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  • La parole de Pierre-Emmanuel

    pierre-emmanuel buss,vin suisse

    Encore un guide, encore un guide sur les vins suisses. Ou plutôt sur les meilleurs vignerons. Pour l'écrire, Pierre-Emmanuel Buss a pris tout Le Temps nécessaire, mais n'a pas trop trainé en chemin: couverture des principales régions productrices de vin helvétique, de Vaud au Tessin, en passant par le Valais, Genève, les trois Lacs et la Suisse Alémanique, visite chez chaque vigneron entre mai et juillet 2011, portraitisation dans la foulée, dégustation, puis sélection de deux cuvées par domaine (l'une "incontournable", l'autre "coup de cœur"), photographie très pro, avec un soupçon de mise en scène.

     

    pierre-emmanuel buss,vin suisse

    Christophe Abbet figure en pole position des meilleurs vignerons valaisans. L'ordre alphabétique de présentation y est pour quelque chose, mais qu'importe! C'est mérité!

     

    Comme dans chaque ouvrage de ce type, on pourra toujours regretter l'absence d'untel ou d'une telle, que l'on pensait être le (ou la) meilleur(e), mais, à chacun son propre guide. Ici, la présentation est aérée, les portraits de vignerons agréables à lire, les photos très chouettes et la sélection est judicieuse, pas loin d'être irréprochable.

    Alors, tous dans le bus avec Pierre-Emmanuel, donc, pour découvrir une grande partie du meilleur de la Confédération vinique helvétique, en voyageant à peu de frais.

     

    Bienvenue en Suisse! Et tout de bon.

     

    pierre-emmanuel buss,vin suisse

    Travers-Saints, l'un des grands oubliés de ce guide des meilleurs vignerons de Suisse. À sa décharge, ce vin n'a aucune existence officielle.

     

    Le guide des meilleurs vignerons de Suisse, Pierre-Emmanuel Buss, Jérôme Aké, Guillaume Pernet

    Éditions Favre, Le Temps

    26€, 30CHF

     

    Olif

  • La tronche en biais...?

     

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    "Petit ou grand, un bon vin a la gueule de l'endroit où il est né, et les tripes du bonhomme qui l'a fait." Cette petite phrase percutante de Jacques Puisais, très à la mode en ce moment, ne s'applique pas de la plus merveilleuse des façons à celui-là. Celui-là, il a la gueule de Travers mais pas la tronche en biais pour autant. Droit dans ses bottes, simple et franc, un poil rustique. Et des tripes, il en faut pour produire du vin ici à cette altitude.  Son nom, c'est le Travers-Saints, tout simplement parce qu'il renaît chaque année sur le coteau surplombé par l'église de Travers. Un  Travers-Saints 2009 particulièrement béni des dieux, probablement le millésime du millénaire, précédent et à venir, qui a bénéficié en outre de la plus haute technologie lors des vendanges, grâce à une très novatrice trieuse optique manuelle et oculaire, que bien des grands châteaux bordelais envieraient.

     

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    Come-back à Fleurier, donc, dans la cave-garage de la Clavenière, pour y déguster, de façon exhaustive et sans salir le bassin, la production  2009 de Christophe Landry, l'Helvète underground, et Pascal Stirnemann. Certainement le plus excitant tandem viticole de tout le haut canton neuchâtelois. Dégustation et consulting spécialisé, parce que l'avis des flying wine-blogueurs de France et de Suisse voisines, ce n'est quand même pas rien pour un domaine de cette importance, qui produit essentiellement un excellent pinot gris neuchatelois, aussi bien dans sa version sèche que liquoreuse. Des vignes situées à Serrières, un quartier neuchâtelois qui doit apparemment beaucoup à Suchard, et qui donnent un vin sec à l'équilibre plutôt tendu et aux jolis arômes de poire william. La richesse du millésime 2009 en plus.

     

    En rouge, l'assemblage Gamaret-garanoir est plutôt pulpeux. Un peu rustique, comme il se doit, avec une pointe d'amertume finale, mais des tanins enrobés et suffisamment de fraicheur. Et de la rondeur. Le Pinot noir Plénitude possède une belle robe rubis et pinote joliment. De la dentelle, dans le registre des pinots fins et élégants.

     

    Goûté également au Rosé de Pinot noir 2009 et à l'assemblage Clavin, 2 vins de négoce sans prétention, plutôt agréables, bien vinifiés et destinés à une consommation rapide auprès des Valtraversins, qui en sont friands, à ce qu'il paraît.

     


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    Le Pinot Gris passerillé 2007 de la Clavenière, c'est l'Yquem neuchâtelois, récent finaliste au Grand prix des Vins Suisses. Le 2009 est sur cette voie, celle du garage de Fleurier évidemment, mais aussi sur celle de la gloire. Une très belle liqueur acidulée s'exprimant curieusement un peu mieux à ce stade dans la feuillette neuve que dans le fût plus ancien.

