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Le blog d'Olif - Page 68

  • 1ères REVEVIN: Domaine de Chevalier, l'esprit et le vin !


    Date: le 24/05/2004 à 11:42

    Première des dégustations thématiques choisie par le staff des 1ères rencontres de Saint-Jean-de-Monts, ce tour d'horizon du fameux domaine de Pessac-Léognan avait tout pour séduire. Les conseils prodigués par le Domaine en matière de service ayant été respectés à  la lettre, grâce au GO PhR, improvisé sommelier en chef, les GM participant à  cette session n'avaient plus qu'à  s'attabler sur la terrasse du Chai Carlina.

    A la manière des Jurassiens, nous commençons par une série de rouges avant d'attaquer les blancs. Les notes qui suivent sont les miennes, traduisant, je pense, l'impression générale, mais certaines perceptions n'étaient pas partagées par tout le monde. Elles seront donc vraisemblablement complétées par d'autres.

    Esprit de Chevalier rouge 1998 :

    Robe brillante, nez poivré, fruité, boisé. Tanins fondus un peu asséchants, un peu stricts. Finale courte. Un vin un peu mince mais correct pour la mise en bouche.

    Esprit de Chevalier rouge 2000 :

    Robe grenat, nez torréfié légèrement puis poivron dominant, assez mûr toutefois. La bouche est relativement charnue, plus structurée que le précédent, avec une acidité encore marquée. C'est mieux, même si ce n'est pas encore ça !

    Domaine de Chevalier rouge 2001 :

    Le nez nous livre un boisé de qualité sur des notes plutôt florales. La bouche est quand même un peu austère mais possède de l'épaisseur et de la longueur, avec sensation alcooleuse en finale. C'est sûr, il est jeune !

    Domaine de Chevalier rouge 1998 :

    Le nez est plus ouvert, complexe, avec une aromatique plutôt animale sur des notes de torréfaction. Les tanins sont soyeux mais deviennent abrupts en finale, ce qui procure une sensation de cassure et nuit à l'équilibre du vin. La bouche ne tient pas tout à  fait les promesses du nez, mais c'est plutôt bien quand même !

    Domaine de Chevalier rouge 1995 :

    Nez complexe, empyreumatique (cacao), floral, animal. Là  encore, on s'attend à  un très beau vin car l'attaque est ample. Mais la finale est sévère, sur des tanins anguleux. Finale un peu acide. Pas mal non plus, mais...

    Domaine de Chevalier rouge 1987 :

    Chevalier s'est taillé une réputation dans la réussite des petits millésimes des années 80. Nous allons donc pouvoir juger sur pièce! La robe tuile légèrement, le nez est épanoui. Le poivron bien mûr ressort au milieu de notes de cacao et de cuir. Souple et fondu, il possède encore suffisamment de longueur pour être harmonieux. Très bien pour le millésime, c'est une certitude, très agréable dans l'absolu également, il tranche d'avec les autres par son côté charmeur.

    Esprit de Chevalier blanc 1998 :

    Robe jaune pâle, nez très mûr, sur les agrumes, le miel, la cire, avec un côté très oxydatif ! Long, frais et acidulé, j'avoue avoir beaucoup aimé même si c'est complètement atypique pour un Pessac !

    Esprit de Chevalier blanc 2000 :

    Robe jaune pâle, nez plus typique de sauvignon bien mûr, bourgeon de cassis et notes légèrement fumées. L'attaque est vive, l'acidité tranchante et la finale se fait sur de l'amertume. Plus conforme aux attentes mais une expression très simple.

    Domaine de Chevalier blanc 1993 :

    Robe encore très pâle, à  reflets verts, témoignant d'une grande jeunesse. Nez intense et complexe d'un vin à  maturité, sur les agrumes, les fruits exotiques et le citron, qui contribue à  la grande fraîcheur ressentie, apportant vivacité en bouche, sur un gras onctueux et élégant qui pointe. La race des grands !

    Domaine de Chevalier blanc 1997 :

    Le nez présente d'abord de la réduction sur un boisé encore marqué mais le fruit s'exprime peu. On sent encore comme une retenue pour un vin qui a certainement pas mal de choses à  livrer. A attendre !

    Domaine de Chevalier blanc 1999 :

    Nez également très mûr sur des notes oxydées. La bouche est dissociée avec perception liégeuse. Pas du bouchon franc, mais ça devrait le devenir. Une bouteille à  problème, impossible à  juger.

    Domaine de Chevalier blanc 2002 :

    Nez de sauvignon typique, un peu pipi de chat avec des notes fermentaires. Vif et acidulé en bouche, c'est un vin très jeune dans une phase peu séduisante actuellement. A revoir dans 5 ans, pas avant !

     

    Si cette dégustation n'a pas soulevé l'enthousiasme général, elle fut néanmoins d'un bon niveau. La seule bouteille à  véritablement sortir du lot pourtant fut le blanc 1993 qui est une petite merveille. Le 1987 rouge se défend encore pas mal mais on ne peut quand même pas trop lui en demander non plus.
    Je me demande si nous ne devenons pas un peu trop exigeants ! Surtout avec Bordeaux?

    Olif

  • 1ères Rencontres Vendéennes autour du Vin: Vins de vigneronnes valaisannes en vacances en Vendée


    Date: le 24/05/2004 à 23:10

    Pour cette dégustation d'exception, nous disposions uniquement des vins mais pas des vigneronnes. Ce qui n'était déjà  pas si mal! Grâce aux relations internationales du GO en chef de ces Rencontres, j'ai nommé PhR, nous possédions un échantillonnage impressionnant de vins de ces deux grandes dames valaisannes, en souvenir d'une amitié indéfectible et de vacances déjà lointaines passées au doux climat océanique vendéen. L'occasion pour nous de démontrer que la petite arvine est loin d'être aussi salée que l'océan Atlantique; heureusement que la terrasse du Chai Carlina était balayée ce jour-là  par un fort vent de terre, nous mettant à  l'abri des embruns!

    Autant vous le dire tout de suite, la dégustation qui va suivre fut un moment fort de ces Rencontres, qui n'ont fait qu'aller crescendo, la verticale de Suronde en ayant été le point culminant, de par la qualité des vins, certes, mais surtout du fait de la présence de Francis Poirel en personne. Nul doute que si les dames Suisses avaient fait le voyage à  l'Ouest, la concurrence eût été rude!

    Fendant 2003, Marie-Bernard Gillioz (MBG) :

    Robe très claire, presque limpide. Très variétal au nez, sur la fleur de vigne, c'est un vin frais et désaltérant, le fendant de soif par excellence.

    Fendant La Liaudisaz 2002, Marie-Thérèse Chappaz (MTC) :

    Robe claire, limpide. Nez sur des notes fermentaires de poire, il développe en bouche une minéralité beaucoup plus affirmée sur une finale légèrement saline. Plus complexe que le précédent et à  attendre un peu en cave, à  mon avis.

    Petite Arvine Grain blanc 2001, MTC :

    Robe pâle, nez archétypique sur les agrumes, mais citronné et miellé, témoignant de sa richesse potentielle et de sa fraîcheur. En bouche, la belle acidité domine, et la finale saline se fait sur une amertume de bon aloi. Très belle petite arvine, tranchante et riche en même temps.

    Petite Arvine 2002, MBG :

    Robe pâle, nez curieux de caoutchouc brûlé, probablement en relation avec de la réduction car il s'estompe à  l'aération. En bouche, on retrouve une belle vivacité et de la longueur, mais la comparaison avec le Grain Blanc joue en sa défaveur.

    Pinot Gris 2002, MBG :

    Robe pâle, nez évoluant sur des notes un peu fermentaires avec une pointe de réduit. La bouche révèle un vin gras et rond, sans lourdeur, qui nécessite probablement un peu de temps pour s'harmoniser. Une bouteille originale et intéressante.

    Grain d'Or 2002, MTC :

    Il s'agit d'un ermitage (marsanne) à  la robe très pâle mais au nez intensément aromatique sur la rhubarbe, la fraise, la truffe blanche, d'une pureté cristalline. La texture en bouche est onctueuse, soyeuse, riche et fraîche en même temps. L'équilibre est magistral et le vin en tout point admirable. Chapeau, Marie-Thérèse!

    Dole La Liaudisaz 2002, MTC :

    Robe rubis, légèrement trouble. Nez au départ un peu réduit, épicé, fruité (fraise), avec des notes fumées. Une Dole « sérieuse », bien charpentée!

    Dole 2000, MBG :

    Robe rubis, nez de framboise, de violette. Son côté friand, presque facile, la rend désaltérante.

    Humagne rouge 2001, MTC :

    Robe rubis, nez légèrement animal, fumé et poivré. En bouche, l'assise tannique est un peu lâche (c'est une humagne!) et le vin se livre sur des notes épicées.

    Syrah 2002, MBG :

    Robe pourpre, nez archétypique de syrah, sur la violette, les épices et les fruits rouges. Les tanins sont souples, fondus, pêchant un peu dans leur structure; il n'empêche, le vin est agréable même s'il ne peut prétendre à  gagner énormément de complexité au vieillissement.

    Cornalin 2002, MBG :

    Robe pourpre, très joli nez sur le cassis, la menthe poivrée et la feuille de cassis. Bien bâti, avec de la puissance, de la longueur et déjà  de la séduction. Très beau vin!

    Foradori 2001 :

    Un pirate introduit à  la dernière minute par Jérôme en raison de ses similitudes supposées avec le cornalin. Et bien en fait, non! Sur la fraise Tagada, la banane, son côté amylique et artificiel l'a fait se ratatiner complètement!

    Grain noble 2001, Petite Arvine, MTC :

    Couleur jaune pipi, nez d'agrumes très citronné, il développe en bouche une belle vivacité malgré une liqueur très riche. Une longueur immense contribue à  donner la sensation de très grand vin!

    Grain noble 2001, Marsanne :

    Robe d'un beau jaune doré, nez sur l'olive verte et la truffe blanche. Sa grande richesse et sa puissance en bouche s'accompagnent d'une sensation minérale (mine de crayon). La rétro se fait sur des notes infinies de truffe blanche. Tout le monde est à  genoux!

    Bravo Mesdames! Sur douze bouteilles, aucun déchet! 4 immenses vins, 3 excellents, les 5 autres oscillants entre le bon et le très bon, dans des registres variés, de la simplicité à  la richesse en passant par la franchise.

    Aimez le Valais, il vous le rendra bien!

    Olif

  • 1ères Rencontres Vendéennes autour du Vin : Château de Suronde, en Quarts et en entier !


    Date: le 25/05/2004 à 16:44

    Point culminant de ces 1ères Rencontres vendéennes autour du Vin (ou comment anticiper l'actualité !), cette dégustation était prévue de longue date, bien avant la controverse bettannienne, qui , tout grand dégustateur qu'il est, peut néanmoins se planter, ce qui finalement est plutôt rassurant. Ce qui est plus grave, par contre, c'est l'impact que peut avoir son discours après avoir porté un avis aussi tranché et définitif sur seulement deux bouteilles dégustées. Enfin, bref, passons!

     

    Grâce aux relations de PhR, le super GO en chef de la manifestation, nous avions la chance d'avoir à nos côtés Francis Poirel en personne, accompagné de l'intégralité de sa production en Quarts-de-Chaume depuis le millésime 95. Le Quarts-de-Chaume en entier donc, même s'il s'agissait uniquement des « meilleurs quarts de la récolte, pendante ... ».

    Pour l'anecdote, Francis Poirel, un artisan vigneron jovial et fort sympathique avait fait le voyage la veille, et nous avons passé une grande soirée festive autour des vins que nous avions emmenés et des plats proposés par Phil85 du Chai Carlina, qui avait mis un tigre dans son moteur et passé la surmultipliée pour gérer le soutien logistique des rencontres en même temps que sa clientèle, fort nombreuse en ce pont de l'Ascension. J'avais apporté dans mes valises un Quart-de-Chaume 1988 du Château de Suronde, période Laffourcade, pensant qu'il était intéressant de remonter dans le temps. Ce fut effectivement éloquent, pas dans le sens où je l'imaginais pourtant, avec un vin vert, acide, vraisemblablement chaptalisé, rien à voir avec ce que nous allions goûter le lendemain.

     

    Anjou blanc 2001:

    Très pur, sur le fruit avec une minéralité qui perce, il laisse la bouche fraîche de par son équilibre et sa belle structure acide.

    Sauvignon 2001:

    En magnum et ouvert depuis la veille. Il s'ouvre sur des notes de fraise, de menthe poivrée et/ou de feuille de fraisier. Grande et belle structure acide qu ressort en finale, un vin qu'il faut attendre, d'après Francis, mais déjà diablement bon!

    Anjou blanc 1998:

    Nez puissant, intense et complexe, avec des notes miellées. La bouche fait ressortir de discrètes notes cartonneuses, précurseurs du liège sans doute, traduisant un problème de bouchon, qui ma foi, est loin de rendre le vin imbuvable!

