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REVEVIN

  • REVEVIN 2012: Bellivière, instants sucrés!

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    Contemplatif et pensif, Éric Nicolas, du domaine de Bellivière, peut éprouver la satisfaction devant le travail accompli. Ses cuvées moelleuses et liquoreuses de Jasnières et de Côteaux du Loir ont franchi sans problème l'agrément de la dégustation des Revevineurs. Accompagné de son épouse Christine, l'homme qui a vu Lhomme n'est pas un ours et c'est avec plaisir qu'il a accepté l'invitation de venir présenter ses raretés confidentielles (5% de la production du domaine) sous le patio du Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

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    La série débute par une déclinaison de rose, de la pelure d'oignon au doré ambré. Les Giroflées, vendange tardive de Pineau d'Aunis à fort potentiel (ramassé à 14,2), a été réalisée dans les millésimes 2004 et 2009. Dans un registre de rosé demi-sec, les deux millésimes jouent sur l'élégance, la finesse et la fluidité en bouche. La Salamandre est une déclinaison moelleuse de pineau d'Aunis qui a été réalisée en 2001 et 2004, le millésime que nous avons eu le privilège de goûter. La robe est dorée et le nez, plutôt racinaire, évoque la gentiane. Le vin a petit à petit mangé tous ses sucres, il est porté par une belle acidité et ce caractère racinaire qui domine. Le chenin n'est pas très loin et le surnom de chenin noir donné au pineau d'Aunis n'est pas usurpé.

     

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    Haut-Rasné, terroir protégé en Coteaux du Loir, particulièrement apte à prendre la pourriture noble, grâce à ses sols du secondaire parfaitement "ressuyables", permet de produire une cuvée moelleuse les années à botrytis. 2002, millésime de fraîcheur, a donné naissance à un très beau demi-sec, acidulé à souhait, avec une toute petite pointe d'oxydation finale (fruits secs). 2005 est beaucoup plus riche, sur le miel et l'abricot, mais la finale sait rester fraiche. Le 2009 goûte curieusement comme une cuvée carbonifère du Layon, avec ses notes iodées, sur une petite touche de pomme verte. Un équilibre cohérent, demi-sec, tout en fraicheur également.

     

    On ne jettera pas la pierre à Philosophale, cuvée d'exception élaborée uniquement les grands millésimes, sur des tries à potentiel supérieur à 18°. 1999 fut pourtant un millésime assez compliqué, avec une grande diversité de botrytis sur les raisins. Au final, une bouche et un nez complexes de miel et de coing, avec une petite touche de mine de crayon. Grande richesse portée par une belle acidité. Produite sur les coteaux de Haut-Rasné, on retrouve en 2010 des notes iodées et un fruité frais. Une grosse acifdité sous-tend la bouche, à l'origine d'une grande pureté aromatique.

     

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     Avec la cuvée Élixir de tuf, on manque d'un cran dans la concentration, le potentiel recherché étant d'au moins 20° naturels. En appellation Jasnières, ce chenin provient d'argiles à silex sur tuffeau. En 2004, la séquence botrytis-passerillage a apporté de la complexité et préservé la fraicheur, grâce à des notes iodées et mentholées. En léger décalage, la finale est légèrement sur le sucre. 99 est un cran au-dessus, avec une robe bien dorée, des notes d'épices, de coing, de miel et d'écorce d'orange. La bouche est onctueuse et opulente, finissant sur de l'acidulé qui rend le vin fluide et digeste. Superbe!

    Intercalée entre les deux, à cause du gradient de concentration, Aurore d'Automne 2005 est un exercice de style sur l'énorme potentiel du Pineau d'Aunis. Les raisins sont triés passerillés et flétris, dans le but de garder de la fraîcheur. Un petit côté vin de paille, indéniablement, avec ses notes de figue, de fruits secs, d'iode et de pêche, ainsi que par sa robe ambrée. Grosse concentration et finale à peine sucrée.

     

    Goûter à toutes ces cuvées rares et ultra-confidentielles peut-être considéré comme un privilège et on peut même se demander avec Éric Nicolas s'il ne faut pas un petit brin de folie pour les avoir produites. Une dégustation originale, qui a demandé un véritable effort à Christine et Éric pour retrouver certaines bouteilles, enfouies dans le tuffeau depuis des années... Après un aussi Bellivière, on ne peut qu'espérer le même été...

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

    P.S.: c'en est fini avec REVEVIN pour cette année. L'année 2013 verra la dixième (et peut-être dernière?) édition. La fin probable d'un cycle qu'il conviendra de cloturer en beauté avant de repenser probablement l'organisation de ces journées. Faisons confiance aux deux Philippe pour organiser un final en apothéose et cogiter la nouvelle forme à donner à ces rencontres vendéennes dans le futur.

  • REVEVIN 2012: melting-pot en Anjou, avec Mai et Kenji Hodgson

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    Le second off de ces REVEVIN fut l'occasion de découvrir les vins de Mai et Kenji Hodson, jeune couple canado-japonais fraichement installé en Layon. Leur rêve vigneron, ils l'ont concrétisé en Anjou, après tout un cheminement dans le monde du vin, au Japon, au Canada et en Loire. Désireux de produire un vin le plus naturel qui soit, en limitant l'apport de sulfites, ils s'abreuvent à la source de Claude Courtois, Olivier Cousin, puis Mark Angeli. Et finissent pas poser leurs valises à Rablay sur Layon. Leur patrimoine viticole, composé par petits morceaux, leur permet de disposer de grolleau, cabernet franc et chenin, qui donnent naissance à différentes cuvées.

    Chalan Polan 2011, pétillant naturel à base de chenin a le mérite de la simplicité et de la franchise. Parfaitement sec, il exprime avec vivacité une belle gourmandise. La Grande pièce 2011 est un magnifique grolleau à la robe violine, au nez floral et poivré, sur des tanins frais et croquants. O Galarneau 2010, 100% cabernet franc des Rouliers, c'est un petit rayon de soleil québecois sur le Layon, une gorgée de fruits épicés et poivrés dans une vague de fraicheur.

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    Autant de cuvées séduisantes qui témoignent déjà d'une belle maîtrise, et qui ont servi d'apéritif à un repas spécial Terre et marais, arrosé de vins espagnols plutôt judicieusement sélectionnés. Parmi lesquels un Vega Sicilia Unico 1991, qui a constitué un moment plutôt magique ... et particulièrement unique.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

  • REVEVIN 2012: les gens et les vins de Mogador

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    Après l'ascension revevinesque de la Roche aux Moines la veille au soir, cap au Sud pour gagner des terres colonisées il y bien longtemps de cela, au XIIème siècle, par les Pères Chartreux, du côté de Tarragone. D'Escaladei (les échelles de Dieu) à Gratallops, ils ont œuvré à la valorisation de ces terres bénies, auxquelles ils ont également donné leur nom sans se faire prier: le Priorat. Dans leurs bagages, ils n'avaient pas oublié d'emporter quelques cépages rhodaniens, comme le grenache, le carignan et même la syrah. Lorsqu'ils ont dû quitter précipitamment la région, en 1835, pour avoir un peu trop abusé de leur ascendant sur le peuple à grands coups de dîmes et d'impôts, les Chartreux ont tout abandonné aux mains des paysans locaux, qui ont récupéré une partie de leur dû en pillant largemement la grande Chartreuse du Priorat, jusqu'à en faire un tas de ruines..

     

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    Suivant les traces des moines bien des années plus tard, la famille de René Barbier a quitté la vallée du Rhône pour faire commerce du vin en Catalogne. René Barbier est ainsi la 5ème génération de ces marchands de vins à vivre en Espagne. Plus exactement en Catalogne, sinon, sa femme, d'origine française également, aurait eu du mal à le suivre, ce qu'il nous a avoué sous le saut du secret matrimonial. À l'instar des cordonniers, ce sont généralement les Barbier qui sont les plus mal rasés. René ne déroge pas à la règle. Depuis l'année 79, qu'il s'est implanté en Priorat, il n'a eu de cesse de redonner ses lettres de noblesse à ce vignoble séculaire aux paysages somptueux, à la limite du grandiose. Malgré ce cadre magnifique, c'est pourtant un endroit qui nécessite "d'avoir une grande illusion pour espérer s'en sortir ... et y rester". Celle de vouloir recréer un vin qui ressemblerait à un vin "pré-phylloxérique", par exemple. En 1989, la première cuvée de son Clos Mogador voit le jour. Mogador parce que "les gens", saga familiale écrite par la tante Élisabeth Barbier, qui raconte l'histoire d'une riche famille rhodanienne au XIXème siècle, largement inspirée de celle de la famille Barbier. Depuis la reconnaissance internationale et la consécration parkerienne, survenue très rapidement, en 1992, Clos Mogador ne cesse pourtant d'évoluer vers les aspirations profondes de René. La part plutôt importante de cabernet sauvignon, qui a contribué à la notoriété du cru, est en train de fondre  comme pulpe de raisin au soleil pour laisser plus de place aux véritables cépages identitaires de la région. Grenache, carignan, mais aussi syrah un peu, s'imposent de plus en plus pour donner un vin qui gagne en gourmandise et en fraîcheur. La fraîcheur, recherche perpétuelle et indispensable pour ces vins solaires du Priorat, réputés concentrés et alcooleux. René Barbier l'obtient de mieux en mieux grâce à une viticulture exigeante, tendance biodynamique, qui permet progressivement d'obtenir la maturité du raisin avec un degré naturel moindre. Sacré challenge! Et ça se ressent dans le verre, évidemment.

    À côté du Clos Mogador, René Barbier produit un vin blanc particulièrement original, Nelin, à base de vieux cépages (une quinzaine) et de pinot noir. Il s'est également investi dans la réhabilitation d'une vieille parcelle de carignan, dans un lieu unique, Manyetes, et s'est implanté dans l'appellation voisine de Montsant pour produire une cuvée de vieux grenache particulièrement espectaculaire. Espectacle (c'est son nom) s'est rapidement située au niveau des Grands d'Espagne.

    Ex soixante-huitard et contestataire dans l'âme, privilégiant quand il le peut les déplacements en camping-car (par nostalgie du Van VW de sa jeunesse?), il s'est finalement résolu à se déplacer en avion pour venir participer à ces rencontres vendéennes. Agrémentée de visuels vidéo-projetés pour l'ambiance catalane, cette dégustation de Priorat sous le patio du Chai Carlina fera date dans l'histoire des REVEVIN. Un grand moment!

     

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    - Clos Manyetes 2009: malheureusement légèrement bouchonné, ils ne laisse qu'entrevoir sa belle minéralité sur des tanins un peu secs, altérant la perception en bouche.

     

    - Clos Mogador 1998: vestige de la période cabernet sauvignon, il évolue superbement, sur des notes chocolatées, avec une touche de poivron rouge bien mûr, apportant de la complexité. Les tanins sont fondus, élégants, sans la moindre austérité. Bel fraîcheur finale et équilibre magique.

     

    - Clos Mogador 2001: la part de cabernet sauvignon rétrécit, seulement 18%. La robe est encore jeune, brillante, témoignant du peu d'extraction. L'apport du carignan est indéniable. Riche, puissant, mais élégant, on ressent de la droiture et une certaine tension qui régulent l'équilibre. Très beau vin.

     

    - Clos Mogador 2009: grenache, carignan, syrah et un peu de cabernet sauvignon. Arômes de fruits noirs, avec une petite touche poivrée, qui évoluent en bouche sur des fruits rouges plutôt frais, grenade ou grenadine, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, et cela fera débat. Les tanins sont suaves et soyeux, d'une grande gourmandise. Et toujours cette belle fraicheur...

     

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    - Nelin 2010: c'est le blanc de Mogador et il est issu de 15 cépages, dont grenache, macabeu, escanyavelle ("étrangle vieilles", du faut de sa peau dure et rugueuse) et pinot noir. Jolis arômes de pêche, sensation tannique en bouche, de la puissance, mais un beau compromis entre richesse et fraicheur, ici aussi ardemment recherchée.

     

    - Nelin 2008: la robe dore un peu et le nez développe des arômes d'amande grillée et de frangipane. Les fruits sont toujours bien présents. Dans un style riche et structuré, voilà un beau vin blanc pour la table.

     

    - Clos Nelin 2002: à maturité, il respire la truffe blanche et l'eau de vie de framboise à plein nez. La bouche est ample et généreuse, dévoilant une fraicheur épicée en finale. Grandissime bouteille, sur la puissance et la tension.

     

    - Espectacle 2009: il a nécessité de la préparation, ce joyau du Montsant, pour se présenter à nous sous son meilleur jour. Long carafage, verres géants, le voici à point, délivrant toute sa complexité par petites touches. Réglisse, petite prune, rose fanée, il est d'une profondeur et d'une complexité rares. Puissant (il avoisine les 16°), mais équilibré, y tremper ses lèvres, ne serait-ce qu'une seule fois dans sa vie, est un moment privilégié.

     

    Merci, Monsieur Barbier, pour cet authentique bonheur partagé!

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

    P.S.: souvenirs souvenirs, ma première rencontre avec les vins du Priorat, en Suisse, qui fut l'un des premiers pays à soutenir commercialement la démarche de René Barbier. Clairvoyants, parfois, les Helvètes!

     

    P.S.2: pour le compte rendu d'une belle visite récente in situ, c'est sur la Pipette qu'il faut aller voir.

     

    P.S.3: REVEVIN, c'est évidemment des vins, mais c'est aussi une femme, qui sait le raconter.

  • REVEVIN 2012: jus de Roche...

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    "- Moi je connais un vin sec, moelleux ou doux, savoureux, c'est le Rooooche aux Moines...

