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Le blog d'Olif - Page 69

  • Jean-François Ganevat, le franc-parler jurassien

    Date: le 09/11/2003 à 09:48

    Par cette belle journée de début novembre, l'occasion était trop tentante pour une petite sortie jurassienne totalement incognito, soigneusement dissimulés dans une voiture banalisée immatriculée en Confédération Helvétique. L'équipage au grand complet, digne d'une chanson de Bobby Lapointe, constitué d'Yves Z, le chauffeur philosophe helvète, du Seb, copilote arrière esthète, ainsi que moi-même, votre serviteur, que l'on dit poète, quitta Pontarlier quasi aux aurores pour se diriger dans le vignoble jurassien et y retrouver Saint Vernier, grand coordonnateur de la journée, pour une découverte en profondeur, mais en accéléré, de la diversité viticole de la région.

    « Sous la Roche », dans la Combe de Rotalier, un petit paradis perdu éclatant sous le soleil, tout là -bas, au bout du monde, dans un cul-de-sac adossé à la roche, avec un fort joli coteau entièrement replanté récemment, en exposition sud, qui nous permet d'apprécier un peu de la géologie du terroir jurassien. Le sous-sol argileux devrait convenir idéalement au trousseau et au savagnin qui remplacent désormais ici le poulsard.

    Jean-François Ganevat, notre hôte, jovial vigneron au franc parler, parfois un peu provocateur, aurait bien mérité une interview LPV. Malheureusement, le matériel était défaillant! Les aléas du métier de journaliste ! Ce sera donc une interview sans parole, un genre de portrait du personnage, ce qui n'est déjà pas si mal !
    Après une dizaine d'années passées en Bourgogne pour le compte du domaine Morey à Chassagne-Montrachet, Fanfan Ganevat est revenu au bercail en 1998. Son premier vrai millésime, celui qu'il a maîtrisé de A à Z, pour lui, c'est 1999 et les vins du domaine que j'ai eu l'occasion de goûter jusqu'à présent m'ont totalement emballé, tant en blanc qu'en rouge.
    Déjà remarqués et remarquables, ses vins sont pourtant en train de prendre un nouveau virage pour encore plus d'exigence. Adepte du sans soufre, il souhaite évoluer vers des vins de plus en plus nature, exprimant encore plus le raisin. L'avenir nous dira s'il a raison mais la dégustation qui a suivi a été l'occasion de quelques révélations.
    Comme tous les vignerons qui font de la qualité, pour lui, le vrai travail commence à la vigne. Respecter le sol, le sous-sol, l'environnement, c'est primordial pour laisser parler le raisin.

    Après un petit coup d'oeil en extérieur, nous entreprenons un véritable porte-à -porte dans le hameau, celui-ci étant constitué de plusieurs maisons en apparence indépendantes, mais chaque corps de bâtiment recelait son lot de trésors. Là les 2003, ici les 2002, là -bas des savagnins, encore ailleurs des rouges...


    Dégustation au fût :

    Beaucoup de cuvées goûtées, dont les 2003. Hormis une cuvée de chardonnay en théorie destinée aux crémants et écartée de cet usage devant le fort degré naturel à la récolte, aucun des vins goûtés n'a nécessité d'acidification. L'impression d'ensemble est plutôt favorable même s'il est difficile de bien juger les vins à ce stade.
    Le rythme intensif de la dégustation ne m'a pas permis la prise de notes dans de bonnes conditions, je me bornerai donc à quelques commentaires sur les vins qui m'ont le plus inspiré. Tous ces vins sont en appellation Côtes du Jura.


    - Chardonnay Florine 2002 : jolie fraîcheur, sur la mangue, l'abricot, les fruits secs.

    - Chardonnay Grands Teppes 2002 : sur le premier fût, le vin a été débourbé. Le vin est incisif, vif, avec des notes de raisin. Sur le deuxième fût, non débourbé, on est plus sur la fleur d'ortie. Le troisième fût, non débourbé également, présente beaucoup plus de gras, un peu pain grillé beurré. Les variations d'un fût à l'autre sont étonnantes !

    - Chardonnay Les Chalasses VV 2002 : nez puissant, grillé avec des notes d'agrumes. La bouche est grasse, riche, ample, finissant sur de légers amers. Superbe ! Un deuxième fût est plus marqué agrumes.

    - Chardonnay Les grands Teppes VV 2002 : goûté sur 3 fûts différents également. Le premier est incisif, mordant, minéral, sur la pierre à fusil. Finale citronnée avec quelques amers. Le deuxième fût révèle un vin un peu plus mou alors que le troisième est d'une exceptionnelle densité, boisé (fût neuf) mais absolument magnifique.

    Les différentes cuves de savagnin ouillé 2002 m'ont également beaucoup plu, de même que certaines barriques du chardonnay Grusse VV 2002. Les rouges sont dans une phase gustative beaucoup moins accessible actuellement.

    Au restaurant Le Comtois, à Doucier, nous avons pu déguster la quasi totalité de la production en bouteille, millésime 2002 pour les rouges et 2001 pour les blancs. Je retiendrai un Chardonnay Grands Teppes VV de haute volée, un excellent savagnin ouillé, ainsi qu'un pinot noir 2002 sur le fruit, très gourmand.

    Un sacré personnage que ce Fanfan Ganevat et un domaine dont il faut impérativement retenir le nom!

    Olif
  • Le Clos Montmartre, vin du Vieux Monde !

    Date: le 28/10/2003 à 21:55

    Flâner dans le XVIIIème, parcours obligatoire du touriste moyen, vous conduit immanquablement vers les vignes du Clos Montmartre, qui a le mérite d'avoir une véritable histoire, contrairement à ses homologues du Nouveau-Monde, et que celle-ci est plutôt belle !

    La vigne de Montmartre remonte vraisemblablement à l'époque gallo-romaine. Très étendu jusqu'à la fin du XIXème siècle, le vignoble s'offre même le luxe d'être subdivisé en «cru» ou en «climat» : la Goutte d'Or, la Sauvageonne, la Sacalie,... qui finiront par fusionner sous le vocable moins prestigieux de «picolo» de Montmartre, la qualité ne semblant pas nécessairement au rendez-vous.

    Le début du XXème siècle, de par la concurrence viticole et l'urbanisation, a eu raison du dernier cep. Coïncidence, l'absinthe (de Pontarlier, notamment!) battait alors son plein, enivrant jusqu'à plus soif les artistes de la place du Tertre.

    Les années 30, grâce à Francisque Poulbot entre autres, virent le renouveau de ce petit carré de vignes, planté à flanc de coteau, en lieu et place d'un petit square destiné aux enfants et ayant résisté à la pression immobilière.
    1556 m2 de sables siliceux de Fontainebleau reposant sur des argiles vertes et des marnes à huîtres, et sur lesquelles on a planté 1762 pieds de Gamay, Pinot noir et Hybrides producteurs directs. 33,5 hl/ha, 402 litres produits en 2002 pour 805 bouteilles de 50 cl. Les chiffres parlent d'eux-mêmes !

    Il faut reconnaître que l'endroit est magique, surtout si l'on ferme les yeux et que l'on s'imagine au siècle avant-dernier, loin du flash crépitant de nos amis nippons ! En face, sur le même coteau, subsiste le square Roland Dorgelès, qui inciterait presque à la rêverie si la température était plus clémente en cette fin octobre. Certains ont quand même dû rêver profondément, hier soir, si l'on en juge par le nombre de cadavres de Kro jonchant le sol, et venant rompre le charme de l'endroit.

    Est-ce encore une fois la faute au millésime précoce, mais j'ai raté de peu la fête des vendanges qui se déroule chaque année sous le parrainage de personnalités de tous horizons. Cette année, Elie Semoun et Véronique Genest s'y collaient pour une grande fête populaire. De vendange, il n'y eut point, car toute la récolte a été détruite par un orage de grêle le 31 mai. Il y aura toutefois une production de Clos Montmartre en 2003, des raisins ayant été offerts par des Confréries Vineuses au Comité des Fêtes du XVIIIème. Une cuvée «Solidarité» verra donc le jour dans ce millésime. Un exemple à méditer dans les autres appellations ?

    Le dernier millésime y est présenté et commercialisé à l'occasion. Enfin, pas vraiment commercialisé puisqu'il est offert ! En échange d'un don de 40 euros aux Oeuvres sociales de l'arrondissement, fiscalement déductible ! Une véritable aubaine!

    Chaque millésime est habillé par un étiquetage spécifique, illustré par un peintre contemporain, véritable collector digne de Mouton !
    La cuvée Toulouse-Lautrec représente le millésime 2001. Consciencieusement, je me suis senti obligé de la goûter et de la commenter, même si cela peut paraître un peu obscène. Une oeuvre de bienfaisance, on ne peut décemment la juger ! Sachez seulement que ce Clos Montmartre 2001 se rapproche plus du «picolo» que de Mouton-Rotschild, même s'il est loin d'être imbuvable.

    Une expérience enrichissante et ma modeste contribution au folklore local, éminemment sympathique !

    [www.fetedesvendangesdemontmartre.com]

    Olif

  • Quelques grands du Roussillon!

    Date: le 10/10/2003 à 21:31

    Petite thématique personnelle sur les vins du Roussillon, débutée devant l'opportunité de découvrir enfin ce fameux Terroir Mailloles du domaine Sarda-Malet, le plus beau du Roussillon à  ce qu'il paraît! Comment jauger véritablement un vin si ce n'est l'étalonner par rapport à  nos références personnelles? Je suis donc allé puisé dans les entrailles de ma cave pour y dénicher quelques sparring partners d'envergure!

    - Domaine du Clos des Fées VV 2001

    Quelle séduction! Un vin qui a la cerise!
    Soyeux et satiné, dans un registre juvénile très fruité, il resplendit d'élégance pour finir sur une pointe de cacao. Très féminin malgré le fort degré alcoolique (qui jamais ne roule les mécaniques!), il est doté d'un parfait équilibre qui lui sied à  merveille, l'élevage sachant se faire très discret à  ce stade. Après 24 heures d'ouverture, il s'alourdit à  peine, perd un peu de tonus, et le côté crémeux devient légèrement écoeurant. Ce qui ne retire rien à  ses qualités si on l'attend sagement en cave, ou encore si l'on siffle la bouteille d'une traite!

    - Domaine Sarda-Mallet, Terroir Mailloles 2001

    Goûté juste avant le VV du Domaine du Clos des Fées, il lui tient sans problème la dragée haute. Un peu plus réservé à  l'ouverture, il lui a fallu du temps pour s'exprimer, mais quelle récompense! Chocolat, cerise à  l'eau de vie, avec une grande densité et une profondeur immense. Sans le côté séducteur immédiat du précédent mais avec un soupçon de race supplémentaire. Un vin qu'on aime aimer, car il se livre par petites touches, se retenant un peu à  l'ouverture mais terminant en apothéose dans un océan de saveurs fruitées et chocolatées. On peut en profiter déjà  maintenant, mais son potentiel semble énorme!

    - Les Sorcières du Clos des Fées 2001

    Robe grenat brillante mais opaque.
    Le nez est marqué d'abord par le bois, mais celui-ci s'estompe rapidement pour laisser parler un fruité plutôt assez frais. Ce vin pétillait dans sa jeunesse, juste après la mise, ayant suscité quelques interrogations. Aujourd'hui, les bulles ont presque disparu et il persiste surtout une sensation de fraîcheur avec juste un petit picotement sur la langue en finale. Un peu plus déséquilibré par l'alcool que la grande soeur, il devrait être tout juste prêt pour fêter Halloween cette année.
    24 heures après l'ouverture, la sensation gazeuse n'a toujours pas complètement disparu (vin non carafé, non secoué).

    - Collioure 95, Les Clos de Paulilles

    En complément, juste pour avoir une petite idée du potentiel de garde de la grande région Roussillon.
    Robe grenat sombre homogène, avec de toutes petites traces d'évolution sur les bords, à  peine perceptibles.
    Le nez est assez expressif, agréable, empyreumatique, sur le noyau de cerise, le chocolat et quelques notes fumées.
    Attaque franche, beau volume, mais finale un peu sèche. Il ne possède pas l'opulence des voisins du Roussillon mais s'exprime de façon plutôt droite. Arrivé à  maturité, il mérite d'être bu sous peine de sécher un peu plus.

    L'impression d'ensemble de cette dégustation est plutôt très favorable au Roussillon, avec des vins déjà  très séducteurs dans leur jeunesse. J'aurais pu rajouter un ou deux vins de Gauby, mais ma cave est pour l'instant en dérangement et je ne retrouve pas tout ce que je veux. Une prochaine fois!

    Olif

  • Où il y a de la Cart(h)agène...

    Date: le 12/10/2003 à 09:50

    ...j'espère bien qu'il y aura du plaisir!

    J'ai rapporté de Carcassonne  2 bouteilles de Carthagène du Château Haut-Gléon ("C'est la meilleure! m'a dit la petite dame qui les vendait et qui visiblement l'appréciait beaucoup, même si c'était aussi la plus chère!): une blanche et une rouge.

    Il fallait bien en ouvrir une un jour! Mais comment ça s'écrit, d'abord,  [cartagen]?

    Avec H ou sans H?
    Et d'où il vient, ce nom? Un click sur Voila et voilà ! C'est magique, Internet!

    [www.chez.com] (NB: le lien ne fonctionne plus, mais c'est bien là que j'ai trouvé cet article)

    Cartagène


    C'est Hannibal le Carthagénois, qui fonda en Espagne la Nouvelle Carthage ou Cartagène.