    Quarts-de-Chaume 1995:

    Année très sèche à l'origine d'un passerillage des raisins. La robe est dorée, brillante. Le nez est intense, terpénique débutant et confit, abricot sec, pâte de coing. La bouche est vive, portée par une belle acidité, longue. Minéralité et fruits secs s'expriment en rétro-olfaction. Très longue persistance! La barre est placée très haut pour une entrée en matière!

    Quarts-de-Chaume 1996:

    Année à botrytis. Si la robe est similaire, le nez est moins aromatique, plus minéral (graphite). S'y ajoutent des notes de coing. La bouche est un peu plus molle mais plus intense, plus profonde et plus grasse. La richesse se révèle dans le temps et dans la finale. Difficile de trancher entre 95 et 96! Lequel préférer? Sans aucun doute les deux, qui reflètent magnifiquement les différences entre millésimes.

    Quarts-de-Chaume 1997:

    Ce millésime est en fait la somme des deux, puisque la chaleur de l'été a fait passeriller les raisins qui se sont gorgés à nouveau d'eau avec les pluies de septembre et le botrytis s'est finalement installé par la suite. Le nez d'abord un peu réservé, se livre par petites touches, hésitant entre la minéralité, le confit et le botrytis. Ce qui ne fait que le rendre plus complexe, en fait. La bouche est onctueuse mais fraîche, s'amplifie progressivement, la liqueur s'étale pour se fondre dans une finale en queue de paon. J'en suis bouche bée! Un vin grandissime qui ne souffre certainement pas d'un excès de manque de soufre!

    Quarts-de-Chaume 1998:

    Année pluvieuse dans laquelle produire un vin liquoreux s'est révélé être un tour de force! Le nez est très original, pour ne pas dire surprenant, sur des notes de cake au rhum et aux raisins. Une vraie gourmandise qui évolue par la suite sur de la quinquina et de l'orange amère. La bouche est légèrement déséquilibrée avec une perception du sucre trop importante, mais dans le contexte, c'est un vin plus qu'honorable.

    Quarts-de-Chaume 1999:

    Nez frais, légèrement mentholé, sur la cire et le miel. Une grande richesse en glycérol, donc, mais une fraîcheur bien présente grâce au menthol et à l'acidité.

    Quarts-de-Chaume 2000:

    Encore un nouveau nez, pas le plus réussi, mais le millésime fut assez calamiteux. Des notes iodées, pharmaceutiques s'imposent à moi et ne me quittent plus. La bouche est épicée, un peu alcooleuse avec une finale dissociée et une rétro iodée.

    Quarts-de-Chaume 2001:

    Très acidulé, limite citronné, on décèle déjà de la minéralité (mine de crayon) et des notes confites d'abricot. La bouche est encore un peu dissociée mais la liqueur est belle. A attendre et ça devrait être très beau!

    Quarts-de-Chaume 2002:

    Echantillon tiré du fût. La robe est à peine trouble et le nez s'ouvre sur des notes fermentaires de pomme de bois. La liqueur est rafraîchissante et la finale très acidulée.

    Quarts-de-Chaume 2003:

    Tiré du fût également, la robe est trouble, le nez également fermentaire, sur la pomme, le cidre. A l'oreille, on entend la mer! Le vin pétille joyeusement. La bouche est grasse, riche et onctueuse, très concentrée avec une belle acidité et une finale fraîche. Un vin impressionnant qui devrait faire un malheur dans quelque temps!

    Quarts-de-Chaume 2003, cuvée Victor et Joseph:

    Le coeur des Quarts, 29° potentiel! Liquoreux de l'extrême, 360 g de SR, 6° d'alcool, il possède une richesse énorme et la bouche reste fraîche malgré tout ce sucre! Un véritable PMG dans les Quarts!

     

    Difficile de ne pas être séduit par cette verticale d'anthologie! Après avoir goûté un 1988 caricatural la veille, on mesure mieux le chemin parcouru pour obtenir de grands vins. Ce qui est certain, c'est qu'avec le Château de Suronde les Quarts-de-Chaume ont retrouvé tout leur lustre d'antan. Si j'étais Seigneur de la Guerche, j'exigerais volontiers chaque année une dîme de ce vin-là !

     

    Olif

  • Christophe Abbet, l'académicien du Naturel et du Non-Conformisme !

     

    Date: le 14/04/2004 à 12:22

    Figure marginale du paysage viticole valaisan, Christophe Abbet conçoit des vins à son image, sortant des canons habituels de l'appellation, pas nécessairement tous expérimentaux, pourtant! Mais toujours à l'écoute du raisin, de la vigne à la cave, il se plie et s'adapte aux caprices de celui-ci pour produire des vins hors du commun. Le Valais au naturel, débarrassé de son académisme !

    Artiste dans tous les sens du terme, il élabore lui-même, souvent à la main, ses étiquettes et baptise ses vins de noms originaux, d'après ce qu'ils lui évoquent.
    Un personnage très attachant et humble, à l'écoute de toutes les remarques et critiques au sujet de ses vins, prêt à se remettre en question sans cesse, voire à élaborer des cuvées spéciales pour satisfaire les goûts de certains de ses clients.

    Rendez-vous donc au coeur de Martigny-Bourg, au caveau de dégustation de Christophe, en compagnie d'Yves Z.. Nous allons goûter quasiment toute la gamme actuelle et je dois reconnaître que tous les vins dégustés m'ont emballé !

    Chardonnay 2000 barrique

    Très beau nez élégant et floral, finement grillé. Gras et onctueux, avec ce qu'il faut de vivacité, un chardonnay comme je n'en ai encore jamais bu en Valais ! Son vin certainement le plus « académique », d'un classicisme bourguignon (les barriques proviennent de chez Denis Mortet), mais réellement magnifique. A signaler qu'une partie de l'assemblage n'a pas effectué sa malo.

    Gamay de Fully VV 2002

    Nez très fruité, bien mûr, avec une pointe de réglisse et quelques notes florales. Amplitude et volume en bouche. Très peu soufré, un vin qui s'exprime sur le fruit et la fraîcheur. Superbe !

    Aparté 2002

    Le même, version sans soufre. Grosse matière confiturée, fruits noirs et rouges mêlés, une bombe fruitée nature ! Je ne saurais dire lequel je préfère des deux !

    Syrah 2001 barrique

    Encore un fruité énorme, avec peut-être un peu plus de lourdeur que dans le Gamay, et une note particulière, évoquant l'amande amère. De fait, petite amertume en finale, dans une mâche énorme mais voluptueuse. Une syrah tout fruit, au volume imposant. Un vin rêvé par Christophe ?

    L'air du temps 1999

    Assemblage de marsanne, petite arvine et pinot blanc. Nez très mûr, presque surmaturé, qui distille un caractère finement oxydatif pouvant évoquer les belles cuvées jurassiennes de Camille Loye. La bouche est sèche et pourtant un peu confite. Un vin dans l'air du temps, sur le fil, un vrai funambule !
    Par rapport au millésime 1998, un peu moins déroutant du fait d'un degré alcoolique moins important ( 14,5° versus 17°).

    A propos d'îles 2000

    Tea time ! Petite arvine dominante, cette cuvée botrytisée précocément, initialement destinée à devenir de l'Ambre, a refermenté en barrique. Ce qui a contribué à faire baisser son taux de sucre résiduel, stabilisé autour de 80g/l, et lui a procuré une immense fraîcheur. Son côté exotique, à l'origine de son nom, s'est un peu estompé pour s'exprimer sur des notes prononcées de thé à la bergamote et de pommes au four. Craquant !

    A propos d'ailes 2000

    Nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises ! Un vin rouge au nez finement chocolaté (chocolat suisse, évidemment !) et des arômes confits à la manière d'un vieux Porto. Il s'agit d'un Gamay passerillé sur pied précocément, du fait d'un accident climatique cette année-là . Un vin solaire, méditerranéen, aérien (les ailes, c'est pour cela), « un Gamay élevé au rang de spécialité » ! C'est cela, être un artiste, s'adapter aux conditions les plus extrêmes et produire des chefs d'oeuvre inattendus ! Après un vin comme cela, plus rien ne peut m'étonner venant de Christophe ! Et pourtant !

    Nous allons ensuite descendre dans la magnifique cave voûtée située sous le caveau de dégustation pour atteindre de nouveaux sommets gustatifs et approcher les secrets de l'élaboration d'un désormais fameux liquoreux.

    Ambre 2001

    Dégustation au fût de deux barriques différentes, l'une légèrement plus boisée que l'autre, avec un peu moins de fraîcheur. Le vin issu de la première, gras, riche, onctueux, nourri par le bois sans que les arômes de celui-ci ne l'imprègnent, donne déjà une petite idée de ce que sera l'Ambre de cette année-là. Magique!

    Ambre 2002

    Prélevée également au fût, la robe est encore trouble. Un véritable sirop de miel, à la texture filante, et un léger boisé perceptible en attaque.

    Ambre 1999

    Un échantillon en bouteille, la mise ne va peut-être plus tarder. Un registre oxydatif qui n'est pas sans rappeler PMG 99 (eh ! oui ! encore le Jura !). Une grosse liqueur de coings avec une sensation minérale de graphite (mine de crayon) en milieu de bouche. 250g de sucre résiduel ! Un vin énorme et hors normes. Je fonds complètement !

    Christophe Abbet? Peut-être pas un mythe (ce qui évitera à certains de vouloir le déboulonner ), mais certainement un artiste-vigneron, voire un vigneron-artiste (ou les deux à la fois), original et talentueux !

     

    Olif

     

  • On aurait aussi pu dire le Sud...!

    Date: le 17/04/2004 à 17:56

    Retrouvailles au GJP, hier soir, Le Seb étant enfin descendu de son cocotier antillais, gavé de vieux Rhum JM, et désireux de se refaire un palais apte à  goûter du bon vin.

    Le thème de la soirée s'était articulé autour de la découverte de Gourt de Mautens 2001 et paf! voilà  que je l'avais dégusté la veille par surprise aux Jardins de Saint-Vincent! Pas opposé à  une remise du couvert néanmoins, nous lui avons trouvé quelques partenaires d'envergure. En vedette, le grenache!

    Chablis 1er cru Vaillons 2000, domaine Raveneau

    Mince! Pour la mise en bouche, c'était pas du grenache! Mais ça se laissait plutôt bien siffler! Bien jeune mais à  la minéralité déjà affirmée, on y retrouve de jolies notes anisées de fenouil au milieu d'autres herbes coupées. C'est beau!

    Château Rayas 1996

    La robe commence à  briquer de manière imperceptible. Nez très fin, cacaoté, légèrement fruité, typiquement sur le noyau de cerise, aérien et d'une élégance rare. Une belle puissance, fondue et bien canalisée en bouche, avec de la longueur et de l'harmonie. Pas de doute, il se goûte bel et bien comme un grenache, un beau même, pas dissocié pour un sou! Je me permettrai donc très humblement de ne pas être d'accord du tout avec les commentaires de Mark Squires! Avons-nous bu le même vin?

    1996 Chateauneuf-du-Pape Reserve (Rayas)
    Tasting like syrah, this wine is gamey, has those animal fat notes, and prominent flavors. It seems a bit bretty, too. Its color is light and the body is as well; there is little depth here, and it seems unbalanced as the powerful tannins assert themselves. This is made in vins de garde style, but I fear the fruit here will not even come close to keeping up with the tannins. Too thin, disjointed, and rather disappointing. 85 points.



    Châteauneuf du Pape Croix de Bois 1998, Chapoutier

    Un 100%grenache également, ça ne pouvait pas mieux tomber! La robe est burlat, très homogène. Cacao et cerise, évidemment, dans un style superposable au précédent, avec pourtant un peu plus de puissance (millésime?) et probablement moins d'harmonie pour cause de finale un peu plus chaude, voyant revenir de façon franche l'alcool en rétro-olfaction. C'est très beau même si l'élégance de Rayas s'impose.

    Rasteau 2001, domaine Gourt de Mautens

    On l'avait gardé pour la fin, celui-là , pensant qu'il jouerait un peu les rouleaux compresseurs. 65% de grenache seulement. Le nez est plutôt végétal, mentholé avec des notes boisées vanillées tout à  fait supportables. Une grosse matière enveloppe la bouche pour terminer dans une grosse mâche finale avec sensation alcooleuse de vieux Rhum martiniquais. Et le Seb s'y connait dans ce domaine! Est-ce le même vin que celui goûté la veille ou bien est-ce que je me gourre de Mautens? (Désolé, celle-là , je n'ai pas pu m'en empêcher!) Vraiment, je ne le reconnais pas! Pas les mêmes conditions de dégustation mais quand même!

