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pierre overnoy

  • Les bonnes feuilles de l'automne

    Suite de ce petit panorama automnal de la littérature vinique, qui n'en finit pas de tomber comme les feuilles mortes que l'on ramasse maintenant à la souffleuse, ce qui fait un boucan d'enfer et rend la chanson de Prévert beaucoup moins poétique. Deux d'entre eux sont déjà dans les bacs, tandis que deux autres sont encore accrochés aux branches de leurs éditeurs respectifs, même s'ils ne devraient plus tarder à se décrocher et virevolter de leurs propres ailes.

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  • Sous les pavés, Pierre Overnoy. Profond...

    Le De profundis tour bat son plein, les dates s'enchaînant au rythme d'une tournée d'adieux de notre Johnny national, qui pourrait bientôt être définitivement rattrapé par le Grand Percepteur du Styx, à défaut du stade de France.

    Après un passage parisien aux Papilles, suivi du Carreau du temple, le temps fort de la tournée s'est déroulé in situ, à domicile, en compagnie du Maître Yoda des vins naturels, qui m'a fait l'amitié d'une translation en hauteur, de Pupillin à Pontarlier, pour une rencontre aussi exceptionnelle que tranquille à l'Intranquille-Mirabeau.

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  • Tranche de vin

    Au moment où les réseaux sociaux s'écharpent une fois de plus au sujet du vin nature, suite à une vidéo plutôt tranchée du camarade Antonin Iommi-Amunategui, publiée sur le site de L'Obs (Tranché, c'est d'ailleurs le nom du concept, et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas tromperie sur la marchandise), dont l'objectif principal pourrait être essentiellement de réveiller certaines consciences. Ce à quoi elle est parvenue avec brio, suscitant émoi, indignation et cris d'orfraie plus ou moins justifiés (ou pas). Ceux qui pensent qu'il faut faire bouger les lignes de façon urgente ont applaudi des deux mains et des deux pieds. Beaucoup de ceux qui se sont sentis visés (et qui ne l'étaient pas forcément au départ) ont convenu qu'il fallait évidemment diminuer drastiquement, voire supprimer, les pesticides, ce qu'ils font déjà depuis longtemps d'ailleurs. Les autres se sont drapés dans leur dignité en tentant par tous les moyens de justifier des pratiques que l'on pourrait qualifier à plus ou moins long terme de "suicidaires altruistes". La généralisation et l'opposition un brin manichéenne entre vin naturel et vin conventionnel seraient-elles susceptibles de nuire au propos? Pas sûr, puisqu'elle semble marquer durablement les esprits, même si le principal intéressé s'est pris tellement de scuds dans la tronche qu'il en a été décoiffé à vie.

     

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  • Saint-Glou 2012, Jurassic good trip, Jour 3...

     

    Ploussard: cépage autochtone jurassien, vénéré à Pupillin. Appelé également Poulsard (voir Poulsard) dans d'autres coins du Jura. L'important, c'est d'en boire.

    Poulsard: cépage autochtone jurassien, vénéré dans tout le Jura sauf à Pupillin, où on lui préfère le Ploussard (voir Ploussard). L'important, c'est d'en boire.



    Maison Pierre Overnoy, Pupillin:

     

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    Pupillin, 11 heures du matin, dans l'antre de Maître Yoda, malheureusement absent pour cause de mission sanitaire. Anne et Emmanuel Houillon sont là pour nous accueillir. Dans le contrejour de la grande salle à manger de Pierre Overnoy, le ploussard 2011 (deuxième mise) resplendit dans les verres. De couleur très pelure d'oignon, ce n'en est pas pour autant un rosé, avec ses petits tanins fins, ses notes d'orange confite et d'épices. Pour Manu, il se rapproche des vins de Guy, frère de Pierre, qui s'épanouissent toujours en finesse. Il n'en subsiste que de très vieux millésimes dans la cave du domaine, goûtés de temps en temps lors de séances de dégustation organisées par Pierre.

    Aujourd'hui, malgré l'absence du maître de maison, également Maître loyal de ce genre d'exercice gustatif, la mission reste identique. Vins servis à l'aveugle, 0,8 seconde pour prendre le premier nez. Cépage, millésime, producteur et éventuellement la marque des roues du tracteur qui a transporté la vendange. Avec une question subsidiaire pour les plus pointus, la couleur des marnes où sont plantées les vignes.

     

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    0,8 seconde pour le premier nez, pas une de plus!

     

    De cette dégustation d'anthologie, vécue de façon purement hédoniste, sans aucune prise de notes, il faut forcément retenir quelques bouteilles, qui émergent à la surface de la mémoire. Comme cet énormissime vin jaune 1999, le premier à être produit depuis le mémorable 1989. Exception faite néanmoins du 93, qui, lui, ne sera jamais commercialisé. Presque 20 ans sous voile. Du jus de concentration de quintessence d'essence de jaune. Les anges se sont gavés, mais le dé à coudre qu'ils ont laissé permet d'entrevoir le caractère ultime du processus. Des notes épicées d'une infinie douceur, une rondeur suave en bouche et un alcool puissant mais fondu. On croirait boire un vieux rhum patiné par le fût et les ans. Et encore ce ploussard 91, toujours debout, dans un tout petit millésime que tous les vignerons voudraient avoir oublié, mais qui, ici, refuse de mourir. Tout au plus une petite faiblesse au nez, compensée par une bouche qui a encore de l'allant.

     

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    Avec moult terrines, puis saucisses vigneronnes, cuites au vin sur des sarments, les bouchons ont continué de sauter. En magnum de préférence, mais pas que. Anglore au foulard rouge, Clos des Vignes du Mayne, pinot noir alsacien de Bruno Schueller et même du persan de Nicolas Gonin en Balmes Dauphinoises. Avant un petit morceau de gâteau très conticinien d'Édouard Hirsinger, suivi d'une petite promenade digestive au belvédère du vignoble pour les plus courageux, les autres se contentant d'un petit tour en monte-charges à la cave.

