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Le blog d'Olif - Page 26

  • Mets la Cardinal Aufray!

     

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    Drôle de coïncidence! Deux jours après avoir évoqué, sur ce blog, une partie de la légende Hugues Auffray, hisse et ho, ce dernier se produisait à une encâblure de là, au Paléo Festival de Nyon. De manière totalement non préméditée, j'y étais. Et je ne m'étais jamais imaginé un jour chanter "Le petit âne gris" et "Céline" à tue-tête, autour du grand feu de camp du Paléo, une bière Cardinal bien fraîche à la main, en compagnie de leur géniteur, bien Aufray également, malgré ses 81 balais.

     

     

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    Un moment de pure félicité régressive et de grand bonheur imprévisible. Merci Paléo...

     

    Olif

     

    P.S.: dans le genre papys sur le retour, les vétérans Crosby, Stills and Nash, plus trop Young non plus, ont assuré pépère sur la Grande Scène, un peu plus tard. Irremplaçable Paléo...

    Côté relève, sous la Tent, Revolver a fait parler la poudre (c'est trop de la balle!), et Fanfarlo peut fanfaronner. Son set, malheureusement en grande partie manqué par moi, a suscité bien des éloges.

  • Le polar de l'été

     

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    Boire malin et authentique devient une véritable sinécure. Heureusement, Marianne est là. Une Marianne qui dit et montre tout, avec toujours autant d'anti-conformisme, à l'image de celle du Maître Maester. Une Marianne affable, qui veut nous aider au bon boire, après résolution de l'énigme policière de l'été, dans l'éditorial de son hors-série Spécial Vins 2010. "Qui veut tuer le vin de France?", s'interrogent avec acuité Périco Légasse et Éric Conan. Suspect n° 1: Bruxelles,  qui veut harmoniser les pratiques et standardiser les produits, pour que le consommateur Lambda s'y retrouve plus facilement dans la jungle des supermarchés. Ce Mr Lambda commence à nous les briser menu menu!
    "Véritable machine à broyer les spécificités et les différences nationales", la Commission Européenne fait tout pour qu'on la pense inféodée aux gros lobbys productivistes, ceux qui ne pensent qu'à s'enrichir en surfant sur la vague tendance. Le bio est porteur, il faut alors trouver comment le rentabiliser. Ce qui revient en fait à le vider de sa substance en l'assimilant à un bête produit de grande distribution. Les chausse-trappes de Bruxelles ne devraient pourtant pas parvenir à assassiner le vin de France, comme ils ne sont pas parvenus à cuire le lait crû comme ils l'auraient voulu. "Une nouvelle saloperie que nous ne  devons pas laisser passer." On croise les doigts et on se tient prêt à faire, une fois de plus, de la résistance.
    "L'AOC, c'est la carte d'identité nationale du vin de France". Même s'il est évident qu'elle ne saurait être garante de qualité, la faire voler en éclat pour simplifier l'offre est complètement paradoxal, à l'heure où les plus grandes nations viticoles en terme de volume cherchent à se fabriquer une histoire et un terroir, susceptibles de légitimer leurs produits dans l'excellence.
    Après cet édito qui donne le ton, on peut lire, quelques pages plus loin, un billet d'opinion sur le soufre et son usage, c'est tendance! Bon ou mauvais, trop ou pas assez. Trop, pour masquer une viticulture aléatoire et une vendange médiocre,  pas  assez, chez ceux qui aiment (parfois) jouer avec le feu par idéologie. Quand l'intelligence de l'argumentation cotoie l'objectivité, le lecteur-consommateur en sort grandi, pouvant à la fois comprendre aisément les enjeux et se forger sa propre expérience en connaissance de cause. Et,  j'espère, surtout comprendre que, du soufre, même s'il y en a besoin, point trop n'en faut, de toute évidence, ce qui implique un gros travail en amont, à la vigne. Si l'on ne veut pas être condamné à ne boire que du Coca-Cola et/ou prendre 2 cp de Paracétamol entre chaque verre de vin ingurgité. Mais, après tout, chacun ses (mauvais) goûts...?
    Sinon, s'ensuit une belle sélection de plein de beaux domaines, de plein de belles bouteilles et de  plein de bons vignerons. De quoi bien boire tout l'été...
    L&C, un tandem sur lequel il faut compter en matière de critique vinique intelligente. Juste derrière le R&B, en fait.

     

    Olif

     

  • État de Grasse…

     

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    Entorse aux escapades océaniques estivales habituelles, la famille Olif a décidé de se faire dorer la pilule sur la Côte d’Azur. Un peu en retrait de la mer quand même, histoire de garder de la hauteur.

     

    Escale papale

    Comme un genre de miracle routier ! Une fois réalisé que Châteauneuf-du-Pape se situe exactement au milieu d’un axe en zig-zag qui relie le Haut-Doubs à la Côte d’Azur, le choix de s’y arrêter fut vite fait. Pas dans l’intention d’y buller, non, juste pour se restaurer en cours de route et tenter de conjurer le Sorgues chez Josette et Gérard Alonso, admirables  et renommés aubergistes, amoureux du bon boire et du bien manger, à base de produits frais et de vins naturels. Repas pris dans la cour du restaurant, à l’ombre d’un platane, un pur moment de félicité gastronomique, arrosé de vins pas tous bien élevés mais sachant néanmoins se tenir à table. Festif Fête en bulles de L'Angevin, vivant Vie on y est 2009 de Gramenon sur un excellent filet de rouget, éblouissante Vieille Julienne 2004 sur un sublime pigeon à la cuisse rose. Sans parler du reste et de tout ce qui s'en suivit ou précéda.

     

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    Grasse : parfum de vacances

    Une fois parvenus à Grasse, on est vite mis au parfum. Gallimard, Fragonard, Molinard et tout le bazard ! Il y a l’embarras du choix pour faire fuir les mauvaises odeurs, y compris celle des belles-mères de Grasse, près de Nice, comme le chantait Boby Lapointe dans son saucissonnage équin n°2. Amusants travaux pratiques au Musée International de la Parfumerie, où le visiteur joueur peut s’amuser à reconnaître à l’aveugle un certain nombre de composés aromatiques, pas toujours recommandables, mais utilisés néanmoins par les maîtres parfumeurs. Sulfureux!

     

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    Grasse : tant qu’il y a du vin, il y a des Spar

    Monter, descendre. Le Pays Grassois n’est pas économe, question dénivelé. Monter des marches, descendre des traverses. Monter en température, descendre des litres et des litres. D’eau et autres boissons, avec ou sans bulles. Pas n’importe quoi pour autant. Du bon, du frais, du vrai, du pas trop sulfité, du vin parfumé, aux bonnes effluves naturelles.

    L’Espace Vins du Spar de Grasse jouit d’une flatteuse réputation auprès des gens de glou, amateurs de bons vins authentiques. Une info de dernière minute obtenue grâce à l’escale avisée en pays avignonnais, coquin de Sorgues. Cette épicerie grassoise est justement tenue par un homme de glou. Et fort en gueule, aussi. Mais dans quel quartier de la ville se trouve-t-elle ?  Ô rage, où est ce Spar ? Grâce à Google, l’antre de l’une des deux têtes pensantes de Glougueule, le blog bien nommé, fut vite localisé, quartier de la gare. Le dimanche soir, c’est encore ouvert et c’est la cohue. Le pillage en règle de l’Espace vins ne fut pourtant guère difficile. Philippe Quesnot, en homme avisé, n’est pas derrière la caisse enregistreuse. Je l’imagine plutôt en train de faire les gros yeux derrière un verre de bon glouglou, ce qui me semblerait plus judicieux en ce début juillet si chaleureux. Lors du second passage pour remplissage du frigo, nous fûmes pris la main dans le caddy. Depuis deux jours une bouteille de Cerdon manquait à l’appel et, en fin limier, l’épicier savant avait fait parler les empreintes digitales ! Condamnés à visiter l’espace « ticheurte » au 3ème sous-sol, nous sommes ressortis lingés pour l’été. Néanmoins à prix d’ami, il faut le souligner.

     

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    Du Cerdon dans le Gourdon

    Gourdon, sur les hauteurs de Grasse, en surplomb des gorges du Loup, à une heure matinale, idéale pour une petite randonnée en altitude, sur le plateau de Cavillore. L’arrière-pays niçois, faut pas nous raconter de salade, c’est quand même bien joli ! Pas de Cerdon dans la gourde pour autant, il ne fallait pas traîner en chemin, afin de ne pas être assommé par le soleil estival. Entre une flore particulièrement développée, grâce à un mois de juin bien arrosé, de jolis panoramas sur les gorges, quelques vieilles pierres et une poignée de cerises dans la gorge, maraudées par inadvertance, mais avec volupté, la matinée fut bien remplie. Un moment réjouissant, valant tout le Cavillore du monde.

     

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    Estivale de Cannes

    Journée cannoise et shopping rue d’Antibes, obligé. Puis photo en haut des marches, 12 ans après un premier passage familial. Comme le temps passe ! Georges y a été cloné, l’occasion aussi de prendre la pose en sa compagnie.

     

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    A l’heure de midi bien sonnée, à deux pas de la Croisette, au hasard, le long d'un trottoir, une Trattoria engageante. La Libera, du même nom qu’une belle adresse fréquentée à Alba l’année précédente. Pourquoi pas ? Bonne pioche ! Belle adresse itou, goûteuse et sincère, avec un serveur épatant, au véridique accent italien, étonné par notre gentillesse jurassique naturelle, inversement proportionnelle à celle de la population autochtone. Et des plats justes, simples et bons, accompagnés d’un Arneis de belle facture, aussi bon que là-bas, dis !

     

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    Pour le reste, dur de trouver un petit carré sympathique où étendre sa serviette, de Cannes à Antibes. La Côte d’Azur, il ne faut surtout pas vouloir s’y baigner. Tout y est bétonné, civilisé, aseptisé. Pas très nature, tout ça! Allez ! On y a quand même bien trempé un pied, face au Château Grimaldi d’Antibes. Il faudra bien pouvoir justifier nos vacances à la mer.

     

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    Plus près de toi, Mon Dieu !

    Pour cette deuxième randonnée du séjour, direction Bar sur Loup. Un joli pléonasme, en fait. En Méditerranée, le bar s’appelle loup. Mais du côté de l’Atlantique, le Loup s’appelle quand même le Loup. Pas celui qui a fait sa réapparition dans le Mercantour, non. Un Loup qui coule dans des gorges, de la Colle jusqu’à Tourette. De quoi faire un joli tour si on n’a pas de la colle sous les chaussures. A Bar sur Loup, il n’y a pas de poissonnerie. Mais, à Bar sur Loup, on peut prendre le Chemin du Paradis, une vieille voie empierrée qui monte au ciel jusqu’à Gourdon. De quoi filer le bourdon quand on regarde l’altimètre. Mais les 520 mètres de dénivelé positif, puis négatif, s’avalent sans même se flageller. Pas un seul coup de gourdin avant Gourdon. Son paradis, on le gagne en arrivant tout là-haut, pour profiter de la vue sur les gorges du Loup, installé à la terrasse d’un bar. La boucle est bouclée.

     

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    You are so … Nice !

    Impossible de passer par les Alpes-Maritimes sans se rendre à Nice. D’autant que l’heure des soldes a déjà sonné. Pendant que des Rosbeefs bien saignants se promènent en bord de mer, les Froggies coassent rue Massena à la recherche d’une bonne affaire. Le boire et le manger, pas question de le brader pour autant, ni de laisser sa part aux anges qui font trempette dans la baie.

     

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    La Part des Anges est une boutique de la rue Gubernatis qui ne laisse pourtant rien s’évaporer. Tout y est bu, sans laisser perdre la moindre goutte. Le jeudi soir, malheureusement, la table est close. On vous y oriente alors volontiers vers le ViniVore, les collègues de l’avenue de la République. Les dévoreurs de vin sont ici aussi à la fête. Large choix de vins à prix cave, carte à manger aussi courte qu'appétissante, renouvelée tous les jours, accueil exceptionnel. Une adresse de choix, so Bubbly, so Nice.