    Gewurtztraminer Fronholz SGN 1998, André Ostertag

    La petite gâterie finale, au sud du nord de l'Alsace! Frais par son côté mentholé, mais artificiel par une note pharmaceutique, on finit par retrouver le litchi au milieu d'une liqueur que je trouve légèrement déséquilibrée par un excès de perception sucrée. Impression mitigée.

    Voilà , je pense que la prochaine fois, on retournera au Nord! Faut quand même varier les plaisirs! Mais le grenache, c'est bien bon, ma foi!

    Olif

  • On dirait le Sud...aux Jardins !

    Date: le 17/04/2004 à 13:17

    Un petit air de musique qui trotte dans la tête et qui reflète bien l'état d'esprit de cette 3ème séance de dégustation de l'année aux Jardins de Saint-Vincent chez Stéphane “Saint-Vernier" Planche. A la recherche d'un Sud chaleureux, ensoleillé, convivial, au travers de la dégustation de 7 vins en provenance du Grand Sud, avec quelques invités-surprises de dernière minute. J'avais initialement compris que la dégustation se restreignait à une approche du Languedoc, et de fait, la question s'est bien posée. Où commence le Sud? Pour certains, c'est à partir de Poligny, qui est bel et bien au sud d'Arbois! Un peu extrémiste quand même! On peut raisonnablement fixer comme limite au clivage Nord-Sud le 45ème parallèle même si ce clivage reflète surtout un état d'esprit. Certains vins du Nord, très solaires, peuvent révéler un esprit sudiste et inversement.

    Allez ! foin des tergiversations, en route pour le Sud ! Tous les vins sont bien sûr goûtés à l'aveugle complet. Les petites fiches synthétiques d'Angélique nous sont d'une grande utilité pour nous y retrouver. Que ferions nous sans elle?

    Côtes de Provence 2002 blanc, domaine Richeaume

    Un millésime sinistré dans le sud de la vallée du Rhône, dilué sous des tonnes d'eau. Aussi cette bouteille est une excellente surprise, parfaite pour une mise en bouche. La robe est claire, légèrement trouble. Le vin, quasiment champagnisé à l'ouverture, ne laisse percevoir qu'une toute petite pointe de gaz lors de la dégustation une heure après et une fine touche boisée malgré un élevage 100% bois neuf. Etonnant !
    Léger, friand et gourmand, il joue magnifiquement sur la fraîcheur malgré une perception alcooleuse en finale. Assemblage clairette et rolle.

    Vin de Pays des Côtes Catalanes, Cuvée VV 2001, domaine Gauby

    La robe est claire et brillante. Nez sur le miel, la cire d'abeille, finement oxydatif. En bouche, une minéralité exceptionnelle s'exprime au travers de notes fumées. Grande longueur, rétro sur des notes d'amande, superbe équilibre. Un très beau vin que je qualifierais volontiers de nordiste dans son esprit. A l'aveugle, je ne savais vraiment pas où le situer ! 40% macabeu, 25% grenache, 15% chardonnay, grenache gris et carignan blanc.

    Coteau d'Aix en Provence 2001, Château Revelette

    Un vin rouge, cette fois, avec un nez mûr, fruité, réglissé et épicé, doté d'une grande acidité, qui procure une grosse sensation de mâche, et des tanins qui retapissent la bouche. Un vin simple, pour ne pas dire rustique, relativement croquant, destiné aux barbecues de l'été. Grenache, syrah, cabernet sauvignon.

    Saint-Chinian Le Laouzil 2002, Thierry Navarre

    Belle robe burlat. Nez fruité mûr (fraise), un peu animal, musqué, viandé. Rondeur, chaleur et gros volume en bouche avec de la minéralité en rétro-olfaction et de l'alcool. Un costaud « à grosses épaules » qui mérite d'être servi légèrement frais pour permettre à l'alcool de mieux s'intégrer. Grenache, carignan, syrah.

    Cabardes Vent d'Est 2000, domaine Cabrol

    D'abord animal, le nez évolue rapidement sur les fruits mûrs, limite blets. Belle structure patinée, fondue, épicée, avec pour moi une sensation métallique en milieu de bouche et en finale. L'impression de sucer de la limaille de fer !

    Vin de Pays des Côtes de Brian, Rendez-vous du Soleil 2000, Clos du Gravillas

    La robe est sombre, dense. Le nez est rafraîchissant (mentholé ? médicamenteux ?), viandé et fruité en même temps, giboyeux. La structure est serrée, fine, révélant par petites touches une grosse et belle matière. Du velours que cette belle cuvée de carignan!

    Rasteau 2001, domaine Gourt de Mautens

    Robe opaque. Au nez, de la réduction fruitée associée à des notes empyreumatiques de moka. L'attaque est franche avec des tanins bien enveloppés et une amertume finale très prononcée. L'ensemble est majestueux, encore dissocié de par sa finale, mais on sent un gros potentiel. Pour l'instant, c'est quand même un vin d'hommes (dixit les dégustatrices présentes !). 65% grenache + plein d'autres trucs!

    Le Tout en bulles, domaine de Gramenon

    Pour le fun et pour les dames ! Robe légèrement trouble avec un feu d'artifice de belles bulles. Au nez, tout le monde a attrapé la nostalgie des pommes au four mitonnées par sa Maman quand il était petit ! Avec un chouïa de banane. « De la limonade », pour le plaisir de retrouver son âme d'enfant.

    Jurançon 2002, Clos Uroulat, Charles Hours

    Cap à l'Ouest pour un beau vin moelleux, au nez un peu lactique mais acidulé, sur l'abricot sec. L'équilibre est bien celui d'un moelleux avec une grande acidité et une belle fraîcheur.

    Encore une belle sélection effectuée par le tandem des Jardins de Saint-Vincent. Le mâchon qui a suivi fut l'occasion d'apprécier quelques bonus réjouissants, comme cette grande et infinie Sagesse 2002 du domaine Gramenon (avec les raisins de la Mémé entre autres, puisqu'il n'y en a pas eu de produite dans ce millésime) et un vin du Sud...d'Arbois apporté par Emmanuel Houillon, son détonnant Ploussard 2003 qui ne devrait pas tarder à  être mis en bouteilles. Un vrai vin solaire !

    Olif

  • De Chambolle à Musigny, le grand amour !

    Date: le 17/03/2004 à 13:23

    Au GJP (Grand Jury Pontissalien, pour les p'tits nouveaux, rassemblement d'amateurs demeurant dans la bonne ville de Pontarlier (25), dont l'objectif n'est pas de faire de l'ombre au Grand Jury Européen de François Mauss, mais d'organiser quelques belles dégustations thématiques à intervalles aussi rapprochés que possible !), on aime flâner au coeur de la Bourgogne. Cette fois, le parcours sera court, virtuel et pas réel. Petit dans l'espace, plus grand dans le temps, sur une période couvrant 12 années, de 1988 à 2000. 7 vins de Chambolle-Musigny, 7 domaines différents, 2 «village», 4 premiers crus, 1 Grand cru (oui, mais lequel !), 3 88. Voilà pour les amateurs de chiffres. Pour les puristes, nous étions en quête de la finesse légendaire de l'appellation, tout en souhaitant communier autour d'une bouteille de rêve. Amen !

    Les vins sont servis à l'aveugle en 2 séries. Les 4 plus jeunes ont été carafés, les 3 anciens débouchés 1 heure au préalable et habillés d'une fort élégante chaussette de ski afin de les dissimuler jusqu'à la collerette. Les petits plats ont été mis dans les grands ! Valérie nous a concocté en plat principal un carré d'agneau spécial Musigny, une recette d'Alain Senderens travaillée dans le cadre d'un accord mets-vins, accompagné de légumes craquants et d'une sauce au pistou. Le voyage peut commencer !

    - Chambolle-Musigny 1999, domaine G. Roumier : robe rubis éclatante, nez fruité avec une nette composante florale (pivoine ?), tanins fins, un peu lâches. Plutôt plaisant mais pas d'une grande complexité.

    - Chambolle-Musigny 1999, domaine Guillon : robe rubis soutenu, nez très petits fruits rouges, évoquant bien le pinot. Développe un plus gros volume en bouche que le précédent avec des tanins encore bien marqués et de la mâche en finale avec perception de l'alcool. Sa relative puissance et sa belle concentration en imposaient presque pour un premier cru !

    -Chambolle-Musigny 1er cru La Combe d'Orveau 1998, Anne Gros : robe rubis clair, d'une belle brillance. Un vin de fruit, gourmand, tout en finesse et en élégance. De la dentelle ! Je penchais pour Roumier !

    - Chambolle 1er cru Les Amoureuses 2000, Domaine Groffier : robe rubis foncé, jolis arômes de framboise associés à une note animale. Bouche ample, longue finale avec une sensation de sucrosité. Un vin imposant, l'antithèse du précédent !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Cras 1988, Domaine G. Barthod-Noellat : il s'agit de l'actuel domaine Ghislaine Barthod. Le G, c'est pour Gaston. Quelques traces d'évolution sur la robe et un nez très ouvert mais diversement apprécié, sur des notes de champignon, de vieille souche, de sous-bois, avec une pointe de cacao. Je trouve ça beau et complexe. La bouche est ronde et charnue, sans faiblesse aucune. Longueur et équilibre finissent de caractériser ce très beau vin qui a encore de beaux jours devant lui.

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Feusselottes 1988, G. Mugneret : le G, c'est pour Georges ! La robe est encore soutenue et le nez plutôt fin mais un peu discret. La bouche est malheureusement déséquilibrée par une acidité trop marquée qui confine au décharnement. Pas complètement déshonorant, il souffre de la comparaison avec les autres cuvées.

    - Musigny VV 1988, Domaine Comte Georges de Vogüé : la robe est encore très jeune. La bouche est ample, structurée et calibrée à merveille, avec un grain de tanins d'une finesse incomparable et une longueur impressionnante. Grand vin, grand cru, Musigny forcément ! C'était une évidence, tout le monde l'a reconnu ! Ouf de soulagement ! Il n'aurait plus manqué que ce soit une déception !

    -Ruster Eiswein 2001, Osterreich Burgenland Weinguthof Landauer : la petite douceur finale, sur le dessert. J'espère n'avoir rien oublié dans l'intitulé, ma voisine de table avait beau être Allemande, je ne suis pas sûr d'avoir tout compris ! Mentholé, avec une belle acidité, ne titrant que 10°, il permet de finir sur une note rafraîchissante.

    Entre Chambolle et le GJP, c'est décidément le grand amour !

    Olif, pour le GJP

  • Ascension vers les blancs sommets bourguignons!

    Date: le 12/03/2004 à 11:47

    Il n'y a pas que les sommets du Jura qui soient blancs, certains blancs bourguignons sont des sommets! Et comme au GJP, on aime la Bourgogne, on n'allait pas se priver de faire une petite soirée autour d'une sélection de quelques-uns des plus réputés chardonnays du voisin !

    Réunion donc dans la cave du Bon Echanson pour une séance plénière élargie en compagnie des amis de l'Echanson. Pas de mise en bouche, ça commence très fort avec le haut du panier ! Vins servis par paires, non à l'aveugle !

    - Vougeot 1er cru blanc 2000, Domaine de la Vougeraie

    Appellation méconnue à l'ombre du Clos du même nom, les vins de Vougeot étaient initialement destinés à servir de vin de messe aux moines de l'abbaye de Citeaux (« l'alléluia des moines de Citeaux »). Ils savaient vivre, nos amis les moines, car ce vin était idéal pour remplir leurs burettes !

    Les vins du domaine de la Vougeraie, regroupant toutes les propriétés du groupe Boisset, sont élaborés par Pascal Marchand, ancien régisseur du domaine du Comte Armand, qui a carte blanche pour faire de la Vougeraie une référence en Bourgogne.

    La robe de ce Vougeot est d'un beau jaune brillant. Nez sur les agrumes, un peu exotique, légèrement mentholé. Gras, ample et puissant, à la texture onctueuse, il reste frais par son côté mentholé. C'est très bon, mais c'est too much ! Trop travaillé ! Un vin de vinificateur qu'on pourrait croire en provenance du Nouveau-Monde ! Pas concurrentiel, de surcroît, quand on connaît son prix (75€) ! Pourtant, il emballe par son côté flatteur, même s'il divise !

    - Meursault Perrières 2000, Domaine Matrot

    Servi en parallèle avec le précédent, il n'y a pas photo, en tout cas pour moi ! Très minéral, avec une pointe de grillé, sur le beurre frais et les herbes coupées et séchées, il me plaît énormément par son côté pur et droit. Sa belle acidité légèrement citronnée assure la longueur ! De biens beaux cailloux, ma foi !

    - Puligny-Montrachet 1er cru Le Cailleret 1999, Domaine de Montille

    Plutôt réputé pour ses rouges de Pommard et Volnay, le domaine de Montille réussit plutôt bien avec ce Puligny voisin du grand Montrachet ! Miel, foin, amande, beurre + une pointe de fraîcheur mentholée ! L'équilibre semble atteint et le vin s'exprime à merveille ! La finesse et l'élégance à son optimum. On doit pouvoir l'attendre encore un peu.