    De là à dire que notre fameuse Cartagène du Languedoc tire son origine de cette ville et des armés d'Hannibal, rien n'est moins sûr.

    Selon une tradition plus fiable, au 16ème siècle, les femmes des marins de l'Invincible Armada préparaient pour leurs époux une boisson qui leur donnait le courage d'affronter la haute mer, l'ennemi et la solitude.

    Elles l'appelèrent la « Carthagène ».

    Elles auraient retrouvé la recette de cette boisson dans la façon dont au temps des Romains on faisait le vin.

    Soutien des guerriers, inspiration des poètes, cette boisson gagna peu à peu les pays de langue d'Oc, où elle devient traditionnelle.

    Classée parmi les apéritifs à base de vin, élaborée à partir de jus de raisins blancs ou rouges, la Cartagène est une mistelle dont la fabrication est souvent tenue secrète, et dont la production fut longtemps interdite, au profit du Pineau des Charentes, du Floc de Gascogne ou du Ratafia de Champagne.

    Comme eux, il s'agit bien d'arrêter la fermentation du moût du raisin par un apport d'eau de vie, dans un proportion d'un quart d'eau de vie pour un litre de moût.

    De cette recette, disent certains, viendrait le mot « cartagène », ce qui expliquerait la disparition de la lettre «h».

    Ce qui est sûr, quelle que soit l'interprétation sur les origines de cette boisson, c'est qu'il faut écrire : cartagène ( et non carthagène).

    Sa fabrication, selon les recettes ancestrales étant désormais autorisée, quelques viticulteurs du Languedoc se sont lancés dans sa commercialisation.

    Après la mise en bouteille, la Cartagène peut vieillir indéfiniment et prendra avec les ans une belle couleur d'ambre et d'or.

    Délicieuse à  l'apéritif, elle fait merveille sur foie gras ou fromage de Roquefort.

    Ce doux breuvage accompagne traditionnellement les treize desserts du Noà«l provençal.

    C'est l'apéritif traditionnel du Languedoc et des Cévennes

    Servir très frais : 8° à  10°.

    Jean Mignot

    Uzès Domaine de Cruviers-Larnac



    Concernant la mienne, de Cartagène, enfin plus exactement celle du Château Haut-Gléon, je l'ai servie à température de cave, qui pour l'instant est excellente (13,5°) même si j'ai peur que cela ne dure pas, les premières gelées matinales font leur apparition dans le Haut-Doubs.

    J'ai opté pour la rouge, à la robe soutenue, au nez de cerise avec un côté pharmaceutique ou herbacé, pas désagréable, pour lequel j'ai évoqué le coca-cola, mais je retiendrai, selon l'avis de mon fils de 16 ans qui s'y connaît, le cherry-coke! Un peu doucereux par son côté naturel très sucré, mais quand même chargé en alcool, c'est un apéritif plutôt agréable, idéal pour Belle-Mère!

    Olif
  • Languedoc 98, Le Clos de la Copa Inconnue

    Date: le 16/10/2003 à 08:31

    Réunion du noyau dur du GJP, hier soir, l'occasion d'une triangulaire horizontale de vins du Languedoc, millésimés 98. Triangle qui se révélera isocèle, tant les 3 vins sélectionnés se sont révélés être d'un niveau qualitatif équivalent, dans des styles toutefois un peu différents.

    Après une mise en bouche avec Silex 99 ouvert sur quelques huîtres de l'ile de Ré, nous attaquons le plat de résistance: une splendide côte de boeuf, cuite à  la perfection (bravo Valérie!), pour accompagner nos trois compères d'Oc. Les vins ont été carafés l'après-midi et sont servis à  l'aveugle.

    Pouilly-Fumé 1999, D. Dagueneau, Silex

    Un nez qui sauvignonne encore légèrement, bourgeon de cassis, agrumes, de la nervosité en attaque et derrière on perçoit l'étoffe de la structure, en train de se complexifier. Déjà  très agréable, il devrait devenir bientôt très grand.

    Terre Inconnue, cuvée Léonie 98

    Robe sombre. Nez puissant où l'alcool domine avec une touche animale très discrète. Bouche sur l' Amarena, le zan, très satinée, tout en finesse, où l'alcool se fond comme par enchantement. Superbe! Un régal d'équilibre!
    Noté à  l'unanimité: trop fort, ce Robert!

    Domaine d'Aupilhac, Le Clos 98

    Robe sombre. Nez très fin, sur le sirop pour la toux (Toplexil), le caramel, le réglisse. Les tanins sont très fins, soyeux. La classe!
    Un régal de finesse!
    Le plus apprécié lors de la dégustation apéritive, il s'est révélé un peu moins à  l'aise sur la viande.

    Domaine Clavel, Copa Santa 98

    Robe sombre. Nez à  peine réduit, fruit blet, animal, puis cerise à l'eau de vie, goudron, réglisse, puissant avec de la finesse. En bouche, c'est du massif! Un peu monolithique en attaque, il s'épanouit à  l'ouverture.
    Un régal de puissance!
    Cette force tranquille s'est domptée de façon magnifique au contact de la texture du boeuf pour réaliser un très bel accord.

    Un 27 novembre 2000, Didier Cornillon

    Une découverte signée François, un vin de la Drôme. Moûts de raisin fermentés issus de raisins passerillés. Un genre de vin de paille du Sud, sur l'abricot, l'abricot confit, très mentholé, donc très frais. Joli!

    Enorme satisfaction, donc, que cette dégustation de Languedoc 98. Un millésime épanoui!

    Olif

  • RDD de chez Bollinger

     
    Date: le 02/10/2003 à 11:16

    Non ce n'est pas une nouvelle cuvée de la grande maison champenoise! RDD, ça veut dire Récemment Dégorgé et Dégusté, et c'est juste le compte-rendu d'une petite soirée dégustation de quelques vins de Bollinger organisée à l'initiative de la cave du Bon Echanson en association avec le commercial Bollinger du secteur. Un grand moment!

    Après un petit topo très "sérieux" sur la Champagne, où nous avons appris, entre autres, que celle-ci va de Mickey jusqu'à De Gaulle, une cinquantaine d'ha de vignes se situant en Seine-et-Marne, une cinquantaine d'autres en Haute-Marne vers Colombey, nous avons eu la chance de déguster quelques vins sublimes.

    -Bollinger Grande Année 96

    70% Pinot Noir, 30% Chardonnay, 75% Grand Cru, 25% Premier Cru, 100% Cuvée

    Belle robe jaune pâle, à  la bulle fine et régulière.
    Le nez est intense, brioché, sur l'amande, la noisette, un peu miellé.
    Malgré cette richesse olfactive, la bouche est fraîche, vive en attaque, ample. La belle acidité procure une sensation de longueur immense.
    Impressionnant et monumental! Un grand et bon Champagne!

    -Bollinger RD 90

    Dégorgé le 25/06/03. 69% Pinot Noir, 31% Chardonnay, 67% Grand Cru, 33% Premier Cru, 100% Cuvée

    La robe est d'une belle couleur jaune, légèrement paille.
    La bulle est un peu disparate.
    Grande finesse des arômes, très subtils, avec des notes de banane séchée.
    Si la bulle est rare, l'effervescence est bien perçue en bouche, donnant un sentiment de fraîcheur à cet ensemble très profond et complexe. Elle disparaît complètement au fil de la dégustation, l'effervescence s'amenuise mais le vin reste frais.
    Une expérience unique et un grand moment de dégustation.
    Seulement 4500 bouteilles/an pour le marché français.

    -Bollinger Spécial Cuvée

    80% Premier cru, 20% Autres crus car contient une faible proportion de pinot meunier

    C'est le brut sans année et en fait le produit le plus bichonné de la gamme car le plus consommé et celui qui entraînera le consommateur vers le haut de gamme.
    Robe jaune pâle à  reflets verts.
    Nez acidulé, citron vert, herbes sèches.
    La bulle pétille énormément, apportant beaucoup de fraîcheur, et procure une sensation d'équilibre, entre finesse, puissance et élégance.
    Un très beau Champagne reflétant le style Bollinger.

    La soirée s'est tranquillement poursuivie autour d'un petit mâchon arrosé des vins du château de Jau, en Côtes du Roussillon, dont la cuvée prestige Talon Rouge 2001, également diffusés par Bollinger.

    Un peu travaillé au corps, mais finalement sans trop se faire prier devant notre intérêt et notre assiduité à suivre son discours, le représentant de Bollinger a accepté le principe d'une nouvelle rencontre avec La Côte aux Enfants et les Vieilles Vignes Françaises au programme. J'en salive d'avance! (note du 18 août 2005, j'en salive toujours d'avance!)

    Olif

  • Thierry Michon, le lutin bondissant des Fiefs

     
    Date: le 21/09/2003 à 09:35

    Impossible de séjourner en Vendée sans se rendre au domaine Saint-Nicolas, fleuron de l'appellation Fiefs Vendéens, à Brem sur mer.

    Cette deuxième semaine de septembre n'était pourtant pas le moment idéal, car elle tombait en pleine vendange, pour cause de millésime précoce.

    Thierry Michon, c'est un peu l'extra-terrestre des Fiefs Vendéens, AOVDQS dont la mission principale consiste à abreuver le flot de touristes estivaux, produisant des vins simples, sympas pour accompagner les produits de l'océan, mais sans véritable âme. Thierry a converti le domaine en biodynamie et s'est tourné vers une viticulture de qualité, exigeante, qui se démarque complètement du reste de la production locale.

    Le jour où je lui ai rendu visite, en compagnie de PhR, les vendanges se terminaient à peine et il venait de recevoir deux nouvelles cuves bois de Seguin-Moreau, de belles occasions mais qui se sont révélées ne pas être préparées à une utilisation immédiate. Thierry devait donc chauffer les cuves à l'aide d'un karcher à vapeur pour que le bois se retende, opération à renouveler toutes les heures, « comme si on n'avait que ça à faire ». Je le reverrai toujours bondissant d'une cuve à l'autre tout en entamant la discussion avec nous. Finalement, il trouve quand même le temps de nous promener dans la cave, joyeux foutoir débordant d'activité, et nous goûtons à même la cuve la récolte tout juste vendangée. Du vin bourru, trouble, extrêmement sucré cette année ! Des blancs à la robe légèrement purulente (désolé pour les âmes sensibles, je n'ai pas trouvé d'autre image évocatrice !), des rouges à la robe fuchsia, crachés à même la cave, dans le caniveau. Cela change de la distinction des caveaux de dégustation du Médoc, mais ça a le mérite d'être vivant et spontané. Petit aperçu de la grande qualité des vins au travers d'un pinot noir 2002 en fût, à la robe rubis brillante, « propre », d'une concentration étonnante. Je ne m'attendais pas à trouver un vin de ce calibre en appellation Fiefs Vendéens !

    Déjà 12h30, il est l'heure pour moi de regagner le Jura, non sans emporter un peu de cette terre et de cette mer de Vendée, un échantillonnage de la production de Thierry Michon pour y goûter dans de bonnes conditions, à tête reposée, et un échantillonnage de crustacés en provenance du marché de Saint-Jean-de-Monts. L'avantage du vin sur les coquillages, c'est qu'on peut le garder plus longtemps (et c'est même conseillé !).

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Le Haut des Clous 2001

    Une sélection sur le haut de la parcelle Les Clous, pour produire le blanc haut de gamme du domaine à base de chenin (prononcer « ch'nin »).

    Belle robe jaune pâle brillante.
    Un vrai festival d'arômes que ce nez sur la poire, le tilleul, la cire, les herbes coupées, le miel, et de petites notes iodées salines. Serait-ce le double effet Kiss-cool ? Me suis-je à nouveau téléporté sur la plage de Saint-Jean ?
    La bouche est bien équilibrée, vive, fraîche, mais complexe et grasse en même temps. Très beau vin.

    Fiefs Vendéens, Domaine Saint-Nicolas, Reflets 2000

    Assemblage pinot noir et cot.
    La robe est rubis foncé. Le nez est sur le poivron bien mûr mais laisse une toute petite impression végétale. Bien charpenté, il est séducteur mais demande un peu de temps dans le verre pour s'ouvrir et se révéler à son meilleur jour. On peut l'attendre quelques années.

    Ah! la Vendée!

    Olif

  • Divine douceur angevine

     
    Date: le 14/09/2003 à 18:59

    Comment ne pas succomber aux charmes angevins lorsque l'on a pour guide PhR, véritable prophète en ce vignoble, et qui, en l'espace d'une bien trop courte journée, vous fait découvrir la quintessence de deux appellations?

    Château de Suronde

    Comment ne pas tomber amoureux des Quarts de Chaume, lorsque l'on fait la rencontre d'un homme intransigeant, passionné et passionnant, en quête de l'excellence dans le respect de la vigne et de l'environnement ? Francis Poirel est de cette race-là ! En un petit tour de terrain et quelques mots, il arrive à vous faire entrevoir le pourquoi et le comment de l'appellation elle-même et l'approche qu'il en a personnellement : son origine historique, la qualité du sol et du sous-sol, l'environnement, qui favorise la genèse d'un microclimat spécifique, le respect de la vigne et de la nature. Un réel bonheur que de goûter à même la vigne quelques grains de chenin botrytisés, puis la confirmation gustative de la grandeur de ses vins. Ah ! le Quarts de Chaumes 2001, d'une exceptionnelle densité (pas encore mis en bouteilles !), à la robe déjà très dorée exhalant des parfums intenses. Un vin immense, qui ne devrait faire que grandir, si on le compare à ce sublime 96 débouché juste après. Pour l'anecdote, nous avons déjà goûté le sauvignon 2003, fraîchement vendangé. Un vin bourru de première bourre!

