Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Le blog d'Olif - Page 32

  • Brothers in wine...

    Brother in wine

     

    Perdre un frère, fût-ce transitoire, n'est jamais un plaisir. Cette fois, ça y est. Attiré par un ailleurs fait de lagons et de ciel bleu, finalement harponné par une sirène, Le Seb, un des piliers du GJP*, a décidé de jeter l'ancre dans l'hémisphère Sud et de faire ses adieux au Haut-Doubs, au vignoble jurassien, aux vignerons et au sommelier-caviste qu'il affectionne. Des adieux en toute intimité, sous le regard humide de ses sœurs urgentistes et de son frère de vin. Téter au même tonneau, ça laisse inévitablement des traces!

     

    Il part, donc. Direction rue du Languedoc, mais à l'autre bout du monde. Pas question néanmoins de le laisser gagner son Caillou sans une dernière soirée! Séquence émotion sur les bords de la Cuisance, en ce 24 août 2009, dans les jardins du Bistrot de la Tournelle, juste avant l'orage.

     

    Flyerbistrotdelatournelle

     

    Quelques quilles, forcément, pour accompagner les assiettes de tapenade ou de charcuterie. D'abord, une belle Cuvée des Traverses 2008 de L'Anglore, tout en rondeur gourmande. Et puis un Arbois Poulsard 2008 de Michel Gahier, mis en bouteille du jour, d'une facilité inouïe. Un vin de soif de tous les instants, du jus de fruit que l'on boit comme par distraction tellement c'est bon. Pour éviter à l'assistance de se déshydrater par les yeux, Le Seb a dégainé un Meursault Luchets 1999 de Jean-Marc Roullot. En magnum, s'il vous plait, il ne tenait pas dans sa valise. Pas oxydé pour un sou, faut quand même pas rêver, mais un poil lourdaud, ce Roullot compresseur, avec ses notes de levure et de massepain. La fraicheur et la minéralité jurassienne lui feraient-il défaut?

    Et puis, surtout, avant un bien joli Arbois Trousseau 2007 de la Tournelle, il y a eu cet épatant Vin de table 2007 Sans soufre ajouté d'Henri Milan. De la bien belle ouvrage! Dense et croquant, épicé (cannelle), fruité, gourmand au possible, d'un équilibre frais malgré la concentration, léger comme un papillon un soir d'été, un remède anti cœur gros.

     

     

    IMGP7941.JPG

     

    Devant tant d'émotion contenue, le ciel a fini par déverser des torrents de larmes qui ont permis de sortir la tête haute de cette soirée déchirante, son mouchoir sur la tête. Même pas en pleurs!

     

    Seb, mon ami, mon frère, mon frère de vin, que Bacchus t'accompagne jusqu'au bord de ton lagon. En ton honneur, même bancal, le GJP* ne déposera pas les armes!

     

     

     

     

     

     

    Olif

     

    * GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!

  • MeLLodie pour un blogueur

    Sans nul doute le bonheur musical de l'été, aux sonorités résolument rock. Un doux coassement au bord du Drugeon, entre deux ponts. Une affiche qui papillonne entre scène festive colorée aux accents sudistes (Metisoléa), frenchy rock urbain (Quidam), pop-rock anglophone locale avec chanteuse (Somadaya) et chanson décoiffée® (MeLL).

     

    flyer.jpg

     

    Mosellane au mots crus, aux mots cul et aux mots cœur, parfois moqueurs, poétesse de la grimace, MeLL a la tchatche aisée et la provoc aux bords des lèvres. "Why do you look at my ass?" Ass de cœur, as de cul, elle se joue de ses maux avec des mots. Elle a "des vers plein ses fesses", mais n'hésite pas à balancer "un pied en pleine face" à qui la contrarie. Seule en scène, avec sa guitare, ou son piano, ou son baby banjo,  ou son chapeau, elle assure. A mort. Sans démagogie aucune. Elle est la preuve que le handball de haut niveau mène à tout, à condition d'en sortir. MeLL en solo, la grosse affiche du Frog'n'rock festival. Un succès public global mitigé pour le festival, mais quel public! Et une vraie belle prestation de la Miss, avec des MeLLodies qui me trottent encore dans la tête une semaine plus tard. Des mots, surtout, de la musique, aussi, et des lambeaux de phrases qui collent au cerveau, de quoi rendre débile et pitoyable ("moi, je voudrais être débile, pour que tu me regardes avec un peu de pitié"), mais évitant ainsi le trou noir ("J'veux un trou noir à la place du cerveau"). MeLL est loin d'être une quiche, même quand elle roule des yeux comme des mirabelles. Grâce à elle, la Lorraine ne porte plus sa croix!

     

    6008_1198224201844_1415676152_581884_7432148_n.jpg

    6008_1198224041840_1415676152_581880_7149707_n.jpg

     

    Prise sous son eLL par Christian Olivier, des Têtes raides, MeLL, l'éLLectron libre de la scène messine, tient toutes ses promesses et manie la langue avec dextérité, verdeur et jouissance. Déjà trois albums à son actif et un quatrième en préparation, sous le label Monslip, le label des chanteurs culottés. Un pur bonheur que d'aller dans sa porcherie, pas glauque pour un sou! Chapeau, la Miss!

    6008_1198224281846_1415676152_581886_654265_n.jpg



    A chanteuse prometteuse, vin itou. Le vin des promesses. Un des rosés de cet été 2009, un festival à lui tout seul. Un rosé ou plutôt un clairet. Car on sait faire autre chose à Bordeaux que des vins ultra bodybuildés pour dégustateurs haltérophiles hypertrophiés du palais. Ce vin de table rosé vineux est élaboré par François des Lignéris dans son vignoble bordelais, l'® de rien. Une promesse de vin rouge, stoppé dans son processus d'élaboration pour donner un clairet de table, gourmand à souhait. Une promesse de vin tout court, à siroter en écoutant le dernier album de MeLL, "C'est quand qu'on rigole?", parce que là, dans le verre, ça rigole bien!

    IMGP7866.JPG


    Et demain, il faudrait arrêter d'en boire? Ben oui, forcément, si la bouteille est vide...

    Olif


    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.
  • Autour d'un cèpe...

    IMGP7817.JPG

    ...et d'une chanterelle violette, plus connue des latinistes sous le nom de Gomphus clavatus. Les premiers champis de la saison, cueillis il y a une petite dizaine de jours dans les sapinières du Larmont. Forcément, les meilleurs! Simplement poêlés à l'huile d'olive, échalote, fleur de sel et poivre du moulin. Le bonheur et rien d'autre! Si, juste un verre (ou deux) de Vaïhana 2005 du domaine du Bouscas. L'ugni fait la force! Un petit air de sauvignon, du gras, de la fraicheur, de la richesse en bouche et au final un équilibre tip top, qui ne fait pas du tout gercer les lèvres. Floreal Romero nous prouve ainsi que dans le Gers, le bonheur est à la fois dans le pré et dans les vignes.

    IMGP7820.JPG



    Vin étonnant, non? Disponible également chez Lolo Baraou, qui a négligemment oublié cette bouteille dans mon frigo, bien lui en a pris.

    Olif


    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.




  • A la fin de l'envoi, je touche!

    Une scène célèbre, revisitée pour les besoins de la cause vinique. Ça ne se passe pas à Bergerac, comme dans l'original, mais à Marmande. L'action se situe dans un bar de la ville, où le dénommé Cyrano a maille à partir avec un Vicomte qui n'y connait pas grand chose en vin. Un duel au son du canon, celui qui fait bloub bloub dans les verres. L'accent du Sud-Ouest est toujours de rigueur.

     

     

    280px-Nouveau_Cyrano.jpg

     

    ...

    Cyrano, poussant un cri comme lorsqu'on est
    saisi d'une crampe.
    Ay!...

    Le vicomte, qui remontait, se retournant.
    Qu'est-ce encore qu'il dit?

    Cyrano, avec des grimaces de douleur.
    Il faut le remuer car il s'engourdit...
    - Ce que c'est que de le laisser inoccupé!-
    Ay!...

    Le vicomte
    Qu'avez-vous?

    Cyrano
    J'ai des fourmis dans mon verre!

    Le vicomte
    , tirant le sien.
    Soit!

    Cyrano
    Je vais vous donner un petit coup charmant.

    Le vicomte, méprisant.
    Poète!...

    Cyrano

    Oui, monsieur, poète! et tellement,
    Qu'en trinquant je vais - hop! - à l'improvisade,
    Vous composer une ballade.

    Le vicomte
    Une ballade?

    Cyrano
    Vous ne vous doutez pas de ce que c'est, je crois?

    Le vicomte
    Mais...

    Cyrano, récitant comme une leçon.
    La ballade, donc, se compose de trois
    Couplets de huit verres...