     

    - Amène!


    - Rooche aux Moines!"

     

     

     

    Ne reculant devant aucun sacrifice, l'appellation Savennières Roche aux Moines n'a pas hésité à présenter l'intégralité de sa production à une bande de pseudo-moinillons, même pas tonsurés de près (enfin, pas tous!), lors de ces 9èmes Rencontres Vendéennes au Chai Carlina, pour faire part de l'acte de naissance du nouveau décret encadrant la production des vins du cru.

     

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    Dénomination existant depuis le Moyen-Âge, la Roche aux Moines fut donnée aux moines de l'abbaye Saint-Nicolas, qui furent prompts à planter de la vigne sur ce terroir fameux de schistes et de spilites. Seulement 33 hectares en production, appartenant à 8 vignerons, dont seulement 7 revendiquent le nom, Éric Morgat préférant pour l'instant l'assembler à sa production de Savennières. Traditionnellement présidé par des femmes, initialement épouses de notables angevins qui étaient venus cultiver leur jardin au bord de Loire, le vignoble de la Roche aux Moines a fait son coming out en s'ouvrant davantage aux hommes. Contraint de redéfinir par décret les conditions d'appartenance à l'appellation, pour pouvoir subsister, les vigneron(ne)s de la Roche aux Moines en ont profité pour élaborer une charte encore plus restrictive, dont certains items ne pouvait figurer dans le décret (comme l'interdiction du désherbage ou de la chaptalisation). Pas de discrimination, pour un législateur! Les normes d'élaboration ne peuvent imposer un mode de production par rapport à un autre... Respectons la loi bien sagement, alors, même si rien n'empêche de niveler par le haut.

     

    Pour cette présentation complète de l'appellation, des producteurs et des vins, dans le millésime 2010 (avec un pirate et des bonus), deux ambassadeurs de choix et de charme: Tessa Laroche (aux Moines) et Clément Baraut (che aux Moines aussi). Les vins sont dégustés à l'aveugle dans un ordre totalement aléatoire, que les deux ambassadeurs ne connaissent pas.

     

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    - Clos de la Bergerie 2010, Nicolas Joly: on ouvre la série par un vin particulièrement riche et opulent. Maturité versus oxydation, le débât fera rage, et encore plus après dévoilement de la bouteille. Il y a de la matière, c'est sûr, mais il y a aussi de l'acidité pour la supporter. Un style controversé, mais affirmé, et, personnellement, je trouve cela plutôt bon.

     

    - Domaine des Forges 2010, Branchereau: nez en retrait, peu expressif. La bouche est encore plus fermée, serrée. On sent de la droiture et des épaules, mais ça ne cause guère. La jolie finale salivante laisse pourtant bien augurer du potentiel.

     

    - Domaine Laroche 2010: joli nez très fin, fruits jaunes anisés, beaucoup d'élégance en bouche, avec des notes salines particulièrement agréable. Un petit rat de l'Opéra, si on le compare aux deux éléphants l'ayant précédé. C'est très bon, Tessa Laroche a parfaitement reconnu son vin, et moi, j'ai seulement failli.

     

    - Clément Baraut 2010: nez également très fin, sur les fruits blancs, belle bouche bâtie sur des amers salivants, à peine accentués en finale. Un joli vin à attendre un peu pour un plaisir maximum.

     

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    - Domaine FL 2010: retour au solide, avec ce vin trop boisé à mon goût. Tant au nez qu'en bouche, où la sécheresse finale s'impose. Riche et opulent, très cher, un vin superlatif qui ne fait pas dans la dentelle. Pas du tout mon style.

     

    - Damien Laureau 2010: le nez s'ouvre sur un léger boisé. Bouche riche, un peu alcooleuse, ronde, pas désagréable, mais le bois réapparait un peu en finale. A attendre, certainement.

     

    - Château Pierre Bise 2009: un 9 au milieu des 10. Nez très mûr, marqué par des notes de pomme. La bouche est plutôt jolie, riche mais pas trop, avec une belle acidité porteuse. Étonnamment frais pour un 2009.

     

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    - Domaine Laroche 2007, cuvée de l'Abbesse: un doux à 80 g de sucres résiduels, qui fleure bon le litchi et la mangue, avec une impression de rôti, alors qu'il est uniquement passerillé, sans botrytis. Joli acidulé final.

     

    - Bonnezeau 2010 Carpe Diem, Clément Baraut: ultime bonus sucré, il a un petit caractère oxydatif sur les fruits secs qui rappelle le vin de paille. Il est également issu de passerillage.

     

    Après ce tour d'horizon quasi exhaustif, force est de constater que l'exigence qualitative de l'AOP Roche aux Moines est élevée. La dégustation a mis en évidence un haut niveau global, avec des disparités de style finalement normales et même plutôt attendues, reflétant le travail et la personnalité du vigneron par delà le terroir. Le potentiel de l'appellation est énorme, tout au plus peut-on regretter l'absence de cohérence des tarifs pour une appellation ausi restreinte et une telle volonté de faire cause commune, des prix de vente qui s'échelonnent entre une dizaine d'€ et 53€ (pour la cuvée du domaine FL), alors qu'il n'y a aucun hiatus gustatif entre les différentes cuvées. Un juste milieu cohérent se situerait probablement entre 20 et 30€, qui serait un prix tout à fait honorable pour un vin globalement d'un très bon niveau.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

     

  • REVEVIN 2012: l'Ardèche au chai

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    6 vignerons parmi tous ceux, d'obédience "nature", qui peuplent les vallées de l'Ibie et de Valvignères, 2 bouteilles par vigneron, Gilles Azzoni, délégué par ses collègues pour les représenter, a eu l'art des choix. Et l'Ardéchois qu'il est devenu depuis de nombreuses années, après avoir délaissé la banlieue parisienne, n'a pas mis longtemps à s'adapter à l'ambiance du patio du Chai Carlina à Saint-Jean de Monts. Un vent d'Ardèche nature particulièrement revigorant est venu réchauffer l'air ascensionnel un poil frisquet de la rue Neuve de Saint-Jean. L'Ardèche nature a fait école et trouvé asile en grande partie au Sud du département, dans la vallée de la vigne (Valis Vineri, devenue Valvignères) et celle de l'Ibie (rien à voir avec Mouammar).

    90% de la production du Sud Ardèche est représentée par la coopérative des vignerons Ardéchois, ce qui n'est pas rien, il fallait que ce soit dit. Un des premiers à s'être installé par là-bas en cave indépendante, c'est Gérald Oustric, du domaine du Mazel, devenu le Mazel tout court depuis son repli en vin de France. C'était en 1983. Depuis, en réduisant la part de son domaine, il a permis l'installation de nouveaux vignerons comme Andréa Calek, Jérome Jouret ou encore Sylvain Bock, dernier arrivé en date. Un véritable système d'entraide s'est mis en place, notamment pour la vinification, et a abouti à une mise en commun de moyens pour tout ce qui concerne la commercialisation et l'expédition.

     

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    L'ambassadeur des vins de cette Ardèche alternative, c'est Gilles Azzoni, parce qu'il a le bagout, l'enthousiasme et la bonne humeur communicative. Et, surtout, en temps que désormais vieux de la vieille, il a appris, relativement récemment, à déléguer le travail de la vigne à de jeunes ouvriers viticoles de confiance. C'est d'autant plus volontiers désormais qu'il prend désormais son bâton de pélerin pour présenter le travail de toute la bande.

     

    12 bouteilles à goûter lors de cette séance, toutes vinifiées sans sulfites ajoutés. Du bon raisin ardéchois mis d'abord dans une cuve, puis dans une bouteille. Majoritairement des 2011, de mise récente, mais également quelques millésimes plus anciens, qui ont un peu plus souffert du transport.

     

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    Dernier arrivé, premier servi, Sylvain Bock ne fait pas semblant. Ni sans blanc non plus, puisqu'il s'agit du nom d'une des deux cuvées blanches dégustées à Saint-Jean. Un étonnant assemblage de grenache gris et chardonnay, déjà croisé dans le millésime antérieur (2010) du côté de Villeurbanne. Raffût 2010, c'est une belle syrah bien structurée qui ne demande qu'à s'épanouir en bouteille et dans le verre.

    Le deuxième blanc dégusté nous est venu du Mazel et il a fait un peu figure d'OVNI. Mias 2007, c'est un pur viognier hors normes, qui a passé 4 années en fût. Il a gardé 3 g de sucre résiduel et affiche 14° d'alcool minimum. Pourtant, ce n'est pas lourd, parce qu'un peu gazeux et marqué à ce stade par la volatile. Tout cela devrait s'harmoniser parce que c'est un vin qui a besoin de temps, surtout après toutes ces années passées en cave, et qui promet d'être énorme dans le futur. Larmande 2009, 100% syrah en raisins entiers, allie fruité et minéralité sur de très jolis tanins qui ne demandent qu'à s'enrober. Un bien joli vin.

    Le Raisin & l'Ange, c'est la raison sociale du fabuleux fabuliste qu'est Gilles Azzoni. Sa Fable 2009, c'est 55% syrah, 25% merlot, 20% grenache et alicante. Moralité? C'est riche, c'est rond et c'est bien bon. Robert, l'ancien propriétaire de vignes en fermage, décédé en 2000 à l'âge de 86 ans, méritait bien un hommage. À grands coups de merlot et de grenache, hautement buvables. Un Hommage à Robert 2011 que ce dernier n'a pas volé!

     

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    Le domaine des Vigneaux est implanté à Valvignères depuis 3 générations. En bio depuis 2001, il est passé en biodynamie en 2009. Découvert il y a peu au Salon des Vins libres de Rouffach, voilà une nouvelle rencontre plutôt bien venue. Ça tombe bien, je n'avais pas eu l'occasion de goûter à la cuvée de pinot noir Du bout des doigts. Un caractère sudiste affirmé pour ce 2011 plutôt concentré, mais aux tanins frais et soyeux. Tandem du même millésime est un peu plus structuré, sur des tanins encore fermes qui méritent de se fondre un peu mieux.

     

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    Nouveau look particulièrement réussi pour les étiquettes des Deux Terres, de Manu Cunin et Vincent Fargier. Les deux vins proposés se goûtaient très bien: Ripaille 2011, carignan poivré et épicé, et le Vin nu 2011, 100% grenache dépoilé, frais et digeste.

     

    Last, but not least, les vins de Jérôme Jouret, ex-domaine des Clapas (nom abandonné, contraint et forcé, parce que déjà déposé par quelqu'un d'autre, illustre inconnu, ailleurs en France). Comme à l'accoutumée, un sans faute dans le millésime 2011, avec Pas à pas, fin et élégant, puis En avant doute, qui, millésime après millésime, s'affirme sans aucun doute comme l'un des plus beaux grenaches "nature" du grand Sud.

     

    Un tour d'horizon particulièrement réjouissant, qui donne envie de caillette, de kayak, de Pont d'Arc, de Vals*, ... et de toutes ces sortes de choses qui font de l'Ardèche un département qui ne reste pas en travers de la gorge.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

     

    Olif

     

    * Que dit un Ardéchois à un autre Ardéchois pour se justifier lorsqu'il est pris en flagrant délit de boire de l'eau au cours d'une dégustation de vins? "Laisse aller, c'est une Vals!" Désolé... et tant pis si elle n'est pas de première main.

     

  • REVEVIN 2012: Leçon d'ignorance

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    Belle leçon d'ignorance, avec cette rencontre-dédicace-dégustation sous le patio du Chai Carlina, en ouverture des 9èmes REncontres VEndéennes autour du VIN et en compagnie de Richard Leroy et Étienne Davodeau. Nul n'est censé ignorer ces Ignorants, au vu du succès rencontré par cette superbe BD documentaire, récit autobiographique d'une initiation croisée entre deux ignorants réciproques du monde de l'autre. Une petite pierre dans le vignoble de l'incompréhension, qui plaide pour une plus large ouverture d'esprit de chacun d'entre nous, ainsi qu'une plus grande tolérance mutuelle, comme l'a souligné l'enjoué vigneron ardéchois Gilles Azzoni, présent en vue de la dégustation du lendemain, consacrée à l'Ardèche nature.

     

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    Gros succès de librairie, donc, Les Ignorants ont déjà été tirés à 90000 exemplaires. Le tirage des vins de Richard Leroy n'a quant à lui pas augmenté, mais il devient de plus en plus difficile de s'en procurer. Entre deux séances de taille, de labour ou de biodynamisation, le vigneron est désormais passé maître dans l'art de la manipulation du stylo et de la dédicace. Et le dessinateur déguste désormais comme un pro, ou presque. Pour accompagner cette séance particulièrement enrichissante et conviviale, quelques crus, bus lus, figurant dans le générique de fin de l'album, à un ou deux millésimes près, et dégustés à l'aveugle. Pratiquement tous ont été identifiés par les deux compères. J'exagère à peine.

     

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    Sans nul doute le temps fort de ces 9èmes REVEVIN, co-organisées par La Pipette et le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts.