     

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    Malgré son absence temporaire, Maître Yoda n'a jamais été bien loin de nous...

     

    Chocolaterie Hirsinger, Arbois:

    Rendez-vous avait été pris à 18 heures chez Édouard Hirsinger, Meilleur Ouvrier de France et Meilleur Chocolatier du Cosmos. On a failli être en retard. La faute aux bouchons entre Pupillin et Arbois, c'est une évidence. Quatrième génération de chocolatier, toujours dans la même maison, sur la place de la liberté en Arbois, Édouard Hirsinger poursuit le destin familial de la plus belle des manières.

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    En une grosse demi-heure, montre en main, tous les secrets de la fabrication d'un chocolat vivant nous ont été révélés. Avec, enfin, la réponse à cette angoissante question: mais comment font-ils pour réussir à mettre la ganache à l'intérieur du chocolat?

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    Et quelle est donc la clé de la réussite d'un véritable marron glacé? Le confisage maison, c'est une évidence. Lent, long et fastidieux, c'est néanmoins un savoir-faire qu'il ne faut pas perdre. À l'heure où 90% des marrons glacés sont confits industriellement, ici, tout est fait à la main, avec les meilleurs marrons du Var ou d'Ardèche, de l'épluchage jusqu'au glaçage. Un point d'honneur pour Édouard, qui accorde à juste titre une très grande valeur à la collerette bleu blanc rouge qui orne sa tunique.

    La visite de l'atelier se cloture traditionnellement par celle du musée du Chocolat, dans la cave de la maison. Là sont pieusement conservées les reliques d'un savoir-faire ancestral qu'il est désormais primordial de ne plus jamais oublier.

     

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    Restaurant Jean-Paul Jeunet, Arbois:

     

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    Impossible d'imaginer un séjour œno-gastro-touristique sans faire une halte chez Nadine et Jean-Paul Jeunet, le graal de tout gastronome affamé de Jura. Accueillis sur le perron par le grand chef en personne, le festival des saveurs peut se poursuivre en beauté. Homme de goût ouvert et cultivé, Jean-Paul Jeunet n'hésite pas à recommander un excellent brasseur belge aux Bruxellois de passage. Cantillon, pour ne pas la nommer. Ça tombe bien, ils en avaient rempli le coffre avant de venir. Ardent défenseur de l'identité du terroir, même dans les mets les plus simples, il nous a brillamment démontré la nécessité absolue de servir de la Morteau avec la choucroute, là où les Alsaciens recourent habituellement à la Strasbourg et où les Bruxellois n'hésitent pas à faire appel aux bulots.

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    À table, les mets sont d'une finesse remarquable, construits autour d'une alliance harmonieuse de saveurs et de textures. Parmi les choses les plus simples, les plus surprenantes et goûteuses de la soirée, dans un menu en 5 services qui valait largement 2 étoiles, figurent ces 3 petits cylindres de beurre. Et plus particulièrement celui du milieu. Parfumé à la saucisse de Morteau, une absolue petite tuerie, à tartiner avec immodération, en l'absence d'hypercholestérolémie, sur les divers petits pains arômatisés présentés. La Morteau aura donc été le véritable fil d'Ariane de cette Saint-Glou franc-comtoise. Il n'y a qu'au dessert que nous n'en avons pas mangé...

    Carte blanche à Alain Guillou pour le service des vins. Choix argumentés, parfois controversés, mais pleinement assumés par le sommelier, le meilleur pour l'année 2013 selon le Gault et Millau. Mention particulière au Crémant du Jura de Michel Gahier servi à l'apéritif, au Vin de Pays de Franche-Comté rouge 2010 du domaine des Cavarodes servi avec la terrine de colvert en strates de foie gras aux trompettes de la mort, ainsi qu'à l'accord, pour moi idéal, mais diversement apprécié, entre Spirale 2002 de Stéphane Tissot et la figue de Solliès rôtie. Et puis, avant, cette sublime épaule d'agneau confite qui a effacé la déception de ne pas avoir réussi à goûter au lièvre à la royale...

     

     

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    Et ce fut le retour à la Maison Salines, pour un after traditionnel autour d'un verre de Cantillon, assorti d'un reste de pomme de terre trempé dans la cancoillotte, pour celle qui avait encore un peu faim...

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    Olif

  • La parole de Pierre

    Cette parole-là, elle se lit, elle s'écoute, elle se boit. Fruit de 14 entretiens avec Pierre Overnoy, réalisés par Michel Campy, cette parole est devenue un livre et ce livre est une bible sans soufre ajouté. Avec la complicité de Roger Gibey, Bernard Amiens, Michel Converset et Emmanuel Houillon, cette transmission écrite d'un récit oral raconte le parcours d'une figure hors norme du vignoble jurassien. Homme d'une grande modestie, vigneron exemplaire, "vieux garçon" comme il aime à le souligner d'un regard malicieux, Pierre Overnoy a pourtant eu de multiples enfants spirituels, s'inspirant de son approche du vin et de la vigne. Lui-même disciple de Jules Chauvet, ami avec le grand dégustateur Jacques Néauport, co-fondateur du "groupe des vins naturels" avec les vignerons du Beaujolais, Marcel Lapierre en tête, "le Pierre", comme on dit dans le Jura, aura plus fait pour le rayonnement du vignoble jurassien et de la vinification sans soufre que Cadet pour le renom du Mouton dans l'Empire du Milieu. Petite digression hors sujet qui prouve, ô combien, que cette approche compétitive du vin est bien le mouton-cadet de nos soucis. Revenons donc à nos autres moutons, bien plus intéressants. Pouf pouf, comme disait Pierre Desproges que j'aime toujours autant citer dans le texte parce que, quand même, ça en jette et ça ne mange pas de pain. La façon du pain, que Pierre Overnoy maîtrise d'ailleurs à merveille et auquel il aime à se consacrer davantage depuis qu'il a pris sa retraite du côté d'en Chaux d'eaux, que l'on peut prononcer également En Chaudot, voire l'écrire comme ça.