    Le vicomte, piétinant.
    Oh!

    Cyrano, continuant.
    Et d'un envoi de quatre.

    Le vicomte
    Vous...

    Cyrano
    Je vais tout ensemble en faire une et trinquer,
    Et vous toucher, monsieur, au dernier verre.

    La salle, surexcitée au plus haut point.
    Place! - Très amusant! - Rangez-vous! - Pas de bruits!

    Cyrano, fermant une seconde les yeux.
    Attendez!... Je choisis mes rimes... Là, j'y suis.

    Il fait ce qu'il dit, à mesure.

    Je coupe avec grâce son feutre,
    Je fais lentement l'abandon
    De la capsule qui le calfeutre,
    Et je tire son bouchon;
    Élégant comme Céladon,
    Frais et croquant en bouche,
    Je vous préviens, cher Mirmidon,
    Qu'à la fin de l'envoi, je touche!

    Premier engagement de verre.


    Vous auriez bien dû rester neutre;
    Que vais-je vous servir, dindon?...
    Du blanc, sous votre maheutre?...
    Du rouge, sous votre bleu cordon?...
    - Les verres tintent, ding-don!
    Les crus voltigent: une douche!
    Décidément... c'est au rosé,
    Qu'à la fin de l'envoi, je touche.


    IMGP7823.JPG

     

     

    Il me manque une rime en eutre...
    Vous rompez, plus rougeaud que cochon?
    C'est pour me fournir le mot pleutre!
    - Tac! je pare la bulle dont
    Vous espériez me faire don: -
    J'ai la ligne, - j'ouvre la bouche...

    Tiens bien ton godet, Laridon!
    A la fin de l'envoi, je touche.

    IMGP7821.JPG

    Il annonce solennellement:

    Envoi

    Prince, demande à Dieu pardon!
    Je clape du palais, j'ouvre la bouche,
    Je hume, je trinque...

    Servant.


    Hé! Là donc!


    Le vicomte chancelle, Cyrano salue.

    A la fin de l'envoi, je touche.

    Acclamations. Applaudissements dans les loges. Des fleurs et des mouchoirs tombent.


    IMGP7824.JPG

     

    Le Rosé qui touche, par Stéphanie Roussel, du Château Lassole, la Roxane du Marmandais, avec la complicité involontaire d'Edmond Rostand et de son Cyrano, ainsi que de Lolo Baraou, le d'Artagnan des cavistes-artisans. Croquant, fruité, accrocheur, gouleyant, à la superbe robe groseille troublée (troublante?), d'un rose du genre de celui qui monte aux joues des jeunes filles pudiques et timides, ce cabernet franc nature, franc et nature forcément, est décidément un vrai vin qui touche. Le Vicomte ne s'en remet toujours pas!


    Olif

     

    P.S.: Moi aussi, je pense avoir été touché à mort. Lolo, il en reste?


    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.
       
  • Le théorème du pita gore

     

    IMGP7818.JPG

    Théorème:  Soit un pain pita au préalable fourré avec du ketchup. A l'aide d'un couteau, si l'on en découpe une tranche en forme de triangle rectangle, l'hypoténuse se met alors carrément à dégouliner de ketchup sur toute la longueur du carré des deux autres côtés. Ça en devient particulièrement gore!

    Facile à vérifier. Le plus gore, c'est encore de le manger!

     

    L'Arbois Trousseau des Corvées 2001 du domaine de la Tournelle, par contre, le boire n'en est pas une, de corvée. Toujours sur le fruit, il commence à acquérir la patine des vins rouges d'Arbois sur l'âge et possède une agréable fluidité en bouche. Un vin facile et désaltérant, dans un petit millésime qui a très bien résisté au poids des ans. Et à celui des autres bouteilles qui l'ensevelissaient dans la cave. C'est bon de l'avoir retrouvé à temps!

     

    IMGP7819.JPG

    Olif

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.
  • Variations autour d'un Mac

    IMGP1855.JPG

    Véritable incontournable de la cuisine estivale en terrasse, le Mac, dans sa version "sans Reagan ni Daffy", n'est finalement qu'un bête hamburger. D'une simplicité enfantine, voire même adolescente, à réaliser. C'est le mets de prédilection de Melle Olif Jr, le nec plus ultra de sa tendance culinaire actuelle, avec les crêpes jambon-fromage et les desesperate cookies, dont il faudra peut-être bien parler un jour prochain. Ce Mac (voir  photo ci-dessus), c'est un "big" à un seul étage: american bun du commerce, mâche nantaise, oignon nouveau, tomate de Guérande, steack hâché Charal® cuit à la plancha, fine tranche de fromage élastique et sans goût pour la décoration et la ressemblance avec le véritable Mac. Toucon, toubon, comme disent les grands spécialistes de la blogomiam. Mais pas facile à manger proprement. On croque un coup dedans, puis on mange le reste à la fourchette dans l'assiette, que l'on aura pris soin de placer sous le hamburger au préalable. La grande classe, au final!

    Si l'on est un brin facétieux, on adoptera la version Big Macbook Pro, en prenant bien garde de ne pas larguer son steack sur le clavier ni de croquer dans son ordinateur portable.

     

    IMGP1858.JPG

    Pour une vision plus régionaliste de ce monument de la culture gastronomique américaine, on pourra également opter pour cette version très Franch' County, le Big Macancoillotte: baguette traditionnelle, salade du pays, le tout recouvert d'une bonne louche de cancoillotte pour le coulant. Irrésistible!

    IMGP1860.JPG

    Et avec tout ça, katondonbu*? Du C***-C***, certainement pas. Mais un petit vin parfaitement adapté à la saison estivale, qui, loin de nous avoir foutu les boules, a dévalé dans notre gosier en pente à la vitesse vertigineuse d'un cochonnet fuyant devant le couteau du boucher, nous faisant même couiner de plaisir comme le dit cochonnet, juste avant qu'on ne l'embroche. Juteux et croquant, fruité  comme il faut, à déguster en short, bob et tongs, ce Vin de Pétanque 2008 du Mas Libian.

    IMGP1856.JPG

    Et pour une dernière petite soif, après la partie de boules, un Gallety 2003, cuvée domaine, Coteaux du Vivarais, un vrai vin de vacances, rapporté il y a quelques années d'un périple ardèchois. L'art des choix, justement, c'est de ne ramener que de bons souvenirs de ses vacances. Celui-ci en est un. A point, harmonieux et fondu, avec ce qu'il faut de fraicheur pour surmonter la moiteur estivale, sans le caractère compoté de bien des 2003.

    IMGP1857.JPG


    Croquer dans un Mac comme on croque dans la vie, un ou deux bons canons à siffler, laisser de côté le rasoir et la coiffeuse, voilà finalement une bonne philosophie pour l'été.


    IMGP1859.JPG

    Olif

    * Ainsi parlait naguère le regretté Loulou, malheureusement (et bêtement!) écrasé par un train dans sa cuisine, alors qu'il s'apprêtait à préparer des pâtes au Chablis, sans regarder à droite puis à gauche au passage à niveau.


    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.
  • Bû à la Montagne

    IMGP7812.JPG


    B comme Bordeaux,
    B comme Bernault,
    B comme Baraou.
    Bû comme B(ea)ûséjour,
    Bû comme Bûrdeaux,
    Bû comme Bûraou,
    Bû comme Bû, Eure et Loir.
    B de Bû comme Beauséjour de Bû,
    B de Bû comme beau début.

    Comment cette cuvée spéciale de Montagne-Saint-Emilion s'est-elle retrouvée à la montagne? Mystère! Elaborée par Patricia et Pierre Bernault pour Sylvia et Laurent Baraou, trop secouée et trop chaude pour être bue à son arrivée. Un peu de repos lui a fait le plus grand bien. D'autant que la température extérieure a fraîchi et que la terrasse s'est mise à suinter. Flic flac! Moins une que l'on n'ait pu s'y attabler l'autre soir!

     

    Pourtant, que la le Montagne-Saint-Emilion est belle beau!

    Comment peut-on s'imaginer,

    En voyant un Grand vin de Bordeaux,

    Que la bouteille va se vider?

     

    Traduction, en langage œnophile, de ce célèbre refrain, écrit par un chanteur moustachu en villégiature à Lège-Cap-Jean Ferrat: joli vin sur le fruit, frais et agréable, immédiat, aux tanins bien juteux et dociles.

     

    B de Bû? J'aime beaucoup en avoir bu!

     

    Une exclusivité du Château Beauséjour pour Lolo Baraou sur le millésime 2007!