     

    Olif

  • REVEVIN 2011: Pris la main dans le Pessac!

    pessac-léognan,graves,revevin,bordeaux blanc

     

    Premier temps fort des REVEVIN 2011, sous le patio du Chai Carlina, cette horizontale des blancs de Pessac-Léognan s'annonçait comme une étape de cols insurmontables pour un certain nombre de Revevineurs ayant construit leur nid douillet d'œnophiles loin de la place de Bordeaux, de ses courtiers et de ses crus classés, bientôt destinés exclusivement au marché chinois, ce qui fait rire jaune, mais sous cape, quelques occidentaux pas encore complètement sevrés d'un certain style de vins élaborés pour plaire à certain(s) gourou(s) volontiers prescripteurs de breuvages concentrés et boisés, à l'élevage un tant soit peu stéréotypé, et/ou aimant plus que tout se retrouver invité(s) à la table des grands châteaux pour des dîners aux formats géométriquement variables dont la seule véritable constante est le nombre et l'ancienneté des flacons servis à des pingouins endimanchés sachant aussi bien relever leur queue de pie que le petit doigt en l'air, quand il s'agit de pavaner au milieu de cette basse cour internationale au sein de laquelle quelques pique-assiettes réussissent toujours à se faufiler, mais pas de bœuf à la bordelaise, point, à la ligne, on respire et on souffle un grand coup avant de passer au paragraphe suivant.

     

    La date et le lieu: le patio du Château Chai Carlina, à Saint-Jean de Monts, par un beau week-end ascensionnel, début juin 2011. Pfff! comme le temps passe vite!

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    Le format: rectangulaire, celui d'une table allongée où une vingtaine de Revevineurs peuvent prendre place sans avoir à tendre trop le bras lorsqu'il s'agit d'attraper un crachoir.

    L'appellation et le millésime: Pessac-Léognan 2008. Sauvignon et sémillon au menu, donc, dans un millésime à forte acidité et vraisemblablement à faible maturité d'une manière générale. Les gencives ont pas mal couiné, les dents ont grincé, mais l'estomac a peu dérouillé, tous les vins ayant été évidemment recrachés. Le prix de la majorité des vins, par contre, est susceptible de coller un ulcère, même -et surtout- quand le domaine a ramassé à bonne maturité. Une quasi-intégrale des crus classés de l'appellation, excepté Haut-Brion et Laville (redevenu missionnaire depuis le millésime 2009) qui ne jouent plus dans la même cour ni le même patio depuis un certain temps, voilà qui avait pourtant de quoi exciter les papilles.

     

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    La méthodologie: tous les vins sont goûtés à l'aveugle, par paire associant un Grand cru classé ou assimilé et un "pirate" non classé ou d'une appellation voisine. Double carafage préalable, l'identité des vins n'étant révélée qu'à la fin de la dégustation.

    Les résultats: dans une telle dégustation, il est évident que le plaisir passe au deuxième plan. Peu de vins ont conduit à l'extase gustative. Les plus grands, présentés en dernier, étaient également les plus mûrs et les plus concentrés, les plus à même d'être appréciés à ce stade, ils sont logiquement mieux sortis, Pape-Clément et Smith-Haut-Lafitte en tête. Mention honorable pour Carbonnieux et Malartic-Lagravière, qui s'en tirent pas mal également, avec une acidité importante, mais plutôt bien équilibrée. L'outsider de cette dégustation, parmi les "petits", c'est Château Turcaud barrique, plutôt très bien goûté le matin (face à un Chevalier en toute petite forme), mais curieusement peu apprécié le soir, lors d'un deuxième passage, toujours à l'aveugle, à l'occasion du repas. Les aléas de la dégustation... Un des petits poucets sur le papier, la cuvée Vin Passion du Champ des Treilles s'en est finalement plutôt bien tirée en offrant un profil aromatique et une structure complètement différents de tous les autres vins de la série. Sur la plupart des 20 échantillons dégustés, les arômes archétypiques de sauvignon levuré (agrumes, citron, ananas, bourgeon de cassis) associés à un boisage plus ou moins marqué (vanille, noix de coco, notes d'amertume) l'ont emporté haut la main, avec une matière loin d'être suffisamment mûre pour espérer envelopper tout cela dans quelque temps, à mon humble avis.

     

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    Bon, on ne s'est pas franchement régalé, c'est vrai, mais, comme l'a dit Philippe, il fallait la faire, histoire de se recaler le palais. Cela va quand même être dur de faire marche arrière et réapprécier ce standard de vin, désormais...

     

    Olif

     

    P.S.: vous avez échappé au pire titre que j'avais imaginé, Léo-de hurle-gnan, comme quoi je sais parfois me retenir.

     

    P.S.2: d'autres commentaires sur cette dégustation ici, et , afin d'en avoir un éclairage différent du mien et que chacun puisse (éventuellement) y trouver son compte.

  • REVEVIN 2011: Nul n'est censé ignorer Éloi!

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    Créé ex nihilo en 1973 par Éloi Dürrbach, au sein de la propriété acquise par son père René la décennie précédente, le domaine de Trévallon fut l'un des premiers à révéler le grand potentiel du terroir des Baux de Provence, à partir de 1976, à l'époque VDQS. Tout le monde il est Baux, mais tout le monde il n'est pas forcément gentil, puisque, lorsqu'il s'est agi de définir les critères qualitatifs pour la création de l'AOC des Baux de Provence en 1993, le cabernet sauvignon s'est vu limité à 30% de l'encépagement global. Or la principale caractéristique des vins de Trévallon, dès son origine, fut d'être un assemblage original de cabernet sauvignon et syrah, une complémentarité idéale sur ce terroir froid des Alpilles. Replié en Vin de pays des Bouches du Rhône, Éloi Dürrbach a ravalé sa fierté et continué à faire du Trévallon, le vin de pays qui en bouche un coin et pas que du Rhône. Apprécié par Aubert de Villaine et colporté aux papilles de Kermit Lynch, Trévallon a conquis le monde international du vin en étant finalement "découvert" et apprécié par Robert Parker Jr, le critique-faiseur de grands vins de ce monde, et ce dès le millésime 82. Ce "petit" vin de pays fait désormais partie des grands et Trévallon vend depuis longtemps sa marque et non plus son appellation. À la différence des grands vins bordelais, qui étendent leur superficie chaque fois qu'il est possible, il s'agit ici d'un vrai vin de terroir, pourtant pas décidé à s'en laisser conter par la loi du marché. Éloi Dürrbach n'a pas pour autant pris la grosse tête, ses prix sont resté sages, à leur bon niveau, et sa religion ne lui interdit pas de prendre un vol Marseille-Nantes pour un aller-retour express à Saint-Jean de Monts, sous le patio du Chai Carlina, à l'invitation d'un tandem pipetto-carlinesque.

     

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    Une telle verticale, beaucoup en rêvent encore, nous l'avons faite. En présence d'Éloi Dürrbach, ce qui n'est pas rien. Un moment comme seuls les REVEVIN peuvent en apporter, à inscrire au firmament des plus belles dégustations de ce monde. La quasi intégralité du troisième millénaire, à l'exception de 2002, qui n'a jamais été produit ici, au vu des conditions climatiques catastrophiques vécues en Rhône Sud. Faire l'impasse sur un millésime en dessous de tout, il n'y a pas beaucoup d'endroits en France où l'on peut envisager ça!

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    - Blanc 2009 :
    Robe jaune pâle, nez de fruits jaunes bien mûrs, avec une touche anisée de fenouil. Du gras et de l'onctuosité commencent à apparaître, soulignant la richesse et le potentiel de ce vin pour l'instant pourvu d'une exceptionnelle fraicheur. C'est superbe, déjà très bon, mais au vu des deux bouteilles qui vont suivre, il faut impérativement l'attendre pour en apprécier toute la complexité.

    - Blanc 2005 :
    La robe se fait or, le nez est finement grillé, épicé et anisé, laissant finalement apparaître des fragrances de truffe blanche. La marsanne libère ce qu'elle a de meilleur avec l'âge. La bouche est remarquable de finesse et de précision, caresse le palais par s
    a rondeur patinée, envoûte, et rend heureux. Un vin magnifique, encore dans les limbes.

    - Blanc 2000 :

    L'or se patine, les arômes s'épanouissent. Pain grillé, truffe blanche, eau de vie de framboise et salinité finale. La fraîcheur est au rendez-vous, témoignant de l'équilibre parfait, en dépit du caractère potentiellement alcooleux du cépage. Cela m'évoque avec bonheur les magnifiques marsannes de Marie-Thérèse Chappaz, en Valais.

     

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    - Rouge 2008 :
    Une année de mildiou, avec petite récolte. Le nez est plutôt léger, frais et fruité, avec une pointe végétale qui ressort dans le fond du verre. La relative souplesse des tanins et la fraicheur avenante en font un vin probablement destiné à une consommation plus rapide que les millésimes antérieurs.

    - Rouge 2007 :
    Robe soutenue, nez intense, de menthe poivrée et de tapenade, la syrah prend le dessus sur les arômes. La bouche possède une grande qualité de tanins, fins et encore serrés, avec de la longueur et un sentiment de plénitude. Un des plus grands millésimes récents, qui ne devrait délivrer tout son potentiel que dans de longues années.

    - Rouge 2006 :
    Nez complexe et riche, avec des nuances chocolatées sur des fruits noirs et un soupçon de végétal pour la fraicheur. Les tanins sont encore fermes, mais bien mûrs augurant d'une belle longévité. Le vin se goûte encore actuellement sur une certaine austérité, très cabernet.

    - Rouge 2005 :
    Nez de garrigue, de thym, de tabac à pipe et de figue. Complexe, long, bâti avec un superbe équilibre, c'est un très grand vin en devenir.

    - Rouge 2004 :
    Le nez est très ouvert, avec des notes mentholées qui prédominent, apportant une grande fraicheur. En bouche, les tanins sont un peu fermes, empreints d'une relative dureté. Il reflète courageusement son millésime et semble un cran en dessous des précédents.

    - Rouge 2003 :
    Le nez est champignonneux, un peu liégeux, en relation avec un échantillon défectueux. Difficile pourtant de le rejeter complètement, et la tentation de le porter en bouche est grande. Il y a de la fraicheur, pas forcément évidente en ce millésime, et des tanins plutôt souples et fins, ce qui fait d'autant plus regretter le caractère pas net du nez.

    - Rouge 2001 :
    2 mois de mistral, apparu le 15 août, ont eu tendance à confire les raisins. Le nez est magnifique, sur la truffe, le chocolat et le menthol. En bouche, les tanins sont un peu fermes et secs, mais laissent ressortir une petite pointe alcooleuse finale.

    - Rouge 2000 :
    Un vin à point, sur des notes de poivre et de garrigue, aux tanins bien fondus mais impeccablement structurés. Il m'en reste en cave, il va falloir les boire.

    - Rouge 1995 :
    L'évolution est là, la robe vire à l'orangé, mais le vin est toujours debout, harmonieux et parfaitement fondu, exhalant la truffe, la garrigue et le cacao. Un moment de grâce longuement persistant, démontrant le grand potentiel des vins de Trévallon.

     

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    Non, c'est une évidence, nul n'est censé ignorer Éloi, dont le Trévallon a beaucoup plus fait pour la notoriété de l'appellation des beaux que pour celle des babouches du Rhône. Ça méritait bien le tapis rouge sous le patio du Chai Carlina.

     

    Olif

     

    P.S.: Pour une vision élargie de cette verticale, La Pipette relate la dégustation ici, et le passionné de la rive droite , et .

     

    P.S.2: ce n'est pas ce qu'on appelle réagir à chaud sur l'actualité, les REVEVIN étant terminées depuis deux mois maintenant, mais bon, ça, c'est fait quand même! Plus que 3 ou 4 comptes-rendus en retard!

     

     


     

     

     

  • REVEVIN 2011: le sable et le tire-bouchon

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    Saint-Jean de Monts, REVEVIN 8ème édition. Pour mieux comprendre ce que furent ces huitièmes REncontres VEndéennes autour du VIN, quelques clefs:

     

    - un pont, celui de l'Ascension, où on n'en finit plus de monter en pays montois. La Vendée en son fief du vin, largement ouvert aux autres régions. Le deuxième pont du secteur mène à Noirmoutier, où il fait bon aussi aller faire un petit tour chaque année.

     

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    - un esprit, celui de la rencontre, de l'échange et du partage. La toute première rencontre, ce fut d'abord celle de Philippe Rapiteau, fervent amateur yonnais et Maître Yoda à ses heures, avec Philippe Gallard, bistrotier et caviste dans son Chai, celui de Carlina. Ensemble, ils ont décidé d'animer ces journées en stimulant la soif des internautes du monde entier. Et, accessoirement, celle de quelques vendéens, voire de touristes de passage. On peut en faire, des choses, grâce à Internet... Désormais, #REVEVIN est rentrée dans l'ère 2.0, grâce à la présence exceptionnelle d'une geekette de passage.

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    - une organisation, qui laisse rêveur le Revevineur© de base. Des séries impressionnantes de vins collectés, des appellations prestigieuses sélectionnées, des domaines de rêve invités, vigneron en prime... Et même, parfois, des vins du Jura, aussi, un peu.

     

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    Crédit photo La Pipette

     

    - un hôte particulièrement accueillant, qui déploie le tapis rouge sous le patio, par n'importe quel temps, et pour n'importe quel invité, même s'il n'est pas de marque. On peut lui commander un verre de vin, un café, une Loirette©, un repas, un sandwich pour la route, à toute heure du jour et de la soirée.

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    - une première clef des terroirs, celle qui habite les organisateurs et qui troue sans problème la serrure des participants, et même un peu plus bas parfois. L'approche vigneronne, sincère et authentique, y est plébiscitée. Les vignerons, par amitié, ne manquent pas de se bousculer sous le patio. Les voisins ligériens se taillent la part du lion, mais on vient à Saint-Jean d'un peu plus loin, parfois. Francis Poirel, Richard Leroy, Patrick Baudouin, Marc Houtin, Valérye Mordelet et Jean-Daniel Koecklé, Frédéric Sigonneau, Luca Roagna, Philippe Delesvaux, Eddy Oosterlinck, Jérémie Mourat, Samuel Mégnan, Joël Ménard... ont répondu présent par le passé. Cette année, ce sont Éloi Durrbach, Thierry Michon, Jérôme Breteaudeau et Antoine Sanzay qui s'y sont collés, avec un plaisir non feint, je pense.

