Divin clavelin. Back to the roots, too! Poligny 1997. Tandis que Snake Plisken tentait de libérer le président des Etats-Unis de sa prison manathanesque, dans un New-York apocalyptique, les Jurassiens festoyaient sous un soleil radieux, se rinçant le gosier à grands coups de clavelins dans les rues de la capitale du Comté. Poligny 2010, 13 ans plus tard. Snake Plisken n'est pas encore de retour à Los Angeles que les Jurassiens, sous un soleil timide parvenant néanmoins à percer lui aussi, continuent de carburer au Jaune en chantant à tue-tête dans les rues polinoises.
Bien moins froid qu'à l'Ouest du Pécos, même!
Une foule bigarrée, des fanfares d'instruments à vent, une bonne humeur communicative, quelques allemands en short, une grosse ambiance festive, un tonneau à mettre en perce et du Vin Jaune à profusion, c'est tout cela à la fois,
la Percée. Sans parler des discours officiels, des parrains et tout le tintouin.
First, opération clavelinage. Mission délicate qui consiste à sélectionner un ou deux flacons dignes d'arborer comme une légion d'honneur sur le plastron. De manière appliquée et zélée, je me suis prêté pour la première fois au jeu. Il faut savoir être sérieux, parfois. Mission accomplie. Ouf, on n'a pas sorti Auguste!
Deuzio, opération repérage. A partir du samedi midi, c'est quartiers libres pour déambuler dans les rues de la ville. De chouettes véritables caves particulières ont été mises à la disposition des vignerons. La foule se presse dans les escaliers qui permettent d'y accéder. Cette année, ils sont 73 à faire déguster 500 vins différents. Du blanc, du rouge, du jaune, des bulles, du sucre. Le perceur et la perceuse de base doivent faire un choix, pour distiller leurs dix précieux tickets-dégustation. C'est plus prudent, parce que la maréchaussée veille à toutes les entrées et sorties de la ville.
Tour de caveaux express, avec pour double objectif de saluer quelques connaissances vigneronnes et de déguster du savagnin dans tous ses états, en vue d'un futur SWWT* qui devrait faire une étape Ascensionnelle et printanière en Pays Montois.
Une institution: Laurent Macle. Sur les coups de 12 heures 30, avant le rush de l'après-midi, même pas de surprise. Tout est toujours excellent! Côtes du Jura 2006, et Château Chalon 2002, comme Macvin et Crémant. Petite info à l'intention des aficionados, la cuvée de Chardonnay ouillé 2007 pourra être dégustée et achetée à la propriété, sur demande expresse exclusivement. Ne pas se gêner, donc. Ben tiens, manquerait plus que ça!
Une découverte: le domaine Marie-Anne et Frédéric Lambert, au Chateley, près de Toulouse-le-Château. Un petit domaine familial de création relativement récente, qui propose à la vente plusieurs cuvées sympathiques (chardonnay et assemblage, en mode oxydatif), à regoûter tranquillement au coin du feu, à une meilleure température de service. Oui, il faisait aussi un peu frais dans le Jura en ce premier week-end de février, mais moins que dans la Loire fin janvier.
Une bouteille coup de cœur: goûtée à plusieurs reprises, au stand, puis en salle de presse, le Côtes du Jura Naturé 2005 de Peggy et Jean-Pascal Buronfosse. Du Savagnin ayant porté 20 mois le voile, avant de se révéler splendide dans sa natureté. 2010 sera pour le domaine la première année officiellement en bio. Avec la conversion prochaine de Julien Labet, sur ses vignes en propre, et l'ami Fanfan, le vieux de la vieille, Rotalier est en passe de devenir un véritable modèle jurassien du bon et du bio.
Dans le cadre de la prépa SWWT, deux autres beaux savagnins goûtés dans la Maison de Rose, en compagnie de Dominique Grand. Je n'en dis pas plus, pour ménager un peu de suspense, des fois que des oreilles indiscrètes me lisent.
Vivement Poligny 2024! En attendant, la prochaine Percée, ce sera en Arbois, et ça risque de décoiffer également!
Olif
* SWWT: Savagnin World Wine Tour, un truc dément, genre Percée, mais comme il n'en arrive qu'une ou deux fois par siècle. Surtout en Vendée.