     

    Olif

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

  • La Paille, le festival qui vous botte!

    affprogenligne.gif


    Poursuite de la parenthèse estivale musicale, avec une incursion sur les hauteurs doubiennes pour ce qui est en train de devenir un des événements culturels majeurs du Haut-Doubs, le Festival de la Paille. Un genre de mini Paléo, sur moins de jours, avec moins de groupes. Moins de spectateurs aussi. Mais pour l'instant, dans cette configuration, ça suffit amplement. Véritable festival rural, celui-ci se déroulait initialement au milieu des champs. C'était compter sans les vaches montbéliardes, qui se sont plaintes du boucan d'enfer et qui, à force de regarder passer les festivaliers, on vu leur lait tourner. L'édition 2007 a dû finalement être annulée in extremis devant une fronde paysanne. La Paille aurait-elle vécu? Que nenni! Une petite ligne (droite) et ça repart! Direction Métabief, au pied des pistes, non enneigées pour l'occasion. Impressionnante vue en contre-plongée sur le gros Morond depuis la Grande Scène, de quoi donner le vertige aux artistes les plus aguerris. 2009 sera très certainement une année charnière, au vu du succès remporté par cette édition à la programmation très éclectique, d'où se sont détachés sans nul doute Les Ogres de Barback et la pétillante québecoise Pascale Picard, ni fatale, ni surgelée.

    IMGP7800.JPG

    Grande amatrice de vin, à ce qu'il parait. Son verre l'a d'ailleurs accompagné pendant la totalité du concert. Apparemment un Fleurie en cubi, servi également au stand franc-comtois, pour accompagner la saucisse de Morteau. Pas la grande émotion vinique mais dans la moiteur de l'été  musical doubien, ça se buvait.

    IMGP7798.JPG
    ""C't'étraange, mon rouge, il goûte la banane!"

    Alors, pour faire comme Pascale Picard, ce soir, pour moi, ce sera aussi Beaujolais.

    IMGP7810.JPG

    Régnié 2007, domaine Christian Ducroux: celui-ci ne "goûte pas la banane". Son premier nez est lacté, puis épicé. La bouche est à la fois végétale et croquante, digeste et acidulée. Ça ne sent pas non plus le crottin, malgré tous les efforts des juments Ewan et Kaïna, qui participent avec ferveur à la vie de ce petit bout de vigne planté sur du granit tout rose dans les Monts du Beaujolais. Un Régnié qui coule tout seul, ça valait vraiment le coup que Ducroux il se décarcasse!

     



    Pascale Picard "Gate 22" (Version acoustique)
    envoyé par PascalePicard. - Regardez plus de clips, en HD !

     

     

     

    Olif

  • Bulles roses... (bis)

    Suite et fin, il fallait bien achever l'écheveau dans lequel je me suis intriqué.

     

    IMGP7229.JPG

     

    - Champagne Dufour, Divins plaisirs brut: robe rose soutenu, bulle fine, un Champagne plutôt vineux, avec ce qu'il faut de tonicité pour le rendre frais et agréable.

    - Champagne Tarlant Rosé nature: un rosé non dosé. Bulle profuse, s'assagissant après un court passage en carafe. Magnifique nez, frais et complexe, mêlant agrumes, petits fruits rouge, de l'écorce d'orange. La bouche est plus "straight", vive, acidulée, à la finale un peu serrée.

    -Papagena, Vin mousseux de qualité, domaine de l'Octavin: quand il s'est agi de le boire, celui-là, on s'est pas pas gênés, papa! Belle robe rose à reflets orangés, bulle tonique, caractère vineux marqué avec une belle fraicheur acidulée. La photo de groupe nous plonge dans une extrême confusion, puisque l'on s'est gourré de bouteille lors de la prise de vue. La bouteille à la fois ventrue et effilée, c'est Papageno, le Crémant du Jura à base de Chardonnay. Tout aussi bon! Mais pas rose. Donc hors sujet.

    -Rosé des Riceys Veuve Devaux: Les Riceys, c'est THE rosé de Champagne, mais sans bulles. Tranquille, limite hors sujet, donc, mais il est rose et pas mal quand même. Vineux et sérieux, un rien guindé, à la finale un peu abrupte, accusant un léger déficit de longueur. Un rosé non coupé, pourtant, 100% Pinot noir, à réserver pour la table, une fois qu'il aura quitté la balustrade.

     

    IMGP7231.JPG

    Fin de la période rose, mais l'été n'est pas fini. Le farniente se poursuit, veuillez nous excuser pour la parution très aléatoire de notes sur ce blog.

     

    Olif

  • Oooh! Paléooo!

    La dernière crêpe bretonne à peine digérée, tout juste le temps de reprendre le travail, et voilà que se profile la deuxième pause estivale devenue rituelle, celle des concerts et des festivals. Une pause qui n'en est pas vraiment une. Epuisante comme pas permis! Coucher tard en musique, lever tôt en fanfare, éternel leitmotiv actuel. Le soir: "Heigh-ho, heigh-ho, on va au Paléo!" Le matin: "Aïe-ho, aïe-ho, faut aller au boulot!"

     

    IMGP7724.JPG

    Le Paléo! Une institution musicale helvètique. Un cheval de course parmi les grands festivals européens, voire mondiaux. Ils sont loin, les débuts du First Folk Festival, en 1976, qui réunissait 1800 personnes dans la vieille salle communale de Nyon. Tous venus écouter Malicorne. Avec le recul, de quoi frémir, presque! Aujourd'hui, Paléo, c'est 225 000 visiteurs sur 6 jours. Avec des têtes d'affiche internationales. Pas U2 quand même, qui préfère remplir des stades de France à lui tout seul, mais des groupes ou des chanteurs encore bien mieux, dans une ambiance conviviale, festive, voire bon enfant. Paléo, l'anti-Woodstock? Il est vrai qu'en 69, personnellement, j'étais encore bien innocent, Miko exclusif.

    Paléo, c'est très Suisse, je trouve. Très pro, très précis. Minuté. Une organisation sans faille. Ou presque. Juste des petits grains de sable qui passent inaperçus au vu de l'énormité de la machine. Dur d'éviter les bouchons sur la route de Nyon à cette période de l'année, par exemple, mais on ne se les fait pas confisquer sur ses bouteilles à l'entrée du festival. Pas de fouille au corps, justement. Tout est autorisé, de manière naturelle, sans aucun débordement. Rien qui ne saute aux yeux du festivalier. A l'intérieur de l'enceinte, on se goinfre de tout. De musique, et il ya parfois pléthore, dur de faire un choix. De bière Cardinal, de vin suisse, de Champagne, de cocktails, de jus de fruits, de café, de lait. De cuisine indienne, mexicaine, africaine, péruvienne, pakistanaise, thaï, vietnamienne, chinoise, turque, japonaise, espagnole, suisse même. De sandwiches au fois gras, de tartines salées, de gaufres, de crêpes, de boutefas, de papet vaudois. Il y a même un restaurant gastronomique avec service en gants blancs, c'est dire. Il faut de tout pour faire un monde de festivaliers. Et où que l'on aille dans l'enceinte du Paléo, malgré ses cloisonnements reflètant parfois le monde actuel, il y a foule. Du monde à tous les concerts, du plus grand au plus petit, du monde à la buvette, du monde aux toilettes, du monde attablé, du monde dans la pelouse, du monde au Village du Monde, du monde tout court. Mais un monde pas étouffant. Paléo laisse d'ailleurs la porte grande ouverte aux enfants, aux handicapés, aux claustrophobes et aux agoraphobes.

    Paléo, c'est avant tout de la musique et une programmation riche, foisonnante, éclectique. Avec un semblant de thématique se dégageant de chaque soirée. Une ambiance dans laquelle chacun parvient à trouver un semblant de bonheur. Le mardi, jour de l'ouverture, généralement, c'est pop-rock. Des gros noms, du gros son. Cette année, Gossip, Kaiser Chiefs, Placebo. Les artistes, mêmes les plus reconnus, aiment Paléo. Une ambiance plutôt bon enfant et un accueil jovial aux premiers rangs. Derrière et sur les côtés, ça tatouille pas mal, créant parfois un brouhaha parasitant les sessions plutôt acoustiques. Oui, à Nyon, on cause, on se retrouve, on boit, on mange, sur fond musical sonore.

     

    IMGP7722.JPG

    Pour l'ouverture, cette année, Anaïs a répandu tout son amour sous le chapiteau. Son Love album a fait chavirer les cœurs et sa prestation fut aussi jouissive que revigorante. ISmiley coeur9.gifAnaïs.

     

    Il a malheureusement fallu shunter la fin du show (pas Cheap, tout ça!), pour ne pas manquer l'un des gros morceaux de ce Paléo: Beth Ditto et The Gossip.