     

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    Dans la nuit tombante, les Anglais n’étaient plus censés se promener. Ils devaient sortir leurs guitares et jouer en plein air et à guichet fermé, dans un Théâtre de Verdure, à deux pas de la Baie des Anges. Ils se sont fait porter pâles et n’ont même pas pris l’avion depuis Paris. Sacré Peter ! Mais qu'importe, l'air était doux (herty?).


    Glouglou, la dream -Alpes mari- team

    Il faisait beau, il faisait chaud. Les bouteilles se sont succédées à un rythme effréné. Du vin pour dessoiffer, du vin pour déguster, du vin pour se régaler. Éclectisme volontaire, où l'on pourra juste  (éventuellement) regretter l'absence de Bellet, le régional de l'étape, néanmoins rapporté en souvenir. À  goûter dès que possible, par curiosité. Pour le reste, entre le Côtes du Jura ouillé 2008 de Laurent Macle, joliment fruité, à boire vite par plaisir, et le simple et plaisant Coteaux d'Aix rosé 2009 L'Alvernègue du Château Bas, la tendance fut au vin de glou, avec pour principal fournisseur, outre les vins ayant fait le voyage, le Spar de Grasse, parce qu'une pareille adresse se suffit à elle-même. Gros coup de cœur et large soif pour le Vin de Pays de Vaucluse 2009 d'Élodie Balme, assemblage de merlot, carignan et grenache, qui se boit aussi vite que bien, malgré sa robuste constitution. Pour le reste,  parmi les belles satisfactions et les grands bonheurs de ces vacances, un sans-faute grâce au gourmand et fruité Calice 2009 de Jean-Philippe Padié, au réjouissant et friand Vin de Jardin 2009 de La Grange aux Belles, au Bourgogne aligoté 2009 de Céline et Laurent Tripoz, d'une grande et belle acidité, au trop bon Cousin Oscar et son Petit Cochon Bronzé, de Jean-Marie-Rimbert, à la jolie Coume Marie 2006 de la Préceptorie de Centernach. Comme une incongruité parmi ce panel de vins de soif à petit prix, un imposant Meursault-Charmes 2000 des Comtes Lafon vint nous démontrer à quel point la simplicité n'a pas de prix, enfin pas celui-là. Luxuosité de l'élevage, richesse des arômes, légèrement contrefaits par le bois, malgré une grande précision et une classe folle. Un poids, deux mesures, ou l'inverse.

     

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    État de grâce, clap de fin. Un séjour royal parfaitement symbolisé par un verre de Cerdon au bord de la piscine. Topless!

     

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    Cerdon royal, photo extraite du making-of de la vidéo désormais culte, selon BourgogneLive

     

    Olif

  • Le Chemin des Vignes : en passant par la Loire…

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    Un livre Rouge & Blanc en noir et blanc. Et rouge, un peu aussi. Qui parle évidemment de rouge, de blanc, mais aussi de rosé et de pétillant. Une descente de la Loire à contre-courant, du Muscadet à l’Auvergne en passant par l’Anjou, la Touraine et le Centre. Le tout agrémenté de bonnes adresses, pour le boire, le manger et le dormir.

    « Ceci n’est pas un guide », comme il est souligné en préambule. Mais cela fourmille pourtant d’informations précieuses au sujet des vins, des vignerons et des terroirs. En toute indépendance, si ce n’est celle de promouvoir une viticulture de qualité, exigeante et totalement responsable. Apprendre à comprendre et déguster le vin sans le sortir de son contexte, c’est-à-dire la façon dont il est conçu et élaboré, avec toujours en filigrane le portrait du vigneron qui en est à l’origine, voilà une démarche noble qui devrait être le credo même de tout amateur qui se respecte. On est bien loin du concept de guide d’achat pour FAV de rentrée mais les affaires n’en seront que meilleures pour ceux qui s'y fieront.

    Le savoir faire du Rouge & le Blanc, au service d’un ouvrage qui s’avère passionnant à plus d’un titre. On attend avec impatience le chemin des autres vignes de France, de Navarre et même de bien plus loin encore.

    Pas de doute, la bataille du vin et de l’intelligence, c’est le Rouge & le Blanc qui l’a gagnée. Depuis bien longtemps, déjà.

     

    Olif

  • Cerdon Royal

     

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    Vidéolif…euh… je ne sais plus combien. Spéciale vacances. Juillet, c’est le mois des vins bleus, chez les cousins Québécois. Des vins que l’on boit au bord de la piscine, avec de l’amour au fond des yeux bleus. Encore plus fort, ici, les vins bleus, on les boit carrément dans la piscine. Royal ! Justement, on va goûter à un vin royal. Un vin qui renarde parfois un peu, mais ne fâche jamais. Un Cerdon d’Elie et Alain Renardat-Fache, dans le Bugey. Contrairement au Kir royal, qui nécessite l’adjonction de liqueur de cassis dans son verre de (mauvais) Champagne, le Cerdon se suffit à lui-même. Les fruits rouges sont déjà inclus dans la bouteille. Et que des bons fruits, qui ne proviennent que du raisin.

     

    On goûte !

     

     

    OnOff

     

    Le nez est juste un petit peu … chloré. Pas une bonne idée, la piscine, finalement.

     

    En bouche … Aaaahhhh ! Royal ! De la limonade pour adultes ! Avec moins de sucre et des jolies bulles, 100% naturelles.

    Ce qui est royal aussi, avec le Cerdon, c’est que quand t’en as bu, tu peux r’boire !

     

    N’importe quoi, comme dirait Mme Olif !

     

    (Plouf ! Plouf !)

     

    Vidéolif spéciale vacances. A vous les studios !

     

    Olif

     

    P.S. : Olif brandit un tee-shirt Glougueule, la tenue vestimentaire des hommes de glou. Même torse poil au bord de la piscine.

     

    P.S.2. : pour le tournage de ce simple plan-séquence, ayant mis à contribution toute la famille Olif, ce ne sont pas moins de 28 prises, et donc 28 bouteilles de Cerdon, qui ont été nécessaires, de quoi occasionner une grave pénurie au SPAR de Grasse, face à la gare SNCF. Cette épicerie savante  est facile à trouver, pour ceux qui viennent à Grasse par le train. Les automobilistes, même s'ils la chercheront plus longtemps, auront par contre l’avantage de pouvoir prendre plusieurs cartons à la fois.

     

     

  • REVEVIN 2010: le Domaine de Juchepie

     

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    Clôture désormais rituelle des REVEVIN, le dessert sucré en compagnie de son géniteur ligérien. cCest au tour d’Eddy et Mileine Oosterlinck de venir nous faire découvrir sa production de Coteaux du Layon sous le patio du Chai Carlina. Enfin, pas tout à fait. Ce que le froid ascensionnel n’avait pas réussi à faire, les égouts montois y sont parvenu. Des reflux d’eau nauséabonde, remontant de l’Avenue de la Mer (pourtant déserte à cette heure-ci!) jusque dans le patio, nous ont contraint à un repli interne au milieu de la cave du Chai. On est là pour goûter à du sucre, pas à de la m...! Pour se faire la bouche, rien ne vaut  pourtant du sec. Une production devenue une quasi nécessité pour les vignerons angevins, devant l’affaissement du marché des liquoreux, même quand les vins sont superbes. 6 tries successives, en moyenne pendant les vendanges, permettent de prendre moins de risque dans la gestion des maturités et de ramasser à point pour élaborer le type de vin que l’on souhaite.

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    Le Sec de Juchepie, tout le monde se l’arrache, et il y en a peu. Que ce soit le 2005, au superbe équilibre alliant onctuosité, tension et élégance, sur une finale parfaitement fraîche, ou le 2007, à la jolie trame vive et acidulée. Deux superbes chenins au top, qui ne doivent pas occulter les splendeurs sucrées qui vont suivre.

     

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    En liquoreux, nous goûterons aux quatre cuvées existantes. La production d’Eddy et Mileine se décompose en deux cuvées parcellaires (Les Churelles et les Quarts) et en deux Têtes de cuvée non parcellaires (La Passion et Quintessence), à la recherche de la plus grande expression du millésime. Pour compliquer  utilement les choses, la dégustation portera également sur deux millésimes distincts de chaque cuvée, des années supposées opposés par essence: botrytis versus passerillage.

    L’exercice fut aussi réjouissant que passionnant.

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Churelles : en 2006, il donne un vin tout simple, frais, acidulé, l’expression même du rôti dans un millésime de botrytis. 1997, année de passerillage et grand millésime, c’est autre chose. La robe est dorée. Le nez, d’une grande complexité, délivre des notes de miel, de coing, de fleurs blanches. La bouche développe pas mal d’onctuosité et du gras, sans aucune lourdeur. La finale se fait miel mais reste fraîche. Superbe !

     

    -      Coteaux du Layon Faye d’Anjou Les Quarts : 2003, année de passerillage, donne un vin opulent et miellé, tandis que 2004 joue plus sur la minéralité carbonifère et le graphite, même si la bouche est également étoffée.

     

     

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    Avec La Passion, on arrive dans la recherche d’une grande concentration. La richesse liquoreuse favorise le développement d’arômes complexes, le challenge étant de parvenir à conserver une fraîcheur indispensable pour que le vin reste buvable. 2002, année de passerillage, donne un vin droit, frais et équilibré, à la robe dorée et aux entêtants arômes d’abricot. Le botrytis de 2004 fait ressortir des notes de mine de crayon et de thé fumé, sur l’abricot initial. Un vin riche et gras, à l’acidité plus basse, et à la superbe robe ambrée, évoquant une évolution légèrement oxydative.

     

    La Quintessence nous emmène au bout du processus, dans le registre de l’extrême concentration et des vins hors normes. 1997 est somptueux, salin et iodé, aux magnifiques notes rôties, et à l’équilibre subtil. 2003, sur des notes d’abricot et d’épices, est tout en élégance et en distinction. Fabuleux. Match nul entre botrytis et passerillage, en terme de qualité, même si les deux expressions sont clairement différentes.

     

     

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    Les sessions liquoreuses des REVEVIN se suivent, ne se ressemblent pas et s'imposent de plus en plus comme un moment incontournable, un véritable hâvre de douceur ascensionnel. Merci à Eddy et Mileine Oosterlinck pour ce grand moment gustatif et aux deux Philippe vendéens de l'avoir organisé.

     

    Sunday, sweety sunday...

     

    Olif

     

  • Plus Cava, moins Cava!

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    Le Vin Cœur des bulles, Chardonnay Brut Nature Reserva 2005, Casa Pardet

     

    Pour se donner du cœur au ventre et fêter le départ en vacances, la bulle festive et tonique de ce Vin Cœur des bulles sort vainqueur. Une cuvée spéciale élaborée en Espagne mais ramenée de Belgique, gentiment offerte par Hans Wijnfolie, et ouverte de bon cœur. Un Cava, ça va, deux Cava, ça va aussi. Ben oui. Même si ça n'a apparemment même pas le nom de Cava. C'est Brut Nature, bio, biodynamique, sans aucun additif, ni sulfite ajouté. Et ça ne sent pourtant pas la m...!

     

    Les années se suivent et se ressemblent désormais toujours un peu. Désireux de faire son petit buzz médiatique annuel, avant la sortie de sa compile vinique estivale pour acheteur automnal en supermarché, notre Michoubidou national nous sert une nouvelle fois la soupe au sujet du vin "nature", un brouet  toujours aussi détastable. A Derenoncourt d'idées sur la bioconnerie, Michel B. a décidé de faire monter au créneau "une grosse pointure" du monde du vin. Loin de moi la volonté de donner des leçons de vinification à Stéphane, ni de lui reprocher ses goûts en matière de vin, j'aimerais juste rebondir sur son sens du raccourci, de la généralisation et de la provocation. Grâce à lui, j'ai enfin compris pourquoi Michoubidou ne peut pas sentir les vins sans soufre: ils puent! Pas autant, toutefois, pour rester dans la généralisation abusive, que la majorité des Grands crus classés du Bordelais, qui franchissent une fois de plus avec le millésime 2009 les limites du bon goût et de la bienséance, se foutant royalement et nauséabondement de la gueule de l'amateur moyen, qui va hypothéquer 15 jours de son salaire pour encaver 1/2 bouteille de son vin quotidien. Hormis, entre autres, Pavie-Macquin, exception notable et raisonnable dans ce panier de crabes girondin. Comme quoi, les généralisations ...