     

     

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    Le consulting s'est ensuite poursuivi jusqu'en soirée, à la table du Restaurant S., une adresse fort sympathique planquée dans une petite rue de Fleurier. On y a essentiellement parlé vin, de Suisse et d'ailleurs, et Internet, de Suisse et d'ailleurs. Entre deux excellentes bouchées d'asperges, de risotto et d'agneau. Et entre deux gorgées de vin vaudois, valaisan et tessinois. Nul doute que de ce consulting-là, il en ressortira de grandes choses!

     

    Olif

     

  • Vendanges de Travers...

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    Dimanche 18 octobre 2009, Travers, Val de Travers, canton de Neuchâtel, Suisse, pays de l'absinthe et du vin du même nom. Le ban des vendanges a sonné. L'instant est solennel, le temps a suspendu son vol.

    6 heures 15 à l'église du village, qui surplombe les coteaux de ce petit bout de vignoble improbable, qui n'existe même pas sur les cartes.


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    Tout le monde est dans les starting-blocks. La ponctualité suisse, certainement. Des hordes de vendangeurs investissent les rangs de vignes, le sécateur entre les dents. Impatients d'en découdre avec des raisins particulièrement mûrs, au point que d'aucuns commencent à parler de ... millésime du siècle ... et de Travers, ou alors c'est juste parce que c'est écrit en italique?


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    Les caissettes se remplissent: gamaret, diolinoir, garanoir, pinot noir, chardonnay et consorts s'entassent. Tous fils du Val de Travers, mais de provenances diverses, complantés pour le meilleur. Point de vinification séparée, évidemment, pour de si petites quantités. Pour l'anecdote, les Chardonnays ont été repiqués à partir de plants provenant du Montrachet. Le terroir n'est pas identique, évidemment, mais excusez du peu!


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    6 heures 15 au clocher de l'église de Travers. La ponctualité suisse, sans doute. Les vendangeurs ont fini de cueillir les raisins.


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    Les caissettes sont pleines et les coupeurs ont été particulièrement efficaces. La ponctualité suisse, forcément. Il est déjà temps de changer de casquette et de devenir égrappeur. Grain par grain, toute la vendange est ainsi éraflée. La qualité a un prix et la mécanisation, vue de travers par ici, n'est pas prête de faire son apparition dans le vallon.


     

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    Tous à l'égrappage, petits et grands. Un poste très performant avec banc à lecture optique individuelle, nécessitant de la précision dans le geste, pour l'appréciation du calibre du raisin. Petite illustration en images:

     

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    le raisin est délicatement pincé entre deux doigts, afin d'apprécier sa taille, sa consistance et son élasticité...


     

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    ... une légère traction entre le pouce et l'index le désolidarise de sa grappe nourricière ...


     

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    ... celui-ci est impeccable, parfaitement calibré, digne du Travers-Saints.


    Une efficacité redoutable et à moindre coût! Bernard Magrez et son Pape-Clément peuvent aller se rhabiller!


    6 heures 15 au clocher de l'église de Travers. La ponctualité suisse, toujours. L'heure d'une pause bien méritée.


     

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    La veille, la neige a blanchi les sommets environnants et le soleil peine à réchauffer les doigts gourds baignés de jus de raisin. Au menu, soupe de courge maison et saucisses grillées. Probablement le dernier barbecue de l'année. Un régal! Arrosé d'un épatant Chardonnay Charmes 2007 du domaine de la Clavenière (pas un Meursault mais un vin de table du pays de Neuchâtel), tendu et vif, avec une pointe de grillé, (le boisé se fond) puis un Clavin rouge 2007, assemblage rouge du même domaine, non dénué de franchise et de gourmandise.


     

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    6 heures 15 au clocher de l'église de Travers. On n'aura pas vu la pause passer!. La ponctualité suisse, c'est quelque chose! Il est déjà temps de retourner finir l'égrappage, ce qui sera fait en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.


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    Au total, ce seront douze caissettes de 25 kilos  chacune qui seront récoltées, une production plutôt confortable en ce millésime 2009 et, qui plus est, de qualité.

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    Une partie des raisins égrappés. Admirer le parfait remplissage et empilage des caisses.


    L'étape suivante verra le temps filer un peu plus vite, puisqu'il fallait quitter le clocher de Travers des yeux. Direction Fleurier, au garage, pour l'ultime processus de la journée: l'encuvage. Suivi d'un foulage aux pieds, dans les règles de l'art.


     

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    Fouler le raisin, c'est le pied!


    Les premiers tests sont déjà encourageants, puisque le moût pèse au final 95° Œchslé, ce qui constitue presque un record pour le vin de Travers. Seul 2003 avait fait mieux à ce jour.