     

    IMGP7738.JPG

    Moment espéré, attendu et finalement pas déçu. Beth Ditto a irradié sous le soleil de Nyon, allant au contact du public. Sa prestation généreuse est d'ores et déjà inscrite à mon Paléo Panthéon personnel, pourtant un peu décousu.

     

    IMGP7749.JPG

    Petit clin d'œil amical en passant à La Chanson du dimanche un mardi, puis direction le chapiteau pour écouter, avant de manger, le dernier prodige suisse, qui joue à domicile. Le set de Sophie Hunger est moins ébouriffé que son album et certaines orchestrations acoustiques ont du mal à couvrir le bourdonnement de la foule. Mais, en terrain conquis, elle sait séduire, emportant l'adhésion de ses fans. Elle met en appétit, la Hunger!

     

    IMGP1434.JPG

    Le plat de résistance, ce soir-là, c'est tout d'abord Kaiser Chiefs, du rock héroîque et flamboyant, une bonne première partie pour U2, puis Placebo. Brian Molko, je dois avouer que j'en suis fan. Fan de sa voie nasillarde, de ses riffs rageurs et du son Placebo, un remède  efficace à la morosité ambiante. Et pourtant! Une prestation très pro qui l'est trop, pro. Rien ne doit venir troubler son exécution, pas même un pogo musclé aux premiers rangs. Moshpits non autorisés, sinon, gare! Fin du concert! Pour sa seule apostrophe du public, en anglais puis en français, il a plutôt jeté un froid, le Molko. Avant de poursuivre son set, imperturbable. No escaping gravity, Brian!

    IMGP7763.JPG

    Beaucoup moins pro, mais bien plus enthousiasmant, le set d'Izia a cloturé en beauté la soirée. D'une générosité rare, Miss Higelin a ravi par sa fraicheur et l'énergie brute qui se dégage de sa musique. Digne fille de son père, cette gamine!

     

    Après une petite pause le mercredi, malgré une programmation tout aussi alléchante pour l'amateur de pop-rock furibarde (Franz Ferdinand, The Prodigy, Ting Tings, Ghinzu, ...), retour sur le plateau de L'Asse le jeudi pour faire plaisir à la gent féminine olifienne et ouïr la pop-folk gentillette d'Amy MacDonald, consensuelle et rassurante. Un moment néanmoins agréable. Plutôt que d'assister au show alam-Moby-qué ultérieur, la grosse cote de la soirée valait le Détour, le nom de la petite scène découverte du festival. Naïve New Beaters a ravi les Paléoboys et les Paléogirls par son set décalé, rythmé et très deuxième degré. Thank you, people!

     

    IMGP1581.JPG

    Le rythme s'accélère et il faut déjà reprendre l'autoroute bouchonnée le lendemain. Sauvés par un itinéraire bis à flanc de coteau! Il ne fallait pas manquer cet autre grand moment du festival, la prestation solo de Peter Doherty à la guitare acoustique. Juste accompagné par une bouteille de Bordeaux qui ne durera qu'un temps. Assurant nonchalamment, en restant à la hauteur de sa réputation, pourri-gâté par la gent féminine des premiers rangs, qui lui balance inlassablement sur scène chapeaux, poèmes, cigarettes ou soutien-gorge. Finalement pris par le temps, le concert s'est fini en queue de poisson. On ne badine pas avec la ponctualité suisse, au Paléo! A une prochaine fois, Peter! J'apporterai une bouteille. Du Bordeaux, du bon. J'en ai en cave.

     

    IMGP1591.JPG

    Et le vin, dans tout ça? Ce n'est pas le grand oublié du Paléo, même si la bière Cardinal coule à flots. On peut même goûter au meilleur de la production vaudoise sous la tente d'Arte Vitis, le regroupement de 13 vignerons novateurs. Pas de fausse note, donc, y compris dans ce Gamanote noir du domaine du Paradis, assemblage de gamay, gamaret, garanoir, merlot et pinot noir, proposé dans toutes les buvettes du festival. Même les Genevois ont droit de cité, au Paléo!

     

    IMGP7768.JPG

     

    Olif

     

    P.S.: Paléo, ça continue encore le week-end, mais cette année, ce sera sans moi!

  • Accro à Crozon !

     

    IMGP7536.JPG


    Comme un début d'explication au long silence blog du début du mois de juillet, une carte postale vivifiante postée à retardement depuis Crozon, la dent du milieu de la fourchette bretonne, celle qui a une forme de croix facilement identifiable dans tous les atlas de géographie. Un genre de bout du monde possible. Une île, presque. La presque possibilité d'une île. Une presqu'île, tout simplement. Reliée au continent par deux axes, l'un au Nord, venant du Faou, l'autre au Sud, venant de Châteaulin. Une presqu'île surveillée par un grand Hom (non, pas Bernard Ménez!), placé comme une vigie à l'entrée du pays de Crozon et qui, du haut de ses 311 mètres, fait le guet sur cette perle sauvage. Des paysages tournés vers la mer, quelque soit le côté où l'on regarde, ou presque. Caractère méditerranéen du Cap de la Chèvre, côté baie de Douardenez, qui a des airs de calanques de Cassis, profil océanique breton du flanc Ouest de la même chèvre, balayé par les vents et les vagues de la Mer d'Iroise, dont les eaux turquoises viennent s'écarteler sur la côte rocheuoise, aussi sauvage qu'une Iroquoise narquoise cherchant des noises.

    IMGP7639.JPG


    Quand la purée de pois venue du large recouvre progressivement les Tas de Pois, l'horizon se bouche vite. Bretagne crachine, mais pas Bretagne chagrine. Atmosphère envoûtante depuis l'éperon barré de Lostmarc'h, où les alignements de menhirs deviennent les silhouettes fantômatiques de nos ancêtres Celtes, préférant se barricader sur leur rocher plutôt que d'aller surfer à la plage.

     

    IMGP7588.JPG


    « Plus loin, c'est l'Amérique! » se plaît-on à dire à Camaret. Un voisinage idéal, ces Ricains. Pas trop proches. La presqu'île du bout du monde n'est donc pas le vrai bout du bout. Ouf ! Mais c'est la dernière étape avant l'autre monde, le Nouveau, pour qui se trouve sur l'Ancien. Une étape à ne pas manquer, une halte indispensable pour prendre son élan avant de sauter par-dessus les Tas de Pois. Ou bien pour faire un brin de causette avec les filles de Camaret et vérifier si leur bon Père ne va pas trébucher en marchant sur ses coquilles qui pendent.

    Crozon, sa presqu'île, ses paysages grandioses, sa cave. Celle de la Presqu'île.

     

    IMGP1305.JPG


    Le caviste de la Presqu'île, il s'appelle Laurent et il possède une bien jolie carte des vins. Tout l'été, il reçoit un vigneron, pour une dégustation. Chaque samedi. Des vignerons qui n'hésitent pas à aller jusqu'au bout ! De la Presqu'île, certes, mais aussi de leurs convictions. Après le cidre d'accueil samedi dernier (un bon cidre bio de Jehan Lefèvre, de la Ferme des Landes, à Saint-Cast-Le Guildo, dans les Côtes d'Armor), c'est le tour de Didier Michaud de venir se planquer un week-end à Crozon, avec les vins de son Château Planquette. 2003 et 2005 en dégustation, qui se goûtent plutôt bien. 2003, possédant beaucoup de fraicheur, largement de quoi faire glisser tout l'alcool caché entre les tanins, et 2005, déjà bien ouvert, riche également, mais à l'équilibre plus bordelais que languedocien.

     

    Crozon, sa presqu'île, ses paysages grandioses, son restaurant. Celui de la Presqu'île.

     

    IMGP1268.JPG

    Le restaurant de la presqu'île, il s'appelle le Mutin gourmand. L'adresse incontournable pour le rebelle qui aime bien manger entre deux mutineries et pour l'amateur de vins qui aime bien manger aussi, entre deux dégustations. La carte des vins est un véritable bréviaire, où l'on retrouve toutes les références (ou presque) de la cave. Donc, forcément, il y a là la bouteille idéale pour accompagner le homard ou les ormeaux. En l'occurence, ce soir-là, un Saumur blanc 2005 La Charpentrie, d'Antoine Foucault (domaine du Collier), dégusté à l'aveugle, carte blanche ayant été laissée avec bonheur au Maître d'hôtel. Un chenin d'exception, à l'équilibre presque bourguignon, rappelant dans la finesse de son expression les vins du domaine Leflaive. Magique!

     

    Crozon, sa presqu'île, ses paysages grandioses, ses alignements de menhirs. Ceux de la presqu'île.

     

    IMGP7598.JPG

    Ici à Lagatjar, dans la proche banlieue de Camaret. Parce qu'il y en a plein d'autres, en fait. Mais ces mégalithes-là sont aussi bien dressés que les petites affaires du curé ne pendent, c'est dire! Ils sont une centaine, dans les grandes herbes, à attendre depuis 4510 ans la visite du touriste jurassien de passage. Voilà, c'est fait.