    La Coulée de Serrant

    Comment ne pas s'extasier devant la beauté du vignoble de Savennières, sur l'autre rive de la Loire, qui a tout pour faire partie des plus grands : le terroir, le cadre, l'histoire et des locomotives de très grande réputation, comme cette fameuse Coulée de Serrant que nous ne manquons pas de visiter? Le cadre est magnifique, la promenade autour du château et dans les vignes en libre-service, ensuite passage à la caisse, dans un petit caveau fait de bric et de broc, non sans avoir goûté le Savennières et la Coulée 2001, pas encore complètement oxydée . La caissière est charmante et fort sympathique mais visiblement employée comme femme à tout faire de la propriété. Nous entendrons juste la voix de Nicolas Joly lui réclamer à boire pour les vendangeurs. Le moment était peut-être mal choisi, mais quel dommage de ne pouvoir visiter ce domaine plus en profondeur et rencontrer ceux qui font ce grand vin!

    Dernier petit tour dans le vignoble, pour voir la nouvelle parcelle qu'Eric Morgat devrait bientôt planter, et rencontre avec le vigneron du château d'Epiré qui a lui aussi commencé les vendanges. Ce PhR ! Connu comme le loup blanc à Savennières ! Nous discutons un court instant avant de regagner la Roche/Yon par le chemin des écoliers, en passant par Ancenis et la cave Bournigaut, où, en cherchant bien derrière les fruits et légumes, vous pourrez trouver quelques uns des plus beaux flacons au monde, soigneusement rangés par millésime et classement ( d'abord les premiers GCC, puis les 2èmes, etc.). Plus fort que Leclerc ou Auchan !

    Ah! la Loire! Sa douceur de vivre et ses innombrables trésors. Une région à  découvrir impérativement!

    Olif

  • Le Jura côté Jardins!

    Date: le 22/08/2003 à 15:34

    Petite virée en Arbois, hier, en compagnie du Seb, direction Les Jardins de Saint-Vincent pour une rencontre avec Stéphane « Saint-Vernier » Planche et une dégustation de quelques jolis flacons de Jura dont certains aiguisaient ma curiosité depuis quelque temps.

    Stéphane est un vrai passionné, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, volubile et intarissable lorsqu'il s'agit de vins, et, tout en commençant à s'humecter les papilles, nous brassons une multitude de sujets dans l'air du temps, notamment la conception et la notion de terroir, sujet sur lequel je ne reviendrai pas ici, de peur de m'étendre ! grinning smiley

    - Arbois Poulsard 2000, J. Puffeney : pour une mise en bouche, on aurait pu tomber plus mal! Ce joli vin de poulsard, à la belle robe tirant sur la brique, est confituré et épicé à souhait, doté en plus d'une belle fraîcheur. Un vrai beau poulsard, frais et gouleyant!

    - Arbois Trousseau 2000, cuvée des Géologues, L. Aviet : la robe un peu plus soutenue que le précédent, le nez est très expressif, fruité et légèrement caramélisé, avec une pointe de réglisse. La structure acide est un peu trop marquée à mon goût, rendant le vin un peu maigre en milieu de bouche, mais, à sa décharge, la bouteille était ouverte depuis plusieurs jours et a pu pâtir d'une aération trop prolongée. Un vin néanmoins frais et pas désagréable.

    - Arbois 88, C. Loye, cuvée du Luron : assemblage 50% trousseau, 50% poulsard.La robe est très brillante, éclatante, d'un rouge rubis peu soutenu, que d'aucuns pourraient trouver diluée, ce qui n'est évidemment pas le cas. Le fruité est magnifique (petits fruits rouges), la structure très élégante. Une grande fraîcheur et un équilibre tout en finesse. Un vin surprenant, d'une jeunesse phénoménale.

    - L'Etoile VV 99, Ph. Vandelle : un chardonnay élevé sous voile mis en bouteilles à 2 ans. Une puissance et une longueur remarquables, dans un registre oxydatif (noix, surtout) avec une belle acidité qui contribue à garder de la fraîcheur malgré un côté gras et miellé qui commence à apparaître. Un vin qui s'impose immédiatement par ses arômes, qui vous sautent à la figure, avec un côté un peu agressif, une véritable "claque" ou un "coup de poing" , c'est comme on veut, mais qui se dompte progressivement.

    - Arbois La Fauquette 99, M. Gahier : chardonnay oxydatif également, parce que le terroir permet naturellement l'évolution sous voile et qu'il ne sert à rien de lutter contre, le vin s'oxydera quand même! La noix saute moins au nez que le précédent et le vin possède un soupçon de finesse, de race et de classe supplémentaires. Il se livre progressivement, pendant longtemps, et la finale est immense, avec un retour de la noix dans les caudalies. Beaucoup d'opulence dans ce vin que je verrais bien vieillir un peu comme les vins de Camille Loye. Très beau!

    - Arbois Vin Jaune 95, M. Gahier : le deuxième millésime de jaune seulement pour Michel Gahier, insuffisamment satisfait de sa production antérieure. Le nez est immense, intense et complexe, se révélant petit à petit: noix, épices, amande, miel, curry... L'attaque est franche sur une base acide, avec du gras qui se développe et s'amplifie jusque dans la finale, interminable. Un vin qui imprègne et que l'on transpire par tous les pores de sa peau! Grandiose!

    Olif

  • La cave du vieux moulin, Romain Papilloud, Vétroz

    Date: le 10/08/2003 à 20:46

    Il n'aura pas fallu deux mois pour concrétiser une invitation de Romain Papilloud à découvrir ses vins à la Cave du Vieux Moulin à Vétroz, suite à une première rencontre furtive à l'oenothèque de Leytron.

    C'est ce qui s'appelle de l'efficacité et du dynamisme, à l'image de ce sympathique vigneron-éleveur (et pas meunier, le Vieux Moulin ne produisant peut-être même plus de farine!), sis à Vétroz, patrie de l'amigne, que Romain réussit merveilleusement, ayant complètement craqué récemment pour cette bouteille qu'il m'a offerte il y a 2 mois.

    C'est dans la fraîcheur toute relative de son caveau, par cette après-midi caniculaire d'août,
    que nous nous sommes retrouvés pour la dégustation, en présence de la quasi-totalité du staff de LPV.
    Chaude journée en Valais, comme un peu partout en Europe. Même sur la plage de Saint-Jean de Monts, il paraît que l'on se brûle les pieds, c'est dire !

    Romain est visiblement aussi heureux de nous faire déguster sa production que nous de la découvrir.
    Sans plus tarder, nous attaquons par les blancs 2002.

    - Fendant Amandoleyre 2002 : un très beau fendant, fruité, vif, frais et minéral. La seule cuvée de chasselas produite au domaine, Romain semblant plus visiblement attiré par les cépages à personnalité plus marquée. Très jolie réussite néanmoins, qui nous vaut la première grimace de Claudius !

    - Petite arvine 2002 : une petite arvine sèche, qui possède beaucoup de mordant en attaque, puis qui développe une jolie palette aromatique caractéristique, avec un chouïa d'amertume en finale qui devrait s'estomper. Très jeune, à attendre un peu.

    - Amigne grand cru 2002 : une petite splendeur d'amigne , vinifiée « avec un petit sucre » pour répondre à la demande du consommateur moyen d'amigne, qui la préfère légèrement douce, et de la femme de Romain, également de l'avis des consommateurs d'amigne !

    - Amigne grand cru 2002 barrique : échantillon tiré du fût. Bien marquée par le bois, ce qui semble normal à ce stade, un vin qui compense la moindre fraîcheur par rapport au précédent par un supplément d'âme et de profondeur. Destinée à rester encore quelques mois en fût, je suis prêt à parier sur le grand avenir de cette bouteille.

    - Amigne grand cru 93 : l'amigne, ça peut vieillir, le saviez-vous ? Et bien Romain nous le démontre. En partie avec cette cuvée qui possède des notes oxydatives au nez qui perturbent un peu la dégustation. La structure est néanmoins impeccable, ample, riche, sans le moindre signe de fatigue.

    - Amigne grand cru 94 : la confirmation de ce que nous venons d'entrevoir. Point de nuances oxydatives mais un nez légèrement acidulé, très frais, une bouche longue et complexe avec des notes légèrement mentholées en finale qui contribuent à entretenir le fraîcheur. Grand vin et véritable révélation par rapport au potentiel de ce cépage.

    - Gamay VV 2002 : un gamay à la robe très sombre et un vin très concentré avec une légère réduction au nez. Riche et charnu, c'est une expression du gamay assez étonnante mais maintenant recherchée dans le Valais.

    - Pinot noir 2001 : assez typique de la production valaisanne avec ses notes lactées (caramel au lait pour moi), il est fondu, accessible et long. Un vin plaisir.

    - Pinot noir 2002 : plus coloré et fruité que le précédent, il possède aussi un côté plus fougueux témoignant de sa mise récente. A laisser reposer un peu.

    - Pinot noir 2002 barrique : un boisé un peu marqué avec une trace d'amertume le rend moins accessible que les deux précédents (échantillon tiré du fût).

    - Vétroz grand cru 2001 : sous cette appellation village se cache en fait une Dôle composée de 70% de pinot noir, 15% de gamay et 15%de diolinoir .La mode des cuvées de gamay VV a en fait dépossédé la Dôle d'une partie de ses constituants, contribuant à la dévaloriser profondément, à l'instar des Passetoutgrains Bourguignons. Ce qui explique la décision de Romain de ne pas mentionner le nom de Dôle sur l'étiquette de ce Vétroz grand cru. C'en est pourtant une très jolie, fruitée, ample, charnue, colorée et gouleyante. Je craque pour ce vin séducteur qui arrache pourtant une deuxième grimace à Claudius, limite éclat de rire!

    - Cornalin 2002 : un cépage indigène valaisan que je brûle de mieux connaître. Mes expériences passées n'ont pas été très concluantes mais là , c'est superbe de fruit et de concentration. Un peu de mâche en finale, témoignant de sa jeunesse, mais une texture déjà très soyeuse. Très beau !

    - Syrah 2002 barrique : très colorée et concentrée, une jolie syrah dans laquelle on retrouve des notes de lard fumé et d'épices. L'élevage est déjà bien intégré à ce stade.

    - Cornalin 95 : là , Romain nous gâte ! Non disponible à la vente, évidemment, c'est un bonheur que de goûter à un «vieux» cornalin, pourtant encore très juvénile. Une somptueuse liqueur de cassis emplit le nez et la bouche et s'installe pour longtemps. La concrétisation de la grandeur de ce cépage, en démontrant son aptitude à la garde.

    - Syrah 95 barrique : très poivré au nez, un vin aux tanins encore serrés avec un gros volume en bouche. Au niveau des belles syrahs du Rhône, Averroes, sans aucun doute ! Je ne crois pas que Claudius grimace encore !

    - Ermitage 2001 flétri : encore jeune et au boisé un peu marqué, le nez est sur les agrumes et quelque chose de mal définissable. Frais et long, il est doté d'une « mâche blanche » en finale, différemment interprétée par les dégustateurs. Beau vin mais à attendre.

    Que voilà donc une belle dégustation témoignant de la grande qualité des vins produits par Romain Papilloud et un très bon moment passé en sa compagnie. En ce qui me concerne, coups de coeur pour l'amigne, le cornalin, la Dôle et l'Arvine, des cépages bien valaisans, quoi!

    Ah ! le Valais !

    Olif

  • Le Languedoc, de Grès en Terrasses...

    Date: le 31/07/2003 à 18:11

    Petite escapade en direction du Languedoc géographique pour le GJP en cette fin de juillet caniculaire sur le Haut Doubs. Il n'y a qu'à fermer les yeux et on s'y croirait ! Les cigales chantent dans mon jardin même si ce ne sont que des grillons !

    Le Languedoc, cette nouvelle Terre Promise en matière de vins, de moins en moins inconnue et qui possède de nombreux ambassadeurs sur LPV, nous apporte son lot de découvertes chaque jour ou presque.

    Il m'a semblé judicieux en préambule de faire le point sur l'existant pour essayer de mieux comprendre les vins et les terroirs. Je me permettrai donc, en guise d'introduction, un petit rappel sur le découpage de la région. Pour ceux que cela intéresse, vous pourrez trouver plus d'informations sur 2 sites Internet très bien documentés : [www.coteaux-languedoc.com] et [www.languedoc-wines.com] .

    Le regain qualitatif de la région est passé par une remise en question complète au début des années 80 qui a vu émerger un certain nombre d'appellations contrôlées cherchant à exprimer le potentiel de leurs terroirs et à sortir des rangs de la productivité à tout et n'importe quel prix.

    Dans un premier temps, l'introduction de cépages dits améliorateurs a permis d'augmenter la qualité et de définir des climats privilégiés. Dans un deuxième temps, la redécouverte des cépages de base (carignan, cinsault) avec meilleure conduite de la vigne permet au vignoble de mieux affirmer son identité sudiste.

    Si Faugères et Saint-Chinian furent parmi les premières à accéder à l'AOC en 1982 (en exceptant le précurseur Fitou consacré en 1948), elles furent suivies en 1985 par les Coteaux du Languedoc. Depuis cette date, le remaniement est constant, aboutissant à une meilleure définition des terroirs, en prenant en compte des éléments aussi variés que l'influence des vents, la pluviométrie, la distinction entre zones littorales, garrigues ou piémonts. Tous ces éléments ont permis de dégager actuellement 7 zones géographiques et climatiques qui se répartissent sur 3 niveaux d'appellation :

    1er niveau: Appellation régionale Coteaux du Languedoc.
    2ème niveau : Secteur ou Appellation sous-régionale, à  partir de zones climatiques .
    3ème niveau : Appellation communale, à  partir de critères géologiques. 

