Dans ses vignes...
Dans les vignes, Catherine Bernard y a passé du temps et elle en passe encore. Elle en a même fait un livre. C'est à la Carbonnelle qu'elle a commencé à aller au charbon, en 2005, quand elle a plaqué le journalisme, après mûre réflexion, pour faire du vin. Ancienne correspondante de Libé dans le Sud de la France, basée à Montpellier, elle s'est lancée dans une formation viti-œno. Un retour à la terre, en quelque sorte. Fille du muscadet, elle avait envie de blanc. Compliqué, dans le Sud. Surtout dans ce coin-là. Alors elle fait du rouge. Et du rosé, aussi, un peu. Quand on arrive de Saint-Drézéry, il faut déjà emprunter le "boulevard de la chimie", une vaste allée qui traverse des vignes sous perfusion, plantées sur des sols qu'il faut parfois étayer avec des parpaings pour lutter contre l'érosion, avant d'arriver au lieu-dit la Carbonnelle.
La Carbonnelle, c'est un peu plus de 3 hectares d'un seul tenant, plantés de mourvèdre et de grenache. Du grenache? Du Marselan, plutôt, ce qui n'était pas initialement écrit sur l'acte de vente. Issu d'un croisement entre grenache noir et cabernet sauvignon, il s'est avéré finalement être une chance pour l'ex néo-vigneronne, car il apporte une acidité et une fraîcheur dans ses vins, ce qui lui plaît plutôt bien. Bosseuse acharnée, elle a remplacé pendant des années le jogging matinal par du "pioching". 1h30 tous les jours, pour faire revivre ses sols grâce à une conversion en bio. Pour le travail du sol, elle pratique désormais l'entraide avec un collègue, qui s'en charge pour elle, tandis qu'elle s'occupe de traiter ses vignes à lui.
Depuis, quelques parcelles de cinsault sont venues étoffer le "domaine". Et des nouvelles plantations sont en cours. Notamment du terret bourret. Du blanc, un vrai du Sud, qui n'a pas chopé le melon. Un raisin apte à étancher la soif de Catherine! Et, enfin, des haies d'arbres fruitiers vont venir séparer toutes ses plantations de celles des voisins, qui, comparativement aux siennes, font un peu peine à voir.
Vigneronne "sans cave fixe", depuis son installation en 2005, elle va enfin s'établir, pour préparer l'avenir et la relève qui va bientôt arriver, et faire construire sa propre cave, à proximité de ses vignes. Parce qu'il en faut bien une, de cave, même si elle avoue ne pas y faire grand chose. Un minimum quand même, pour arriver à commercialiser quelques milliers de bouteilles d'un exquis vin de pays de l'Hérault, auquel il faut aussi ajouter un Rosé de table et un Vin de table rouge, aussi vite bus que produits.
Dans la cuisine, elle s'y plaît plutôt bien, travaillant tous les restes de la vigne, à accompagner d'un verre de vin. Recettes de (s)a vigne, comme la morue en raïto, plat typiquement provençal à boire avec un Bandol rouge (mais pas n'importe lequel!) ou, pourquoi pas?, un Arbois rosé à prononcer à l'espagnol (José).
Olif