     

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    - la deuxième clef des terroirs, déjà largement représentés chaque année (voir plus haut), l'a été peut-être encore à peine plus cette année, avec la diffusion du film de Guillaume Bodin, La Clef des terroirs, primé dans le même temps à Œnovidéo en Arbois. Un aperçu documentaire de la biodynamie, avec des intervenants triés sur le volet et des images particulièrement bien léchées.

     

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    - des offs, parfois copieux, qui permettent de prolonger les instants de convivialité. Cette année, outre la venue d'Antoine Sanzay et de ses vins de Saumur, le grenache s'est convié sèchement à l'heure de l'apéritif et a muté à l'heure du digestif, en accompagnement de quelques chocolats sélectionnés par Franck Jeunemaître, de Chocolat-et-cætera. Apurimac, Arriba nacional, Sambirano, Sur del lago et Puertomar n'ont désormais plus aucun secret pour les Revevineurs©.

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    - du sable, des vagues, du vent, l'océan, immuables chaque année. Jamais il n'a fait autant chaud qu'en 2011 sur la croisette vendéenne, mais jamais il n'a autant plu le dimanche, comme pour couvrir les larmes des participants, au désespoir de devoir s'extirper de la déferlante tombée sur Saint-Jean, y compris vinique. Sea, wine and sun, donc, auxquels il convient de rajouter quelques activités annexes, en tout bien tout honneur, comme la promenade en vélo sur la corniche vendéenne, la Rosalie dans les rues de Saint-Jean, le ramassage de pignons sur la plage à marée basse, le passage du Gois en véhicule insubmersible et toutes ces sortes de choses qui font de ces Rencontres Vendéennes des moments inoubliables. Vivement la prochaine édition...

     

    Olif

  • REVEVIN 2010: le Domaine de Juchepie

     

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    Clôture désormais rituelle des REVEVIN, le dessert sucré en compagnie de son géniteur ligérien. cCest au tour d’Eddy et Mileine Oosterlinck de venir nous faire découvrir sa production de Coteaux du Layon sous le patio du Chai Carlina. Enfin, pas tout à fait. Ce que le froid ascensionnel n’avait pas réussi à faire, les égouts montois y sont parvenu. Des reflux d’eau nauséabonde, remontant de l’Avenue de la Mer (pourtant déserte à cette heure-ci!) jusque dans le patio, nous ont contraint à un repli interne au milieu de la cave du Chai. On est là pour goûter à du sucre, pas à de la m...! Pour se faire la bouche, rien ne vaut  pourtant du sec. Une production devenue une quasi nécessité pour les vignerons angevins, devant l’affaissement du marché des liquoreux, même quand les vins sont superbes. 6 tries successives, en moyenne pendant les vendanges, permettent de prendre moins de risque dans la gestion des maturités et de ramasser à point pour élaborer le type de vin que l’on souhaite.

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    Le Sec de Juchepie, tout le monde se l’arrache, et il y en a peu. Que ce soit le 2005, au superbe équilibre alliant onctuosité, tension et élégance, sur une finale parfaitement fraîche, ou le 2007, à la jolie trame vive et acidulée. Deux superbes chenins au top, qui ne doivent pas occulter les splendeurs sucrées qui vont suivre.

     

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    En liquoreux, nous goûterons aux quatre cuvées existantes. La production d’Eddy et Mileine se décompose en deux cuvées parcellaires (Les Churelles et les Quarts) et en deux Têtes de cuvée non parcellaires (La Passion et Quintessence), à la recherche de la plus grande expression du millésime. Pour compliquer  utilement les choses, la dégustation portera également sur deux millésimes distincts de chaque cuvée, des années supposées opposés par essence: botrytis versus passerillage.

    L’exercice fut aussi réjouissant que passionnant.

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Churelles : en 2006, il donne un vin tout simple, frais, acidulé, l’expression même du rôti dans un millésime de botrytis. 1997, année de passerillage et grand millésime, c’est autre chose. La robe est dorée. Le nez, d’une grande complexité, délivre des notes de miel, de coing, de fleurs blanches. La bouche développe pas mal d’onctuosité et du gras, sans aucune lourdeur. La finale se fait miel mais reste fraîche. Superbe !

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Quarts : 2003, année de passerillage, donne un vin opulent et miellé, tandis que 2004 joue plus sur la minéralité carbonifère et le graphite, même si la bouche est également étoffée.

     

     

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    Avec La Passion, on arrive dans la recherche d’une grande concentration. La richesse liquoreuse favorise le développement d’arômes complexes, le challenge étant de parvenir à conserver une fraîcheur indispensable pour que le vin reste buvable. 2002, année de passerillage, donne un vin droit, frais et équilibré, à la robe dorée et aux entêtants arômes d’abricot. Le botrytis de 2004 fait ressortir des notes de mine de crayon et de thé fumé, sur l’abricot initial. Un vin riche et gras, à l’acidité plus basse, et à la superbe robe ambrée, évoquant une évolution légèrement oxydative.

     

    La Quintessence nous emmène au bout du processus, dans le registre de l’extrême concentration et des vins hors normes. 1997 est somptueux, salin et iodé, aux magnifiques notes rôties, et à l’équilibre subtil. 2003, sur des notes d’abricot et d’épices, est tout en élégance et en distinction. Fabuleux. Match nul entre botrytis et passerillage, en terme de qualité, même si les deux expressions sont clairement différentes.

     

     

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    Les sessions liquoreuses des REVEVIN se suivent, ne se ressemblent pas et s'imposent de plus en plus comme un moment incontournable, un véritable hâvre de douceur ascensionnel. Merci à Eddy et Mileine Oosterlinck pour ce grand moment gustatif et aux deux Philippe vendéens de l'avoir organisé.

     

    Sunday, sweety sunday...

     

    Olif

     

  • REVEVIN 2010: Italie étonnante: La Stoppa ... ou encore!

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    Deuxième Off de ces 7èmes REVEVIN et on reste en Italie. Encore! Direction l'Émilie-Romagne, après une petite mise en bouche sicilienne. Les Italiennes sont belles et, en plus, elles font du vin. Arianna Occhipinti, déjà bue sur le web outre-Atlantique, et Éléna Pantaléoni, qui produit des cuvées pas du tout décousues, furent les stars de cette fin d'après-midi, grâce à l'aimable participation de Fanny Breuil de  Genuine Wines. Une dégustation apéritive appétissante, parfois déconcertante, mais souvent réjouissante, avec des vins d'approche pas toujours évidente pour des palais habitués à souvent plus d'académisme. De l'exotisme vert-blanc-rouge et un feu d'artifice pour les papilles!

     

    - Arianna Occhipinti - SP 68 - 2008 :
    Le nez nous mène tout droit dans une conserverie de poissons de la Côte vermeille. Anchois à volonté, sel marin et tapenade. "C'est l'fun!", pour tout dire, et je n'ai pas souvenir d'avoir déjà goûté à un vin comme cela. En bouche, les tanins sont frais, malgré la richesse, et joliment veloutés. J'adore.


    - Arianna Occhipinti - Il Frappato 2007 :
    Le nez évoque le tabac blond un soir d'été, devant un cocktail de fruits rouges bien frappé. Une fraicheur oxymorale pour un vin aussi solaire, aux tanins souples et acidulés, qui présentent une petite pointe d'amertume finale venant fort élégamment titiller l'arrière-gorge.

     

     

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    - La Stoppa - Gutturnio 2008 :
    Un assemblage de barbera et de bonarda plutôt bonnard et pas du tout barbant. Indéniablement animal au premier nez, évoluant sur des notes de cacahuète et d'arachide, on est pourtant loin de l'enclos d'une guenon au zoo de Vincennes. Le fruit se dévoile juste derrière, les tanins ne sont pas dépourvus de fraicheur, même si, en finale, ils ont tendance à mordre encore un peu. L'acidulé frais de la Barbera sauve la mise pour un vin bourré de caractère.


    - Barbera della Stoppa 2005 :
    Encore un premier nez fougueux, comme un cheval emballé impossible à arrêter. Cette réduction, équestre autant que passagère, cède vite la place à un joli fruité assis sur des tanins veloutés plein de fraicheur. Ça claque en bouche et c'est particulièrement gourmand.


    - La Stoppa 2003 :
    Assemblage "bordelais", typé cabernet, c'est pourtant cette cuvée qui se veut emblématique du domaine en lui empruntant son nom. Toujours cette petite note animale, sur des arômes de cabernet légèrement marqués par le poivron. La bouche, aux tanins bien enveloppants, finit un peu ferme, pour ne pas dire asséchante. Je suis moins convaincu. Est-ce dû au millésime?


    - La Stoppa 1999 :
    Le nez possède une toute autre dimension, même s'il est toujours marqué cabernet. De la complexité et de la profondeur, sur des tanins plus fondus et harmonieux. Une belle bouche, bien élancée.


    - Dinavolo - Domaine Denavolo - Giulio Armani - Vin de table blanc 2006 :
    Assemblage de 25% de malvasia di candia aromatica, 25% d'ortrugo, 25% de marsanne et 25% d'un cépage non identifié. Un an de cuvaison, ce qui donne un vin à la couleur ambrée particulièrement étonnante. L'aromatique est typé muscat, mais pas domestica, laissant présagé un vin riche. Que nenni! La bouche est sèche comme un coup de trique, après un début d'attaque à peine arrondi. La finale, abrupte et raide, possède des tanins, comme il se doit sur ce type d'élevage. Complètement déroutant, mais loin d'être dénué de qualités.

     

     

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    - La Stoppa - Ageno 2005 :
    Le même, ou presque, version Elena Pantaleoni. Malvasia, ortrugo et trebbiano. Là encore, une durée de macération qui varie selon le millésime, puis l'élevage dure douze mois environ. La robe est ambrée, le nez muscaté. Attaque sur le miel, dotée d'une certaine rondeur, qui retombe vite pour laisser place à une structure beaucoup plus droite et rèche. Encore un blanc totalement étonnant!


    - La Stoppa - Malvasia frizzante 2009 :
    Du jus de fruit frizzante aux jolis arômes de pomme et de raisin muscat. La bulle est fine, festive, avec un poil de sucre, pour un équilibre subtil et tout en finesse. Une conclusion revigorante, avant un copieux repas italianisant bien arrosé. La Stoppa, ou encore!

     

     

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    Parce que c'est ça, aussi, les REVEVIN. On déguste beaucoup, mais on mange aussi, un peu.

     

    Olif

  • REVEVIN 2010: Étonnante Italie! ... Luca Roagna

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    Luca Roagna, c'est le roi, na! Le king du Piémont, de Barolo et de Barbaresco réunis. Troisième rencontre en moins d'un an avec lui, troisième dégustation de ses vins, vivement la quatrième. Bavard comme pas un, forcément, c'est un Italien. Qui, par contre, ne parle pas avec ses mains mais avec ses vins. Et surtout, qui s'exprime dans un français irréprochable, heureusement, parce que, sinon, on serait restés complètement dans la brume. En parlant de brouillard*, tout, tout, tout, on saura tout sur le Nebbiolo, la véritable star de cette dégustation, lorsqu'il est planté sur les fabuleux terroirs de Barbaresco et Barolo. "C'est la terre qui fait le vin, si on pense que c'est l'œnologue..." C'est ça, l'humilité du véritable vigneron, terrien dans l'âme, amoureux de son terroir, respectueux de son raisin. Dans la famille Roagna, "on n'a jamais tué son terroir". Une approche bio à la vigne, non certifiée, mais une des rares dans la région, alors cela mérite vraiment d'être souligné. Doublée d'une approche authentique à la cave, soulignons donc deux fois. L'authenticité n'est pas labellisée non plus, mais beaucoup, même les plus grands, ont oublié en route la façon de révéler la quintessence du Nebbiolo, cédant aux sirènes de la facilité œnologique et de la standardisation du goût international. L'authenticité, en matière de nebbiolo, ce sont des macérations longues, doublées d'un élevage long en foudre. Jusqu'à 12 ans pour certaines cuvées! Là où la majorité des vins ont déjà été bus, chez Roagna, on n'a pas encore fini de les élever ni même commencé à les commercialiser.

     

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    Malgré un emploi du temps surchargé, entre travaux à la vigne et réunions de famille, Luca a sauté dans la première Rosalie disponible entre Barbaresco et Saint-Jean de Monts pour animer cette deuxième journée des REVEVIN entièrement consacrée à l'Italie. Avec pour mise en bouche, une mini-verticale de Dolcetto, avant de rentrer dans le "grand jeu du nebbiolo". Le Dolcetto d'Alba, c'est le cépage qui donne naissance au "bébé"  du domaine, le vin que l'on peut boire jeune et frais. Mais, ce n'est pas une raison pour le bâcler. Des vieilles vignes de Dolcetto, chez Luca, on en trouve dans l'amphithéâtre de Pajé, là où le Nebbiolo pourrait être roi. Mais elles ne sont pas arrachées pour autant, par respect. Parce que si on les a plantées de longue date à cet endroit, c'est certainement qu'il y a une bonne raison. Tout comme les étiquettes piémontaises traditionnelles sont pieusement conservées pour signifier l'attachement aux valeurs anciennes.

     

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    - Dolcetto d'Alba 2008: robe burlat, nez au fruité frais avec une petite pointe végétale, bouche aux tanins souples, glissants, avec une belle fraicheur acidulée.