    Les 7 zones délimitées actuellement se répartissent en :
    - Clape et Quatourze
    - Pic Saint Loup
    - Grès de Montpellier
    - Pézenas et Cabrières
    - Terrasses du Larzac
    - Terres de Sommières 
    - Terrasses de Béziers 

    A ces 7 zones, il convient d'ajouter 2 zones d'appellation « Cépage », l'AOC Picpoul de Pinet qui correspond à une zone géographique particulière, et l'AOC Clairette du Languedoc sur une partie de la zone climatique de Pézenas et des Terrasses du Larzac.

    Notre dégustation portait sur le Languedoc géographique, mais il s'est avéré que les bouteilles sélectionnées représentaient plutôt bien les différentes zones climatiques de l'appellation Coteaux du Languedoc, avec 3 intrus cependant, un vin des Corbières, un vin de la vallée de l'Aude et un vin de pays de l'Hérault situé dans la zone des Terrasses du Larzac mais avec un encépagement illicite pour prétendre à l'AOC.

    Les vins ont été carafés 8 heures avant la dégustation, qui s'est déroulée à  l'aveugle, et servis deux à  deux.

    - Vin n°1 : robe sombre. Nez de fruit mûr, voire blet, un peu réduit. Tanins serrés, un peu verts, finale soyeuse et légèrement réglissée. Les notes de réduction du nez ne font que s'amplifier et évoluent vers le ventre de lièvre, ce qui rend le vin un peu déplaisant en attaque et divise les dégustateurs. Malgré l'amélioration en finale, je suis moyennement convaincu !
    Domaine Alquier 2000, la maison jaune, Faugères.

    - Vin n°2 : robe également sombre, ce sera une constante au cours de la soirée ! Le nez est fruité mais j'y décèle une petite touche végétale (rafle ?) et des notes poussiéreuses. Globalement bien construit, il manque un peu de puissance et de volume, sans qu'on puisse parler de véritable creux. Bonne longueur, le fruité s'exprime beaucoup mieux en milieu de bouche avec des notes de fraise et de petits fruits rouges, l'alcool ressort un peu en finale. Très jeune, il devrait se bonifier et s'équilibrer avec le temps. Là encore, les dégustateurs sont partagés ; ceux qui ont aimé le vin n°1 apprécient moins celui-là et vice-versa !
    La Grange des Pères 2000, vin de pays de l'Hérault, Aniane .

    - Vin n°3 : la robe est noire, totalement opaque. Le nez s'ouvre au départ sur de curieuses notes chlorées ( ? !) qui s'estompent rapidement pour laisser la place à de la liqueur de fruits noirs et de la cerise à l'eau de vie. La bouche est énorme, un peu massive, c'est une véritable marée noire qui envahit la bouche avec ce réglisse et ce goudron qui tapissent le palais. Grosse matière ! C'est un véritable monstre que j'adore et crois reconnaître. Un vin qui désarçonne un peu les novices en Languedoc.
    Copa Santa 2000, Coteaux du Languedoc, terroir La Méjanelle(Grès de Montpellier) .

    - Vin n°4 : la robe est sombre mais avec des reflets plus clairs sur les bords. Sur les fruits rouges (fraise, groseille), c'est un vin qui possède beaucoup d'élégance et de finesse par rapport au précédent. Souple mais bien équilibré et fondu, c'est une bouteille très plaisante à boire et qui termine sur une touche légèrement réglissée. Son grand mérite est de succéder superbement à la Copa Santa dans un style radicalement opposé.
    Baron'Arques 1999, vin de Pays de la Haute vallée de l'Aude.

    - Vin n°5 : la robe montre de légers signes d'évolution mais elle est encore dotée d'une belle profondeur. Nez légèrement cacaoté avec des notes de venaison. Les tanins sont fondus, la bouche est élégante avec une grande longueur et une rémanence de notes épicées en finale. C'est un très beau vin à son apogée qui séduit l'ensemble des dégustateurs.
    Domaine Peyre Rose, Syrah Léone 93, Coteaux du Languedoc, Saint-Pargoire (Grès de Montpellier) .

    - Vin n°6 : robe sombre. Nez fruité, épicé, avec de légères notes de cacao. Attaque souple et fondue, longueur correcte mais je lui reprocherais un léger manque de profondeur. Beau vin néanmoins.
    Mas Bruguière La Grenadière 99, Pic Saint Loup .

    - Vin n°7 : la robe montre de légères traces d'évolution. Le nez s'ouvre sur de la griotte, du moka, des épices, du cacao. Le vin est d'une richesse incroyable, l'équilibre est somptueux. Long, d'une grande élégance, tout est magistralement intégré. C'est un grand vin dans sa phase de plénitude que tout le monde a plébiscité comme le plus grand de la soirée.
    Prieuré Saint-Jean de Bébian 93, Coteaux du Languedoc (Pézenas) .

    - Vin n°8 : robe sombre. Nez torréfié et boisé. Le nez révèle un fruité exubérant avec des notes florales prononcées (pivoine ? violette ?). Beaucoup d'amplitude mais tranche un peu par rapport aux vins précédents. Mérite d'être attendu mais tout le monde l'a trouvé si différent que l'on penchait pour la présence de cabernet sauvignon.
    Perdu, puisqu'il s'agit du domaine de l'Aiguelière, Côte rousse 2000, Montpeyroux (Terrasses du Larzac) .

    - Vin n°9 : robe sombre. Nez fruité avec une touche florale anisée très originale. Long, développant un beau volume, c'est un vin solaire qui pâtit de passer derrière les gros calibres précédents, alors que les papilles commencent à saturer. Un vin intéressant à regoûter pour lui-même dans un autre contexte.
    Mas de la Barben, Les Sabines 2000, Coteaux du Languedoc (Terres de Sommières) .

    - Vin n°10 : robe sombre. Le nez, légèrement viandé, fruité et épicé, laisse percevoir un peu l'alcool. Donne une impression de maigreur derrière les autres vins même si je pense que cette impression est faussée. Il n'a pas plu à la majorité des dégustateurs mais il faut impérativement le revoir car j'en avais fait un de mes coups de coeur récemment.
    Château La Voulte Gasparet, Corbières, cuvée Romain Pauc 2000 .

    Pour clore la soirée dans l'exotisme, un Clos des Corbassières, grain noble coeur de clos 2000 du domaine Cornulus , est venu nous apporter une petite touche de douceur dans le monde viril des vins du Languedoc.

    Cette dégustation appelle quelques commentaires. Tout d'abord, cette soirée a vu la consécration de Bébian 93 là  où nous attendions Syrah Léone 93. L'écart est faible mais Bébian a révélé un poil de complexité supplémentaire. Concernant les vins plus jeunes (les deux 93 pouvant être considérés hors concours), la révélation serait la cuvée Baron'Arques qui a surpris tout le monde car nous ne l'attendions pas si bien. Fruit de l'alliance des barons de Rotschild et des Sieurs d'Arques, cette cuvée résulte d'un assemblage de différents cépages (non précisés) des 4 clochers. Plutôt onéreuse, elle est néanmoins de très belle facture. La déception, c'est Romain Pauc 2000 mais l'ordre de passage lui a été défavorable. Le plus atypique, c'est la Côte Rousse 2000 de L'Aiguelière. Pas forcément le style que je préfère. La découverte, c'est le Mas de la Barben, une propriété intéressante située aux portes de Nîmes. La consécration, c'est (pour moi) la Copa Santa 2000, un véritable rouleau compresseur, dans un style que j'affectionne particulièrement. Accueil plutôt mitigé pour Grange des Pères et La Grenadière mais ce sont tous deux de très beaux vins, à attendre encore un peu. J'ai terminé les deux fonds de bouteille ce midi et c'est franchement très bon, l'un comme l'autre. La Maison jaune n'a pas convaincu non plus, trop marqué par la réduction à  mon goût.
    Globalement, aucun vin n'était mauvais et ce fut une vraie belle dégustation, d'un très haut niveau. Et nous n'avons pas épuisé toutes les cartouches languedociennes!

    Probablement à  suivre..., un de ces jours!

    Olif
                   

  • Simplement chocolat, tout simplement...

    Date: le 14/07/2003 à 19:15

    La veille de mon départ en vacances, invitation de quelques amis du Bon Echanson à une dégustation thématique « Vins et chocolat » organisée par le chocolatier Poix-Daude, dont l'enseigne « Simplement chocolat » a pignon sur la grande rue de Pontarlier. Cet artisan passionné milite pour une plus grande reconnaissance de la spécificité de la profession, qui passe pour lui par un enseignement de qualité dispensé dans les L.E.P. et sanctionné par un diplôme de valeur. Lui-même enseigne au lycée de Pontarlier.

    Souhaitant tester la formule en vue de l'organisation de séances similaires ouvertes au public à l'automne, il a réuni quelques gourmands et gourmets pour vérifier les accords, avec prise en charge de la partie vins par le Bon Echanson. D'où notre présence en tant qu'amateurs de vins.

    Tandis que notre ami caviste brosse un petit portrait des vins dégustés, M. Poix-Daude nous donne un cours sur l'élaboration du chocolat, nous explique les différents grands crus, la fabrication des ganaches, le plus souvent par infusion pour plus de légèreté. Ce n'est pas un partisan du « toujours plus fort en cacao » ! Pas de 100% ici, 60-65% maxi pour un équilibre plus raffiné.

    5 vins à  marier, 5 chocolats issus de sa production du moment qui varie selon les saisons.

    - Pacherenc du Vic Bilh Laffitte-Teston 2000 et praliné noisette-chocolat au lait 35% de cacao : un vin moelleux aux notes fraîches d'abricot, légèrement mentholées et un chocolat assez doux, réhaussé par le craquant des grains de praliné. Pas un véritable accord, mais un respect mutuel. Aucun des deux ne prend le dessus ou ne se fond dans une senteur nouvelle, mais laisse l'autre s'exprimer tel quel, avec beaucoup de plaisir.

    - Rivesaltes 98 Mas Cristine et ganache aux fruits rouges, enrobage 55% de cacao : le Rivesaltes est issu de grenache noir et présente une robe ambrée avec un nez de fruits confits et de pruneau à l'Armagnac. Bien fondu, il n'est pas trop alcooleux. La ganache est élaborée avec une infusion de fruits rouges qui apporte légèreté et arômes de fruits prononcés. Il y a là un véritable accord, une gorgée de vin exacerbant les arômes de framboise du chocolat. Très beau !

    - Maury 2000 Mas Amiel et ganache au thym-citron : la robe du vin est noire, le nez est intense sur la cerise à l'eau de vie, l'alcool bien perçu et intégré dans la grande amplitude du vin. La ganache au thym-citron est très rafraîchissante mais les notes citronnées intenses risquent fort de dominer le vin, ce qui est le cas. Le citron écrase la cerise ! Le Maury s'en sort beaucoup mieux avec une simple coque de chocolat noir qui transcende les notes de griotte.

    - Vin de paille L'étoile 98, domaine de Persanges et Breda : ce très joli vin de paille aux notes confites d'abricot, de coing et de fruits secs fait l'unanimité. Le Breda est une création à l'occasion du bicentenaire de la mort de Toussaint Louverture, événement célébré en grandes pompes cette année à Pontarlier, le célèbre général haïtien ayant péri au fond d'un cachot du château de Joux, forteresse médiévale qui garde l'entrée de la ville. C'est une ganache noire avec infusion de noix, de muscade et de poivre. Un vrai chocolat des îles, épicé, comme je les aime. Le poivre et la muscade s'effacent devant les fruits confits pour mieux resurgir en finale. Un très bel accord.

    - Madiran 99, château Laffitte-Teston et ganache au thé, puis ganache à  la violette : un vin rouge pour terminer (l'ordre de service a été déterminé par le chocolatier en fonction de ses chocolats). De légères notes de réduction au nez, pomme blette et ventre de lièvre me laissent à penser qu'il vaut mieux ne pas trop l'attendre et ce d'autant qu'il est moyennement corsé. Accord pas simple avec le chocolat ! Et pourtant ! La ganache au thé gomme les défauts du vin, l'arrondit, tandis que la ganache à la violette les exacerbe. Réellement étonnant !

    Voilà , fin d'une petite soirée fort instructive et constructive, qui confirme que l'on peut marier beaucoup de vins avec le chocolat. Le tout est de bien choisir les deux participants.

    Olif

  • Le millésime 97 à Bordeaux, un bon médicament!

    Date: le 13/06/2003 à 10:01

    Petite série de réunions de travail, très informelles, suivie d'une dégustation, à la cave du Bon Echanson, sponsorisées par des laboratoires pharmaceutiques dont je suis obligé de taire de nom pour des raisons déontologiques.

    Je ne peux que mentionner le slogan retenu pour la première de ces soirées: « Avec D...®, si tu bois comme un âne, tu n'auras pas mal au crâne ». Et c'est un fait !

    Je sais, vous ne vous attendez pas à rêver avec cette dégustation de 97 , mais le budget du dit laboratoire n'était pas pharaonique, ce pour être en conformité avec la législation en vigueur, et pourtant, une très grande bouteille, peut-être la plus grande du millésime en question pour Bob, loin d'être en bout de course et diablement charmeuse. Et trois autres très agréables, à maturité mais pas en déclin, souples et fondues.

    Vins servis non à  l'aveugle et par paires pour une assemblée constituée en grande partie de gens intéressés mais novices.