     

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    Ce bouquin, c'est une bible, parce qu'il retrace toute la vie et toute l'histoire de Pierre Overnoy. Son enfance à Pupillin, sa famille, son apprentissage, ses amis, ses maîtres, ses disciples, avant de se plonger sur des considérations plus pointues sur la vigne, les pratiques culturales et les méthodes de vinification. Une véritable somme, en fait, dans laquel chacun pourra piocher ce qui l'intéresse. Et faire plus intime connaissance avec l'homme, derrière le vin. Leçon de choses, leçon de vie, leçon de vin, leçon de Jura, la parole de Pierre, c'est tout ça à la fois. Et, promis, on ne pratique pas non plus le culte de la personnalité. Mais s'il n'y avait qu'un seul vigneron marquant à rencontrer dans sa vie, ce serait celui-là. Parsemée d'anecdotes sur le vin et la vie rurale jurassienne, truffée de petites phrases comme il les affectionne (sur la dégustation, les mouches, les roues du tracteur, entre autres, mais celles-ci ne sont pas dans le livre), La parole de Pierre est à mettre sous tous les yeux et entre toutes les oreilles.

    Elle peut même s'écouter sous le sapin. Mais avant, évidemment, il faut la commander sur MétaJura. Ça risque quand même d'être un peu juste pour une réception avant Noël.

     

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    Olif

  • Dans le vert jusqu'au nez...

    13%! C'est le chiffre du week-end. Moins que le taux d'abstention aux élections cantonales, mais largement supérieur à la moyenne nationale des surfaces de vignoble plantées en bio. 240 hectares sur les 1800 et des poussières que compte le vignoble du Jura. Qui dit mieux? Même pas les Verts aux dernières élections cantonales!

     

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    Le nez dans le vert, premier salon des vignerons jurassiens en agriculture biologique ou biodynamique, a tenu toutes ses promesses, et même largement au-delà. Pas loin de 1000 entrées payantes  le dimanche d'après les organisateurs, la Police n'a toujours pas fini de compter les siennes. Plus de 250 inscriptions au cochon à la broche du lundi, réservé aux professionnels, cochon qui s'en dédit, la Police n'a pas été conviée. Un réel succès, que nul ne pourra nier, y compris les scrutateurs aux élections cantonales.

    25 vignerons avaient répondu à l'appel initié il y a plus d'un an par Charles Dagand, du domaine de l'Octavin, qui a rêvé ce salon avant de le concrétiser. 6 cuvées maximum par vigneron, ce qui faisait au bas mot 90 vins différents à goûter d'après la Police, 450 d'après les organisateurs. Pas eu le temps de tout goûter, d'ailleurs. Mais foin des chiffres, revenons à nos cochons.

     

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    Le nez dans le vert jusqu'au cou, c'était donc les 27 et 28 mars, et cette première percée du vin vert jurassien en appellera forcément d'autres. Comme l'a souligné Bruno Ciofi, régisseur du domaine de La Pinte, lors du bref discours inaugural du salon, cette grande idée a permis aux vignerons impliqués de se fédérer autour d'une grande et belle idée commune,  la viticulture biologique ou biodynamique, et d'apprendre à mieux se connaître. L'autre point très positif, c'est l'attrait des jeunes vignerons installés pour ce mode cultural, bon nombre d'entre eux entamant d'emblée la conversion lors de leur installation. L'occasion de faire le plein de belles découvertes dans les caves grandioses du domaine de la Pinte.

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    On pouvait, au choix, regretter que certains vignerons-vedettes n'aient pas de cuvées disponibles à la vente, ou alors, se féliciter de goûter à des 2010 en cours d'élevage. Pas un exercice forcément facile, les vins n'étant pas toujours bien en place, mais la dégustation des rouges 2010 en primeur valait le coup pour beaucoup. Bordeaux a été pris de vitesse, mais Bob n'est pas venu pour autant. C'est tant mieux, finalement.

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    Une des grandes sensations du salon fut pour moi ce Ratapoil. Un vin de ratapoil, c'est un vin élaboré par quelqu'un qui n'est pas vigneron. Raphaël Monnier n'est plus un ratapoil depuis 2009, mais il a pratiqué pendant 10 ans la vinification en amateur. Sa cuvée Le Ratapoil est un concentré de vieux cépages, à la rusticité franche et épatante. Le Trousseau 2009, plus précis et tout aussi digeste, ainsi que les deux blancs présentés à la dégustation, qui se goûtaient fort bien également.

     

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    Catherine Hannoun, du domaine de la Loue, n'était pas rouge de colère, ce jour-là. Ses vins, pour ainsi dire maternés, se goutaient plutôt bien, même s'ils s'octroieront une parenthèse en 2011, pour raison familiale et heureux événement. Rouge de colère, trousseau de Buffard dans le 2-5, a eu à essuyer les lourdeurs de l'administration viticole avant, finalement, de se voir déclasser de Vin de Pays de Franche-Comté en Vin de France. Belle recrue franc-comtoise pour la France! Son Arbois Savagnin 2009, vinifié en cuve, développe de jolies notes d'anis et de fenouil.

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    Crédit photo: La Pipette

     

    Fanfan Ganevat, les petits yeux mais en grande forme, la casquette vissée sur la tête, avait tiré quelques magnums au fût. Plus rien de disponible au domaine depuis bien longtemps. Plein sud 2010 est plus que bien troussé, un futur must à privilégier en grand contenant. Tout autant que le Trousseau des Corvées 2010 de l'Octavin, une cuvée qui devrait réserver bien des surprises dans quelque temps. Pierre Overnoy a beaucoup aimé le Trousseau 2009 du domaine Pignier, Stéphane Tissot le Trousseau 2008 de Didier Grappe, Madame Olif le Ginglet 2010 de Philippe Bornard, François Chavériat, du domaine Chantal Lescure, a préféré le Singulier 2009 de Stéphane Tissot. Tous sont très bien, en fait, chacun a le droit d'avoir son chouchou.