     

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    A Ferdinand 2008, La Glacière

    Or donc, les vins "mal élevés", ceux sans soufre dedans, ne tiennent pas la route. "Quand ça marche, c'est de la chance ou un miracle". Personnellement, quand je pense à Ferdinand, je dis nan! Pas réussi à y trouver la moindre trace de la cour de la ferme dont il est issu. Et les vins de la Glacière ne sont certainement pas aussi célèbres que ceux de Thierry Allemand, les seuls à éventuellement trouver grâce aux yeux de Stéphane Derenoncourt. Dur de juger objectivement et réellement les progrès effectués dans ce domaine lorsque l'on a fini par se mettre à dos l'ensemble des vignerons œuvrant pour un véritable renouveau qualitatif de ce type de vin, aussi bien à la vigne qu'à la cave. De la part de tous ces critiques soit-disant bien pensants, un minimum de modestie, sans aller jusqu'à la grande humilité d'un Pierre Overnoy, pourtant mille fois mieux placé pour s'exprimer sur le sujet, ferait du bien à tout le monde.

    Ce qui est certain également, c'est que la croisade michoubidesque anti-nature est loin d'être terminée. Il est certainement difficile pour lui d'admettre qu'il se gourre profondément et que ces vins se vendent mieux et plus cher que ceux qu'il essaie régulièrement de mettre en avant dans la même gamme. Question de crédibilité, probablement, et de fonds de commerce. Quand l'ego et l'économie (l'égonomie?) prennent le pas sur l'idéologie...

     

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    Olif

     

    P.S.: bon, je ne me suis pas vraiment forcé pour écrire ce billet. Pas beaucoup de temps non plus, aussi, mais Michoubidou aurait probablement été tellement déçu si j'était resté coi.

     

    P.S.2.: que les pro ou les anti viennent argumenter tout leur sou, me vilipender ou m'aduler, moi, je pars en vacances. Ce modeste billet n'est, une nouvelle fois, qu'une ode à la tolérance. Que ceux qui aiment se sulfiter le palais à gogo ne se privent pas, il n'est certainement pas question de les en empêcher, je ne prétends nullement avoir raison. Mais s'ils pouvaient ne pas vouloir sans arrêt prouver leur supériorité sur les autres (et réciproquement), ça doublerait mes vacances et le vin ne pourrait qu'en sortir vainqueur, comme ce joli pétillant espagnol, Cœur des bulles.

    Large soif à tout le monde, portez-vous bien.

  • Mont d'Or à la provençale

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    Recette originale et régal assuré. Choisir le Mont d'Or pas trop frais, un soir de pleine lune estivale. Méfiance quand même, car, à 1200 mètres d'altitude, les températures baissent vite, une fois la nuit tombée. Pour se réchauffer, prévoir une petite laine, une bonne flambée et une ambiance provençale. Pas de cigales, pas de moustiques-tigres non plus, juste quelques grillades marinées et un gros carton de vins de Provence. Bandol en tête, mais pas que. Cassis, pour une goulée de blanc, et Les Baux, l'appellation idéale pour de beaux garçons comme nous. Et puis une ou deux Côtes, de Provence et du Ventoux, pour la diversité. Et aussi une ou deux côtes supplémentaires, de porc, pour le manger. Voilà, touiller un peu, respirer un grand coup, déboucher, c'est prêt.

     

     

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    - Cassis 2006, Clos Sainte Magdeleine: le vin de Cassis par excellence. Floral et fruité, frais et gouleyant mais sans une once de facilité. Du vin, il y a, dans cette bouteille. La soirée démarre fort.

     

    - Cassis 2005 Excellence, Domaine de la Ferme Blanche: l'antithèse du précedent, de par son élevage en fût, destiné à apporter de la richesse et de la complexité. Gras et onctueux, il parvient à séduire, mais sans posséder la franchise et la sincérité du Clos Sainte Magdeleine, qui, de loin, reste mon préféré.

     

    - Bandol 1990, Château de Pibarnon: houlala! Comment qu'il est fringant, le pépère! Servi comme premier rouge, afin de lui faire bénéficier d'un palais neuf et affûté. Seule la robe apparait un peu burinée. Le nez est la bouche sont d'une précision et d'une complexité exemplaires, sans aucune note animale ou de tendance à l'évolution. Quand le terroir se surpasse et prend le dessus sur le cépage... Une deuxième bouteille, ouverte plus tard dans la soirée, mais ne provenant pas de la même cave, se révèlera  à peine différente, peut-être avec un peu plus d'évolution. D'un très haut niveau tout de même.

     

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    - Côtes du Ventoux 2006 Les trois Pères, Domaine des Terres de Solence: parfait pour se recalibrer la bouche après la grosse sensation Pibarnon, grâce à son naturel croquant et charnu. Insolente Terre de Solence, vin idéal pour la soif et le mal des montagnes.

     

    - Palette 2006, Château Simone: un vin copieux, ouvert bien trop tôt, mais en voiture quand même, Simone! Dense, à la trame tannique encore serrée, il y a du potentiel et des chevaux sous le capot.

     

    - Bandol 2005, Château Romassan, Domaines Ott: l'une des moins bonnes bouteilles de la série, mais est-ce surprenant, en fait? Un 2005 étonnament fluet, essentiellement boisé (notes de moka brûlé), sans réelle matière derrière. Ott-toi d'là que j'my mette!

     

    - Bandol 2005, Tardieu-Laurent: tiens, ils font du Bandol aussi, ces deux-là? Décidément, pas mon style non plus. Plus de matière que Romassan, mais ramassée, avec tout autant de bois.

     

     

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    - Coteaux d'Aix 2003, Améthyste, Domaine Hauvette: retour au vrai vin, juteux, aux tanins frais et à l'équilibre réjouissant, sans excès d'aucune sorte. Ça goûte et ça donne envie d'y regoûter.

     

    - Les Baux de Provence 2003, Clos Milan, Domaine Milan: ouch! Sanguin, juteux, minéral, frais. Avec Henri Milan, ça dépote sec! Un des tout meilleurs vins de la série.

     

    - Côtes de Provence 2003, Et Cae Terra, Château Barbanau: belle découverte, que cette cuvée de Barbanau, qui produit également le Clos Val Bruyère à Cassis. Un élevage ambitieux au départ, mais qui commence à se fondre, parce que la matière est là. Dense et complexe, légèrement cacaoté, avec une touche animale et encore à peine de bois. Belle persistance en bouche, long et intense.

     

     

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    - Bandol 2001, Château Vannières: il a mis du temps à se révéler, celui-ci. Peu disert, limite dur et austère lors de la dégustation préliminaire, il s'est bien ouvert au décours du repas, laissant s'exprimer la classe et l'élégance du mourvèdre à maturité dans un grand millésime. Beaucoup de finesse sur un joli grain de vin.

     

    - Bandol 2000, Château Pradeaux: malheureusement et irrémédiablement bouchonné. La cave du "Grand" serait-elle maudite?

     

     

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    Le Mont d'Or en Provence, c'est possible. A la ferme du Haut-Soulier, quand l'été est venu. Une dégustation plutôt homogène et d'un très bon niveau. Ça fait du bien de se faire plaisir comme ça!

     

    Olif

     

    P.S.: l'effet suranné et vieillot des photos est dû à l'appli-IPhone "Hipstamatic". C'était voulu, mais il ne faudrait pas en abuser quand même.

  • Vendredis du vin #27: le vin médecin de l'amour


    Vendredisduvin

    Après le vin des copains d'Anne-Laurence Chauvel-Chadronnier, voici venu le temps de l'amour. Avant peut-être celui de l'aventure? Michel Smith, l'un des 5 du vin, catalan d'adoption, grand amateur de carignan devant l'éternel, nous propose, pour la 27ème session des Vendredis du vin, de partir à la découverte du vin médecin de l'amour, voire plus, si affinités sexuelles. Mais, finalement, entre l'amour et l'amitié, il n'y a pas tant de différence que cela, Hein, Henri?

     

    "Entre l'amour et l'amitié,

    il n'y a qu'un lit de différence,

    un simple pageot un pucier

    où deux animaux se dépensent."

     

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    Avant de coucher, pourtant, il faut flirter. Une pure coïncidence, que ce rosé girly trouvé chez mon caviste de quartier, bien avant l'annonce du thème des VDV. L'amour à Maury. Ou plus exactement une amourette de passage, juste un Flirt, avec toi, que je fasse n'importe quoi. Maury, durement touchée par la grêle dernièrement, comme une épine en plein cœur, venue égratigner sauvagement un amour naissant. Que ce rosé 2008 du Clos des vins d'amour puisse contribuer à soigner un petit peu tout ça.


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    Rosé 2008 du Clos des vins d'amour, Vin de Pays des Côtes Catalanes

    Légèreté du rosé, associé à l'été, aux mets légers qui vont avec. Le rose perle à son front, tel un érythème pudique de la jeune fille. Celui-ci est quand même un peu vineux, preuve de son sérieux. Il se boit néanmoins par inadvertance, comme un flirt estival que l'on aura tôt fait d'oublier dès les premières feuilles mortes ramassées à la pelle.

    Un vin médecin de l'amourette, émouvant comme une goutte de rosée un matin d'été, délicieux et parfumé comme une goutte de rosé un après-midi du même été.

     

     

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    La bataille du vin et de l'amour, de toute façon, c'est Alice Feiring qui l'a gagnée!

     

    Olif

     

    P.S.: en bonus, le billet des VDV auquel vous avez échappé ce mois-ci:

     

    Le vin, médecin de l'amour grivois, mais toujours la vie et le vin en rose. Il était deux amants qui s'aimaient tendrement, ils voulaient voyager, mais ne savaient comment. Le Monsieur, il dit à la Dame: "Tu seras bâtiment, je serai le grand Mas que l'on plante dedans. Ah! Ah! Ah!". Si je dis ça, c'est juste histoire de faire le Baux, en fait. Parce que voilà un bien joli rosé pour la table, et que je l'aime. Épicé et gourmand, frais et floral, charnel. Un amour physique, peut-être, mais pas sans issue, n'en déplaise au Grand Serge.

     

     

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    Mas de la Dame, Rosé 2009, Les Baux de Provence


    Mais pourquoi donc est-ce que je m'obstine à associer la couleur rose au vin de l'amour, moi? Il faudra que j'en parle à mon psy.

     

  • En Chaudot, avec Alice Feiring...

     

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    Alice et Pierre. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer un jour. Alice Feiring a sauvé le monde de la parkerisation avec amour, tandis que Pierre Overnoy a sauvé le Jura de la henrimairisation avec conviction. En pleine tournée européenne de promotion de son dernier ouvrage, une œuvre salutaire de résistance face à l'internationalisation du goût du vin, la journaliste américaine Alice Feiring a posé ses valises dans le Jura, plus précisément En Chaudot, dans la campagne pupillanaise profonde. Cette rencontre historique avec le pape du vin sans soufre non formaté, pas question de la manquer, d'autant plus qu'elle était assortie de quelques petits bonus pour la bonne bouche.

     

     

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    Echanges, dédicace, dégustation, au cœur de la nature, par une météo enfin clémente. Les vaches broutent dans le pré, les papillons butinent, les poules picorent, les lapins se font croquer par le chien, les invités se délectent de la gentillesse et de la simplicité d'Alice, entre deux verres de Chardonnay 2007 de Manu Houillon et une ou deux gougères au Comté. Le Ploussard 2009, tiré du fût, n'a pas encore été noté par Parker, c'est trop tard pour lui. Noté "trop bon" par mes soins. Mais il n'y en aura pas pour tout le monde.