    - Beaune Clos des Mouches blanc 1999, Domaine Drouhin

    Le pendant du Vougeot, en plus suave et moins extrême ! Beurré et miellé en attaque, il possède un joli mordant qui s'exprime plutôt en finale, réhaussant son côté onctueux. Bel équilibre.

    Et voilà qu'arrive en fait le véritable point faible de la Bourgogne ! Point de liquoreux pour accompagner les mignardises ! Contraints de s'éloigner vers le Sud-Ouest, nous ne tardons pas à revenir sur nos terres pour nous abreuver de quelques douceurs !

    - Pacherenc du Vic Bilh Brumaire 94, Alain Brumont

    Un Pacherenc de 10 ans à  la vivacité étonnante, frais et acidulé. Il ne fait pas son âge !

    - Côtes du Jura Vin de Paille 2000, domaine Morel-Thibault

    Du coing et de la fumée ! On se croirait dans le tuyé du Papy Gaby, grand fumeur de salaisons du Haut-Doubs ! De la suie, presque ! Des notes inhabituelles sur un Paille que nous ne nous expliquons pas bien !

    - Côtes du Jura Vin de Paille 1999, domaine Morel-Thibault

    Il fallait en avoir le coeur net ! Cette deuxième bouteille, d'un millésime antérieur, retrouve des notes de coing, associées à de la mine de crayon, mais pas de notes de fumée ! La liqueur est belle et l'équilibre satisfaisant ! Cela rassure un peu !

    Il est temps pour nous de redescendre des sommets ! Retour sur terre, dans la nuit, le vent et la froidure ! Dur ! Heureusement qu'à l'horizon se profile déjà une autre soirée-dégustation, de Bourgogne rouge cette fois ! Rien n'arrête le GJP !

    Olif

  • La Roussillonnaise du GJP

    Date: le 18/02/2004 à 09:59

    Le GJP a entonné sa Roussillonnaise, hier soir, pour la première soirée de l'année 2004. En préambule, j'en profite juste pour vous rappeler le refrain :

    Allons enfants du GJP,
    Le jour de boire est arrivé !
    Buvons, buvons,
    Qu'un sang impur nous abreuve de Roussillon !

    Je tiens cependant à préciser que les paroles n'ont pas été écrites sous l'influence de l'alcool et que nous ne l'avons pas reprise en choeur après la soirée !

    15 heures ! L'heure solennelle du carafage ! La pression monte gentiment. Pour l'échauffement, juste quelques étirements du coude et du poignet, puis une grande respiration. J'empoigne le Compact® dans la main droite et la première bouteille dans la gauche. Non, pas la Muntada ! Il faut aller crescendo pour ne pas risquer bêtement l'accident à froid ! Finalement, les mouvements s'enchaînent : Tchac ! Pof ! Tchac ! Pof ! Tchac ! Pof !...
    Une arme redoutable, que ce Compact® par L'Esprit et le Vin !

    Le salaire de l'ouvreur, c'est le droit de goûter en avant-première les vins avant de les déverser dans la carafe. Jolie impression d'ensemble avec quelques vins qui me semblent sortir un peu du lot. Wait and see ! L'épreuve de la dégustation à l'aveugle risque de ménager quelques surprises !

    Allez zou ! C'est parti ! Les vins sont commentés dans l'ordre de la dégustation, qui fut parfaitement aléatoire, au bon vouloir de Patricia et Nathalie qui ont effectué le service sans que je puisse voir de quelle carafe il s'agissait, ceci afin de ne pas la reconnaître. Du coup, je me suis même essayé à une véritable dégustation à l'aveugle, un bandeau sur les yeux !

    Tous les vins sont en appellation Côtes du Roussillon ou Villages, sauf un.

    Hautes Terres 2001, Mas Amiel

    Nez un peu en retrait, avec une touche boisée assez légère. Cerise, noyau de cerise, un peu alcooleux mais pas trop en attaque, il finit par chauffer le palais en finale. Assez long, c'est plutôt pas mal pour un tour de chauffe !

    Talon Rouge 2001, Château de Jau

    Nez sur le guignolet, mais moins marqué cerise que le précédent, il est relativement souple et fondu, développant un beau volume en bouche. Très plaisant mais sans grande complexité pour une bouteille qui se veut quand même le haut de gamme du domaine (autour de 20€).

    Gauby VV 2000

    Nez un peu plus animal au départ, épicé, puis légèrement boisé grillé à l'aération mais bien intégré. Gros volume en bouche avec de la puissance, l'alcool tapisse la bouche mais se dilue bien sur la longueur. Les tanins sont très soyeux et jamais agressifs. A l'aveugle, impossible de différencier le style Gauby du style Bizeul, du fait, je trouve, de leur similitude. Je penchais pour le Clos des Fées, perdu !

    La Désirade 2001, Mas de Lavail

    Premier nez un peu boisé qui libère à l'agitation de jolies notes de griottines de Fougerolles (ce qui revient en fait à de la cerise à l'eau de vie !). Harmonie en bouche avec des tanins patinés et onctueux, soyeux. Classe et élégance dans un registre superposable à la précédente, peut-être plus abouti ! Belle bouteille et véritable révélation de la soirée. Champion du rapport Q/P (autour de 10€).

    La Muntada 2000

    Nez peu expressif, voire fermé à double tour, vin puissant et alcooleux, chaud, massif et monolithique. Je ne sais trop quoi en penser si ce n'est que ce fut une groooossssse déception, surtout quand on connaît son prix !

    Clôt de Taillauque 2000, Le Casot des Mailloles

    L'intrus de la soirée, en fait, puisqu'en Vin de Table vraisemblablement parce qu'il s'agit d'une cuvée 100% grenache. Nez marqué sur la poussière de cacao type Nesquik, il est fondu, harmonieux, long et équilibré, donnant une sensation de plénitude. Sur son plateau de maturité, c'est un vin gourmand et très beau.

    La Torre 2001, domaine Gardiès

    Nez un peu boisé, puis cerise et épices. C'est une marée montante en bouche avec une puissance qui va crescendo jusque dans une longue finale qui voit apparaître une sensation alcooleuse. C'est bon !

    Commandant Jaubert 1998, Domaine de La Casenove

    Peut-être le plus riche au niveau des arômes, épices et cannelle, puis chocolat. Bouche relativement souple et fondue, mais bien soutenue néanmoins avec un agréable retour de notes chocolatées en finale. Beau vin.

    Le Clos des Fées 2000

    Nez d'abord un peu alcooleux et étheré, puis cerise chocolatée, type Mon Chéri®, avec une petite touche végétale (?) Tanins fins, globalement bien équilibré, c'est bon, largement supérieur à ce stade à son « rival » sur le papier.

    Domaine du Clos des Fées VV 1999

    Cacao au nez, un peu terreux ou poussiéreux, il est très harmonieux et équilibré. Un vin prêt à  boire.

    Banyuls Grand Cru Mas de la Serra 1993, Cellier des Templiers

    La petite gâterie finale, sur des gâteaux au chocolat. Robe tirant sur le pruneau et la brique, bien soutenue. Nez élégant développant un beau rancio avec des notes de pruneau, d'amande, de cigare. Un vrai nectar !

    En guise de conclusion, il faut souligner la grande homogénéité de cette dégustation, avec des vins qui se situent dans l'ensemble à un bon niveau qualitatif. On notera tout de même une certaine similitude d'expression et ce côté chaleureux, solaire, parfois à la limite de l'alcooleux, qui est un peu éprouvant pour les papilles. 10 vins (sans le Banyuls), c'était presque 2 de trop ! Mais nous avons vraiment du mal à nous restreindre, boulimiques que nous sommes ! Il y aurait même pu en avoir plus !

    Mention spéciale au Mas de Lavail, dont j'ai déjà commenté très favorablement la cuvée Ego, 100% grenache, un domaine à suivre de très près.
    Grosse interrogation sur La Muntada. Probablement une phase très ingrate mais quand même ! Un grand vin ne l'est-il pas tout au long de son évolution (c'est une petite provocation gratuite! ) ? Surtout à ce prix-là , ce devrait être un critère obligatoire!

    Voilà , fin du compte-rendu, vous pouvez tous reprendre le refrain de la Roussillonnaise avec moi :

    Allons enfants du GJP...




    Olif et le GJP


  • Dix-huit rahs!

    Date: le 21/01/2004 à 09:23

    3 x Syrah, en fait! Patrice Lescarret n'a pas l'exclusivité du calembour et de l'à -peu-près, cher à  Bobby Lapointe!

    Une triangulaire déséquilibrée au départ...et à  l'arrivée! Trois millésimes différents, inégaux, trois appellations différentes, le long ou en marge du Rhône, trois expressions différentes de ce beau cépage!

    Les trois robes sont superposables, grenat sombre à  reflets violines plus ou moins marqués, témoignant de la jeunesse des vins, mais dès qu'on approche le nez en haut du verre, ça diverge, et sans jeu de mots vaseux cette fois-ci!

    Syrah 2002, Chamoson, Simon Maye, Valais

    Un mélange de fruits et de fleurs envahit les fosses nasales. Cassis et violette s'entremêlent pour donner un vin plaisant, affichant sympathiquement et sans complexe son côté variétal.
    Pas au niveau des plus grandes syrahs du Rhône (private joke!), mais je ne crois pas que le millésime s'y prête, et ce d'autant que ce vin n'est pas passé en barrique, si je ne m'abuse.

    Une bouteille éminemment agréable néanmoins, à  boire sur son fruit.

    Saint-Joseph 2001, Le Paradis Saint-Pierre, Domaine Coursodon

    Le premier nez, très légèrement animal, s'efface rapidement au profit de notes de fruits mûrs, avec un côté limite blet. Les tanins du bois sont encore nettement ressentis et procurent une sensation un peu astringente en finale, qui voit revenir de petites notes viandées pas déplaisantes du tout. La matière est dense, le vin a besoin de temps, à  oublier dans un coin de la cave!

    La Syrare 2000, Côtes du Vivarais, Alain Gallety

    Le nom du cépage se prêtant bien aux jeux de mots, tout le monde en profite, celui-ci n'étant pas, et de loin, le plus mauvais!
    Concernant le vin, on joue ici dans la catégorie de ce qu'on peut appeler les bombes ou les monstres! Un style qui divise!

    Nez très fumé, bouche très grasse, glycérinée, un peu lourde, limite écoeurante, longue, sur une finale un peu acide avec mâche imposante. Un vin "Poids-Lourd"!

    L'intérêt de ce vin pour moi, c'est de montrer le potentiel d'un vignoble méconnu et qui peut bien faire. Une volonté affichée de porter haut le Vivarais même si les effets sont pour l'instant appuyés. Les intentions étant louables et le vigneron vraisemblablement talentueux, je pense que l'on devrait évoluer vers plus de finesse et d'élégance dans les années à  venir. Du moins je l'espère!

    Finalement, elle est pas si mal que ça, cette toute simple syrah du Valais!

    Olif

  • Quand le GJP s'attaque à L.A.C.A.V.E. !

    Date: le 23/01/2004 à 19:55

    Vous connaissiez déjà le GJP, Grand Jury Pontissalien, association non officielle ayant pour modeste but notre épanouissement personnel dans le domaine du vin, ce qui est déjà beaucoup, vous allez faire connaissance avec L.A.C.A.V.E. , L'Association des Connaisseurs et Amateurs pour la Valorisation des produits Extérieurs, regroupement d'amateurs haut-doubiens passionnés par le monde du whisky et des alcools. Ce club n'a pour l'instant qu'une année d'existence (il s'agit d'une ramification d'un autre club de la région) et propose 5 soirées annuelles, autour des Single Malts essentiellement, sous la houlette d'un vrai passionné, Serge, qui je l'espère, viendra participer activement sur LPV. Quel dynamisme, dans le Haut-Doubs!

    Exercice relativement nouveau pour nous que la dégustation successive de plusieurs Malts, mais c'est armés d'un grand courage que nous (Le Seb et moi) avons accepté de relever le défi ! Rendez-vous donc à L'Alchimie, sans nul doute le restaurant le plus inventif de la ville, qui nous recevait pour la dégustation qui fut suivie d'un repas.

    Les Malts sélectionnés sont en général des bouteilles commandées dans des boutiques spécialisées et très pointues dans ce domaine, telle la Maison du Whisky, entre autres.

    Prestonfield Malt, 10 ans, 43°

    Un pur produit de distillerie, dans le Speyside, sélectionné par Signatory Vintage, vieilli en fût de sherry. Et de fait la robe est ambrée. C'est un beau whisky d'apéritif, floral, développant des arômes de fruits secs et d'amande. Très doux et rond en bouche, on perçoit une sensation alcooleuse longue et chaleureuse en finale avec développement de jolies notes de noyau de cerise.