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    Côté ploussard (ou poulsard, l'important, c'est d'en boire), la palme revient sans contestation possible, parmi ceux que j'ai pu goûter, à l'Uva 2010 d'Evelyne et Pascal Clairet. Ou quand la macération carbonique, c'est le printemps jurassien. Celui de Peggy et Jean-Pascal Buronfosse se défend plutôt bien également, Point Barre de Philippe Bornard est un peu barré à ce stade, à regoûter après la mise.

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    Du chardonnay, il fallait bien en goûter également. Le 2009 en macération semi-carbonique de la maison Pierre Overnoy (en photo ci-dessus), présenté sur le stand par Aurélien Houillon, est  une curiosité particulièrement emballante, quoique un peu déroutante, accentuant le côté aromatique du chardonnay, le caractère tranchant de la cuvée "normale" du millésime 2008 se retrouvant en opposition parfaite. Les Combes 2009 des Dolomies est toujours aussi gourmand et voluptueux, un de mes vins favoris du moment.

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    La bulle, il fallait la chercher du côté du domaine de Saint-Pierre, avec un poulsard particulièrement pétillant et réjouissant, mais aussi à l'Octavin. The Péteux for ever!

    Bien d'autres vins dégustés et d'autres domaines découverts, mais malheureusement pas tous. Il a fallu faire un choix, parmi les domaines et les cuvées. Une sensation globale de relative homogénéité malgré les différences, et un niveau qualitatif plutôt bon.

    Pour terminer en douceur, le Macvin s'imposait. Mon préféré, ce fut celui de Benoit Royer, du domaine de la Cybelline. Un équilibre assez pur, fin, sans connotation marc trop marquée. Acidulé et digeste, à la vocation apéritive certaine. Carmina, vin de liqueur des Dolomies, est un peu plus richement constitué mais très plaisant.

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    Peu de jaune à goûter, dans le Jura vert. Logique, quand on pense au temps qu'il faut pour l'élaborer, en bio ou pas, et le nombre de néo-vignerons présents sur le salon. Le Jaune, il a fini avec les huîtres de Prat Ar Coum arrivées fraichement de Vendée, au cours d'un after improvisé chez Stéphane Tissot. Servi rafraichi lui aussi, le vin jaune, ça peut se picoler. Se manger aussi, versé dans l'huître, après un tour de moulin à poivre, pour un chabrot inédit, foi de vendéen! Les sensations fortes, c'est ça aussi, le Jura!

     

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    Olif

     

    P.S.: les 2 et 3 avril, on n'oublie pas que les Dauphinois seront de la fête, grâce au 4ème Salon des Vins Naturels de Grenoble. Les Dolomies y seront le fier représentant du Jura vert!

     

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    P.S.2: dans le même temps, les Belges hériteront de la visite du domaine de L'Octavin au doux salon d'Olne. Les veinards!

     

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  • Une Mémé 95 bien encadrée

    "Même si le cadre est beau, rien ne vaut le tableau", s'esclaffa rigolard Pierre Overnoy, bien encadré par Nathalie et Joël Césari, dont le retard fut volontiers toléré pour cause d'arrosage de la sortie du nouveau  guide Michelin et le maintien dans les étoiles de leur Chaumière doloise. Après le passage du Pudlo la semaine précédente, c'était l'euphorie dans la plaine, là où sont les Dolois, comme chacun sait.

     

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    Un Pierre Overnoy en forme olympique, dont on buvait la parole avant de bientôt la lire, donna une fois encore une fabuleuse leçon de dégustation et de modestie à une assemblée conquise à l'avance. Le prétexte de cette soirée: une bouteille de Mémé 95. Le plus grand millésime de cette aïeule du domaine Gramenon, d'après Pierre. Et il lui fallait l'ouvrir pour le prouver, il l'avait promis à Joël. Une dégustation avec une seule bouteille, aussi magnifique soit-elle, n'était pas très raisonnable à envisager. Il a fallu "étoffer un peu autour". Quelques petits flacons pour l'encadrer, des convives supplémentaires, et le tour est joué. L'étoffe n'a finalement pas manqué. Le repas qui a suivi, concocté spécialement par Mamouillon, fut digne d'un étoilé. Le gâteau sous la cerise. Les poulets ne courront plus en liberté sur le coteau d'En Chaudot, mais leur sacrifice n'a pas été vain. Ils sont désormais passés à la postérité culinaire.

     

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    Mais, auparavant, place à la dégustation, avec une double équation à résoudre: cépage et millésime. Concentration maximale demandée, on devait entendre un chargeur de batterie pour sécateur électrique charger, même en présence des dames. Et voler une mouche, même s'il n'y avait pas de mouche.

    0,8 seconde pour prendre le premier nez, dégustation à l'aveugle, débriefing, puis nouvelle dégustation pour bien fixer le vin avant de passer au suivant, le facétieux Maître de cérémonie a bien exposé la méthodologie et les enjeux avant de commencer.

     

    -  Arbois-Pupillin Chardonnay 2008: une mise en bouche affûtée, à la vivacité acérée et au fruité exacerbé. Profond et acidulé, un vin d'avenir qui se boit déjà avec un plaisir non dissimulé, sur son fruit.