     

     

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    Alice Feiring, La Bataille du vin et de l'amour, Editions Jean-Paul Rocher

     

    Olif

     

    P.S.: grâce à Alice, le titre de mon futur bouquin, celui que j'aurais eu envie d'écrire, je le tiens enfin. "La bataille du vin et de la bio-connerie. Comment j'ai sauvé la France de la bettanisation." Pas mieux pour l'instant!

  • REVEVIN 2010: Italie étonnante: La Stoppa ... ou encore!

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    Deuxième Off de ces 7èmes REVEVIN et on reste en Italie. Encore! Direction l'Émilie-Romagne, après une petite mise en bouche sicilienne. Les Italiennes sont belles et, en plus, elles font du vin. Arianna Occhipinti, déjà bue sur le web outre-Atlantique, et Éléna Pantaléoni, qui produit des cuvées pas du tout décousues, furent les stars de cette fin d'après-midi, grâce à l'aimable participation de Fanny Breuil de  Genuine Wines. Une dégustation apéritive appétissante, parfois déconcertante, mais souvent réjouissante, avec des vins d'approche pas toujours évidente pour des palais habitués à souvent plus d'académisme. De l'exotisme vert-blanc-rouge et un feu d'artifice pour les papilles!

     

    - Arianna Occhipinti - SP 68 - 2008 :
    Le nez nous mène tout droit dans une conserverie de poissons de la Côte vermeille. Anchois à volonté, sel marin et tapenade. "C'est l'fun!", pour tout dire, et je n'ai pas souvenir d'avoir déjà goûté à un vin comme cela. En bouche, les tanins sont frais, malgré la richesse, et joliment veloutés. J'adore.


    - Arianna Occhipinti - Il Frappato 2007 :
    Le nez évoque le tabac blond un soir d'été, devant un cocktail de fruits rouges bien frappé. Une fraicheur oxymorale pour un vin aussi solaire, aux tanins souples et acidulés, qui présentent une petite pointe d'amertume finale venant fort élégamment titiller l'arrière-gorge.

     

     

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    - La Stoppa - Gutturnio 2008 :
    Un assemblage de barbera et de bonarda plutôt bonnard et pas du tout barbant. Indéniablement animal au premier nez, évoluant sur des notes de cacahuète et d'arachide, on est pourtant loin de l'enclos d'une guenon au zoo de Vincennes. Le fruit se dévoile juste derrière, les tanins ne sont pas dépourvus de fraicheur, même si, en finale, ils ont tendance à mordre encore un peu. L'acidulé frais de la Barbera sauve la mise pour un vin bourré de caractère.


    - Barbera della Stoppa 2005 :
    Encore un premier nez fougueux, comme un cheval emballé impossible à arrêter. Cette réduction, équestre autant que passagère, cède vite la place à un joli fruité assis sur des tanins veloutés plein de fraicheur. Ça claque en bouche et c'est particulièrement gourmand.


    - La Stoppa 2003 :
    Assemblage "bordelais", typé cabernet, c'est pourtant cette cuvée qui se veut emblématique du domaine en lui empruntant son nom. Toujours cette petite note animale, sur des arômes de cabernet légèrement marqués par le poivron. La bouche, aux tanins bien enveloppants, finit un peu ferme, pour ne pas dire asséchante. Je suis moins convaincu. Est-ce dû au millésime?


    - La Stoppa 1999 :
    Le nez possède une toute autre dimension, même s'il est toujours marqué cabernet. De la complexité et de la profondeur, sur des tanins plus fondus et harmonieux. Une belle bouche, bien élancée.


    - Dinavolo - Domaine Denavolo - Giulio Armani - Vin de table blanc 2006 :
    Assemblage de 25% de malvasia di candia aromatica, 25% d'ortrugo, 25% de marsanne et 25% d'un cépage non identifié. Un an de cuvaison, ce qui donne un vin à la couleur ambrée particulièrement étonnante. L'aromatique est typé muscat, mais pas domestica, laissant présagé un vin riche. Que nenni! La bouche est sèche comme un coup de trique, après un début d'attaque à peine arrondi. La finale, abrupte et raide, possède des tanins, comme il se doit sur ce type d'élevage. Complètement déroutant, mais loin d'être dénué de qualités.

     

     

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    - La Stoppa - Ageno 2005 :
    Le même, ou presque, version Elena Pantaleoni. Malvasia, ortrugo et trebbiano. Là encore, une durée de macération qui varie selon le millésime, puis l'élevage dure douze mois environ. La robe est ambrée, le nez muscaté. Attaque sur le miel, dotée d'une certaine rondeur, qui retombe vite pour laisser place à une structure beaucoup plus droite et rèche. Encore un blanc totalement étonnant!


    - La Stoppa - Malvasia frizzante 2009 :
    Du jus de fruit frizzante aux jolis arômes de pomme et de raisin muscat. La bulle est fine, festive, avec un poil de sucre, pour un équilibre subtil et tout en finesse. Une conclusion revigorante, avant un copieux repas italianisant bien arrosé. La Stoppa, ou encore!

     

     

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    Parce que c'est ça, aussi, les REVEVIN. On déguste beaucoup, mais on mange aussi, un peu.

     

    Olif

  • REVEVIN 2010: Étonnante Italie! ... Luca Roagna

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    Luca Roagna, c'est le roi, na! Le king du Piémont, de Barolo et de Barbaresco réunis. Troisième rencontre en moins d'un an avec lui, troisième dégustation de ses vins, vivement la quatrième. Bavard comme pas un, forcément, c'est un Italien. Qui, par contre, ne parle pas avec ses mains mais avec ses vins. Et surtout, qui s'exprime dans un français irréprochable, heureusement, parce que, sinon, on serait restés complètement dans la brume. En parlant de brouillard*, tout, tout, tout, on saura tout sur le Nebbiolo, la véritable star de cette dégustation, lorsqu'il est planté sur les fabuleux terroirs de Barbaresco et Barolo. "C'est la terre qui fait le vin, si on pense que c'est l'œnologue..." C'est ça, l'humilité du véritable vigneron, terrien dans l'âme, amoureux de son terroir, respectueux de son raisin. Dans la famille Roagna, "on n'a jamais tué son terroir". Une approche bio à la vigne, non certifiée, mais une des rares dans la région, alors cela mérite vraiment d'être souligné. Doublée d'une approche authentique à la cave, soulignons donc deux fois. L'authenticité n'est pas labellisée non plus, mais beaucoup, même les plus grands, ont oublié en route la façon de révéler la quintessence du Nebbiolo, cédant aux sirènes de la facilité œnologique et de la standardisation du goût international. L'authenticité, en matière de nebbiolo, ce sont des macérations longues, doublées d'un élevage long en foudre. Jusqu'à 12 ans pour certaines cuvées! Là où la majorité des vins ont déjà été bus, chez Roagna, on n'a pas encore fini de les élever ni même commencé à les commercialiser.

     

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    Malgré un emploi du temps surchargé, entre travaux à la vigne et réunions de famille, Luca a sauté dans la première Rosalie disponible entre Barbaresco et Saint-Jean de Monts pour animer cette deuxième journée des REVEVIN entièrement consacrée à l'Italie. Avec pour mise en bouche, une mini-verticale de Dolcetto, avant de rentrer dans le "grand jeu du nebbiolo". Le Dolcetto d'Alba, c'est le cépage qui donne naissance au "bébé"  du domaine, le vin que l'on peut boire jeune et frais. Mais, ce n'est pas une raison pour le bâcler. Des vieilles vignes de Dolcetto, chez Luca, on en trouve dans l'amphithéâtre de Pajé, là où le Nebbiolo pourrait être roi. Mais elles ne sont pas arrachées pour autant, par respect. Parce que si on les a plantées de longue date à cet endroit, c'est certainement qu'il y a une bonne raison. Tout comme les étiquettes piémontaises traditionnelles sont pieusement conservées pour signifier l'attachement aux valeurs anciennes.

     

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    - Dolcetto d'Alba 2008: robe burlat, nez au fruité frais avec une petite pointe végétale, bouche aux tanins souples, glissants, avec une belle fraicheur acidulée.

    - Dolcetto d'Alba 2007: nez plus réservé, partant gentiment sur le secondaire. Structure plus tendue et serrée, mais bien calibrée. Un air plutôt sérieux, pour un Dolcetto.

    - Dolcetto d'Alba 2006: le secondaire est bien là, cette fois, et le nez distille du cacao à tout va. Les tanins sont marqués mais croquants, avec de la fraicheur et une finale acidulée. C'est bon!

    - Dolcetto d'Alba 1989: la robe tire sur l'orangé. Le nez est très ouvert, complexe et délicat, franchement tertiaire. Cuir, tabac, vieille prune. En bouche, les tanins sont souples et fondus, un peu évanescents. Tout le charme d'un vieux vin, dont le corps s'affaiblit mais dont l'esprit reste alerte. D'aucuns l'ont considéré comme passé, mais il a toujours son charme. Certainement plus au décours d'un repas qu'en dégustation pure.

     

     

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    A partir de là, les bouteilles sont dégustées à l'aveugle, avec comme challenge supplémentaire de reconnaitre l'appellation, le cru et le millésime. Fun! Un tour du monde en Rosalie à gagner pour celui qui identifiera à coup sûr le Barbaresco Montefico 2004!

    - Langhe Rosso 2003: belle petite parenthèse avec cette cuvée d'appellation régionale, issue des jeunes vignes, histoire de faire tranquillement la transition entre le Dolcetto et le Nebbiolo "grand cru". Le nez possède une belle complexité, avec encore du fruit et des notes chocolatées. La bouche est pleine, élégante et gracile, sur des tanins frais et acidulés en finale. La marque du Nebbiolo!

    - Barbaresco Pajé 2003: 60 jours de macération pour cette cuvée "d'entrée de gamme" en Barbaresco. Du Nebbiolo d'école, riche, complexe,  finement chocolaté, mais porté par un acidulé frais qui est vraiment sa marque. Jamais les tanins n'agressent, car ce sont ceux du raisin et non pas du bois. Tout au plus une petite pointe d'alcool en finale, comme une petite laine sur les épaules, pour tempérer l'air vendéen ascensionnel encore frisquet.

    - Barolo La Rocca e la Pira 2003: comme son nom l'indique, la minéralité transpire dans cette cuvée toute en finesse et en élégance. Un Barolo qui ne roule pas les mécaniques, ce n'est certainement pas son registre.

    - Barolo Vignia Rionda 2005: une cuvée provenant d'un achat de raisins issus des anciennes vignes du Roi d'Italie. Des vignes bichonnées par leur propriétaire, sous la haute surveillance de Luca. Une macération longue de 70 jours apporte race, tonus et fraîcheur. Un très beau vin qui se présentera sous un jour complètement différent lors du repas du soir. Servi à l'aveugle au milieu d'un large échantillon très peu représentatif de la qualité des vins italiens, personne ne l'a reconnu, même Luca!

    - Barbaresco Montefico 2004: du Nebbiolo sur un terroir calcaire. Tannique et puissant, au grain encore dense et serré. L'acidulé frais réhausse la finale. Très beau, en devenir, il a besoin de temps pour se détendre.

    - Barolo Riserva La Roca e la Pira 1996: 12 ans d'élevage en foudre pour ce vin arrivé tout droit d'Italie dans les valises de Luca. Un peu stressé par le voyage, il délivre pourtant de jolis arômes tertiaires sur des notes fruitées de cassis et de fraise. Les tanins sont étonnamment fins, polis longuement par l'élevage. Une grande bouteille.

    - Barbaresco Crichët Pajé 1999: superbe nez empli de fraîcheur, avec un soupçon de végétal épicé, type menthe poivrée. La bouche est d'une densité exceptionnelle, à la texture veloutée. Longue finale persistante. Grandiose.