    - Château Cap de Mourlin 97, Saint-Emilion grand cru classé : couleur rubis soutenu, sans trace d'évolution, tanins fondus et harmonieux, sur un beau fruité (cassis) avec de légères notes boisées. Un vin très arrondi en bouche, tout en délicatesse.

    - Virginie de Valandraud 97, Saint-Emilion grand cru: opposé à Cap de Mourlin, les deux vins jouent dans un registre légèrement différent. Souple et fondu également, robe rubis un peu plus claire, on est plutôt sur le havane, la boîte à cigare et le tabac blond. Le fruité est moins perceptible, probable conséquence d'un style qui fait la part belle au bois et à l'élevage. La matière n'est pas énorme, le vin est très féminin, mais son prix joue nettement en sa défaveur (pas loin du double du précédent !).

    - Château Duhart-Milon 97, Pauillac : robe encore sombre, notes fruitées laissant percer une légère minéralité, un peu de poivron pas trop vert en milieu de bouche, suffisamment long pour être une bouteille très agréable. Aucune trace d'évolution pour ce vin dans sa phase de maturité.

    - Château Lafite-Rotschild 97, Pauillac : avec celui-là , on ne joue pas tout à fait dans la même cour ! La robe est sombre, dense. Le nez embaume sur des notes torréfiées, moka, cacao, de toute beauté. La concentration du vin en bouche est étonnante, pas la moindre petite trace de faiblesse, grande longueur et finale très persistante. Un grand vin, qui démontre qu'il est toujours possible de transcender le millésime si l'on veut s'en donner les moyens. Le plus beau 97 bu à ce jour. Un 1er GCC digne de son rang !

    - Château Rayne-Vigneau 88, Sauternes : une petite douceur pour terminer sur une excellente tarte aux abricots. Très beau botrytis avec une légère touche mentholée qui apporte fraîcheur et longueur. Là , c'est vrai que pour le liquoreux, on aurait pu prendre un 97, mais bon, on ne va pas refuser un 88, quand même!

    La science a encore progressé d'un grand pas hier soir ! Et surtout, n'oubliez pas, pour vos soirées bien arrosées, " D...®, si tu bois comme... ".

    C'était un communiqué des laboratoires ...........(censuré!)

    Deuxième volet de cette série de rencontres professionnelles thématiques autour du millésime 97, axées cette fois sur la circulation sanguine.

    " Avec D...®, vis ta vie à flon, tu n'auras pas mal aux molletons"

    Qu'est-ce que je bosse, moi, en ce moment!

    - Château Le Crock 97 : un peu vert au nez, c'est un vin souple, maigre qui présente un peu d'amertume des tanins. Décharné, il manque d'âme et de profondeur.

    - Château Les Ormes de Pez 97 : très marqué sur le poivron, mais suffisamment mûr pour apparaître souple, fondu et finalement plutôt plaisant, même si assez simple et à terminer, pour ceux qui en ont encore.

    - Château Calon-Ségur 97 : robe grenat, assez claire à la lumière. Nez poivré, poivronné. Les tanins sont bien arrondis, souples et le fruité est charmeur, faisant de cette bouteille un vin tout à fait correct dans sa phase de maturité pour encore une ou deux années, je pense.

    - Château Montrose 97 : la robe est plus soutenue que le précédent. Le nez est encore marqué par de discrètes notes vanillées. En bouche, les tanins sont serrés, à peine austères, mais d'une grande droiture. On note à l'aération l'apparition d'une petite touche d'anis et/ou d'eucalyptus rafraîchissante. Long et concentré, il devrait pouvoir encore s'épanouir avec le temps, mais mieux vaut en profiter maintenant, à mon avis. Pour moi, le meilleur de la soirée, pas au niveau du Lafite, évidemment.

    Cela confirme qu'il y a encore quelques beaux 97 à boire en ce moment mais qu'il serait bon de les écluser définitivement afin de pouvoir passer à autre chose !

    Olif

  • Les aventures d'Olif chez les Valaisans

    Date: le 06/06/2003 à 12:05

    Petite chronique d'une journée découverte du Valais organisée par le spécialiste LPV des vins valaisans, avec visite de trois des plus réputés domaines de cette magnifique région helvétique.


    Chapitre premier: Domaine de La Liaudisaz.

    Jeudi 5 juin, 11 heures.

    Après avoir expédié vite fait une petite matinée de travail, je saute dans ma voiture, direction Sion (non, je ne bégaie pas !). L'après-midi est chargé, très minuté, et je ne voudrais pas être en retard pour ne pas désorganiser le programme concocté par Averroès.

    Le ciel aussi est chargé et le temps très lourd, orageux ; le thermomètre avoisine les 30° en Valais, on se croirait presque dans la vallée du Rhône ! (bbb)

    Plusieurs rencontres au programme ! D'abord, rencontre avec des passionnés.com, toujours un grand moment, avec ses petites angoisses matérielles et existentialistes (« Est-ce que ma cravate est bien nouée ? Mes chaussures bien cirées ? », « J'ai oublié ma casquette LPV, vont-ils me reconnaître ? »,...) et puis rencontre avec plusieurs producteurs, passionnés eux aussi. Passionnés et passionnants !

    Jeudi 5 juin 14 heures bien sonnées.

    Oenothèque de Leytron. Je suis en retard ! Un petit crochet par Savièse pour récupérer des bouteilles au domaine Cornulus en est la raison. Je me suis un peu égaré mais le paysage était magnifique ! Averroès, Benoît et Paski55 n'ont pas l'air de trouver le temps long. Ils m'attendent tout en sirotant un ermitage flétri de Philippe Darioly. J'en goûte une gorgée. Magnifique entrée en matière !
    Nous nous dirigeons ensuite vers les voitures pour gagner Fully et le domaine de la Liaudisaz, lieu des exploits viticoles de Marie-Thérèse Chappaz, la grande dame du Valais.

    Jeudi 5 juin 14 heures encore plus bien sonnées.

    Arrivée à la Liaudisaz. Une maison adossée à la montagne avec des vignes en coteaux sur des pentes vertigineuses. Nous sommes en retard mais Marie-Thérèse l'est plus que nous. Nous sommes accueillis par une charmante hôtesse qui entreprend de nous faire goûter les fendants après nous avoir installés au frais sous la tonnelle. Vue sur la vigne et les montagnes environnantes, spectacle magique qui me donne l'impression d'être en vacances ! Marie-Thérèse arrive sur ses entrefaites, de retour d'une balade à pied dans les vignes. Fatiguée car très matinale ! Elle se lève à 4 heures 30 pour préparer des tisanes pour les vignes car le domaine passe en biodynamie ( Vincent, ne me demande pas les recettes !). Après les salutations d'usage et la transmission d'un amical souvenir de Vendée, elle reprend la dégustation en cours, nous encourage à critiquer ses vins, à l'affût de la moindre remarque qui pourrait l'inciter à se remettre en question et à faire encore mieux la prochaine fois. Une perfectionniste ! Tonique et (bio)dynamique !
    Mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile d'y trouver des défauts à  ces vins !
    Consciencieux, je sors mon petit calepin, en distribue quelques feuilles à Averroès, en panne de matériel, et, très appliqué, commence à prendre des notes !

    - Fendant Mon Puîné 2002 : l'entrée de gamme. Simple et frais, sur des notes amyliques, chewing-gum et bonbon anglais.

    - Fendant de Martigny Les Bans 2002 : très minéral, sur le tilleul, droit et pur.

    - Fendant de la Liaudisaz 2002 : plus fruité et aromatique, sur les fleurs blanches, un côté un peu lactique.

    - Fendant Président Troillet 2002 : minéral et fruité, avec un léger perlant, très beau également.

    Belle gamme de fendant, homogène et complémentaire. Paski55 m'impressionne par la précision de ses impressions dès la première gorgée. Il en profite pour donner un petit cours sur le goût de bouchon à notre ami Averroès, et comment le percevoir, au nez comme en bouche.

    - Grain blanc Arvine 2002 : encore un peu fermée au nez, de légères notes d'agrumes finissent par apparaître en bouche avec une petite note saline discrète. Ce vin traverse une phase difficile post mise en bouteille qui semble assez classique pour ce cépage, dixit les spécialistes.

    - Grain d'Or, Ermitage 2001 :nez très fruité, sur les agrumes, avec un boisé encore un peu prononcé. Gras, ample, long, il mérite d'être attendu pour que tout se fonde.

    - Rosé 2002 : c'est un rosé de saignée de tous les cépages rouges du domaine, amené à disparaître lorsque les vignes seront à leur optimum de production. Il s'exprime sur des notes amyliques de poire et de bonbon anglais et sait rester très frais et agréable. Une belle opportunité pour les amateurs de rosé l'été (dont je fais partie).

    - Dôle Ma Puînée 2002 : fruitée, souple et agréable, un vin franc et bon, à siroter à grandes goulées cet été, légèrement rafraîchi (pour les non amateurs de rosé !)

    - Dôle La Liaudisaz 2002 : superbe Dôle au fruité charmeur, un peu plus concentrée que la précédente, très charnue.

    - Pinot noir 2002 : fruits rouges et réglisse, avec un nez un peu réduit. C'est moins craquant que la Dôle à  mon goût !

    - Humagne rouge 2001 : nez végétal (mais pas vert), sur les herbes sèches, le foin coupé, le sous-bois. Très beau vin, avec une originalité folle.

    - Grain noir 2001 (cabernet franc, cabernet sauvignon, merlot) : le poivron ressort nettement mais le vin est fruité et concentré.

    - Grain noble Malvoisie 2000 : très beau nez sur les fruits confits, le cédrat, le pamplemousse. Grande longueur et grande fraîcheur du fait d'une belle base acide.

    - Grain noble Petite Arvine 2000 : un must ! Robe jaune citron très "flashy ", nez un peu acidulé et confit. Bouche satinée avec un énorme volume, grasse, riche et onctueuse. Un grand vin liquoreux valaisan.

    - Grain noble Marsanne Blanche 2000 : encore un monument de puissance et de concentration, un vin peut-être un peu monolithique pour l'instant, mais il est encore jeune et il me ravit énormément.

    Fin d'un premier très grand moment, inoubliable, avec le bonheur d'avoir pu goûter à toute la gamme des vins du domaine et plus particulièrement les raretés que sont les grains nobles et surtout d'avoir fait la connaissance d'une vigneronne hors pair dont la simplicité et la gentillesse ne sont pas les moindres de ses qualités.

    Je ne suis pas encore au bout de mes découvertes!

    Chapitre deuxième: Jérôme Giroud

    Jeudi 5 juin 16 heures bien sonnées.

    Deuxième adresse prévue par Averroès, Jérôme Giroud, ce vigneron perfectionniste dont il nous a déjà  beaucoup parlé.
    Nous arrivons avec à peine 3/4 d'heure de retard, un véritable exploit, et nous trouvons Jérôme affairé à préparer la commande d'Averroès, un tour de force vu la complexité de celle-ci!

    Direction le caveau, situé dans sa propre maison, petite pièce qui évoque avec bonheur un petit chalet suisse tout en bois perdu dans la montagne. L'endroit est chaleureux, décoré des multiples trophées et récompenses glanés depuis des années.
    Jérôme est un vrai paysan vigneron, dans le sens noble du terme, rigoureux, méticuleux, un peu bourru, laconique, mais lorsqu'il débouche une bouteille et qu'il la goûte, son oeil s'allume, pétille, et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'il remplit nos verres. Ici encore, nous ferons l'intégrale.
    A partir du 4ème ou 5ème verre, Averroès rendra sa plume et je suis donc le seul à  prendre encore des notes.
    Chroniqueur pour LPV, un vrai sacerdoce!

    - Fendant Trémazières 2002 : un beau fendant minéral, fleur de vigne, ce que je traduis par fruité et floral à  la fois.

    -Chardonnay 2002: pas de barrique, pas de malo, 2 gr de SR. "Il commence à beurrer" d'après J. Giroud et mérite peut-être necore quelques mois de bouteilles avant d'être bu. Frais, fruité et floral, avec un léger gras qui apparaît en bouche. Un peu atypique pour un habitué des chardonnays ouillés jurassiens et bourguignons.

    -Pinot blanc 2002: un côté un peu dur et tendu pour ce vin qui révèle de jolies notes de fleurs blanches.

    -Johannisberg 2002: le cépage qui s'épanouit à Chamoson. Riche, gras, mais frais, j'aime bien ce vin complexe qui doit encore se révéler après une ou deux années de bouteille.

    -Petite Arvine 2002: une petite merveille de petite arvine! Equilibrée, saline, avec une petite touche d'agrumes en finale, encore sur la réserve, c'est un très beau vin qu'il n'est pas la peine de chercher à mettre en cave, il n'y en a plus depuis longtemps!

    -Muscat 2002: une curiosité et une spécialité de plus à mettre sur le compte des Valaisans, un joli vin qui muscate terriblement et que je verrais bien sur des asperges du Valais pour la prochaine saison.

    -Opale 2001: assemblage Petite Arvine- Humagne blanche, passage en barrique. Un blanc riche, gras et onctueux.

    -Humagne blanche 2001: gras et riche, opulent, avec un boisé encore un peu marqué mais qui ne s'impose pas, nourrissant le vin. Une révélation, à attendre quelques années.

    -Dôle 2002: 80% pinot. Fruits rouges et réglisse, frais et gourmand.

    -Gamay 2002: un peu réduit au nez, il révèle néanmoins un beau fruité. Je lui préfère sans problème la Dôle mais j'ai cru comprendre que Jérôme Giroud n'en produirait plus l'année prochaine (uniquement gamay et Pinot, plus d'assemblage).