    - Dolcetto d'Alba 2007: nez plus réservé, partant gentiment sur le secondaire. Structure plus tendue et serrée, mais bien calibrée. Un air plutôt sérieux, pour un Dolcetto.

    - Dolcetto d'Alba 2006: le secondaire est bien là, cette fois, et le nez distille du cacao à tout va. Les tanins sont marqués mais croquants, avec de la fraicheur et une finale acidulée. C'est bon!

    - Dolcetto d'Alba 1989: la robe tire sur l'orangé. Le nez est très ouvert, complexe et délicat, franchement tertiaire. Cuir, tabac, vieille prune. En bouche, les tanins sont souples et fondus, un peu évanescents. Tout le charme d'un vieux vin, dont le corps s'affaiblit mais dont l'esprit reste alerte. D'aucuns l'ont considéré comme passé, mais il a toujours son charme. Certainement plus au décours d'un repas qu'en dégustation pure.

     

     

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    A partir de là, les bouteilles sont dégustées à l'aveugle, avec comme challenge supplémentaire de reconnaitre l'appellation, le cru et le millésime. Fun! Un tour du monde en Rosalie à gagner pour celui qui identifiera à coup sûr le Barbaresco Montefico 2004!

    - Langhe Rosso 2003: belle petite parenthèse avec cette cuvée d'appellation régionale, issue des jeunes vignes, histoire de faire tranquillement la transition entre le Dolcetto et le Nebbiolo "grand cru". Le nez possède une belle complexité, avec encore du fruit et des notes chocolatées. La bouche est pleine, élégante et gracile, sur des tanins frais et acidulés en finale. La marque du Nebbiolo!

    - Barbaresco Pajé 2003: 60 jours de macération pour cette cuvée "d'entrée de gamme" en Barbaresco. Du Nebbiolo d'école, riche, complexe,  finement chocolaté, mais porté par un acidulé frais qui est vraiment sa marque. Jamais les tanins n'agressent, car ce sont ceux du raisin et non pas du bois. Tout au plus une petite pointe d'alcool en finale, comme une petite laine sur les épaules, pour tempérer l'air vendéen ascensionnel encore frisquet.

    - Barolo La Rocca e la Pira 2003: comme son nom l'indique, la minéralité transpire dans cette cuvée toute en finesse et en élégance. Un Barolo qui ne roule pas les mécaniques, ce n'est certainement pas son registre.

    - Barolo Vignia Rionda 2005: une cuvée provenant d'un achat de raisins issus des anciennes vignes du Roi d'Italie. Des vignes bichonnées par leur propriétaire, sous la haute surveillance de Luca. Une macération longue de 70 jours apporte race, tonus et fraîcheur. Un très beau vin qui se présentera sous un jour complètement différent lors du repas du soir. Servi à l'aveugle au milieu d'un large échantillon très peu représentatif de la qualité des vins italiens, personne ne l'a reconnu, même Luca!

    - Barbaresco Montefico 2004: du Nebbiolo sur un terroir calcaire. Tannique et puissant, au grain encore dense et serré. L'acidulé frais réhausse la finale. Très beau, en devenir, il a besoin de temps pour se détendre.

    - Barolo Riserva La Roca e la Pira 1996: 12 ans d'élevage en foudre pour ce vin arrivé tout droit d'Italie dans les valises de Luca. Un peu stressé par le voyage, il délivre pourtant de jolis arômes tertiaires sur des notes fruitées de cassis et de fraise. Les tanins sont étonnamment fins, polis longuement par l'élevage. Une grande bouteille.

    - Barbaresco Crichët Pajé 1999: superbe nez empli de fraîcheur, avec un soupçon de végétal épicé, type menthe poivrée. La bouche est d'une densité exceptionnelle, à la texture veloutée. Longue finale persistante. Grandiose.

    - Barbaresco Crichët Pajé 1989: l'expression d'un grand Barbaresco à son apogée pour encore longtemps. D'une jeunesse incroyable, il parait indestructible malgré ses airs de danseuse étoile. A peine kirsché, légèrement acidulé, délicatement tannique, exceptionnellement bon. Permet de mieux appréhender le potentiel de garde du Nebbiolo par rapport au Dolcetto.

     

    En guise de conclusion:

     

    - Langhe Solea 2003: le "sorbetto", d'après Luca, un vin blanc destiné à nettoyer la bouche des tanins, idéal à proposer en fin de dégustation. Composé de 75% de Chardonnay et 25% de Nebbiolo. Fruité, frais, acidulé et anisé, avec une petite sensation tannique apportée par le Nebbiolo. Rafraichissant.

    - Barolo Chinato: après le sorbetto, l'apéro et le dijo, deux en un! Un véritable Barolo macéré avec des herbes et de la quinine, toujours aussi décoiffant à déguster. On sent la grande qualité du vin derrière les amers de la quinine, qui est loin de tirer la couverture à elle toute seule.

     

     

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    Luca Roagna, roi du Piémont, roi du Pays de Monts. Vers un jumelage Barbaresco-Saint Jean de Monts?

     

     

    Olif

     

    * Brouillard se dit Nebbia, en italien. Le Nebbiolo en tire son nom, du fait de sa maturité tardive et automnale. Les ampélographes étymologistes  italophones me corrigeront si besoin.

     

    P.S.: le petit Jull est prié de prendre contact avec le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts afin de retirer son prix (private joke).

  • REVEVIN 2010: Frédéric Sigonneau, l'R de rien!

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    Premier Off des REVEVIN 2010, celui consacré aux jeunes talents de Loire, et voilà que l'occasion nous est donnée de prendre l'R. Chinon, la belle endormie, assise sur ses certitudes depuis pas mal d'années, avait bien besoin d'un bon bol d'R frais. Touché Couly! Sigonneau m'était conté... Frédéric de son prénom. On est évidemment encore loin de détrôner Alliet et Baudry, les papes de l'appellation, mais ça fait quand même du bien de pouvoir goûter à un vin de Chinon dépoussiéré de tout l'héritage du passé. Elaboré dans un esprit festif et débridé, même si les galères en tout genre se sont abattues sur la tête du néo-vigneron depuis son installation. Trois millésimes, trois cuvées, l'intégrale des vins en bouteilles. C'est toujours un moment privilégié, qui n'est généralement possible que chez les jeunes vignerons.

     

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    Pour la mise en bouche, une Fille de l'R 2009 habillée d'une jolie robe rose. Un rosé de saignée aux jolis arômes de pamplemousse et l'amertume qui va avec. Un soupçon de sucre (3,80g/l), comme autorisé dans les décrets de l'appellation Chinon rosé. Ça gomme l'amertume, retire un peu de peps et c'est dommage. De la séduction, un poil racoleuse. Je l'aurais aimée plus sèche, cette Maja, ou, mieux, complètement nue!

     

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    Place aux rouges, avec les 3 millésimes du Canal des Grandes Pièces, la cuvée de fruit destinée au plaisir immédiat, élevée en cuve ciment. 2009 affiche une robe violine de vin juvénile, sans crise acnéique pour autant. Croquant et charnu, avec un côté "branche verte cassante" d'inspiration toute québecoise. 2008 tire plutôt sur le cassis et les fruits surmûris. Plus serré, mais ses tanins restent toujours frais. 2007, le premier millésime, passerait presque pour du Carignan, avec ses notes de cassis giboyeux. Passée cette réduction animale première, on trouve un vin détendu en bouche, avec une belle personnalité, mais un peu borderline. Comme à ses débuts, qu'il n'a jamais reniés.

     

    Les 5 éléments, une cuvée élaborée avec des raisins issus de 5 parcelles différentes, est particulièrement juteuse en 2008. De la longueur et du croquant. En 2007, elle tient un peu de Bruce Willis dans le film de Luc Besson qui lui a donné son nom. Concentrée et massive, sur la feuille de cassis et le bon végétal (encore la branche verte!), elle reste fraîche dans sa finale. Comme une apparition de Milla Jovovitch dans son costume en bandes molletières.

     

    Les Folies du Noyer Vert bénéficie d'un élevage barrique de 18 mois. Ça lui donne du corps et de la structure. Un peu too much à ce stade, en 2008 (où le boisé ressort encore nettement), comme en 2007 (qui commence à se fondre mais dont la finale reste ferme et un peu rêche). Un vin solide qu'il faut commencer à attendre.

     

     

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    Tout ça nous donne donc au final un vigneron et un domaine assez excitants à suivre, sans en avoir l'R! Vivement dans quelques années, en fait!

     

    Olif

     

    P.S.: le Doc a déjà dégainé depuis longtemps, suscitant un certain nombre de réactions. C'est à lire sur Escapades.

  • REVEVIN 2010. Le Clos Saint-André en Vendée: Mourat, mourra pas!

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    Saint-Jean de Monts, Vendée occidentale, Loire méridionale. 7èmes REVEVIN, millésime 2010. Pot d'accueil des arrivants lointains, exténués d'avoir roulé toute la journée, parfois même en mode "conduite accompagnée". Plutôt envie de s'en jeter un derrière la cravate que de passer déjà en mode "dégustation on". Grâce à Jérémie Mourat, on va pouvoir faire les deux, en fait. Avant-première et dégustation de son premier millésime du Clos Saint-André, dans son Fief de Mareuil, où le nom de Mourat est plus que bien connu. Déjà 12 ans qu'il vinifie, notamment au domaine familial, célèbre pour sa cuvée Marie du Fou, et puis et puis... C'est fou! Recréer le vignoble originel du Clos Saint-André, totalement disparu, mais pourtant réputé être issu des meilleurs terroirs, ne fut pas une mince affaire. De la patience il a fallu. Grâce à Jérémie Mourat, le Clos-Saint-André ne mourira pas. Une telle virginité des sols, pendant plus de 40 ans, sur les plus beaux coteaux de l'appellation, il ne fallait pas trop la brusquer. Le bio s'est naturellement imposé, il eût été dommage de ne pas en profiter. Les vinifications se font en œuf Nomblot pour les blancs, en demi-muid pour les rouges. Sulfitage léger à la mise. Bouteilles bourguignonnes, étiquetées "Loire méridionale".

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    2009, premier millésime, et la qualité est déjà au rendez-vous. Une troisième feuille qui a éclos en année chaude, donnant des blancs de très haute maturité, récoltés à 14° potentiels, si ce n'est plus. Du chenin qui garde pourtant une énorme fraicheur, sur la cuvée Clos-Saint-André et même sur Les Terres-Quarts. Une mise récente, mais des vins déjà en place, assez séduisants. A ce stade, le Clos Saint-André l'emporte du fait d'une acidité mieux perçue, mais les Quarts, plus puissants et plus riches, devraient tenir la distance.

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    Le gros coup de cœur de cette intro revevineuse, en ce qui me concerne, ce fut sans nul doute pour Grenouillère 2009, une négrette même pas verte, au sujet de laquelle Jérémie avait quelques craintes du fait de la mise récente. Assez caractéristique du cépage, à la fois végétale et métallique, elle était toute imprégnée de gourmandise et de fraicheur. Il faut bien avouer qu'après le troisième double-magnum, les papilles commençaient à saturer un peu, mais, en attendant, la négrette s'était parfaitement requinquée de sa mise, tandis que les Revevineurs se mettaient une sacrée requinquée. Le Pinot ragoutant, nom local de cette variété de raisin que l'on trouve également à Toulouse, au Fronton de la négrette et de la violette, est effectivement plutôt ragoutant. On en boirait des litres!


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    Une chose est sûre, le Clos-Saint-André et la production de Jérémie Mourat seront à suivre avec attention. Il serait même avisé d'en mettre quelques bouteilles en cave, s'il y reste de la place et encore du vin sur le marché. Allo, la Vendée?

    Olif

  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, la dégustation


    Compte-rendu de la première session de ces REVEVIN 2010, où le Jura, et plus spécifiquement le Savagnin, se sont retrouvés sous le feu des projecteurs l'espace d'une matinée. Le Jura fut donc le premier invité à monter les marches du patio du Chai Carlina, ce vendredi 14 mai à Saint-Jean de Monts. Son climat aussi, puisque des températures, interprétées comme jurassiques en cette Ascension vendéenne, se sont invitées en dernière minute. Mamert, tu nous fous les glandes. Retourne au Groënland avec Servais, ton pote Inuit. Et, par la même occasion, emmène Pancrace avec toi. Il ne faisait pas -36,7°C le matin, comme à Mouthe dans le Doubs en janvier 1958, mais on y ressentait une fraicheur océanique  non négligeable, à l'origine d'une extériorisation des poils de l'avant-bras des escapadeurs frileux et d'une intériorisation dans le Chai dès le début de soirée. Pas question, toutefois, de ne pas d'enfiler la tenue rituelle lors de ce séjour ascensionnel vendéen: short et sandales. En mai, fais ce qu'il te plaît et déguste les mollets et orteils à l'air.

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    Du savagnin plein les verres. Exclusivement, même. Le regard crispé de certains des  courageux participants pouvait faire croire que l'on s'apprêtait à  tourner un remake de Fear factor, mais la peur laissa progressivement la place à l'ébahissement et au plaisir au bout de quelques verres. Enfin, j'ose le supposer, personne n'avait de revolver sur la tempe. Les vins ont été servis, généralement par deux, dévoilés en plusieurs temps afin d'apporter les précisions nécessaires à la compréhension de chaque série. J'étais le seul à connaitre l'ordre de service et les vins dégustés, évidemment.