    - Barbaresco Crichët Pajé 1989: l'expression d'un grand Barbaresco à son apogée pour encore longtemps. D'une jeunesse incroyable, il parait indestructible malgré ses airs de danseuse étoile. A peine kirsché, légèrement acidulé, délicatement tannique, exceptionnellement bon. Permet de mieux appréhender le potentiel de garde du Nebbiolo par rapport au Dolcetto.

     

    En guise de conclusion:

     

    - Langhe Solea 2003: le "sorbetto", d'après Luca, un vin blanc destiné à nettoyer la bouche des tanins, idéal à proposer en fin de dégustation. Composé de 75% de Chardonnay et 25% de Nebbiolo. Fruité, frais, acidulé et anisé, avec une petite sensation tannique apportée par le Nebbiolo. Rafraichissant.

    - Barolo Chinato: après le sorbetto, l'apéro et le dijo, deux en un! Un véritable Barolo macéré avec des herbes et de la quinine, toujours aussi décoiffant à déguster. On sent la grande qualité du vin derrière les amers de la quinine, qui est loin de tirer la couverture à elle toute seule.

     

     

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    Luca Roagna, roi du Piémont, roi du Pays de Monts. Vers un jumelage Barbaresco-Saint Jean de Monts?

     

     

    Olif

     

    * Brouillard se dit Nebbia, en italien. Le Nebbiolo en tire son nom, du fait de sa maturité tardive et automnale. Les ampélographes étymologistes  italophones me corrigeront si besoin.

     

    P.S.: le petit Jull est prié de prendre contact avec le Chai Carlina de Saint-Jean de Monts afin de retirer son prix (private joke).

  • REVEVIN 2010: Frédéric Sigonneau, l'R de rien!

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    Premier Off des REVEVIN 2010, celui consacré aux jeunes talents de Loire, et voilà que l'occasion nous est donnée de prendre l'R. Chinon, la belle endormie, assise sur ses certitudes depuis pas mal d'années, avait bien besoin d'un bon bol d'R frais. Touché Couly! Sigonneau m'était conté... Frédéric de son prénom. On est évidemment encore loin de détrôner Alliet et Baudry, les papes de l'appellation, mais ça fait quand même du bien de pouvoir goûter à un vin de Chinon dépoussiéré de tout l'héritage du passé. Elaboré dans un esprit festif et débridé, même si les galères en tout genre se sont abattues sur la tête du néo-vigneron depuis son installation. Trois millésimes, trois cuvées, l'intégrale des vins en bouteilles. C'est toujours un moment privilégié, qui n'est généralement possible que chez les jeunes vignerons.

     

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    Pour la mise en bouche, une Fille de l'R 2009 habillée d'une jolie robe rose. Un rosé de saignée aux jolis arômes de pamplemousse et l'amertume qui va avec. Un soupçon de sucre (3,80g/l), comme autorisé dans les décrets de l'appellation Chinon rosé. Ça gomme l'amertume, retire un peu de peps et c'est dommage. De la séduction, un poil racoleuse. Je l'aurais aimée plus sèche, cette Maja, ou, mieux, complètement nue!

     

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    Place aux rouges, avec les 3 millésimes du Canal des Grandes Pièces, la cuvée de fruit destinée au plaisir immédiat, élevée en cuve ciment. 2009 affiche une robe violine de vin juvénile, sans crise acnéique pour autant. Croquant et charnu, avec un côté "branche verte cassante" d'inspiration toute québecoise. 2008 tire plutôt sur le cassis et les fruits surmûris. Plus serré, mais ses tanins restent toujours frais. 2007, le premier millésime, passerait presque pour du Carignan, avec ses notes de cassis giboyeux. Passée cette réduction animale première, on trouve un vin détendu en bouche, avec une belle personnalité, mais un peu borderline. Comme à ses débuts, qu'il n'a jamais reniés.

     

    Les 5 éléments, une cuvée élaborée avec des raisins issus de 5 parcelles différentes, est particulièrement juteuse en 2008. De la longueur et du croquant. En 2007, elle tient un peu de Bruce Willis dans le film de Luc Besson qui lui a donné son nom. Concentrée et massive, sur la feuille de cassis et le bon végétal (encore la branche verte!), elle reste fraîche dans sa finale. Comme une apparition de Milla Jovovitch dans son costume en bandes molletières.

     

    Les Folies du Noyer Vert bénéficie d'un élevage barrique de 18 mois. Ça lui donne du corps et de la structure. Un peu too much à ce stade, en 2008 (où le boisé ressort encore nettement), comme en 2007 (qui commence à se fondre mais dont la finale reste ferme et un peu rêche). Un vin solide qu'il faut commencer à attendre.

     

     

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    Tout ça nous donne donc au final un vigneron et un domaine assez excitants à suivre, sans en avoir l'R! Vivement dans quelques années, en fait!

     

    Olif

     

    P.S.: le Doc a déjà dégainé depuis longtemps, suscitant un certain nombre de réactions. C'est à lire sur Escapades.

  • Du nouveau dans la Bloglouglou...

     

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    La Bloglouglou s'anime, s'agite et s'enrichit, c'est bien. La preuve qu'elle n'est pas un long fleuve tranquille. Relayée de plus en plus par les réseaux sociaux, elle tente même de se frayer une autoroute dans le milieu de l'œno-communication. Un pari gagnant pour l'avenir?

     

    Découvrir les vins de Loire autrement...

     

    Parmi les derniers apparus, un dont on parle déjà depuis quelque temps, le blog d'Eva Robineau, qui s'annonce paradoxalement comme un véritable robinet à vins, ostensiblement orienté Loire. Les amateurs de chenin vont avoir un bel Oenos à ronger. Ça commence fort avec un sujet sur Christophe Daviau, du domaine Bablut, et plein d'autres petites choses.

     

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    Chez Terre de Vins, on aime bien les modes de déplacement écologiques. Après le VinoSolex, c'est au tour du VinoVélo de faire son apparition. Un beau projet de fin d'études pour un p'tit jeune qui en a dans les mollets, celui de parcourir le vignoble nord-américain, de Québec à l'Ontario, pour finir dans l'état de New-York. De belles rencontres en perspective, c'est bien tout ce qu'on lui souhaite. Et on attend avec impatience le récit de ses aventures dans la Belle Province. Peut-être y rencontrera-t-il une belle princesse? L'arrosage de fin d'année scolaire, ils l'ont fait à la DRC, les p'tits gars de l'Institut Universitaire de la Vigne et du Vin de Dijon. Ça aurait pu finir plus mal! Et ça augure bien de la suite.

     

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    Ces deux-là ne sont déjà plus des p'tits nouveaux, mais presque. Et comme ils sont deux, qu'ils ont une bonne double-tête, même s'ils s'expriment parfois aussi avec leurs pieds, que leurs commentaires respirent la sincérité, l'authenticité et la joie de boire, il leur sera beaucoup pardonné. En plus, ils aiment le Jura, alors! Et le bon Champagne, celui des vignerons ... Bicéphale buveur est leur nom de scène et ils ne boivent pas pour deux, mais deux fois plus. Trop forts!
     
     
    Une cascade de nouveaux blogs sur le vin, faits par des passionnés, des amateurs et des buveurs, voilà qui ne peut qu'être stimulant pour tout le monde! Vivement les prochains!
     
     
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    Olif
  • Dégustation de Rêve en petit Comité...

     

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    Ça y'est, je peux mourir. Pas après avoir vu Venise, un truc de belle-mère, mais pour être allé à la Romanée-Conti. Le rêve inaccessible de tout œnophile normalement constitué. Un genre de quête du Graal qui laisse complètement ébahi une fois la geste accomplie. Récit de cette journée épique, minutée comme une horloge suisse pourtant légèrement grippée à l'allumage. Finalement, 10 heures pile à Vosne grâce à l'emprunt d'un itinéraire-express. La ponctualité helvétique peut se hausser de nouveau du col.

     

    Sur le portail rouge, anodin en apparence, deux initiales au sommet. RC. Pas besoin d'en dire plus. Cela ne peut aucunement signifier Rez-de-Chaussée. Le quidam passe devant sans même se détourner, là où l'initié se génuflexionne et s'auto-flagelle à grands coups de guide vert de la RVF sur la tête, en rêvant de pouvoir un jour y introduire ne serait-ce que le bout d'un orteil.

     

     

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    En attendant le chef de culture Bernard Noblet, son petit panier de verres sous le bras, et le départ pour la cuverie, précaution d'usage et passage aux toilettes. Au fond à gauche, comme un peu partout ailleurs dans le monde. Sauf qu'ici, pour y aller, on passe devant des palettes de caisses en bois estampillées "Société civile du Domaine de la Romanée Conti" et sur lesquelles on peut aussi lire "La Tâche", "Richebourg", "Romanée Conti", "Montrachet". Juste posées là, en attendant qu'un transporteur vienne les chercher. Et les expédier au bout du monde. Les toilettes, elles, sont juste ordinaires. Comme un peu partout dans le monde, d'ailleurs. Il n'est même pas écrit DRWC sur la porte.

     

     

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    Les toilettes, c'est juste après les palettes, au fond à gauche.

    Toutes les commissions ayant été faites, y compris la grosse, celle qui consistait à régler en espèces une caisse bois tatouée 007 sur le front, c'est parti pour un endroit secret qui recèle de nombreux trésors. Les yeux bandés et à la queue leu leu .

     

     

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    "Je frappe au n°3, je demande Mr Noblet...."


    Au n° 3, de manière totalement anonyme, dans une rue de Vosne, on trouve une cuverie. Semblable à la plupart des cuveries bourguignonnes. Petite concession à la beauté vraie: des cuves en bois, la marque des plus grands. Ici, l'on produit l'un des vins réputé être le plus cher au monde. Il vieillit en silence à la cave, avec tous ses congénères du millésime 2009. Manquent juste à l'appel les Echezeaux et le Corton,  excusés pour cause de travaux.

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    Une fois parvenus dans le chai à barriques, le silence s'impose. Certains se frottent la moiteur de leurs mains sur le pantalon. Surtout, ne pas transpirer du front, que cela reste discret. Drôlement émouvant, quand même. La nuit, tous les chais sont gris, mais celui-là brille perpétuellement par la qualité des vins qui y reposent. Chaque fût est estampillé du nom de la cuvée qu'il contient, ce qui, il faut bien l'avouer, est très classe et particulièrement pratique pour s'y retrouver. Savoir que tous ces crus mythiques se trouvent à portée de pipette laisse rêveur. Une fois parvenu à cet endroit précis, aucun n'est inaccessible. On les goûte tous, comme on ferait de n'importe quel vin, dans n'importe quelle cuverie. La simplicité avec laquelle le visiteur de passage est reçu impressionne. Bernard Noblet, de prime abord très réservé, ne manque pas d'humour, essentiellement pince-sans-rire, incitant à la retenue réciproque tant que l'on ne l'a pas totalement appréhendé. La dégustation des 2009 au fût peut enfin commencer. D'un point de vue technique, 100% vendange entière (sauf cas particulier, selon les millésimes) et 100% fût neuf pour les Grands Crus.

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    Le premier coup de pipette fut pour les Grands Echezeaux. Plein, séveux, élégant et fin, il me subjugue déjà complètement, même malo non finie. Une entrée en matière de haut vol, qui laisse pantois quant à la suite à envisager. Mon Dieu, est-ce possible?

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    Suivant une progression logique dans la hiérarchie des crus, direction la Romanée Saint-Vivant, qui présente une structure beaucoup plus massive et imposante de prime abord. Le boisé, imperceptible au nez, se fait sentir en bouche, mais au service du fruit, qu'il vient soutenir. Équilibre frais, fin, avec un joli retour du fruit en finale, très persistant. Finalement, peut-être que Dieu existe?

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    Richebourg est dans la retenue. Le nez, très précis, s'ouvre sur une réduction passagère. On sent beaucoup de finesse, mais le vin est encore complètement resserré sur lui-même. La qualité des tanins ne laisse aucun doute sur celle du vin encore en devenir, qui devrait s'épanouir dans la longueur et la finesse. Sans nul doute le plus réservé de tous à ce stade, mais un véritable Dieu du stade.

