Saint-Chinian, au coeur de la légende...
Saint-Chinian, royaume des schistes et des grès, doit son nom au moine bénédictin Anhan, qui, à défaut d'être bête, n'en était pas moins sain. Sain Anhan, pas encore Saint, aimait les bonnes choses de la vie, celles que les moines avaient à coeur de produire. Après plusieurs canons, il avait tendance à devenir complètement béat et à voir double. Et à se dédoubler. Est-ce la raison pour laquelle il fut béatifié et canonisé, donnant par la suite son nom au monastère Sanch Anhan, qui se transformera en Saint-Chinian avec le temps, tandis que son mystérieux pseudo-frère restera juste bêtement béat? Probablement, oui. Même si l'information reste quand même à prendre au conditionnel, voire avec des pincettes, tant qu'on n'en sera pas formellement certain. Il est à noter que Béat Anhan refit surface au cours du XXème siècle et devint critique de vin (mais pas devin) en modifiant légèrement son patronyme pour conserver un certain anonymat, avant de s'illustrer dans la bio-connerie, ce qui assurera désormais son passage à la postérité.
Euh ..., si on passait aux choses sérieuses, pour une fois? Juste quelques belles bouteilles de Saint-Chinian rapportées de l’Espace-vins de Saint-Chinian et dégustées récemment:
Mas de Cynanque, à l'insu de mon Plein Grès:
Le Mas de Cynanque, situé entre Saint-Chignan et Assignan, est un nouveau domaine qui commence à régulièrement faire parler de lui. Adeptes des bonnes pratiques viticoles, Violaine et Xavier Franssu proposent plusieurs cuvées, dont ce Plein Grès 2005, un joli vin à la trame très fine et au fruité rempli de fraîcheur. Fraîcheur, le maître-mot pour caractériser cette bouteille
Avatars et ... Coccigrues, de Yannick Pelletier:
Voilà une bouteille coup de coeur, un vin authentique, qui fait référence à Rabelais, mais qui évoque aussi Alexis, ce grand auteur de BD trop tôt disparu, formé à l'école de Gotlib, et devenu directeur de conscience du magazine Fluide Glacial. Il publia un album très personnel sous le titre d'Avatars et Cocquecigrues, que je vais m'empresser de relire dès que j'aurai pu remettre la main dessus. Pour en revenir à Coccigrues 2004, ce vin de schistes m'a conduit au bord du schisme, sans pour autant que je devienne maso. D'une netteté évidente, frais et dispos, développant un fruité d'une grande pureté, assorti d'une note fumée. Gratifié d'un 92 dans le Wine Advocate, malgré un style plutôt nature, gourmand et affable. Si Parker et ses sbires se mettent à aimer ce genre de vins, vais-je devoir me remettre aux grands crus classés de Bordeaux?
Domaisèla, attendez, vous emportez mon coeur!:
Ce n'est pas de l'Adamo, mais du Siméoni. Un domaine en culture biologique certifiée, qui produit toute une gamme de vins sincères et francs du collier, dont cette Domaisèla 2006, une demoiselle à la cuisse bien charnue, fruitée, fumée et épicée. 50% syrah, 50% grenache, élevage en cuve inox, du fruit, rien que du fruit. Et du bonheur dans le verre.
Saint-Chinian, au coeur de la légende! Celle des bons vins.
Olif