     

    Mise en bouche

     

    -      Arbois Traminer 2006 Stéphane Tissot en 2 services, bouché à vis et bouché liège, sur le même millésime : une vision particulière du savagnin, voulue par Stéphane Tissot. Élevage court, en cuve, pour préserver le fruit et les arômes primaires du cépage. Destiné à une consommation rapide, même si une conservation est possible quelques années, il a été bouché à vis depuis 2006, parallèlement au bouchage classique. Le vin bouché liège semble plus fruité et épanoui. Simple et direct, il est plaisant mais un peu alangui en bouche. Le vin à capsule fleure une petite réduction. Légèrement pétrolé, il est tonique et vif, se révélant au contact de l'air. A mon sens, le bouchage à vis s'avère supérieur, en terme de vieillissement sur ce type de vin destiné à être immédiat, préservant mieux la tonicité et la nervosité. L'avis ne fut pas unanime, mais juste majoritaire. Les deux bouteilles ont leur intérêt, mais, dorénavant, il est fort probable que l'intégralité du Traminer soit bouchée à vis. C'est en tout cas ce que souhaite Stéphane.

     

    -      Savagnin du Domaine Macle, prélevé sur fût, destiné à du Château Chalon, en 2 services sur 2 millésimes, 2008 et 2005: deux futurs Château Chalon qui ne le sont encore pas. Ou la perception du basculement vers  un autre monde, celui de l'oxydatif. Ce type de dégustation de deux savagnins en cours de vieillissement est toujours un moment d'exception, à apprécier religieusement. Le 2008 est encore fermé et peu expressif au nez. Le pamplemousse s'éloigne pour laisser apparaître des épices. La structure du vin est déjà en place, en filigrane. 2005 fait voyager dans l'autre dimension. Ça y'est, le voile fait son effet. La noix verte est apparue, le curry également, un petit peu. La bouche est profonde et dense, développant déjà une pointe de gras, avant de se fondre dans une finale immense et persistante. Un grand Château Chalon en perspective.

     

     

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    Savagnins ouillés

     

    Le Païen, cépage valaisan, n'est autre que le savagnin blanc jurassien. Il est classiquement élevé avec ouillage, même si certains tentent des essais de voile dans un but purement expérimental. Dans le Haut Valais, il prend le nom de Heida. Ces deux pirates, qui vont ouvrir le bal de la série des savagnins ouillés, ont été sélectionnées par Laurent « Vins-Confédérés » Probst et ont joué leur rôle à la perfection, ne venant même pas semer le trouble dans l'esprit des Revevineurs.

     

    -      Heida 2008, Collection Chandra Kurt, Cave de Provins, Valais : cette cuvée est vinifiée par Madeleine Gay, l'œnologue-vedette de la cave de Provins-Valais. Nez plutôt floral et discret, bouche simple, sapide et fraîche. Une jolie entrée en matière, tout en délicatesse.

     

    -      Païen 2008, La Cave à Polyte, Valais: nez ouvert, épicé, sur des notes de céleri en branches. Décoiffant! La bouche est vive, développant de l'acidulé qui termine sur une pointe d'amertume. Aromatique particulière (levurage?) et structure pas complètement en place, mais un vin intéressant.

     

    -      Arbois Savagnin 2006 et 2008 (prélevé sur fût), Domaine de l'Octavin : deux cuvées de savagnin ouillé d'un jeune domaine jurassien extrêmement prometteur, à comparer, pour juger des progrès en matière de vinification (entre 2006 et 2008, évolution vers la biodynamie et plus de naturels dans les vins). 2008 possède tension, acidulé et vivacité, mais ne s'exprime encore que très peu dans le verre. L'élevage devrait lui amener de la complexité. 2006 possède du gras et de l'onctuosité, avec une belle minéralité jurassienne sous-jacente, mais manque à peine de nerf en finale.

     

    -      Côtes du Jura Novelin 2006, La Maison de Rose : un joli savagnin ouillé d'un fort sympathique domaine situé à Saint-Lothain, au Sud de Poligny, qui travaille chardonnay et savagnin dans le même esprit de fraîcheur. Ce 2006 est à point, floral avec un zeste d'épices et une pointe de massepain.

     

    -      Côtes du Jura Savagnin Chalasses Marnes bleues 2006, Jean-François Ganevat : une référence dans le landerneau jurassien, en matière de vins ouillés. Le Chardonnay des Chalasses est un must, le Savagnin l'est tout autant, grâce à la présence de ces marnes bleues si caractéristiques et propices au bon développement du savagnin. Une grande cuvée, qui se goûte au top, avec toujours autant d'acidité directrice et de droiture. Un modèle du genre!

     

    -      Côtes du Jura Fleur de Savagnin 2001, Collectif Labet : une cuvée désormais classique de ce domaine, qui est plutôt réputé dans les  sélections parcellaires ouillées de Chardonnay. Le Savagnin a aussi grandement sa place en Sud-Revermont, le terroir s'y prête. La robe est dorée, le nez est complexe, iodé, sur la cire et les épices. Une bouteille à boire, parvenue à maturité, qui garde encore de la fraicheur.

     

    Vieux Savagnins ouillés

     

    -      Côtes du Jura Savagnin 2001 ouillé 6 ans, Collectif Labet : un collector, totalement épuisé au domaine. Le même que précédemment, si ce n'est qu'il a vieilli 6 ans en fût plutôt qu'en bouteille. Le nez est plus miellé, marqué encaustique, avec un séduisant côté "vieux chardonnay". L'attaque est plutôt doucereuse, puis développe de l'amplitude, s'élargit et persiste longuement.

     

    -      Arbois-Pupillin Savagnin 2003, Domaine Overnoy-Houillon : le domaine de référence en matière de vieux savagnins ouillés, sur un millésime très particulier. Où l'on devrait découvrir que la canicule n'a que très peu affecté les sols jurassiens marneux, l'élevage long permettant en outre un affinage de l'alcool. Premier nez champignonneux, faisant craindre une déviance liégeuse. En bouche, noix, épices, et toujours cette petite sensation "liège". La structure du vin me parait altérée, ne ressemblant nullement à la précédente bouteille dégustée. Aurait-il été frappé de savagninite aigüe?

     

    -      Côtes du Jura 1999 Les Vignes de mon père, Jean-François Ganevat : 9 années d'ouillage pour acquérir une complexité digne d'un Jaune. Vive l'élevage long, même s'il est encore légèrement perceptible au nez. La bouche est fraîche, riche, immense, puissante et longue, très épicée. Magnifique!

     

     

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    Savagnins sous voile

     

    -      Côtes du Jura 2007, Clos des Grives : un savagnin classique, élevé sous voile. Vignoble du Sud-Revermont, culture bio certifiée depuis de nombreuses années. D'expression classique, sur la noix verte. Pas immensément complexe, mais agréable.

     

    -      Arbois Soliste 2004, Jean-Marc Brignot : le premier millésime de Jean-Marc Brignot, qui découvrait à la fois ce cépage et le voile. Élevage d'un an en cuve sous voile, sans soufre. Nez oxydatif très fin, gardant du fruit. Bouche fine et élégante, juteuse et fraiche, persistante. Un savagnin oxydatif tout en dentelle. J'adore.

     

     

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    Vins jaunes

     

    -      Arbois Vin Jaune 2003 Les Bruyères  et Arbois Vin Jaune 2003 En Spois, Stéphane Tissot : les premiers Vins Jaunes de terroir, par Stéphane Tissot. Une approche de la finesse du Jaune dans un essai de hiérarchisation et de différenciation des terroirs à oxydatifs. En Spois toujours plus rond et immédiat, Les Bruyères tourbé et fumé, plus large et riche en alcool.

     

    -      Château Chalon 2003, Domaine Macle : le dernier-né de Château Chalon, en avant-première (ou presque) sur la croisette de Saint-Jean. Tout jeune, presque bébé, il est plutôt sphérique, très rond en attaque, avec une relative fraicheur.

     

    -      Arbois Vin Jaune 2000, Michel Gahier : un Jaune d'Arbois dans un style classiquement différent de celui de Château Chalon, mais s'exprimant ici dans un registre plutôt fin. Miel, épices, après une fugace note de croûte de fromage. Long, persistant et très agréable. Il a déjà du répondant et devrait franchir les années sans trop de peine.

     

    -      Arbois vin jaune cuvé 1992, Stéphane Tissot : une version « cuvée » d'un savagnin, dont les raisins ont été laissés à macérer dans le jus comme s'il s'agissait au départ d'un vin rouge, à la façon ancestrale de certains vins italiens (type Radikon). Ensuite, élevage classique sous voile pendant 6 ans. Rien à voir avec un Jaune traditionnel. Avant tout un vin blanc « cuvé », avec cette sensation tannique si particulière ! Et une jolie couleur orangée. Fin et complexe, immensément bon.

     

     

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    Savagnin surmaturé

     

    -      Arbois Solstice 2003, Domaine de la Tournelle, Evelyne et Pascal Clairet : un savagnin ouillé en surmaturation, vinifié en principe en sec. En 2003, il reste 42g de sucre résiduel, du fait de la richesse du millésime. Pourtant, il goûte sec, ayant commencé à manger les sucres qui lui restent. Equilibre entre deux, lié au millésime, pas complètement convaincant.

     

    Savagnins avec sucres résiduels

     

    -      L'école Buissonnière 2008, La Maison de Rose, Vin de Table : vendange tardive de Savagnin à l'équilibre demi-sec plutôt aérien. La robe est très claire, l'acidulé bien développé. Un vin séducteur, de pur plaisir.

     

    -      Arbois-Pupillin 2007 L'ivresse de Noé, Philippe Bornard : vendange tardive de novembre à l'équilibre demi-sec léger, avec une pointe d'acidité.

     

    -      Arbois-Pupillin 1998, Philippe Bornard : une bouteille de derrière les fagots, vendange tardive de savagnin élevée sous voile pendant 8 ans et jamais commercialisée. Un équilibre irréel et improbable, entre sucre et oxydation. Le nez est complexe, sur la croûte de fromage et les raisins de Corinthe. Bouche arrondie par l'alcool, oxydative mais bien en place.

     

    -      Arbois Mélodie 2004, Stéphane Tissot : Savagnin de glace récolté en 2004, au mois de décembre, par -11°C. Une véritable curiosité à découvrir, que j'ai la chance de suivre depuis son berceau. L'évolution est à la hauteur de ce que j'ai pu goûter dans sa jeunesse. On y retrouve de subtiles notes de clou de girofle qui ponctuent un équilibre magique, sur la tension acidulée.

     

    -      SulQ 2002, Jean-François Ganevat, Vin de Table : sélection de Grains Nobles de Savagnin récoltés en décembre 2002. Les millésimes récents ont été réalisés en assemblage avec des vieux cépages oubliés et ne sont donc plus un vin de pur savagnin. Une bouteille collector, un liquoreux ultra-concentré réservé aux gourmands, qui sait préserver son petit coin de fraîcheur. Exceptionnel!

     

    Savagnins avec bulles

     

    -      Ça va bien, Philippe Bornard : pétillant naturel à base de savagnin, des bulles acidulées pour se refaire le palais. Festif, sur des notes de pomme et d'épices, avec un côté très rafraichissant. Ben oui, après ça, ça va bien.

     

     

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    Voilà pour un aperçu volontairement sélectif, mais que j'espère représentatif des potentialités et de la valeur du Savagnin, un cépage à découvrir sans restriction ni modération.

    Un grand merci aux vignerons sollicités, qui ont tous répondu présent avec générosité, ainsi qu'à Laurent Probst, de Vins-confédérés pour sa contribution courageuse autant que désintéressée, et au CIVJ, pour avoir gracieusement fourni toute une documentation à l'intention des participants. Quelques bouteilles proviennent également de ma cave personnelle, soit parce qu'elles étaient épuisées au domaine, soit parce que je n'ai pas eu la possibilité matérielle de passer récupérer auprès des vignerons les échantillons promis.

     

     

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    Crédit photo: Escapades

    Olif

     

  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, préambule

    Lorsque Philippe RAPITEAU, the Pipette man, m'a demandé d'animer la première journée, consacrée au Jura, lors des 7èmes REncontres VEndéennes autour du VIN, à Saint-Jean de Monts, j'ai dit oui. Comme ça, bêtement, sans réfléchir. Mais qu'allions-nous bien pouvoir faire goûter à tous ces Revevineurs vendéens, à part du vin du Jura? L'idée de départ de cette dégustation vient en fait d'une réminiscence d'un ancien article de la revue belge In Vino Veritas, écrit par Marc Vanhellemont et intitulé déjà « Le savagnin dans tous ses états ».  Je lui ai piqué son concept et son titre sans vergogne, mais avec son assentiment. Merci à lui.

     

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    Le savagnin, cépage typiquement jurassien, fait partie des grands incompris. Il n'y a qu'à voir le geste de dédain du soi-disant amateur lorsqu'on lui tend un verre. « Pouah ! » fait-il avec une moue de dédain (« est-ce que j'ai une gueule à aimer la noix ? »). Preuve d'une totale et abyssale méconnaissance du vin et du cépage qui, s'il sert bien à élaborer le Vin jaune, ne possède aucune note variétale de noix ou de curry. Non, le jus du savagnin fleure bon les agrumes, le citron, l'ananas parfois, la mangue. Ses arômes de noix, d'épices, de curry, il les acquiert éventuellement avec l'âge, selon son mode de vinification, avec ou sans ouillage. Sa remarquable structure acide lui permet de rivaliser sans problème avec le chenin angevin ou le riesling alsacien et d'élaborer tous types de vins, du plus sec au plus liquoreux, en passant par le vin de voile ou encore le surmaturé sec.

    Vieux de la vieille dans le Jura, il est pourtant probable qu'il vienne d'ailleurs. Peut-être même bien d'Allemagne, du temps où la Franche-Comté appartenait au grand Empire germanique. Cultivé également à Tramin, au nord de l'Italie, il en a rapporté son nom de « traminer ».

