- "Et qu'est-ce qui vous a donc amené à Jonquières?" s'enquit la petite dame dijonnaise venue
se ressourcer dans son pays natal et prendre, entre autres, des nouvelles de la famille.
- "Le vin, Madame! Le vin!"
Eh! oui, c'est qu'on en ferait, des kilomètres, pour partir à la découverte de la France des vignobles. Sans non plus être sectaire, car la soif de nouveaux paysages nous pousse volontiers sur sur le littoral breton lors de la grande transhumance estivale. Bière, cidre et chouchen sont alors notre boisson quotidienne, mais pas exclusivement, évidemment, faudrait voir à ne pas exagérer non plus! Cette parenthèse printanière fut donc languedocienne. Direction le haut Hérault.
Jonquières, très précisément, là où le quidam peut mener un semblant de
vie de château l'espace d'une escapade. Virée vinique, c'est le printemps, certes, mais de façon non unique, c'est le printemps. Randonnique également. Forcément, c'est le printemps. Entre
une visite au Mas Jullien et
un tour de vignes sur la colline de Lisson.
1er mai, 9 heures 30. Déjà la foule dans le Désert, qui se ruant pour prier Guilhelm, qui courant composter le billet pour Saint-Jacques. "
Ultreïa!", camarades pélerins, notre parcours suivant un temps celui de la confrérie de la coquille. "
Ultreïa!" Quel cirque, cet
Infernet! Pas la moindre connexion avec les gens de la terre, si ce n'est un pélerin ou un pékin égaré. Paysages à couper le souffle, ascension à couper le souffle également, tandis que le mistral, lui, par contre, se met à souffler. Le ciel se dégage, le soleil pointe son nez, mais la garrigue est encore humide de ce printemps arrosé. Les asphodèles sont en fleur, fugace ravissement printanier, dont il faut se hâter de profiter.
"Je suis hélas fou d'elle
Délicate asphodèle
Délètère éternité
D'un hiver et d'un été
Passé loin d'elle
Ma blanche Adèle
Terrestre asphodèle
À défaut d'ailes"
C'est beau comme du Rimbaud, ça a l'air d'être du Baudelaire, mais ce n'est que de l'Olif, désolé! La Nature inspire autant le poète que le blogueur!
L'asphodèle, quant à elle, ne fut pas la seule fleur qui s'est offerte durant le séjour. Le Mimosa tint également une fort jolie place.
Tout d'abord en
Terrasse, sous l'horloge de
Montpeyroux. Sympathique bistrot-bar à vins, la
Terrasse du Mimosa est le successeur du restaurant de l'Horloge. On y mange une cuisine simple et goûteuse, agrémentée des plus beaux vins du secteur, dont un choix appréciable servi au verre. Le must ce soir-là: le
Grand Pas de l'Escalette 2006, superbe!
Et puis, ce fut la maison-mère: Le
Mimosa à
Saint-Guiraud, aux accents plus gastronomiques. Menu capricieux, présenté oralement avant le repas, service au verre capricieux également, fonction de ce que
Bridget et David Pugh auront retenu pour accompagner le menu. Capricieux, mais classieux, puisque, ce soir-là, nous auront droit à un très beau vin de table blanc d'
Aupilhac, une aromatique cuvée
Sarments 2007 de l'Aiguelière, assemblage de sauvignon et viognier, un impeccable et droit
Mas Jullien blanc 2006, un superbe
Pic-Saint-Loup Clos Marie Cuvée Simon 2004, un époustouflant
Clos des Cistes 2002 de
Marlène Soria et pour finir, une originale
Clairette Rancio du domaine de
Clovallon. Menu en images:
On ne pouvait pas quitter Jonquières sans goûter à la production de nos hôtes châtelains, Isabelle et François de Cabissole, car les vins du Château de Jonquières ne sont pas non plus des aristocrates inaccessibles. D'abord en apéritif sur la terrasse, avec un joli rosé 2006, frais et fruité, légèrement épicé. Puis, de façon plus exhaustive en compagnie des co-locataires d'un week-end: à retenir, un joli blanc 2007, très floral, une cuvée Domaine 2007 aux tanins souples et une cuvée La Baronnie 2006, encore à peine marquée par le bois, mais de belle constitution. A signaler également, une originale Risée de Blanc 2003, du chenin surmaturé élevé en mode oxydatif pendant plus de 5 ans en barrique. Troublant!
Jonquières, idéale destination pour boire du vin à la source. Une bien agréable façon de se ressourcer, quoi!
Olif