    -Pinot noir 2002: une belle texture onctueuse et de jolis arômes de fruits du jardin.

    -Humagne rouge 2002: pas de barrique, une hérésie sur l'Humagne d'après Jérôme. Sous-bois et fruits rouges, le caractère variétal du cépage ressort plutôt bien.

    -Syrah 2002: une robe noire, un nez confituré (cerises noires), une grande profondeur, c'est une très jolie syrah qui n'a pourtant pas connu le bois.

    -Gamaret-garanoir 2002: une robe encore plus noire, une texture onctueuse, de beaux tanins soyeux mais une finale un peu plus courte et astringente témoignant de la rusticité des cépages. J'aime beaucoup ce vin pour son authenticité.

    -Onyx 2001: merlot, syrah, gamaret. Une grande concentration , des tanins fins et serrés, très fruité avec un boisé qui se fond, une grande bouteille.

    -Syrah barrique 2001: très concentrée également mais avec une plus grande structure acide, légèrement astringente en finale. Je lui préfère presque son homologue non barriquée, de millésime différent il est vrai.

    -Merlot 2000: petit à petit, ce cépage prend ses marques en Valais et devrait produire de grandes choses. Celui-ci est fondu, charmeur et velouté.

    -Malvoisie flétrie 2001: abricot et gelée de coing, avec une grande longueur et une belle fraîcheur. Une petite gourmandise après ces magnifiques rouges.

    Voilà , tour d'horizon complet et exhaustif de la production de Jérôme Giroud, avec une homogénéité exemplaire de la gamme, sur les blancs mais surtout sur les rouges qui révèlent un très bel équilibre et une grande maîtrise.

    Et encore quelques cartons qui viennent alourdir le coffre du Break d'Averroès!

    Chapitre troisième, Sélection Excelsus

    Jeudi 5 juin 18 heures bien sonnées

    Troisième et dernière étape de notre périple valaisan, la cave Sélection Excelsus où nous sommes en gros progrès puisque nous arrivons tout juste avec 1/2 heure de retard. Jean-Claude Favre nous accueille à bras ouverts et nous conduit jusqu'au caveau de dégustation.

    Les papilles commençant à saturer un peu, surtout celles de Benoît (qui rêve peut-être d'une petite lampée de Single Malt?), nous opérons une petite sélection dans l'Excelsus: quelques blancs quand même, puis quelques rouges avant quelques liquoreux!

    Tout en débouchant les bouteilles, Jean-Claude s'anime avec passion. C'est un vigneron qui sait ce qu'il veut, qui veut bien faire et qui sait comment y arriver. Et qui plus est, reconnait bien volontiers quand il n'y arrive pas! Encore un perfectionniste exigeant!

    Sur les murs du caveau, une carte topographique de Chamoson vue du ciel. D'une esquisse du bras, il nous fait comprendre la diversité des sols, de la climatologie et la raison pour laquelle certains cépages se comportent mieux à certains endroits qu'à d'autres. Elémentaire! On comprend tout de suite pourquoi les vins de certains sont meilleurs parce qu'ils possèdent les vignes au bon endroit!
    Au domaine, la sélection est rigoureuse, élevée ("excelsus" en latin) et la dégustation qui va suivre en sera la preuve.

    -Johannisberg 2002: un vin vif, tendu, minéral et fruité. Chamoson est le terroir de prédilection de ce cépage qui mérite vraiment qu'on s'y intéresse.

    -Pinot Blanc 2002: un peu plus gras, fruité et floral, encore un cépage qui est transcendé ici.

    -Petite Arvine 2002: s'ouvre sur de belles notes fumées, un vin riche et aromatique.

    -Pinot gris 2002: sur celui-là , j'avoue que j'ai oublié de prendre des notes! Bon aussi, je suppose! smiling smiley

    -50/50 2001: assemblage de pinot blanc et pinot gris dans des proportions gardées secrètes et justement pas moitié moitié, passage en barrique. Le boisé est encore présent, donnant des notes amyliques, mais en bouche, le vin est gras et opulent, sur les agrumes et devrait assurément être à l'origine d'une belle bouteille dans quelque temps.

    -Syrah 2002: une belle syrah sur les épices, la violette, déjà  très agréable car un peu souple.

    -Cornalin 2002: un vin concentré et fruité dans lequel je décèle des notes d'amande douce.

    -Chamoson Excelsus 2001: assemblage de syrah, pinot noir, cabernet sauvignon, passage en barrique. Une belle robe grenat pour ce vin plein de fruits et d'épices, déjà fondu et bon à boire.

    -Eranthis 2000: encore un beau liquoreux dont le Valais a le secret. Pinot gris, pinot blanc et johannisberg pour cette cuvée à la jolie liqueur, fraîche et longue.

    -Eranthis 1998: cette année-là , la petite arvine a été incorporée à l'assemblage. La robe est jaune citron et le vin est ample, concentré et il emplit la bouche. Superbe!

    A ce stade de la dégustation, Jean-Claude a pitié de nous: "Vous dégustez depuis quelle heure?" et va nous chercher de quoi saucissonner sur le pouce. Excellente idée!

    Une fois requinqués, il est temps de retourner à l'oenothèque de Leytron reprendre quelques cartons laissés au frais en début d'après-midi. Le coffre du Break d'Averroès demande grâce!

    Epilogue

    Ultime rencontre à l'oenothèque de Leytron chez Xavier "oeno-ch". Une dégustation du millésime 2002 de Romain Papilloud venait de se dérouler. Nous entreprenons une petite discussion avec Romain, encore présent, tout en dégustant un dernier verre (je n'ai pas pris de notes!) et ce dernier nous offre gracieusement une bouteille d'amigne et une de cornalin pour découvrir sa production. En échange d'une carte de visite de lapassionduvin.com! Ils savent vivre, ces vignerons valaisans! Et ils méritent vraiment qu'on leur rende une petite visite!

    La nuit commence à tomber, les nuages menacent de plus en plus, il est temps pour moi de reprendre la route pour le Jura, avec une certitude: je reviendrai en Valais, probablement cette année d'ailleurs!

    Olif

     


  • Le GJP a descendu la syrah...!

    Date: le 28/05/2003 à 10:20

    Petite descente du Rhône en syrah, avec 6 rameurs et 2 barreuses, pour le Grand Jury Pontissalien hier soir. Du Valais à Saint-Joseph, avec un petit crochet en Australie, une belle série de 10 syrahs servies à l'aveugle et par paires ; le choix s'est porté sur 2 AOC Valais, 2 AOC Côte Rotie (dont une censée être très grande), 2 AOC Hermitage, 2 AOC Saint-Joseph, 1 vin de pays de l'Ardèche, à titre d'étalon, et une Shiraz australienne produite par un grand nom du Rhône. Choix totalement subjectif, déterminé par les bouteilles que nous avions en cave, et qui ne se veut absolument pas représentatif de la production rhodanienne. Les millésimes s'échelonnent de 1985 à 2001.

    Y a-t'il une unité « syrah » en Rhône ? Une appellation sort-elle du lot ? Autant de questions auxquelles nous n'avons aucunement l'intention de répondre, ayant surtout pour objectif de faire une belle dégustation !

    J'adopterai le même principe que la fois précédente (chardonnays du monde) pour le compte-rendu de dégustation, à savoir commentaires et appréciation des vins dans l'ordre de la dégustation, puis je vous révélerai l'origine de ces vins, pour ménager les surprises et du suspense.

    Tous les vins ont été carafés en début d'après-midi.

    Vin n°1 : au nez, un léger goût de bouchon, confirmé par la bouche, et qui s'amplifie à l'aération. Dommage ! Il semblait y avoir une matière intéressante derrière.

    Vin n°2 : un vin jeune, qui développe un fruité intense et fougueux au nez. De demi-corps, je le trouve un peu court et simple, quoique plaisant et bien fait.

    Vin n°3 : avec celui-là , on passe aux choses sérieuses ! La robe est noire, impressionnante. Un vin dense et épais, à la texture presque soyeuse, sur les fruits noirs teintés de goudron. Grande longueur, puissance, des tanins immenses, c'est grand !

    Vin n°4 : franchement bouchonné, imbuvable !

    Vin n°5 : de nouveau un sacré client ! Un boisé de qualité, assez marqué, n'efface pas le fruité épicé. On retrouve une discrète touche mentholée à l'aération. Très ample, long, la finale est un peu chaude mais la matière est énorme. Cela devrait mieux s'intégrer d'ici quelques années. Deuxième grand vin de la soirée. J'avoue préférer légèrement le n°3, plus immédiat et à l'élevage harmonieux, contrairement à la majorité des dégustateurs.

    Vin n°6 : la robe est encore soutenue et le nez est franchement superbe, sur des arômes tertiaires de pruneau, d'humus et de sous-bois. Encore tout fringant et tonique, nous sommes devant un vin évolué dans sa phase de maturité. Très beau !

    Vin n°7 : plus léger, souple mais fruité, nous y décelons un peu de verdeur mais aussi de sucrosité. Il supporte mal la comparaison avec le précédent.

    Vin n°8 : la robe est encore sombre mais de légères traces d'évolution apparaissent sur le bord du disque. Il développe un beau volume en bouche, sur les fruits épicés, mais termine un peu court. On devine le grand vin potentiel mais il n'est pas abouti. Nous nous attendons à une petite déception lors de la révélation des vins !

    Vin n°9 : là aussi, une grande bouteille potentielle. Malgré une pointe d'évolution, un vin intéressant de par sa puissance et sa longueur, mais je lui reprocherais un manque de personnalité. Ample et long, il est plutôt bien apprécié par les dégustateurs.

    Vin n°10 : le nez est discret, un vin timide ! Les fruit rouges s'accompagnent de notes florales qui m'évoquent la pivoine (justement, notre hôtesse en a un bouquet qu'elle s'empresse de me faire sentir !). Déséquilibré, avec une finale alcooleuse, il déroute un peu par son expression très particulière du cépage.

    Dégustation d'un plutôt bon niveau, survolée par les vins 3 et 5, le n°6 étant à classer hors concours du fait de son âge vénérable qui le rend très facile à identifier pour nous. Deux vins bouchonnés sur 10, c'est beaucoup également.

    « Les résultats ! Les résultats ! » clame la foule en liesse à  l'issue de la dégustation !

    Patience ! ils arrivent !

    Vin n°1 : première grosse déception pour ce vin bouchonné, Saint-Joseph Les Granits 95, Chapoutier. Pas de chance, nous attendions beaucoup de cette bouteille.

    Vin n°2 : Vin de pays de l'Ardèche 2001, les vignerons ardèchois. Ce vin a été identifié facilement du fait de sa simplicité mais il faut reconnaître qu'il ne démérite pas complètement par rapport aux cadors qui vont suivre, et que son prix de 3,80 euros le rend très compétitif.

    Vin n°3 : Côte Rotie Brune et blonde 98, Guigal. Alors là , je suis troué ! Déçu par la même en 97, je ne m'attendais pas à  trouver un vin d'un tel niveau ! Grandiose !

    Vin n°4 : Saint-Joseph 95, Chèze. Pas de chance pour Saint-Jo dont nous ne parviendrons pas à  apprécier les mérites ce soir-là .

    Vin n°5 : celui que j'aurais volontiers placé en vin n°3, Côte Rotie La Mouline 97, Guigal. Cela devait être le plus grand, ça l'est, même si j'ai préféré le plaisir plus immédiat de la B&B 98. En les regoûtant les deux comparativement par la suite, La Mouline révèle quand même une plus grande complexité, mais son boisé doit encore mieux se fondre. Un beau moment gustatif.

    Vin n°6 : on l'a tous reconnu, c'était l'Hermitage La Chapelle 85 de Jaboulet. Magnifique !

    Vin n°7 : Syrah valaisanne des Frères Philippoz à  Leytron. Pas encore au niveau des plus grands vins du Rhône !

    Vin n°8 : Hermitage 96 Monnier de la Sizeranne, Chapoutier. Une relative déception avec ce vin qui évolue plutôt rapidement.

    Vin n°9 : Shiraz d'Australie 99, Chapoutier. Un vin assez technologique, je trouve, mais plutôt bien fait qui sauve l'honneur de la maison Chapoutier lors de cette soirée.

    Vin n°10 : Syrah du Valais, Cayas 2000, Germanier Bon Père. Pas totalement convaincante non plus, les syrahs de nos amis Suisses ont encore des progrès à faire pour s'aligner sur les classiques du Rhône. Cela ne devrait pas tarder à venir s'ils travaillent d'arrache-pied dans le bon sens.

    Bien évidemment, cette dégustation se veut juste un instantané, les vins n'étant pas comparables, du fait de l'hétérogénéité des millésimes.

    Merci à Valérie et François pour l'organisation parfaite de cette soirée, d'où Guigal et la Côte Rotie sortent grands vainqueurs.

    Olif

  • Coup de griffe et coups de coeur en Pays Cathare

     
    Date: le 11/05/2003 à 23:54

    Petite chronique d'un séjour à Carcassonne, que Philippe Bouvard aurait pu intituler « De l'Aude dans mon vin », quoique, le calembour me semble un peu trop fin pour lui !

    « Carcassonne », titre d'un album de l'Helvète Stephan Eicher, enregistré à l'Hôtel de la Cité, s'ouvrant sur une chanson intitulée « Des hauts, des bas ». En ce qui nous concerne, plus de hauts que de bas !
    Logés à l'hôtel Montségur, une ancienne demeure du XIXème siècle, au charme un peu vieillot, et nourris, en partie, au restaurant « Le Languedoc », à la cuisine « sérieuse », un peu trop peut-être, mais c'est bon et l'accueil est agréable !