    D'un point de vue ampélographique, il se reconnaît à ses feuilles aux lobes arrondis et à ses grappes petites et compactes aux grains oblongs. Et puis, il y a sa couleur. Ou plutôt ses couleurs, qui correspondent à différentes variétés parfois très proches : blanc, jaune, rose, vert ou gros vert, des variétés totalement martiennes. Le savagnin se complait sur les marnes du Lias, bleues, grises ou blanches, parfois schisteuses (marnes feuilletées). Son rendement maximum oscille entre 30 et 45 hl/ha.

     

     

    Traditionnellement vinifié de manière oxydative, sans ouillage des barriques, il donne naissance au Vin jaune, le fleuron de la viticulture jurassienne. Abhorré ou adulé, ce Vin jaune trouve à Château Chalon son terroir d'exception que certains voudraient élever au rang de Grand cru. Lorsque le voile peine à se développer, et pour répondre à une demande locale très forte sur ces arômes oxydatifs soi-disant typés, le Savagnin finit en bouteille sans parvenir au statut de Jaune. Il donne alors un simple vin blanc, loin d'être inintéressant, pourtant. Faut y goûter !

    Phénomène de mode actuel, mais utilisé par certains de longue date, l'ouillage des pièces de savagnin donne naissance à un vin totalement différent, non dénué de profondeur, qui exprime le fruit du raisin sur une trame profonde et une grande colonne vertébrale acide. L'ouillage long est un élevage particulier qui donne naissance à des vins à la dimension exceptionnelle, dans un registre différent de celui du Vin jaune.

    Cépage tardif à grande acidité, le Savagnin se prête fort bien à la surmaturité et à la vendange tardive, y compris la sélection de grains nobles. La grande concentration lui sied même à merveille.

     

    Toutes ces facettes, et même encore d'autres, ont été découvertes au fil de la dégustation organisée à Saint-Jean de Monts, dans le cadre des REVEVIN 2010. Un panorama volontairement sélectif et limité à une certaine forme d'excellence, en espérant qu'elle ait été au rendez-vous.

     

     

    Vins et commentaires personnels à suivre, mais le grand escapadeur a déjà frappé...

     

    Olif

     

     

     

     

     

     

     

     

  • RE-VE-VIN 2009 : le domaine des Sablonnettes

     

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    "Y'a tout à l'heure

    15 jours de malheur

    Mon vieux Layon

    Qu'on est parti

    Du paradis

    De l'accord...

    euh...

    ... dayon..?"

     

    Hmmm!...

    Ainsi aurait pu chanter le Grand Georges, s'il avait eu la chance de connaitre les nouvelles heures de gloire de l'appellation angevine. "Le Layon, ça ruine et ça déruine!" a dit en substance son père à Joël Ménard lorsqu'il a décidé de poursuivre l'aventure viticole du côté de Rablay, sur les rives du Layon, délicieuse rivière angevine réputée pour son brouillard automnal autant que matinal, générateur de botrytis noble sur des grains de chenin qui n'attendent plus que cela pour rôtir doucettement la journée au soleil. Le Layon, ça ruine, lorsque l'on produit, comme dans les années 80, en grandes quantités, et que l'on vend difficilement, même à bas prix, des vins surchaptalisés au Beghin Say, et pourtant impropres à sucrer le moindre café. Ça déruine, lorsque l'on sait faire preuve de discernement, que l'on vinifie intelligemment, de préférence en bio, sans chaptaliser, en diversifiant sa production, rouges, blancs, moelleux et liquoreux, tout en insistant sur la qualité du raisin, donc inévitablement sur celle du vin à l'arrivée.

     

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    Vignerons engagés, militants du bio, du bon, de la qualité, adhérents de la première heure au groupe Sapros, groupe actuellement en sommeil mais à l'initiative du véritable renouveau qualitatif des vins liquoreux, Christine et Joël Ménard, du domaine des Sablonnettes, sont des vignerons attachants, fiers de leurs convictions. Et brillants! A la tête d'un domaine de 12,5 ha, dont 9 sont consacrés au chenin, ils ont su le pérenniser en restant tout en haut de la hiérarchie viticole angevine.

     

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    Lorsque Philippe Rapiteau leur a proposé une Carte Blanche, à l'occasion de ces 6èmes RE-VE-VIN, ils l'ont pris au mot. Et n'ont amené que du blanc avec eux. Ça tombe bien, c'est ce qu'on souhaitait. Et beaucoup de sucres, aussi, puisque la thématique du dimanche matin est plutôt réservée aux liquoreux. On a été gâtés, après une petite mise en bouche par deux superbes blancs secs.

     

    1. Le P'tit blanc 2008, vin de table: nez mature, fruité, avec une touche de fleurs blanches. Bouche fraiche, droite et fruitée. Joli! ***

     

    2. Anjou Le Clos des Saules 2007: la robe dore légèrement, le nez est fait de miel et d'épices, avec des notes d'herbes sèches. La bouche est riche, dotée d'une grande acidité. Elle possède tension, droiture et richesse sur une finale épicée. Superbe! ****

     

    3. Coteaux du Layon Fleur d'érable 2008: robe plutôt pâle, nez sur la poire, bouche fraiche et acidulée, type bonbon au fruit, équilibre frais et moelleux. 70g de sucres résiduels. ***

     

    4. Coteaux du Layon Vieilles vignes 2008: nez fruité primaire avec une petite note minérale carbonifère, graphite. Bouche nette,  acidulée et fraiche, grande finesse des sucres (90 g). ***(*)

     

    5. Le Fruit défendu 2008, vin de table: robe légèrement dorée, nez sur la poire William, belle rondeur fruitée en bouche, grande onctuosité de la liqueur, riche, mais avec une grande acidité porteuse. Finale nette, laissant la bouche fraiche. Il s'agit de sauvignon botrytisé, ce qui ne lui donne pas droit à l'appellation Layon, évidemment. ****

     

    6. Coteaux du Layon La Bohème 2005: robe dorée, nez sur le bonbon au miel, l'abricot, le graphite et la mine de crayon. Onctueux et riche en bouche, on sent la grande concentration induite par le millésime solaire. Du coup, la finale est un peu sucrée, moins fondue et nerveuse que sur les vins précédents, même si, d'après Joël Ménard, il semble réamorcer une certaine vivacité. Demande probablement encore du temps. ***

     

    7. Coteaux du Layon Les Erables 2007: robe dorée, nez rôti, très botrytis, bouche exceptionnelle, sur l'ananas, les fruits exotiques, superbement acidulée avec beaucoup de persistance. 180 g de SR. *****

     

    8. Coteaux du Layon Le Vilain Canard 2005: une parcelle qui sera définitivement déclassée dans quelques années parce que jugée insuffisamment qualitative pour l'appellation. Avant son chant du cygne, elle produit toujours un très beau vilain petit canard, riche et confit qui, en ce millésime 2005, manque un peu de fraicheur en finale, terminant plutôt sur des notes de caramel au lait. 240 g de SR. ***

     

    9. Coteaux du Layon Quintessence d'érable 1997: THE millésime ligérien de la précédente décennie, dont nous aurons goûté pas mal de spécimens à l'occasion des RE-VE-VIN au fil des années. La robe est ambrée. Le nez, superbe, décline l'abricot confit, des notes rôties de botrytis et d'autres, plus tourbées, façon Islay. La bouche est grandiose, magnifique, d'une grande longueur, avec une acidité remarquable faisant exploser de joie les papilles. 240 g de SR. Pour le coup, ça vaut bien une sixième étoile! ******

     

    10. Coteaux du Layon PMG 1997: 97, année de tous les possibles, ayant donné naissance à des cuvées hors normes, dont certaines, en quantité infimes, n'ont jamais été commercialisées, réservées au gargamel du vigneron. Pour sa gueule, quoi! 32° naturels potentiels! La robe a des airs de vieux Cognac. Il faut dire que, depuis la veille au soir, on est devenu spécialistes, sous le patio du Chai Carlina. Nez sur les fruits secs, le menthol, l'abricot, la datte séchée. La bouche est onctueuse, mais fraiche, sur une finale saline. Un vin de méditation, à réserver aux moments d'exception, ou alors à prendre comme un dessert, pour lui-même. "Le dessert est dans le vin", d'après Joël Ménard. Et même pas besoin de cuiller! 380 g de SR. *****

     

    11. Murmures 2005: derrière ça, la logique eut voulu que l'on s'arrête, parce que pas grand chose ne pourrait supporter le choc. Sauf un vin oxydatif, peut-être? Pas du vrai Jaune, celui de mes congénères jurassiens, mais un Chenin élevé en vidange pendant 3 ans. Le nez est légèrement marqué éthanal, d'abord sur la croûte de vieux fromages, puis sur la noix verte et la pomme. En bouche, le caractère oxydatif est bien marqué, avec du fond, une relative finesse. Dans le genre "space", plutôt une belle réussite que je vois bien supporter la comparaison avec nombre de savagnins oxydatifs du Jura. A tester dans une dégustation à l'aveugle? Une curiosité sympa et originale! ***

     

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    Jamais à court, Philippe Gallard, le virevoltant patron du Chai, nous sort derechef le même, en millésime 2002, ouvert depuis plusieurs jours, voire semaines, et destiné à finir ses jours en cuisine. Une idée judicieuse (celle de lui faire terminer sa carrière dans une sauce), car, effectivement, le vin est passé, véritablement oxydé en bouteille. Il fallait oser nous le proposer! Sacré Philippe, qui ne recule devant rien! Gardons donc en bouche le souvenir de ce délicieux murmure angevin précédent (le 2005) et, surtout, de tous ces admirables vins du domaine des Sablonnettes qui contribuent à faire du Layon une des plus grandes régions françaises productrice de vins liquoreux!

     

    La Carte blanche à Christine et Joël Ménard vue par d'autres Revevineurs ici ou .

     

    Olif

     

     

  • RE-VE-VIN 2009 : cigares, Cognac et p'tites pépées

     

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    Soirée de gala de ces 6èmes RE-VE-VIN, ce repas du samedi soir fut comme un pont jeté entre la Bourgogne et les Charentes. L'occasion rêvée de faire découvrir à des amateurs insatiables, entre pléthore de vins de Bourgogne, les secrets d'alcôve de l'élaboration des grands Cognacs. Situé au cœur de la Grande Champagne, celle qui ne fait pas de bulles, le domaine Jean Fillioux est l'une des dernières maisons familiales de Cognac à maintenir la tradition, face aux grands trusts Hennessy, Martell ou Remy Martin, pour ne pas les citer. Pascal et Monique Fillioux ne produisent pas encore du Cognac "bio", mais le vin qu'ils utilisent pour distiller leur eau-de-vie s'en approche beaucoup. Travail des sols, labours, engrais naturels, pour tirer le meilleur de l'Ugni blanc, cépage majoritaire dans la région. Car le Cognac, finalement, c'est du vin qui est distillé. Et la distillation extrait les bons arômes comme les mauvais. Plus le vin est bon, meilleur le Cognac sera. C'est la première leçon qu'il fallait retenir de la rapide présentation que nous a faite Pascal Fillioux.

    La deuxième, c'est que le producteur de Cognac passe beaucoup de temps en cave, plus qu'à la vigne, les alcools étant destinés à vieillir très longtemps en fûts avant d'être assemblés, et que l'organe essentiel de son art est son nez. Pas question d'avoir les deux pieds dans la même charentaise ou les doigts dans le nez pour faire un bon alcool: sélection des arômes en fonction du type de produit choisi, assemblage des fûts et  reproductibilité, là réside toute la difficulté de la chose. Et Pascal Fillioux est particulièrement brillant dans cet exercice. Si la veille, Sébastien David nous a gratifié du Vin d'une oreille, Mr Fillioux aurait largement pu nous proposer le Cognac d'une narine.

     

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    La troisième leçon, c'est Monique Fillioux qui nous l'a donnée. Situé sur un segment de marché difficile, du fait des nauséabonds relents prohibitionnistes ambiants, le Cognac s'exporte à plus de 90%. Positionné en outre sur un certain marché du luxe, il doit savoir se vendre. Design, packaging, marketing, communication, en dehors de la qualité intrinsèque du produit, il faut séduire aussi bien la femme d'affaires américaine que le nouveau riche russe, tout comme l'homme d'affaires hongkongais. Et Monique ne manque pas d'idées. La cuvée Star Gourmet, initialement créée à l'occasion du passage à l'an 2000, c'est elle. Elle a su convaincre son mari de lui crééer le Cognac dont elle avait envie, pour répondre à la demande face à ce type d'événement.

     

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    L'ultime leçon, elle vient également de Monique Fillioux, par ailleurs auteure d'un livre de ses propres recettes. C'est que le Cognac sait se tenir à table, de l'apéritif à l'after. De la cuvée La Pouyade, en cocktail apéritif Summit (si tu es majeur, ami lecteur, clique sur submit!) ou en accompagnement d'une tartine de saumon fumé aromatisé aux herbes, au Cigar Club avec un petit module de Partagas, en passant par le Star Gourmet avec un dessert au chocolat spécialement étudié pour lui.

     

    Et alors, même les p'tites pépées se sont mises à fumer...

     

     

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    C'était en léger différé de Saint-Jean de Monts, à vous les studios, à vous Cognacq-Jay, même si vous n'en n'avez pas!

     

    Olif

     

    P.S.: la plupart des photos de ce billet sont dues à l'amabilité du Chtibb et de Valérie. Merci à eux!