     

    La Bretagne, il n'y a pas, je m'y sens à l'aise!

     

    Olif

  • Nicolas Joly's Birthday

    Jeudi 16 juillet 2009. Jour chaud, jour solaire. Celui d'une sympathique rencontre impromptue, quasi-improvisée, avec deux journalistes, chez Stéphane Tissot, dans son antre de Montigny. De passage dans le Jura, Marc Vanhellemont, de la revue belge IVV, et André Devald, journaliste danois dont le nom de la revue m'échappe (je ne parle pas danois couramment, mais André maitr!se bien le français, par contre), font le plein de sensations jurassiennes. Trois jours de pérégrinations intensives pour capter la quintessence d'une région que Marc connait déjà sur le bout du pouce, s'y sentant quasiment comme chez lui. In vino du Jura véritas!

     

    Tour de vignes vite fait, d'En Muzard à Curon. Pas loin de 30° sous le soleil, exactement. La Tour est là pour nous mettre à l'ombre. N'y manquent qu'une table, des chaises et des verres.

     

    Arbois vu de la Tour

    Arbois vu de la Tour de Curon, aux volets habituellement clos, ouverts pour l'occasion

     

    Retour à Montigny pour déguster les 2007 de Stéphane. Jour fruit? Ça goûte plutôt bien. Insolamment, même! Quand des vins biodynamiques goûtent comme ça, c'est que c'est au moins l'anniversaire de Nicolas Joly! Cuvée classique 2007 désaltérante, des Bruyères qui maillochent un peu (probablement en raison de l'intégration d'une nouvelle plantation en échalas, qui avait donné naissance à une cuvée Troisième feuille en 2006), des Graviers minéraux comme jamais, une Mailloche qui mailloche de moins en moins, perdant progressivement sa rusticité argileuse au profit d'une élégance de plus en plus racée, En Barberon 2006 d'une grande complexité olfactive et à la personnalité résolument affirmée, et, pour finir, Curon 2006, qui vous expédie direct dans la quatrième dimension vinique. Côté rouge, le Plouplou dessoiffe toujours autant, sans soufre et sans esbrouffe, le Trousseau possède un beau soyeux et un joli fruit, le Pinot noir En Barberon a rarement été aussi buvable et digeste dans sa prime jeunesse (une seule cuve, vinifiée 100% en grains entiers). Dernière session à la santé de Nicolas Joly, les savagnins. Du limpide Traminer 2007 au Jaune 2002, fruité en attaque, profond en finale, en passant par le jouissif Savagnin 2005 sous voile, passionnante passerelle entre les deux. De l'oxydation maitr!sée. C'est à dire comme ménagée, mais en mieux.

    Direction La Balance, mets et vins en Arbois. Les mets, ce sont ceux concoctés par Thierry Moyne, les vins, Stéphane y pourvoira encore largement. On (re)commence avec deux Crémants 2007 servis à l'aveugle en parallèle. L'un élaboré avec les levures du commerce, standard, l'autre avec des levures indigènes (pied de cuve de Paille). Le premier pète le fruit, est plus immédiat, mais lasse vite. Le second est moins facile à appréhender, mais au final est bien plus vineux et complexe. Pas photo, même si une dégustation trop rapide peut fausser le jugement. Je me suis laissé prendre! A l'avenir, la majorité des Crémants du domaine seront indigènes.

    S'en suivront un certain nombre de bouteilles, pour accompagner le menu Délices de Saison et, entre autres, quelques blancs (superbes En Barberon 2007 et 2000, douteuses Bruyères 99 (liège?)) sur le pas du tout vaseux Tartare de carpe de Mme Roubez. 2 ou 3 rouges (exceptionnel Arbois Pinot noir Aymeric 1997, entre autres) pour ceux qui avaient pris de la viande ou juste pour le plaisir, et enfin une petite poignée de jaunes (le puissant et original Vin jaune cuvé, millésime 1992 et le 1985, fondu et prêt à boire) sur le sublimissime coq maison.

    Avec le dessert, déclinaison de liquoreux, à apprécier comme un dessert à eux tout seuls: Mélodie 2004, le Savagnin de glace qui est en train de  la briser et de changer gentiment de registre aromatique, Audace 2006, Spirale 2005 et 2006 (beaucoup plus acidulée, car quasi-exclusivement savagnin, le Ploussard étant rentré majoritairement dans Audace), et enfin PMG 2005, très PMG, voire encore plus, avec pas loin de 500 g de sucres résiduels.

     

    Y'a pas, c'était vraiment la fête au village ce jeudi soir-là. Et très certainement l'anniversaire de Nicolas Joly!

     

    Arbois

     

    Olif

  • Le goût de mon Blanc

    IMGP7655.JPG

    Facétieux, Xavier Amat, qui, avec sa femme France a ouvert des chambres avec table d'hôtes du côté de Saumur. Saumur, you are so... Ami Chenin, c'est leur nom, et il le leur rend bien! Avec la complicité de Sébastien Bobinet, vigneron de la génération saumuroise montante, il élabore quelques cuvées remarquables et remarquées, dont Amateus en rouge, un Saumur-Champigny que je n'ai pas encore eu le bonheur de goûter, et cet Ami Chenin, élaboré en culture biologique et "sans intrant", qui ne peut revendiquer que l'appellation Vin de table (d'hôtes).

    Le Goût de mon blanc, il est plutôt floral, anisé et épicé, épanoui et dans les grandes largeurs, l'apprêt du pot, puce, bien dès l'à-côté. Le Goût de mon blanc, il n'a pas hésité à taquiner la moule. Ça m'a même donné la frite! Moi, le saint homme. Peut-être un symptôme? Ce qui est certain, c'est que Mme Olif a beaucoup aimé!

    Le Goût de mon blanc, c'est gonflé! Sur tes gens, même, je le jure! Un vin osé, mais hautement recommandable.

    Il me tarde du coup de tester un jour le goût de son rouge, Amateus!

    Olif

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

  • Vins natures dans la Nature... et aux Jardins, bis

     

    IMGP7474.JPG



    Pour la deuxième soirée de l'année aux Jardins de Saint-Vincent, Stéphane « Saint-Vernier » Planche n'a pas hésité à délocaliser. Le souvenir de la première du genre, en Chaudot et en compagnie de Pierre Overnoy, est encore dans toute les mémoires. Il fallait récidiver ! Direction, cette fois, le Puits Saint-Pierre, à l'ombre de l'abbatiale de Château Chalon, dans le fief de Laurent Macle. Sous un noyer et sur une parcelle appartenant à Grégory Monnier, destinée à être prochainement replantée. Idéale pour ce genre d'exercice, car plane et abritée. Aveugle complet, comme toujours, parce qu'au royaume des borgnes de la dégustation, les aveugles sont roi !

    -    You are so fine 2007, Vouvray, Vins de Nana et Cie : une séduisante production de négoce initiée par Nathalie Chaussard sous le vocable de Vins de Nanas. L'attaque est tonique et vive, perlante. Un vin construit sur un socle d'amers, qui laisse la bouche nette. Minéral, frais et tonique.


    -    Autrement, Altesse 2007, Jacques Maillet, vin de Savoie : une bouteille qui réussit l'exploit d'allier caractère oxydatif, plus ou moins recherché mais inéluctable du fait de la vinification, à la minéralité de l'altesse, cépage savoyard roi. Des notes de pomme au nez, mais une fraicheur et une netteté de première. Un vin vraiment marquant !


    -    La Begou 2007, Maxime Magnon, Vin de Pays de la Vallée du Paradis : premier nez malté, original et intéressant. Bouche patinée et ronde, avec de la fraicheur et de l'acidité. Chaleur et fraicheur en même temps, ce n'est pas la moindre des prouesses de cette cuvée en passe de devenir emblématique des nouveaux blancs du Sud, qui savent aller puiser dans leurs racines un caractère septentrional certain, tout en préservant leurs origines sudistes.

    IMGP7477.JPG


    -    You are so nice, Vins de Nanas et Cie :  assemblage de Cot et Gamay, au nez poivré, végétal et épicé. Frais en bouche, avec ses notes de céleri en branche et ses tanins croquants. Simple, direct et franc, le vin idéal pour attaquer les rouges !


    -    Moulin à Vent 2007, Domaine des Côtes de la Molière : nez très mûr, complexe, dans un registre à la fois animal et végétal, fourrure, clou de girofle. Bouche soyeuse, ronde, bien calibrée, un peu sur le fil de la volatile, mais c'est très bon, digeste et buvable. Je suis un peu confus de ne l'avoir pas reconnu, moi qui l'ai tant vanté jusqu'à présent, d'autant plus que je m'attendais un peu à ce qu'il figure au programme de la soirée.