    - Arbois-Pupillin Chardonnay 1985: le premier millésime zéro soufre de Pierre Overnoy, après une parenthèse œnologique de quelques années, suite à une "petite formation" à l'école de l'œnologie moderne de l'époque. Comme les vins qu'ils a produits durant ces années ne lui plaisaient guère, contrairement à ceux de son père et de son frère Guy, restés 100% naturels, Pierre a vite fait marche arrière. Le nez est tout simplement superbe, celui d'un beau chardonnay sur l'âge, avec ses notes toastées et grillées. La bouche est bien arrondie et lissée, l'harmonie n'est pas loin, avec ce qu'il faut de vigueur pour la porter.

    - Arbois-Pupillin Chardonnay 1990: un beau millésime, cela se sent d'emblée au nez, même si, initialement, il y a de la retenue. La bouche a l'éclat et le tranchant d'un morceau de calcaire bien affuté. Sa finale acidulée et salivante me fait penser à un savagnin. Nul n'est prophète, surtout pas moi...

    - Arbois-Pupillin Savagnin 1989: là encore un grand millésime et certainement le plus grand savagnin produit par Pierre Overnoy, d'après lui. 89, année de cochylis, le verre de la grappe, qui, au lieu de réduire à néant les raisins, fut à l'origine d'une botrytisation. Récolté à grande maturité, ce savagnin développe des notes d'orange confite, évoquant le Chamonix orange pour certains. Une rondeur alcooleuse,  sur des notes de marc, parfaitement patinée en milieu de bouche, témoigne de la puissance du vin. Aucun déséquilibre pourtant, une harmonie quasi-parfaite qui persiste longtemps en bouche. De l'encadrement élevé au rang d'un art majeur...

     

    Petite pause cochonailles-Comté-amandes avant de venir taquiner l'ancêtre. Les palais sont bien échauffés, ça va aller! Bouteille annoncée, donc non dégustée à l'aveugle, c'est une lapalissade.

     

    - Côtes du Rhône 1995, La Mémé, Domaine Gramenon: le nez dans le verre, silence absolu. Et respect. Une pointe de fumée, de la suie, des notes de noyau, sans sensation véritablement kirschée. Le fruit encore au plus pur. Les tanins sont d'un soyeux enveloppant, qui évoque irrésistiblement Rayas. Un tableau de maître, sans aucun doute, tout à fait dans l'esprit de ceux que peint Michèle Aubéry et qu'elle exposait à l'occasion de la Dive Bouteille.

     

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    ©Michèle Aubéry, domaine Gramenon

     

    Retour en Jura, pour compléter l'autre moitié du cadre. Vins rouges, donc une seule inconnue, le millésime. Le cépage, c'est du ploussard. À Pupillin, c'est quasi obligatoire!

     

    - Arbois-Pupillin 1970: une bouteille tirée de la pile de gauche (sous réserves), vinifiée par Guy Overnoy, le frère de Pierre. La couleur tire sur le rosé orangé. Elle influence négativement. Un tel vin ne peut être que fluet. Finalement non. Sûr qu'on est dans la gracilité, la finesse et l'élégance. Et la désaltérabilité. Jules Chauvet, cité de nombreuses fois par Pierre Overnoy, insistait sur cette qualité indispensable à toute boisson œnologique.  Ce 70 n'en manquait pas, pour compenser son (relatif) manque de puissance et de complexité. Millésime à gros rendement, dame nature fut généreuse cette année-là.

    - Arbois-Pupillin 1971: encore une bouteille à Guy. Couleur à peine plus soutenue, brique orangée, mais bouteille bien chemisée. 71, année antagoniste, avec de tous petits rendements, de l'ordre de 8hl/ha ici. Certains n'ont ramassé que deux seaux de raisins à l'hectare! Nez épicé, sur l'orange confite. Bouche avec une matière relativement soutenue, qui a encore beaucoup de peps et de tenue. On sent qu'il y avait du vin, qu'il y en a encore, même dans le registre de l'évolution. 40 ans bientôt, ce n'est pas rien. Mais le changement de décennie ne devrait pas trop l'effrayer.

    - Arbois-Pupillin 1990: une gamine, pour terminer la série des rouges. À la robe encore très soutenue et à la bouche pleine de peps. Tout juste 20 ans, et ça refuse déjà de vieillir. Il n'y a plus de jeunesse! Un vin exceptionnel, taillé pour les générations futures.

     

    Il y aura bien encore quelques petites choses à grignoter et à boire, à la fin de l'atelier d'encadrement, dont un Chardonnay 97 et un Crémant 1989 demi-sec acheté par Pierre à l'un de ses amis vignerons qui avait osé faire du Crémant en 1989, alors que le raisin était si riche et si beau. La mémoire flanche quelque peu pour retranscrire ces moments intenses qui se sont poursuivis fort tard en soirée. J'ai donc définitivement "terminé mon intervention", leitmotiv de la soirée, après m'être largement abreuvé de la parole et des vins de Pierre.

     

    Olif

     

  • Écoutez et buvez-en tous...

    « Je suis contre le culte de la personne. Chaque fois qu’il y a eu le culte de la personne, dans n’importe quel pays, ça a conduit à des catastrophes. Alors pourquoi cette espèce de renommée, de mythe ? Je ne sais pas, parce qu’il n’y a pas de raison. »

     

     

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    Si c'est la parole de Pierre contre celle des autres, il y a quand même une raison. La raison. Et la modestie. Et l'humilité. 14 entretiens pour découvrir toutes les facettes d'un personnage légendaire, à qui on ne vouera qu'un culte inavoué, afin de ne pas provoquer de catastrophes à son grand dam. Ses vins, par contre, on continuera de les porter aux nues plus que de raison et à en boire jusqu'à plus soif.

     

    Dire qu'il va falloir attendre jusqu'à fin mars pour s'abreuver de La parole de Pierre! Avec un peu de chance, tous ceux qui auront le nez dans le vert pourront avoir le nez dans le bouquin à cette occasion, également!

     

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    Parution fin mars 2011.
    Ouvrage de 224 pages, format 21 x 27 cm, broché.
    Nombreuses illustrations noir et blanc et couleur.
    Prix : 25 € port compris.