     

  • RE-VE-VIN 2009 : Chantal Lescure, Côte de Beaune, Côte de Nuits

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    Quand Philippe Rapiteau a sollicité François Chavériat pour une dégustation des vins du domaine Chantal Lescure lors des RE-VE-VIN, sixièmes du nom, celui-ci a immédiatement répondu oui. Puis quasiment instantanément, il a dit Nô! Non pas qu'il soit bilingue de façon inconsciente et circonflexe, mais il s'est souvenu qu'il avait théâtre au Pays du Soleil Levant à cétte période de l'année. Oui, mais non, ce qui nous a valu d'effectuer une superbe dégustation de vins de Bourgogne du côté de Saint-Jean de Monts, malheureusement sans sa présence qui nous aurait enchantés autant qu'éclairés Surtout lorsqu'il s'agissait de faire face aux gentils sarcasmes d'une population bretonnante, pro syrah-grenache, ou encore picardo-tourangelle pour certain et alors adoratrice du Cabernet. Des réticents à la Bourgogne, qui n'ont guère mis plus de trois vins à être convaincus de l'absence irrémédiable de notes de poivron à la dégustation autant que de de la noblesse du Pinot noir sur ses terroirs de prédilection.
     
    Une dégustation résolument jouissive, qui, en outre, eût l'intérêt pour moi de me replonger dans mes notes de janvier 2008, lorsque j'ai goûté pour la première fois les vins du millésime 2007 au domaine. Avec quelques surprises à la clé!
     
    Pour cette session, les vins ne sont pas dégustés à l'aveugle. Le fil conducteur choisi fut de faire une comparative de chaque cru sur deux millésimes présélectionnés, dans l'optique de mettre en évidence une composante terroir. Pas facile, à partir du moment où il s'agissait pour l'un d'entre eux de 2003.
     
    1. Volnay Les Famines 2003: robe rubis soutenu, nez très mûr, fruits noirs, cassis, tanins déjà polis, lissés, solide charpente, pas de déficit d'acidité, finale accrocheuse, mais un peu chaude. Un vin à grosse maturité, probablement un peu trop, reflet attendu du millésime.  **
     
     
    2. Volnay Les Famines 2007: robe d'un beau rubis, à reflets brillants. Boisé très fin au nez, venant élégamment souligner les notes fruitées de framboise qui explosent dans le fond de verre. La structure est élancée et fine, possédant beaucoup de fraicheur. Jolie matière fruitée. ***
     
    3. Beaune 1er cru Les Chouacheux 2003: robe rubis soutenu, nez minéral avec des notes de fruits rouges, de grenadine. Bouche nette et fraiche, fruitée, poivrée et minérale. Bel équilibre jusque dans la finale qui reste fraiche. ***
     
    4. Beaune 1er cru Les Chouacheux 2007: retour vers le rubis. Nez précis, net, floral, très joli. Belle structure tannique en bouche, alliant finesse et élégance. Finale très épicée. Un beau vin pour dans quelque temps. ****
     
    5. Pommard Les Vaumuriens 2003: nez intense et complexe, fruité, minéral (graphite), épicé. Attaque fraiche, suave, tanins bien enrobés, un peu chauds en milieu de bouche, mais la finale se fait dans un bain de jouvence rafraichissant. Le millésime comme transcendé, sur ce terroir froid, exposé Nord-Est. ****
     
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    6. Pommard Les Vaumuriens 2007: nez frais et fruité, toujours ce petit côté grenadine, prépondérant en 2007. Attaque relativement souple, suavité des tanins, enrobés et frais. Déjà tellement bon à boire... ***(*)
     
    7. Pommard 1er Cru Les Bertins 2003: nez sur la griotte et les épices, bouche ronde et fraiche, belle finale, toujours dans la fraicheur. Terroir argileux, pourtant exposé Sud, une très belle réussite pour le millésime. ****
     
    8. Pommard 1er Cru Les Bertins 2007: du fruit acidulé, tendance grenadine, toujours et puis des tanins veloutés et frais en avant, avec une longue finale persistante, sans agressivité. ****
     
    9. Nuits-Saint-Georges Les Damodes 2003: nez un peu compoté, discret, une pointe de minéral. Les tanins sont civilisés en attaque mais se durcissent sur la finale, avec une pointe d'astringence. Un vin un peu dur. A titre indicatif, ces Damodes-là sont situés en amont de la route, donc non classés en premier cru. **
     
    10. Nuits-Saint-Georges Les Damodes 2007: nez poivré et fumé, superbe, fin, élégant. Belle matière en bouche, fraiche, acidulée, mais pourtant volumineuse. Très beau vin à attendre. ***(*)
     
    11. Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Vallerots 2003: terroir méconnu, situé dans une combe froide, ces Vallerots m'enchantent à chaque fois que j'y goûte! Y compris dans ce millésime 2003. Le nez est très mûr, légèrement évolué, à peine terreux. Ça pinote pour de bon! Une bouche à maturité parfaite, fondue, harmonieuse, sans aspérité, qui se prolonge par une finale remplie de fraicheur. Parfait! *****
     
    12. Nuits-Saint-Georges 1er Cru Les Vallerots 2007: légèrement boisé, sur de belles notes de fruits rouges, ce 2007 possède une bouche élancée, étirée, très minérale. Grande acidité, rendant la finale à peine astringente, mais une belle longueur prometteuse, lorsque les tanins se seront un peu patinés. ***(*)
     
    13. Chambolle-Musigny Les Mombies 2007: cette bouteille, ainsi que la dernière, sont dégustées à l'aveugle, millésime 2007 annoncé. Le nez est superbe, net, droit et précis. Le grain du vin est très fin, serré, dense. Des tanins d'une exquise fraicheur, denses et profonds. Ce vin se goûte merveilleusement. Connaissant la carte du domaine, je pars sur Clos Vougeot. Perdu! Et dire que ces Mombies ne se goûtaient pas bien du tout juste après la mise...!!?? Magie et mystères du vin! *****
     
    14. Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 2007: premier nez à peine boisé, fruits frais, grenadine, vanille. Bouche acidulée, soyeuse, aux tanins frais et fins. Long et à attendre. ****(*)
     
    Une nouvelle fois conquis par la gamme du domaine Chantal Lescure, c'est une évidence! La Bourgogne dans ce qu'elle a de meilleur, comme je l'aime.
     
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    Olif
     
    P.S.: un aperçu bretonnant de cette dégustation ici.
     
     

  • RE-VE-VIN 2009 : Sébastien David, vigneron d'une oreille

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    "Au bout de 40 vins, ça tapisse un peu!" a-t-il lâché au décours du repas-dégustation-marathon qui a suivi la présentation des vins de son domaine.
     
    Cette maxime de Sébastien David, vigneron iconoclaste de Saint-Nicolas de Bourgueil, n'est pas tombée dans le vin d'une oreille d'un sourd.  Et je ne pouvais pas manquer de la reprendre à mon compte. Vigneron d'une oreille, attaché au Patrimoine de l'autre, Hurluberlu par certain côtés et blogueur à ses heures, Sébastien David n'a pas les deux pieds dans la même tong lorsqu'il s'agit de travailler. Et ce d'autant qu'il est salarié à mi-temps au domaine familial à Saint-Nicolas, ce qui lui permet en fait de donner libre cours à son inspiration échevelée concernant sa propre production.
     
    Patrimoine SD, c'est un concept de longue haleine. 12 bouteilles pour douze millésimes. Toutes différentes, le contenant comme le contenu. Débutée en 1999, la collection s'achèvera avec le millésime 2010 et sera commercialisée en intégrale dans une caisse bois qui ne sera pas facile à ranger dans la cave, mais qu'il sera avisé de posséder!
     
    Si Sébastien a parfois des airs d'Hurluberlu, sa mémoire ne lui joue aucun tour et il se rappelle très bien s'être fait taillé le vin d'une oreille  en pointe lors d'une séance Off-Loire des précédentes rencontres vendéennes. Il n'est pire sourd que celui qui ne veut point entendre le vin d'une oreille, c'est donc avec un plaisir non dissimulé que nous effectuerons une dégustation quasi-intégrale de sa production sous le patio du Chai Carlina.
     
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    On commence en douceur, avec une réjouissante trilogie d'Hurluberlus, du Cabernet franc en macération carbonique, du vin de soif, idéal pour se préparer les papilles.
     
    - l'hurluberlu 2008: robe colorée, nez épicé, fruité, avec une pointe de végétal pour le croquant en bouche, une belle acidité et de la fraicheur.****
     
    - l'hurluberlu 2007: très joli nez fruité, une pointe de gaz, tanins harmonisés et fondus, une belle fluidité en bouche, malgré la concentration, et une grande fraicheur finale. Très bon!***
     
    - l'hurluberlu 2006: nez superbe, de plus en plus complexe et harmonieux, très fin. Un vin que l'on a envie de boire, avec des tanins suaves et patinés, mais qui ne se départit pas de sa fraicheur tonique. Un régal!****
     
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    On enchaine par une superbe verticale collector: ATRIMOINE. Ou plus exactement ENIOMIRTA, par ordre décroissant des millésimes. Premium laissée en cave, car en voie d'épuisement, les exemplaires restants étant réservés pour le coffret collector. S 2009 et D 2010 pas encore vendangés, ont été excusés. N 2007 et E 2008 prélevés sur fût et n'étant pas encore officiellement baptisés, ils seront appelés par leurs noms de code.
     
    - E 2008: nez très épicé, bouche dense, serrée, aux tanins juteux. Très beau!****
     
    - N 2007: nez légèrement boisé, mais très fin. Bouche suave, aux tanins enrobés, support d'une belle acidité remplie de fraicheur. Belle longueur et encore une fois un très beau vin.****
     
    - IN VIVO 2006: mise en bouteille fin novembre 2008, le point final d'une année particulièrement difficile et à faible rendement (17-20 hl/ha). Du vin, il y en a dans cette bouteille, avec un nez très fruité, cassis et fruits noirs. Bouche dense aux tanins serrés, avec une pointe d'amertume finale. Il faut la laisser se fondre.**(*)
     
    - Orion 2005: un millésime trop facile à faire, puisque le vigneron n'avait rien à faire! Avec le recul, on ne s'en plaindra néanmoins pas. Le nez est très ouvert, un peu bordelais, sur la boite à cigares. Belle matière fondue, au grain fin, texture patinée, gardant beaucoup de fraicheur.****
     
    - Mi-Chemin 2004: le concept Patrimoine parvenu à la moitié, d'où le nom de la cuvée. Un vin très cabernet, archétypique de Saint-Nicolas parait-il, au nez terreux, sur le poivron bien mûr, avec un rien de végétal. La bouche poivronne aussi légèrement, les tanins sont bien en place, avec une bonne accroche finale. Un vin rustique au sens noble!***
     
    - Idylle 2003: l'année du mariage, avant celle de la canicule. Nez torréfié, très bordelais. Une bouche tanique fraiche, du début à la fin. Le millésime a été bien maitrisé.***
     
    - Razines 2002: les razines, ce sont les traces laissées sur le sol par les charrues et, de fait, ce vin est assez terrien. Sans trace d'évolution notable, toutefois. La bouche est patinée, possédant une belle fluidité.***
     
    - Thyrse 2001: un symbole antique en forme de cep de vigne et une bouteille défectueuse. Notes de champignon au nez et bouche déstructurée. Une altération probable due au bouchon, qui s'est amplifiée après carafage. Thyrse for fears, ou la bouteille de la peur! Shout! Shout!
     
    - Ancestrale 2000: nez sur le cassis, avec des notes d'évolution, presque tertiaires. Relative souplesse en bouche avec une finale végétale. Un vin déjà évolué.**
     
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    Crédit photo PhR pour La Pipette
     
     
    On y arrive, à cet autre concept pas banal qui m'a mis la puce au vin d'une oreille. Parti de la volonté de refaire un Saint-Nicolas à l'ancienne, un vin à la grande ossature, destiné à un long vieillissement. Pas une véritable recherche d'extraction, mais plutôt une infusion lente par pigeage doux aux pieds, en tapotant le chapeau pour faire remonter gentiment le jus. Elevage long avec zéro soufre, cette cuvée n'est produite que lorsque le millésime et les conditions d'élevage le permettent. 2008 en prend bien le chemin. Un vin qui nécessite une grande écoute et un feeling du diable.
     
    Nous ne goûterons qu'aux millésimes plus anciens, les trois élaborés jusqu'à présent:
     
    - Vin d'une oreille 2005: nez plutôt boisé, charge tannique imposante en bouche, grosse mâche finale, structure dense et serrée.***
     
    - Vin d'une oreille 2004: nez un peu végétal, bouche compacte et massive, très tannique en finale.**(*)
     
    - Vin d'une oreille 2002: il possède une relative fraicheur et un caractère acidulé qui le rendent plus accessible que les précédents, plus harmonieux aussi.***
     
    J'ai été tout ouïe lors de cette superbe dégustation, évitant que ce qui est rentré par le vin d'une oreille ne ressorte par l'autre. Cette cuvée d'une oreille hors normes demande du temps, il faut lui en donner. Pour l'instant, comparée à l'hurluberlu, elle me fait un peu l'impression d'être l'incroyable Hulk avec une oreille d'O'Hara! Un vrai rival de Painful Gulch! Mais je n'ai toujours pas dit mon dernier mot et je persévérerai dans la dégustation de cette cuvée: ventre affamé n'a point de vin d'une oreille!
     
     
     
    Olif
     
    P.S.: Une autre vision de cette dégustation ici et .
     
    P.S.2: Sébastien David sera au Off-Vignerons blogueurs de Vinexpo le 22 juin. A ne manquer sous aucun prétexte pour tous ceux qui se trouveront dans le Bordelais à ce moment-là.
     
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