    -   Lulu 2007, Patrick Boujut, Gamay d'Auvergne : complexité aromatique olfactive, avec du fruit, des épices, des notes balsamiques. En bouche, c'est pure gourmandise, un vin charnu et épicé. Bâti comme un Adonis, Lulu !


    -    Champagne Rosé zéro, Tarlant : carafé juste avant le service, pour tenter d'atténuer une bulle profuse. La nuit commençait à tomber, difficile d'apprécier la belle robe rose-orangée comme il se doit (tu l'auras voulu, Benoit!). Nez éclatant, fin et élégant, sur les agrumes, la gelée de coing et les épices. Waoow ! La bouche est en léger décalage, moins flatteuse du fait de l'absence de dosage. Stricte et acidulée, mais avec de la tenue et une belle longueur. Un Champagne qui décoiffe, Rosé Nature à boire dans la nature. 85% Chardonnay, 15% Pinot noir.


    -    Festejar, Pétillant naturel d'Auvergne, Patrick Boujut : que la fête soit ! Plus gourmand que ça, impossible ! Plus gouleyant que ça, impossible aussi !  Plus vineux que ça pour un Pet'Nat', impossible toujours ! Plus ...., comment, il n'y en a déjà plus ?

    IMGP7484.JPG


    En bonus sous le noyer, le vin a continué de couler, avant l'embrasement du Puits-Saint-Pierre. Tout d'abord, un épatant Maury 2007 du Domaine des Soulanes, d'un soyeux rare, puis un Côtes du Jura 2007 de Grégory Monnier, qui digère tranquillement son élevage pour asseoir sa minéralité, suivi du Château Chalon 2002 du domaine Macle, qui, malgré sa jeunesse, se laisse aborder gentiment, surtout lorsqu'un morceau de vieux Comté pointe le bout de son nez, et enfin l'Elixir des Abbesses 2005 de Grégory Monnier, un vin passerillé sur paille, à l'équilibre frais et original, différent d'un Paille traditionnel mais pas moins bon.

     

    5729_98001654529_786564529_1871096_3214289_n.jpg


    Le vin nature dans la nature, finalement, il n'y a que ça de vrai !

    Olif

  • En mai, fais ce qu'il te plait ... aux Jardins !

     

    IMGP7166.JPG



    Rentrée scolaire dégustative tardive aux Jardins de Saint-Vincent, avec comme un petit air soixante-huitard. Ecole de dégustation, oui, parce que l'on y apprend à décrypter un vin et le comprendre, plutôt que de le décortiquer et l'analyser. Ecole de dégustation, encore oui, parce que le public s'y trouve spontanément mixé, entre vignerons, amateurs « éclairés », gens de goût, néophytes, pour un melting-pot convivial et instructif. Avec en fil rouge, les dernières découvertes ou acquisitions de Stéphane « Saint-Vernier » Planche, désormais ex-sommelier de Jean-Paul Jeunet et jardinier de Saint-Vincent à temps plein, quand il ne fait pas autre chose en plus. Dégustation en aveugle complet, comme il se doit, parce qu'il n'est pire sourd de la compregnotte vinique que celui qui veut voir ce qu'il boit.

    -    Saint-Bris 2007, Alice et Olivier de Moor : la toute dernière des AOC bourguignonnes, qui consacre le sauvignon dans le fief du chardonnay. Ce qui est certain, c'est qu'avec les vins des De Moor, il n'y aucune raison de faire la tête ! Le nez de celui-ci est légèrement fumé, avec une petite note d'élevage sans interférence avec sa structure. Il est tellement jeune qu'on la lui pardonnera bien volontiers. La bouche possède une belle vivacité, de la droiture, une finale salivante et acidulée, avec de beaux amers pour conclure. Un vin d'une grande richesse, mais porté par une si belle acidité qu'il en devient aérien.

    -    Saint-Véran 2008, domaine des Côtes de la Molière : une bouteille coup de cœur ce printemps, qu'il fallait partager avec le plus grand nombre. Premier nez sur la pomme verte, puis apparaissent des notes de grande maturité, avec de l'orange amère, et une belle minéralité. La bouche est cristalline, d'une grande pureté, avec un caractère acidulé marqué en finale, d'une grande fraicheur. Confirmation  d'une très beau vin, faisant l'unanimité des dégustateurs présents. Dire que la commission d'agrément a encore du mal à s'en remettre !

     

    IMGP7158.JPG



    -    Alsace Riesling Steinert 2005, Pierre Frick : celui-ci ne trompe pas son monde. Orange confite, pamplemousse, pointe d'hydrocarbure. Grande et belle acidité, enrobée, classieuse, tout en finesse. Alsace, forcément. Riesling, obligatoirement. Jean-Pierre Frick, évidemment.

    -    Gilbourg 2007, Vin de Table, Benoit Courault : du chenin au nez un peu en vrac, avec un côté réductif. La bouche possède du gras, de la richesse, de l'alcool, mais manque globalement d'un peu de nerf, avec une finale très levurienne. Un vin flasque, dissocié et pas en place. Mauvaise phase ? Mauvaise bouteille ? Il mérite pleinement le bénéfice du doute parce que sur les dégustations précédentes de Saint-Vernier, ce chenin surmaturé sec vaut beaucoup plus que cela. A revoir et/ou à attendre.

    IMGP7160.JPG

    -   Pouilly sur Loire 1970, Jean-Claude Dagueneau : une antiquité dénichée par Le Seb, qui ne savait pas trop quoi en faire. Alors on l'a ouverte. Qui dit AOC Pouilly sur Loire dit chasselas. De cet âge vénérable, ce n'est déjà pas banal ! Nez sur l 'évolution, grillé, notes de moka, de tabac à pipe, de cendrier froid un lendemain de fête chez Philip Morris. Pas inintéressant, mais un peu « space ». En bouche, ça se gâte encore plus. Un peu plate, pour tout dire. Malgré un soupçon d'acidité résiduelle qui amène un peu de nerf en finale. A vécu ! R.I.P.

    -    Arbois Trousseau 2007, Michel Gahier : pas son jour aussi, à ce Trousseau 2007 de Michel. En principe une petite bombe de fruits rouges, et là, il nous la joue végétal et colle blanche, sur des tanins durs en finale. A revoir ultérieurement, donc, parce que d'ordinaire, on l'aime plutôt bien, ce vin-là, comme tous les vins de Michel Gahier en général.

    -    Rouge de Causse, VDT 2006 du Petit Domaine de Gimios : nez poivré, tutti frutti en bouche, finale un rien végétale pour la fraicheur. « Ça sent le raisin entier! », entendra-t-on dans l'assemblée. Un vin mâchu et croquant, pour toutes les occasions. L'occasion de saluer le travail d'Anne-Marie Lavaysse, réputée pour ses Muscats de Saint-Jean de Minervois biodynamiques et natures, et qui nous offre là un original et excellent rouge, comportant pas moins de 16 cépages (parcelle en complantation). Pour en savoir un peu plus sur le domaine, on lira avec émotion le joli billet écrit par Jean-Marc Gatteron dans le numéro 93 du Rouge & le Blanc.

     

    IMGP7164.JPG



    -    Sylvaner 2004 moelleux, Pierre Frick : nez miellé, bouche riche et équilibrée, dans un registre moelleux. La finale se fait sur un retour des acidités et des amers. Un vin entre tension et richesse, une expression particulièrement originale et passionnante du sylvaner.


    Fin de la dégustation officielle, place au off et au petit mâchon, l'occasion de finir les restes précédents, puis d'ouvrir et de goûter quelques canons supplémentaires, stylo éteint. Vivement la prochaine, une immersion in vivo, au milieu des vignes, qui sera à n'en pas douter un moment d'exception.


    Olif

  • Domaine Overnoy-Crinquand, le Pupillin craquant!

    IMGP1193.JPG

    Si tu ne vas pas à Pupillin, il peut arriver que Pupillin vienne à toi! A l'initiative de la Biocoop de Pontarlier, Mickaël Crinquand, venu livrer quelques cartons, est resté une grande partie de la journée pour faire salon à lui tout seul devant la vitrine. Un lien de famille lointain avec Pierre Overnoy, avec qui il ne faut pas le confondre, même s'ils ont démarré la certification bio la même année. Polyculteurs dans l'âme, la famille Overnoy-Crinquand élève également du bétail. Des vaches qui paissent tranquillement du côté d'En Chaudot, notamment, chez le même Pierre Overnoy, lorsque des dégustateurs intempestifs ne viennent pas perturber leur repas du soir. Moins une qu'on se soit fait sonner les cloches, ce soir-là, en fait!

