La nouvelle vague jurassienne...aux Jardins!
"A la Sainte Emma
Reste dans le Jura"
Eh bien, on ne va pas se faire prier, d'autant que c'est l'occasion de revenir aux Jardins de Saint-Vincent et de retouver toute la clique des joyeux jurassiens fondus de vins. Très certainement alléchés par le menu jurassien au programme, chauvinisme local oblige, car il y avait foule pour cette session de reprise concoctée par un Saint-Vernier très en verve, malgré un brin de fatigue occasionnée par de petits travaux ménagers à son tout nouveau domicile personnel.
La nouvelle vague jurassienne, pour un peu, on se croirait sur la côte Ouest, à l'affût d'un premier spot d'anthologie. "Surfin' J.U.R.A.", entendrait-on presque chanter dans les rues d'Arbois, par une chaleur presque estivale. Laissons-nous donc gagner par la moiteur ambiante!
Une soirée de rentrée, ça se fête, et on attaque d'emblée par une bulle festive. Dégustée à l'aveugle, comme il se doit, ainsi que tous les autres vins de cette très belle soirée.
Crémant du Jura Délire des Lyres, Les Chais du vieux Bourg, Ludwig Bindernagel
Une cuvée 100% Pinot noir à lamousse dense et épaisse. Premier nez lacté, sur les fruits jaunes bien mûrs, évoluant sur des notes briochées. La boucheest riche et vineuse à la bulle marquée. Un Crémant destiné à la table, plutôt bien bâti. Un vrai vin d'architecte, même s'il s'est actuellement reconverti dans la viticulture.
Arbois Pupillin 2005, Le Rouge-Queue, Philippe Bornard
Le premier nez est plutôt réduit, levurien, presque praliné. La bouche est longue, puissante et riche, un
peu dissociée. Un vin changeant, aux dires de ceux qui l'ont goûté dernièrement. Pas sous son jour le plus favorable ce soir-là, mais un vin qui possède une personnalité indéniable.
Arbois 2005, Domaine de la Cybelline
Nez caramel au lait, façon bonbon Werther. Bouche large mais tendue, finale saline, voire salée, acidité désaltérante, fraîche, malgré une pointe d'amertume finale, due à sa grande richesse de constitution. Labours au cheval et élevage très "nature" pour ce beau blanc jurassien, assemblage de Savagnin (2/3) et Chardonnay (1/3), en complantation dans la plaine, du côté de Molamboz.
Arbois Savagnin Curoulet 2005, Rémi Treuvey
Nez riche et puissant, ouvert, sur la pomme granny passée au four. La bouche est large mais tendue,
droite et fraîche, du fait d'une acidité remarquable. Longue finale qui remonte en puissance, sur des notes d'épices.
Arbois 2004, Domaine de la Cybelline
La robe est plutôt claire, pelure d'oignon. Au nez, bataille de spécialistes: autolyse versus réduction? Plutôt autolyse, avec ces notes fugaces un peu animales, fumées, qui disparaissent à l'agitation assez rapidement pour laisser parler un fruité à l'aromatique rafraîchissante et croquante (agrumes, pomelos), du fait d'une très jolie acidité. La texture en bouche est d'un soyeux tactilement très agréable. Ploussard majoritaire, mais pas exclusif.
Arbois-Pupillin 2005, Ploussard La Chamade, Philippe Bornard
La robe est rubis. Le premeir nez, très racinaire et végétal, évoque la gentiane, suivie d'un léger cacao. La bouche est dure et austère, avec des tanins asséchants en finale. Un vin qui se goûte très mal ce soir-là, alors qu'il se présentait beaucoup mieux une quinzaine de jours auparavant. A revoir, car dans l'esprit, c'est plutôt bien pensé.
Arbois Trousseau 2005, Corvées, Rémi Treuvey
La robe est rubis soutenu, assez colorée, brillante. Le nez est très fruité, sur la griotte, l'amande amère. En bouche, du gras et du volume, avec un brin d'austérité qui permet de garder de la tension, et toujours ce très beau fruit en finale. De fort belles promesses qu'il faudra avoir la patience d'attendre un peu.
Zura 2004, Les Zinzins du Vin
Premier nez acétate et vernis à ongles, traduisant la présence de volatile. La bouche est acide et tendue,
longue et puissante. Un peu bancal, zozotant, mais néanmoins séduisant, ce vin 100% nature a été élaboré à l'aide de raisins bien mûrs, pressés et mis dans un fût pendant deux ans sans ouillage. Puis soutiré, comme ça, parce qu'il le fallait.
Moût de raisins partiellement fermentés passerillés sur la paille 2005, Rémi Treuvey
Tiré du fût, encore en cours de fermentation, ce vin, qui ne deviendra jamais un véritable vin de paille, a enchanté nos palais par sa fraîcheur et ses arômes de pomme à cidre et de pâte de coing. Sa bouche tonique du fait de la présence d'encore un peu de gaz termine sur une sensation minérale de graphite, type mine de crayon. 50% chardonnay, 50% Ploussard pour un équilibre frais et aérien, gourmand en diable.
A la Sainte Emma, reste dans le Jura, mais n'omet pas d'avoir une pensée pour la petite Nina. En ouvrant un magnum de Larmandier-Bernier, par exemple! Santé, au bébé, à la maman et à son papa!
Olif