    Royal Brackla, Vintage 91, 43°

    Une sélection Signatory Vintage également, élevé en « cask » pendant 9 ans.
    Originaire des Highlands, il offre une robe jaune très clair (natural color), du fait d'un élevage probable en fût neuf.
    Le nez est plutôt fruité, assez fin, mais l'attaque est franche, presque agressive, et évolue sur des notes iodées marquées. Très long, il devient doucereux en finale. Belle constitution !

    Macallan 12 ans, 46°

    Embouteillage par Murray Mac David, une version un peu particulière de ce Single.
    La robe est ambrée (vieillissement en sherry cask). Malgré le degré élevé, l'alcool n'agresse pas le nez, plutôt marqué par des notes farineuses. On a l'impression de croquer des grains d'orge ! Sensation un peu particulière pas entièrement convaincante ! D'autant que l'alcool se manifeste beaucoup en bouche.

    Bowmore 92, 11 years old, 46°

    Poursuite de la traversée de l'Ecosse avec visite de l'île d'Islay. La robe est claire, toujours en relation avec un élevage en fût neuf. Pas de doute sur son origine pourtant, la tourbe et l'iode sont bien là ! Des notes fumées, auxquelles nous sommes bien habitués dans les tuyés du Haut-Doubs, s'y ajoutent, accentuant son caractère typé. Bouche bien structurée, équilibrée, longue et racée. Un Single entier, que l'on apprécie ou pas, mais dont on ne peut nier la force de caractère !


    Vintage Islay 97, 45°

    Bottled in 2003, il s'agit d'un assemblage de Malts d'Islay par Signatory Vintage dans la collection Stills of Scotland. Non filtré, brut de fût.
    La robe est jaune clair. Le nez, d'abord iodé, révèle par la suite toute sa complexité sans agressivité aucune. Très équilibré, une sensation chaleureuse en finale vient caresser le gosier. Je suis sous le charme de ce très beau et original Malt. Une révélation.

    Après un petit entracte consistant qui nous permet de nous refaire les papilles avec, en accompagnement du joli menu concocté par le Chef de L'Alchimie, un Marigny-Neuf 2003, sauvignon du Haut-Poitou vinifié par Ampelidae avec un petit sucre (un vin d'hiver à boire sur son fruit), et un toujours très beau Côtes du Ventoux de Fondrèche Fayard 2001, nous attaquons la deuxième partie de la soirée avec la dégustation de vieux rhums !

    En principe, une seule bouteille est prévue mais c'est là que le GJP sort sa botte secrète en la personne du Seb, au long passé colonial antillais et grand amateur de ce breuvage !

    Santa Teresa, rhum du Vénézuela, 15 ans d'âge

    Agressif, l'alcool saute au nez et le brûle littéralement, masquant le côté fruité vanillé qui apparaît timidement par la suite. La finale chauffe terriblement faisant ressortir une grande amertume. Il faut du courage pour le boire !

    Rhum vieux agricole Depaz, issu des plantations de la Montagne Pelée, Martinique, 45°

    Une couleur brune, un nez agréable de vanille, de banane séchée, de mangue, une bouche ronde avec une finale très légèrement brûlante, en font un beau rhum bien agréable en digestif.

    Trois Rivières, Martinique, 62°

    Le « décollage », idéal pour le premier Ti-Punch de la matinée, et pour nous plutôt un atterrissage ! "Pa ni pwoblem" ! Rhum blanc agricole très fruité au nez et absolument pas agressif. La bouche révèle bien le fort taux d'alcool qui appellerait un peu de sirop de canne et de citron vert pour masquer la légère amertume ! En fermant les yeux, on entendrait presque le bruit des cocotiers qui s'entrechoquent!

    Eprouvante soirée pour les papilles, mais ô combien intéressante et instructive, qui en appellera certainement d'autres ! Tous ces Single élevés en « cask » ne furent pas loin de nous en donner un au moment de se coucher, de casque, mais finalement, la nuit et le réveil se sont plutôt bien passés !

    Olif, pour le GJP et L.A.C.A.V.E.

  • Un peu de chaleur sudiste dans le blizzard !

    Date: le 26/01/2004 à 09:24

    Petite réunion impromptue du GJP chez le Seb hier soir, chacun devant amener une bouteille que les autres devaient essayer de découvrir. Une certaine unité dans le choix des vins pas du tout préméditée ! Et une convergence vers le Sud, histoire de se réchauffer un peu ! Quand les grands esprits se rencontrent !

    Domaine de la Marfée, Les Champs Murmurés 2000

    Nez très animal, réduit, sur des notes de cour de ferme, légèrement acidulées, type fiente de poule ou guano, mais désolé, je suis un gars de la campagne, j'aime bien ça ! Le renard n'est pas bien loin, le carignan non plus ! Un joli fruité très frais en bouche (cassis évidemment !), une grande longueur et un bel équilibre pour ce vin très convaincant.

    Châteauneuf du Pape, domaine Marcoux 99

    C'était ma bouteille et ce ne fut pas, et de loin, la meilleure de la soirée ! Un nez pas net a fait discuter un goût de bouchon, mais pas de façon franche, intermittent, s'estompant à  l'aération pour revenir à nouveau prendre en traître en bouche ! Des notes de cacao un peu poussiéreuses, type Nesquik, apparaissent à  l'agitation et viennent se substituer par moment aux précédentes. De la matière, du potentiel, mais une impression mitigée pour cause d'arômes douteux. A revoir même si ce sera difficile, je n'en avais qu'une ! Bouteille carafée 8 heures au préalable.

    Domaine Mortiès, Que Sera Sera 2001

    Un magnifique nez de café moulu, type Arabica. On se croirait chez le torréfacteur du coin ! Puis de subtiles et adorables notes viandées rappellent le steak qui se trouve dans l'assiette. Du bonheur ! Un vin tout en finesse et en élégance !

    Cigalus 99, Vin de Pays d'Oc

    La robe est d'une noirceur impressionnante ! Au nez, les notes de poivron bien mûr associées à  un joli boisé torréfié nous emmènent tout droit du côté de Saint-Estèphe. Perdu ! Tanins marqués par une légère amertume, mais un vin de noble constitution, atypique pour du Languedoc, mais plutôt bon ! Assemblage 50% merlot 50% cabernet sauvignon, je crois !

    Don PX 1972, Gran Reserva, Toro Albala

    Une grosse gâterie du Seb pour finir ! On ne pouvait descendre plus au Sud avec ce vin exceptionnel qui a la grosse côte sur LPV en ce moment .

    A voir l'aspect, il est légitime de se demander si on va boire de la mélasse ou du Fernet-Branca ! Il suffit pourtant d'approcher son nez du verre pour être envoûté par des arômes de pruneau, de fruits secs, de noix, d'amandes. De l'oxydatif total ! Inaltérable ! Un peu d'amertume de bon aloi vient s'équilibrer de façon majestueuse en bouche.
    Une structure longue et impressionnante pour un vin d'anthologie.
    C'est grand, c'est beau, c'est bon !

    Olif

  • Pierre qui roule..

    Date: le 19/12/2003 à 11:59

    Cette pierre-là , elle est plutôt précieuse ! Preciosus en latin, mais nombreux sont ceux qui voudraient la dessertir de son écrin. C'est bien là le problème avec les mythes, il faudrait ne pas vouloir les approcher pour ne pas détruire la part du rêve qui est en nous.

    Peu de vins en France ont acquit ce statut d'exception (mais est-il toujours enviable ?) : la Romanée Conti et le Montrachet en Bourgogne, Yquem et Pétrus à Bordeaux. Si Yquem semble le plus accessible et le moins décevant de ces vins fameux, eu égard à son prix, il n'en est pas tout à fait de même pour son collègue de Pomerol à qui il est fréquemment reproché de ne pas avoir le lustre nécessaire pour défendre son statut. Ce qui lui a longtemps valu de n'être gratifié que de ** dans le Bettane et Desseauve. Parker avance une explication dans son guide : ce serait en raison d'une frilosité, voire d'une peur de prendre des risques lors de la vinification, que les propriétaires «assurent», en se contentant du minimum syndical, forcément élevé pour un cru de ce rang. Vendanger tôt pour éviter la pluie, clarifier et filtrer pour épurer le vin, mais aussi, du coup, l'appauvrir ! Ce qui expliquerait les résultats inégaux de la décennie 80. Si 82 et 89 sont des monuments, 81, 83 et 86 sont en deçà de la réputation du cru, 87 également mais dans une moindre mesure car le millésime a quand même été surpassé.

    Deux bouteilles de ce nectar dormaient depuis des années dans nos caves respectives et la perspective de les aligner côte à côte pour une soirée d'exception faisait petit à petit son chemin. A événement exceptionnel, organisation exceptionnelle : une soirée de gala devait servir de rampe de lancement à ces deux monstres sacrés, forcément non issus des meilleurs millésimes, mais qu'importe ! Foin des grincheux qui minimiseront l'importance de la dégustation ! En route pour le mythe !

    Pétrus, mythe à  mi-temps...

    La partie logistique de la soirée prise en charge par Le Seb et Nathalie, nous n'avions qu'à apporter religieusement nos flacons. De vraies stars ! Et poseurs, en plus ! Les deux bouteilles côte à côte, entourées par les carafes, ça vous fait un de ces effets pour la photo! Séance de débouchage à l'aide d'un Screwpull à manette. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Grosses inquiétudes sur le 86 ! Pour employer ce qui pourrait être un belgicisme, rien qu'à sentir le bouchon, ça sentait déjà le bouchon ! Peut-être n'est-ce que passager (on peut toujours rêver !), on carafe quand même pour voir !

    Place à la mise en bouche !

    Pour accompagner les petits toasts au foie gras maison sur pain aux figues :

    Domaine du Clos des Fées, Passa Minor 98, Muscat Petits Grains

    Une véritable bouteille collector, produite uniquement cette année-là par Hervé Bizeul, dénichée dans une cave de rêve en Suisse par Le Seb ! Le nez est un peu déroutant, sur le menthol, l'eucalyptus, la sève de pin. Les arômes muscatés ne sautent pas à proprement parler au nez ! Bouche ample, sur le coing avec en milieu de bouche une sensation métallique. Rétro sur la pâte de coing et toujours des notes de sève de pin. Une grande originalité et une bouteille très intéressante au final.

    Sur une poêlée de Saint-Jacques servies sur un lit de mâche :

    Coulée de Serrant 99

    Carafée en début de matinée, elle a eu un peu de temps pour s'ouvrir mais elle l'a fait péniblement. Le nez reste discret, sur de légères notes miellées. La bouche est déconcertante ! Pas d'amplitude ni de volume, une impression de vin aqueux, « coupé à l'eau », malgré une grande longueur. Pour tout dire extrêmement décevant !

    Ermitage De L'Orée 91, Chapoutier

    Robe jaune soutenu. Nez un peu oxydatif, sur les fruits secs, marqué par une sensation alcooleuse (eau de vie de marc). Attaque vive, avec de l'acidité, mais la bouche reste globalement sévère et sèche, avec rétro sur l'alcool et les fruits secs. On sent le beau vin, mais ce n'est pas consensuel. Son caractère très « typé » ne peut pas plaire à tout le monde. Est-ce un problème d'éducation de palais ?

    Sur une côte de boeuf de Mr Chambon, cuite à  la perfection par Le Seb, et accompagnée de petites rattes et de crosnes :

    Pétrus 86

    Le passage en Impitoyable a guéri toute vélléité de mettre ce breuvage en bouche ! Une grande leçon à en tirer : les mythes ne sentent pas que la naphtaline, ils peuvent aussi sentir le bouchon !

    Pétrus 87

    Petit millésime pour Bordeaux, mais grand pour Pétrus ! La robe est encore sombre sans trace d'évolution. Très empyreumatique, sur le tabac, la fumée, le bois noble, il développe une puissance phénoménale en bouche, toute en finesse et en élégance. Puissance, finesse, longueur, élégance, race et distinction, je crois bien que beaucoup d'éléments sont là pour dire qu'on est en présence d'un grand vin dans l'absolu. A mettre au Panthéon des grandes bouteilles bues cette année, au même titre que La Mission 63. Qui a parlé d'effet millésime ?

    Cheval-Blanc 94

    Remplaçant de dernière minute, il n'a guère eu droit à l'échauffement ! Changement rapide de température, carafage brutal à froid, la partie s'annonçait difficile pour lui, surtout derrière le monument précédent.
    Nez d'abord un peu réduit, puis sur les fruits bien mûrs, le tabac blond, il développe volume et ampleur en bouche, mais aussi relative souplesse malgré une grande longueur. Un côté accessible immédiat et très féminin, il correspond tout à fait à l'image que j'ai de Cheval-Blanc.
    Finalement, il se tire plutôt bien de l'exercice difficile auquel il était confronté !