     

    Olif

  • Aphorisme du jour

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    "En dégustation, ce qui nous intéresse, ce n'est pas la longueur, mais la qualité de la longueur. Mangez de la m..., vous verrez, c'est long en bouche!"

    Pierre Overnoy, En Chaudot, Pupillin, 9 novembre 2008

    Sans commentaire, enfin si, juste un petit:

    Arbois-Pupillin Chardonnay 1990: nez sur l'écorce d'orange confite, épicé, d'une grande race, envoûtant, enivrant, dont on s'arrache avec difficulté pour porter le vin en bouche. Il le faut bien, pourtant. Une bouche d'orfèvre, riche, dense, profonde, qui nous emmène très loin. Grande longueur, de qualité, évidemment, finale salivante d'une grande netteté. Un des deux plus grands vins produits par Pierre Overnoy, dixit lui-même. Il eût été dommage de ne pas y goûter. Sans soufre et pourtant inoxydable!

    Olif

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

  • Vendanges 2008 chez Emmanuel Houillon: Coupez!

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    Cette belle grappe de Chardonnay récoltée à Pupillin et photographiée amoureusement par Anne Houillon, du domaine Overnoy-Houillon, n'a pas résisté au coup de sécateur. Voilà résumé brièvement la teneur du petit message adressé par Anne aux amis du domaine. C'est parti pour deux à trois semaines de vendanges et les Chardonnays donnent pour l'instant entière satisfaction. On est impatient de tremper ses lèvres dans tout ça et heureux d'avoir des nouvelles quasi en direct-live des vendanges jurassiennes, qui se poursuivent sous une petite pluie et dans la fraicheur actuellement.
     
    Le Chardonnay 2007 de Manu se goûte très bien en ce moment, apparemment, si l'on en croit cet homme de goût familier du domaine. On peut le vérifier dans une petite vidéo tournée sur place et charmante comme tout, où toute la famille Overnoy-Houillon défile devant la caméra et où l'on boit les paroles de Pierre Overnoy comme si c'était son bon vin.
     
    Olif

  • Vins naturels: le procès! Faut-il réellement lyncher Pierre Overnoy?

    POprofilG Oface

    Nom: Overnoy.
    Prénom: Pierre.
    Domicile: Pupillin (39).
    Situation familiale: vieux garçon.
    Profession: vigneron à la retraite.
    Chef d'inculpation: dangereux subversif, précurseur du vin naturel.

    Mais qu'est-ce qui a bien pu conduire devant une cour d'Assises Pierre Overnoy, réputé pour sa modestie et sa gentillesse légendaire? Une erreur judiciaire, sans aucun doute. Mais également le procès de l'année, dans le tribunal de la petite cité arboisienne, fraichement victime de la vindicte rachidienne. Un procès factice, évidemment, un genre de Tribunal des flagrants délires viticoles, mais une vraie occasion de retracer le parcours hors du commun de l'accusé et de comprendre un peu le pourquoi et le comment de ces vins prodigieux.

    Un procès parfaitement instructif où l'on a appris, pêle-mêle:

    - que l'accusé, réputé pour ne pas soufrer ses vins, n'a pas trop "souffri" d'avoir quitté sa verte vallée dans des temps immémoriaux, celui où ses ancêtres tutoyaient les deux John, Ford et Wayne, et s'appelaient O'Vernoy.

    - que seule l'utilisation du soufre-fleur ne défrise pas les moustaches de Philippe Chatillon, le truculent vigneron du Domaine de la Pinte.

    - que le "pédologue-poête", Michel Campi, aime beaucoup les petites fleurs en érection qui poussent sur les sols préservés du chimique.

    - que le "Pr" Didier Saintot, témoin à charge chimique, pense que le débouchage d'un vin embouteillé avec du gaz carbonique résiduel aggrave le trou dans la couche d'ozone. Alors que c'est le contraire, en fait. Si le gaz est dans le vin, il n'est pas parti dans l'atmosphère!

    - que Le Blog d'Olif fait partie des lectures de Madame la Présidente du Goutatou, j'en suis très honoré. Je suspecte même fortement son principal indicateur.

    - que le vin naturel peut avantageusement être utilisé comme anti-dépresseur, à condition d'être bu avec modération en abondance. Cruel dilemme pour le vigneron dépressif, obligé de consommer toute sa récolte pour son bien-être psychique, ce qui le déprime à nouveau, car il n'a plus rien à vendre!

    - que la condamnation de principe de l'accusé (enseigner son savoir à la future Université de Pupillin) est déjà appliquée depuis longtemps, ce n'est pas Manu Houillon qui dira le contraire.

    Un procès pour rire, mais qui a eu le mérite de soulever de vraies questions et d'apporter de vraies réponses, dans la joie et la bonne humeur, le plus naturellement du monde. On guettera avec impatience le résumé filmé qui devrait être accessible prochainement sur le site du Goutatou.

    En attendant, le procès en images n'est plus visualisable ici (edit de 2019). Morceaux choisis en images:
     


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    Lynché, sans autre forme de procès?

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    Sous la bonne garde d'un gendarme rusé comme un beau renard...

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    "Le soufre, ça me défrise les moustaches!"

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    "Je jure sur le clavelin que l'accusé n'a jamais fait de mal à une fleur!"

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    "Silence, où je fais évacuer la salle! Il y a du vin naturel à la buvette."

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    "L'accusé est forcément coupable, sinon on ne l'accuserait pas"

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    "Mesdames et Messieurs les Jurés, cet homme est un bienfaiteur de l'humanité!"

     
    Des propos sans doute déformés par le prisme bloguistique, mais la teneur est bien là! Une accusation à bout d'arguments et une défense jouant sur du velours. Justice fut rendue, ce jour-là, et Pierre Overnoy a été libéré sous les clameurs du public en délire.