    - Premier coup de coeur pour les établissements Cabanel, liquoriste carcassonnais qui commercialise, et produit, des liqueurs et alcools, ainsi qu'un peu de vin. Concernant ces derniers, une petite sélection de vins de l'Aude, plutôt restreinte, mais judicieuse, avec Haut-Gléon, Etang de Colombes et La Tour Boisée en Minervois. Cette maison ancestrale a gardé un cachet fou avec ses vieilles étagères en bois et ses armoires anciennes ; l'accueil y est tout à fait charmant ! Echanges de quelques anecdotes sur les liqueurs et l'absinthe, bien représentée par plusieurs marques, même si aucune de Pontarlier ; ici, on fabrique deux liqueurs réputées, à base de plantes, l'une apéritive, l'Or-Kina, l'autre digestive, la Micheline, dont l'histoire ravit Madame la liquoriste. Un endroit qui vaut le coup d'oeil !

    - Deuxième coup de coeur pour un très beau restaurant de la ville, Le Clos Occitan, installé dans un ancien relais occupé jadis par les charrettes d'un marchand de vin. Décoration façon bistro moderne et cuisine fraîcheur de premier choix, concoctée par le chef Dominique Morin. Quelques belles références à la carte, dont le toujours très élégant blanc de La Tour Boisée, « à Marie-Claude », se mariant parfaitement bien avec le menu de la mer.

    - Coup de griffe pour le domaine Borie de Maurel, normal peut-être pour un domaine situé à Félines-Minervois . De passage à l'improviste dans ce petit village mais avec l'idée préméditée de visiter cette propriété (j'avais relevé les heures de visite sans rendez-vous sur leur site Internet), nous arrivons trop tôt, à 14 heures. Qu'à cela ne tienne, nous tentons à nouveau notre chance vers 15 heures 30, après une petite sieste à l'ombre d'un platane. Toujours pas âme qui vive hormis un doberman, pas vraiment agressif mais peu engageant non plus ! Tentative de coup de fil pour annoncer notre venue : répondeur ! Et bien tant pis pour eux ! Ils se passeront de ma visite ! Tant pis pour moi, aussi, mais je me rabattrai sur d'autres vins du Minervois, chez des gens qui ont envie de vendre du vin, eux !

    Pour oublier cette mésaventure, il fallait changer d'air! Exit le Languedoc pour une journée, franchissement de la Montagne Noire et escapade dans le Sud Ouest tout proche pour une visite de la cité des Albigeois en compagnie du meilleur des guides. Coup de coeur, global cette fois, pour l'ensemble de la journée, et pas seulement pour faire plaisir à Jérôme ! D'abord un « pique-nique » amélioré arrosé d'un sauvignon gaillacois, surprenant de fraîcheur et alliant onctuosité et finesse malgré une touche oxydative secondaire à un problème de bouteille (domaine de Montels), puis d'un Commandant Jaubert 98 de La Casenove, un modèle de pureté et d'équilibre, le chouchou de Jérôme. Après une visite remarquable du vieil Albi, petite halte à l'ombre de la cathédrale pour écouter les Confidences du Terroir, susurrées par une charmante caviste qui se veut l'ambassadrice des vins de Gaillac en son pays. Son seul défaut, elle n'aime pas (encore) les vins du Jura ! J'en profite pour tout rafler le stock de Palvié, à savoir la seule et unique bouteille de secrets 2000 qui lui reste, et je me fais plaisir avec un assortiment de petites douceurs gaillacoises.
    Il est déjà  tard et c'est pour nous l'heure de regagner Montségur, heureusement sans succomber aux flammes du bûcher !

    Encore deux coups de coeur pour des vins bus au restaurant :

    - Limoux « Toques et clochers » 2000, chardonnay terroir méditerranéen, très parfumé, sur les agrumes, doté d'une très belle texture et d'un superbe équilibre. Différent des chardonnays nordistes, bourguignons et jurassiens, il s'affirme en refusant la caricature style Nouveau Monde. Il me tarde de goûter le terroir océanique que m'a offert Jérôme !

    - Saint-Chinian Borie La Vitarèle Les Crès 99 : un vin dense et épais, encore un peu alcooleux au nez mais qui s'équilibre en bouche du fait d'une matière énorme. Impressionnant !

    Dimanche matin, l'heure du départ a sonné. Rendez-vous manqué avec un caviste carcassonnais réputé dont l'échoppe s'appelle La Passion du Vin (joli nom, non ?). Une prochaine fois !
    A proximité de Béziers, je suis pris d'une furieuse envie ! Mais pas la même que Francis Blanche ! Pourtant, je ne succombe pas! Catusse, ce sera pour une prochaine fois aussi !
    Par contre, un plongeon dans la grande bleue, sur la plage de la Corniche, je n'y résiste pas ! Vivifiant !
    Arrivée à Sète sur le coup de midi. Arrêt obligé ! Après avoir avalé une poignée de fruits de mer et une gorgée de Picpoul de Pinet, c'est le retour vers le Jura, sans autre étape. Juste un regard furtif sur la colline de l'Hermitage et, plus loin, sur la Côte Rotie. On s'arrêtera, une prochaine fois, sans doute !

    Olif

    lapassionduvin.com

  • Le Priorato en diagonale

    Date: le 27/04/2003 à 21:09

    Pas vraiment une horizontale, ni une verticale, un peu des deux mais plus que cela encore ! Magnifique dégustation des vins du Priorat au salon Arvinis à Morges (CH), en compagnie d'Eric Duret, meilleur sommelier d'Europe en 1998 avec, dans le même temps, découverte de cette région d'Espagne et consécration de sa grandeur, tout ça en 2 bonnes heures qui sont passées très vite.

    Après une présentation d'ordre général par Eric Duret, meilleur sommelier d'Europe en 1998 (je l'aurais pas déjà écrit quelque part, ça ?), nous passons aux choses sérieuses. De 7 vins initialement prévus, la dégustation est passée à 11, avec un fameux bonus ! On ne va pas s'en plaindre !
    Les vins sont servis dans des verres INAO estampillés Arvinis et ont été longuement aérés au préalable. Nous ne les dégustons pas à l'aveugle et ils sont présentés et commentés au fur et à mesure, dans un souci didactique, je suppose.

    Roquers de Porrera 99 : grenache et carignan.
    Robe grenat foncé, brillante sur les bords du disque. Beau nez fruité et réglissé, frais. En bouche, on est sur les fruits noirs avec un peu de verdeur dans les tanins, une grosse mâche en finale mais un vin qui sait rester frais. 14° qui passent inaperçus. Un peu massif mais une bonne introduction au Priorat avec ce vin d'entrée de gamme (35 FS quand même).

    Clos Les Fites 2000 : 2ème vin de Comte Pirenne. Grenache, carignan et cabernet sauvignon (20%).
    Le nez est sur les fruits rouges et noirs avec une touche végétale (eucalyptus). Souple et fruité en bouche, les tanins sont plutôt fins et élégants. Moins extrait que le précédent, il est plus frais que le précédent même si je le trouve un peu trop souple à mon goût. Un style différent du précédent, que l'on retrouvera plus tard chez son grand frère. 20 FS.

    Clos Manyetes 99 : grenache, carignan et syrah (20%). Un vin vinifié pour le compte d'un de ses amis par René Barbier, un des « pères » de l'appellation avec son Clos Mogador.
    Robe sombre, presque opaque. Nez sur les fruits noirs, cassis surtout. Tanins fins et soyeux, beaucoup de classe et d'élégance même si on perçoit un peu plus l'alcool (14,5°) que dans les vins précédents. Note réglissée légèrement amère en finale que je rattachais personnellement au carignan mais qu' Eric Duret (meilleur sommelier d'Europe en 98 si vous ne le savez pas encore) rapporte au terroir fait d'ardoises et de schistes. Très beau vin qui me plaît énormément. 35 FS.

    Cims de Porrera 99 : 70% carignan, 30% grenache.
    Robe opaque. Nez sur la liqueur de fruits noirs, cassis, réglisse, témoignant d'après Eric Duret (meilleur... Bon, j'arrête !) d'une extrême maturité du carignan. Bouche ample, profonde, puissante, intense. Longue finale rémanente sur une légère amertume. Magnifique !

    Comte Pirenne 2000 :grenache, carignan, cabernet sauvignon (20%).
    Nez légèrement réglissé, un peu boisé, sur la liqueur de mûres. Les tanins sont polissés, d'une agréable souplesse, tout en développant un beau volume. Un style que je trouve un peu plus international. Est-ce dû à la présence du cabernet sauvignon ?

    Clos Martinet 2000 : grenache, syrah, carignan (15%).
    Le nez développe un fruité légèrement mûr, qu'Eric Duret (...) rattache à des notes oxydatives de poire blette. D'une grande élégance en bouche, avec une texture veloutée qui tapisse le palais (du velours, Averroes, du velours !). Sensation de chaleur réconfortante en fin de bouche. Très beau vin mais le nez me gêne tout de même un petit peu. Une hypothèse a été avancée par qui vous savez pour expliquer ce léger défaut, l'attribuant aux fûts, peut-être d'origine américaine.

    Vall Llach 2000 : carignan, merlot, cabernet sauvignon.
    Le nez est plus réservé, toujours sur les fruits noirs mais la présence du boisé est plus perceptible. Les tanins sont marqués, c'est un vin extrait, puissant et boisé, d'un style radicalement différent des précédents, peut-être un peu formaté pour le palais de notre ami Bob. Je suis un peu moins convaincu! Tout en reconnaissant que l'on n'a pas affaire à un petit calibre.

    Clos Mogador 2000 : carignan minoritaire (seulement 10 %), grenache et cabernet sauvignon à proportions égales, 20% de syrah. On retrouve pourtant les arômes caractéristiques de liqueur de mûres. Les tanins sont civilisés et élégants, la texture est soyeuse. C'est un vin chaud et frais en même temps, équilibré dans la puissance, affichant un style un peu nouveau pour le domaine d'après les connaisseurs, notamment qui vous savez. C'est en tout cas un très beau vin.

    Après les zigzags et l'horizontale, nous partons cette fois-ci à  la verticale descendante !

    Clos Mogador 1999 : pas de syrah dans ce millésime, à la différence de 2000, et je le trouve plus marqué carignan. Plus puissant de ce fait, il arbore une finale également légèrement plus amère. Très beau vin aussi, il est pourtant très différent du 2000, se rapprochant un peu plus de Cims de Porrera du même millésime.

    Clos Mogador 96 : la robe commence à montrer de très légères notes d'évolution. Le nez est un peu plus animal, avec des notes de cuir et de sous-bois. Les tanins sont très ronds mais le vin reste puissant et chaleureux. Longue finale réglissée. On peut préférer les expressions plus jeunes de ce cru mais il ne montre cependant aucun signe de déclin.

    Clos Mogador 91 : un des premiers millésimes du cru. La robe est tuilée mais encore relativement sombre. Le nez développe des arômes tertiaires de sous-bois, de champignon et de cuir. Je le trouve fondu, harmonieux et caressant mais la finale est un peu alcooleuse. Ce vin a été carafé depuis la veille sinon il se serait révélé extrêmement dur dans ses tanins, ce qui est tout de même un peu étonnant. Vin intéressant de par l'aperçu qu'il donne sur l'évolution du style de la propriété depuis ses débuts. On peut néanmoins lui préférer les millésimes plus récents.

    Fin de ce passionnant voyage en Catalogne. On peut simplement regretter que ces vins, produits en quantités très limitées, soient aussi chers et aussi difficiles à se procurer.
    Je ne suis pas complètement convaincu de l'apport des cépages bordelais, notamment le merlot, qui risque d'avoir un peu de mal à s'exprimer du fait des conditions climatiques particulières peu adaptées à son bon développement, mais pourquoi pas !

    Le plus grand vin de cette dégustation fut pour moi Cims de Porrera 99, suivi de près par Clos Mogador 99 et 2000. Clos Martinet est à mettre un cran en dessous du fait du manque de netteté arômatique de son nez, même si sa texture est presque parfaite, Vall Llach ne m'a pas vraiment emballé.
    Le Clos Manyetes, de par son prix relativement attractif, est à inscrire au registre découverte. Je ne suis pas sûr qu'il soit facile à trouver pour autant !

    Voilà , il s'agissait pour moi d'une réelle découverte et j'espère avoir l'occasion de boire à  nouveau ces vins un jour.

    Olif

  • Vosne-Romanée, force et finesse!

    Date: le 01/05/2003 à 10:21

    Opposition totale de style, hier soir dans la cave du Bon Echanson à Pontarlier, pour une joute amicale entre deux domaines de Vosne-Romanée. Deux expressions d'un (quasi) même terroir à des lieues l'une de l'autre.

    A ma gauche, le domaine Mongeard-Mugneret, 25 ha, répartis sur 23 appellations, plutôt bien doté en grands crus ; à ma droite, le domaine Lamarche, 8 ha 68, de nombreux grands crus dont un en monopole.

    Les vins sont dégustés par paires, non à l'aveugle, sauf pour les grands crus, carafés à l'avance. Petit jeu (facile !) destiné à nous faire reconnaître le style du domaine après l'avoir apprécié sur un village, puis un premier cru.

    - Vosne-Romanée village 1998, domaine Lamarche : robe rubis brillante, sans trace d'évolution. Un vin concentré, massif avec des tanins serrés, témoins d'un boisé marqué, même si pas agressif, en train de s'harmoniser. Encore un peu austère à ce stade, il est doté d'une bonne allonge. Force et puissance, il devrait gagner à vieillir encore un peu.