    Sur un « Pavé de la place », délicieux gâteau au chocolat de Mr Poix-Daude, servi avec un duo de crème, vanille et caramel :

    Mas Amiel Prestige 15 ans d'âge

    Un superbe vieux Maury à  la robe tuilée qui développe un rancio magnifique, pruneau, havane... Les papilles demandent grâce !

    Rhum JM 1990, Les Héritiers Crassous de Médeuil, Martinique

    On ne pouvait pas refuser un vieux rhum au Seb, dont la Martinique est quasiment la deuxième patrie ! Une vraie caresse au gosier à la descente et une agréable sensation de chaleur alcooleuse qui remonte. Il n'y a plus qu'à se laisser aller ! Enfin pas trop quand même, car il faut rentrer, même s'il n'y a que 500m à faire !

    Que rajouter à cette superbe soirée qui vient clôturer une saison gustative faste pour le GJP ! Rien, si ce n'est qu'il sera cependant dur d'oublier l'immense déception de ce bouchon bien amer !

    Pétrus qui r'ule n'amasse pas m'usse ! (c'est pour la rime !)

    Olif

  • Un prénom pour le futur !

    Date: le 12/12/2003 à 17:59

    C'est presque un faire part de naissance, même si l'accouchement n'a pas encore eu lieu !

    Retenez son prénom, il s'appelle Alexandre, Alex pour les intimes ! Tout jeune vigneron, à  l'état encore embryonnaire !
    Apprenant son métier chez Lucien « Bacchus » Aviet, il s'est lancé dans le grand bain en ne choisissant pas la facilité : il a fait l'acquisition d'une vigne sur un des plus beaux terroirs de Pupillin, la côte de Feule. Un des plus beaux mais aussi un des plus difficiles et des plus exigeants, bien sûr, car extrêmement pentu et de surcroît coupé en deux par une ravine large et profonde, témoignant de la friabilité du sol et à l'origine d'une curiosité géologique puisque des ceps de vigne y poussent la tête en bas ! Pratique pour vendanger!

    Son premier millésime en cours d'élevage repose dans une petite cave en location au plein centre d'Arbois, accessible par un petit trappon donnant sur la place principale. On peut y accéder également par l'intérieur de l'immeuble en descendant un fort joli mais tortueux escalier en pierre un peu bas de plafond.

    Fidèle participant aux séances de dégustation des Jardins de Saint-Vincent, il s'est un peu fait prier pour nous conduire dans son antre mais lors de la dernière séance consacrée au vin de Champagne, nous avons joué les prolongations pour goûter sa petite production. Seb, tu as manqué quelque chose !

    Son poulsard, pardon ploussard, est dans une phase un peu difficile actuellement, avec des notes de forte réduction, limite mercaptan, et une astringence sévère (il n'a toujours pas fait sa malo). Par contre, l'assemblage chardonnay-savagnin (assemblage contraint et forcé, puisqu'il a dû ouiller sa cuve de chardonnay avec du savagnin !) est fort joli, d'une belle netteté au nez et avec une bouche ample et bien structurée. Un vin qu'il faudrait mettre en bouteille maintenant. Il ne reste plus qu'à trouver l'embouteilleuse, les bouteilles, les bouchons et les étiquettes !
    Un véritable parcours du combattant que celui du jeune vigneron !

    Vous entendrez vraisemblablement de nouveau parler d'Alex, le premier vigneron à avoir sa rubrique dans LPV alors que sa production n'est pas encore commercialisée !

    Olif, accoucheur de jeunes talents!

  • Un 29 novembre à Paris, au Salon des Vignerons Indépendants

    Date: le 30/11/2003 à 19:20

    Temps frais avec menace de pluie dans la journée. Un temps à  ne pas mettre un passionné.com dehors !
    D'ailleurs, il n'y en avait guère au Salon des Vignerons Indépendants de la Porte de Versailles ! Guère plus que de gynécologue en congrès !
    A ce propos, j'ai une anecdote croustillante à  raconter ! Je la tiens de Vincent, qui, lui-même, la tient du Chat de Geluck (vous savez, le gros chat en costard qui fait des aphorismes !) : c'est l'histoire d'un gynécologue sourd qui a dû apprendre à  lire sur les lèvres. Fin de la parenthèse.

    Pour en revenir au Salon, il y avait pourtant du monde, limite cohue, à  l'ouverture, ce qui n'était pas fait pour rassurer l'ermite jurassien qui sommeille en moi ! Une fois les portes ouvertes (petite pensée pour Jean-Claude !), la foule s'est dispersée et ventilée, permettant une prise de contact privilégiée avec le premier vigneron sur lequel je suis tombé en arrêt : David Fourtout !
    Frais, dispos, malgré une nuit mouvementée et plutôt courte, à  ce que j'ai cru comprendre, et disponible, il a pris le temps de m'expliquer le domaine, ses origines, sa conception du vin, tout en rendant hommage au vigneron qui l'a inspiré et auprès duquel il a beaucoup appris, Luc de Conti. Ensuite, nous effectuons un petit tour d'horizon de la production du domaine, car tous ses vins sont là , même si en pratique, il y en a peu à  vendre, D. Fourtout aimant bien venir sur les salons pour rencontrer les amateurs, ceux qui boivent ses vins en fait, et ça tombe bien, c'était un peu aussi ma démarche ! Nous commençons par les rouges, sympathiques Clos des Verdots et Tour des Verdots 2002 avant le Grand Vin 2001, à  la trame soyeuse et patinée, et nous terminons par les blancs :

    Clos des Verdots 2003 : un petit régal fruité, avec suffisamment de nervosité pour ne pas tomber dans la mollesse,

    Le Grand Vin des Verdots 2002 : là , on rentre dans la dimension supérieure ! Déjà  majestueux, il mérite du temps pour digérer son élevage.

    Le Vin 2002 : le Vin, c'est au départ un concept, une création, une recherche sur la structure, avec pour base des raisins récoltés en légère surmaturité, pour apporter de la chair et de la richesse, assemblés avec d'autres raisins destinés à  amener le nerf et l'acidité. Un essai de modélisation du produit fini ! Et le 2002 ne déroge pas à  la règle. Intense et profond, long et complexe, il est déjà  très beau malgré une mise récente.

    Le Grand Vin des Verdots moelleux 2002 : à  l'image du blanc et du rouge de la même gamme, ce Côtes de Bergerac moelleux est un vin splendide, avec une liqueur extrêmement riche et beaucoup de fraîcheur malgré tout.

    Montbazillac 2001 : une bombe ! Le Vin, version liquoreux ! De la concurrence pour Madame ! 220 g de SR, une structure énooorme, et une longue finale fraîche, sur la mine de crayon (tiens ! tiens !). Un peu plus d'1 euro le cl (52 euros la bouteille de 50 cl), mais sous vos applaudissements, SVP !

    Une première rencontre marquante, qui a déjà  duré un petit moment ! Après tout cela, j'éprouve le besoin de me ressourcer, à  2 pas de là, au stand de Stéphane Tissot, venu sur le salon en compagnie de son père André.
    La Mailloche 2002, embouteillée depuis moins de 3 semaines, n'a pas eu les honneurs de Paris. Trop jeune ! Par contre, j'ai le bonheur de goûter (à  l'aveugle, j'ai cru à  un piège !) à  son savagnin ouillé étiqueté par provocation Traminer 2002 et vendu sous la marque de la Reine Jeanne (achat de raisins sur pied, issus de VV de savagnin). Magnifique ! Un vin au nez original, à  la minéralité marquée et à  la longueur exemplaire. Une nouvelle référence dans le monde des savagnins ouillés, du niveau de ceux de Pascal Clairet, Freddy Lornet et Fanfan Ganevat.

    Retour dans le Sud-Ouest avec la rencontre de Jean-Luc Baldès et des vins du Château Triguedina. Plus que le Clos 2000 et même Probus 2000, je craque pour ce fameux New Black Wine, version 97 car apparemment le plus accessible à  la dégustation actuellement, avec un nez ouvert, typique d'un beau Cahors à  maturité, ainsi que pour le Vin de Lune, un chenin botrytisé étonnament frais et aérien dans le monde viril du malbec.

    Le Salon est vaste, je m'y perd un peu, mais je mets finalement le Cap à  l'Est, toujours au Sud, pour une visite du domaine Gardiès, où je goûte une série de blanc avant de faire les rouges. Mention spéciale au blanc VV 2002, la plus belle réussite du domaine en blanc, aux yeux du domaine, un vin très sudiste dans l'esprit mais la fraîcheur est au rendez-vous. Magnifiques VV rouge 2001, très rond, cacaoté (70% de grenache) et Torre 2001, plus intense et profond, révélant toute la complexité du mourvèdre.

    Daumas-Gassac valait bien une petite halte, histoire de goûter les vins en primeur :

    Blanc 2003 : échantillon tiré du fût que le vin n'a d'ailleurs pas connu, puisque depuis 2 ou 3 ans, les blancs sont élevés uniquement en cuve pour se présenter sous leur côté le plus fruité.

    Rouge 2002 : dans sa phase fruité, il est particulièrement aimable et c'est presque la première fois que je prends autant de plaisir à  boire un vin de ce domaine !

    Après la pause sandwich, il me fallait trouver quelque chose à  boire ! Je passais justement devant le domaine Martin-Faudot, en Arbois, dont j'avais envie de découvrir les vins après avoir goûté une très belle cuvée surmaturée Sainte-Cécile. De jolis vins, comme ce trousseau 2002 ou ce poulsard 2001, de moins convaincants (une cuvée de pinot noir) et un joli savagnin 2000, oxydatif qui s'épanouit dans une longue finale. Pas aussi intense que celui de S. Tissot, mais c'est un vin auréolé d'un coup de coeur Hachette 2004.

    Histoire de respirer le bon air iodé de la Vendée, impossible de ne pas s'arrêter au stand du Domaine Saint-Nicolas, le Fief Vendéen de Thierry Michon, qui n'a pourtant pas fait le déplacement dans la capitale, se faisant représenter par son père et une fort charmante demoiselle. Jolie cuvée Reflets 2001, que j'avais déjà  goûtée, très belle Cuvée Jacques, déroutante mais originale cuvée Le Poiré, à  base de négrette, décevante Grande Pièce 2001, vraisemblablement dans une phase inaccessible en ce moment. Maria 2000 a enfin été embouteillée il y a 3 semaines ; c'est un très beau chardonnay, surprenant même, quand on connaît ses origines marines. Pour terminer, Soleil de Chine, en souvenir d'un séjour à  Shangaï, chanin botrytisé acidulé, manquant un peu de profondeur à  mon goût.

    Au rayon découverte, tout d'abord un autre Cahors, le domaine de Maison Neuve. Rien avoir avec Cosse ! C'est un petit domaine familial qui propose une cuvée d'un bon Cahors simple et franc, élevé uniquement en cuve, à  un prix défiant toute concurrence : entre 4 et 5 euros suivant les millésimes, que le vigneron et son épouse m'ont tous fait goûter, depuis 1998. Sympa !

    Ensuite, un Côtes du Rhône situé à  Jonquières, dans le Vaucluse, le domaine Rigot, dont la cuvée Prestige des Garrigues 2001 a reçu un coup de coeur dans le guide Hachette 2004. Et ils en sont fiers, au domaine de ce coup de coeur, qui récompense un vin authentique, sans artifice, élevé en cuve, composé à  80% de grenache (Châteauneuf n'est pas loin !). Après m'avoir invité à  venir goûter, on me propose ici une verticale sur pas moins de 6 millésimes, de 1994 à  2001, évidemment. Une préférence pour le 98, le 2000 et évidemment le 2001, qui n'a pas volé son coup de coeur et qui surtout, est vendu à  un prix défiant toute concurrence, à  moins de 7 euros.
    Sitre internet : [www.domaine-rigot.fr]

    Pour terminer le rayon découverte, le domaine de L'Arjolle, que je ne connaissais que de nom, et véritable coup de coeur de la journée, qui fut pourtant très riche en belles rencontres, pour des vignerons sympathiques et cordiaux, privilégiant leur vision du vin, la qualité de celui-ci au détriment de l'AOC. Le domaine est situé à Pouzolles, à  l'ouest de Pézenas, mais tous les vins revendiquent le Pays des Côtes de Thongue !

    Equinoxe 2001 : assemblage viognier, sauvignon, muscat à  petits grains, élevé en fût, très aromatique et frais,

    Cuvée de L'Arjolle rouge 2001 : 50% cabernet sauvignon, 50% merlot. Des tanins soyeux, une structure onctueuse, il a tout d'un grand vin pour le prix modique de 6 euros ! Il reste très languedocien dans l'esprit malgré son assemblage bordelais.

    Merlot Synthèse 2002 : un très beau vin, long et structuré,

    Paradoxe 2001 : assemblage de syrah, cabernet sauvignon, merlot et grenache (d'où le paradoxe !), élevé 100% fût neuf pendant 14 mois. Une grande bouteille, intense et complexe dans laquelle l'élevage ambitieux ne m'a pas sauté au nez !

