adresses, pour le boire, le manger ou le dormir.

    Chez Nino
    Une vraie belle adresse, sur le Port, à la cuisine de qualité et au service impeccable. On y va pour le poisson et on n’est pas déçu! La carte des vins propose l’intégralité des crus de Cassis [kasi] à un prix plus qu’honorable sur table.

    Le Bonaparte, "chez Jean-Marie"
    Une petite adresse conviviale et sympathique, recommandée par le Routard, située rue Bonaparte et dont le patron s’appelle Jean-Marie. D’où le nom, en fait! Le vendredi, c’est aïoli! Par chance, nous étions là ce jour-là!

    Le Romarin
    Une petite adresse à la bonne franquette, pour une cuisine simple mais correctement exécutée. Sélection judicieuse de vins à prix doux, en provenance du Chai Cassidain, situé juste en face.

    La Poissonnerie Laurent
    Une poissonnerie de jour qui fait restaurant le soir. Située sur le Port, à proximité de Nino, une adresse qui pêche sur toute la ligne! Si on ne peut reprocher au poisson de ne pas être frais, ce soir-là n’était visiblement pas leur soir, en tout cas pas le nôtre, c’est une certitude! Organisation déficiente, service approximatif (mais néanmoins sympathique), plats manquants, hygiène limite, une bouteille défectueuse, rien n’allait! A trop vouloir débiter…

    Le Chai Cassidain
    Caviste et bar à vins, il fait bon s’y retrouver à l’heure de l’apéritif, pour une sélection de vins au verre, ou une bouteille choisie dans la cave, avec des amuse-bouches à discrétion (crevettes grises, fromage de tête, fromage tout court,…). Très beau choix de domaines, et pas uniquement des locaux. On y a même goûté, quasiment en avant-première, L’étincelle 2004 du Mas Cal Demoura, la nouvelle cuvée de blanc du domaine, conseillée par Olivier Jullien.

    La Maison des Vins
    Caviste situé à l’extérieur de la ville, en face du domaine de la Ferme Blanche. La majorité des domaines sont représentés, à un prix proche de celui de la propriété. Incontournable!

    Les Jardins de Cassis
    Hôtel *** sur les hauteurs de la ville, dans une vaste propriété type mas provençal, avec une piscine remarquable, au bord de laquelle siroter un Blanc de blancs local, les pieds dans l’eau, constitue un grand moment!

    Rouge Cassis [kasi]!

    Déjà une semaine que les Calanques sont derrière nous, et ça nous manque! Une belle occasion d’effectuer un petit flash-back commémoratif en goûtant à la production de rouges rapportés de là-bas!

    Après des retrouvailles avec les blancs de Caillol 2001, La Ferme Blanche 2003 et Clos Sainte Magdeleine 2003, passage en revue des domaines produisant du vin rouge à Cassis, et qui ne sont pas légion:

    Domaine Caillol 2000
    Robe rubis clair. Nez ouvert sur les petits fruits cuits, mais avec de la fraîcheur. La bouche est avenante, sur des notes de cassis et de groseille à maquereau, évoluant progressivement vers le cacao à l’aération. Des tanins fondus, pour un équilibre serein et une bouteille à maturité tout à fait plaisante.

    Domaine du Bagnol 2002
    La robe est grenat soutenu. Le premier nez est plutôt animal, viandé (steak haché), puis évolue dans un registre floral (pivoine). Concentré et corsé, il termine sur une finale musquée. Radicalement opposé au précédent, et probablement moins consensuel de par son côté bestial, il me convient néanmoins tout à fait!

    Domaine du Paternel 2003
    La robe est rubis soutenu. Le nez est de toute beauté, d’une grande maturité solaire, typique de 2003, sur la confiture de groseilles et la gelée de mûres. Diablement gourmand, pas lourd pour un sou, il possède une magnifique rondeur fruitée en attaque, du volume et de la concentration. Une bouteille complètement craquante, mon coup de cœur de la série!

    Château de Fontblanche 2003
    Une robe rubis pour un vin très 2003 également, fraise écrasée au nez, à la rondeur légèrement sucrée, de demi-corps, déjà fondu, et qui finit légèrement animal.

    Domaine de la Ferme Blanche 2000
    Une nouvelle rencontre avec ce vin  épanoui, fruité et floral, réglissé et épicé. Très joli vin.

    Une série très convaincante, avec des vins prêts à boire assez rapidement mais non dénués d’un certain potentiel.

     

    Olif et le GJP