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    Derrière, un fût qui fait Tâche! Non pas qu'il soit sale, évidemment, mais je ne sais pas m'en empêcher. Moi, La Tâche, j'en ferais bien mon vin de copain, si ce n'était le prix. Ouvert et généreux, il se donne comme pas permis. La finesse de grain est absolue, sur des notes légèrement florales, réhaussées par une pointe tonique (malo non terminée). Du bonheur déjà en fût, qui devrait se prolonger en bouteille. Mon Dieu, suis-je déjà au Paradis?

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    A tout seigneur tout honneur, le mot de la fin au fût de Romanée-Conti, le plus près de la sortie, en fait. Pour une fois, la malo est déjà terminée. Le seul des Grands Crus à l'avoir faite jusqu'à présent, alors qu'habituellement il se laisse désirer. Comment peut-on recracher ça, même à ce stade? Floral, fin, élégant, suave, hautement buvable. Le temps suspend son vol à nos lèvres. Le seau restera désespérément vide, même si, le fin du fin consistera à participer à l'ouillage collectif en remettant la dernière petite goutte du verre dans le fût où elle a été prélevée. Un petit geste solidaire mais méritant, que Dieu saura rendre.

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    Retour au domaine proprement dit, dans la salle de dégustation, pour un petit jeu de découverte du millésime et de l'appellation à l'aveugle. Comme une grosse cerise sur un gâteau déjà bien copieux, même si cela n'est pas apte à effrayer les dégustateurs besogneux que nous sommes.

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    - Échezeaux 1999: nez sur l'âge, à l'évolution harmonieuse. Chocolaté, un peu floral, avec encore du fruit, et des tanins "à faible niveau d'astringence". C'est à dire pas astringents du tout, en fait, mais avec une pointe d'acidité parfaitement intégrée. Long et persistant, loin de son apogée, ce "bas de gamme", dixit Bernard Noblet, un petit sourire en coin.

    - Échezeaux 1990: nez fin et complexe, aérien, sur le cacao et le pruneau. Tanins tout en dentelle, fins, frais et élégants. Grande longueur, toujours sur la finesse, la signature des grands millésimes.

    - Batard-Montrachet 1995: 900 bouteilles produites par an, une cuvée non commercialisée mais régulièrement proposée à la dégustation. Une vendange tardive sans botrytis, une cuvée "à l'ancienne", récoltée bien mûre, à la robe dorée par l'âge, au nez empyreumatique de vieux chardonnay, sur le cacao, la cire le beurre rance. Mais pas n'importe quel beurre rance! Un Bordier, un qui a du goût, de la personnalité, de la race et de la classe. La bouche est droite, bien sèche et minérale, s'opposant à l'exubérance et la richesse du nez, évoluant sur le beurre salé caramélisé, façon Kouign-Amann. Exceptionnel!


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    Gloire à Bernard Noblet, un saint homme qui préside aux destinées du cru le plus fabuleux au monde. Sans rire.


    Ainsi s'achève, la larme à l'œil, ce périple à la Romanée Conti, qui compta dans ma vie d'amateur, même si je ne suis pas Romanée de la dernière pluie. Avant de mourir, en fait, j'aimerais bien avoir l'opportunité de regoûter à ces 2009 dans une petite vingtaine d'années. Si cela n'est pas trop vous demander, mon Dieu?

    Olif

    P.S.: la DRC fait régulièrement "portes ouvertes", en ce printemps 2009, et bon nombre de privilégiés ont pu apprécié la grandeur du cru, ici ou . Les veinards!
  • REVEVIN 2010. Le Clos Saint-André en Vendée: Mourat, mourra pas!

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    Saint-Jean de Monts, Vendée occidentale, Loire méridionale. 7èmes REVEVIN, millésime 2010. Pot d'accueil des arrivants lointains, exténués d'avoir roulé toute la journée, parfois même en mode "conduite accompagnée". Plutôt envie de s'en jeter un derrière la cravate que de passer déjà en mode "dégustation on". Grâce à Jérémie Mourat, on va pouvoir faire les deux, en fait. Avant-première et dégustation de son premier millésime du Clos Saint-André, dans son Fief de Mareuil, où le nom de Mourat est plus que bien connu. Déjà 12 ans qu'il vinifie, notamment au domaine familial, célèbre pour sa cuvée Marie du Fou, et puis et puis... C'est fou! Recréer le vignoble originel du Clos Saint-André, totalement disparu, mais pourtant réputé être issu des meilleurs terroirs, ne fut pas une mince affaire. De la patience il a fallu. Grâce à Jérémie Mourat, le Clos-Saint-André ne mourira pas. Une telle virginité des sols, pendant plus de 40 ans, sur les plus beaux coteaux de l'appellation, il ne fallait pas trop la brusquer. Le bio s'est naturellement imposé, il eût été dommage de ne pas en profiter. Les vinifications se font en œuf Nomblot pour les blancs, en demi-muid pour les rouges. Sulfitage léger à la mise. Bouteilles bourguignonnes, étiquetées "Loire méridionale".

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    2009, premier millésime, et la qualité est déjà au rendez-vous. Une troisième feuille qui a éclos en année chaude, donnant des blancs de très haute maturité, récoltés à 14° potentiels, si ce n'est plus. Du chenin qui garde pourtant une énorme fraicheur, sur la cuvée Clos-Saint-André et même sur Les Terres-Quarts. Une mise récente, mais des vins déjà en place, assez séduisants. A ce stade, le Clos Saint-André l'emporte du fait d'une acidité mieux perçue, mais les Quarts, plus puissants et plus riches, devraient tenir la distance.

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    Le gros coup de cœur de cette intro revevineuse, en ce qui me concerne, ce fut sans nul doute pour Grenouillère 2009, une négrette même pas verte, au sujet de laquelle Jérémie avait quelques craintes du fait de la mise récente. Assez caractéristique du cépage, à la fois végétale et métallique, elle était toute imprégnée de gourmandise et de fraicheur. Il faut bien avouer qu'après le troisième double-magnum, les papilles commençaient à saturer un peu, mais, en attendant, la négrette s'était parfaitement requinquée de sa mise, tandis que les Revevineurs se mettaient une sacrée requinquée. Le Pinot ragoutant, nom local de cette variété de raisin que l'on trouve également à Toulouse, au Fronton de la négrette et de la violette, est effectivement plutôt ragoutant. On en boirait des litres!


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    Une chose est sûre, le Clos-Saint-André et la production de Jérémie Mourat seront à suivre avec attention. Il serait même avisé d'en mettre quelques bouteilles en cave, s'il y reste de la place et encore du vin sur le marché. Allo, la Vendée?

    Olif

  • Vendredis du vin #26: les vins de copains d'abord

    Vendredisduvin

     

    "Non ce n'était pas le bon gros

    Rouquin qui tache, ce picolo,

    Qu'on se le dise aux VDV

    Dise aux VDV.

    Il se buvait en père peinard

    En gouleyant très bien, c'pinard

    Et s'app'lait l'vin des copains d'abord

    L'vin des copains d'abord."

     

    Grâce à Anne-Laurence Chauvel-Chadronnier, la nouvelle présidente intérimaire des Vendredis du vin et grande copine du rouge, du blanc et des bulles, on va pouvoir se taper fort sur le ventre, en sifflant allègrement des nabuchodonosors de "vin de copains". Le choix est vaste, entre la cuvée "Les copains d'abord" du domaine des Sablonnettes, en Anjou, "Les copines aussi", du même domaine qui ne voulait pas faire de jalouses, "Les copines" de Jean-Louis Tribouley en Roussillon. Et bien d'autres, je suppose, qui revendiquent ouvertement ce qualificatif de "vin de copain" sur l'étiquette.

     

    C'est quoi, un vin de copain, finalement? Ben, ça dépend de ses copains, en fait. J'en connais qui pourraient, à cette occasion, déboucher un Mouton-Rotschild 1945, s'en servir un dé à coudre et se le siroter gentiment, le monocle sur l'œil et le petit doigt en l'air, entre deux louches de caviar. Mais c'est un mauvais exemple, finalement. Les Grands Crus historiquement classés ne sont pas de véritables vins de copains. Ce sont des vins d'amis aristocrates qui n'aiment guère le picrate. L'aristopicrate n'a pas droit de cité lors de ces 26èmes VDV. Le vrai vin de copains, c'est celui qu'on partage sur le pouce avec les potes, parce qu'il faut absolument qu'ils goûtent ça, vous allez voir comme c'est super bon les gars et, en plus, c'est pas très cher. Enfin, ça dépend des fois. Le vin de copains, il est de toutes les couleurs et il se sert sans cérémonial, juste pour le plaisir, éventuellement avec une ou deux tranches de saucisson.

     

    Alors, sans aucune volonté de fayoter avec Mme la Présidente, je n'ouvrirai pas une bouteille, pas deux bouteilles ... mais ... trois bouteilles! Pas de Bordeaux, sa région fétiche, pourtant, j'aurais pu. Que des vins de Loire, parce que j'y ai deux ou trois copains et que certains cépages originaux que l'on trouve là-bas correspondent bien à l'idée que je me fais de ce concept de vin de copains. Du canon sans prise de tête, à "haut coefficient de torchabilité"© Patrick Meyer l'Alsacien. C'est parti les copains!

     

    Rouge. Un Coup de canon 2008, ou plutôt plusieurs. Le Coup de canon, c'est du grolleau. Et quand le grolleau est tiré, c'est gagné. Il faut le boire. Un vin dangereusement bon pour qui se trouve en ligne de mire, signé Grégory Leclerc, vigneron a Chargé, en Touraine. Fruité, frais, épicé, croquant, gouleyant, charmeur, accrocheur, les arguments ne manquent pas pour avoir envie d'en partager un obus ou deux avec les poteaux.

     

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    Crédit photo: Escapades, à qui je pique le cliché sans vergogne, puisque le Doc est un copain et que c'est ma bouteille qu'il a photographiée!

    Blanc. Les Petits Acacias du domaine du Moulin, d'Isabelle et Hervé Villemade. Appellation Cour Cheverny, cépage romorantin. Millésime 2006. Ça, c'est un cépage de copains, le romorantin. D'ailleurs, ça rime bien. Un blanc d'une grande gourmandise avec une finale claquante, appelant une nouvelle gorgée. Fruits, agrumes, belle acidité, jolie minéralité, une bouteille qui se boit avec avidité, tellement vite que je n'ai pas eu le temps de prendre un cliché. Et en plus, comme certains copains, ça vieillit bien.

     

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    Crédit photo: Blog-vinbionaturel, à qui je pique aussi le cliché sans vergogne, on est copains de vin, tant pis si ce n'est pas le même millésime.

     

    Bulles. "Juste avant l'été", quand l'herbe n'est pas encore coupée, que la soif se fait sentir à l'heure de l'apéritif, invite une ou deux copines (ou des copains, si tu es une fille, ou peu importe, selon tes orientations sexuelles), mais pas trop si tu n'as pas un stock suffisant de bouteilles, et alors, couchés dans l'herbe, avec juste le soleil pour témoin, sers-leur donc quelques petits verres de ce délicieux pétillant naturel à base de chenin, à la robe discrètement et joliment orangée si tu as mal rincé ton verre de rouge au préalable. Laisse son charme agir et la bulle venir leur caresser le palais. Ecoute-les ensuite rire et s'esclaffer, pouffer même, tous leurs sens en émoi. Avant de finir par leur caresser le palais, toi aussi. Et de balancer leur robe dans les orties. "Juste avant l'été", un vin de copines, sensuel et même plus, si affinités. Méfie-toi simplement du paysan, qu'il ne commence pas trop tôt les foins, fonction de la météo, juste avant l'été. Et qu'il ne prenne pas sa fourche pour chasser de son champ les impudents qui ont osé broyer son herbe. Juste avant l'été, Mosse. Pas Kate, mais Agnès et René.