    - Vosne-Romanée village 1998, domaine Mongeard-Mugneret : la robe est rubis légèrement tuilée. Le nez est très ouvert, épanoui, sur le fruit avec quelques notes de sous-bois. De demi-corps, mais avec une bonne longueur, c'est un vrai vin plaisir dont l'évolution relativement rapide peut surprendre par rapport au précédent. Finesse et élégance toutefois, même si je ne l'attendrais pas trop.

    - Vosne-Romanée 1er cru Les Suchots 1996, domaine Lamarche : nez puissant sur la sciure de bois un peu brûlée. Encore un vin massif, puissant, avec un gros volume en bouche et une certaine raideur des tanins. Le boisé devrait pouvoir se fondre dans cette énorme matière mais il faudra être patient.

    - Vosne-Romanée 1er cru Les Orveaux 1996, domaine Mongeard-Mugneret : le nez est ici tout en fruit, avec des notes florales (pivoine ?). Une belle trame acide procure de la longueur à ce vin qui s'exprime tout en finesse. De la dentelle, surtout comparé au précédent, dans un style souple et élégant.

    - Grands Echezeaux 2000, domaine Lamarche : nez puissant, un peu alcooleux, sur lequel viennent se greffer des notes boisées. Visiblement, une extraction poussée qui donne un vin puissant, dans un style démonstratif.

    - Grands Echezeaux 2000, domaine Mongeard-Mugneret : très fruit encore une fois, fraise, fraise des bois et épices, ce vin développe des tanins soyeux et caressants. Beaucoup d'ampleur, de longueur et de finesse qui laissent percer une légère minéralité du cru, qui ne demande qu'à s'exprimer. La relative souplesse de ce vin qui se laisse déjà très bien boire n'empêche pas qu'il ait encore un gros potentiel à révéler.

    - Grands Echezeaux 97, domaine Mongeard-Mugneret : histoire de clôturer en beauté, un grand cru dans un millésime plus ancien et entrant dans sa phase de maturité. Les fruits rouges s'expriment pleinement avec des notes de fumée, légèrement lardées. Beaucoup de race dans ce vin, toujours dans un registre très fin, et qui s'exprime pendant longtemps, longtemps, longtemps,... Un vin Duracell!

    S'il fallait résumer cette soirée, on pourrait dire qu'il s'agissait bien d'un match puissance contre finesse. Qui a gagné?
    Pour les amateurs de chiffres , on peut décréter le domaine Mongeard vainqueur par 4 vins dégustés contre 3 du domaine Lamarche.

    Olif

  • Chardonnays : Jura 2 - Reste du monde 0

    Date: le 25/04/2003 à 10:10

    Sans volonté de plagier la dégustation de DidierD, l'idée ayant germée de manière totalement indépendante, le GJP (Grand Jury Pontissalien, petite formation dissidente du Club des amis du Bon Echanson) s'est réuni en ce 24 avril pour une grande dégustation de chardonnays du monde, forcément non représentatifs de ce qui se fait dans chaque pays ou région, sans volonté non plus d'affirmer la suprématie de l'un ou l'autre (même si force est de constater que... ! winking smiley ), dans une gamme de prix allant de 10 à  30 euros.

    Pour ne pas être taxés de chauvinisme, tous les vins ont été dégustés à l'aveugle par série de 3, ce qui fait au total une dégustation de 9 bouteilles retenues sur les 13 proposées initialement.

    Espagne, Suisse, Australie, Argentine, Nouvelle-Zélande, Pays d'Oc, Bourgogne et Jura au menu, dans des millésimes s'échelonnant de 1998 à 2001 ; + une bouteille surprise, d'un millésime beaucoup plus ancien, qui s'est révélée véritablement ...surprenante !

    Je vous livre les commentaires et appréciations de dégustation à l'aveugle pour ménager un peu le suspense !

    - Vin n°1 : robe plutôt claire ; boisé outrancier au nez, vanille et noix de coco très prononcées. Bouche un peu exotique, sur les agrumes et les fruits de la passion, acidulée, avec un côté un peu artificiel. Longueur correcte dans un style très tape-à -l'oeil. Modérément apprécié de par son côté archi boisé un peu putassier.

    - Vin n°2 : robe jaune clair ; nez crayeux, arômes fruités artificiels rappelant un peu le désodorisant ( !) associés à des notes médicamenteuses et pharmaceutiques. Vif et acidulé, il est plutôt, pour ne pas dire franchement déplaisant.

    - Vin n°3 : robe jaune brillant ; le nez est de prime sur la réserve et s'intensifie progressivement à l'aération sur de belles notes briochées beurrées. Beaucoup d'intensité et de profondeur. Long, bien structuré, il séduit l'ensemble des dégustateurs car dans un style plus conforme à nos attentes en matière de chardonnay.

    - Vin n°4 : robe d'un bel or déjà vieilli ; nez beurré, caramel au lait, moka, très beau, racé. Bouche encore nerveuse, structurée par une belle acidité, contre balancée par une pointe de gras. Grande longueur avec rémanence des arômes de moka en finale. Il s'agit sans aucun doute de la bouteille surprise, beaucoup plus âgée, à son apogée et loin de décliner. Personne à ce stade, hormis moi, ne connaît la provenance ni l'âge de ce vin, mais tout le monde s'accorde pour dire que c'est très beau et très bon.

    - Vin n°5 : robe d'un beau jaune soutenu ; nez sur les agrumes et les fruits exotiques. Le boisé, bien que perceptible, est relativement bien intégré, non envahissant. Bouche ample, avec du gras, légèrement citronnée. Un vin très honnête, plutôt plaisant.

    - Vin n°6 : robe jaune clair ; nez peu expressif qui s'ouvre à l'aération sur des notes plutôt minérales (craie). Pas vraiment mauvais mais peu de personnalité, assez neutre.

    - Vin n°7 : robe très claire ; nez fruité, sur les agrumes, raisonnablement exubérant si je puis dire. Bouche ample, acidité bien équilibrée. Pas immensément profond mais tout à fait correct.

    - Vin n°8 : si la robe est jaune, le nez et la bouche, eux, sont verts ! Un concentré d'acide (citrique ?) qui entraîne chez moi une crispation de la mâchoire avec douleur en avant de l'oreille, phénomène maintenant bien connu sur LPV, à la limite de la buvabilité. Pouah !

    - Vin n°9 : robe jaune clair ; nez légèrement éthéré avec des notes de (dis)solvant ( ?), pas très net. Mal défini en bouche, un peu crayeux et déséquilibré. Pas terrible !

    Incontestablement, le n°4 et le n°3 sont les meilleurs vins de la dégustation (même si l'on peut mettre hors concours le n°4 du fait de son grand âge) et le n°8 le plus mauvais.

    Résultat des courses :

    - Vin n°1 : chardonnay Suisse 2000, Michel Ryser de Bonvillars. A noter que ce vin a obtenu la médaille d'or au concours des chardonnays du monde 2002 à Mâcon (je sais, ça ne veut pas dire grand chose !). De par ses arômes, on peut le qualifier de vin le plus « exotique » de la soirée ! Où est le terroir ?

    - Vin n°2 : vin de pays d'Oc 2001, Primo Palatum. Une cuvée apparemment ambitieuse et au final très décevante.

    - Vin n°3 : Arbois 98, Les Graviers, Stéphane Tissot. Le premier millésime de ce très beau chardonnay ouillé du Jura qui se bonifie au vieillissement. Superbe !

    - Vin n°4 : Arbois chardonnay 1969, vinifié par André Tissot, bouteille cadeau de Stéphane, dénichée dans la cave particulière du domaine, en vue de cette dégustation. L'aptitude au vieillissement de ce vin est réellement étonnante et confirme à mes yeux le réel potentiel de la région, apte à produire de très grands vins blancs. Aucune note oxydative dans ce vin, donc chardonnay vraisemblablement déjà ouillé.

    - Vin n°5 : Terrazas de Los Andes 2000, Tupungato, Mendoza, Argentine. Plutôt une bonne surprise, mais une bouteille pas vraiment donnée question prix. Sébastien H., qui nous lit régulièrement sans avoir franchi le pas de l'expression écrite sur le forum, le confirmera peut-être.

    - Vin n°6 : Clos Mont Blanc 2001, Conca de barbera, Espagne. Ce vin, qui ne m'avait pas déplu lorsque je l'ai dégusté seul il y a peu (cf rubrique Vins d'Europe), supporte mal la dégustation comparative. Honnête, sans plus.

    - Vin n°7 : Jacob's Creek 2001, Australie. Le candidat australien s'en sort plutôt bien en proposant un vin très agréable.

    - Vin n°8 : Cloudy Bay 2000, Nouvelle-Zélande. LA grosse déception de la soirée, un vin totalement indigne de son rang et de son prix (29 euros, c'était le plus onéreux !). J'ai conservé le fond de bouteille pour apprécier d'éventuelles améliorations à l'aération (je n'y crois pas !).

    - Vin n°9 : Chassagne-Montrachet 1er cru 1999, Marquis de Mac Mahon. Deuxième déception de la soirée avec ce blanc bourguignon d'un pourtant très bon millésime, qui se révèle très en dessous de ce que l'on pourrait en attendre.

    Cette dégustation totalement subjective appelle quelques commentaires :

    La grosse surprise - mais en est-ce vraiment une ? winking smiley ... c'est que les vins du Jura tirent très bien leur épingle du jeu parce qu'ils correspondent surtout à nos attentes en matière d'expression du chardonnay. Peut-être que mon palais est formaté pour ce type de vin, mais les autres dégustateurs présents ne sont pas particulièrement habitués aux chardonnays ouillés jurassiens.

    Ce qui est frappant, c'est la diversité des arômes développés par le chardonnay, qui reflète plus souvent à mon avis l'élevage que le terroir : notes beurrées, briochées, torréfiées qui sont de loin celles que je préfère, les plus conformes surtout lorsqu'elles s'expriment en profondeur, notes exotiques d'agrumes, souvent un peu artificielles, que j'ai, pour ma part, plus l'habitude de retrouver dans le sauvignon, notes minérales pas toujours très nettes qui dans le cas présent révélaient plutôt des défauts.

    A défaut d'avoir été une très grande dégustation, cette soirée fut donc très instructive en plus d'être éminemment sympathique. Vivement la prochaine, concrétisation d'un grand projet évoqué naguère, ici et ailleurs, la descente du Rhône en Syrah . Avec au programme de très grands vins même si aucun du Jura grinning smiley .

    Olif

    lapassionduvin.com

  • Petite visite au domaine Trapet, à Gevrey

    Date: le 26/03/2003 à 09:31

    Belle journée ensoleillée, hier, le temps idéal pour sillonner la route des grands crus. La vigne est bien ordonnée, propre, taillée très courte, petite coupe printanière oblige!
    En cette heure de midi, personne sur la route, ce qui me permet de circuler tranquillement sans perturber le traffic. Ce qui me frappe plus qu'à  l'ordinaire, peut-être parce que les ceps sont bien taillés, c'est le côté "mouchoir de poche" de ce vignoble. Quelques rangs de vigne et hop! On passe d'un grand cru à  un autre!
    Le but de ma visite, c'est de prendre livraison de ma réservation annuelle au domaine Jean et Jean-Louis Trapet. Un domaine auquel je suis fidèle depuis plusieurs années, y trouvant là  une belle expression du Gevrey-Chambertin et surtout de ses grands crus. Comme il n'est pas toujours facile de pénétrer au sein d'un domaine de Bourgogne, je préfère ne pas laisser ma place!

    Après une halte nourricière à  La Sommellerie, un très bon restaurant de Gevrey, où ce n'est, malheureusement pour eux, pas la foule des grands jours, je gagne le domaine, situé en bordure de la RN 74.
    Jean-Louis en déplacement à  l'étranger, je suis accueilli par les parents, Jean et Andrée. C'est Me Trapet mère qui est habituellement chargée de la dégustation et nous descendons les escaliers qui nous mènent à  la cave.
    C'est donc le millésime 2002, actuellement en fût, qui sera mis à l'épreuve de mes papilles. Me Trapet s'empare de la pipette (du nom d'un célèbre journal) et nous voici partis dans les travées.

    Gevrey Village: bien fruité, un côté un peu crémeux avec un boisé marqué.

    1er cru Petite Chapelle: un grain beaucoup plus fin, minéral et racé.

    1er cru Clos Prieur: un vin massif, aux tanins serrés, gros volume en bouche.

    Chapelle-Chambertin: habituellement le plus séducteur à  ce stade, il est en train de faire sa malo. Perle donc un peu mais beau fruité.

    Latricières-Chambertin: une matière énorme, très long en bouche.

    Chambertin: démarre aussi probablement sa FML car il perle légèrement. C'est toujours un réel bonheur de tremper ses lèvres dans le roi des vins, la définition étant déjà très nette malgré le léger perlant.

    Comme d'habitude, et ce, depuis plusieurs années, la gamme est très homogène, à  un très bon niveau qualitatif. Le millésime 2002 a produit des vins colorés et charpentés qu'il me tarde de découvrir à  un stade plus avancé. Dur, dur, le jugement des vins en primeur!

    Il ne me reste qu'à  charger le coffre avec mes 2000, les 2001 venant d'être mis en bouteilles et devant reposer jusqu'à  l'automne avant d'être commercialisés.

    Retour vers le Haut-Doubs en traversant une partie du vignoble jurassien vers Poligny, mais je suis raisonnable, je ne m'arrête pas! La prochaine fois!

    Olif