    La Lyre 2002 : vendanges tardives de muscat à  petits grains, frais et aromatique, qui m'a un peu rappelé la Douce Providence du Clos du Gravillas. Très beau.

    Et pour la finale, une bouteille de derrière les fagots que l'on me sort devant mes origines jurassiennes revendiquées : un chardonnay surmaturé élevé sous voile ( !), sublime, au nez très Jura mais à  la minéralité peut-être moins affirmée que chez nous (avis certainement pas objectif de S. Tissot à  qui je me suis empressé d'aller faire goûter ce vin !)

    Pour clôturer ma journée, car je sentais une certaine lassitude physique me gagner, je me suis offert quelques douceurs du côté de Gaillac, au Domaine René Rieux. Très belle gamme de liquoreux, avec mention spéciale au Concerto 2001 et 1999, que Raymond Papaix juge supérieur à  2001 dans son potentiel de garde.

    Le brouhaha de la vie parisienne ayant eu raison de mon enthousiasme gustatif, c'est avec bonheur que j'ai regagné mes sommets enneigés ce matin, m'offrant même une première séance de ski de fond salvatrice dans l'après-midi.

    Olif

  • Guerre de sécession autour d'une poignée d'huîtres !

    Date: le 02/12/2003 à 09:48

    Traditionnelle soirée huîtres du Club des Amis du Bon Echanson, hier soir ! Soirée que l'on pourrait résumer à un affrontement Nord-Sud ! Loin de moi l'idée de vouloir systématiquement opposer deux conceptions du vin blanc, mais force est de constater que les vins sudistes, en jouant la carte du mimétisme, se sont avérés être de gros mollusques bien lourds, contrairement aux chardonnays bourguignons, qui, non contents d'être les meilleurs vins de la soirée en dégustation pure, se sont révélés d'excellents accords avec les huîtres grâce à leur vivacité et leur côté beaucoup plus mordant.

    Comme à  l'accoutumée, les huîtres sont de Gillardeau (n°3) et les vins proviennent de la cave du Bon Echanson.

    - Anjou Domaine de Mosse, cuvée Marie Besnard 2001 : l'intrus de la soirée, apporté par Le Seb et constituant le salaire de l'ouvreur. Vraisemblablement peu, voire pas soufré, il s'ouvre sur des notes de coing, de miel, de cire, d'orge maltée, bien contrebalancées par une belle structure minérale apportant la fraîcheur. Il séduit malgré son côté légèrement oxydatif, même s'il s'accorde mal avec les huîtres.

    - Domaine de Jonquières 2002, Vin de Pays de l'Hérault : j'avoue avoir eu un peu de mal à cerner ce vin, plutôt agréable, floral, qui ne convenait que fort peu aux huîtres. A regoûter dans d'autres circonstances.

    - Les Arums de Château Lagrange 2001, Bordeaux : marqué sauvignon, mais sur la litière de chat non renouvelée récemment !, il évolue sur des notes de citronnelle et de désodorisant WC pour tout dire un peu dérangeantes ! Une déception !

    - Montes Alpha, Chardonnay 2001, Casablanca Valley, Spécial Cuvée : si le millésime 98 a été sélectionné comme étant «the best chardonnay in the world» par Vinitaly , ce 2001 obtient haut la main celui de «pire chardonnay of the soirée». Lourd et mou, alcooleux, avec de l'amertume en finale, j'avoue ne pas avoir aimé du tout ! L'hémisphère Sud a encore des progrès à faire en matière de chardonnay !

    - Bourgogne 2000, Domaine Leflaive : un simple Bourgogne, mais bien né et vraisemblablement de noble origine (jeunes vignes de Puligny ?). Nez sur le beurre, la noisette, les herbes coupées, avec de la minéralité et du nerf, il commence à acquérir du gras et de la profondeur. Très beau !

    -  Auxey-Duresses 1999, domaine du Comte Armand : le dernier millésime de cette cuvée puisque les vignes exploitées en fermage ont été reprises par leur propriétaire. Minéralité, vivacité, équilibre et harmonie s'entremêlent pour finir sur des notes briochées citronnées. Superbe !

    Suivent deux vins rouges pour faire la transition avant le dessert :

    - Puech-Haut 1998, Tête de Cuvée : fruits mûrs et bois brûlé ! Tanins durs et un peu austères, un vin presque caricatural !

    -  Domaine de Jonquières 2000, Coteaux du Languedoc : un peu réduit au premier nez, ces notes s'estompent à l'aération pour livrer un fort joli vin, ample, frais et bien structuré. L'anti-thèse du précédent !

    Sur la Dora, dessert au chocolat :

    - Banyuls Rimage mise tardive 2000, Les Clos de Paulilles : cherry, cacao, intense et profond, une petite merveille d'accord avec le chocolat !

    -  Rivesaltes 89 Vintage, Domaine Cazes : dans le même registre, mais encore plus beau que le précédent, un vin exceptionnel sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise. Une gourmandise !

    Et après ça, vous prendrez bien un petit café ?

    Olif

  • Meursault, le phare de la Côte!

    Date: le 21/11/2003 à 23:26

    Jeudi 20 novembre 2003. La journée s'annonce magnifique ! Un grand soleil resplendit, faisant oublier les gelées matinales, et déjà 14°C à 11 heures du matin sur le Haut-Doubs. Plutôt qu'une visite du Bordelais sous la pluie, à l'instar du pèlerin girondin de LPV, la Bourgogne sous le soleil s'impose, et ce d'autant que c'est moins loin! Direction Meursault, le vignoble phare de la Côte de Beaune. Mauvais calcul ! Le trajet verra s'estomper petit à petit notre optimisme météorologique ! Dès la plaine de Saône, le brouillard nous gagne, épais, glaçant, le thermomètre extérieur de ma voiture affichant un modeste 5°C.

    Après un déjeuner rapide à La Diligence, à Meursault, pas mauvais mauvais, mais un peu grosse cavalerie, une cuisine finalement pas si illogique que ça dans un ancien relais de diligence, nous longeons le clos du Château de Meursault, aux allures fantomatiques dans la brume.

    Il faudra attendre 16 heures 30 pour voir le ciel se dégager à peine tandis que la nuit commence à tomber. Meursault, nuit et brouillard ! Mais peu importe ! La chaleur et la lueur nous viendront du fond des caveaux, où le vin blanc de Meursault, tel un phare dans la nuit, brilla de tous ses feux ! La vache, si c'est beau ! Je n'en reviens pas moi-même !

    Deux domaines au programme, pas ceux dont on parle le plus, mais deux domaines qui méritent qu'on en parle !

    Rémi Jobard, le plus Haut Doubien des Murisaltiens

    Notre première étape nous conduit chez Rémi Jobard qui a repris le domaine familial en 1992. Un vrai gars du pays, fils de Charles, mais également la plus Haut-Doubien des Murisaltiens ; il a marié une fille de Pontarlier !
    Ce beau domaine, relativement peu connu, travaille à 70% à l'export (Angleterre, Japon, Allemagne, Pontarlier,...) mais il serait pourtant dommage de passer à côté ! Ici, on est plutôt en lutte raisonnée, voire plus que raisonnable. A 90% en bio, grâce à un gros travail à la vigne, sans engrais, sans désherbant, mais on utilise ce qui semble nécessaire pour traiter quand le besoin s'en fait sentir.
    La dégustation qui va suivre a révélé un fort beau potentiel qualitatif avec respect des terroirs et de leurs expressions. Des vins racés et élégants, d'une grande homogénéité.

      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2001 : une belle parcelle de chardonnay en appellation Bourgogne, idéalement située, du bon côté de la nationale, en bordure des premières habitations du village, et un très beau vin vif, simple mais franc.

    - Meursault Sous la Velle 2001 : nez un peu réservé révélant peu à peu des notes d'agrumes, un léger grillé. Un vin tendu, minéral, avec beaucoup de fraîcheur.

    -   Meursault En Luraule 2001 : un climat en limite des premiers crus, jouxtant les Gouttes d'Or. Plus gras en attaque, je lui trouve par la suite une sensation de mollesse. Beaucoup moins incisif que le précédent.

    -   Meursault Les Chevalières 2001 : une vigne plantée en 1940, en exposition est, de ce fait la plus tardivement vendangée. Un excellent compromis entre le gras et la minéralité, avec une finale encore à peine serrée. Splendide cuvée pour amateur patient (j'en suis!).

    -   Meursault 1er cru Le Poruzot Dessus 2001 : histoire d'embrouiller un peu plus le néophyte ou le réfractaire (Belge ou autre !), le climat Poruzot est subdivisé en 3. Le dessus est évidemment le meilleur ! C'est un vin riche, long, équilibré. Le chouchou de beaucoup !

    -   Meursault 1er cru Genevrières : nez intensément grillé, toasté (20% de fût neuf seulement) avec un grain serré en attaque qui s'épanouit dans une immense finale. « Un entonnoir à l'envers », voilà ce qui définit parfaitement pour Rémi le terroir des Genevrières. Très beau vin, j'adore !

    -   Meursault-Charmes 2001 : un beau Charmes, puissant, intense et aromatique, sur le pain grillé beurré, d'une droiture de structure exemplaire.

      Les vins rouges :

    - Bourgogne 2001 : frais et fruité, gouleyant, il pinote joliment. Finale un peu abrupte, minérale, sur la mine de crayon.

    -   Monthelie 1er cru Les Vignes Rondes 2001: plus puissant, ses tanins sont un peu rustiques avec de la mâche en finale.

    - Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots 2001 : le plus beau des 1ers crus de Monthelie, contigü au Clos des Chênes de Volnay. Beaucoup de finesse, une matière serrée avec un joli grain et des notes de griotte dans la finale.

    -   Volnay Santenots 2001 : rond, fruité et charnu, il développe beaucoup de finesse. Jolie rétro sur la cerise à  l'eau de vie.


    Domaine Michel Bouzereau et Fils, le classicisme et l'élégance

    Après un petit crochet dans les vignes, nous nous dirigeons vers le domaine Bouzereau, en plein coeur du village. Heureusement que Rémi Jobard nous sert de guide, sinon nous serions encore probablement perdus dans les ruelles de Meursault !
    Accueillis par Michel Bouzereau, c'est son fils, Jean-Baptiste, qui nous conduit dans la cave pour faire connaissance ici avec le millésime 2002. Un grand millésime, qui a la particularité d'être très accessible malgré la mise récente en bouteilles. Beaucoup de belles choses ici également, avec une déclinaison des terroirs murisaltiens une nouvelle fois palpitante, avec une petite incursion à Puligny. Nous ne goûterons malheureusement pas au Meursault Perrières, produit jusqu'à maintenant en petite quantité, mais l'acquisition d'une belle parcelle dans ce prestigieux 1er cru devrait permettre une plus grande commercialisation dans l'avenir. Accueil de tout premier plan par des vignerons amoureux de leur terre.


      Les vins blancs :

    - Bourgogne 2002 : très fruité, pêche blanche, poire, il est gourmand et se laisse boire allègrement.

    - Meursault Tessons 2002: nez très expressif, un peu grillé et beurré. Grande richesse, grande longueur, due à une acidité bien présente même si elle semble masquée. Très beau !

    -   Meursault Le Limozin 2002: un coteau en exposition sud, sous les Genevrières. Chaleureux et rond, épicé, il manque peut-être d'une pointe de nerf qui le rendrait plus incisif.

    -   Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains 2002 : très affable, finement toasté, sur les herbes coupées, il se goûte déjà  fort bien et laisse percevoir toute sa majesté.

    - Meursault 1er cru Les Genevrières 2002 : sur les agrumes, il développe un beau volume mais sa structure n'est peut-être pas encore suffisamment bien définie. La mise est récente.

    - Meursault-Charmes 2002 : un vin pour le petit déjeuner ! Pain grillé beurré, riche et gras, porté par une belle acidité, avec un gros volume extrêmement bien calibré en bouche. Un archétype !

    Le vin rouge : il y en a d'autres mais c'est le seul que nous goûterons au fût.

    - Beaune Les Vignes Franches 2002 : fruit mûr, boisé un peu torréfié, il se caractérise par la présence d'une petite pointe de gaz.


    La nuit a maintenant largement pris ses quartiers, il est temps pour nous de regagner la montagne et son ciel étoilé, non sans avoir fait une halte arboisienne pour y goûter un peu de Beaujolais, surtout pas nouveau ! Ce sera dur d'éclipser la classe de Meursault, qui nécessitera très certainement une nouvelle visite, et pourquoi pas au retour de la belle saison, lorsque le brouillard sera levé?

    Olif

  • Soirée entre célibataires!