    Olif, envoyé spécial au Tribunal du Goutatou



  • Le bonheur est dans le pré ... et la vérité dans l'Overnoy!

    Il est des instants privilégiés dans la vie d'un amateur oenophile. De ceux où l'on entend des mouches voler, même s'il n'y a pas de mouche. Réunis par Pierre Overnoy au lieu-dit En Chaudot, une poignée de privilégiés (vignerons, sommelier, restaurateurs, chocolatier, épaulés par de simples amateurs particulièrement vernis) a reçu l'enseignement du Maître, délivré dans la plus grande simplicité et en toute modestie. Moment convivial et ludique, mais concentration et sérieux exigés pendant la dégustation. " On doit entendre voler une mouche, même s'il n'y a pas de mouche!" assène rituellement avec un petit sourire Pierre Overnoy, avant de partir chercher une mystérieuse carafe dans le cellier.

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    "N'oubliez pas de me donner la marque des pneus du tracteur..."

    Prompt à la détente, Fanfan Ganevat dégaine un magnum de derrière les fagots, en guise de "fait-la-bouche":

    - Côtes du Jura Grands Teppes Vieilles Vignes 2006: minéral, tendu, droit, tonique (une pointe de CO2), cristallin en bouche et d'une grande pureté. C'est riche (14,6° naturel), mais c'est frais et exemplaire. Une future bouteille d'anthologie, lorsqu'elle sera en vente. Une mise en bouche de premier choix!

    Place à la dégustation concoctée par Pierre. Les blancs sont dégustés en premier, à l'aveugle, avec plusieurs missions à remplir. Premièrement, la franchise: toutes les appréciations sont sollicitées, y compris les moins bonnes, même si ce sera dur de trouver des griefs aux vins présentés. Deuxièmement, risquer un pronostic sur "le cépage, le millésime et la marque des pneus du véhicule qui a transporté le vin". En ce qui concerne l'appellation et le producteur, tout le monde a eu bon: Arbois-Pupillin, Pierre Overnoy. A signaler que, hors les vins jaunes, tous les vins du domaine dégustés sont des vins ouillés, chardonnays comme savagnins.

    Aussitôt servi, aussitôt humé! Oui, Pierre! 0,8 seconde pour prendre le premier nez d'un vieux vin, il ne fallait pas se laisser distraire. Même pas par un escadron de mouches volantes.

    - Arbois-Pupillin Vin Jaune 1959: premier nez fugace sur la croûte de fromage, puis le moka, évoluant sur des notes de pétrole et une petite touche métallique. Bouche d'une finesse remarquable et d'une grande longueur, qui repart pendant longtemps après que le vin ait été dégluti et/ou recraché. Tout au plus peut-on lui reprocher un petit creux, une faiblesse passagère en milieu de bouche. Un vin qui évolue par vagues successives, dans l'espace et dans le temps. Tout le monde s'accorde à lui trouver de l'âge, mais de là à en faire un quinqua! Pour une entrée en matière...! Où cela va-t-il nous mener?

    - Arbois-Pupillin 1990: robe dorée à reflets rosés. Nez sur l'écorce d'orange, les épices, soyeux, complexe. En bouche, matière riche et caressante, onctueuse et arrondie, sur une finale toujours vive et tendue. Chardonnay? Savagnin? Les avis sont partagés! Mais à l'unanimité il s'agit d'un superbe vin! Et bel et bien d'un chardonnay.

    - Arbois-Pupillin 1989: une nouvelle fois un nez extrêmement complexe, sur l'orange confite (une note qui s'avèrera caractéristique de l'évolution des vins, qu'ils soient ouillés ou pas, chardonnay ou savagnin), l'amande, l'anis étoilé, le pamplemousse rose. Bouche suave et voluptueuse. Finale sur la moka, d'une grande douceur, un peu évanescente, avec une pointe d'alcool. Un millésime de grande maturité, récolté à 14,6° naturels. Beaucoup de raisins ont été confits (plutôt que détruits) par des attaques de cochylis (le ver de la grappe), apportant ces notes presque rôties.

    - Arbois-Pupillin 1987, Vieux Savagnin Ouillé (pendant 7 ans): premier nez sur la croûte de fromage, fugace, puis cake au raisins et épices. La bouche possède une grande tension acide, équilibrée par un côté miellé. Perception d'acidité volatile, qui est au service du vin, plutôt que le contraire, le rendant particulièrement digeste.

    - Arbois-Pupillin 1989, Vieux Savagnin Ouillé (pendant 11 ans): le nez met du temps à venir, puis délivre progressivement de belles notes d'écorce d'orange, de malt. La bouche est ciselée, fuselée, malgré une structure un peu serrée. Droiture et finale salivante, impeccable, un vin qu'il faut savoir aller chercher et qui n'a pas l'immédiateté des précédents. Un des plus beaux Savagnins vinifiés par Pierre, d'après lui. Et qu'il faudra encore attendre pendant longtemps.

    - Arbois-Pupillin Vin Jaune 1989 : robe ambrée, nez évoquant un vieil Armagnac, sur les raisins de Corinthe et l'écorce d'orange. Ce n'est pourtant pas un alcool, "ça sent même un peu le vin!". L'équilibre est magistral en bouche, d'une grande finesse et d'une infinie longueur, sans caractère démonstratif. Une évidence, l'esprit du Savagnin, un vin qui a basculé sur la période sotolon, l'ester responsable des notes fines d'épices et de curry. "Toute la noblesse de l'amer", un vin au début de sa carrière. Bienheureux ceux qui en possèdent en cave. 30 années séparent les deux clavelins dégustés, permettant d'apprécier tout le chemin parcouru et la lente maturation en bouteille de ce divin nectar.

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    Concentration, concentration! On entendrait une mouche voler dans le verre de Fanfan...