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    Le Travers-Saints 2009 poursuit désormais son bonhomme de chemin, à l'abri dans un garage de Fleurier, au cœur du Val de Travers. Place à la fermentation et aux bonnes pratiques œnologiques destinées à l'amener à sa destination finale: la bouteille, puis le verre du Traversin.



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    Une bien belle histoire en train de s'écrire et qui prendra le temps qu'il faut pour le faire. Moi, par contre, je dois filer. Il est déjà 6 heures 15 au clocher de l'église de Travers et je vais être en retard!

     

     

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    Olif

  • Helvète underground

    "Fondue enchaînée sur la baie de Lausanne dans le Val de Travers
    Pour un pélican combien de frangipane ... morceaux de pain de travers
    Cher le guili guili
    Coucous de contrebande
    Ça sonne comme l'Helvète Underground
    "

     

    Juste pour le bonheur de fredonner un vieux Bashung, sur la route du vignoble neuchâtelois, en passant par la route des écoliers, des raquetteurs et des skieurs de fond.

     

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    Ce jour-là, il y avait du monde au balcon, celui du Jura vaudois. Un panorama 95C, la chaleur du bonnet en moins, pour le régal des yeux, avec un Mont-Blanc toujours aussi massif, vu depuis les Cluds. Juste avant de plonger en direction des vignes de Bonvillars et d'Onnens. Plaisir solitaire.

     

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    Remontée par l'autre versant du pli jurassien neuchâtelois vers les paysages enneigés, petit coup d'oeil sur le Creux du Van, que j'avais au départ dans l'idée de fouler, raquettes aux pieds, avant de déguster avec ma bouche. Plus grands yeux que grandes enjambées. L'accès hivernal nécessite temps et préparation, j'aurais dégusté avec mes pieds.

    Direction la Clavenière, chez le garagiste de Fleurier, par ailleurs vigneron de Travers. Histoire de goûter au fût la production de ce petit domaine artisanal, fruit de l'association entre Pascal Stirnemann aux commandes et Christophe Landry à la cave ou plus exactement au garage.

     

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    Elevés à la bourguignonne, en fûts bourguignons, provenant de chez Sauzet ou Méo-Camuzet, les vins de la Clavenière, AOC Neuchâtel, sont une quête d'excellence, un exercice de style. Production microscopique au sein du vignoble, y goûter, au fût, peut être considéré comme un privilège. Je suis donc un privilégié.

    - Pinot gris "La Clavenière" 2007, AOC Neuchâtel: un superbe vin sec, au fruit net au nez (arômes de poire William) et à la bouche fraîche. Une belle matière étirée par une grande acidité. J'aime beaucoup.

    - Chardonnay Les Charmes 2007, Vin de pays Suisse: du gras, mais le boisé marque encore un peu. Là encore, une belle structure acide prometteuse.

    - Rosé de saignée 2007: assemblage des différents cépages rouges du domaine et élevage en barrique. La mise ne devrait plus tarder. Joli nez très caramel au lait, bouche soyeuse, vineuse, nourrie par le bois, mais sachant faire preuve de légèreté. Un beau rosé de gastronomie en perspective.

    - Pinot Noir "Plénitude" 2007, Vin de pays Suisse: un très joli fruit, sur une matière dense et resserrée.

    - "Le Clavin", Assemblage Rouge 2007, Vin de Pays Suisse: 50% garanoir, 40% Gamaret, 10% Diolinoir pour une belle matière soyeuse, bien concentrée, avec de la rondeur.

    - Travers Saints 2007: les tanins sont un peu rustiques, mais sans sensation de verdeur. Longueur suffisante et correcte pour un vin sans prétention.

    - Pinot gris passerillé "La Clavenière" 2007, AOC Neuchâtel: une technique de passerillage sur fil dans un local bien ventilé permet une belle concentration des sucres et des arômes. L'acidité est encore dominante, prometteuse, et les notes boisées apportées par la feuillette finissent par s'estomper au fil des millésimes. Le résultat dans quelque temps, lorsque le vin se sera étoffé et aura pris du gras, devrait être à la hauteur des espérances.

    - Pinot gris passerillé "La Clavenière "2006, AOC Neuchâtel: en bouteille. Il développe de jolis arômes de fruits jaunes, de mirabelle et de poire. La texture est onctueuse, le boisé encore nettement perceptible, asséchant légèrement la finale. Il faut l'attendre.

    - Pinot noir de Concise 2006: des retrouvailles avec ce fort joli pinot à la robe rubis brillante, au joli fruité, fin et délicat. Très beau.

    La boucle est bouclée, retour à Travers pour une fondue enchainée, une véritable fondue de la Brévine, avec un Petit Clos 2006 de la Colombe, une cuvée de Chasselas de Maître Raymond Paccot.

     

    "Guili guili
    Passé le Rio Grande
    Ça sonne comme l'Helvète Underground
    "

     

    Olif