    Date: le 23/11/2003 à 20:30

    En l'abscence de chacune de nos conjointes, l'occasion était trop belle pour ne pas se retrouver, Le Seb et moi, pour une petite soirée entre célibataires épicuriens, devant un dîner improvisé et des flacons dégustés à  l'aveugle, chacun ne sachant pas ce qu'avait apporté l'autre. Le repas des enfants expédié (ils ont beaucoup apprécié même si c'était simple!) et ceux-ci confortablement calés devant le Seigneur des Anneaux, nous pouvons passer aux choses sérieuses!

    -Fendant de Martigny Les Bans 2002 , Marie-Thérèse Chappaz

    Robe très pâle. Nez aromatique sur la fleur de vigne avec une sensation crayeuse. L'attaque est vive, une pointe de CO2 accentue la perception de minéralité. La fin de bouche est plus riche, grasse, voire un peu molle. C'est un joli vin de fendant, mais Le Seb, qui a supputé un vin Suisse, n'aime pas trop! Je descends donc chercher une autre bouteille à  la cave pour accompagner les Noix de Saint-Jacques à  la Bordelaise.

    -Pessac-Léognan blanc 95, Domaine de Chevalier

    Un vin de circonstance pour accompagner le plat! Ma précédente rencontre avec ce vin m'avait un peu déçu, celui-ci ayant été éclipsé par le Bergerac des Verdots. Cette fois, c'est mieux! Beau nez d'agrumes, riche et gras, avec une jolie longueur, de l'amplitude, de la classe et de l'élégance. Le Seb, qui a trouvé le domaine à l'aveugle (je l'espère, par hasard!) en redemande!

    Pour accompagner les côtes de veau bio de Mr Chambon, juste grillées et servies rosées, accompagnées de chanterelles :

    Beaune Les Vignes Franches 1999, Domaine M. Bouzereau

    Un rusé que ce Seb, qui essaie de me piéger avec un vin que nous avons dégusté au fût il y a peu, dans un autre millésime évidemment!
    La robe est rubis sombre. Le nez est de prime un peu réduit et je penche d'abord pour un vin du Sud. Cela s'estompe rapidement à l'aération et on se retrouve sur des notes de fruits mûrs. La trame est serrée, le grain fin, légèrement grillé, c'est très beau! J'adore! Un grand vin de Beaune! Grand vin tout court, je ne sais pas, moi je fais plutôt dans le relatif !

    - Chambolle-Musigny 1er cru Les Hauts-Doix 2001, Domaine Groffier

    Registre un peu différent pour ce vin que Le Seb ne rattache pas non plus à  la Bourgogne au premier abord. Nez très grillé, presque torréfié, témoignant de son élevage, mais ça ne masque pas les autres arômes, évoluant plutôt dans un registre floral, violette, pivoine. Belle amplitude et grande longueur (oserons-nous dire grand vin?), grand vin de Chambolle en tout cas qui mérite de la patience en cave.

    -Saint-Chinian, La Fonsalade 1999, Château Maurel-Fonsalade

    Là , c'est du Languedoc, j'en suis sûr! Robe noire, nez très beau sur les fruits noirs, la liqueur de fruits, un peu caramélisé, avec une belle texture et de la longueur. C'est un excellent rapport qualité-prix!

    Avec la Dora, goûteux gâteau au chocolat local:

    - Douce Providence, 2001, Clos du Gravillas

    Muscat de Saint-Jean-de-Minervois passerillé sur pied, donc déclassé en vin de table. La robe est plutôt pâle, le nez magnifique sur le muscat bien sûr, mais une année de cave lui ont fait acquérir une complexité et une densité exceptionnelle. L'équilibre est magistral et l'accord avec le chocolat somptueux. On en redemande et on finit même la bouteille (50 cl, seulement!)

    Après ça, je crois bien qu'il n'y avait plus qu'à  aller se coucher!

    Olif

  • Léoville-Barton, the ultimate verticale!

    Date: le 11/11/2003 à 22:06

    Terme consacré dans l'édition DVD pour évoquer la nouvelle version d'un film encore plus complète que la précédente, cette verticale du Château Léoville-Barton n'a pourtant rien d'exhaustif, c'est juste la dernière en date qui vient compléter les appréciations sur les nombreux millésimes que nous avons eu l'occasion de goûter lors de notre séjour en Médoc au mois de septembre dernier.

    C'était aussi l'occasion de réunir une nouvelle fois le GJP autour de ce cru devenu fétiche pour une bonne partie d'entre nous et de tenter de le connaître encore un peu mieux.

    Il s'agit donc d'une sélection de quelques millésimes que nous avions en cave, histoire d'avoir un aperçu des anciennes années, des beaux millésimes et des millésimes récents. Mon regret est de ne pas avoir pu goûter au 2000 mais nous n'avons pas souhaité en sacrifier une bouteille devant des commentaires faisant état d'une phase ingrate actuellement.

    Dégustés par paires, en semi-aveugle, pour privilégier l'ordre de service, nous avons commis un sans-faute dans l'identification des millésimes, qui présentaient tous les caractéristiques que nous en attendions. On progresse fort, au GJP !

    Pour cette verticale, changement complet de technique de dégustation, donc, qui risque fort de se pérenniser pour les prochaines séances, à savoir dégustation pure des 6 vins sélectionnés, servis 2 par 2, pour mieux les approcher, les appréhender, les comprendre et les commenter. Puis, on termine gentiment les bouteilles autour d'un petit repas convivial, soulagés de la pression analytique autour des vins. Merci à Jef et Patricia de s'être magistralement chargés de la partie logistique de la soirée.

    Les vins ont tous été carafés, mais de manière plus ou moins longue suivant les millésimes (de 1 heure pour les plus anciens à 3 heures pour les réputés plus puissants).

    - Château Léoville-Barton 1997 :

    Un vin déjà  largement commenté ici !
    La robe est d'un grenat pas très soutenu mais d'un bel éclat.
    Le nez est toujours aussi fondu, plutôt agréable, sur des notes torréfiées et de boîte à cigares. La bouche est d'une agréable souplesse, en faisant un vin de plaisir à boire sans trop se poser de questions.

    - Château Léoville-Barton 1999 :

    La robe est grenat un peu plus sombre que le précédent.
    Le nez est plutôt fermé, réservé, mais on perçoit nettement de la glycérine et un côté un peu crémeux (dur de ne pas évoquer la crème pâtissière après avoir lu les notes de Claudius !), avec du moka et aussi des fruits noirs (mûre) et du réglisse.
    Volumineuse en attaque, la bouche termine plutôt court, avec un grain et des tanins un peu rêches.
    Pas totalement convaincant actuellement, il demande très certainement un peu de temps pour se fondre, mais combien ? Pas trop non plus, je pense, mais la question reste : est-ce qu'il s'harmonisera ?

    - Château Léoville-Barton 1985 :

    La robe est grenat, curieusement très peu évoluée.
    Cèdre, bois noble, poivron mûr, il fait preuve d'encore beaucoup de vigueur pour son âge et ne joue pas encore vraiment dans un registre tertiaire. Bel équilibre et longue finale rémanente, il s'agit là d'un très beau vin !

    - Château Léoville-Barton 1983 :

    Des traces d'évolution peu marquées sont perceptibles sur la robe.
    Le nez est splendide, tertiaire, sur le pruneau, plus ou moins confituré, l'humus, le cuir, le sous-bois et la cerise à l'eau de vie. La bouche est encore nerveuse avec de l'allonge.
    Un vin à  son apogée, loin d'être fatigué, et un beau moment gustatif.

    - Château Léoville-Barton 1996 :

    La robe est sombre, opaque.
    Le nez est intense, puissant, mais tout en retenue, avec présence de notes iodées, évoquant le pansement ou … je ne dirai pas quoi !, pour certaine personne qui travaille également en milieu hospitalier .
    Si cette petite note iodée me gêne un peu, elle n'est pas persistante et n'empêche pas le vin de s'exprimer en bouche en développant beaucoup d'ampleur. Les tanins sont encore un peu serrés en attaque mais ça s'arrondit par la suite pour perdurer longtemps.
    Très jeune, il a encore besoin de temps pour devenir une grande bouteille, mais il en a les moyens.
    Très apprécié par la majorité des dégustateurs présents, je lui ai pour ma part préféré le suivant.

    - Château Léoville-Barton 1995 :

    Très opaque également, ça pleure sur les bords du verre ! De belles grosses larmes roulent doucement sur les parois, témoignant de sa richesse. Emouvant !
    De fait, la bouche est pleine, grasse, avec une grosse sensation de glycérol sur des notes de noyau de cerise.
    Très racé, il m'impressionne par sa chair, sa droiture, sa profondeur et sa classe.

    Fin de la verticale sur un sentiment de grande satisfaction avec des vins qui se tiennent quelque soit le millésime, qui tiennent remarquablement la distance pour les plus vieux. Pour ma part, mention spéciale pour les années en 5.

    X 1929

    On ne pouvait pas se quitter sans un petit dessert accompagné d'un petit liquoreux ! La dernière bouteille ouverte est une exclusivité du GJP ! Ne cherchez pas à vous en procurer, elle fait désormais partie des vins mythiques et inaccessibles !
    Nous la nommerons donc par son n° de code : X 1929 ! A moins que ce ne soit son année de naissance ! Une naissance du côté de Bordeaux, c'est à peu près certain, mais l'endroit exact est difficile à cerner de façon précise. Une orpheline qui a perdu son nom, pas forcément très bien née, vraisemblablement un peu roturière, mais qui parle avec les accents de la sincérité ! Une couleur ambrée, vieil or, un nez délicat de moka, de café, de confit d'oranges et des agrumes qui apportent une certaine vivacité et de la fraîcheur. Un vin que l'on boit avec recueillement , eu égard à sa qualité et son grand âge, qui nous bannit définitivement des rangs des buveurs d'étiquette car ici, d'étiquette, il n'y en a plus ! Merci à Jef pour ce grand moment d'émotion !

    Fin de la soirée à une heure déjà fort tardive, heureusement, tout le monde rentre à pied, et s'il fallait dégager une conclusion synthétique à cette dégustation, c'est que Léoville-Barton, c'est bon ! Je ne peux pas faire plus court, ni plus juste !

    Olif et le GJP

  • Michel Gahier, la discrétion efficace !


    Date: le 09/11/2003 à 09:57

    Deuxième étape de notre périple jurassien, nous arrivons à Montigny déjà fort tard, ayant un peu traîné à la table chaleureuse du Comtois à Doucier.

    Un vigneron très discret et modeste que ce Michel Gahier, descendant d'une très ancienne famille de Montigny-les-Arsures. Un vrai gars du pays, qui bichonne ses vins avec amour et respect, et qui s'exprime superbement à travers eux.

    Véritable spécialiste du trousseau, ses Grands Vergers sont un modèle du genre, de 1983 (et peut-être avant !) à nos jours, pour ceux que nous avons eu le plaisir de goûter. Ses blancs et son jaune ne sont pas en reste et ne devraient pas tarder à accéder à la reconnaissance. Novateur avec Hélène, jolie cuvée de chardonnay surmaturé à boire sur sa fraîcheur et son fruité, il excelle dans l'oxydatif avec une Fauquette 99, rappelant les plus belles cuvées du genre, dont les Saint-Paul de Camille Loye, et un vin jaune 95 au mordant et à la fougue toute juvéniles. Très beau Macvin et, on l'espère bientot, un vin de paille 100% chardonnay assez étonnant.

    - Arbois Chardonnay 1995 : un peu réduit de prime, le nez finit par s'ouvrir sur des notes d'herbes sèches, de foin coupé et n'est pas sans m'évoquer certaines belles cuvées de Chablis de J.M. Raveneau . Très beau.

    - Arbois Chardonnay 1983 : un vin ouillé qui s'exprime quand même sur la noix, le curry, la pomme de bois, le calva, avec une sensation de fraîcheur étonnante pour son âge. Impressionnant!

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2003 : une véritable petite bombe fruitée déjà  diablement bonne. Il y en aura peu !

    - Arbois Trousseau 2002 : fruits rouges, feuille de cassis, épices. Rond en attaque, il est un peu plus sec et cassant en finale. Demande un peu plus de fondu.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2002 : aromatique, rond et ample, il possède plus de race que son petit frère.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 2000 : déjà  bien fondu, sur les petits fruits rouges compotés et épicés, beaucoup d'amplitude et de fraîcheur.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1999 : très expressif également, il joue un peu dans le même registre que le 2000.

    - Arbois Trousseau Grands Vergers 1983 : un vrai bonheur que de boire ce vieux vin de trousseau encore plein de vigueur, de jeunesse, très fruité, démontrant l'aptitude à la garde de ce cépage.

    La fin de la journée approche et il est temps pour nous de quitter le Jura viticole avec le sentiment du devoir accompli, même sans magnétophone, celui d'avoir passé une très agréable journée en compagnie de vignerons passionnés par leur terre et leur vin, une totale découverte pour certain, une véritable confirmation pour d'autres.

    Le Jura sous son vrai visage, celui de la diversité et de la qualité !

    Olif