    Pas goûté au lait du Domaine Overnoy-Crinquand, cette fois-ci, mais à quatre jus de la treille: un sérieux Arbois-Pupillin Ploussard 2005, aux tanins un peu durs, à attendre, un Trousseau 2006 d'une pure gourmandise, toujours en AOC Arbois-Pupillin, tout comme ce Savagnin 2004, dense, fruité et charnu, qui comblera les amateurs de vins oxydatifs. Le Velours du Jura, un vin de liqueur cuit, qui de ce fait ne peut revendiquer l'appellation Macvin, possède un bien joli équilibre et joue effectivement sur du velours.

    Bref, une gamme tout à fait séduisante, avec laquelle on ne se polluera pas le palais. Robiocoop veille sur nous!

    IMGP1191.JPG


    Olif




  • Flamboyante dégustation à Rotalier

    IMGP7429.JPG

    L'orage a beau avoir grondé toute la journée, l'Ouest lointain a fini par s'embraser, donnant un caractère doublement flamboyant à cette dégustation crépusculaire autant que prometteuse. A l'invitation de Julien Labet, nous nous sommes retrouvés une poignée sous un mélèze rotalien à déguster jusqu'au bout de la nuit le millésime 2007 en horizontale, suivi d'une incursion en 2005 puis 2002. Beaucoup de vins blancs à goûter, donc, avant de se reconstituer grâce à une sublime côte de bœuf et quelques vins rouges du cru.

    Le domaine Labet, situé à Rotalier, c'est avant tout un collectif: les parents, Alain et Josie, ainsi que trois enfants, Julien, Romain et Charline. Précurseur dans les élevages parcellaires de vins ouillés, Alain Labet a peu à peu confié la direction des opérations en cave à Julien, qui possède en outre son domaine en propre, sur des parcelles parfois contigües à celles du domaine familial. Les éventuelles différences entre les cuvées viendront de la vinification, Julien expérimentant un peu plus sur la production de son domaine personnel, notamment en diminuant les doses de soufre. Les vins sont servis rafraichis, à l'aveugle, l'identification du cépage et du terroir n'étant pas forcément si évidente que cela, même pour un grand vigneron comme Alain Labet. Tous sont en appellation Côtes du Jura, évidemment!

    IMGP7425.JPG

    - Fleur de savagnin En Chalasse 2007: une vigne plantée en 2003 et des raisins récoltés en légère surmaturité, avec 12,7° de potentiel. Un vin riche, puissant, minéral, légèrement anisé, porté par une très grande acidité.

    - Fleur de savagnin En Chalasse 2006: récolté avec un peu moins de botrytis qu'en 2007, il possède pourtant une grande douceur en vouche. Une sensation presque voluptueuse. Riche et puissant, il termine sur une sensation rafraichissante d'agrumes et de beaux amers, signe de sa grande acidité.

    - Savagnin 2006: une cuvée spéciale de savagnin gros vert récolté au lieu-dit La Bardette et élevé 28 mois en fût. La robe est dorée, le nez est confit, sur l'écorce d'orange. La bouche est parfaitement calibrée, large et longue, avec une finale très épicée. Superbe!

    Place au Chardonnay sur les cuvées suivantes:

    - Fleur de Chardonnay 2007: nez frais et minéral, légèrement iodé avec une pointe de lactique. Tonique (du gaz!), acidulé et frais. Cette cuvée, issue de vignes de 45 ans provenant du sommet des Varrons, est élevée sur lies, en mode réductif qui apporte des notes de menthol et un caractère végétal. Le sommet de la butte des Varrons, c'est du "caillou", un sol purement calcaire.

    - Les Varrons 2007: nez légèrement anisé, avec des notes de pêche blanche. Relative rondeur, minéralité marquée, un peu rèche, bouche large et finale un peu chaude. A ce stade, il manque un peu d'éclat.

    Les Varrons 2007, Julien Labet: une parcelle distincte, exploitée par Julien, indépendamment de celle du domaine, et embouteillée sous son nom. Nez très anisé, fenouil, vivacité en bouche dès l'attaque. Un vin dynamique à la finale acidulée sur une belle amertume. Beaucoup moins de SO2 (8 mg) que dans la cuvée du domaine et une bouteille qui remporte tous les suffrages.

    - La Reine 2007: une toute petite parcelle d'argiles rouges qui ne produit que 2 pièces. Le nez est grillé, très fin, mais ce n'est pas de la réduction car l'élevage ne se fait pas sur lies. Bouche vive, d'une classe folle, élégante, acidulée en finale. Un vin absolument superbe, d'une définition irréprochable.

    - En Chalasse 2007: nez très fruit (pêche), gourmand, même si Alain Labet n'apprécie que moyennement ce qualificatif passe-partout. La bouche est en léger décalage, acidulée, avec une finale un chouïa amère, moins gourmande que ne le laissait supposer le nez. Pas mal de raisins en surmaturité à la vendange, dans cette cuvée.

    - Le Montceau 2007: nez fin, légèrement lacté, praliné. Bouche élégante et racée, à la texture délicate et soyeuse. Finale d'une grande douceur, suave, soutenu par un trait acidulé. Un magnifique vin, issu de sols calcaires blancs du Batonien. Alain Labet est épaté, retrouve la grandeur du Montceau, pour lui disparue depuis quelques millésimes.

    - La Bardette 2007: petite déception car elle ne se goûte pas bien. De la réduction qui amène de l'amertume, malgré la pointe de gaz. Elle n'est pas en place, mais ça viendra probablement, elle demande du temps, la Bardette, en principe.

    - En Chalasse 2007, VV de 70 ans: nez retenu, bouche fondue, calibrée, bien structurée, sur une longue finale salivante. Un vin apaisant, avec de la chair, qui laisse tout le monde béat d'admiration, même si le coucher de soleil commençait à s'éteindre.

    IMGP7432.JPG
    Une petite lampe, au chevet du coucher de soleil éteint!

    - La Beaumette 2005: nez sur les agrumes qui se prolonge par un ananas somptueux en bouche. Un peu de gaz, une belle tonicité, prolongée par une grande acidité. Comme du Gros Manseng, mais dans le Jura, il franchit le mur du "nçon".

    - Les Varrons 2005: nez caramel au lait, breton sur les bords, c'est à dire un peu salé. Iodé, large en bouche, puissant, pas détendu. Il ne se livre pas complètement, quoi, même si le côté caramel lui vient apparemment du terroir.

    - La Reine 2005: nez discret, mais une bouche fuselée et élégante, tendue en finale. Un vin scintillant!

    - La Bardette 2005: le nez est très fin, comme retenu, discret mais élégant, tout en dentelle. Le fruit perce en bouche, cette Bardette saura se livrer dans le futur à qui aura la patience de l'attendre.

    - Fleur de Chardonnay 2002:  une bouche un peu taillée à la serpe, incisive, qui possède beaucoup d'acidité, plutôt tartrique, et une rusticité toute jurassienne, ce qui n'a évidemment rien de péjoratif pour un vin positionné en entrée de gamme, avec 7 années de cave.

    - La Bardette 2002: un vin paradoxal, à l'élevage un peu particulier. Mis en bouteille avec des levures de fermentation alcoolique, non terminée alors, ce qui lui donne un caractère oxydatif involontaire, sans signes d'oxydation véritable. Un peu compliqué à appréhender sur cette bouteille, tandis qu'une autre, goûtée il y a un mois au restaurant s'était avérée somptueuse. Pas reconnu, du coup!

    - Le Montceau 2002: nez superbe, intense, plein, un peu miellé. Bouche à la fois riche et contenue, se livrant par petites touches successives, mais, au final, se donnant totalement. Magnifique vin! Et Alain Labet n'en finit pas de retrouver ce Montceau qu'il aime tant et qu'il avait un peu perdu de vue depuis quelques millésimes. Une petite merveille emplie de fraicheur.

    - En Chalasse 2002: nez puissant, enrobé, miellé, encaustique. Un vin riche, au caractère légèrement oxydatif, à la finale légèrement amère, peut-être pas tout à fait en place actuellement. A revoir, surtout qu'il s'agit en théorie d'un des vins les plus prometteurs produits par le domaine.

    - Les Varrons 2002: nez légèrement grillé, caramel au lait, la marque du terroir. "Sur l'âge", mais sans évolution marquée, il laisse la bouche nette, tout en imposant son caractère et sa minéralité calcaire. Longue finale et très belle bouteille.