     

     

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    Salut les copains!

     

    Olif

  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, la dégustation


    Compte-rendu de la première session de ces REVEVIN 2010, où le Jura, et plus spécifiquement le Savagnin, se sont retrouvés sous le feu des projecteurs l'espace d'une matinée. Le Jura fut donc le premier invité à monter les marches du patio du Chai Carlina, ce vendredi 14 mai à Saint-Jean de Monts. Son climat aussi, puisque des températures, interprétées comme jurassiques en cette Ascension vendéenne, se sont invitées en dernière minute. Mamert, tu nous fous les glandes. Retourne au Groënland avec Servais, ton pote Inuit. Et, par la même occasion, emmène Pancrace avec toi. Il ne faisait pas -36,7°C le matin, comme à Mouthe dans le Doubs en janvier 1958, mais on y ressentait une fraicheur océanique  non négligeable, à l'origine d'une extériorisation des poils de l'avant-bras des escapadeurs frileux et d'une intériorisation dans le Chai dès le début de soirée. Pas question, toutefois, de ne pas d'enfiler la tenue rituelle lors de ce séjour ascensionnel vendéen: short et sandales. En mai, fais ce qu'il te plaît et déguste les mollets et orteils à l'air.

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    Du savagnin plein les verres. Exclusivement, même. Le regard crispé de certains des  courageux participants pouvait faire croire que l'on s'apprêtait à  tourner un remake de Fear factor, mais la peur laissa progressivement la place à l'ébahissement et au plaisir au bout de quelques verres. Enfin, j'ose le supposer, personne n'avait de revolver sur la tempe. Les vins ont été servis, généralement par deux, dévoilés en plusieurs temps afin d'apporter les précisions nécessaires à la compréhension de chaque série. J'étais le seul à connaitre l'ordre de service et les vins dégustés, évidemment.

     

    Mise en bouche

     

    -      Arbois Traminer 2006 Stéphane Tissot en 2 services, bouché à vis et bouché liège, sur le même millésime : une vision particulière du savagnin, voulue par Stéphane Tissot. Élevage court, en cuve, pour préserver le fruit et les arômes primaires du cépage. Destiné à une consommation rapide, même si une conservation est possible quelques années, il a été bouché à vis depuis 2006, parallèlement au bouchage classique. Le vin bouché liège semble plus fruité et épanoui. Simple et direct, il est plaisant mais un peu alangui en bouche. Le vin à capsule fleure une petite réduction. Légèrement pétrolé, il est tonique et vif, se révélant au contact de l'air. A mon sens, le bouchage à vis s'avère supérieur, en terme de vieillissement sur ce type de vin destiné à être immédiat, préservant mieux la tonicité et la nervosité. L'avis ne fut pas unanime, mais juste majoritaire. Les deux bouteilles ont leur intérêt, mais, dorénavant, il est fort probable que l'intégralité du Traminer soit bouchée à vis. C'est en tout cas ce que souhaite Stéphane.

     

    -      Savagnin du Domaine Macle, prélevé sur fût, destiné à du Château Chalon, en 2 services sur 2 millésimes, 2008 et 2005: deux futurs Château Chalon qui ne le sont encore pas. Ou la perception du basculement vers  un autre monde, celui de l'oxydatif. Ce type de dégustation de deux savagnins en cours de vieillissement est toujours un moment d'exception, à apprécier religieusement. Le 2008 est encore fermé et peu expressif au nez. Le pamplemousse s'éloigne pour laisser apparaître des épices. La structure du vin est déjà en place, en filigrane. 2005 fait voyager dans l'autre dimension. Ça y'est, le voile fait son effet. La noix verte est apparue, le curry également, un petit peu. La bouche est profonde et dense, développant déjà une pointe de gras, avant de se fondre dans une finale immense et persistante. Un grand Château Chalon en perspective.

     

     

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    Savagnins ouillés

     

    Le Païen, cépage valaisan, n'est autre que le savagnin blanc jurassien. Il est classiquement élevé avec ouillage, même si certains tentent des essais de voile dans un but purement expérimental. Dans le Haut Valais, il prend le nom de Heida. Ces deux pirates, qui vont ouvrir le bal de la série des savagnins ouillés, ont été sélectionnées par Laurent « Vins-Confédérés » Probst et ont joué leur rôle à la perfection, ne venant même pas semer le trouble dans l'esprit des Revevineurs.

     

    -      Heida 2008, Collection Chandra Kurt, Cave de Provins, Valais : cette cuvée est vinifiée par Madeleine Gay, l'œnologue-vedette de la cave de Provins-Valais. Nez plutôt floral et discret, bouche simple, sapide et fraîche. Une jolie entrée en matière, tout en délicatesse.

     

    -      Païen 2008, La Cave à Polyte, Valais: nez ouvert, épicé, sur des notes de céleri en branches. Décoiffant! La bouche est vive, développant de l'acidulé qui termine sur une pointe d'amertume. Aromatique particulière (levurage?) et structure pas complètement en place, mais un vin intéressant.

     

    -      Arbois Savagnin 2006 et 2008 (prélevé sur fût), Domaine de l'Octavin : deux cuvées de savagnin ouillé d'un jeune domaine jurassien extrêmement prometteur, à comparer, pour juger des progrès en matière de vinification (entre 2006 et 2008, évolution vers la biodynamie et plus de naturels dans les vins). 2008 possède tension, acidulé et vivacité, mais ne s'exprime encore que très peu dans le verre. L'élevage devrait lui amener de la complexité. 2006 possède du gras et de l'onctuosité, avec une belle minéralité jurassienne sous-jacente, mais manque à peine de nerf en finale.

     

    -      Côtes du Jura Novelin 2006, La Maison de Rose : un joli savagnin ouillé d'un fort sympathique domaine situé à Saint-Lothain, au Sud de Poligny, qui travaille chardonnay et savagnin dans le même esprit de fraîcheur. Ce 2006 est à point, floral avec un zeste d'épices et une pointe de massepain.

     

    -      Côtes du Jura Savagnin Chalasses Marnes bleues 2006, Jean-François Ganevat : une référence dans le landerneau jurassien, en matière de vins ouillés. Le Chardonnay des Chalasses est un must, le Savagnin l'est tout autant, grâce à la présence de ces marnes bleues si caractéristiques et propices au bon développement du savagnin. Une grande cuvée, qui se goûte au top, avec toujours autant d'acidité directrice et de droiture. Un modèle du genre!

     

    -      Côtes du Jura Fleur de Savagnin 2001, Collectif Labet : une cuvée désormais classique de ce domaine, qui est plutôt réputé dans les  sélections parcellaires ouillées de Chardonnay. Le Savagnin a aussi grandement sa place en Sud-Revermont, le terroir s'y prête. La robe est dorée, le nez est complexe, iodé, sur la cire et les épices. Une bouteille à boire, parvenue à maturité, qui garde encore de la fraicheur.

     

    Vieux Savagnins ouillés

     

    -      Côtes du Jura Savagnin 2001 ouillé 6 ans, Collectif Labet : un collector, totalement épuisé au domaine. Le même que précédemment, si ce n'est qu'il a vieilli 6 ans en fût plutôt qu'en bouteille. Le nez est plus miellé, marqué encaustique, avec un séduisant côté "vieux chardonnay". L'attaque est plutôt doucereuse, puis développe de l'amplitude, s'élargit et persiste longuement.

     

    -      Arbois-Pupillin Savagnin 2003, Domaine Overnoy-Houillon : le domaine de référence en matière de vieux savagnins ouillés, sur un millésime très particulier. Où l'on devrait découvrir que la canicule n'a que très peu affecté les sols jurassiens marneux, l'élevage long permettant en outre un affinage de l'alcool. Premier nez champignonneux, faisant craindre une déviance liégeuse. En bouche, noix, épices, et toujours cette petite sensation "liège". La structure du vin me parait altérée, ne ressemblant nullement à la précédente bouteille dégustée. Aurait-il été frappé de savagninite aigüe?

     

    -      Côtes du Jura 1999 Les Vignes de mon père, Jean-François Ganevat : 9 années d'ouillage pour acquérir une complexité digne d'un Jaune. Vive l'élevage long, même s'il est encore légèrement perceptible au nez. La bouche est fraîche, riche, immense, puissante et longue, très épicée. Magnifique!

     

     

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    Savagnins sous voile

     

    -      Côtes du Jura 2007, Clos des Grives : un savagnin classique, élevé sous voile. Vignoble du Sud-Revermont, culture bio certifiée depuis de nombreuses années. D'expression classique, sur la noix verte. Pas immensément complexe, mais agréable.

     

    -      Arbois Soliste 2004, Jean-Marc Brignot : le premier millésime de Jean-Marc Brignot, qui découvrait à la fois ce cépage et le voile. Élevage d'un an en cuve sous voile, sans soufre. Nez oxydatif très fin, gardant du fruit. Bouche fine et élégante, juteuse et fraiche, persistante. Un savagnin oxydatif tout en dentelle. J'adore.

     

     

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    Vins jaunes

     

    -      Arbois Vin Jaune 2003 Les Bruyères  et Arbois Vin Jaune 2003 En Spois, Stéphane Tissot : les premiers Vins Jaunes de terroir, par Stéphane Tissot. Une approche de la finesse du Jaune dans un essai de hiérarchisation et de différenciation des terroirs à oxydatifs. En Spois toujours plus rond et immédiat, Les Bruyères tourbé et fumé, plus large et riche en alcool.

     

    -      Château Chalon 2003, Domaine Macle : le dernier-né de Château Chalon, en avant-première (ou presque) sur la croisette de Saint-Jean. Tout jeune, presque bébé, il est plutôt sphérique, très rond en attaque, avec une relative fraicheur.

     

    -      Arbois Vin Jaune 2000, Michel Gahier : un Jaune d'Arbois dans un style classiquement différent de celui de Château Chalon, mais s'exprimant ici dans un registre plutôt fin. Miel, épices, après une fugace note de croûte de fromage. Long, persistant et très agréable. Il a déjà du répondant et devrait franchir les années sans trop de peine.

     

    -      Arbois vin jaune cuvé 1992, Stéphane Tissot : une version « cuvée » d'un savagnin, dont les raisins ont été laissés à macérer dans le jus comme s'il s'agissait au départ d'un vin rouge, à la façon ancestrale de certains vins italiens (type Radikon). Ensuite, élevage classique sous voile pendant 6 ans. Rien à voir avec un Jaune traditionnel. Avant tout un vin blanc « cuvé », avec cette sensation tannique si particulière ! Et une jolie couleur orangée. Fin et complexe, immensément bon.

     

     

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    Savagnin surmaturé

     

    -      Arbois Solstice 2003, Domaine de la Tournelle, Evelyne et Pascal Clairet : un savagnin ouillé en surmaturation, vinifié en principe en sec. En 2003, il reste 42g de sucre résiduel, du fait de la richesse du millésime. Pourtant, il goûte sec, ayant commencé à manger les sucres qui lui restent. Equilibre entre deux, lié au millésime, pas complètement convaincant.

     

    Savagnins avec sucres résiduels

     

    -      L'école Buissonnière 2008, La Maison de Rose, Vin de Table : vendange tardive de Savagnin à l'équilibre demi-sec plutôt aérien. La robe est très claire, l'acidulé bien développé. Un vin séducteur, de pur plaisir.

     

    -      Arbois-Pupillin 2007 L'ivresse de Noé, Philippe Bornard : vendange tardive de novembre à l'équilibre demi-sec léger, avec une pointe d'acidité.

     

    -      Arbois-Pupillin 1998, Philippe Bornard : une bouteille de derrière les fagots, vendange tardive de savagnin élevée sous voile pendant 8 ans et jamais commercialisée. Un équilibre irréel et improbable, entre sucre et oxydation. Le nez est complexe, sur la croûte de fromage et les raisins de Corinthe. Bouche arrondie par l'alcool, oxydative mais bien en place.

