Mercredi 22 novembre 2006, premier coup de froid haut doubien avec blanchiment du sol et des sapins pontissaliens. Le tapis est de quelques centimètres sur les sommets, il va falloir penser à farter les skis!
Pour fêter ça, il fallait bien un petit coup de blanc. Et justement, pourquoi pas un petit blanc doubien? "Ah! bon? ça existe?", entends-je déjà ricaner dans tout l'hexagone, et même un peu plus fort du côté de la plaine lémanique helvétique. Oui, Môssieur! Y'en a, du vin dans le Doubs! Et même qu'il est plutôt pas mal du tout!
Le Moutherot "Sous la Chapelle" 2000, Jack Euvrard
Le nez est joliment empyreumatique, très finement grillé à la manière d'un Meursault de noble origine. En bouche, l'attaque est vive, tonique. Le vin est porté par une très belle acidité sans verdeur, apportant longueur et vivacité. Sincèrement et sans parti pris, ce vin est très bon! Simple mais excellent! D'un rapport Q/P imbattable, puisque hors commerce, élaboré pour son propre compte par un vigneron du coin, dont un des amis m'a gracieusement fourni l'échantillon. J'ai le sentiment que comme pirate dans une dégustation de blancs bourguignons, il tiendrait bien son rôle et la dragée haute à des crus plus huppés.
Bon, je vous laisse, je vais m'occuper de mes lattes!
Olif
Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette .
NB: concernant les vins du Moutherot, je ne suis pas le seul à les connaître et je pense que Tophe ne m'en voudra pas de reproduire ici son texte publié il y a quelque temps déjà sur le Forum des Passionnés.
Le vin du Moutherot
Le Moutherot est un petit village de 200 habitants aux confins du
Doubs, de la Haute Saône et du Jura, à une vingtaine de km de
Besançon, perché sur un coteau qui domine la vallée de l'Ognon. Par
beau temps on peut apercevoir le Mont Blanc et le ballon d'Alsace.
Le vignoble, jadis de 30 hectares, est représenté par quelques petites
parcelles familiales (dont celle de Jacky Euvrard, je suppose, NDLA) mais depuis 15 ans, une exploitation de plus grande
envergure, l'EARL Comte-Colin s'est développée et produit le « vin du
Moutherot », 15 hectares plantés patiemment sur cette terre
argilo-calcaire qui fit la réputation du coteau au 19e siècle.
L'aventure a débuté en 1987, avec 40 ares.
Côté cépages, en très grande majorité du chardonnay. Il y a aussi un
peu de pinot noir.Henri Colin le viticulteur, revendique une production
sans engrais ni produits chimiques, uniquement avec du compost, les
vendanges sont manuelles. Le vin est ouillé.
3 produits : le blanc, issu de chardonnay, le Mousterot, mousseux
méthode traditionnelle, et le «calice des oiseaux» vin de liqueur
type macvin (mais qui bien sûr n'a pas droit à cette appellation). Le
tout à des prix très...Doubs...
Mon premier contact avec le vin du Moutherot remonte à juin 2003, lors
d'une dégustation de blancs de la côte chalonnaise, il tenait le rôle
de pirate. Il s'agissait d'un millésime 97. Robe d'une belle couleur
jaune, grasse, brillante. Nez très vivifiant, une fraîcheur style
chewing-gum chlorophylle, du grillé, une touche de vanille, un peu de
champignons (rosé des prés). En bouche belle rondeur, bien équilibrée
par l'acidité, fruité, belle persistance. Etonnement de l'assistance :
ce chardonnay du Doubs tenait très bien son rang...
J'ai pu avoir en cave quelques bouteilles de ce 97, excellent rapport
qualité-prix... Nez brioché, belle rondeur, bel équilibre, légère trace
de CO2 en attaque...Il commence à être bien évolué, notes de cire,
presque de safran. Il ne se gardera plus très longtemps. Je me suis
amusé un jour à le comparer à un Meursault 99 de chez Bouchard P et
F, il n'a pas été ridicule, le Meursault l'a quand même nettement
surclassé, mais si l'on tient compte du prix, ça reste plus
qu'intéressant.
Selon des personnes qui ont goûté d'autres millésimes, ce vin est
toutefois un peu inégal et plus ou moins bien réussi selon les années.