    Réputé pour ses blancs, le domaine produit également quelques rouges considérés comme anecdotiques par Alain et Julien Labet. Il n'en est rien, évidemment. Modestie, quand tu nous tiens! Les poulsards du Sud-Revermont, à l'instar de ceux de Fanfan Ganevat, n'ont rien à envier aux meilleurs du nord du département. "Le 98, c'était même du Rayas, à la vendange", d'après Alain Labet. C'est en tout cas ce qu'il imaginait faire au vu de la qualité des raisins, quasiment exceptionnelle. Au bout de plus de 10 années, ce n'est peut-être pas Rayas quand même, mais un vin néanmoins sublime, qui défie le temps. D'une jeunesse à toute épreuve, des tanins soyeux (bon, pas ceux de Rayas!) et toujours beaucoup de fruit. La côte de bœuf ne s'est pas plainte, loin de là.


    Pour ce qui est de prolonger sa connaissance de l'appellation Côtes du Jura, on n'hésitera pas à se référer à l'excellent article d'Emmanuel Zanni, dans le dernier numéro du Rouge & le Blanc, la revue de référence de l'amateur du rouge et du blanc. Et du jaune aussi, parce qu'apparemment, ils sont tombés sous le charme de la région, les petits gars du Rouge & le Blanc. Ça fait quand même plaisir que des journalistes qui écrivent sur le vin s'intéressent véritablement au vin et aux vignerons, finalement.



    couv_no_93.jpg

    Olif

  • VDV 24: papilles et molécules

     

    VendredisduvinVoici donc la 24ème session des Vendredis du vin, session pour laquelle il va falloir se plonger dans l'infiniment petit, à la demande expresse de François Chartier, célèbre sommelier canadien spécialisé en sommellerie moléculaire.

     

    Késako, la sommellerie moléculaire? :euh:

     

    En fait, c'est très simple, et je pense que l'on peut tous remercier François Chartier d'y avoir pensé pour nous. Pour faire encore plus simple, schématiquement, dans le vin, il y a beaucoup d'eau (eh, oui!, désolé si je brise le mythe du pochtron!),  un peu d'alcool et tout un tas de petites molécules. Pas des petits débris de cire ou de bouchon lorsque l'on a ouvert la bouteille comme un sagouin. Non, des trucs que l'on ne voit même pas à l'œil nu, des trucs microscopiques, voire plus, et dont certains ont bon goût et d'autres pas. Ces p'tites molécules, elles se regroupent dans différentes familles, voire plus si affinités. Elles sont à l'origine des différents arômes rencontrés dans les aliments d'une manière générale et dans le vin en particulier. Plus il y en a, plus l'aliment a du goût. Si en plus, on lui associe un vin qui possède les mêmes molécules, les sensations s'en retrouvent décuplées. Pour tous ceux qui ne disposent pas d'un chromatographe ou autre ustensile de ce genre à la maison, afin de décrypter tous les atomes de leur casse-croûte du midi, François Chartier a publié un livre destiné à l'apprentissage de base de la sommellerie moléculaire. A placer à mi-chemin entre la cave, le laboratoire et la cuisine. Et à compulser sans modération, ... quand il sera disponible de ce côté-ci de l'Atlantique. Pour l'instant, les frais de port à destination de l'Europe sont un peu prohibitifs!


     

    papilles_molecules.jpg



    Petit travail pratique suggéré à l'occasion de ces VDV moléculaires, l'alliance entre molécules mentholées (les "anisés") et Sauvignon blanc, qui appartiennent à la même famille. L'occasion de passer 5 bonnes minutes en cuisine, le temps de réaliser de succulents Filets de truite fumée au bois de hêtre,  marinade à l'Absinthe de Pontarlier. 5 minutes de boulot pour une bonne demi-heure à se rouler par terre de bonheur, le temps que ça marine un brin. Et le temps aussi de s'occuper un brin d'aneth. D'ailleurs, j'ai bien connu une fille qui s'appellait Annette. Un beau brin, Annette! Ses longs cheveux ne tombaient que rarement dans la soupe mais plutôt au bas des reins, dans le creux, là où ça fait beau. Ses petits seins fermes  se croquaient comme des tomates "cœur de pigeon". Et sa bouche avait aussi un goût anisé ... Mais je m'égare.

     

     

    IMGP7443.JPG

    Annette, déstructuration anthropophage © Olif 2008


    Le plus délicat, ensuite, fut de passer à la cave. Deux bonnes heures de spéléo pour dénicher sous une pile la bouteille qui devrait conduire à l'extase moléculaire: un Sauvignon non boisé dont les composants volatils sont censés entrer en totale symbiose avec les anisés de l'aneth et de l'absinthe. Ce Sauvignon, une fois de plus, ce fut celui d'Alice. Et Olivier De Moor. Saint-Bris 2007. Au nez légèrement fumé, à la belle vivacité et à la finale acidulée. Quasi-fusionnel avec l'aneth pour une grande harmonie en bouche, ces deux-là étant faits pour s'entendre. Un véritable feu d'artifice moléculaire!

     

     

    IMGP7446.JPG

    Saint-Bris, truite à l'aneth, absinthe de Pontarlier-Anis. Et voilà les petites molécules qui exultent!

     

    N.B.: pour la marinade des filets de truite: citron, huile d'olive du Clos des Fées et Absinthe de Pontarlier (François Guy). L'alchimie du bonheur dans l'assiette!


    Olif

     

    P.S.: Encore heureux qu'il n'ait pas fallu se taper la litière du minou avec le Sauvignon!

     

    P.S.2: le premier qui me dit qu'elle a 3 nénés cœur de pigeon, une fois déstructurée, l'Annette, je lui rétorquerai que c'est normal pour une Vénusienne. Et toc!



  • Sers donc un Cerdon!

    Le poisson rouge de Gaston Lagaffe s'appelait Bubulle. Cette boisson rouge qui fait des bulles s'appelle Cerdon. Sers m'en donc un petit verre pour fêter le retour de Mme Olif au foyer, après une semaine d'apprentissage du Ch'ti en peinture. La preuve en image, du côté de Berck-Plage:

     

    IMGP7258.JPG

     

    Le Cerdon, c'est la boisson préférée des enfants, depuis qu'ils sont un peu plus grands. Du fruit, un peu de sucre, de la bulle, festive et gouleyante, peu d'alcool (7,5° pour celui-ci), il faut reconnaitre que ça surclasse nettement le Champomy.

     

    Du pétillant naturel élaboré selon la méthode ancestrale, moitié gamay, moitié poulsard, la naturelle intersection entre deux régions contigües, le Bugey, frontière  viticole entre le Jura et la Savoie. Mise en bouteille avant la fin de la première fermentation. D'où ce faible degré d'alcool et ce fruit à se damner. Celui d'Elie et Alain Renardat-Fache, en version demi-sec tendance nature, pour les gourmands, fait fureur et les stocks sont dévalisés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

    Santé bonheur!

     

    IMGP1196.JPG

    Pardon pour la photo légèrement floue, mais j'ai un tout petit peu bugey!

     

    Olif

     

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.

  • Orgie de Ploussard!

    Chacun commence à le savoir dorénavant, j'espère, le nom de ce cépage jurassien se nomme indifféremment Ploussard ou Poulsard, selon l'endroit du département où l'on se situe. Ploussard à Pupillin, qui en est la capitale tant il s'épanouit sur les marnes du Lias, et son nom vient alors de la plousse ou pelosse, terme ancien pour désigner la prunelle dont la forme des grains n'est pas sans rappeler celle de ce cépage. Et Poulsard un peu partout ailleurs, en Arbois comme dans les Côtes du Jura, parce que les grappes poussent vite (pulsare en latin).

     

    Mais tout ceci n'est que querelle étymologique. Ploussard ou Poulsard, l'important, c'est d'en boire, finalement! Et d'en manger, aussi! Plus exactement de cuisiner avec, afin de démontrer que la saucisse de Morteau est définitivement le trait d'union entre Poulsard et Ploussard.

     

     

    IMGP7415.JPG

     

    Au fond de la casserole, un Ploussard pupillanais de contrebande. Pas frelaté pour autant. Mais il en fallait bien un!  Un sacrifice non vain. Et puis, quelques patates. Par dessus, la Belle de Morteau, Label Rouge. Cuisson lente au four, pour confire la saucisse dans le vin. Pour faire glisser, Dorabella 2008, rouge aussi et Poulsard arboisien du domaine de l'Octavin. Un petit bijou signé Alice Bouvot et Charles Dagand, le fruit et la soie emprisonnés dans une bouteille. Macération carbonique et vinification sans soufre, une toute nouvelle partition du domaine, à consommer allegro avec modération.

     

    La bouteille idéale pour souhaiter la bienvenue dans les vignes à une jeune pousse, Anatole, pour un millésime qui s'annonce déjà grand! Vive le Ploussard, vive le Poulsard, vive Anatole!

     

     

    IMGP7416.JPG

    Olif

    Retrouvez aussi les Dégustantanés sur le Blog de la Pipette.