     

    -      Arbois Mélodie 2004, Stéphane Tissot : Savagnin de glace récolté en 2004, au mois de décembre, par -11°C. Une véritable curiosité à découvrir, que j'ai la chance de suivre depuis son berceau. L'évolution est à la hauteur de ce que j'ai pu goûter dans sa jeunesse. On y retrouve de subtiles notes de clou de girofle qui ponctuent un équilibre magique, sur la tension acidulée.

     

    -      SulQ 2002, Jean-François Ganevat, Vin de Table : sélection de Grains Nobles de Savagnin récoltés en décembre 2002. Les millésimes récents ont été réalisés en assemblage avec des vieux cépages oubliés et ne sont donc plus un vin de pur savagnin. Une bouteille collector, un liquoreux ultra-concentré réservé aux gourmands, qui sait préserver son petit coin de fraîcheur. Exceptionnel!

     

    Savagnins avec bulles

     

    -      Ça va bien, Philippe Bornard : pétillant naturel à base de savagnin, des bulles acidulées pour se refaire le palais. Festif, sur des notes de pomme et d'épices, avec un côté très rafraichissant. Ben oui, après ça, ça va bien.

     

     

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    Voilà pour un aperçu volontairement sélectif, mais que j'espère représentatif des potentialités et de la valeur du Savagnin, un cépage à découvrir sans restriction ni modération.

    Un grand merci aux vignerons sollicités, qui ont tous répondu présent avec générosité, ainsi qu'à Laurent Probst, de Vins-confédérés pour sa contribution courageuse autant que désintéressée, et au CIVJ, pour avoir gracieusement fourni toute une documentation à l'intention des participants. Quelques bouteilles proviennent également de ma cave personnelle, soit parce qu'elles étaient épuisées au domaine, soit parce que je n'ai pas eu la possibilité matérielle de passer récupérer auprès des vignerons les échantillons promis.

     

     

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    Crédit photo: Escapades

    Olif

     

  • REVEVIN 2010: Le Savagnin dans tous ses états, préambule

    Lorsque Philippe RAPITEAU, the Pipette man, m'a demandé d'animer la première journée, consacrée au Jura, lors des 7èmes REncontres VEndéennes autour du VIN, à Saint-Jean de Monts, j'ai dit oui. Comme ça, bêtement, sans réfléchir. Mais qu'allions-nous bien pouvoir faire goûter à tous ces Revevineurs vendéens, à part du vin du Jura? L'idée de départ de cette dégustation vient en fait d'une réminiscence d'un ancien article de la revue belge In Vino Veritas, écrit par Marc Vanhellemont et intitulé déjà « Le savagnin dans tous ses états ».  Je lui ai piqué son concept et son titre sans vergogne, mais avec son assentiment. Merci à lui.

     

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    Le savagnin, cépage typiquement jurassien, fait partie des grands incompris. Il n'y a qu'à voir le geste de dédain du soi-disant amateur lorsqu'on lui tend un verre. « Pouah ! » fait-il avec une moue de dédain (« est-ce que j'ai une gueule à aimer la noix ? »). Preuve d'une totale et abyssale méconnaissance du vin et du cépage qui, s'il sert bien à élaborer le Vin jaune, ne possède aucune note variétale de noix ou de curry. Non, le jus du savagnin fleure bon les agrumes, le citron, l'ananas parfois, la mangue. Ses arômes de noix, d'épices, de curry, il les acquiert éventuellement avec l'âge, selon son mode de vinification, avec ou sans ouillage. Sa remarquable structure acide lui permet de rivaliser sans problème avec le chenin angevin ou le riesling alsacien et d'élaborer tous types de vins, du plus sec au plus liquoreux, en passant par le vin de voile ou encore le surmaturé sec.

    Vieux de la vieille dans le Jura, il est pourtant probable qu'il vienne d'ailleurs. Peut-être même bien d'Allemagne, du temps où la Franche-Comté appartenait au grand Empire germanique. Cultivé également à Tramin, au nord de l'Italie, il en a rapporté son nom de « traminer ».

    D'un point de vue ampélographique, il se reconnaît à ses feuilles aux lobes arrondis et à ses grappes petites et compactes aux grains oblongs. Et puis, il y a sa couleur. Ou plutôt ses couleurs, qui correspondent à différentes variétés parfois très proches : blanc, jaune, rose, vert ou gros vert, des variétés totalement martiennes. Le savagnin se complait sur les marnes du Lias, bleues, grises ou blanches, parfois schisteuses (marnes feuilletées). Son rendement maximum oscille entre 30 et 45 hl/ha.

     

     

    Traditionnellement vinifié de manière oxydative, sans ouillage des barriques, il donne naissance au Vin jaune, le fleuron de la viticulture jurassienne. Abhorré ou adulé, ce Vin jaune trouve à Château Chalon son terroir d'exception que certains voudraient élever au rang de Grand cru. Lorsque le voile peine à se développer, et pour répondre à une demande locale très forte sur ces arômes oxydatifs soi-disant typés, le Savagnin finit en bouteille sans parvenir au statut de Jaune. Il donne alors un simple vin blanc, loin d'être inintéressant, pourtant. Faut y goûter !

    Phénomène de mode actuel, mais utilisé par certains de longue date, l'ouillage des pièces de savagnin donne naissance à un vin totalement différent, non dénué de profondeur, qui exprime le fruit du raisin sur une trame profonde et une grande colonne vertébrale acide. L'ouillage long est un élevage particulier qui donne naissance à des vins à la dimension exceptionnelle, dans un registre différent de celui du Vin jaune.

    Cépage tardif à grande acidité, le Savagnin se prête fort bien à la surmaturité et à la vendange tardive, y compris la sélection de grains nobles. La grande concentration lui sied même à merveille.

     

    Toutes ces facettes, et même encore d'autres, ont été découvertes au fil de la dégustation organisée à Saint-Jean de Monts, dans le cadre des REVEVIN 2010. Un panorama volontairement sélectif et limité à une certaine forme d'excellence, en espérant qu'elle ait été au rendez-vous.

     

     

    Vins et commentaires personnels à suivre, mais le grand escapadeur a déjà frappé...

     

    Olif

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Des tulipes plein la tête...

     

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    L'abbaye de Marbach se situe un peu plus au nord que celle de Murbach, au pied du Grand Ballon de Guebwiller. Il est probable que, dans des temps immémoriaux, il en existait une troisième, à Morbach, au pied du Mont de Vénus, avant qu'il ne soit rasé et prenne le nom de Sainte-Odile. L'ancienne abbaye  de Marbach, entre Husseren-les-Châteaux (3 mais en fait 5, finalement "les", comprend qui peut!) et Obermorschwir, s'est transformée, le temps d'un week-end, en temple des vins natures, grâce à l'abnégation de 4 vignerons alsaciens épris de liberté (Jean-Pierre Frick, Christian Binner, Bruno Schueller et Patrick Meyer). Un lieu de méditation où les cierges ont eu tendance à brûler par les deux bouts, surtout après envahissement par une horde de boit-sans-soif avides de naturel. Cette biennale, inaugurée il y a deux ans chez Christian Binner, a vu plus grand cette année, avec le soutien total et indéfectible de l'AVN, l'association qui donne du plaisir là où il y a à boire du bon vin naturel, en se délocalisant dans un lieu vaste et idyllique, perdu au milieu de nulle part, où l'on pouvait entendre s'ouvrir, librement et sans contrainte, aussi bien une douzaine d'huitres de Blainville, élevées en pleine mer par Cyril Hess, que deux douzaines de bouteilles d'Edelzwicker 2009 100% nature de Bruno Schueller.

    Arrivés à l'heure du repas le samedi, c'est à table qu'il fallait se rendre, la majorité des vignerons- exposants ayant déserté leur stand pour la cantine.

     

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    Du blanc avec les huîtres pour débuter, donc, mais aussi du rouge, de manière improvisée. Un verre de Cornas 1999 sans soufre de Thierry Allemand, ça ne se refuse pas. Il fallait juste se trouver au bon endroit, au bon moment. Et tant pis si ça ne s'accorde pas avec les huîtres.

    Une fois rassasiés, c'est le début de l'immersion complète en milieu peu ou pas sulfité. Des vins libres loin d'être tous sauvages, contrairement à bien des idées reçues.

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    Libres, les vins d'Estelle et Cyrille Bongiraud! Qui d'ailleurs a dit que les vins serbes étaient acerbes? Pas ceux de la Fransuska vinaria, en tout cas. Un véritable bain de jouvence et une aventure humaine de tout premier plan, pour ces Bourguignons enthousiastes et communicatifs, volontairement expatriés dans les Balkans, à la recherche d'un vignoble perdu et en quête d'excellence. De par l'originalité des vieux cépages locaux aux noms imprononçables et la qualité d'une belle variante épicée de Gamay, voilà une vraie belle découverte.

    Libres aussi, les vins de la Grapperie, de Renaud Guettier. Majoritairement Chenin ou Aunis du Vendômois. Le flash angevin du début d'année s'est concrétisé en Alsace. Avec un gros coup de cœur pour Adonis 2008, un Côteau du Loir qui ne s'endort pas sur son brin de laurier. 100% Pineau d'Aunis, j'adore Adonis. Pas eu la possibilité d'en emporter quelques échantillons, le vigneron ayant joué les prolongations à la cantine le dimanche après-midi.

    On ne peut plus libérés, les vins du Matin Calme ou encore ceux de Patrick Meyer, encore fatigué de son rôle de serveur la veille, ce qui nous a valu la chance de bénéficier du sourire de Mireille lors de la présentation des vins du domaine. Encore meilleur, je dirais!

    Totalement débridés, les vins d'Alsace de Bruno Schueller, dont un splendide Riesling Pfersigberg 2007 et un remarquable Gewurtztraminer VT qui vous ferait presque adorer le cépage de manière inconditionnelle.

    Complètement free, les Minervois de Jean-Baptiste Sénat, que Charlotte se désespérait de vendre aux mangeurs de choucroute. Changer l'Aude en vin, c'est bien, mais en bière, c'est plus difficile!

    Bien loin de la prison soufrée, les vins de Gilles et Catherine Vergé, aériens, minéraux et digestes. T'inquiètes M'man, continue de lui souffler  à l'oreille son Jean-Marie de fils qui vogue joliment de ses propres ailes en Beaujolais, avec cette cuvée également libérée de toute contrainte soufrée.

    Et puis également tant d'autres, libres comme l'air, à l'image de leurs géniteurs: René Mosse, Evelyne et Pascal Clairet, Emile Hérédia, Philippe Valette, Frédéric Gounand, Dominique Derain, Loïc Roure, Jean-Louis Tribouley...

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    Le soir, c'était la piste à l'étoilé, les jardins de la terre sous chapiteau. Thierry Schwartz, du Bistro des Saveurs d'Obernai, avait concocté un giga menu gastronomique pour 300 couverts, servi efficacement par des occasionnels, bénévoles ou co-organisateurs, drivés à la baguette par la maitresse de maison et de tente pour l'occasion. Avant quelques averses au dessus de la toile, ce sont les vignerons qui ont rincé en dessous, dans une ambiance de Paulée murisaltienne, en plus libérée et plus nature. Les bouteilles ont circulé sur les tables, certaines planquées par dessous, et il fallait jouer du coude pour se procurer un soupçon de Cornas 2006 Chaillots de Thierry Allemand ou une larme de Pfersigberg cuvée H 2001 de Bruno Schueller. Sur l'assiette, l'huitre en deux services, iodée et végétale, épata. La Rouge de Heiligenstein cuite en croûte de sel m'a fait oublier que, d'une manière générale, je n'aime guère la betterave. Le spaghetti de veau se les roulait façon Kebab. Le cake à la carotte fut un régal, trempé dans le caramel au beurre salé. Joli menu, en vérité, véritable prouesse technique à servir à temps pour autant de convives, magnifiquement agrémenté des meilleurs vins qui vont avec.

    Le genre de salon qui vous fait briller les pupilles, reluire les papilles ... et pousser des tulipes plein la tête.

     

     

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    Olif