    Entracte. Avant d'attaquer les rouges, qui seront dégustés à table, Fanfan a grillé quelques nouvelles cartouches.

    - Savagnin ouillé 2007, Fanfan Ganevat: nez fumé, épicé, avec des relents de céleri en branches. " Y'en a la moitié dedans" ricane Fanfan, "je me suis mis à faire un potager!" Du gras, de la richesse et du fruit, presque une gourmandise déjà prête à boire, alors qu'il n'est qu'aux prémices de son élevage. Personne ne l'imagine aussi jeune.

    - Savagnin ouillé 2004, Fanfan Ganevat: nez grillé, toasté, présentant un peu de réduction. Bouche tonique, du gaz à peine perceptible. Un vin tendu, droit et minéral, avec une finale acidulée sur les agrumes.

    - Arbois Chardonnay Saint-Paul 1976, Camille Loye: nez présentant des signes d'évolution mais encore très frais, sur le cake au raisins, la noisette, l'orange confite. Bouche droite, enrobée mais tendue, avec une certaine puissance. Encore largement debout, peut-être à peine altéré par un bouchon déficient, car certains ne l'ont pas reconnu à sa véritable valeur.

    - Côtes du Jura Trousseau Plein Sud 2007, Fanfan Ganevat: nez carbonique, offrant beaucoup de fruit, typé "sans soufre". Frais, digeste et gouleyant, l'archétype du vin parfait à boire. D'ailleurs, on en a bu.

    - Côtes du Jura 2007, Pinot noir Z, Fanfan Ganevat: plus coloré, charnu, vivifiant (encore pas mal de gaz), il goûte plutôt bien en ce moment, livrant une belle pureté de fruit en bouche.

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    Y a pas, sommelier, c'est un vrai métier!

    Les mouches ayant terminé leur pause syndicale et repris leurs figures aériennes, retour à la concentration et à la dégustation. Mêmes règles du jeu: appellation, producteur, cépage, millésime et les roues du tracteur...

    - Arbois-Pupillin 1989, En Chaudot: robe encore soutenue, légèrement orangée. Nez ouvert, sur la cerise. Un bien joli fruit! Bouche vive et tonique, fine et élégante, dans laquelle on relève toutefois quelques notes d'évolution. Cela tient encore largement debout, et se donne même des airs de vieux Volnay. C'est un Ploussard, évidemment, un pur jus de goutte récolté au lieu-dit En Chaudot, où nous nous trouvions pour déguster, une vigne actuellement arrachée et qui n'a pas été replantée.

    - Arbois-Pupillin 1989, Huguenette : il pouvait s'agir de la même bouteille que précédemment, mais pas tout à fait, le terroir diffère et les vins ont été élevés séparément, même si de façon identique. Nez sur la prune, net et précis, bien défini. Bouche tout en fruit, soyeuse, chair veloutée. Très jeune dans l'esprit, moins évolué que le précédent et très élégant. Avantage Huguenette pour la jeunesse.

    - Arbois-Pupillin 1976 : robe très soutenue, sanguine. Nez complexe, évolué, un peu chocolaté. Encore beaucoup de fruit et une bouche nette, droite et élégante. Un vin qu'il faut aller chercher, par petites touches, parce qu'il ne se livre pas spontanément, mais un vin superbe avec encore du potentiel.

    - Arbois-Pupillin 1990 : robe toujours sombre, nez fruité sur la cerise, bouche tonique avec une petite pointe d'amertume en son milieu, qui me dérange à peine, mais la fraicheur est incroyable pour un vin de cet âge.

    - Arbois-Pupillin 1986 : nez sur les fruits à noyau, avec une note métallique gênante. Bouche déséquilibrée, un peu végétale, avec persistance de gaz et l'alcool qui ressort. Tout cela est un peu dissocié, même si le vin est toujours concentré et debout. Un problème de bouteille n'est pas exclu, car ce 86 ne se goûte généralement pas de cette façon. Dommage...

    - Arbois-Pupillin 1979, Guy Overnoy : la robe est plus claire, rubis orangée, revenant sur des standards plus classiques en matière de ploussard. Le nez est fruité, frais, acidulé. La bouche est au diapason. Il persiste une pointe de gaz, apportant tonicité et fraicheur. Un bien beau ploussard "comme on aime", résistant aux ans, désaltérant. Cette bouteille a été produite par le frère de Pierre Overnoy.

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    Le Sud-Revermont en force! Allez Fanfan, allez Juju, allez Rotalier!

    Fin de la dégustation, les escadrilles de mouches peuvent atterrir. Que dire après un tel moment, si ce n'est rester bouche bée et gober les mouches qui volent encore, même s'il n'y a pas de mouches? De très grands vins, en blanc, en rouge, en jaune, un feu d'artifice de toutes les couleurs! Et surtout des vins qui tiennent la distance, indestructibles malgré une vinification "nature" et sans soufre depuis toujours.

    Avec le fromage, il fallait bien revenir sur quelques savagnins, alors direction Château Chalon, pour une déclinaison de trois millésimes: 2001, totalement déclassé, 1999 et 1985. Du domaine Macle, bien sûr, et ce fut superbe, comme à l'accoutumée, mais plus la force de prendre des notes, juste celle de s'abandonner dans le sotolon et les effluves d'épices, de malt, de curry et de moka.

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    Un Château Chalon 1985, on ne va quand même pas le cracher dans le seau!

    Et puis une dernière gâterie avec le dessert, après un Malaga en Solera, un "magnum" de Vin de Paille 1989 du domaine Labet, à la superbe tension acidulée.

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    75 cl de pure gourmandise, un véritable magnum... de Paille!

    Aucun doute, en cette délicieuse soirée, le bonheur était dans le pré... et la vérité dans le verre. Nul doute que lors du "procès" de Pierre Overnoy, lors du prochain Goutatou d'Arbois, la partie civile aura fort à faire!

    Olif